Lectures hebdomadaires

Épitre aux Philippiens

F.B. Hole

Chapitre 1 versets 1 à 14

Introduction

La portion de l’Écriture qui est devant nous peut être appelée l’épître de l’expérience chrétienne. Elle n’est pas caractérisée par un développement de doctrine, comme le sont les épîtres aux Romains et aux Éphésiens : la doctrine qu’elle contient est amenée incidemment, et non pas comme thème principal. Elle est caractérisée par un esprit de grande intimité (il y avait effectivement un lien d’affection très fort entre Paul et les saints à Philippe), et par la présence de beaucoup de détails personnels. On trouve donc dans cette épître un aperçu extraordinaire de l’histoire spirituelle intérieure de l’apôtre ; cet aperçu est des plus édifiants. Il nous est permis de scruter son expérience spirituelle pour que nous puissions comprendre ce qu’est la vraie expérience chrétienne, et découvrir combien elle se développait merveilleusement chez un homme aux passions semblables aux nôtres. Dans les circonstances les plus défavorables et les plus décourageantes, c’était un triomphe.

Chapitre 1

Ch. 1:1-2

Paul ne commence pas par se présenter comme apôtre, mais simplement comme esclave de Jésus Christ. Nous ne devons donc pas considérer l’expérience qu’il est amené à relater comme quelque chose d’apostolique, et donc hors de portée des chrétiens ordinaires. Au contraire, c’est l’expérience d’un esclave ou serviteur, et nous le sommes tous. Il s’adresse lui-même à ceux qu’on pouvait qualifier, à Philippes, de « saints dans le Christ Jésus ». Étant en Christ, ils étaient mis à part pour Dieu. Il y avait des surveillants1 et des serviteurs1 au milieu d’eux, mais ceux-ci ne sont pas mentionnés en premier. Les hommes qui avaient de telles charges dans l’assemblée locale avaient une place d’honneur et d’importance, mais ils ne dominaient pas sur l’héritage de Dieu (1 Pierre 5:3), ni ne réclamaient la première place en toutes choses. De plus, au lieu qu’ils soient surveillants avec un rôle de président sur de nombreuses églises, il y avait plusieurs surveillants dans cette seule assemblée.

1 « Surveillant » est le sens original du terme grec episcopos, qui a donné naissance au mot « évêque ». « Serviteur » est le sens original du terme grec diakonos, qui a donné naissance au mot « diacre ».

Ch. 1:3-7

Immédiatement après les salutations du début, Paul rappelle l’heureux souvenir qu’il avait des saints à Philippes. Ils avaient été particulièrement caractérisés par la communion dans l’évangile. Ils avaient beaucoup eu l’apôtre dans leur cœur, et ils s’étaient tenus à ses côtés comme des partenaires ; tout cela était une preuve du travail de Dieu en eux. Dieu avait commencé en eux une bonne œuvre par Son Esprit, mise en évidence de cette manière ; et ce que Dieu avait commencé, Il l’achèverait, et ce serait finalisé au jour de Christ.

De toute évidence ils étaient caractérisés par un grand amour pour l’évangile, et par une communion de cœur avec l’évangile, d’une manière pratique ; et non seulement avec l’évangile, mais aussi avec Paul qui en était l’ambassadeur, et ils étaient ainsi participants de la grâce avec lui. Ils en étaient participants non seulement en rapport avec la confirmation de l’évangile par les merveilleux résultats qu’il produisait, mais aussi en rapport avec sa défense contre tous les adversaires, et en rapport avec les liens dans lesquels se trouvait l’ambassadeur. Nombreux sont ceux qui désirent participer à la confirmation, et peut-être à la défense de l’évangile, mais ils ne sont plus tant désireux quand les liens et les afflictions arrivent. Les liens sont le test, et l’empressement à cet égard est une preuve plus sûre du travail intérieur de Dieu qu’une grande érudition en matière de doctrine chrétienne.

Ch. 1:8-11

Le verset 8 nous assure combien Paul rendait aux Philippiens toute leur affection, et à vrai dire combien la sienne dépassait la leur. Les versets 9 et 10 nous montrent ce qu’était le désir de son cœur pour eux : qu’ils croissent continuellement en amour, en intelligence, en discernement, en pureté et en fruits portés. Il y avait beaucoup de choses chez eux qui étaient un sujet de joie, mais le désir de l’apôtre est résumé dans l’expression « encore de plus en plus ».

Tandis que l’œuvre de Dieu pour nous a été accomplie une fois pour toutes par le Seigneur Jésus, l’œuvre de Dieu en nous par Son Saint Esprit est quelque chose de progressif. Que nous ayons à abonder de plus en plus en amour est évidemment le principal, car ce faisant, notre connaissance et notre puissance de discernement augmenteront. Nous discernerons toujours plus ce qui est excellent, et nous y trouverons notre joie, et nous nous garderons de tout ce qui pourrait le ternir, et par conséquent nous serons remplis de ces fruits produits par la justice « à la gloire et à la louange de Dieu ». L’amour est vraiment la nature divine. Nous avons à croître dans cette nature comme résultat de l’œuvre de Dieu en nous, et cela continuera jusqu’au terme de notre séjour ici-bas, et portera son fruit et sera manifesté au jour de Christ.

Ch. 1:12-14

À partir du verset 12, l’apôtre commence à faire allusion à ses propres circonstances, mais non pas pour se plaindre ni pour en occuper nos pensées, mais plutôt pour montrer combien Dieu qui est au-dessus de toutes les circonstances, les a fait tourner pour l’avancement de l’évangile.

Quel choc ce dut être pour les premiers chrétiens quand Paul fut emprisonné sous la main de fer de Rome ! Un anéantissement soudain semblait s’abattre sur ses travaux et ses triomphes sans précédent dans l’évangile, et cela devait avoir l’air d’un désastre total. Mais il n’en était rien ; c’est plutôt l’inverse qui arriva ; les versets suivant nous apprennent comment Dieu a été plus fort et a fait tout tourner pour le bien.

C’était expressément en vue du bien que les choses étaient arrivées ainsi, pour rendre manifeste que la Bonne Nouvelle était la seule cause de l’emprisonnement de Paul. Depuis les plus hauts cercles à Rome jusqu’aux plus humbles, il était partout parfaitement clair qu’il était dans les liens à cause de Christ, et non comme un malfaiteur ordinaire.

C’était d’autant plus pour le bien que la plupart des frères avaient été remués de la bonne manière par sa captivité. Au lieu d’être découragés et intimidés, ils avaient été poussés à se confier davantage dans le Seigneur, à la suite de quoi ils faisaient preuve de plus de hardiesse pour annoncer la parole de Dieu sans crainte. Une triste minorité s’était jointe à la prédication pour de mauvais motifs ; étant opposés à Paul, ils espéraient attiser le trouble qu’il subissait, mais quoi qu’il en soit, ils prêchaient Christ, et Dieu le faisait tourner en bénédiction.

Chapitre 1 versets 15 à 30

Ch. 1:15-18

Nous avons ici un coup d’œil frappant sur la vie intérieure et l’esprit de l’apôtre. Ses épreuves étaient très profondes. Non seulement son emprisonnement risquait d’irriter son esprit, mais l’action de ces frères envieux et querelleurs devait l’exaspérer outre mesure. Et pourtant le voici calme, confiant, bienveillant, sans aucune trace d’irritation dans son esprit : un véritable triomphe de la puissance de Dieu. Le secret en était évidemment qu’il avait appris à s’oublier lui-même, et à voir les choses entièrement du point de vue de Dieu. Ce qui lui pesait, ce n’était pas comment les choses l’affectaient lui, mais comment elles affectaient Christ et Ses intérêts. Cela pouvait être mauvais pour Paul, mais, si c’était bon pour Christ, alors il n’y avait rien de plus à dire, car rien d’autre ne comptait pour lui.

L’apôtre pouvait donc dire : « en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai » (1:18). Il se réjouissait dans la prédication de Christ, et il se réjouissait dans l’assurance que tout ce qui semblait tellement contre lui, se tournerait à son propre salut, les Philippiens aidant par leurs prières, et les secours de l’Esprit de Jésus Christ étant toujours disponibles pour lui.

Ch. 1:19-20

Le verset 19 place devant nous un salut présent, un salut dont Paul lui-même avait besoin et qu’il s’attendait à avoir. Sa nature devient claire au verset 20 : sa vive attente et son espérance étaient que Christ soit magnifié dans son corps « soit par la vie, soit par la mort ». L’accomplissement de ce désir impliquait un salut, car selon la nature, chacun de nous aspire à l’exaltation et à l’assouvissement de soi-même dans nos corps. Avons-nous tous découvert que c’est un merveilleux salut présent que d’avoir nos penchants et le cours de nos vies détournés entièrement de nous-mêmes pour être réorientés vers Christ ? Avons-nous jamais prié de la manière suivante :

Mon Sauveur, Tu as offert le repos,

Oh ! donne-le moi alors,

Le repos d’en finir avec le moi,

Pour trouver mon tout en Toi !

Le salut présent est alors trouvé dans la mise de côté du moi et dans l’exaltation de Christ, et c’est non seulement un salut, mais c’est aussi ce qui est réellement la vie. Quand l’apôtre disait : « pour moi, vivre c’est Christ », il n’énonçait pas un élément de doctrine chrétienne, mais il parlait d’expérience. En effet, c’est un fait que Christ est la vie de Ses saints, mais ici ce fait est traduit dans l’expérience et la pratique de Paul, au point que sa vie pouvait se résumer en un seul mot : CHRIST. Christ vivait en Paul et à travers Paul. Il était l’Objet de l’existence de Paul, et Son caractère était manifesté en lui, mais bien sûr, pas encore en plénitude.

