Lectures hebdomadaires
Commentaire sur le livre de la Genèse
Chapitre 1:1-19
Introduction
Genèse signifie origine, commencement. Ce livre nous donne non seulement le commencement des choses créées, mais on y trouve, en principes, types, figures, tout le contenu de la révélation divine. Quelqu’un a dit: La Genèse présente tous les grands principes élémentaires qui se trouvent développés dans l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, dont les livres suivants donnent le récit.
Le premier verset nous apprend qu’au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Le premier verset de l’évangile de Jean nous parle du même commencement, mais pour dire que Celui qui est le sujet de cet évangile, le Fils de Dieu, la Parole, était, lorsque tout ce qui existe a commencé, puisque c’est Lui qui a tout créé (v. 3; Héb. 1:2). Dans la première épître de Jean, 1:1, il est aussi question d’un commencement: celui de la manifestation de la vie éternelle dans le Fils de Dieu, sur la terre. Il fallait ramener la foi des saints à ce commencement, parce qu’ils étaient exposés à un enseignement qui prétendait donner, sur le Seigneur Jésus, des lumières plus grandes que l’enseignement des apôtres. Ils niaient aussi Sa venue en chair. Alors, comme aujourd’hui, si l’on veut avoir la vérité, il faut retourner au commencement.
Chapitre 1:1-19
«Au commencement Dieu créa les cieux et la terre». Nul ne peut savoir quelle est la date de ce commencement. Par la déclaration divine, nous apprenons que l’univers n’a pas toujours existé. Dieu l’a créé au moment qui Lui convenait. Cette création peut remonter à des millions d’années. Les découvertes géologiques constatent qu’il y a eu de grands bouleversements à des époques diverses, qui produisirent des transformations dans le globe terrestre, ce qui est vrai. Mais on ne peut en conclure, comme quelques-uns le font, que le récit biblique de la création n’est pas vrai parce que l’origine de la terre doit remonter à des temps bien plus considérables que quatre mille ans A. C. La Parole est exacte; elle déclare qu’au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Elle passe sous silence ce qui eut lieu entre ce moment et le récit qui commence au verset 2. Cela ne fait pas partie de la révélation que Dieu voulait nous donner de Lui-même. La Parole de Dieu ne nous dit pas tout ce que nous aimerions savoir, mais elle dit ce que Dieu désire que nous apprenions de Lui-même, pour notre bonheur présent et éternel. C’est ce que nous devons y chercher.
De toute éternité, Dieu avait établi des conseils qui avaient pour objet Son Fils, le Fils de l’homme, expression des bénédictions éternelles que Dieu destinait aux hommes. Il est dit que «Sa propre grâce nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles» (2 Tim. 1:9); il nous a «élus en Christ avant la fondation du monde» (Éph. 1:4), et beaucoup d’autres passages des Écritures. Dieu n’a pas trouvé bon de manifester Ses conseils et de les accomplir, dans les temps qui ont précédé le verset 2 de notre chapitre. Il a attendu le moment qu’Il trouvait convenable. Mais Il avait besoin d’un terrain pour exécuter les plans qu’Il avait conçus de toute éternité, où toutes Ses voies envers l’homme pouvaient se dérouler, et sur lequel devait se dresser la croix du calvaire, fondement de tout ce qu’Il avait décidé, pour la gloire de Son Fils et le bonheur de l’homme, sur une terre nouvelle et sous des cieux nouveaux. Il voulut cette terre, une des plus petites planètes qu’Il avait créées dans cet univers infini, selon ce principe que Dieu, parce qu’Il est Tout-puissant, se plaît à accomplir de grandes choses par des moyens peu apparents. Mais dans quel état trouva-t-Il cette terre? Elle était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la surface de l’abîme. Évidemment, Dieu ne l’avait pas créée ainsi; tout ce qu’Il fait est parfait. Nous ignorons quel était son état primitif. Dieu n’a pas trouvé bon de nous le dire; occupons-nous de ce qu’Il nous dit. Si tout était désolation, vide et ténèbres, l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux. L’Esprit, par lequel Dieu opère tout ce qu’Il lui plaît, était là, attendant d’être actif, pour la préparer comme Dieu la voulait, pour y recevoir l’homme, Adam, figure de Celui qui devait venir plus tard. Dieu est la source de tout; le Fils, la Parole; et l’Esprit, l’agent, dans tout ce que Dieu accomplit.
La première chose à faire, dans un état ténébreux, est d’y introduire la lumière. C’est ce que Dieu fit au verset 3: «Que la lumière soit. Et la lumière fut». Il en va de même pour la conversion d’un pécheur. Par le péché, il est dans les ténèbres morales, ténèbre lui-même; mais l’Esprit de Dieu, qui est aussi présent au milieu de l’état actuel de ce monde, peut introduire la lumière dans son cœur. L’homme, qui prétend n’avoir fait tort à personne, n’avoir rien à se reprocher, est dans les ténèbres. Mais Dieu veut opérer en lui; Son Esprit agit par des circonstances diverses qui le rendent attentif à la Parole, qui introduit la lumière dans son cœur, en lui dévoilant son état de péché et de perdition, et lui présente la grâce. Il l’accepte; il est sauvé; il devient lumière dans le Seigneur.
«Dieu vit la lumière, qu’elle était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres» (v. 4). Il n’y a pas de mélange possible entre la lumière et les ténèbres. Le Seigneur est venu, la lumière du monde; mais les ténèbres ne l’ont pas comprise. Elles sont restées ce qu’elles sont; et les hommes, qui préfèrent les ténèbres à la lumière, y demeureront éternellement.
Ce que Dieu fit, dans ce verset 4, établit un principe que nous voyons en activité tout le long de la Parole: la séparation de la lumière et des ténèbres, du bien et du mal. Dès que Dieu a opéré dans une âme, elle est en communion avec Lui, qui est lumière. Dès lors, sa vie doit s’écouler dans la séparation de ce qui n’est pas selon Dieu. Lorsque Dieu se forma un peuple terrestre, Il le sépara des autres nations. Lorsqu’Il appela l’Église, elle sortit, moralement et pratiquement, du monde, et aurait dû en demeurer séparée, comme tout croyant doit l’être. Cette séparation sera pleinement accomplie et définitive dans l’état éternel, où les justes seront dans la glorieuse lumière de la présence de Dieu, et les méchants dans les ténèbres de dehors.
«Et Dieu appela la lumière Jour; et les ténèbres, il les appela Nuit». Le jour et la nuit sont des expressions employées au propre et au figuré, tout le long de la Parole, pour indiquer ce qui vient de la nature de Dieu, qui est lumière, et ce qui n’en est pas. Quelle grâce merveilleuse qu’il puisse être dit des croyants: «Vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres» (1 Thes. 5:5). C’est le résultat de l’œuvre de Dieu, opérant une nouvelle création qui existe au milieu de la première, qui est dans les ténèbres à la suite du péché.
«Il y eut soir, et il y eut matin: — premier jour». Ordinairement, nous commençons la journée par le matin, et elle se termine par le soir. Cette manière de compter — qui n’était pas celle des Juifs, puisque leur journée commençait à six heures du soir — est bien en rapport avec l’activité de l’homme, qui ne peut produire, moralement, que ce qui est ténébreux. Alors Dieu intervient, y introduit le jour après la nuit. Dieu agit de même avec cette création, quelqu’ait pu être la cause des ténèbres. Bientôt, après la longue nuit morale, fruit du péché de l’homme, se lèvera le «matin sans nuages» du jour éternel, «jour de Dieu», qui demeurera à jamais dans sa fraîcheur première. Il en est de même avec la vie et la mort. À cause du péché, la mort vient en premier: «Dieu fait mourir, et il fait vivre» (1 Sam. 2:6). La vie vient en dernier lieu. Le dernier mot appartient toujours à Dieu.
Après la lumière, l’ordre est introduit. Au second jour, Dieu dit: «Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux». Il est probable que sur la surface des eaux s’étendaient des brouillards épais, ou nuages, que Dieu fit élever en les séparant par l’étendue, ce qui forma la couche atmosphérique qui entoure la terre, où se trouve l’air nécessaire à la vie humaine. Dieu appela l’étendue Cieux. Il est question de trois cieux dans la Parole. Le premier se trouve au verset 1, l’univers; le second au verset 8, l’atmosphère qui entoure la terre; le troisième, où Paul a été transporté, la demeure de Dieu.
Le troisième jour, Dieu continue l’arrangement de la terre, en vue d’y placer l’homme. Il ne le voulait pas dans les eaux, ni dans les airs. Il commanda au sec de paraître, qui se souleva du milieu des eaux dans des proportions voulues, pour que l’homme y habitât. Dieu appela le sec: Terre, et le rassemblement des eaux: Mer. Au Ps. 104, nous lisons: «Tu l’avais couverte de l’abîme comme d’un vêtement, les eaux se tenaient au-dessus des montagnes: À ta menace, elles s’enfuirent; à la voix de ton tonnerre, elles se hâtèrent de fuir: — Les montagnes s’élevèrent, les vallées s’abaissèrent, au lieu même que tu leur avais établi; — Tu leur as mis une limite qu’elles ne dépasseront point; elles ne reviendront pas couvrir la terre» (v. 6-9). C’est-à-dire que tout a été mesuré exactement par la sagesse de Dieu, dans des proportions qui rendaient la terre habitable. Dieu dit: «Tu viendras jusqu’ici et tu n’iras pas plus loin, et ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots» (Job 38:11). Puis, à la parole de Dieu, la terre produisit l’herbe, la plante portant de la semence, selon son espèce, et l’arbre produisant du fruit, ayant sa semence en soi, selon son espèce (v. 11, 12). Dieu eut soin que les espèces se conservassent et se reproduisissent d’elles-mêmes. C’est ce qui eut lieu jusqu’à maintenant. Quand les hommes ont voulu croiser les espèces, cela donna des résultats stériles.
Comme il devait y avoir nuit et jour, Dieu voulut qu’ils fussent séparés; Il fit le grand luminaire, pour dominer le jour, le Soleil, et le petit luminaire, pour dominer la nuit, la Lune, le quatrième jour. En même temps, le mouvement de ces astres devait servir pour signes et pour saisons déterminées, et pour marquer les jours et les années. Dieu voulut que l’homme puisse compter le temps qui s’écoule, surtout pour que l’on puisse compter le temps où devait venir l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, la semence de la femme promise au chapitre 3. Dieu fit aussi les étoiles, ces multitudes étincelantes que nous voyons briller dans la nuit. Nous savons qu’il y a des étoiles qui sont des centres de lumière beaucoup plus grands que notre soleil, et des innombrables planètes qui n’ont pas de lumière en elles-mêmes, comme la Terre et la Lune. Mais la Parole de Dieu ne nous occupe pas de cela; elle se sert du langage du plus simple observateur de la nature. En élevant les yeux par une belle nuit, on voit briller les étoiles, sans se préoccuper de leur nature et de leurs dimensions. La Parole de Dieu est écrite pour les simples, les croyants. Elle ne présente pas les faits au point de vue scientifique; mais elle ne les contredit pas. Elle ne s’oppose qu’au raisonnement de l’incrédulité.
La Parole désigne quelquefois le soleil et les étoiles dans un sens symbolique. Dans l’Apocalypse surtout, le soleil est le symbole de l’autorité supérieure, et les étoiles des autorités subalternes. En Apoc. 6, les étoiles qui tombèrent du ciel représentent les rois qui, dans leur état normal, dépendent de Dieu, de qui ils tiennent leur autorité, pour diriger les peuples avec la lumière reçue de Lui. Mais, ayant abandonné Dieu, ayant apostasié, ils ne reçoivent plus cette lumière; ils sont déchus de leur position élevée, et sont vus tombant du ciel.
Chapitre 1:20 à 2:3
La lumière, l’atmosphère, la terre, les mers existaient. La végétation avait surgi du sol. Le soleil répandait lumière et chaleur, et la lune éclairait la nuit, sous un ciel étoilé. Mais, sur cette terre magnifiquement préparée, il n’y avait pas d’êtres vivants. Alors Dieu dit, le cinquième jour: «Que les eaux fourmillent d’une pullulation d’êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre devant l’étendue des cieux». Dieu les créa selon leurs espèces; Il les bénit, disant: «Fructifiez, et multipliez, et remplissez les eaux dans les mers, et que l’oiseau multiplie sur la terre». Au verset 21, Dieu distingue les grands animaux des eaux d’avec la quantité innombrable des petits qui fourmillent dans les mers. Ainsi que les oiseaux, ils sont créés pour se reproduire. Dieu n’en créera pas de nouveaux.
Au sixième jour, Dieu dit: «Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, le bétail, et tout ce qui rampe, et les bêtes de la terre selon leur espèce». Et, comme Il le dit de Son œuvre de chaque jour, «Dieu vit que cela était bon». Toutes Ses œuvres sont parfaites, ce qui exclut toute idée d’évolution ou de perfectionnement par la main de l’homme.
Il fallait sur cette belle création un chef, un dominateur; elle n’avait pas été formée en vue des anges, mais en vue de l’homme, que Dieu créa aussi, le même jour. Pour le créer, Dieu procéda autrement que pour les animaux. Il n’est pas dit: Dieu fit, mais: «Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance». La Trinité prend conseil d’elle-même pour introduire, sur la terre, le chef-d’œuvre de Sa création, fait à l’image de Dieu, pour dominer sur tout ce qu’Il venait de créer: Adam, l’homme provisoire, figure de Celui qui devait venir, le dernier Adam (Rom. 5:14), l’homme qui, un jour, dominera sur toutes les œuvres de Dieu, selon le Psaume 8 cité en Héb. 2:6-8: «Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme que tu le visites?». En contemplant les merveilles de l’univers céleste, comment est-ce que l’homme apparaît, homme déchu, misérable à cause du péché, quoiqu’il ait été créé à l’image de Dieu? À cette question, Dieu répond: «Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains; tu as mis toutes choses sous ses pieds: Les brebis et les bœufs, tous ensemble, et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers» (Ps. 8:5-8). Ce n’est pas en l’homme mortel, dégradé par le péché, que l’on a la pensée de Dieu au sujet de l’homme. Elle est dans le dernier Adam, homme de Ses conseils, glorifié. Mais, pour devenir chef de la création, Il a dû venir dans ce monde et y mourir — être fait «inférieur aux anges, à cause de la passion de la mort» (Héb. 2:9). Mais Dieu L’a ressuscité et glorifié, et c’est là où Dieu montre ce qu’est l’homme selon Ses pensées, auquel les croyants seront un jour rendus semblables. Dans cette position de Fils de l’homme, le Seigneur dominera sur toute la création durant le règne millénaire. C’est en considérant le Seigneur comme Fils de l’homme dans la gloire que l’on comprend que le premier Adam n’était qu’une figure de Celui auquel Dieu pensait de toute éternité.
