Lectures hebdomadaires

Vous trouverez chaque vendredi, sous cette rubrique, un commentaire sur le livre de l'Exode.

Livre de l'Exode

Edward Dennett

Chapitre 20, versets 1 à 17

Plusieurs points en rapport avec le don de la loi demandent une attention spéciale. Le premier est la nature de la loi elle-même. Les commandements sont au nombre de dix, et sont fondés sur la relation dans laquelle Dieu était entré avec son peuple par la rédemption, ou plutôt en découlent. «Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude». Si nous considérons les commandements dans leur ensemble, nous verrons que les quatre premiers se rapportent à Dieu, et les six derniers à l’homme; c’est-à-dire qu’ils déterminent la responsabilité envers Dieu et envers l’homme. Aussi, en réponse à la question: quel est le grand commandement dans la loi? le Seigneur les résume ainsi: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée». C’est là le grand et premier commandement. Et le second lui est semblable: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». De ces deux commandements dépendent la loi tout entière et les prophètes» (Matt. 22:35-40; voir Deut. 10:12 et Lév. 19:18). L’amour pour Dieu, parfait selon leur capacité, et l’amour pour leur prochain selon la mesure de l’amour pour soi-même, voilà ce qui était ordonné à Israël.

 

14.8. Les saintes exigences de Dieu

Mais remarquez que ce qui caractérise les commandements dans leur détail, c’est l’interdiction. «Tu ne...»  est l’essence même du tout, si nous exceptons le quatrième commandement, et même là, «garder le sabbat» signifie s’abstenir de tout travail. Ce fait a une importante portée sur le second point que nous désirons considérer: l’objet de la loi. Ces dix commandements étaient la mesure de ce que Dieu exigeait d’Israël. Le peuple s’était volontairement engagé à obéir à la voix de Dieu et à garder son alliance, comme condition de la bénédiction. En réponse à cela, l’Éternel lui révélait par Moïse ce qu’il exigeait. Aussi un étalon fut-il établi, afin que, par ce moyen, le peuple pût facilement s’assurer par lui-même si oui ou non il obéissait à la parole de Dieu. Par ces commandements, Dieu venait donc éprouver les Israélites afin que sa crainte soit devant leurs yeux pour qu’ils ne pèchent pas (v. 20). Mais Dieu connaissait ce qui était dans leur cœur, même si eux l’ignoraient, et c’est pourquoi le but réel de la loi était d’amener à la lumière ce qui était dans leur cœur.

Cela explique la forme négative des commandements. Car pourquoi dire: Tu ne tueras point, tu ne commettras point adultère, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, si la tendance à toutes ces formes de péchés ne se trouvait pas en eux? L’apôtre l’explique en Romains 7. «Je n’eusse pas connu le péché, dit-il, si ce n’eût été par la loi; car je n’eusse pas eu conscience de la convoitise, si la loi n’eût dit: «Tu ne convoiteras point». Mais le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes les convoitises, car sans la loi le péché est mort» (Rom. 7:7, 8). La convoitise était dans le cœur avant que la loi n’intervînt; mais, n’étant pas défendue, elle ne pouvait être connue comme convoitise. Dès le moment où le commandement dit: tu ne convoiteras point, la chose devint manifeste, et l’opposition du cœur à Dieu fut établie. La loi est donc intervenue, comme le dit l’apôtre ailleurs, afin que la faute abondât (Rom. 5:20), c’est-à-dire pour faire connaître les transgressions. Celles-ci étaient commises auparavant; mais elles n’étaient pas connues comme transgressions jusqu’à ce qu’elles furent défendues. Dès lors, leur nature ne pouvait plus être cachée, et tous pouvaient comprendre qu’elles étaient des transgressions de la loi de Dieu.