Ch. 1:21-26

Si la vie signifiait Christ vivant en Paul, la mort signifiait Paul avec Christ. C’est pourquoi il ajoute : « et mourir, un gain ». Pour tout chrétien, la mort, quand elle arrive, est vraiment un gain ; mais il est évident que bien peu d’entre nous demeurent conscients de ce fait. Quand nos bien-aimés qui croient, nous sont retirés, nous nous consolons à la pensée que, pour eux, cela signifie être avec Christ, ce qui est de beaucoup meilleur. Mais nous nous obstinons à nous accrocher à la vie dans ce monde. Avons-nous déjà été écartelés comme Paul l’était ? La grande majorité d’entre nous n’aurait aucune difficulté à décider si le choix nous était laissé. Nous choisirions de suite l’alternative dont il n’est pas dit qu’elle est de beaucoup meilleure.

La mort est un gain, et Paul le savait bien ; c’est lui qui, des années auparavant, était monté au troisième ciel, sans pouvoir dire si c’était dans ou hors du corps. Quelle qu’en soit la manière, il lui avait été ainsi accordé un avant-goût de la bénédiction d’être avec Christ. Nous pouvons prendre les mots « de beaucoup meilleur », aussi bien comme le verdict de Paul résultant de cette merveilleuse expérience, que comme la révélation de la part de Dieu de ce fait merveilleux.

Quand il dit « ce que je dois choisir, je n’en sais rien », nous ne devons pas comprendre qu’il lui était effectivement laissé le choix de décider s’il devait vivre ou mourir. Au moins, c’est ce que nous pensons. Il écrit très familièrement et avec beaucoup de liberté à ses bien-aimés Philippiens rachetés, et il ne s’arrête donc pas pour dire : « si le choix m’était laissé ». Il savait qu’être avec Christ n’est pas simplement meilleur, mais de beaucoup meilleur ; pourtant il ne décide pas sur cette alternative en se basant sur ses propres sentiments. Nous voyons à nouveau que la seule chose qui comptait était ce qui était le plus approprié à l’avancement des intérêts de son Seigneur. Il sentait que ce qui aiderait le plus les saints, c’était qu’il demeure un peu plus longtemps parmi eux, et il avait donc confiance qu’il resterait, selon ce qu’il dit au verset 25.

Soyons bien clairs : le départ dont parle l’apôtre ici n’a rien à voir avec le retour du Seigneur. Il se réfère à l’état intermédiaire, appelé « dépouillé » en 2 Corinthiens 5:4. Dans ce passage il montre que l’état « revêtu » (quand nous aurons revêtus nos corps de gloire) est à tous égards supérieur à l’état « dépouillé ». Mais ici (Phil. 1), nous voyons que l’état « dépouillé » est bien meilleur que le meilleur de ce que nous pouvons connaître en étant revêtus de nos corps actuels d’humiliation. Ce que cela signifie en détail est forcément inconcevable dans notre condition actuelle, mais soyons assurés qu’une bénédiction dépassant tout ce qu’on peut imaginer nous attend.

Il semble assez certain que la confiance de Paul fut justifiée et qu’il « demeura et resta » avec eux quelques années de plus, en vue de leur progrès spirituel et de leur joie, et qu’il leur donna de quoi se réjouir par sa venue parmi eux pour un peu de temps.

Ch. 1:27-28

Il n’avait qu’un seul grand désir à leur égard : qu’il soit absent ou présent parmi eux, c’était qu’ils se conduisent d’une manière digne de l’évangile. Non seulement ils devaient tenir ferme, mais ils devaient tenir ferme « dans un seul et même esprit ». Ce n’était pas simplement combattre avec la foi de l’évangile, mais le faire « d’une même âme » et « ensemble ».

Voilà une injonction apostolique qui a bien de quoi frapper nos cœurs très profondément et intensément. Cela explique en bonne partie le manque de puissance en rapport avec l’évangile, soit quant à ses progrès parmi les inconvertis, soit quant à l’affermissement des sauvés. Remarquez que « tenir ferme » vient avant « combattre ». Et le mot traduit par « combattant » est aussi à l’origine du mot « athlétisme ». Il semble donc indiquer, non pas tellement l’effort pour maintenir la vérité de l’évangile par des paroles ou des arguments, mais plutôt le combat sous forme d’un travail effectif en faveur de l’évangile.

En Romains 15:30 et en Jude 3, nous avons aussi le mot « combattre », mais c’est un mot différent, duquel provient notre mot « agonie ». Les saints devaient combattre ensemble en prières avec Paul (Rom. 15:30), et pour la foi (Jude 3), comme s’ils étaient à l’agonie. Ici (1:27) il nous est ordonné de travailler (ou de faire la course) ensemble pour l’évangile, et au début du chapitre 4, il nous est parlé de deux femmes qui effectivement avaient ainsi combattu avec Paul, car le mot utilisé est le même qu’ici. S’il y avait plus de combats ensemble dans la prière jusqu’à l’agonie, et plus de course ensemble en faveur de l’évangile, nous verrions plus de résultats.

En avançant dans l’épître, nous découvrirons que cette unité de pensée et d’esprit était le principal souci qui pesait sur l’apôtre à propos des Philippiens, car les dissensions sont un mal qui s’insinue chez les chrétiens les plus spirituels et les plus dévoués de manières subtiles et variées.

Quand les dissensions sont bannies et que l’unité prévaut parmi les saints, les adversaires n’apparaissent pas aussi effrayants, et l’on est davantage prêt à souffrir. En fait, nous n’avons jamais à être terrifiés par des adversaires qui agissent ouvertement. Le fait même qu’ils soient des adversaires n’est pour eux qu’un gage de destruction quand Dieu se lèvera. Quand Il se lèvera, ce sera le salut pour Son peuple. Tandis que nous attendons Son intervention, c’est à nous de combattre et de souffrir pour Lui. Les Philippiens l’avaient vu en Paul, selon le témoignage d’Actes 16, et maintenant ils apprenaient que la même chose était en train de lui arriver à Rome.

Ch. 1:29-30

Souffrir pour Christ et Son évangile est présenté ici comme un privilège accordé à nous les croyants. Si nous n’étions pas aussi tristement énervés d’une part par les dissensions et la désunion qui prévalent dans l’église, et d’autre part par les incursions du monde et de l’esprit du monde, c’est sous cet éclairage que nous devrions voir la souffrance pour Christ. Combien nous en serions immensément bénis !

Chapitre 2 versets 1 à 11

Ch. 2:1-2

Ch. 2:1

Le premier verset du chapitre 2 parait être une allusion à l’aide matérielle transmise par les Philippiens à Paul par l’intermédiaire d’Épaphrodite. Ces dons avaient été pour Paul une expression très rafraîchissante de l’amour et de la compassion qui les caractérisaient, et de la vraie communion de l’Esprit qui existait entre lui et eux. Son cœur en avait été rempli de consolation et de réconfort au milieu de ses afflictions. Tout en reconnaissant cependant l’application directe de ce verset 1, ne passons pas à côté de sa portée plus générale. Christ est la source des consolations ; l’amour est ce qui produit le réconfort ; l’Esprit de Dieu, possédé en commun par tous les croyants, est la source de la communion. Ces faits demeurent à travers tous les âges, et valent pour nous tous.

Ch. 2:2

Ces choses étant des faits, l’apôtre s’en sert comme une sorte de levier pour son exhortation. Le « si » répété quatre fois au verset 1, a en réalité la force de « puisque ». Puisqu’il en est ainsi, il les prie de rendre sa joie accomplie en ayant une même pensée et en se débarrassant des derniers vestiges de dissensions.

L’expérience montre, à notre avis, que les dissensions sont une œuvre de la chair parmi les dernières à disparaître, et notre passage montre combien grand était le désir de l’apôtre qu’elles disparaissent du milieu des Philippiens. Remarquez la variété des expressions utilisées pour exprimer son désir qu’il en soit ainsi.

Tout d’abord, ils devaient avoir « une même pensée ». C’est évidemment merveilleux quand tous les croyants ont une même pensée, mais il faut aussi considérer l’esprit qui est derrière leurs pensées. S’il n’est pas bon, penser la même chose ne sera pas une garantie contre les dissensions. C’est pourquoi il ajoute : « ayant un même amour ». Seul l’amour peut produire ce dont il parle ensuite : être « d’un même sentiment », ou plus littéralement « d’une même âme », ce qui, à son tour, conduit à penser tous une même chose.

Au chapitre 3 nous entendrons Paul dire : « je fais Une chose ». Il était l’homme d’un seul objet, poursuivant une seule chose, au lieu de dissiper son énergie à poursuivre plusieurs choses. Ici il exhorte les autres à penser tous une seule chose. Seul un homme dont l’esprit est focalisé sur une seule chose de toute importance, est susceptible d’être caractérisé par la poursuite de cet objet unique. Il n’est pas difficile de voir que, si nous pensons à cette seule chose, sous le contrôle du même amour, il ne restera plus guère de place pour les dissensions.