Pour qu’Adam dominât sur cette création, Dieu le créa à Son image et à Sa ressemblance. L’image est la représentation d’une chose. Une certaine statue représente la justice; mais on peut dire qu’elle lui ressemble. Mais, puisqu’Adam représentait Dieu dans la création, il devait aussi Lui ressembler. Cette ressemblance n’est pas physique, puisque Dieu est esprit; elle devait se manifester dans sa manière d’agir. Dieu a montré Sa bonté envers Ses créatures; Il a placé l’homme sans péché, pour agir comme Lui, qui avait fait toutes choses bien. Hélas, nous ne savons que trop que le péché est entré et a dénaturé l’homme, au point qu’il s’est avili plus que la bête. Mais, s’il a perdu l’image de Dieu et Sa ressemblance, il est toujours responsable d’agir selon la pensée de Dieu. Le chrétien est responsable, vis-à-vis de Dieu son Père, parce qu’il est Son enfant; et l’homme est responsable vis-à-vis de Dieu, son Créateur. L’homme doit toujours être considéré selon la pensée de Dieu lorsqu’Il le créa. Et nous devons agir envers tout homme d’après cette considération, quelque dégradé qu’il puisse se présenter. Dieu maintient cela malgré la chute. Lorsqu’un monde nouveau recommence, après le déluge, la raison que Dieu donne pour défendre que le sang de l’homme soit répandu, c’est qu’il a été fait à l’image de Dieu. En élevant la main contre l’image de quelqu’un, on l’élève contre celui qu’elle représente. Jacques montre aussi la gravité qu’il y a de maudire quelqu’un, parce que l’homme a été fait à la ressemblance de Dieu (3:9). Il est bon de se souvenir que, pour avoir la pensée de Dieu sur une chose et pour agir en conséquence, il faut remonter à son origine; c’est le seul moyen de demeurer dans le vrai, à tous égards, au milieu du désordre que le péché a amené dans ce monde.
Le verset 27 répète: «Et Dieu créa l’homme à son image; il le créa à l’image de Dieu; il les créa mâle et femelle». Il est question, dans ce chapitre, du fait de la création. Nous verrons, au chapitre suivant, comment Dieu opéra pour créer l’homme et la femme. «Et Dieu les bénit; et Dieu leur dit: Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l’assujettissez». Évidemment, le péché et ses conséquences ont bien entravé l’accomplissement de cet ordre de Dieu, qui subsiste toujours. Car la terre est loin d’être remplie, et l’on invoque des raisons toutes opposées à la pensée de Dieu pour ne pas augmenter la population.
Malgré le péché, l’homme exerce toujours la domination sur tout être vivant (voir 9:2-10). Jacques dit: «Toute espèce de bêtes sauvages et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, a été domptée par l’espèce humaine»; hélas, pour dire que la langue est pire que les bêtes sauvages: Elle ne peut se dompter.
La bonté de Dieu, que l’homme doit imiter, se voit dans la manière dont le Créateur a pourvu à la nourriture de tous les êtres vivants qu’Il avait formés (v. 29-30). À l’homme, Il a donné la semence des plantes, les céréales diverses, les fruits des arbres; aux bêtes de la terre, les plantes vertes. Après la chute, l’homme dut manger l’herbe des champs, comme la bête. Après le déluge, la chair fut ajoutée à son alimentation. On voit la miséricordieuse bonté de Dieu, qui tient compte de l’affaiblissement physique que le péché valut à l’homme pour lui donner une nourriture plus substantielle.
«Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon. Et il y eut soir, et il y eut matin: — le sixième jour». Puisque Dieu constate que tout ce qu’Il avait fait était très bon, il est évident que la perfection à tous égards existait alors.
On a beaucoup parlé sur la durée des six jours de la création. La science veut que chaque jour soit une période plus ou moins longue où les choses se modifièrent, pour arriver naturellement au résultat énoncé dans notre chapitre. Nous n’avons pas à nous occuper de cela, mais à accepter ce que Dieu dit: qu’il y eut soir et matin six fois de suite. Que ce soit un jour de vingt-quatre heures ou une période, ce n’est pas à nous de le décider; nous devons accepter ce que Dieu dit et le croire, sans discuter. Il est vrai que l’expression jour désigne souvent des périodes portant divers caractères: le jour de la grâce, le jour du jugement, le jour du Seigneur, etc. Pour cette acception du mot jour, la Parole est claire; nous savons à quoi nous en tenir. Mais ne cherchons pas à savoir ce qu’elle ne dit pas.
Les trois premiers versets du chapitre 2 font partie du sujet du chapitre premier. Dieu, ayant achevé toute Son œuvre, se reposa le septième jour. «Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia; car en ce jour il se reposa de toute son œuvre que Dieu fit en la créant». Il n’est pas dit qu’il y eut soir et matin, ce septième jour; car il n’y a pas de soir au repos de Dieu; quoique, depuis l’entrée du péché, Dieu recommença à travailler, d’une autre manière, en vue d’une nouvelle création. Dieu se reposa parce qu’Il avait achevé Son œuvre, et non comme nous, qui nous reposons parce que nous sommes fatigués. Dieu ne se fatigue pas. Le repos après le travail est le repos sabbatique. En Soph. 3:17, «Dieu se reposera dans son amour», alors que tout ce que Son amour voulait, pour le bonheur de l’homme sur la terre et dans les cieux, sera accompli. Et, grâce merveilleuse, Il veut introduire le pécheur pardonné, justifié, semblable à Christ, dans Son propre repos. «Ayant cru, nous entrons dans le repos» (Héb. 4:3).
Jusqu’à Israël, Dieu n’imposa pas l’observation du repos le septième jour. Mais, lorsqu’Il racheta un peuple de l’Égypte, au milieu duquel Il voulut habiter, Il institua le sabbat, montrant par là qu’Il voulait que l’homme participât à Son repos; ce qui ne fut pas possible, sur le pied de sa responsabilité. Le Seigneur, venu pour introduire le repos sur la terre, fut rejeté, et passa le jour du dernier sabbat dans le sépulcre. Puis, le premier jour de la semaine, premier jour d’un ordre de choses céleste pour le croyant, Il ressuscite, laisse de l’autre côté de la tombe, ou dans la tombe, tout le système légal et ce qui caractérise l’homme en Adam, et introduit en Lui, sur le terrain de la rédemption, l’homme nouveau. En sorte que c’est le premier jour de la semaine, jour du Seigneur, qui est mis de côté par le chrétien, non par un ordre légal, mais par le fait même de la résurrection de Christ, motif qui a plus de puissance sur le cœur que le troisième commandement du décalogue.
Il est dit qu’un jour, devant Dieu, est comme mille ans, et mille ans comme un jour (2 Pierre 3:8). Il est fort probable que les six jours de la création correspondent aux six millénaires qui précèdent le millenium, où la création jouira de ce merveilleux sabbat. Durant ces six mille ans, Dieu aura travaillé, au milieu des conséquences du péché, pour amener le repos de la création avant de la détruire, et pour former les habitants de la nouvelle terre. Il s’est écoulé un peu plus de deux mille ans, pendant que l’homme était sans loi; environ deux mille sous la loi; et bientôt deux mille sous la grâce. Avant que le septième millénaire commence, il doit s’écouler le temps que doivent durer les jugements apocalyptiques. Mais aucune date n’a été donnée à l’Église pour attendre le Seigneur; les temps et les saisons sont en rapport avec la terre. Nous devons attendre le Seigneur aujourd’hui.
Chapitre 2:3-25
Dans le chapitre premier, Dieu est nommé seul — Élohim. Dans le chapitre 2, Il est appelé Éternel Dieu. Éternel, ou Jéhovah, est le nom que Dieu prend en relation avec l’homme, Celui qui a toujours existé et qui demeure le même. C’est le nom que Dieu prend en rapport avec Son peuple, lorsqu’Il l’appela hors d’Égypte (voir Exode 6:2, 3). À Abraham, Il se fait connaître comme le Tout-puissant, qui accomplirait les promesses qu’Il lui avait faites (17:1). En ne comprenant pas pourquoi Dieu prend divers noms dans les Écritures, des théologiens ont prétendu que le Pentateuque avait été formé par la compilation de divers documents retrouvés au cours de l’histoire du peuple juif, écrits par divers auteurs, les uns ayant employé le nom d’Élohim, et les autres celui de Jéhovah, ce qui est pure fantaisie. Élohim désigne le Dieu suprême; Jéhovah, Son nom en relation avec l’homme; comme celui de Père, le nom de relation avec Ses enfants. Quant au Pentateuque, il a été écrit par Moïse, comme Dieu nous le dit, et non à la date que les hommes ont bien voulu lui donner.
Les versets 4 à 7 présentent l’œuvre de Dieu: les cieux et la terre, et la végétation, alors qu’il n’y avait pas d’homme pour cultiver la terre, qui était arrosée par une vapeur qui sortait de la terre. C’est alors que Dieu fit l’homme, non comme les animaux, qui surgirent à Sa parole, mais pris de la poussière de la terre, façonné par les mains de Dieu, qui souffla en lui une respiration de vie; et il devint une âme vivante. C’est ce qui le distingue des autres animaux et le met en rapport avec Dieu; de là sa responsabilité vis-à-vis de Dieu le Créateur, et la durée éternelle de son existence. Ce qui vient de Dieu ne peut être anéanti. L’âme détachée du corps, c’est la mort de celui-ci; mais l’esprit retourne à Dieu, ne meurt pas. Il se retrouvera dans un corps par la résurrection, un homme qui sera éternellement heureux dans la présence de Dieu, ou qui souffrira éternellement loin de Sa présence, suivant qu’il aura cru Dieu ou pas. Par le souffle de Dieu, Adam devint une âme vivante, ce que rappelle l’apôtre Paul, en 1 Cor. 15. Mais le dernier Adam est un esprit vivifiant, communiquant la vie de résurrection au croyant qu’Il venait de racheter (Jean 20:23), et à quiconque croit.
Sur cette terre, l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, mot qui signifie plaisir ou charme, dans lequel croissait tout arbre agréable à voir et bon à manger. Dieu avait donné à l’homme la faculté d’apprécier ce qui est agréable et bon. Il voulait qu’il trouvât, sur cette terre, ce qui répondait à ses goûts. Cette faculté existe encore chez l’homme. Il cherche à jouir; mais, séparé de Dieu par le péché, il cherche cette jouissance non seulement dans la nature, mais dans la satisfaction de sa volonté et, par conséquent, dans le péché. La nature existe encore, avec ses beautés que l’on peut admirer. Cependant, cette belle création soupire et est en travail, ayant été assujettie à la vanité par Adam pécheur, mais dans l’espérance qu’elle sera affranchie de la servitude de la corruption pour jouir d’une pleine liberté, qu’elle obtiendra lorsque les enfants de Dieu apparaîtront en gloire avec le Seigneur (lisez Rom. 8:18-23).
Au milieu de ce merveilleux jardin, l’Éternel Dieu avait planté l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Adam était responsable d’obéir; en le faisant, il pouvait manger de l’arbre de vie, et vivre à toujours. De ce jardin d’Éden sortait un fleuve qui se divisait en quatre rivières pour aller fertiliser la terre. Dieu donnait à cette première création des sources de bien-être matériel qui étaient le reflet de ce qu’Il établirait pour le bonheur des hommes sur la terre renouvelée et, spirituellement, dans l’éternité. C’est en Christ que se trouve la source des bénédictions que Dieu avait devant Lui pour le bonheur éternel de l’homme. En Ézé. 47, nous voyons des eaux sortant de dessous le seuil de la maison de l’Éternel; elles s’en vont en une double rivière vivifier ce qui se trouvait dans les eaux de la mort. Des deux côtés de cette rivière croîtront, comme en Éden, «toutes sortes d’arbres dont on mange» (v. 12). Nous retrouvons, en Zac. 14, lorsque le Seigneur vient avec tous les saints, que des eaux vives sortent aussi de Jérusalem, une moitié vers la mer Morte et l’autre vers la Méditerranée. Pour cela, la configuration du pays sera changée. Finalement, nous voyons, en Apoc. 22:1, 2: «Un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de sa rue, deçà et delà, était l’arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois; et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations», comme en Ézé. 47:12. Il s’agit, dans tous ces passages, des bénédictions millénaires sous le règne de Christ. Dans l’état éternel, il n’y a rien à guérir ni à assainir. Tout sera parfait et définitif. Le Seigneur sera le centre duquel jailliront les bénédictions éternelles, sur ceux qu’Il aura rendus parfaits et glorifiés. Tout sera repos, paix, amour et lumière.
Quant à l’Éden terrestre, qu’en reste-t-il? Les deux premiers fleuves n’existent probablement plus. Le Tigre — Hiddékel — et l’Euphrate sont encore — du moins, il semble que ce sont les mêmes, car d’immenses changements doivent être résultés du déluge. «Les choses qui se voient sont pour un temps; celles qui ne se voient pas sont éternelles». Ce sont celles-là que Dieu avait en vue.
«Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder» (v. 15). Par cette déclaration et celle du verset 5: «Il n’y avait pas d’homme pour travailler le sol», nous voyons combien est erronée la pensée assez commune que le travail est la conséquence du péché. Ce qui est résulté du péché, c’est la peine que donne le travail (3:17-19). Le travail fait partie de l’état normal de l’homme; malgré la peine qu’il donne, il est sain, et préserve du mal. Tout homme qui s’en prive volontairement désobéit à Dieu. L’indépendance et la révolte de l’homme, actuellement, se montrent dans le besoin que l’on éprouve de ne pas travailler ou, du moins, aussi peu que possible. Le chrétien a le grand privilège de faire tout, «en parole ou en œuvre, au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père» (Col. 3:17). Adam devait cultiver et garder le jardin. Hélas, le péché ne lui a pas permis de le garder; il en a été chassé (3:23-24).
Au verset 16, le commandement de l’Éternel Dieu met à l’épreuve l’homme innocent, responsable d’obéir. «Tu mangeras librement de tout arbre du jardin; mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas; car, au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement». La vie bienheureuse de l’homme, dépendant de son obéissance, qu’il soit innocent ou coupable, est impossible. Dans l’innocence, Adam ne put supporter la responsabilité d’obéir, lorsqu’il n’y avait qu’un commandement à observer. Sous la loi, l’homme le put encore moins, lorsqu’il y en avait dix. Dans son état naturel, l’homme est incapable d’obéir à Dieu. Dans ce cas, tous sont perdus et coupables. Qui peut avoir la vie? Le dernier Adam vient dans ce monde et, par Sa mort, satisfait aux exigences de la justice divine; Il ressuscite, et devient le véritable arbre de vie pour quiconque croit à Son œuvre expiatoire. Il est l’Esprit vivifiant ceux pour lesquels Il est mort.
L’homme innocent ignorait le bien et le mal. Tout était bien, en lui et autour de lui. Mais le bien n’était pas en contraste avec le mal comme maintenant. L’homme innocent n’avait pas été créé pour vivre dans le bien avec la connaissance du mal. Pour cela, il faut avoir la nature divine. Le dernier Adam est venu dans ce monde souillé, nous a montré comment l’homme obéissant peut marcher dans le bien au milieu du mal; et, en vertu de Sa mort, il donne au croyant la vie divine qui, sous l’action de l’Esprit de Dieu, le rend capable de marcher dans la sainteté au milieu du mal, en obéissant à la Parole.