 

14.9. La loi pour obtenir la vie ?

Ce point est de toute importance, vu que même maintenant, où l’évangile de la grâce de Dieu est pleinement révélé et prêché, on entend affirmer qu’obéir à la loi est le chemin de la vie. Combien de milliers de personnes sont victimes de ce piège fatal. Puissent-elles peser les paroles de l’apôtre: «S’il avait été donné une loi qui eût le pouvoir de faire vivre, la justice serait en réalité sur le principe de la loi» (Gal. 3:21). Certes, il avait été dit: «Vous garderez mes statuts et mes ordonnances, par lesquels, s’il les pratique, un homme vivra» (Lév. 18:5); mais comment des hommes, pécheurs par nature et dans leur comportement, pourraient-ils garder les commandements de Dieu? Écoutons la propre argumentation du Saint Esprit, par le moyen de Paul, sur ce sujet: «Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction; car il est écrit: «Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire». Or que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, cela est évident, parce que: «Le juste vivra de foi». Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais: «Celui qui aura fait ces choses vivra par elles» (Gal. 3:10-12). Cela ôte toute difficulté et établit sans aucun doute possible le vrai but de la loi, qui était, comme nous l’avons dit, de donner un étalon des exigences de Dieu, et de convaincre ainsi l’homme de péché. «La loi est intervenue afin que la faute abondât». Et on peut se servir maintenant avec beaucoup de bénédiction de la loi dans le même but. Si l’on rencontre un homme totalement confiant en sa propre justice, il peut être sondé et éprouvé par elle: on peut lui demander s’il aime Dieu de tout son cœur, et son prochain comme lui-même, et par là mettre à jour le caractère trompeur de ses propres œuvres.

 

14.10. La loi pour connaître le cœur de Dieu ?

Si cela est bien compris, et s’il y a soumission simple à la parole de Dieu, il n’y aura aucune difficulté à admettre que la loi n’est pas donnée comme une révélation complète de la pensée et du cœur de Dieu. La manière dont il est souvent parlé de la loi pourrait amener des âmes à supposer qu’il ne saurait y avoir de révélation plus pleine et plus complète. Mais s’il en était ainsi, où trouverions-nous la miséricorde de Dieu, ses compassions et son amour? Non, «la loi... est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon»; car c’est une révélation de Dieu, comme toute parole et tout acte de Dieu doivent nécessairement l’être; mais affirmer que la loi est une révélation pleine et parfaite, c’est ignorer la nécessité de l’expiation, c’est ne pas voir le vrai caractère de l’œuvre de notre bien-aimé Seigneur et Sauveur, c’est oublier, en un mot, la différence entre Sinaï et le Calvaire. Jusqu’à la croix, il était impossible à Dieu de se révéler parfaitement. Mais aussitôt que l’œuvre opérée à la croix a été accomplie, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, pour montrer que Dieu était maintenant libre en justice, de se manifester en grâce au pécheur, et que le pécheur qui croyait au témoignage de Dieu quant à l’efficacité du sang de Christ était libre d’entrer dans la présence directe de Dieu. La loi dévoile le caractère de justice de Dieu et par conséquent ce qu’il exigeait d’Israël; mais Dieu lui-même demeurait encore dans l’obscurité profonde; il n’était pas révélé.

 

14.11. La loi comme règle de conduite ?

Un autre point demande à être examiné en passant. Tout en admettant que la loi n’est pas le moyen d’obtenir la vie, on entend parfois demander si elle n’est pas la règle de la conduite chrétienne. Considérons-la bien, et puis demandons-nous si cela est possible. Prenons par exemple les interdictions en rapport avec notre prochain. Est-ce que Dieu serait satisfait d’un chrétien qui s’en tiendrait à ne pas pratiquer les péchés spécifiés ici? Un chrétien qui se serait simplement abstenu de ces choses aurait-il la conviction d’avoir répondu à la pensée de Dieu quant à sa marche? Supposons maintenant qu’il soit même parvenu à aimer son prochain comme lui-même: est-ce que cela le placerait à la hauteur de l’exemple de Christ? Que dit l’apôtre Jean? «Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous». C’est-à-dire que la vraie expression de l’amour apparaît dans la mort de Christ pour nous. Aussi l’apôtre ajoute-t-il: «Et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3:16). Agir ainsi serait certainement aimer nos frères mieux que nous-mêmes, aller donc bien au-delà de la portée de la loi.