Ch. 2:3-4

Mais même avec tout cela, l’apôtre a encore quelque chose rajouter sur ce sujet. Le verset 2 apporte en effet des éléments très positifs pour faire de cette unité une réalité, et il veut en outre combattre pour éliminer les éléments de mal qui la détruisent. D’où le verset 3. Il est très possible de faire beaucoup de choses tout à fait justes en elles-mêmes, mais dans un esprit de dispute, comme nous l’avons vu au chapitre 1, où l’on a vu des frères prêchant Christ « par envie et par un esprit de contention » [= de dispute]. De plus, la vaine gloire est un mauvais fruit de la chair qui est profondément enraciné dans le cœur de l’homme déchu. Combien n’avons-nous pas souvent fait ce qui était tout à fait juste, mais avec le secret désir de gagner du crédit et de la gloire parmi nos semblables ? Prenons le temps pour laisser nos consciences répondre, et nous ressentirons l’acuité de ces paroles.

La vaine gloire est la racine d’un bon nombre de conflits et de dissensions qui distraient l’esprit des chrétiens, même de ceux qui, par ailleurs, sont spirituels. Le contraire de la vaine gloire est cette humilité d’esprit qui conduit à estimer les autres supérieurs à nous-mêmes. L’humilité d’esprit conduit en outre à cette largeur d’esprit mentionnée au verset 4. Si je suis centré sur moi, ne cherchant guère que mon propre intérêt et ma propre gloire, je ne considère naturellement que ce qui me concerne. Si inversement je suis centré sur Christ, recherchant Ses intérêts et Sa gloire, je me mets à considérer aussi les choses des autres. Et si les choses des autres sont réellement davantage à la gloire de Christ que ne le sont les miennes, je regarderai plus aux choses des autres qu’aux miennes.

Ch. 2:5-11

L’apôtre semble alors anticiper ce que les Philippiens pourraient vouloir lui répondre : « Tu nous a exhortés à avoir une même pensée, un même sentiment, un même esprit. Mais comment y arriver ? On ne peut nier le fait que des différences de pensées et de jugement règnent parmi nous. Quelles sont les pensées qui prévaudront ? »

La réponse de Paul est : « Qu’il y ait donc en vous cette pensée », celle qui était dans le Christ Jésus. Par « pensée », ici, nous ne devons pas comprendre juste un avis ou une opinion, mais toute une manière de penser. La manière de penser de Christ doit nous caractériser, et elle est bien plus profonde. Si Sa manière de penser nous caractérise, nous serons délivrés des dissensions, même si nous ne voyons pas tout à l’identique. Les versets 15 et 16 du chapitre 3 nous le montrent.

Ch. 2:6-8

Quelle était donc cette pensée qui était dans le Christ Jésus ? On peut répondre par les cinq mots du verset 8 : « Il s’est abaissé lui-même ». La pensée qui était en Christ était diamétralement opposée à celle qui était en Adam. Les paroles du Seigneur en Matthieu 23:12 l’illustrent. La pensée d’Adam était l’exaltation du moi, et il est par conséquent tombé dans le gouffre. En Christ il y avait l’abnégation, l’abaissement de soi, et comme nous le voyons dans ce passage, Il a été exalté à la position suprême.

Nous partons des hauteurs suprêmes au verset 6. Il était en forme de Dieu. Nos premiers parents furent tentés de s’emparer de quelque chose bien au-dessus d’eux, de devenir comme des dieux, selon le témoignage de Genèse 3:5. Cette place n’était pas pour eux, et s’en saisir était du vol à l’état pur. Mais il n’y a rien eu de cela chez notre Seigneur. Dans Son cas, l’égalité avec Dieu n’était pas à saisir : elle était Sienne dès le commencement, car Il était Dieu. Il ne pouvait pas être plus haut qu’Il n’était. Il ne disposait que de deux alternatives : ou bien rester comme Il était et là où Il était, ou bien descendre dans l’humiliation.

Béni soit Dieu, Il a choisi la seconde alternative. Le verset 7 est le début de cette histoire merveilleuse. Bien qu’originellement en forme de Dieu, Il prit sur Lui une autre forme, celle d’un esclave, étant fait à la ressemblance des hommes. Cela impliquait qu’Il s’anéantisse lui-même.

Fausse doctrine sur l’anéantissement du Seigneur

Il y a des années, des critiques non croyants de la Bible, se trouvant en conflit avec les paroles du Seigneur, inventèrent la théorie de la « kenosis » pour pouvoir nier Ses paroles tout en Lui gardant un certain respect et en lui rendant un certain hommage, sans aller jusqu’à Le rejeter entièrement comme un imposteur. Kenosis est un mot forgé à partir du mot grec utilisé dans ce passage, dont le sens littéral est « vidé », et traduit ici par « anéanti ». La théorie représente Christ se vidant Lui-même complètement de tout ce qui était divin, au point de devenir un Juif, tout aussi ignorant que la majorité des Juifs de Son époque. À partir de là, la critique du dix-neuvième et du vingtième siècle, après avoir proposé cette théorie et s’être fortifiée par l’érudition moderne, s’est sentie tout à fait capable de contredire ou de corriger le Fils de Dieu.

Telle est la théorie de la kenosis : une toile filée par les araignées critiques à partir de leurs propres cœurs incrédules. Car ce sont eux les menteurs, et non pas le Fils de Dieu. Il est triste de devoir dire que cette toile n’a que trop bien servi les desseins du diable. Beaucoup de mouches imprudentes se sont fait prendre dans cette toile. Elle leur a donné des raisons de croire exactement ce qu’ils avaient envie de penser.

Or tandis que nous nous détournons avec horreur de cette mauvaise théorie, nous ne devons pas négliger le fait qu’il y a eu un vrai « kenosis », un vrai anéantissement, car ce passage en parle. Si nous désirons comprendre ce que cela veut dire, tournons-nous vers les évangiles, et nous y verrons ce que Son humanité impliquait, et aussi ce que Sa déité impliquait, cette dernière brillant continuellement à travers Son humanité. Citons-en deux ou trois exemples à titre d’illustration.

Étant devenu Homme, Jésus fut oint de l’Esprit Saint et de puissance. Par conséquent, au lieu d’agir par la simple force de Sa propre déité, Il agissait dans la puissance de l’Esprit. Dans cette situation, Dieu opérait par Son moyen (Actes 10:38 ; Luc 4:14 ; Actes 2:22).

Il était le Créateur, comme Colossiens1:16 l’affirme si clairement, mais dans Son humanité, Il déclarait que ce n’était pas à Lui d’attribuer les places dans le royaume à venir (Matt. 20:23).

En accord avec cela, Il renonçait à l’initiative ou à l’action individuelles dans Ses paroles et dans Ses actes. Il les attribuait tous au Père (Jean 5:19, 27, 30 ; 14:10).

Le vrai anéantissement du Seigneur

En considérant ces choses, nous voyons immédiatement ce vrai anéantissement (qui était un acte fait par Lui-même) avait pour but que le fait de prendre la forme d’esclave soit une pleine réalité. S’il y avait eu un autre but, nous aurions tout de suite conclu que « prendre la forme d’esclave » signifiait simplement se mettre formellement à la place d’un esclave, comme par exemple le pape de Rome, selon ce qu’on dit, prend en certaines occasions la place d’un serviteur en lavant les pieds de certains pauvres mendiants. Il le fait dans la forme, mais ceux qui regardent voient qu’en réalité cela est accompli dans un environnement d’élégance et de splendeur. Quand le Seigneur Jésus a pris la forme d’esclave, Il l’a fait dans toute la réalité que cela impliquait.

Le verset 8 amène l’histoire de Son humiliation à son point culminant. Si le verset 7 nous relate l’abaissement extraordinaire, à partir de la pleine gloire de la déité jusqu’à l’état et à la position d’homme, ce verset 8 décrit un abaissement supplémentaire de l’Homme qui était le Compagnon de l’Éternel : l’abaissement jusqu’à la mort de la croix. Toute Sa vie a été marquée par un abaissement continuel, par une humiliation croissante de Lui-même jusqu’à en arriver à la mort, et à la mort sous la forme extrêmement infamante et douloureuse de la mort de la croix.

Sa manière de penser, c’était de s’abaisser, et il faut que cette manière de penser soit aussi en nous. Mais penser ainsi n’est possible que si l’on est né de Dieu et qu’on possède l’Esprit de Dieu. Grâce à Dieu, il est possible pour nous de penser ainsi. Alors, faisons-le. L’obligation repose sur nous. Acceptons-la, et laissons-nous juger par elle.

Ch. 2:9-11

Les trois versets qui détaillent Son humiliation sont suivis par trois versets qui proclament Son exaltation selon le décret de Dieu le Père. Mais là encore, Il prend tout de la main du Père, et il Lui est accordé un Nom absolument suprême. Nous pensons que dans ce passage, le mot « nom » est utilisé comme en Hébreux 1:4. Aucun nom particulier n’est visé, ni le nom de Seigneur, ni celui de Jésus, ou de Christ, ni aucun autre, mais le mot « nom » fait plutôt allusion à Son renom ou à Sa réputation. Ce Jésus autrefois méprisé et rejeté, a un tel renom que finalement tout être créé devra s’incliner devant Lui et confesser Sa Seigneurie. Et quand l’univers rassemblé Lui rendra hommage, que ce soit de bon gré ou sous une contrainte douloureuse, tout sera à la gloire de Dieu le Père.