Pour le bonheur complet de l’homme, Dieu voulut lui donner une aide. Il dit: «Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide qui lui corresponde». L’Éternel Dieu fit venir vers Adam tous les animaux des champs et les oiseaux des cieux, pour voir comment il les nommerait. Cette œuvre que Dieu confiait à Adam montre quelle capacité avait celui qu’Il avait créé, à Son image et à Sa ressemblance, chef de cette création. Son intelligence devait être très grande. Il discernait, sans doute, quel nom leur convenait. Le premier homme et ses descendants, surtout avant le déluge, devaient être doués d’une intelligence et d’une force extraordinaires. Dans nos temps civilisés, on parle avec mépris de l’homme primitif, ainsi que des animaux, pour célébrer la capacité de l’homme à améliorer ce que Dieu a fait! On ne se rend pas compte que, s’il dut y avoir développement, chez des hommes et des animaux, c’est relativement à ce qu’ils étaient devenus, depuis la chute et à travers les âges, et en dehors des centres plus ou moins civilisés, tels que le christianisme les a trouvés.
La vue de tous ces animaux, tout parfaits qu’ils fussent, fit constater à Adam ce que Dieu savait bien, c’est qu’il n’y avait pas d’aide qui lui correspondit, pour son cœur et son intelligence.
Dans la formation de la femme, nous nous trouvons placés devant les conseils de Dieu quant à Son Fils, pour lequel Il voulait une Épouse. Son Fils n’avait pas besoin d’une aide, mais Son amour avait besoin d’un objet pour Son cœur, dont Il jouira éternellement, d’une Épouse avec laquelle Il régnera sur cette terre restaurée. La manière dont Dieu opéra pour donner à Adam une épouse est une figure bien connue de la manière dont Christ obtint Son Épouse céleste; avec cette grande différence, que ce n’est pas pendant un sommeil que le Seigneur accomplit cette œuvre merveilleuse, mais en endurant l’abandon de Dieu, en subissant le jugement qu’elle avait mérité. Cette Épouse céleste fait aussi partie de Lui-même (Éph. 5:29-30). Une autre différence, c’est que le Seigneur travaille maintenant à sanctifier et à purifier Son Épouse, si facilement distraite de Lui et indépendante, jusqu’au moment où Il se la présentera à Lui-même, «n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, sainte et irréprochable», résultat de Son amour inlassable.
Lorsque Dieu eut formé la femme de la côte de l’homme qu’Il lui prit pendant son sommeil, Il la lui présenta. Aussitôt, il comprit qu’il avait devant lui l’aide qui lui correspondait. Cette fois, dit-il, «celle-ci est os de mes os et chair de ma chair; celle-ci sera appelée femme, parce qu’elle a été prise de l’homme». L’Esprit de Dieu ajoute: «C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair». Règle divine; règle divine qui doit être maintenue à tout prix pour être heureux. Dieu a établi l’homme comme chef, dans quelque domaine que ce soit, et responsable. Lorsqu’il se marie, il devient chef, ou tête, de sa famille; pour agir comme tel, il doit dépendre de Dieu seul. Sa femme n’est pas une rivale, mais une aide précieuse, objet des soins de l’amour de son mari, l’un et l’autre vivant sous la dépendance de Dieu. Le mariage est l’état normal de l’homme, pour autant que les conséquences du péché le permettent. Mais, pour l’accomplir, il doit, comme Adam, dépendre de Dieu pour recevoir, de Sa main, l’aide qui lui convient, et ne pas se laisser gouverner par des considérations mondaines et charnelles.
La nudité est la figure de l’état naturel de l’homme devant Dieu à la suite du péché; état dont l’homme a honte, dans la mesure où il apprécie le mal à la lumière de Dieu. Par la foi, le croyant est revêtu de Christ, comme nous le verrons en figure au chapitre 3. Dans l’innocence, sans péché, Adam et Ève n’avaient point honte de leur nudité.
Chapitre 3:1-7
En quelques versets, l’état d’innocence est décrit, au chapitre 2. Dès le chapitre 3, toute la Bible nous présente l’histoire de l’homme pécheur, mais aussi l’intervention de Dieu en grâce pour accomplir Ses desseins éternels.
Il fallait la finesse du serpent pour s’introduire sur cette scène de bonheur où Dieu avait placé l’homme et tout ruiner. Pour cela, Satan s’est servi du serpent, le plus fin de tous les animaux; comme, plus tard, il a souvent pris le caractère du lion, la violence. Le serpent est plus redoutable que le lion, car il peut opérer sans être aperçu. C’est la forme sous laquelle il agit actuellement dans la chrétienté, sans être discerné.
Le serpent s’adressa à la femme, sachant que, par elle, il arriverait plus facilement à l’homme, que Dieu avait établi chef, et dont il avait reçu les ordres positifs. Il se rendait compte que l’amour pour sa femme lui ôterait la force de lui déplaire, en lui refusant ce qu’elle lui offrirait. On remarque d’emblée que Satan ne cite pas exactement ce que Dieu avait dit. Il présente la défense de manger en premier lieu: «Quoi, Dieu a dit: Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin?»; tandis que Dieu avait dit: «Tu mangeras librement de tout arbre du jardin; mais, etc.». C’était déjà une manière indirecte de montrer Dieu sous le caractère de quelqu’un qui commençait par les priver d’une bonne chose. À son tour, la femme, qui aurait dû lui répondre en lui citant textuellement les paroles de Dieu, après lui avoir dit qu’ils mangeaient du fruit des arbres du jardin, elle dit: «Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez»; alors que Dieu avait dit: «Tu mourras certainement». De peur voulait dire que ce n’était pas très sûr. Avec cette déclaration affaiblie, Satan s’enhardit, et prend alors la parole affirmative de Dieu pour dire le contraire: «Vous ne mourrez point certainement»; ce qu’il n’eût pas osé faire, si la femme lui avait cité textuellement les paroles de l’Éternel. Nous voyons par cela l’importance de recevoir et de citer textuellement la Parole de Dieu et de la laisser agir en soi avec toute son autorité. Elle est écrite avec les expressions positives par lesquelles Dieu donne Sa pensée, c’est-à-dire la vérité, n’en déplaise à ceux qui ne la reçoivent pas comme telle, prétextant que Dieu s’est servi d’hommes faillibles, comme si eux-mêmes, qui veulent la corriger, n’étaient pas aussi des hommes faillibles. Sans s’en douter peut-être, ils ne font que répéter la question insidieuse et diabolique: «Quoi, Dieu a dit?», pour dépouiller l’Écriture de l’autorité divine qu’elle doit exercer sur le cœur et la conscience. Dans toute l’histoire de l’Église, jamais Satan n’a usé de son caractère de serpent autant que maintenant, en conduisant des hommes qui exercent une influence religieuse à modifier ce que Dieu a dit, en affaiblissant les droits de Sa justice, en présentant l’exercice de Son amour en dehors de l’œuvre expiatoire du Seigneur, une grâce qui ne règne pas par la justice, faisant de Dieu un être si bon qu’Il ne pourrait supporter de voir l’homme dans le malheur éternel, et abaissant au niveau de l’homme la mesure du bien et du mal; tout cela, de la part de l’ennemi, avec le dessein caché de perdre l’homme. Le meurtrier se présente premièrement comme menteur, disant: «Vous ne mourrez point certainement; car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal». C’était dire que Dieu se réservait pour Lui-même des avantages merveilleux, dont Il les privait, et dont ils jouiraient s’ils l’écoutaient. Cette insinuation de Satan, étant reçue, introduisit dans le cœur de l’homme la défiance à l’égard de Dieu, qui demeure invétérée chez tous, jusqu’au moment où Dieu y fait pénétrer quelques rayons de Sa grâce. Après tant de manifestations de la bonté de Dieu dans l’Ancien Testament qui auraient dû convaincre l’homme du mensonge de Satan, Dieu vint Lui-même, dans la personne de Son Fils, manifester Son amour infini, non envers un homme innocent, mais envers l’homme coupable. Dans l’évangile selon Jean, nous trouvons environ soixante fois le mot aimer et amour. Si Satan a dit: «Vous ne mourrez point certainement», Jésus se présente Lui-même pour mourir à la place du coupable.
La connaissance du bien et du mal ne servait de rien à l’homme innocent, puisqu’il pouvait vivre dans le bien, alors qu’il n’y avait point de mal à connaître dans cette belle création. Cette connaissance n’était donc pas désirable; mais les paroles du tentateur furent écoutées. «Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent; et elle prit de son fruit et en mangea; et elle en donna aussi à son mari pour qu’il en mangeât avec elle, et il en mangea». La femme vit. Nous voyons qu’il faut éviter de porter les regards, aussi bien que la main, sur une chose défendue. C’est par les yeux que la convoitise se satisfait premièrement; et «la convoitise, ayant conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort» (Jacq. 1:15). Ève ne voulut pas être seule dans la désobéissance. Combien de fois n’a-t-elle pas été imitée par ceux qui disent: Il n’y a pas que moi qui fasse ainsi. Elle voulut que son mari en mangeât avec elle. Satan sut s’y prendre pour arriver à Adam, en se servant de sa femme; lui-même n’aurait pas eu le même succès. Cependant, il fut le grand coupable parce qu’il était responsable d’obéir à Dieu. Il devait reprendre sa femme, avec l’autorité qu’il avait de la part de Dieu. Ce que Satan avait dit arriva: Leurs yeux furent ouverts, non sur des choses désirables, apanage de Dieu seul, comme Satan le faisait croire, mais sur leur nudité, sur leur état de péché, vu aussitôt dans sa laideur; vue qu’ils ne purent supporter, et qu’ils cherchèrent aussitôt à cacher à leurs propres yeux au moyen de feuilles de figuier. Voilà l’homme tombé, irrémédiablement perdu sans l’intervention du médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim. 2:5-6).
Moralement, le monde fut constitué par les trois genres de convoitises qui se présentèrent aux regards de la femme. «Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie», est du monde (1 Jean 2:16). Le cœur de l’homme est détourné de Dieu, dont il est séparé par le péché, pour être alimenté par ces trois convoitises, qui jamais ne le satisfont. Lorsque le Seigneur, le dernier Adam, descendit sur cette scène, au milieu des ravages du péché, Satan se présenta comme en Éden avec ces trois genres de convoitises, pour chercher à Le détourner du chemin de l’obéissance dans lequel Il était entré en disant: «Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté». Jésus répondit chaque fois en citant la Parole: «Il est écrit», et «Il est encore écrit» (Matt. 4 et Luc 4). Il a réduit au silence le tentateur, en nous montrant comment nous pouvions résister à un tel ennemi, afin de pouvoir marcher dans le bien avec la connaissance du mal.
Contrairement à Adam, Jésus n’avait pas à regarder comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2:6), car Il était Dieu. Le premier Adam, qui n’était qu’un homme, voulut s’élever à être comme Dieu, en abandonnant l’obéissance qui doit caractériser l’homme; et il tomba, entraînant toute sa race dans la désobéissance. Le Seigneur étant Dieu, le Fils, devint homme pour obéir à Dieu. Satan l’incita à agir comme Dieu, usant de Son pouvoir pour transformer des pierres en pain, ordre qu’Il n’avait pas reçu de Son Père. Il lui répondit par des passages qui s’appliquaient à l’homme, et non à Dieu. Dans cette position, au lieu de s’élever, Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort de la croix. Il descendit dans la mort, où notre désobéissance nous avait conduits, afin de nous en délivrer. C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé, et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Le premier Adam voulut être ce qu’il n’était pas. Son ambition, son orgueil, le perdirent; c’est dès lors ce qui a caractérisé toute sa race. S’élever, vouloir autre chose que ce que Dieu lui donne, sont les principes en activité, jusqu’au moment où l’homme, arrivé à l’apogée des progrès du mal, se présentera comme Dieu, dans Son temple, à Jérusalem (2 Thes. 2:4).
Ce sont ces principes, introduits par la chute, qui ont été en activité, aujourd’hui plus que jamais. L’homme n’est jamais satisfait; il cherche constamment à s’élever, à améliorer sa situation, à s’accorder de nouvelles facilités à tous égards. Et, quand il les a obtenues, il n’est pas satisfait; il lui en faut d’autres. En sorte que le progrès, tant vanté de nos jours, résulte de la convoitise, qui n’est jamais satisfaite. Il y a cent ans, nos ancêtres vivaient sans les avantages modernes; ils étaient plus satisfaits, plus heureux, moins agités qu’on ne l’est actuellement. Une seule chose peut satisfaire le cœur: C’est la connaissance de Dieu, révélé en Son Fils bien-aimé; mais, pour cela, il faut être né de nouveau. Alors on peut être content de ce qu’on a présentement.
La connaissance promise par Satan fit de l’homme un être conscient du bien et du mal, mais sans capacité pour éviter le mal. Il acquit, par ce fait, la conscience, faculté de discerner le bien du mal, mais qui n’en est pas la mesure. Pour l’avoir, il faut qu’elle soit éclairée par la Parole de Dieu. Elle n’est pas, comme on l’entend dire souvent, quelque chose de divin dans l’homme, qu’il faut cultiver, pour l’élever à Dieu. Cette faculté, au lieu de l’élever à Dieu, lui en donne la frayeur, car elle lui dit qu’il L’a offensé. Il Le fuit, même lorsqu’Il l’appelle pour lui faire grâce. Il préfère se justifier lui-même en accusant Dieu, comme nous le voyons dans les versets 12 à 13. Cette constatation du mal le pousse à le cacher, à lui-même et aux autres; ce qu’Adam et sa femme firent, en se faisant des ceintures de feuilles de figuier, figure de la religion de la chair, de la propre justice, par laquelle l’homme cherche à faire taire la voix de sa conscience, tandis qu’il est loin de Dieu. On a dit que la religion de la chair était suffisante tant qu’on n’en avait pas besoin. Lorsqu’il faut paraître devant Dieu, elle ne sert de rien.
Puisque la conscience n’est pas la mesure du bien et du mal, nous comprenons l’importance, pour le chrétien, d’être éclairé, en toutes choses, par la Parole de Dieu. Il faut progresser dans la connaissance de ce qui convient à Dieu. Il ne faut pas se fier à sa conscience, qui peut se cautériser, si l’on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on peut être libre de faire telle ou telle chose en bonne conscience; mais, en progressant dans la connaissance de Dieu, la lumière nous éclaire de plus en plus, et nous voyons que ce qui ne nous gênait pas jusque là n’était pas selon Dieu. Il faut travailler à maintenir une bonne conscience, s’y exercer comme l’apôtre Paul le faisait, «devant Dieu et devant les hommes», en vivant dans la présence de Dieu et dans Sa communion. Alors on ne dira pas: Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela? Poser la question, c’est la résoudre affirmativement. Pourquoi ne pas montrer le bien qu’il y a? Si on ne le fait pas, c’est qu’il n’y en a pas.