La vérité, telle que nous l’a enseignée l’apôtre Paul, est que nous avons «été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu» (Rom. 7:4). La loi était une règle pour Israël; mais Christ, et Christ seul, est le modèle du croyant. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). C’est donc un modèle infiniment plus élevé que celui de la loi, et qui comporte des responsabilités beaucoup plus grandes. En fait, cette affirmation que nous sommes encore sous la loi, malgré la déclaration: «Vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Rom. 6:14), provient de l’ignorance de ce qu’est la rédemption. Quand on a vu que les croyants sont sortis de leur ancienne condition par la mort et la résurrection de Christ, et qu’ils ont une place et une position tout à fait nouvelles, qu’ils ne sont pas dans la chair, mais dans l’Esprit (Rom. 8:9), on comprend facilement qu’ils appartiennent à une sphère dans laquelle la loi ne peut pas entrer; et que, comme Christ est le seul objet de leur âme, exprimer Christ dans leur marche et leur comportement est leur seule responsabilité pendant qu’ils traversent cette scène. Nous recommandons très spécialement ces points à l’attention de tout enfant de Dieu.

 

14.12. Effets du don de la loi

L’effet du don de la loi est maintenant développé. Le peuple est rempli de terreur, comme dans le chapitre précédent: «ils tremblèrent et se tinrent loin» (v. 18). Ils auraient pu apprendre par là que les pécheurs ne peuvent se tenir dans la présence de Dieu. Et ils «dirent à Moïse: Toi, parle avec nous, et nous écouterons; mais que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions» (v. 19). Triste confession de ce qu’ils étaient, et indication révélatrice de ce qu’il adviendrait de l’obéissance à laquelle ils s’étaient engagés. Ah! si le pécheur voulait seulement apprendre cette leçon, que si Dieu parle avec lui lorsqu’il est dans ses péchés, il doit mourir! Car la sainteté et le péché ne peuvent cœxister, et s’ils étaient mis en contact, en dehors de l’expiation, il ne pouvait y avoir que ce seul résultat. Ces enfants d’Israël, tremblants, ne font donc qu’exprimer cette simple vérité. Dieu s’était approché dans sa sainteté, et les fils d’Israël épouvantés se tenaient loin de sa présence, de peur de mourir, proclamant qu’ils étaient des pécheurs dans leur culpabilité, incapables, comme tels, d’écouter sa voix. Moïse les exhorte alors à ne pas craindre, leur disant que c’est pour les éprouver que Dieu est venu, et afin que sa crainte soit devant leurs yeux, pour qu’ils ne pèchent point. Pour eux, le chemin était clairement indiqué dans les dix commandements, et bientôt on pourrait voir s’ils y marcheraient ou non. La position est nettement établie maintenant: le peuple se tient loin, de fait et moralement. Dieu était dans l’obscurité profonde, indiquant qu’il devait rester caché tant qu’il était sur le terrain de la loi. Moïse, par l’élection et la grâce de Dieu, occupe la place de médiateur. Ainsi, il peut s’approcher de l’obscurité profonde où Dieu était. Par là, il représente le seul «médiateur entre Dieu et les hommes... l’homme Christ Jésus» (1 Tim. 2:5).

 

14.13. Conditions pour adorer

Le chapitre se termine par des directives concernant l’adoration. Car aussitôt que la relation formelle entre Dieu et son peuple est établie, même sur le terrain de la loi, il est parlé de l’adoration. Il suffit de relever ici trois points. Premièrement que l’homme ne pouvait s’approcher de Dieu, sinon par des sacrifices. Deuxièmement, que Dieu pouvait venir et bénir en tout lieu où il mettrait la mémoire de son nom, malgré ce qu’ils étaient, en vertu de la bonne odeur de leurs offrandes1. Troisièmement, le caractère de l’autel est précisé. Cela pouvait être un autel de terre. S’il était de pierres, il ne devait pas être fait de pierres taillées, «car si tu lèves ton ciseau dessus, tu le profaneras. Et tu ne monteras point à mon autel par des degrés, afin que ta nudité n’y soit pas découverte» (v. 24-26). L’œuvre de l’homme et l’ordre de l’homme sont interdits. Ainsi, dans l’adoration, tout doit être selon Dieu; et s’il y a introduction ne fût-ce que d’une seule chose pour l’agrément ou la commodité, c’est de la profanation, et «la nudité» de l’homme est découverte. Avec quelle jalousie les chrétiens ne devraient-ils donc pas veiller à ce que rien ne soit admis dans l’adoration, qui n’ait le sceau de l’autorité de la parole de Dieu.

1 Le sacrifice pour le péché n’avait pas encore été prescrit. Ces offrandes étaient donc toutes des sacrifices de bonne odeur.

A suivre