Chapitre 2 versets 12 à 30

Ch. 2:12-13

Au verset 12, l’apôtre laisse ce sujet si précieux, et revient à son exhortation commencée au verset 1:27. Il désirait ardemment que leur manière de vivre soit à tous égards en accord avec l’évangile, et qu’ils soient caractérisés par l’ardeur au travail pour l’évangile dans l’unité de pensée, et par le courage face à l’opposition. Dans le passé, quand Paul allait et venait parmi eux, ils avaient été marqués par l’obéissance à ce qu’il commandait. Il désirait qu’ils soient maintenant si possible encore plus obéissants à sa parole, du fait qu’ils étaient privés de son aide en personne. Des dangers les menaçaient de l’extérieur, et à l’intérieur il y avait la menace de ce danger subtil de la dissension : Paul désirait donc qu’ils redoublent d’énergie pour chercher à avoir et à manifester l’esprit qui était dans le Christ Jésus ; ce faisant, ils travailleraient à leur propre délivrance [= salut] de tout ce qui les menaçait. Paul désirait qu’ils le fassent avec crainte et avec tremblement, se souvenant de leur propre faiblesse. Pierre avait une fois pensé pouvoir opérer son propre salut sans crainte ni tremblement, et nous savons ce qu’il en advint.

Telle est évidemment la signification simple de ce verset 12 dont on a tant usé et abusé. Chacun de nous ne peut-il pas se l’appliquer ? Nous le pouvons certainement, si nous le voulons ; or Dieu peut nous donner de vouloir le faire. Au vu du verset 13, nous ne devons pas reculer d’agir selon le v. 12. Nous avons à travailler à notre propre salut, mais « c’est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ». Notons cela. Dieu opère le vouloir aussi bien que le faire, et le vouloir vient en premier. Ainsi, le travail de Dieu et notre travail sont considérés comme allant de pair harmonieusement. Le travail de Dieu doit toujours avoir la préséance sur le nôtre, à la fois chronologiquement et quant à l’importance. Mais la chose ne nous est pas présentée de manière à nous rendre fatalistes. Au contraire, notre travail est mentionné le premier, et il est insisté sur la responsabilité qui nous incombe à cet égard. Le fait que Dieu travaille est introduit comme un encouragement et un stimulant.

Ch. 2:14-16

Ainsi, enseignés de Dieu à aimer Sa volonté, nous la faisons, et si la pensée de Christ est en nous, nous la faisons correctement — non pas à contrecœur avec des murmures et des contestations, mais comme des enfants de Dieu simples et sans malice, portant le caractère de Dieu dont nous sommes les enfants. L’humanité est devenue une génération tortue et perverse, et nous devons vivre d’une manière diamétralement opposée. C’est la seule manière d’être des lumières (« de reluire comme des luminaires ») dans les ténèbres de ce monde.

Le mot traduit par « reluire » est un mot utilisé, nous dit-on, pour le lever ou l’apparition des astres [ou : corps célestes] dans le ciel. Ceci amène une pensée saisissante. Nous devrions apparaître comme des luminaires célestes dans le ciel de ce monde. Le faisons-nous ? Ce n’est possible que si nous sommes tout à fait distincts de la génération de ce monde, selon ce que dit le début du verset 15. C’est la seule manière de pouvoir effectivement présenter aux autres la parole de vie (2:16).

Pour que la parole de vie soit présentée, il faut la vie aussi bien que le témoignage oral. La parole de témoignage devient la plupart du temps une parole de vie pour d’autres, quand elle s’exprime premièrement dans la vie du témoin. Si cela avait lieu dans le cas de ses chers convertis de Philippes, Paul aurait l’assurance de ne pas avoir travaillé en vain pour eux. Il aurait alors abondamment de quoi se réjouir par anticipation de l’apparition de Christ inaugurant Son jour. Il verrait le travail de Dieu en eux dont il avait parlé au verset 6 du premier chapitre, et il le verrait amené à son terme et pleinement accompli.

Ch. 2:17-18

Ayant placé devant les Philippiens l’exemple suprême du Seigneur Jésus « obéissant jusqu’à la mort », et les ayant exhortés à l’obéissance, c’est-à-dire à faire de cœur le bon plaisir de Dieu, l’apôtre fait encore allusion à son propre cas, au verset 17. Bien qu’il ait exprimé la pensée de pouvoir continuer à être parmi eux pour un temps (1:25), il envisage cependant ici la possibilité d’un martyre prochain. Certains font grand cas de leurs « impressions », et leur attribuent une certitude et une autorité presque égales à celles des Écritures. C’est une erreur. Paul avait ses « impressions » quant à son futur, et nous sommes persuadés que les événements lui ont donné raison. Cependant même lui, tout apôtre qu’il était, entretenait la pensée que les évènements pourraient démentir ses impressions.

La libation du v. 17

Le mot traduit par « servir d’aspersion » est le même dont Paul se sert en 2 Timothée 4:6 (il est traduit là par « servir de libation ») alors que son martyre était imminent. Il fait allusion, bien sûr, à ces offrandes de boissons que la loi commandait. « Un quart de hin de vin » devait être versé sur certains sacrifices, devant l’Éternel.

Ceci étant, nous trouvons deux choses très frappantes dans les versets 17 et 18. Tout d’abord, il rappelle les dons des Philippiens, envoyés malgré leur pauvreté, et transmis par Épaphrodite : « le sacrifice et le service de votre foi ». Autrement dit, il les considère comme étant le sacrifice principal, son propre martyre n’étant qu’une petite quantité de vin versée sur leur sacrifice, à titre de libation, c’est-à-dire comme un sacrifice mineur. Quelle manière extraordinaire de considérer les choses ! Nous aurions fait l’inverse, et pensé que l’abnégation des Philippiens était une libation versée sur le grand sacrifice de Paul comme martyr.

Pourquoi Paul considérait-il ainsi les choses ? Parce qu’il ne regardait pas « à ce qui est à lui, mais … à ce qui est aux autres » (2:4). Il était un exemple frappant de ce sur quoi il insistait auprès des Philippiens, et de la valeur et de l’excellence de la pensée qui était dans le christ Jésus. Rien n’était affecté chez Paul, et il ne faisait pas de simples compliments. Ravi par la grâce de Christ telle qu’il la voyait dans ses bien-aimés convertis, il pensait réellement ce qu’il disait.

L’effet du martyre de Paul

La seconde chose qui nous frappe c’est qu’il envisageait effectivement son propre martyre comme calculé pour provoquer une explosion de joie pour lui-même et pour les Philippiens, une joie réciproque. Tout cela est bien contraire à la nature ! — contre nature, mais spirituel. Le fait est que Paul croyait VRAIMENT ce qu’il avait dit au sujet de « déloger et d’être avec Christ ». C’EST réellement « de beaucoup meilleur ». Il savait que, véritablement, les Philippiens l’aimaient tellement, que malgré la douleur de le perdre, ils surmonteraient leurs propres sentiments pour se réjouir de sa joie. Nous craignons beaucoup que Philippiens 1:23 soit souvent tourné en une pieuse platitude. C’était bien plus que cela pour Paul.

Ch. 2:19-24

Cependant il ne prévoyait pas son martyre pour le moment, comme il le leur avait déjà dit, et il envisageait donc de leur envoyer bientôt Timothée pour leur être en aide spirituellement, et aussi pour avoir de leurs nouvelles sur l’état de leurs affaires.

Parmi ceux qui étaient disponibles alors, aucun n’était autant animé d’un même sentiment avec lui, ni n’était aussi zélé pour le bien des Philippiens. La plupart des gens, même croyants, était caractérisés par la recherche de leurs propres intérêts plutôt que ceux de Christ. Timothée était une heureuse exception. Il était un véritable fils de son père spirituel. L’esprit qui était en Christ était aussi en lui. Nous craignons que cette recherche de nos propres intérêts et non pas de ceux de Christ, ne soit tristement banale de nos jours, parmi les croyants. Aucun serviteur de Dieu ne peut servir effectivement les saints si ce n’est en agissant parmi eux sans recherche d’aucune autre chose sinon les intérêts de Christ.

Timothée était donc celui qu’il espérait bientôt leur envoyer, et il espérait même être libéré pour pouvoir venir lui-même.

Ch. 2:25-30 — Épaphrodite

Cependant il désirait avoir un moyen de communication plus rapide avec eux en reconnaissance de leurs dons, et il leur renvoyait donc Épaphrodite, qui avait été leur messager auprès de lui ; il devenait maintenant le porteur de cette lettre que nous sommes en train de considérer.

Les versets 25 à 30 donnent un aperçu du genre de personne qu’était Épaphrodite, lui que Paul appelle « mon frère, mon compagnon d’œuvre et mon compagnon d’armes ». Lui aussi était animé des mêmes sentiments que l’apôtre, et nous voyons de suite que, quand l’apôtre dit « je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi » (2:20), il voulait dire « je n’ai personne parmi ceux qui ont été mes aides et mes assistants proches, ici à Rome ». Épaphrodite était un Philippien, et n’était donc pas visé par la remarque précédente.

Nombreux étaient et sont encore ceux dont on ne peut guère dire qu’ils sont des compagnons d’œuvre ou des compagnons d’armes, même s’ils sont reconnus comme frères. Épaphrodite était tous les trois, et non seulement cela, mais il était ouvrier et soldat en tant que compagnon de Paul. Ils travaillaient et combattaient en semble avec des buts et objectifs identiques. Y a-t-il quelqu’un à qui un tel témoignage puisse être rendu aujourd’hui ? Nous croyons que oui, vu que le Nouveau Testament nous informe si pleinement quant à la doctrine, la manière de vivre, et le service de Paul, ce serviteur-modèle de Dieu. En même temps, nous craignons beaucoup qu’en pratique ce soit bien rare. Tout croyant est appelé à être un ouvrier et un soldat. La truelle et l’épée devraient tous nous caractériser. Mais est-ce le cas ? Sommes-nous considérés comme des « compagnons » de Paul quand nous les utilisons ?