La conscience est le point vulnérable chez le pécheur; c’est par là que Dieu peut l’atteindre, au moyen de Sa Parole. Une fois qu’elle l’a convaincu de péché, qu’il a compris que la religion de la chair, les feuilles de figuier, ne peuvent pas cacher ses péchés, aux yeux de Dieu, il accepte la justice dont Dieu veut le revêtir, Christ Lui-même. Il peut alors se tenir devant Dieu avec une bonne conscience, puisqu’elle est déchargée de tous ses péchés. C’est ce que nous verrons plus loin.
Chapitre 3:8-24
Adam et Ève, entendant la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au frais du jour, se cachèrent au milieu des arbres du jardin. Ayant acquis une conscience, elle leur faisait comprendre que le péché était incompatible avec la présence de Dieu avec lequel, dans l’innocence, ils pouvaient avoir librement des rapports. Maintenant, ils Le fuient. L’Éternel appela l’homme et lui dit: «Où es-tu?». Question solennelle, qui établit le fait que Dieu prend connaissance de ce que fait l’homme, et qu’il faut avoir affaire avec Lui une fois ou l’autre, en grâce ou en jugement. Cette question se pose à chacun aujourd’hui, en vue de son salut. Un jour, cette même voix fera sortir de leurs sépulcres ceux qui n’auront pas répondu à la voix de la grâce, pour paraître, avec tous leurs péchés devant le grand trône blanc alors qu’il n’y aura plus d’arbres pour se cacher, les cieux et la terre ayant disparus.
À Adam, Dieu dit: «Où es-tu?». Il n’était plus dans la position où Dieu l’avait placé. Il était séparé de Dieu par le péché. À Caïn, Il dira: «Qu’as-tu fait?». Ces deux questions sont en rapport avec les deux côtés de la condition de l’homme pécheur: sa position et sa culpabilité. L’homme est perdu parce qu’il est un enfant d’Adam pécheur; il est coupable à cause de ce qu’il a fait. Un petit enfant naît perdu; en grandissant, il péchera et deviendra coupable. Adam répondit: «J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché». Les feuilles de figuier étaient inutiles. Adam ne dit pas: J’étais nu, et j’ai caché ma nudité; mais: Je suis nu. Nous l’avons déjà dit: La religion de la chair, la propre justice, ne sert de rien, lorsqu’il faut paraître devant Dieu. L’homme admet bien qu’il a fait quelques péchés, mais il a sa mesure pour en apprécier la gravité; il ne se préoccupe pas de ce que Dieu en pense. Pour lui faire accepter le salut, Dieu commence par lui montrer ce qu’est le péché à Ses propres yeux. «L’Éternel Dieu dit: Qui t’a montré que tu étais nu? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger?». Dieu s’adresse à l’homme parce que c’est lui qui est responsable. Mais, au lieu de reconnaître sa faute, il cherche à se justifier en la rejetant sur sa femme et, indirectement, sur Dieu, disant: «La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé». C’était dire: Si Tu ne m’avais pas donné cette femme, cela ne serait pas arrivé. Tel est le cœur naturel. Lorsque le mal vient en évidence, au lieu de l’avouer franchement, il cherche à en rejeter la faute sur autrui, même sur Dieu. Le péché a complètement perverti les pensées de l’homme; tout en lui est faussé, malgré la conscience. Dans l’innocence, Adam reconnaissait en Dieu la bonté qui l’avait placé au sein de cette belle création, ayant complété son bonheur par le don d’une épouse. Maintenant, ce Dieu lui apparaît comme la cause de son malheur dans ce qu’Il lui avait donné de meilleur. Dieu est un objet de terreur pour l’homme; et pourtant, rien n’a changé, en Lui, à son égard. Tel est l’homme aujourd’hui. Christ a dû venir pour établir la vérité à tous égards: ce qu’est Dieu, l’homme, le monde, le bien, le mal.
Dieu s’adresse à la femme, en disant: «Qu’as-tu fait?». Elle répondit: «Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé». Au serpent, Dieu ne pose pas de question; Il lui dit: «Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie; et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence». De tous les animaux, le serpent est le seul, dans le millenium, qui ne jouira pas de la restauration de la création. En És. 65, après la description de la terre millénaire, sous laquelle les animaux carnassiers retourneront à leur état primitif: «Le lion mangera de la paille comme le bœuf», il est dit: «et la poussière sera la nourriture du serpent» (v. 25). Le serpent est un animal dont la vue même produit l’effroi. Mais Dieu ne s’arrête pas au jugement de l’animal dont le diable s’est servi; Il lui annonce que la semence de la femme lui brisera la tête, et que lui lui brisera le talon. C’est la grâce qui apparaît, dans toute sa beauté, dès que le péché est introduit et que l’homme s’est placé sous le pouvoir de Satan. «Car on est esclave de celui par qui on est vaincu» (2 Pierre 2:19). Cette semence de la femme est le Fils de Dieu, devenu homme, ici-bas pour délivrer l’homme du pouvoir de Satan, en subissant à sa place le jugement de Dieu. En Héb. 2:14-15, il est dit: «Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé, afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude». Mais cette victoire ne pouvait être remportée sans que cette semence de la femme, l’Agneau de Dieu, endurât les souffrances indicibles de la croix. Par la désobéissance, Satan avait perdu l’homme; et, par Son obéissance, le Fils de l’homme l’a sauvé. Satan voulait la mort de l’homme; le Fils de l’homme l’a subie. En vertu de cette œuvre, Satan n’a aucun pouvoir sur le croyant. C’est à Satan, non à Adam, que Dieu annonce la venue de Celui qui lui ôterait son pouvoir. À Adam, il n’est fait aucune promesse; la grâce lui sera offerte en vertu de l’œuvre qui a rendu possible le salut de l’homme qui avait péché. Toutes les promesses reposent sur le dernier Adam.
On voit, dans l’histoire de l’homme jusqu’à Christ, tous les efforts que Satan accomplit pour empêcher l’apparition de la semence de la femme. Il a poussé l’homme au mal afin que Dieu le détruisît par le déluge; mais Dieu a déjoué ses plans en sauvant Noé. Plus tard, comme le libérateur devait venir de la famille de David, il chercha maintes fois à l’éteindre, entre autres par la méchante Athalie, qui voulut faire périr toute la race royale. Nous voyons, jusqu’à la destruction des petits enfants de Bethléem et la croix, tous ses vains efforts pour empêcher l’exécution de la sentence prononcée sur lui en Éden. C’est aussi en vue de la naissance du Christ et de l’établissement de Son règne que Dieu eut soin de donner les dates, tout au long de l’Ancien Testament, afin que l’on sût quand viendrait le Libérateur; car la venue du Fils de Dieu et Sa glorieuse personne constituent le point culminant, le grand sujet de toute la révélation divine. Il n’est pas donné de dates dans le Nouveau Testament, puisqu’il commence par la naissance du Seigneur. Le temps que l’Église passe sur la terre ne fait pas partie des temps prophétiques. Après son enlèvement, ces temps-là recommenceront à compter; il n’en reste que la dernière semaine de Daniel 9 à accomplir, proprement la dernière demi-semaine, mentionnée dans Apoc. 12:6, 14; 13:5 — Dan. 7:24; 9:27; 12:11.
À la femme, Dieu annonce les conséquences de sa désobéissance durant sa vie. Adam, parce qu’il a écouté la voix de sa femme plutôt que la voix de Dieu, qui s’était adressé à lui formellement, devra travailler péniblement un sol maudit, qui lui fera germer des épines et des ronces. Il mangera l’herbe des champs, comme les bœufs, c’est-à-dire les légumes, non plus seulement des fruits, comme dans l’innocence. Il mangera son pain à la sueur de son front, jusqu’à ce qu’il retourne à la poussière d’où il a été pris. Tant pour l’homme que pour la femme, les conséquences du péché sous lesquelles ils étaient désormais, se bornent à la vie présente; tout homme les endure, même les chrétiens. Mais cela ne concerne pas les conséquences éternelles du péché. Celles-là, Christ les portera, en détruisant le pouvoir de Satan, pour ceux qui croient; et ceux qui ne croient pas les porteront eux-mêmes éternellement; mais ce n’est pas ce dont il s’agit, ici. Ce qui concerne l’éternité est traité dans le Nouveau Testament, quoiqu’il y en ait des allusions dans l’Ancien.
Après avoir entendu que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, Adam appela sa femme Ève, mot qui vient du verbe hébreu vivre; parce que, dit-il, elle est la mère de tous les vivants. Il comprit que la délivrance viendrait de là et que, malgré la mort qui serait leur partage, la vie proviendrait de la semence de la femme. Ce passage fait comprendre qu’Adam avait la foi. Il crut Dieu, qui introduirait la vie au sein de la mort qu’il venait d’attirer sur l’homme.
Si l’homme était incapable de cacher son état aux yeux de Dieu, ni de rien changer aux conséquences du péché qu’il allait subir toute sa vie, il appartenait à Dieu de faire le nécessaire pour qu’il pût subsister devant Lui. «L’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des vêtements de peau, et les revêtit»; figure bien connue de la justice divine, de Christ Lui-même, dont le pécheur est revêtu lorsqu’il croit en l’efficacité de la mort du Sauveur. Si Adam et Ève ne moururent pas sitôt après avoir péché, une victime mourut à leur place, et fournit à Dieu le vêtement dont Il les revêtit, puisqu’ils ne pouvaient se le procurer eux-mêmes. Nous voyons donc ici l’évangile apparaître, dans toute sa beauté, au moment où l’homme perdait la vie et où s’effondrait, par le péché, tout son bonheur en rapport avec la création première et sa relation d’innocence avec Dieu. Le péché de l’homme a toujours fait ressortir la grâce de Dieu. C’est à la croix, où la culpabilité de l’homme atteignit son point culminant, que Dieu manifesta la plénitude de Son amour pour lui. Aussi comprend-on que le sort de ceux qui refusent la grâce sera terrible, dans l’éternité, et quelle reconnaissance éternelle Lui doivent ceux qui sont sauvés.
Il restait encore une chose à faire, résultant du changement que le péché avait amené et de la bonté de Dieu envers l’homme pécheur. L’arbre de vie demeurait encore dans le jardin; et, si l’homme en avait mangé, il aurait vécu à toujours, mais portant les conséquences du péché, ce qui eût été affreux. Pour empêcher qu’il ne prît de cet arbre, l’Éternel Dieu le chassa hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol d’où il avait été pris; «et plaça à l’orient du jardin d’Éden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie». Là encore apparaît la bonté de Dieu, qui laisse entrevoir l’accomplissement de Ses pensées éternelles de grâce. Si l’accès à l’arbre de vie, dans le paradis terrestre, était rigoureusement défendu par l’épée des chérubins, afin de ne pas perpétuer une race de pécheurs qui auraient gémi indéfiniment sous les conséquences du péché, c’est parce que Dieu voulait ouvrir le chemin du paradis céleste en donnant la vie éternelle, nécessaire pour jouir du bonheur dans la présence de Dieu, dans un monde nouveau. Pour cela, il fallut que le Seigneur rencontrât l’épée du jugement de Dieu, lorsqu’Il se présenta chargé de nos péchés, pour ouvrir le chemin du ciel aux coupables, au travers de la mort. Nous lisons en Zacharie (13:7): «Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé; et je tournerai ma main sur les petits». Le Seigneur avait conduit Ses brebis jusqu’aux portes de la mort, qu’il fallait traverser pour entrer au paradis céleste, dont l’entrée était gardée par l’épée de la justice inflexible du Dieu juste et saint. Mais Il ne pouvait les conduire plus loin sans porter à leur place le jugement qu’elles avaient mérité. Dans ce moment suprême, le troupeau fut dispersé, comme Jésus le dit aux Siens: «Vous me laisserez seul». Mais, sitôt l’œuvre accomplie, la tête du serpent écrasée, le Seigneur apparaît aux Siens, de l’autre côté de la mort, souffle en eux l’esprit de vie de résurrection, et devient le centre de leur rassemblement, pour le temps et l’éternité.
Chapitre 4
Ce chapitre contient tous les principes qui, dès lors, ont caractérisé le monde jusqu’à nos jours: la religion de la chair, en Caïn; celle de Dieu, en Abel; la haine religieuse qui va jusqu’au crime; l’homme chassé de la présence de Dieu, qui organise le monde pour y jouir sans Dieu; puis la famille de la foi, en Seth, qui reconnaît ce qu’est l’homme devant Dieu, mortel (Énosh), et invoque le nom de l’Éternel.
La postérité d’Adam commence avec Caïn. Ève crut, sans doute, qu’il était la semence de la femme qui devait briser la tête du serpent, car elle dit: «J’ai acquis un homme avec l’Éternel». Elle fit la triste expérience qu’il n’en était rien. Car si le vainqueur de Satan était bien de la semence de la femme, il ne devait pas être de la race adamique, un homme mortel. Quoique la mère des vivants, lorsque son second fils naquit, elle l’appela Abel, vanité. C’est ce qu’est le monde; c’est l’expérience qu’en fit Salomon, après avoir joui de tout ce qui se trouve sous le soleil. Ève ne s’attendait pas à en faire une si douloureuse expérience. Abel paissait le menu bétail, et Caïn labourait la terre; deux occupations très légitimes et honorables. Ces deux fils avaient dû apprendre de leurs parents quels rapports l’homme pouvait avoir avec Dieu à la suite du péché, au moyen d’une victime. Caïn n’en tint pas compte. Ces deux fils avaient chacun leur religion, mot qui veut dire: relié à Dieu. Caïn la pratiquait à sa manière, et Abel selon les enseignements de Dieu. Dès lors jusqu’à maintenant, ces deux modes divisent les hommes en deux camps, quelle que soit la forme de leur culte. Ce qui caractérise la religion de Caïn, c’est de ne pas tenir compte du fait que le péché a séparé l’homme de Dieu, et de vouloir s’approcher de Lui sans tenir compte de Sa sainteté et de Sa justice, avec ses propres pensées, les fruits de son labeur, provenant d’une terre maudite. Abel, au contraire, avait appris que pour s’approcher de Dieu, la mort d’une victime devait intervenir. Il présente «des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse». Il avait pensé à ce qui était agréable à Dieu, et non à ce qui lui était agréable. Dans tous les sacrifices institués en Israël, la graisse était la part exclusive de l’Éternel; elle représente ce que Lui seul était capable d’apprécier dans la victime, type du Seigneur s’offrant à Dieu. Aussi, «l’Éternel eut égard à Abel et à son offrande; mais à Caïn et à son offrande, il n’eut pas égard». Abel était identifié à son offrande, pour être agréé de Dieu. Il en est de même du croyant. Il est dit, en Héb. 10:10: «Nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes». Abel était pécheur, comme Caïn; ce n’est pas en cela que se trouve la différence, mais dans le moyen de s’approcher de Dieu. C’est Christ qui donne au croyant toute sa valeur. «Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu». Rien n’irrite autant l’homme que de voir un de ses semblables accepter la grâce de Dieu. Sa conscience lui dit qu’il a raison, mais son orgueil refuse de faire comme lui et l’excite à la haine. Cependant, la grâce était à la disposition de Caïn comme d’Abel, comme elle est aujourd’hui à la disposition de chacun. C’est ce que l’Éternel lui dit: «Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu?». Il n’avait aucune raison de s’irriter; le remède à son état ne se trouvait pas là. Dieu le lui offre: «Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé?». Fais comme ton frère, tu seras agréé à cause de la victime. «Si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte». Le péché, ici, est le même mot, dans l’original, que le sacrifice pour le péché. La victime pour le péché est tellement identifiée avec le péché qu’elle porte, qu’ils ne font qu’un, aux yeux de Dieu. Il est dit du Seigneur «qu’il a été fait péché pour nous» (2 Cor. 5:21). Cette victime était couchée à la porte, prête à être acceptée. C’est l’évangile tel qu’il s’adresse à tous aujourd’hui. Beaucoup veulent rendre culte à Dieu avec leurs propres ressources, et ils ne peuvent être agréés. Au lieu de s’irriter contre ceux qui obéissent à la Parole, ils n’ont qu’à accepter le sacrifice de Christ, par lequel ils seront agréés. Le verset suivant est un peu difficile à comprendre: «Et son désir sera tourné vers toi, et toi tu domineras sur lui». Son et lui se rapportent à Abel. Caïn venait de se placer dans un état d’infériorité vis-à-vis de son frère; mais s’il faisait bien, comme Abel, il serait maintenu, vis-à-vis de lui, avec ses droits de premier-né: Son désir serait tourné vers lui, comme celui de la femme vers son mari.
Caïn, comme tant d’âmes aujourd’hui, n’a pas voulu profiter du moyen qui lui était offert pour être agréé de Dieu. Il a nourri la haine qui était dans son cœur et le tua. Le premier sang humain répandu l’a été pour une cause religieuse. La plus grande partie du sang qui a été répandu depuis l’a été pour la même cause. Même dans les questions politiques, la religion y était mélangée, le plus souvent. C’est à cet endroit-là que l’homme est le plus susceptible; il veut avoir raison, alors que la conduite de celui qui est dans le vrai le juge.
Caïn répond avec arrogance à l’Éternel, lorsqu’Il lui dit: «Où est ton frère?»: «Suis-je, moi, le gardien de mon frère?»; mais pour entendre cette parole solennelle: «Qu’as-tu fait?». Question qui fait ressortir sa culpabilité, comme celle adressée à Adam: «Où es-tu?», sa position d’homme perdu. L’Éternel lui dit: «La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi». Le sang, c’est la vie, qui n’appartient qu’à Dieu. Le sol avait été maudit à la suite du péché d’Adam; maintenant, ce sol qui a reçu le sang d’Abel maudit Caïn: «Et maintenant, tu es maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu laboureras le sol, il ne te donnera plus sa force; tu seras errant et vagabond sur la terre». Caïn reconnaît que sa peine est grande, trop grande pour qu’il en porte le poids. Mais il ne cherche pas la miséricorde de la part de Dieu; il désire ne pas en subir de trop grandes conséquences. C’est ce qui préoccupe les hommes aujourd’hui, plus que d’accepter le pardon que Dieu leur offre. Caïn a tué son frère; pourquoi ne serait-il pas tué par celui qui le rencontrerait? Il veut se mettre à l’abri de cela. Il dit à l’Éternel: «Quiconque me trouvera me tuera». L’Éternel lui répond: «C’est pourquoi quiconque tuera Caïn sera puni sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le trouverait ne le tuât point». Il habita au pays de Nod, ce qui signifie "vagabond". Maudit, loin de la présence de Dieu, vagabond, telle est la condition de l’homme, qui a organisé le monde pour y trouver sa satisfaction loin de Dieu; et, aujourd’hui, ayant en plus sur la conscience d’avoir mis à mort le Fils de Dieu.
Il y a, dans l’histoire de ces deux hommes, un côté typique. Abel est un type de Christ, et Caïn du peuple juif, coupable d’avoir mis à mort le Seigneur, l’homme parfait, agréé de Dieu. À la suite de ce meurtre, les Juifs ont été chassés de leur pays, et sont vagabonds au milieu des nations. Mais ils sont marqués de Dieu, et ils ne peuvent être anéantis; ceux qui leur feront du mal seront punis sept fois plus. C’est ce qui arrivera aux nations, à la fin, qui s’assembleront contre ce peuple restauré; elles seront détruites. Jusque-là, ils portent les conséquences d’avoir répondu à Pilate: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants». Dans Son gouvernement, Dieu rétribue le mal où que ce soit qu’il se trouve, qu’il soit chez les nations, les Juifs ou Ses enfants.
Les versets 17 à 24 résument l’organisation de ce monde par l’homme chassé de devant Dieu, sur une terre maudite, dont les principes sont les mêmes aujourd’hui. Les hommes, comme Caïn, ont pris leur parti d’être séparés de Dieu, après avoir mis à mort Son Fils. Ils ont cherché et cherchent à faire d’un tel monde un lieu de plaisir.
Caïn eut un fils. Les incrédules croient trouver la Bible en défaut lorsqu’elle parle de la femme de Caïn, alors qu’il n’y avait que deux hommes sur la terre. Mais la Bible n’explique pas tout aux raisonneurs. Il n’est parlé que de Caïn et d’Abel, parce que c’est eux dont l’Esprit de Dieu avait besoin pour révéler les pensées de Dieu. Dans les généalogies présentées au chapitre 5, les hommes qui y sont nommés sont ceux qui forment la généalogie du Christ, sans qu’ils soient nécessairement le premier-né, comme nous le voyons avec Seth. Après les avoir mentionnés, il est dit: «Et il engendra des fils et des filles»; avant aussi bien qu’après. Sans soulever la question si Adam a eu d’autres fils, pendant les cent trente ans qui précédèrent la naissance de Seth, on peut bien affirmer qu’il eut des filles; et que c’est l’une d’elles qui fut la femme de Caïn. Il n’y avait pas d’autres femmes alors. Donc il eut un fils qu’il appela Hénoc. Il bâtit une ville et l’appela du nom de son fils. La ville est l’œuvre de l’homme; Dieu ne l’avait pas placé là. C’est là où l’homme a accumulé les distractions, les jouissances mondaines, qui le distraient de ses peines et de Dieu Lui-même. Elle est l’expression de ce qu’est l’homme. Caïn l’appela du nom de son fils. Nous voyons le même principe aujourd’hui, où l’on donne fréquemment des noms d’hommes aux rues, afin de perpétuer le souvenir de l’homme; tandis que, dans le millenium, tout parlera du Dieu Tout-puissant. Les générations de Caïn sont nommées, au nombre de sept, nombre complet représentant toute la génération méchante qui a précédé le déluge. On y trouve Lémec, l’homme à la volonté propre, qui met de côté l’institution de Dieu quant au mariage; il prit deux femmes. Jabal, un des fils de l’une, fut père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail, ce qui est nécessaire pour alimenter les habitants de la ville. Son frère Jubal fut père de ceux qui manient la harpe et la flûte. Tubal-Caïn, fils de l’autre femme, introduisit les arts; il fut forgeur de tous les outils d’airain et de fer. Avec la musique et les arts, on peut satisfaire les désirs du cœur naturel et se passer de Dieu. C’est maintenant la parole de Lémec qui fait autorité; il la fait valoir à ses femmes, justifiant sa violence et sa vengeance; et, dit-il, si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois. Aujourd’hui, n’en est-il pas de même? L’homme met sa parole, ses pensées, au-dessus de celles de Dieu. Mais, au milieu de cela, il y a la famille de la foi. Ève eut un autre fils qu’elle appela Seth, assigné, ou mis à la place d’Abel. Elle trouve en lui une consolation; mais la vraie consolation est trouvée par Seth, auquel naquit un fils qu’il appela Énosh, ce qui veut dire: homme mortel. Il reconnaît que, si Abel est vanité, son successeur est mortel; aucune espérance ne peut reposer sur une telle race. Que faire? Les ressources sont en Dieu: «Alors on commença à invoquer le nom de l’Éternel». Dès que l’homme reconnaît son état misérable et irrémédiable, il élève les regards de la foi vers Dieu, en qui se trouvent toutes les ressources. En Joël 2:32, il est dit: «Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé». Et, au Psaume 11: «Si les fondements sont détruits, que fera le juste? L’Éternel a son trône dans les cieux; ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes». Sur la terre, tout est néant, mortel et vanité; mais les ressources de Dieu sont à la disposition de la foi. Elles ont eu leur pleine manifestation dans le don de Son Fils unique, la semence de la femme qui, par Son œuvre à la croix, a satisfait Dieu à l’égard du péché, et a rendu possible l’accomplissement des conseils éternels de Dieu envers l’homme, afin que, dans les siècles à venir, Il puisse «montrer les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus».
Chapitre 5
Ce chapitre contient la généalogie du Seigneur, d’Adam à Noé, durant les mille six cent cinquante-six ans qui précédèrent le déluge. Nous retrouvons les noms de ces dix patriarches dans la généalogie de Luc 3:23-26, qui est celle du Fils de l’homme, qui remonte à Adam par Marie. Celle de Matthieu étant celle du Messie, fils de David, fils d’Abraham, ne remonte qu’à ce dernier. C’était la généalogie de Joseph, celle qui est officielle. Depuis David, les ancêtres sont différents. En Luc, ils se rattachent à ce roi par Nathan (2 Sam. 5:14) et, en Matthieu, par Salomon.
De tous ces hommes de Dieu, rien n’est dit quant à leur marche, si ce n’est d’Hénoc; tandis qu’au chapitre 4, il est dit ce que firent les descendants de Caïn. C’est ici-bas que l’on énumère ce que les hommes de ce monde ont fait. Après leur mort, rien ne paraîtra devant Dieu que leurs péchés, au jour du jugement. Tandis qu’il n’est pas nécessaire de dire, dans ce monde, ce qu’ont fait les croyants; c’est Dieu qui en prend connaissance et qui le manifestera en Son jour. On remarque cela dans les oraisons funèbres. Pour quelqu’un du monde, on fait l’éloge de ce qu’il a fait et de ce qu’il a été. Pour un chrétien, on parle plutôt de ce que le Seigneur a fait pour lui.
Comme nous l’avons remarqué précédemment, on voit, par ce qui est dit d’Adam aux versets 3 à 5, comment il faut comprendre les généalogies. C’est celui qui entre dans la généalogie du Seigneur qui est nommé, qu’il soit le premier-né ou non. Si l’on n’avait que ce qui est dit d’Adam dans ce chapitre, on croirait que Seth était son premier-né. C’est celui que Dieu reconnaît qui a la primauté sur les autres. Au chapitre 11:26, il est dit que Térakh engendra Abram, Nakhor et Haran, alors qu’Abram était beaucoup plus jeune que ses frères.
Au verset 1, il est dit que Dieu créa Adam à Sa ressemblance; et, au verset 3, il est dit qu’Adam engendra un fils à sa ressemblance. Il ne pouvait en être autrement; c’était un homme pécheur, dont nous avons tous porté l’image. Mais, par la grâce de Dieu, «comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste» (1 Cor. 15:49).
La première chose qui frappe en lisant ce chapitre, c’est qu’après avoir donné le nombre des années de ces hommes, si grands qu’ils soient, il est dit chaque fois, sauf pour Hénoc, «Et il mourut». Quelle qu’en soit la durée, la vie se termine par la mort. «Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché» (Rom. 5:12). Cette série de morts est interrompue par Hénoc, qui «fut enlevé pour qu’il ne vît pas la mort; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu l’avait enlevé; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu» (Héb. 11:5). Il marcha avec Dieu trois cents ans, et «il ne fut plus, car Dieu le prit». Quel beau témoignage, au milieu d’un monde où «toute chair avait corrompu sa voie» (6:12). Marcher avec Dieu, c’est marcher où Dieu marcherait dans un tel milieu, où le Seigneur a marché ici-bas, étant la manifestation de Dieu dans un homme; une marche caractérisée par la sainteté, l’amour, la vérité, la fidélité, la patience, etc. On voit comment Dieu pouvait se faire connaître de ces hommes dans ce temps-là. Dans toux ceux que ce chapitre énumère, il dut y avoir beaucoup de choses à la gloire de Dieu, mais qui n’entraient pas dans ce qui constitue la Parole de Dieu. Mais, si elle ne nous donne pas des détails qui nous eussent intéressés, elle éclaire la scène par des vérités fondamentales. Toute cette descendance de Seth est caractérisée par ce qui est dit au dernier verset du chapitre précédent: «Alors on commença à invoquer le nom de l’Éternel». Ayant compris que l’homme est mortel, invoquer le nom de l’Éternel implique non seulement le salut: «Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé» (Joël 2:32), mais une marche dans la séparation de tout ce qui est incompatible avec ce nom, car le nom est l’expression de la personne qui le porte. Cette invocation est aussi liée au culte et à toute une vie de piété. «Je te sacrifierai des sacrifices d’actions de grâces, et j’invoquerai le nom de l’Éternel» (Ps. 116:17; voir aussi le verset 13). On l’invoque aussi dans la détresse (v. 3 et 4 du même psaume). Sans doute qu’Hénoc réalisa cette proximité de Dieu d’une manière toute particulière. En marchant avec l’Éternel, on apprend à Le connaître plus intimement. Si Seth avait compris l’état de l’homme mortel en nommant son fils Énosh, lui et ses descendants, comme Adam et Abel, avaient aussi compris que les ressources sont en Dieu et que, par la foi, ils avaient part à une vie qui aurait sa manifestation dans un jour glorieux à venir. En marchant avec Dieu, Hénoc avait compris cela et, dans l’intimité de cette marche, Dieu lui avait révélé la fin de toute la méchanceté des hommes et les jugements à venir. Nous lisons en Jude 14 et 15: «Or Énoch aussi, le septième depuis Adam, a prophétisé de ceux-ci, en disant: Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies d’entre eux de toutes leurs œuvres d’impiété qu’ils ont impiement commises et de toutes les paroles dures que les pécheurs impies ont proférées contre lui». Ainsi, de tout temps, Dieu fait connaître Ses pensées à celui qui vit près de Lui et Lui est fidèle, soit pour l’avenir des méchants, soit pour celui des justes. «Les choses qui se voient sont pour un temps». On ne peut être en communion avec Dieu au milieu de ces choses-là sans qu’Il révèle à la foi «les choses qui ne se voient pas, et qui sont éternelles» (2 Cor. 4:18). Nous nous faisons une faible idée de tout ce que ces croyants de l’Ancien Testament avaient compris dans leurs rapports avec Dieu, nous qui avons la révélation écrite et complète de la part de Dieu. En se trouvant en rapport avec Dieu, ils se trouvaient en relation avec l’éternité. En parlant l’Énoch, en Héb. 11:6, il est dit: «Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent». Là, le mot est exprime l’éternité de Son être, «Je suis». Le croyant sait que tout passe ici-bas, mais, ayant affaire avec le Dieu éternel et possédant la vie éternelle, c’est ce qui gouverne sa conduite pour plaire à Dieu, sachant qu’il en trouvera la rétribution dans l’avenir éternel. C’est ce que les saints des économies précédentes pouvaient avoir compris aussi bien que nous.