En exerçant son service consistant à voyager vers Paul, Épaphrodite était tombé malade jusqu’à être au bord de la mort. Deux fois dans ce passage, nous trouvons l’expression « près [ou : proche] de la mort ». Dieu avait en effet eu pitié de lui, et avait épargné ce grand chagrin à Paul et aux Philippiens, et pourtant il n’avait pas fait cas de sa vie dans l’intérêt de l’œuvre de Christ, et il devait donc être honoré.

Épaphrodite est ainsi un autre exemple de quelqu’un qui suivait les pas de Paul et de Timothée, tout comme ils suivaient Christ. La pensée qui se trouvait dans le Christ Jésus se trouvait aussi en lui, car non seulement il risquait sa vie pour servir son Seigneur, mais alors qu’il était malade au point d’être près de la mort, il était « fort abattu », non pas à cause de sa maladie, mais parce qu’il savait que ses frères à Philippe avaient eu des nouvelles de sa maladie et allaient être douloureusement attristés à son égard. C’est un bel exemple de quelqu’un qui « ne regardait pas à ce qui est à lui, mais … à ce qui est aux autres » (2:4). C’était vraiment de l’abnégation !

À suivre

Chapitre 3 versets 1 à 11

Ch. 3:1

Paul et les Philippiens se réjouissaient donc au sujet d’Épaphrodite ; mais en abordant le chapitre 3, nous découvrons où se trouve pour le chrétien la source de joie la plus vraie et la plus durable. Dieu peut nous donner de faire l’expérience de Sa miséricorde, et réjouir nos cœurs, et Il le fait souvent, mais d’un autre côté Il doit souvent nous faire passer par la vallée des larmes. Or même s’il est permis aux circonstances de nous être contraires, et que la maladie ait une issue fatale, le Seigneur Lui-même demeure le même. Notre joie est vraiment en Lui. « Réjouissez-vous dans le Seigneur » est le grand message adressé à chacun de nous. En écrivant cela, l’apôtre se répétait, mais ce message heureux n’était pas ennuyeux pour lui, et il était la sécurité pour eux. Aucun serviteur de Dieu n’a à craindre de se répéter, car nous n’assimilons les choses que lentement. La répétition est un processus de sûreté dans les choses de Dieu.

Ch. 3:2

C’est « dans le Seigneur » que doit être notre joie. Il y a ceux qui voudraient nous détourner de Lui, comme l’indique le verset 2. En parlant de « chiens », l’apôtre fait probablement allusion aux hommes de très mauvaise vie, comme les gens des nations impurs. « Mauvais ouvriers » se rapporte à ceux qui, tout en professant être chrétiens, introduisaient le mal. La « concision » se rapporte aux judaïsants, en contraste avec ceux qui sont la vraie « circoncision » dont parle le verset 3. Le mot traduit par « concision » signifie simplement « coupure », en contraste avec la séparation complète qu’est la mort, figurée par la circoncision. Les judaïsants croyaient qu’il fallait couper les vilaines excroissances de la chair, mais ils ne voulaient pas qu’on introduise la mort par « la circoncision du Christ » (Col. 2:11), ce qui est la vérité du christianisme. L’objectif des judaïsants était « de se glorifier dans votre chair » (Gal. 6:13). Comme les hommes ne peuvent pas vraiment fanfaronner dans les manifestations les plus grossières de la chair, ils cherchent à ôter celles-ci pour favoriser des manifestations plus aimables et plus esthétiques dans lesquelles ils peuvent fanfaronner. Mais cela reste la vanterie de la chair.

Ch. 3:3

Le verset 3 parle, par contraste, de ce que sont les croyants, vus selon les pensées de Dieu à leur égard. Nous sommes la vraie circoncision spirituelle, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n’avons pas confiance en la chair. Nous acceptons la sentence de condamnation de Dieu sur la chair, et trouvons notre tout en Christ. C’est alors que, dans l’énergie d’un Esprit non contristé, nous sommes remplis d’adoration envers Dieu.

Or d’habitude nous passons beaucoup de temps à apprendre à ne pas faire confiance à la chair, à faire passer un « vote de défiance » à son égard. Que d’expériences par lesquelles il nous faut souvent passer ! Ce genre d’expériences auxquelles nous faisons référence est détaillé en Romains 7, mais c’est une leçon qui ne peut pas être apprise simplement en théorie ; il faut l’apprendre expérimentalement. Il n’est pas besoin de beaucoup de temps pour apprendre cette leçon, mais en fait il arrive souvent qu’il nous en faille beaucoup.

Ch. 3:4-7

Le cas de Paul, auquel se réfèrent les versets 4 à 7, montre que la leçon peut être apprise très profondément en très peu de temps. Si jamais un homme fût exemplaire selon la chair, c’était bien lui. De nos jours on parle de gens qui meurent « fortifiés par tous les rites de l’église » ; mais on peut dire de Paul qu’il avait vécu des années en étant fortifié par tous les rites et ordonnances et privilèges et justices du judaïsme. Si jamais il y eut une chair éduquée et religieuse à laquelle on aurait dû faire confiance, c’était bien celle de Saul de Tarse. Il était rempli de religion, et rempli de l’orgueil généré par sa croyance que tout cela était un si grand gain pour lui.

Mais tout fut renversé dans cette fantastique révélation sur le chemin de Damas. Il découvrit qu’il avait scandaleusement tort. Il découvrit que ses privilèges imaginaires étaient des désavantages ; que sa chair religieuse était une chair rebelle. Tout ce sur quoi il avait compté, tout ce en quoi il s’était confié, et tout ce dont il s’était glorifié, tout s’écroula avec fracas. Christ dans Sa gloire s’était révélé à lui. Tout ce qu’il avait estimé être un gain pour lui, il l’estimait désormais comme une perte à cause du Christ. Sa confiance en la chair était disparue pour toujours. Dès la fin des trois jours où il avait été aveugle, il commença à se glorifier dans le Christ Jésus. En l’espace de trois jours, il avait appris sa grande leçon.

Ch. 3:7-11

Ch. 3:8-9

Et cette grande leçon était apprise solidement et pour toujours. Le verset 7 parle de la conclusion à laquelle il est arrivé sur le chemin de Damas : « je les ai regardées » (le verbe est au passé). Le verset 8 nous amène au jour où il écrivait cette épître dans une prison de Rome : « et je regarde même aussi » (le verbe est au présent). Le point atteint lors de sa conversion est confirmé et même accentué, environ trente ans plus tard. C’est seulement maintenant qu’il peut dire ce que, dans la nature des choses, il ne pouvait pas dire lors de sa conversion. Pendant trente ans, il avait grandi dans la connaissance de Christ, et l’excellence de cette connaissance le gouvernait. Comparées à cela, toutes choses n’étaient qu’une perte, et la profondeur et l’ardeur de sa dévotion sont exprimée dans ces mots ardents : « le Christ Jésus, MON SEIGNEUR ».

Regarder toutes choses comme une perte n’était pas une simple manière de penser, car il ajoute : « à cause duquel j’ai fait la perte de toutes ». C’est une chose de regarder toutes choses comme une perte, c’en est une autre d’en souffrir effectivement la perte. L’apôtre avait fait l’expérience des deux. Il ne fut pas perturbé outre mesure quand il perdit tout, car il avait déjà tout estimé comme une perte. De plus, en Christ il avait un gain infini, en comparaison de quoi tout le reste n’était qu’ordures.

Ce n’était pas qu’il espérait « gagner Christ » en échange de l’abandon de tout, à la manière de ceux qui abandonnent tous leurs biens et se retirent dans un couvent ou un monastère dans l’espoir d’assurer le salut de leur âme. C’était plutôt qu’ayant trouvé en Christ une valeur surpassant tellement tout, une telle excellence dans la connaissance du Christ Jésus, il était préparé à subir la perte de tout afin d’avoir Christ comme son gain. C’était une forme remarquable de compte de pertes et profits, duquel Paul sortait infiniment gagnant.

Tout le gain de Paul pouvait se résumer en un seul mot : CHRIST. Mais, bien sûr, tout ceci était basé sur le fait d’être « en Christ » et de se tenir devant Dieu dans cette justice qui est par la foi en Lui. En dehors de cela, il n’est pas possible d’avoir Christ comme son gain, ni d’être prêt à souffrir des pertes dans ce monde.

Au verset 9 il y a un contraste frappant entre « ma justice » et « la justice qui est de Dieu ». La première, s’il était possible de l’atteindre, serait « de la loi » ; elle serait quelque chose de purement humain, et selon la norme définie par la loi. La seconde est la justice dans laquelle nous sommes comme fruit de l’évangile. Elle est « de Dieu », c’est-à-dire divine, en contraste avec la première qui est humaine. Et elle est « par la foi en Christ », c’est-à-dire disponible pour nous sur la base de Son intervention et de Son œuvre telles que l’évangile les présente à la foi ; et elle est « moyennant la foi », c’est-à-dire que nous la recevons sur le principe de la foi, et non pas sur le principe d’œuvres de loi.

Avons-nous tous saisi cela ? Nous réjouissons-nous d’être dans une justice entièrement divine dans son origine ? Comprenons-nous que toutes les choses de la chair dans lesquelles nous pourrions nous glorifier sont autant de pertes, et que tout notre gain est en Christ ?