La prophétie d’Hénoc était peut-être en rapport avec le déluge, qui vint huit à neuf cents ans plus tard; mais elle dépasse de beaucoup la prédiction de cet événement. On voit, par cette citation de Jude et plusieurs autres, que les Juifs possédaient une histoire plus complète du passé que ce que nous rapportent les écrits inspirés, mais qui, tout en étant vraie, n’avait pas son utilité dans la révélation des pensées de Dieu, sauf les quelques faits qui nous sont rapportés dans le Nouveau Testament. Jude en cite un autre dans le verset 9: la contestation de Michel avec le diable au sujet du corps de Moïse. En 2 Tim. 3:8, on trouve le nom des magiciens qui résistèrent à Moïse. Dans l’intimité des pensées de Dieu et de la connaissance qu’il avait de l’avenir, Hénoc est une figure de l’Église, qui marche avec Dieu en dehors d’un monde qui mûrit pour le jugement. Il fut enlevé pour ne pas voir la mort, comme les saints qui vivront quand le Seigneur viendra; tandis que Noé est une figure d’Israël, qui traverse les jugements qui fondent sur le monde après l’enlèvement de l’Église, pour recommencer un monde nouveau sous le règne de Christ.
Lémec était aussi un homme enseigné de Dieu pour appeler son fils Noé, ce qui signifie: consolation, repos. Le sol avait été maudit; il ne donnait plus sa force. La méchanceté des hommes augmentant, la peine pour obtenir le rendement de la terre était grande, et probablement qu’il ne pleuvait pas, avant le déluge. On soupirait après un changement. Il en est de même aujourd’hui; on soupire après une amélioration de l’état de choses actuel. Les uns pensent qu’il faut prêcher l’évangile par toute la terre pour rendre le monde en état de jouir du règne de Christ; les autres travaillent eux-mêmes à produire le soulagement désiré par des moyens humains opposés à Dieu, tels que le communisme, le fascisme et tant d’autres théories vaines. Tandis que la Parole nous apprend qu’il arrivera comme aux jours de Noé, par l’exercice des jugements prédits déjà par Hénoc et dont le Nouveau Testament nous donne tous les détails. L’Église va être enlevée, et les jugements tomberont sur cette terre pour la purifier de toutes ses souillures, afin d’établir, sous le règne de Christ, le repos de la création qui a été assujettie à la vanité par le péché de l’homme.
Comme nous l’avons déjà vu, ce chapitre nous donne le commencement de la généalogie du Christ, en permettant de compter le temps qui s’écoule en indiquant les âges des hommes. Tandis qu’aucune date n’est donnée avec la descendance de Caïn, pas plus qu’avec celle d’Ésaü au chapitre 36. À mesure que l’on avance dans la révélation de Dieu, l’annonce de la venue de Christ se précise, ainsi que celle de l’établissement de Son règne, montrant ainsi l’importance de ce merveilleux événement. Ésaïe nous dit que c’est d’une vierge qu’Il naîtra (7:14). Michée dit où Il naîtra, à Bethléem (5:2). En Daniel, il est dit à quelle date Il viendra, qu’Il sera rejeté, et ensuite, quand Il établira Son règne (chap. 9).
À cause de tant d’interprétations prophétiques erronées qui ont cours aujourd’hui, nous allons examiner brièvement ce que la Parole enseigne sur cet important sujet, en Daniel 9:20-27.
Les soixante-dix semaines de Daniel
Le prophète Daniel avait compris, par le prophète Jérémie, que le temps de la captivité de Babylone arrivait à son terme (Jér. 25:11). En conséquence, il s’humilie, dans ce chapitre 9, de tous les péchés du peuple qui avaient été la cause de sa déportation. Comme les prophéties qui annonçaient les jugements du peuple étaient souvent suivies de sa restauration et des bénédictions du règne du Messie, Daniel pouvait penser qu’au retour du peuple dans son pays, ces bénédictions s’accompliraient. On voit que c’est cette bénédiction qu’il avait en vue au verset 20, en présentant sa «supplication devant l’Éternel, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu». La sainte montagne désigne Jérusalem et le temple, sur la montagne de Sion. Comme il parlait encore, Dieu lui envoie l’ange Gabriel «pour éclairer son intelligence» (v. 22). Il lui dit: «Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour te la déclarer, car tu es un bien-aimé. Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision» (v. 23). Or si Daniel était rendu intelligent par cette vision, comment ne le serions-nous pas, maintenant que nous possédons l’Esprit de Dieu qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13)? Voici la déclaration: «Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints» (v. 24). Les six faits mentionnés dans ce verset concernent Israël et l’introduction du règne de Christ. Clore la transgression, en finir avec les péchés, faire propitiation pour l’iniquité, qui ont caractérisé toute l’histoire de ce peuple. Sceller la vision et le prophète, c’est l’accomplissement final de toute vision et prophétie. Introduire la justice des siècles, c’est la justice qui caractérisera le règne de Christ. Oindre le saint des saints est l’établissement définitif du temple de Jérusalem pour le millenium. Avec ces soixante-dix semaines, il faut compter un jour pour une année, soit quatre cent quatre-vingt-dix ans. Voici de quand part cette date: «Et sache, et comprends: Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines; la place et le fossé seront rebâtis, et cela en des temps de trouble» (v. 25). Cette date commence environ quatre-vingt ans plus tard, l’an 455 A. C., lorsque Néhémie, qui était échanson du roi Artaxerxès, reçut de ce roi l’autorisation d’aller rebâtir la ville et la muraille de Jérusalem (Néh. 2). Donc quatre cent quatre-vingt-dix ans à partir de cette date, le règne de Christ doit commencer. La première objection à cela, c’est qu’il y a plus de dix-neuf siècles que le Seigneur est venu, et Son règne n’est point établi. Il doit donc y avoir erreur. Absolument pas! Voici pourquoi: Lorsque le Seigneur a été rejeté, Son royaume ne pouvait pas s’établir. Alors l’Église a été suscitée; elle est céleste, étrangère sur la terre; elle attend d’être enlevée pour être avec son Époux, le Seigneur, et revenir avec Lui lorsqu’Il établira Son règne sur la terre. Le temps qu’elle passe sur la terre ne compte jamais dans la prophétie. C’est une parenthèse dans l’histoire de la prophétie, qui ne concerne que la terre, et non ce qui est céleste. Ainsi, malgré les dix-neuf siècles écoulés depuis la mort de Christ, les quatre cent quatre-vingt-dix ans ne sont pas entièrement accomplis. Le verset 25 en donne l’explication: «Jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines — ou quarante-neuf ans — et soixante-deux semaines — ou quatre cent trente-quatre ans»; en tout, quatre cent quatre-vingt-trois ans. Ces sept semaines, qui précèdent les soixante-deux, indiquent le temps durant lequel la ville et le fossé seront rebâtis, au temps de Néhémie, en des temps troublés par les ennemis du peuple. Au bout des soixante-neuf semaines, ou quatre cent quatre-vingt-trois ans, «le Messie sera retranché et n’aura rien». «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous»; «Nous n’avons point d’autre roi que César», disent les Juifs. Mais il reste encore une semaine à accomplir. Dès le moment où le Messie est rejeté, tout demeure en suspens. Le peuple juif est rejeté par Dieu. L’Église est introduite pour un temps indéterminé, qui prend fin par la venue du Seigneur pour l’enlever et ressusciter ceux qui se sont endormis en Lui. Après cela, les temps recommenceront à compter. Ainsi, le temps que l’Église passe sur la terre s’écoule entre la soixante-neuvième semaine et la soixante-dixième. Quatre cent quatre-vingt-trois ans sont accomplis, et sept ne le sont pas encore.
Le verset 26 donne l’explication de ce qui se passera comme conséquence du rejet du Messie. «Et après les soixante-deux semaines — précédées des sept — le Messie sera retranché et n’aura rien; et le peuple du prince qui viendra, détruira la ville et le lieu saint, et la fin en sera avec débordement; et jusqu’à la fin il y aura guerre, un décret de désolations». Ceci est arrivé quarante ans après la mort du Seigneur. Les armées romaines, sous Titus, ont détruit la ville et le temple, et ont emmené captif le peuple qui n’avait pas été mis à mort. Mais Titus n’était pas le prince qui viendra. L’empire romain, quatrième empire des gentils, a cessé d’exister depuis longtemps; il a reçu une plaie mortelle qui doit être guérie (Apoc. 13:3). Il doit se reconstituer — ce dont nous voyons les préliminaires aujourd’hui — pour être détruit par le Fils de l’homme (chap. 7). Il aura à sa tête celui qui est appelé «le prince qui viendra», celui dont la prophétie s’occupe. Au chapitre 7:24, il est désigné par «un autre roi, qui surgira après eux», qui commettra tout ce qui est dit au verset 25 de ce chapitre 7. En même temps que la reconstitution de l’empire romain, les Juifs rentreront dans leur pays — ce qui commence aussi actuellement — et ils auront pour roi l’Antichrist. Ce futur chef de l’empire romain fera «une alliance avec la multitude, pour une semaine», la dernière des soixante-dix. La multitude désigne les Juifs apostats. Mais, au milieu de la semaine, alors qu’il reste encore trois ans et demi à accomplir, ce roi impie, d’accord avec le roi des Juifs, l’Antichrist, ne veut pas qu’on adore plus longtemps l’Éternel dans Son temple, et se fait adorer lui-même. «Il fait cesser le sacrifice et l’offrande», c’est-à-dire le culte rendu à l’Éternel que les Juifs fidèles avaient rétabli. C’est l’apostasie juive. Mais une pareille iniquité attirera sur le peuple juif un jugement terrible et final, décrit en ces termes: «Et à cause de la protection des abominations il y aura un désolateur; et jusqu’à ce que la consomption et ce qui est décrété soient versés sur la désolée» (v. 27). L’abomination désigne une idole, ou l’idolâtrie (Deut. 27:26). La protection des abominations désigne le fait que les Juifs admettent et protègent l’idole, l’image de la bête (voir Apoc. 13:14, 15), qui est adorée dans le temple à la place de Dieu. À cause de cela, il y a la verge de Dieu, par un désolateur appelé l’Assyrien, ou roi du nord dans beaucoup de prophètes. Il vient fondre sur le peuple apostat, lui fait subir un châtiment effrayant, accomplissant «la consomption de ce qui est décrété sur la désolée»; expression qui veut dire: l’accomplissement final de tous les jugements qui ont été décrétés sur Jérusalem — «la désolée» — et le peuple juif. Alors le Seigneur arrive et détruit tous Ses ennemis, et établit Son règne de paix. Les soixante-dix semaines, ou quatre cent quatre-vingt-dix ans, sont accomplies. Il faut se souvenir qu’il n’y a point d’autres dates données, dans la Parole, pour désigner les événements prophétiques.
À la fin de Daniel, on trouve deux autres dates: mille deux cent quatre-vingt-dix jours, soit trente de plus que la demi-semaine, et mille trois cent trente-cinq, encore quarante-cinq jours de plus. Ces dates indiquent le temps paisible du commencement du règne, après les jugements exercés par le Seigneur. C’est pourquoi il est dit: «Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours! Et toi — Daniel — va jusqu’à la fin; et tu te reposeras, et tu te tiendras dans ton lot, à la fin des jours». Daniel aurait son lot, non pas tout de suite, comme il aurait pu le penser, mais à la fin, lorsque le Seigneur aurait établi Son règne. Il en jouirait depuis le ciel avec tous les saints glorifiés.
Entre l’enlèvement de l’Église et le commencement de la dernière demi-semaine, il s’écoule un temps indéterminé, mais pas long, durant lequel le retour des Juifs s’achève; le règne de l’Antichrist commence; l’empire romain se reconstitue; ces deux peuples font alliance, ce qui commence, selon Dan. 9:27, la soixante-dixième semaine. Mais c’est la seconde moitié de cette semaine qui est importante pour la prophétie, surtout dans l’Apocalypse, où elle est désignée par quarante-deux mois, au chapitre 11:2 et 13:5; un temps, deux temps et la moitié d’un temps, au chapitre 12:14; mille deux cent soixante jours, chapitre 12:6. En Apocalypse, la première moitié de cette semaine n’est pas nommée. La seconde a son importance, à cause du grave péché qui établit une idole et, par elle, un homme à la place de Dieu, dans Son temple, ce qui provoque la terrible persécution du résidu pieux, appelée «la grande tribulation», dont le Seigneur avertit les disciples, en Matt. 24:15-28 et Marc 13:14-27. Ce résidu sera délivré lors de la venue du Fils de l’homme, et sera le vrai Israël avec lequel le règne commencera.
Les temps indiqués en Daniel 9 se répartissent ainsi:
- À partir du décret d’Artaxerxès, en Néh. 1
- Reconstruction de Jérusalem, sept semaines, soit 49 ans
- De ce temps-là au rejet du Messie, 62 semaines, ou 434 ans
- Intervalle de la durée de l’Église (…)
- Dernière semaine, après l’enlèvement de l’Église 7 ans
soit 490 ans.
Chapitre 6
Les deux premiers versets de ce chapitre parlent d’une chose étrange, qui ne s’est pas renouvelée dans l’histoire de l’humanité. «Les fils de Dieu virent les filles des hommes, qu’elles étaient belles, et ils se prirent des femmes d’entre toutes celles qu’ils choisirent». Ces fils de Dieu étaient des anges; beaucoup ont cru qu’il s’agissait des fils des croyants. L’expression «fils de Dieu», dans l’Ancien Testament, désigne des anges, jamais des hommes (voyez Job 1:6 — Dan. 3:25). Le mot «homme», aux versets 1, 2 et 4, comme on le voit en note de la Bible, désigne la race humaine, en contraste avec celle des anges. Or les fils des croyants étaient aussi bien de la race humaine que les fils des non-croyants. En Jude 6:7, il est fait allusion à la culpabilité de ces anges. Dieu « a réservé dans des liens éternels, sous l’obscurité, pour le jugement du grand jour, les anges qui n’ont pas gardé leur origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure; comme Sodome et Gomorrhe, et les villes d’alentour, s’étant abandonnées à la fornication de la même manière que ceux-là — les anges qui n’ont pas gardé leur origine — et étant allées après une autre chair, sont là comme exemple, subissant la peine d’un feu éternel». On trouve aussi une allusion en 2 Pierre 2:4: «S’il n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais, les ayant précipités dans l’abîme, les a livrés pour être gardés dans des chaînes d’obscurité pour le jugement». Tandis que les autres anges déchus sont encore en liberté. Ils sont appelés «les principautés, les autorités, les dominateurs de ces ténèbres, la puissance de méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éph. 6:12). Ceux-là sont toujours actifs pour faire le mal et induire au mal, auxquels nous avons à résister en revêtant l’armure complète de Dieu. Tandis que nous n’avons rien à faire avec ceux qui ont été précipités dans l’abîme, gardés dans des chaînes d’obscurité. Dieu a sans doute agi envers ceux-là de manière qu’un tel péché ne se renouvelât point. La Parole ne nous en dit pas davantage. Les hommes issus de ces unions surnaturelles étaient des «hommes de renom, les vaillants hommes de jadis». Et il y avait aussi des géants sur la terre, un état de choses, fruit du péché, qui, avec la corruption et la violence, ne pouvait être supporté par Dieu plus longtemps. «L’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps». Aussi décida-t-Il que les jours des hommes ne seraient plus que de cent vingt ans. «L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur. Et l’Éternel dit: J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, etc.». Il peut paraître étrange que Dieu se repentit; mais la vraie signification de la repentance n’est pas, comme on le pense en général, regretter d’avoir mal agi. La repentance est un changement de pensées, de disposition à l’égard d’une chose. L’enfant prodigue était repentant lorsqu’il changea de pensées vis-à-vis de son père et de sa conduite, et qu’il revint à la maison paternelle. Dieu avait créé les hommes, pensant à leur bonheur; après le péché, Il les avait supportés. Maintenant, à cause de leur conduite, Il change de pensée, et Il va les détruire.
Noé trouva grâce devant l’Éternel au milieu de cette génération corrompue. Au moment où le déluge vint, tous ceux qui sont énumérés au chapitre 5 étaient morts. Methushélah dut mourir l’année du déluge, et Lémec cinq ans avant.
Il est dit de Noé qu’il était un homme juste, qu’il était parfait parmi ceux de son temps. De même qu’Hénoc, il marchait avec Dieu. Beau témoignage! Un homme juste est celui qui agit selon la pensée de Dieu; il pratique la justice. Pour cela, il faut avoir la vie de Dieu. Dans le Nouveau Testament, un juste est celui que Dieu a justifié. Il ne voit plus aucun péché sur lui, en vertu de l’œuvre de Christ. Par conséquent, il doit pratiquer la justice.
Pendant le siècle qui précéda le déluge, Noé eut trois fils, Sem, Cham et Japheth. Ils n’eurent des enfants qu’après le déluge. Sem eut un fils, Arpacshad, deux ans après le déluge (11:10).
La terre était alors corrompue et pleine de violence. La corruption et la violence sont les deux grands caractères du mal dans tous les temps. Le livre des Proverbes met en garde contre ces deux formes du mal. Voyez, pour la violence, 1:10-19; 2:12-15; 4:14-19, entre autres. La corruption est caractérisée, dans ce livre, par la «femme étrangère», qui est prise comme emblème de ce mal. Elle représente tout ce qui a de l’attrait pour le cœur de l’homme, en dehors de ce qui est selon Dieu, tout ce par quoi l’homme est séduit. Il y a plus de corruption que de violence; cette forme de mal est plus familière au cœur de l’homme naturel. «Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie». L’homme ne craignant plus Dieu, dans un temps où il n’y avait pas de gouvernement établi au milieu des hommes, comme il le fut plus tard sous Noé, le mal s’accomplissait sans crainte d’être réprimé, malgré qu’il y eût, durant tout ce temps, le témoignage des hommes qui eurent affaire avec Dieu, comme Adam et ses descendants énumérés au chapitre précédent. Lémec, le père de Noé, vécut au moins cinquante ans en même temps qu’Adam. Aussi la patience de Dieu arrivait à son terme. «Dieu dit à Noé: La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d’eux; et voici, je vais les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gopher». Dieu voulait conserver sa famille, en tout huit personnes, ainsi que des animaux de chaque espèce pour repeupler une terre nouvelle, purifiée par les jugements. Dieu donna à Noé toutes les indications pour construire l’arche. Elle devait être en bois de gopher, sorte de cyprès très résineux et dur, résistant à l’eau. Il devait l’enduire, dedans et dehors, de poix, pour que ses parois fussent parfaitement étanches. La dimension et la division des pièces sont soigneusement ordonnées. Cela faisait un navire d’environ cent trente-cinq mètres de long sur trente deux de large. Tout ce qui était nécessaire pour la nourriture des personnes et des animaux était prévu. Dieu est un Dieu d’ordre, qui s’occupe des plus petits détails concernant les Siens, comme aussi de toutes Ses créatures. Si cette arche de salut pour la famille de Noé était construite sûrement et avec tant de soins, combien plus le grand moyen de salut dont elle est une figure, est-il une chose sûre, pour tous ceux qui désirent en profiter.
Au verset 16, on voit que la fenêtre était placée au-dessus, et non dans les côtés. La raison de cette disposition nous offre un précieux enseignement. Dieu voulait que les regards de ceux qui étaient dans l’arche, durant ce temps terrible de jugement, fussent dirigés vers Lui, et non sur les scènes affreuses qui se produisaient autour de l’arche, lorsque les hommes mouraient à mesure que les eaux s’élevaient, tableau propre à effrayer ceux qui étaient à l’abri. Il en est de même pour nous, lorsque nous passons par des épreuves souvent douloureuses; ce n’est pas sur elles qu’il faut porter les regards, mais sur Dieu, qui demeure au-dessus de la scène et duquel vient le secours, Lui qui «s’assied sur les flots» (Ps. 29:10). Ce mot "flots" est le même que le mot "déluge", au verset 17 de notre chapitre. Dieu domine tout; que les temps soient troublés ou sereins, les ressources de la foi sont en haut, en Dieu Lui-même. C’est ce que Seth avait compris en invoquant le nom de l’Éternel. Voyez aussi le Psaume 11:3-4, déjà cité au chapitre 3.
L’Éternel dit à Noé: «Et j’établis mon alliance avec toi, et tu entreras dans l’arche, toi, et tes fils et ta femme et les femmes de tes fils avec toi. Et de tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l’arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi» (v. 18-19). On voit que toute la famille de Noé vivait, lorsque Dieu lui ordonna de construire l’arche (v. 13-21), puisqu’Il la désigne en entier. Les versets 1 à 8 disent ce que Dieu pensait en voyant l’état de ce monde corrompu, alors qu’Il décida que leurs jours ne seraient plus que de cent vingt ans. À ce moment-là, Noé n’avait pas encore de famille. Donc ce n’est pas exact de dire que Noé mit cent vingt ans à construire l’arche.
Comme Hénoc est une figure des saints célestes qui seront enlevés avant les jugements, sans passer par la mort, Noé est une figure du résidu juif qui traversera le temps des jugements sur la terre, pour recommencer un monde nouveau après la destruction des méchants. L’Église, étant céleste, attend d’être enlevée pour être introduite dans sa patrie, tandis que les bénédictions du peuple juif sont terrestres. Les jugements de Dieu, qui doivent purifier la terre actuelle de tout le mal qui s’y trouve, doivent précéder les temps où ils seront mis en possession de leurs bénédictions. Mais le résidu devra traverser ces jugements pour se trouver sur la terre renouvelée et jouir du beau règne du Fils de l’homme.
Noé est appelé, en 2 Pierre 2:5, «prédicateur de justice». Soit en paroles, soit par la construction de l’arche, il annonçait aux hommes ce qui était juste et ce qui allait arriver en conséquence de leur conduite. C’est aussi ce que l’évangile présente aux hommes maintenant. Malgré cela, il est dit, en Matt. 24:39, qu’ils «ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vînt et les emporta tous». Pour connaître ce que Dieu dit, il faut croire. Noé annonçait un événement qui ne s’était jamais vu; aujourd’hui, on annonce la venue du Seigneur, qui ne s’est jamais vue non plus. Ceux qui ne croient pas ne connaîtront rien jusqu’à ce que cet événement ait eu lieu, alors qu’il sera trop tard. La foi croit ce qui ne se voit pas, ce que Dieu dit. Les avertissements n’ont pas manqué au monde antédiluvien. Il est dit, en 1 Pierre 3:19-20, que Christ, par l’Esprit, au moyen de Noé, a prêché aux esprits qui sont maintenant en prison, c’est-à-dire lorsqu’ils étaient sur la terre, quand la patience de Dieu attendait, dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait; passage auquel on fait dire que le Seigneur est allé prêcher aux morts pendant qu’Il était dans le sépulcre; d’où l’on déduit que ceux qui meurent peuvent encore recevoir le salut, et que maintenant, il y en a qui, en mourant, vont prêcher aux morts, ce qui est absolument faux. Le temps dans lequel il est possible d’être sauvé est celui qui précède la mort; après, c’est trop tard. En lisant ce passage de Pierre, il faut comprendre que tout ce que Dieu accomplit l’est par Son Esprit. Cet Esprit est appelé l’Esprit de Christ. C’est Christ qui opère par Lui et, pour cela, Il emploie des instruments humains. Pour le monde antédiluvien, Il s’est servi de Noé, «le prédicateur de justice». En 1 Pierre 1:11, il est dit que c’est par l’Esprit de Christ que les prophètes prophétisaient. C’est pourquoi il est dit, dans ce chapitre 3 de 1 Pierre, que Christ, ayant été vivifié par l’Esprit, a, par ce même Esprit, prêché aux esprits qui sont en prison, alors qu’ils étaient sur la terre, pendant que l’arche se construisait, et non depuis qu’ils sont morts.
Disons encore que lorsque Noé est appelé «huitième», en 2 Pierre 2:5, cela ne veut pas dire qu’il était le huitième prédicateur de justice; il y a une virgule entre prédicateur et huitième. Il était le huitième des huit personnes qui entrèrent dans l’arche, telles qu’elles sont énumérées en 1 Pierre 3:20.
Chapitre 7
L’arche étant construite, l’Éternel dit à Noé: «Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi en cette génération». Dans ce passage, nous avons la première mention de la maison d’un croyant et, avec cela, ce qui la caractérise, savoir la position de son chef devant Dieu. Dieu ne dit pas à Noé qu’Il a vu toute sa maison juste devant Lui; elle devait l’être. C’est Noé, chef responsable de sa maison, qui était juste. Dieu ne sépare pas l’état pratique de la maison de celui de son chef. «Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel», dit Josué (24:15; voyez aussi Gen. 18:19). La Parole considère toujours les choses dans leur état normal, et c’est ainsi que nous avons à les considérer. La marche d’un père croyant doit se voir dans sa famille. Il a une grande responsabilité; mais il a, en Dieu, les ressources nécessaires pour agir selon cette responsabilité qui, comme toute responsabilité, découle d’un grand privilège. Les enfants sont tenus d’obéir, et le père chrétien est censé ne leur ordonner que ce qui est selon Dieu. Pour qu’il puisse enseigner les Siens, il faut qu’il marche lui-même selon les enseignements de la Parole de Dieu.
Des animaux purs, Noé devait en prendre sept paires, et des impurs une seule. Il devait prendre aussi des oiseaux et de tout ce qui rampe sur le sol, afin de repeupler la terre, une fois purifiée par les eaux du jugement. Dieu fit entrer tous ces animaux, deux par deux, vers Noé, qui y entra lui-même avec toute sa famille, l’an six cents de sa vie. Et, au bout d e sept jours, le déluge commença, au second mois, le dix-septième jour du mois. Il est dit au verset 16: «Et l’Éternel ferma l’arche sur lui». Cette porte n’avait pu être ouverte que par Dieu, qui donnait à un monde impie le temps de se repentir. Après le temps de patience de Dieu écoulé, Lui-même la ferma. Il en sera de même pour le monde actuel; lorsque le temps de la patience de Dieu, qui dure depuis dix-neuf siècles, sera terminé, la porte du salut sera aussi fermée par Lui, pour tous ceux qui auront entendu l’évangile de la grâce. Cette porte, ouverte par la grâce, se fermera par la justice de Dieu. Combien il est important d’entrer aujourd’hui, pendant que la porte est ouverte, afin de ne pas s’exposer à crier en vain, comme les vierges folles: «Seigneur, Seigneur, ouvre-nous», pour ouïr cette terrible réponse: «Je ne vous connais pas».
D’après les versets 6 à 10, sept jours s’écoulèrent depuis que Noé fut entré dans l’arche jusqu’à ce que le déluge commençât. Temps d’épreuve pour ceux qui étaient dans l’arche, exposés, sans doute, à la moquerie de ceux qui les entouraient, voyant que les eaux ne tombaient point comme Noé l’avait prédit. Il en est de même dans l’économie actuelle où, dès son début, la venue du Seigneur est annoncée pour mettre fin au temps de la grâce et ouvrir l’ère des jugements; et voici, le Seigneur n’est pas encore venu. Les moqueurs peuvent dire, en effet: «Où est la promesse de sa venue?»; vous voyez que ce que vous dites ne s’accomplit pas. Mais la patience de Dieu est parfaite, perfection exprimée par le nombre sept. Si Dieu attendit sept jours depuis que Noé fut à l’abri, Il attend pendant un temps d’une durée aussi parfaite de fermer la porte du salut. Lorsque le Seigneur viendra pour enlever les saints et ensuite, lorsqu’Il viendra dans Sa gloire pour établir Son règne, il en sera de même qu’aux jours de Noé, est-il dit: «On mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage… et ils ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous» (Matt. 24:37-39).
Noé et sa famille étant en sécurité, «toutes les fontaines du grand abîme se rompirent et les écluses des cieux s’ouvrirent; et la pluie fut sur la terre quarante jours et quarante nuits». La terre rentra, pour ainsi dire, dans les eaux d’où elle avait été tirée le troisième jour. Au second jour, Dieu avait séparé les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec celles qui sont au-dessus; ces eaux se rejoignirent momentanément pour submerger la terre. Pierre, répondant à ceux qui se moquent de la venue du Seigneur, en disant que toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création, dit qu’ils ignorent volontairement que, «par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d’alors fut détruit, étant submergé par de l’eau» (2 Pierre 3:4-6). En introduisant la Parole du Dieu Tout-puissant, tous les raisonnements des hommes au sujet du déluge sont anéantis: Comment put-il se faire? Fut-il universel? etc. Celui qui, par Sa parole, a créé et a fait sortir la terre des eaux qui l’entouraient, au verset 9 du chapitre premier, pouvait, par Sa parole, la faire disparaître sous l’eau par les moyens qu’Il trouverait bons; comme, par Sa parole, Il la réserve pour le feu.
L’arche s’éleva, portée par les eaux, qui dépassèrent de quinze coudées les plus hautes montagnes. Les eaux se renforcèrent sur la terre cent cinquante jours. Tout ce qui avait vie fut détruit, sauf ce qui était dans l’arche. Mais, tout terrible et universel qu’ait été ce jugement par l’eau, il était partiel, puisque l’arche flottait au-dessus des eaux, avec tous ceux qu’elle abritait. Tandis que la terre actuelle est réservée pour le feu, emblème d’un jugement complet. Le feu ne laisse subsister que ce qui peut le supporter, et nous savons que, lorsque la terre passera par le feu, il n’y aura rien en elle qui puisse y résister. «Les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement» (2 Pierre 3).