Ce sont des questions importantes, auxquelles chacun de nous doit répondre.

Quatre désirs de Paul (3:7-11)

Nous pouvons entrer beaucoup plus en profondeur dans le caractère d’un homme si nous connaissons ses véritables désirs et aspirations. Notre passage nous fait justement pénétrer le caractère de l’apôtre Paul. Ses désirs semblent se ranger sous trois chefs qu’on trouve tous dans la longue phrase allant de la fin du verset 7 à la fin du verset 11.

En premier lieu, il désirait gagner Christ. En deuxième, il désirait être trouvé en Christ, dans une justice entièrement divine. Troisièmement, il désirait connaître Christ et, découlant de cela, connaître une identification avec Christ, dans Sa résurrection, dans Ses souffrances et dans Sa mort. Nous réalisons tout de suite que cette troisième aspiration va très loin. Nous pouvons avoir vraiment Christ pour notre gain et notre justice, et être cependant très pauvres et superficiels dans notre connaissance de Christ. « Pour Le connaître, LUI » semble avoir été le désir suprême de Paul.

Paul ne Le connaissait-il pourtant pas ? Certainement, il Le connaissait, et en effet tout croyant Le connaît aussi. Mais Paul Le connaissait en fait dans une mesure bien plus grande que la plupart des croyants. Cependant, il y a un tel infini en Christ, de telles profondeurs à connaître, que nous voyons ici l’apôtre brûlant d’en connaître toujours plus. N’avons-nous pas au moins un peu de l’esprit de l’apôtre ? Soupirons-nous de mieux connaître notre Sauveur, non pas simplement de connaître quelque chose à Son sujet, mais de Le connaître Lui-même dans l’intimité de Son amour ?

Notre connaissance de Christ se fait par le Saint Esprit, et d’abord par les Écritures. Si nous avions été sur terre aux jours de Sa chair, nous L’aurions connu pour peu de temps « selon la chair ». Mais même ainsi, nous aurions dû dire : « toutefois maintenant nous ne Le connaissons plus ainsi » (2 Cor. 5:16). Quand Ses disciples ont passé ces courtes années en Sa compagnie, ils ont fait une expérience des plus merveilleuses, mais ils n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit, et ne pouvaient donc alors n’en comprendre que très peu. Ce n’est qu’après avoir perdu Sa présence parmi eux, et gagné celle du Saint Esprit, qu’ils connurent vraiment le sens de tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Tout ce que nous connaissons de Christ objectivement nous est présenté dans les Écritures, mais le Saint Esprit qui demeure en nous, nous le fait vivre dans nos cœurs subjectivement.

Ch. 3:10

Si la connaissance du vrai Christ vivant, présenté ainsi objectivement, pénètre nos cœurs subjectivement par le Saint Esprit, cela conduit à une troisième chose : Le connaître, Lui, par expérience et dans la pratique. C’est ce à quoi Paul fait allusion à la fin du verset 10. L’ordre des mots est significatif. L’ordre historique, dans le cas de notre Seigneur, était : les souffrances, la mort et la résurrection. Ici, la résurrection vient en premier. Ni Paul ni aucun d’entre nous ne peut envisager les souffrances et la mort sans avoir été fortifié par la connaissance de la puissance de Sa résurrection. Sa résurrection est le modèle et la garantie de la nôtre. En effet notre résurrection dépend entièrement de la Sienne.

Tandis que l’apôtre comprenait dans son esprit la puissance de la résurrection de Christ, il regardait « la communion de Ses souffrances » comme quelque chose de réellement désirable. Il désirait même être « rendu conforme à Sa mort » ! Jusqu’à ce que le Seigneur vienne, nous ne pouvons connaître la puissance de Sa résurrection que d’une manière intérieure et spirituelle, mais la communion de Ses souffrances et la conformité à Sa mort sont de nature très pratique. Paul voulait goûter les souffrances pour la cause de Christ et selon le modèle de Christ — des souffrances du même ordre que celles endurées par Christ Lui-même de la main des hommes. Il voulait même mourir en témoin de la vérité, voyant que Christ était mort de cette manière. C’était là tout ce qu’il désirait effectivement.

Prenons chacun un moment de tranquillité pour nous interroger dans nos cœurs. Désirons-nous ces choses ? Nous craignons que poser la question ne soit déjà y répondre. Il se peut que quelques-uns d’entre nous disent : « Je crois que, par la grâce de Dieu, je pourrais faire face à ces choses si j’étais appelé à le faire. Mais les désirer ? Eh bien, non ». Le fait que Paul les désirait est un témoignage éloquent du degré tout à fait exceptionnel auquel Christ avait personnellement captivé son cœur, et auquel la puissance de Sa résurrection l’avait rempli d’un saint enthousiasme. Il était semblable à un athlète bien entraîné courant une course d’obstacles et plein d’un grand enthousiasme pour atteindre le but. Les versets précédents nous ont dit comment il avait rejeté de soi-disant avantages comme autant d’obstacles à sa course. Ces derniers versets nous disent qu’aucun obstacle ne le retiendrait, qu’il parcourrait son chemin à travers les fils de fer barbelés des souffrances, et qu’il plongerait dans le courant de la mort si c’était la manière d’atteindre le but.

Ch. 3:11

Or c’est justement la force du verset 11 : « Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ». Il y arriverait de toute manière, peu importe par quels obstacles, même par les souffrances et le martyre. Il ne s’agit pas ici simplement de la résurrection, mais de la résurrection d’entre les morts, c’est-à-dire la première résurrection, dont Christ est les prémices. C’est dans l’attente de cette résurrection que nous avons à connaître la puissance de Sa résurrection d’entre les morts, et ainsi marcher ici-bas comme ceux qui sont ressuscités avec Christ.

Chapitre 3 versets 12 à 21

Ch. 3:12-14

Les versets 12 à 14 nous montrent que l’apôtre avait présent à l’esprit la pensée d’une course quand il écrivait ces mots. Il ne voulait pas qu’on pense qu’il avait déjà reçu le prix, ou qu’il était arrivé à la perfection. Il était plutôt en train d’encore chercher à l’atteindre. Le Christ s’était saisi de lui, mais lui n’avait pas encore saisi le prix. Il cherchait encore ardemment à le saisir, tendant avec effort comme un athlète avide du « prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus ».

Le mot traduit par « céleste » signifie « en haut ». Le même mot est utilisé en Colossiens 3:1 où il nous est commandé de « chercher les choses qui sont en haut ». Le prix de l’appel vers les choses d’en haut est sûrement cette pleine et parfaite connaissance de Christ Lui-même, qui sera possible pour nous quand, à Sa venue, nos corps seront changés en la conformité de Son corps de gloire.

Paul avait soif de Le connaître plus profondément, comme nous l’avons vu, alors qu’il courait encore la course dont le prix final était une pleine connaissance de Christ. Son désir était si intense qu’il faisait de lui l’homme d’une seule chose. Il était marqué par l’intensité et la concentration sur son but, ne souffrant pas que quoi que ce soit l’en détourne. Cela explique bien sûr en bonne partie l’étonnante puissance et fécondité de sa vie et de son ministère. La faiblesse et la stérilité qui marquent si souvent notre vie et notre ministère sont à attribuer très largement à des caractères exactement opposés : le manque de résolution et de concentration. Le temps et l’énergie sont dissipés en mille et une choses sans grande valeur ou importance, au lieu que nous ne soyons dirigés que par une seule chose. N’en est-il pas ainsi ? Alors recherchons la miséricorde de la part du Seigneur pour que, dans une mesure croissante, nous puissions dire : « Je fais Une chose ».

Ch. 3:15-16

C’est là la substance du verset 15. Paul se réjouissait de savoir qu’on pouvait parler d’autres frères que lui comme étant parfaits, ou adultes en Christ : Ils auraient le même sentiment que lui à ce sujet. D’autres n’avaient guère fait les mêmes progrès spirituels, et pouvait donc voir les choses quelque peu différemment. Ceux-ci sont exhortés à marcher dans le même chemin dans les choses auxquelles ils étaient parvenus, avec l’assurance que Dieu les conduirait jusqu’à ce qu’ils voient les choses juste comme elles avaient été révélées à l’apôtre.

Nous devons prendre très à cœur ces deux versets, car ils illustrent la manière dont les croyants plus spirituels et plus avancés doivent se conduire avec ceux qui sont moins avancés. Notre tendance naturelle est de regarder de haut ceux qui sont moins avancés que nous, de les mépriser ou même de les attaquer pour leur manque de conformité à ce qui nous semble juste. Cette tendance est surtout prononcée quand l’avance, dont nous nous glorifions, est plutôt une question d’intelligence que de vraie spiritualité.

Ch. 3:17-19

Ch. 3:17

Les versets 15 et 16 révèlent alors l’esprit de vrai pasteur chez Paul, et au verset 17 nous trouvons qu’il peut donner en exemple sa propre vie et son propre caractère. On se souvient des paroles d’un poète décrivant le pasteur comme celui qui « attire vers des mondes plus brillants, et qui ouvre la voie ». Aux versets 15 et 16, Paul attire ses frères plus faibles vers des mondes plus brillants. Au verset 17 nous le voyons les guider sur le chemin. L’exemple est majeur, comme nous le savons. Paul pouvait dire aux Philippiens comme il le fit aux Éphésiens à la fin de son ministère, qu’il avait prêché [ou (en anglais) : « montré »] et enseigné (Actes 20:20). Il y avait chez lui la pratique autant que la doctrine.

Pour cette raison il pouvait demander à ‘ses’ convertis d’être ses « imitateurs ». Il devait être un exemple, c’est-à-dire un type ou un modèle pour eux.

Ch. 3:18a

C’était d’autant plus nécessaire, même dans ces temps du commencement, que beaucoup marchaient d’une manière qui reniait ce qui est propre au christianisme, tout en prétendant bien sûr faire encore partie de la sphère de la profession chrétienne. Ceux qui sont placés ici devant nous ne sont pas des croyants immatures comme au verset 15, ni des croyants animés d’un esprit tout à fait pervers comme au verset 15 du chapitre 1, mais des adversaires dont la fin est la destruction. Ils sont démasqués en termes très énergiques.

Ne manquons pas de remarquer l’esprit qui caractérisait l’apôtre en les dénonçant. Il n’y avait rien de mesquin ni de vindicatif chez lui, mais plutôt un esprit de douleur compatissante. Il pleurait même en écrivant cette dénonciation. Du reste, il était si zélé dans son souci pour les Philippiens qu’il les avait souvent avertis auparavant au sujet de ces gens.

Ch. 3:18b-19

Son exposé s’articule en cinq points :

1. Ils sont ennemis de la croix de Christ. Peut-être pas de Sa mort, mais de Sa croix — de cette croix qui, devant Dieu, a mis la sentence de mort sur l’homme, sur sa sagesse et sur sa gloire.

2. Leur fin est la destruction. Cela suffisait à faire pleurer Paul en pensant à eux.

3. Leur Dieu est leur ventre ; c’est-à-dire qu’ils étaient gouvernés par leurs convoitises et leurs désirs, — désirs de nature souvent grossière, pensons-nous, mais pas toujours. Cependant, quelle qu’en soit la forme, le moi était toujours leur dieu.

4. Ils se glorifiaient dans ce qui était leur honte. Ils n’avaient aucune sensibilité spirituelle. Tout dans leur esprit était à l’envers. Pour eux la lumière était ténèbres, et les ténèbres, lumière : leur gloire était une honte, et la honte était une gloire.

5. Leurs esprits étaient fixés sur les choses terrestres. La terre était la sphère de leurs pensées, et leur religion. Ils maintenaient la tradition de ceux dont le psalmiste parlait, disant : « Ils fixent leurs yeux, se baissant jusqu’à terre » (Ps. 17:11).

Cette tradition se poursuit encore avec énergie. La génération de ceux qui ont leurs pensées aux choses terrestres est encore florissante. Elle s’est même multipliée de manière étonnante dans la chrétienté. Les incrédules qui occupent tellement de chaires censées être chrétiennes, et qui contrôlent l’avenir de tellement de dénominations — ce sont eux qui peuvent incontestablement se réclamer de cette succession non-apostolique. Ils ne veulent pas de la croix de Christ qui verse le mépris sur l’orgueil et les capacités de l’homme. L’homme, c’est-à-dire le moi, voilà leur dieu. Ils se glorifient par exemple dans le fait de descendre de créatures bestiales, ce qui serait à leur honte si c’était vrai. La terre est tout leur horizon. Ils ridiculisent comme étant des extra-terrestres les croyants à la vieille mode, selon le type du Nouveau Testament. Eux-mêmes sont entièrement pour ce monde.

Ch. 3:20-21

Or « notre bourgeoisie est dans les cieux ». Voilà vraiment notre domaine de vie, notre citoyenneté. Nos associations vitales sont là, non pas ici-bas comme les ennemis de la croix voudraient l’enseigner. Le ciel est notre patrie, et c’est bien vers les cieux que nous allons. Mais avant d’y arriver, nos corps ont besoin d’un grand changement, qui aura lieu à la venue du Seigneur. Nos corps d’humiliation vont être transformés en la ressemblance du corps de Sa gloire, et l’opération de Son pouvoir puissant est nécessaire pour accomplir cette transformation.

Notre attitude est donc une attitude d’attente du Sauveur, qui va venir des cieux, auxquels nous appartenons. Il vient comme Celui qui exerce un pouvoir Lui permettant finalement de s’assujettir toutes choses. N’est-ce pas une pensée touchante que le tout premier exercice de ce pouvoir sera de s’assujettir les pauvres corps de Ses saints, vivants ou morts, en les rendant conformes à Lui-même ? Puis, étant faits à Sa ressemblance, nous entrerons dans tout ce qu’implique notre citoyenneté céleste.

Ainsi, nous attendons le Sauveur. Gardons les yeux de notre cœur dirigés vers les cieux, car le prochain mouvement d’importance décisive viendra des cieux.

Chapitre 4 versets 1 à 23

Ch. 4:1

Deux expressions, au premier verset, dirigent nos pensées vers ce que nous venons de voir : « Ainsi donc » (4:1a) et « ainsi » (4:1b). « Ainsi donc » (4:1a) nous devons demeurer fermes dans le Seigneur, c’est-à-dire ‘à cause de’ ou ‘en vue de’ ce qui vient d’être exposé. Qu’est-ce donc qui a été exposé ? Notre appel céleste, notre citoyenneté céleste, notre attente de ce corps de gloire, transformé à la ressemblance de celui de Christ, et dans lequel nous entrerons dans notre héritage céleste. Aucune incertitude ici ! Et pas de déception quand le moment de la réalisation viendra ! Il vaut la peine de demeurer fermes dans le Seigneur !

Mais (4:1b) nous devons demeurer ainsi fermes, c’est-à-dire de la même manière que Paul et selon ce qu’en dit le chapitre 3. Nous devons être ensemble les imitateurs de Paul, et le prendre pour modèle, comme il le dit. Si nous aussi nous trouvons dans la connaissance de Christ une excellence qui surpasse de loin tout autre chose, nous demeurerons certainement « fermes dans le Seigneur ». Nos affections, tout notre être, seront tellement enracinés en Lui que rien d’autre ne pourra nous animer.

Ch. 4:2

Comme nous l’avons déjà remarqué, l’adversaire essayait de gâcher le témoignage des Philippiens par des dissensions. Au verset 2 nous découvrons que le trouble était largement centré sur deux excellentes femmes qui étaient au milieu d’eux. L’apôtre se tourne alors vers elles, en les nommant et les suppliant d’être d’une même pensée dans le Seigneur. Ces trois mots sont de toute importance. Si ces deux femmes se soumettaient entièrement au Seigneur, ayant leurs cœurs engagés pour Lui comme l’était celui de Paul, leurs différences de pensées du moment disparaîtraient. La pensée d’Évodie sur tel sujet, et celle de Syntyche disparaîtraient, et la pensée du Seigneur demeurerait. Ainsi elles auraient une même pensée en ayant celle du Seigneur.

Ch. 4:3

Épaphrodite repartait à Philippes, porteur de cette épître. Le verset 3 semble être une requête adressée à lui pour aider ces deux femmes au sujet de cette dissension, car dans le passé elles avaient combattu fidèlement pour l’évangile avec l’apôtre lui-même, et avec Clément et d’autres. Si elles pouvaient être aidées, la principale cause de dissension serait ôtée.

Ch. 4:4-5

Avec le verset 4, nous revenons à l’exhortation du premier verset du chapitre 3. Il nous était dit, là, de nous réjouir dans le Seigneur. Ici, nous devons nous réjouir toujours dans le Seigneur, car rien n’est autorisé à nous en détourner. En outre, il insiste en répétant l’exhortation à nous réjouir. Nous ne devons pas simplement croire et faire confiance, nous devons aussi nous réjouir.

Ceci nous amène à considérer ce qui serait susceptible de nous empêcher de nous réjouir dans le Seigneur. L’une de ces choses, c’est l’esprit dur et inflexible qui insiste toujours sur ses droits ; c’est une source génératrice de mécontentement et d’égocentrisme. À l’inverse, nous devons être caractérisés par la modération et la douceur, car le Seigneur est proche et Il se chargera de notre cause.

Ch. 4:7

Puis à nouveau, il y a les divers soucis et épreuves de la vie, tout ce qui a tendance à remplir nos cœurs d’anxiété. En face de cela, notre ressource est la prière. Nous devons mêler les actions de grâce à nos prières, car nous devons toujours nous souvenir des abondantes miséricordes du passé. Ce sur quoi nos prières portent est seulement limité par l’expression « en toutes choses ».

Ce passage nous invite à faire de tout un sujet de prière, et à adresser librement nos requêtes à Dieu. Vous remarquerez qu’il n’y a aucune garantie de leur exaucement. Cela ne conviendrait pas, car notre compréhension est très limitée, et il nous arrive souvent de demander ce qui, si c’était accordé, ne serait ni à la gloire du Seigneur ni pour notre bénédiction. Ce qui est garanti, c’est que nos cœurs et nos esprits seront gardés par la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence. Maintes et maintes fois, on a vu des chrétiens passer par des épreuves dont ils avaient demandé en vain d’être exemptés, puis ensuite, regarder en arrière et dire : « Je m’étonne moi-même. Je ne comprends pas comment j’ai pu traverser une épreuve si lourde, et la surmonter malgré tout avec une telle sérénité ».

Il faut distinguer « la paix de Dieu » et « la paix avec Dieu » dont parle Romains 5:1. Cette dernière est la paix en relation avec Dieu, qui vient de la connaissance d’avoir été justifié devant Lui. C’est une paix qui dans son caractère ressemble à la paix même de Dieu ; elle remplit nos cœurs quand, Lui ayant tout remis par la prière, nous nous confions dans Son amour et Sa sagesse à notre égard, et que, par conséquent, nous ne nous inquiétons de rien.

Il peut être aussi utile de distinguer la prière présentée dans ce passage d’avec celle présentée en Jean 14:13-14. Là le Seigneur parlait plus particulièrement au groupe des apôtres, vus comme Ses représentants qu’Il laissait derrière Lui dans le monde, et Il leur donnait les pleins pouvoirs en ce qui concerne la prière en Son nom. La force de l’expression « en Mon nom », c’est « comme Mes représentants ». Cette prière en Son nom est lourde de responsabilité et très solennelle. Tout chèque tiré réellement en Son nom sur la banque des cieux sera honoré. Mais nous devons faire très attention à ne pas tirer des chèques pour des motifs purement personnels, sous couvert de les tirer en Son nom. Ce serait une sorte de détournement de fonds ! Et rappelons-nous qu’à la banque des cieux, il y a un œil pénétrant qui est infailliblement capable de distinguer entre les chèques authentiquement en Son nom, et ceux qui ne le sont pas.

En outre, mille et une choses dans nos vies ne peuvent guère être présentées à Dieu comme en directement rapport avec le Nom et les intérêts de Christ, et pourtant nous avons une pleine liberté de les présenter à Dieu, et il nous est même commandé de le faire. En le faisant, nous pouvons jouir de la paix de Dieu. Nous pouvons ne nous inquiéter de rien, parce que nous prions sur tous les sujets, et nous sommes reconnaissants à l’égard de tout.

Ch. 4:8-9

L’inquiétude étant ôtée de nos cœurs, il y a de la place pour qu’entre tout ce qui est bon ; c’est ce dont parle le verset 8. On ne peut guère exagérer l’importance d’avoir l’esprit occupé de tout ce qui est vrai, pur et aimable, la plus haute expression de ce qui se trouve en Christ. Nos vies sont si largement contrôlées par nos pensées ! et c’est pour cela qu’il est dit : « Car comme il a pensé dans son âme, tel il est » (Prov. 23:7). Donc, avoir nos esprits remplis de ce qui est vrai, juste et pur, c’est comme une grande route menant à une vie marquée par la vérité, la justice et la pureté. Nous ne pouvons éviter le contact avec beaucoup de mal, mais nous en occuper inutilement est désastreux et est une source de faiblesse spirituelle.

Si l’expression suprême et parfaite de toutes ces choses bonnes se trouvait en Christ, elles se manifestaient aussi très réellement dans la vie de l’apôtre. Les Philippiens les avaient non seulement apprises, reçues et entendues, mais ils les avaient aussi vues en Paul, et ce qu’ils avaient vu, ils devaient eux-mêmes le faire. Remarquez, il est dit « Faites ces choses », car les choses excellentes qui remplissent nos pensées doivent être manifestées pratiquement dans nos vies. Alors le Dieu de paix sera effectivement avec nous, ce qui va au-delà de la paix de Dieu remplissant nos cœurs.

Ch. 4:10-23

Ch. 4:10-11a

Avec le verset 10 commencent les messages qui terminent l’épître, et Paul rappelle à nouveau le don que les Philippiens lui avaient envoyé. Ce don l’avait grandement réjoui dans son emprisonnement. Il savait qu’ils avaient toujours pensé à lui, mais que, jusqu’au voyage d’Épaphrodite, l’occasion leur avait manqué de lui envoyer de l’aide. Cette aide était arrivée maintenant très opportunément ; cependant sa joie ne provenait pas principalement du soulagement de ses privations, comme le montre le début du verset 11, mais de ce qu’il savait que cela signifiait plus de fruit pour Dieu, et que cela leur serait imputé comme crédit dans le jour à venir, comme le montre le verset 17.

Ch. 4:11b-12

Parler de manque et de privation conduit l’apôtre à nous donner un merveilleux aperçu de la manière dont il affrontait ses souffrances et son emprisonnement. Ces circonstances tragiques étaient devenues pour lui une source d’instructions pratiques, car il avait appris à être content. Être content dans les circonstances présentes, quelles qu’elles soient, n’était pas plus naturel à Paul qu’à nous. Mais il l’avait appris, et appris non pas en théorie, mais par l’expérience en passant par les circonstances les plus défavorables, son cœur étant plein de Christ comme nous le voyons au chapitre 3. Il était donc capable d’affronter les changements les plus violents. L’abaissement ou l’abondance, la pleine suffisance ou la faim, l’abondance ou les pires privations, tout était pareil pour Paul car Christ est le même, et toutes les ressources et les joies de Paul étaient en Lui.

Ch. 4:13

En Christ, Paul avait la force de tout affronter, et la même force est disponible de la même manière pour chacun de nous. Si seulement nous exploitions tout ce qui est en Christ pour nous, nous pourrions tout faire. Or Paul ne dit pas simplement « je pourrais », mais « je peux ». Il est facile d’admirer le courage merveilleux et la supériorité sereine vis-à-vis des circonstances, qui marquaient l’apôtre, et il n’est pas difficile de discerner la source de sa puissance, mais c’est autre chose de marcher sur sa trace. Ce n’est même guère possible, à moins de traverser ses circonstances ou des circonstances semblables. De là vient notre faiblesse si manifeste. Nous nous conformons au monde, nous manquons de vigueur et d’agressivité spirituelles, nous évitons les souffrances, et nous manquons l’éducation spirituelle. Nous ne pouvons pas dire « j’ai appris … je sais … je suis enseigné … je peux », comme Paul pouvait le dire. Il serait bon pour nous de voir en face en toute simplicité ces défauts qui nous caractérisent, de peur que nous ne pensions que nous sommes « riches et rassasiés de biens », que nous sommes sélectionnés comme chrétiens du vingtième siècle, et que par conséquent, quant à l’intelligence spirituelle, nous sommes presque la dernière expression de ce que devraient être les chrétiens.

Ch. 4:14

L’apôtre ne dépendait nullement des dons des saints de Philippes ou d’ailleurs, et il voulait qu’ils le sachent ; mais, bien qu’il en fût ainsi, il les assure, d’une manière très délicate et très belle, qu’il était pleinement conscient de l’amour et du dévouement envers le Seigneur et envers lui-même qui les avaient incités à faire ce don. Il reconnaissait que les Philippiens brillaient particulièrement dans cette grâce, et cela depuis le premier moment où ils avaient été touchés par l’évangile. Ils avaient pensé à lui dans le passé, quand aucune autre assemblée ne l’avait fait, tant en Macédoine et à Thessalonique, que maintenant à Rome.

Le dévouement des Philippiens à cet égard était rehaussé par le fait qu’ils étaient très pauvres. C’est ce que 2 Corinthiens 8:2 nous révèle. Ils avaient eux-mêmes traversé une grande affliction, et ils avaient fait l’expérience d’une grande joie dans le Seigneur. Tout ceci est très instructif pour nous. Très souvent, nous sommes indifférents et mesquins parce que nos propres expériences de souffrance et de rafraîchissement spirituel sont très superficielles.

Ch. 4:15-20

Ayant reçu leur libéralité par Épaphrodite, Paul voulait qu’ils sachent qu’il était maintenant bien approvisionné et dans l’abondance. Mais leur don n’avait pas seulement répondu à ses besoins ; il était dans sa nature un sacrifice agréable à Dieu, comme ces sacrifices de bonne odeur dont parle l’Ancien Testament. C’était quelque chose d’encore plus grand.

Mais qu’en était-il des Philippiens eux-mêmes ? Ils s’étaient encore appauvris, ils avaient encore réduit leurs ressources déjà maigres par leur don en faveur d’un prisonnier âgé qui ne pouvait nullement leur rendre la pareille ni les aider. Paul le ressentait, et au verset 19 il exprime sa confiance à leur égard. Dieu suppléerait à tous leurs besoins. Remarquez comment il parle de Lui comme « Mon Dieu » — le Dieu que Paul connaissait et dont il avait fait lui-même l’expérience pratique. Ce Dieu serait leur Fournisseur de ressources, non selon leurs besoins, ni même selon le désir ardent de Paul à leur égard, mais selon Ses richesses en gloire dans [ou : par] le Christ Jésus. Il aurait été déjà merveilleux que Dieu s’engage à suppléer à leurs besoins selon Ses richesses sur la terre dans le Christ Jésus ; mais Ses richesses en gloire sont encore plus merveilleuses. Les Philippiens, ou nous-mêmes, pourront ne jamais être riches dans les choses de la terre, et pourtant être enrichis en richesses de gloire. S’il en est ainsi, nous répondrons effectivement en attribuant la gloire à Dieu notre Père aux siècles des siècles.

Ch. 4:21-23

Il est intéressant de noter dans les salutations finales, qu’il y avait des saints même dans la maison de César. Le premier chapitre nous avait dit que ses liens avaient été manifestés comme étant en Christ dans tout le prétoire, ou selon la version anglaise dans tout le palais, et s’ils avaient été manifestés dans tout le palais, on suppose qu’ils l’avaient été à César lui-même. Mais avec quelques-uns de ses employés et de ses serviteurs, les choses étaient allées plus loin, et certains avaient été convertis. Dans une des grandes forteresses de la puissance de l’ennemi, des âmes avaient été transportées du royaume des ténèbres au royaume du Fils de l’amour du Père.

De tels triomphes sont bien les effets de la grâce. Comme le souhait final vient à propos ! « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen ».

Fin