Chapitre 8
«Et Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux et de tout le bétail, qui étaient avec lui dans l’arche». Dieu pense à toutes Ses créatures avec bonté. Il ferma les fontaines de l’abîme et les écluses des cieux, et Il envoya un vent qui fit baisser les eaux, qui diminuèrent au bout de cent cinquante jours. Et l’arche se reposa sur les montagnes d’Ararat. Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche, et lâcha un corbeau, oiseau impur qui allait et revenait, trouvant suffisamment de nourriture dans ce qui avait été l’objet des jugements de Dieu; figure de l’homme naturel, qui trouve ce qui lui convient au milieu d’une scène de mort. Noé lâcha aussi une colombe; mais, ne trouvant pas où poser la plante de son pied, elle revint à lui dans l’arche. La colombe, figure du saint, revient à l’arche, à Christ, ne pouvant se nourrir de ce qui satisfait le cœur naturel dans un monde jugé. Au bout de sept jours, Noé lâcha de nouveau la colombe, qui revint à lui avec une feuille d’olivier, produit de la terre renouvelée? Alors Noé connut que les eaux avaient baissé. Après sept jours, il lâcha de nouveau la colombe, qui ne revint pas.
L’an six cent un, au premier mois, le premier jour du mois, Noé enleva la couverture de l’arche, et il vit que la face du sol avait séché. Au second mois, le vingt-septième jour du mois, la terre fut sèche. Ainsi, Noé et les siens demeurèrent dans l’arche un an et dix jours. Comme ils étaient entrés au commandement de Dieu, ils n’en sortirent que lorsqu’ils en reçurent l’ordre, v. 15-19.
Tout allait reprendre vie sur une terre purifiée du mal qui l’avait caractérisée; et Dieu recommence avec une terre nouvelle, pour y manifester Ses voies qui aboutiront à l’accomplissement de Ses conseils éternels. La première phase de l’histoire de l’homme s’est terminée par le jugement, comme toutes les économies subséquentes l’ont été et le seront, en ce qui concerne la responsabilité de l’homme, qui a toujours failli, mais au travers desquelles Dieu a toujours accompli Ses desseins de grâce et d’amour qui triomphent de tout, jusqu’à l’établissement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre.
Lorsque Noé fut sorti avec tout ce qui était dans l’arche, il bâtit un autel à l’Éternel, et prit de toute bête pure et de tout oiseau pur, et offrit des holocaustes sur l’autel. Le premier besoin de cet homme pieux se rapporte à ce qui convient à Dieu, avant de tirer parti pour lui de sa nouvelle situation. Il offre en holocauste de tout animal pur; ce sacrifice que Dieu seul peut apprécier, qui Lui présente les perfections de la victime sainte que fut Son Fils se dévouant pour la gloire de Son Dieu. «Et l’Éternel flaira une odeur agréable», ou une odeur de repos. Car c’est en vertu de la perfection du sacrifice de Christ que Dieu peut recevoir le pécheur repentant et qu’Il trouvera Sa satisfaction dans un monde renouvelé, alors que la terre «sera pleine de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Hab. 2:14 — És. 11:9). Par le sacrifice de Christ, toutes choses ont été réconciliées avec Dieu (Col. 1:20).
C’est la première fois que l’on trouve un autel. Il est l’emblème du culte, où le sacrifice de Christ est présenté à Dieu. Dans le sacrifice d’Abel, le pécheur était agréé de Dieu; mais celui-ci est en faveur de la création tout entière. En vertu de cette odeur agréable, l’Éternel dit: «Je ne maudirai plus de nouveau le sol à cause de l’homme, car l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse; et je ne frapperai plus de nouveau tout ce qui est vivant, comme je l’ai fait». L’histoire du monde entre dans une nouvelle phase qui, avec des économies diverses, va jusqu’à la fin. Dieu ne maudira plus le sol comme Il l’avait fait à la chute, ce qui avait rendu le labeur de l’homme si dur, ainsi que le dit Lémec à la naissance de Noé. L’homme était dès lors soulagé. C’est ce qui arrivera pleinement sur la terre millénaire. En vertu du sacrifice de Christ, Dieu pourra accomplir Ses pensées de paix dans un monde purifié par les jugements qui vont fondre sur lui.
Une autre raison est donnée pour ne pas répéter un semblable jugement sur les hommes; c’est que «l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse». Dieu prendra patience envers lui, mais c’est inutile de le frapper; cela ne change pas son cœur. Pour obtenir quelque chose de lui, il faut une nouvelle naissance. Elle est nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu; elle est tout aussi nécessaire pour le peuple terrestre, qui jouira des bénédictions terrestres dans le millenium. C’est ce que Nicodème ne comprenait pas lorsque le Seigneur lui dit qu’il faut naître de nouveau, lors même que les prophètes avaient annoncé que le peuple devait passer par la nouvelle naissance, pour jouir du règne du fils de David. Voyez Ézé. 36:25-27; 37:7-10. Jésus lui dit: «Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas — c’est-à-dire de la nouvelle naissance, pour entrer dans le royaume de Dieu — comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes?», savoir les choses que le Seigneur introduirait à la suite de Son rejet, choses célestes dont les prophètes n’avaient pas parlé. Depuis le déluge, Dieu prend patience envers les hommes, en les plaçant dans des conditions diverses pour faire l’épreuve de ce qu’ils valent, ayant toujours Ses regards dirigés sur Son Fils pour accomplir Ses conseils de grâce pour le ciel et la terre.
«Désormais, tant que seront les jours de la terre, les semailles et la moisson, et le froid et le chaud, et l’été et l’hiver, et le jour et la nuit, ne cesseront pas». Le cours naturel des choses ne sera pas interrompu et, en premier lieu, Dieu donne à l’homme l’assurance que sa nourriture ne lui manquera pas; car tant que seront les jours de la terre, les semailles et la moisson ne cesseront pas. Nous avons dans ce passage la première mention que la terre ne durera pas toujours. Mais elle sera remplacée par une nouvelle terre où la justice habitera.
Chapitre 9
Dieu recommence cette nouvelle phase de l’histoire de l’homme en bénissant Noé et ses fils, et leur disant, comme à Adam, de multiplier et de remplir la terre. L’Éternel avait commencé avec Adam, après la chute, en le revêtant d’un vêtement qui le rendit capable de se tenir devant Lui. Maintenant, la création tout entière subsiste en vertu de la bonne odeur du sacrifice que Noé offrit à l’Éternel en sortant de l’arche. Adam dominait sur tous les animaux selon l’autorité que Dieu lui avait donnée, comme chef sur cette création. Après le déluge, les animaux sont assujettis à l’homme par la crainte: «Vous serez un sujet de crainte et de frayeur pour tout animal de la terre… ils sont livrés entre vos mains». Ce n’est pas la paix qui caractérisera le millenium, dont la création tout entière jouira, et à laquelle les pauvres animaux, craintifs et sauvages aujourd’hui, auront une part. Voyez, entre autres, És. 11:6-9; 65:25.
Une modification est encore apportée à la nourriture de l’homme. Avant la chute, il devait se nourrir de fruits (1:29). Après la chute, Dieu ajoute à sa nourriture «l’herbe des champs», les légumes. Après le déluge, la chair des animaux lui est donnée. Mais Dieu se réserve le sang, la vie, qui Lui appartient; l’homme ne peut en manger. On voit la bonté de Dieu qui pourvoit à une nourriture plus substantielle, à mesure que l’humanité dégénère sous les effets du péché. La vie fut diminuée de moitié, et bientôt des deux tiers, pour arriver en peu de siècles à la longévité actuelle. Mais, si l’homme peut verser le sang des animaux pour se nourrir de leur chair, Dieu lui défend de verser le sang de l’homme: «Certes je redemanderai le sang de vos vies; de la main de tout animal je le redemanderai, et de la main de l’homme; de la main de chacun, de son frère, je redemanderai la vie de l’homme» (v. 5). Les animaux ne sont pas responsables comme l’homme, s’ils causent la mort d’un homme; mais lorsque Dieu ordonna Ses statuts au peuple d’Israël, Il dit, en Exode 21:28, que le bœuf qui cause la mort d’un homme ou d’une femme doit être lapidé. Dieu affirme par cela que la vie appartient à Lui seul. Il est utile de remarquer que la défense de manger le sang n’est pas une ordonnance concernant seulement les chrétiens ou les Juifs, mais tout homme. Cette défense fut simplement renouvelée à Israël en Lév. 7:26; 17:12-13 — Deut. 12:16, 23; 15:23, et aux chrétiens en Actes 15:20, 29. Il y a des responsabilités auxquelles tous les hommes sont assujettis comme créatures de Dieu; il y en a qui ne concernent que les Juifs, et d’autres que les chrétiens. Mais le chrétien doit observer tout ce que Dieu a imposé à l’homme en tant que créature de Dieu: tout ce qui concerne les relations naturelles, le travail, la défense de manger le sang, de répandre celui de l’homme et par conséquent de s’ôter la vie; en un mot, tout ce qui concerne l’humanité. Le Seigneur a observé tout cela. On allègue souvent, pour s’autoriser à manger le sang, que l’apôtre Paul dit, en 1 Cor. 10:25: «Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie». Mais, selon la pensée de Dieu, il ne doit point se vendre de sang à la boucherie; c’est défendu à celui qui le vend comme à celui qui le mange, qu’il soit chrétien ou non.
Une autre chose est introduite avec la défense de répandre le sang. Si Dieu dit qu’Il redemandera le sang de la main de celui qui l’a versé, il confie à l’homme l’exécution de cette sentence sur celui qui l’aura versé, disant: «Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé; car, à l’image de Dieu, il a fait l’homme» (v. 6). C’est ce qui constitue le gouvernement confié à l’homme en Noé; ce qui n’existait pas dans le monde antédiluvien, où la violence se donnait libre cours sans crainte de répréhension. Dieu voulut mettre un frein à cette terrible disposition du cœur de l’homme que les eaux du déluge n’ont pas changé. C’est pourquoi l’épée est emblème de l’autorité que Dieu a confiée à l’homme. Paul dit du magistrat, en Rom. 13:4, qu’«il ne porte pas l’épée en vain; car il est serviteur de Dieu, vengeur pour exécuter la colère sur celui qui fait le mal». Donc la peine de mort est un ordre divin; elle ne doit pas être abolie. Sous prétexte d’être plus sage et charitable que Dieu, les hommes l’ont supprimée, ce qui a pour effet de multiplier les crimes et de ramener, en pleine chrétienté, la violence qui caractérisait le monde avant le déluge. Hélas! Tous les péchés accomplis dans les économies précédentes reparaissent en pleine chrétienté, malgré la pleine révélation que Dieu a faite de Ses pensées, en grâce et en vérité, dans le christianisme. Comparez Rom. 1:28-32 et 2 Tim. 3:1-5. Ce n’est pas seulement parce que la vie appartient à Dieu qu’il ne faut pas l’ôter, mais parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu. Puisque l’homme avait été placé dans ce monde comme représentant de Dieu, quoique cette image soit bien effacée, celui qui élève sa main contre lui l’élève contre Dieu. Dans son épître, chapitre 3:9, Jacques montre comme une chose fort grave de maudire l’homme, parce qu’il a été fait à la ressemblance de Dieu. Le maudire, c’est maudire Dieu. Que l’homme se soit dégradé par le péché n’autorise pas à agir contre lui en opposition à la pensée de Dieu en le créant. Il en est de même avec les créatures supérieures, les anges; quoique déchus, ils doivent être considérés avec la dignité dont Dieu les a revêtus lorsqu’Il les créa. C’est pourquoi Michel l’archange ne prononça pas le jugement injurieux contre Satan, lorsqu’il contestait avec lui touchant le corps de Moïse; mais il lui dit: «Que le Seigneur te censure» (Jude 9). Parce que, dans la hiérarchie angélique, Satan occupait une position supérieure à celle de Michel; ce qui nous montre, comme nous le disions plus haut, que l’homme doit reconnaître les choses telles que Dieu les a faites ou instituées au commencement, et agir en conséquence. À l’égard du mariage, le Seigneur maintient ce qui était au commencement (Matt. 19:8 et Marc 10:6). Mais combien l’homme s’en est écarté à tous égards! Mais le chrétien doit y revenir!
Après avoir investi Noé du gouvernement, l’Éternel dit: «Et vous, fructifiez et multipliez; foisonnez sur la terre, et multipliez sur elle». Autre ordre de Dieu dont les hommes ne tiennent pas compte; ce qui a pour conséquence qu’au lieu de multiplier et de remplir la terre, certaines populations diminuent.
Dans les versets 8 à 17, l’Éternel expose à Noé l’alliance qu’Il établit avec lui et tout être vivant, pour l’assurer qu’Il ne les détruira plus par les eaux. Il place le signe de cette alliance dans la nuée. Lorsque les nuages apparaîtraient sur la terre pour y déverser la pluie, l’arc-en-ciel apparaîtrait aussi, assurant aux hommes que le déluge ne se renouvellerait pas. Les rayons du soleil, en traversant la pluie, formeraient l’arc-en-ciel, et Dieu se souviendrait de Son alliance entre Lui et toute chair. Nous avons en cela une image de ce qui s’est passé à la croix, où le soleil de la grâce brille pour l’homme au travers du jugement que le Sauveur endura pour le sauver. L’œuvre parfaite de Christ étant accomplie selon toutes les exigences de la majesté divine, Dieu s’en souvient et pardonne au pécheur repentant. C’est Dieu seul qui s’est engagé, dans l’alliance avec Ses créatures. Il n’y a pas deux parties contractantes, comme sous la loi, dont les résultats dépendaient de la fidélité des parties. L’homme, n’ayant pas tenu ses engagements envers Dieu, n’a pu obtenir la vie qui lui était promise. Les hommes ne se préoccupent guère de la signification de l’arc-en-ciel; mais Dieu s’en souvient. Lorsque le trône de Dieu est dressé pour juger le monde, avant l’établissement du règne de Christ, l’arc-en-ciel apparaît autour du trône (Apoc. 4:3), pour montrer que, malgré les terribles jugements qui vont fondre sur les hommes, Dieu se souvient de Son alliance avec la création qui, après ces jugements, jouira des riches bénédictions millénaires. L’apparition de l’arc-en-ciel prouve qu’avant le déluge, il n’avait jamais plu, car ce phénomène absolument naturel aurait eu lieu alors.
Si la terre ne verra plus les eaux du déluge, elle est, comme dit Pierre, réservée pour le feu, emblème du jugement complet, comme nous l’avons déjà dit; mais pour être remplacée par une nouvelle terre, celle des conseils de Dieu, où jamais le péché n’apparaîtra, au milieu des bienheureux qui la peupleront, et sur laquelle Dieu habitera dans Son tabernacle qui est l’Église, la sainte cité, la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21:2-4).
Nous venons de voir ce que Dieu fait pour le bien de Sa créature, récit dans lequel nous voyons percer le triomphe de la grâce, à travers les eaux du jugement. Mais, dans les versets qui suivent, nous voyons ce que l’homme peut faire; tableau qui s’est reproduit chaque fois que Dieu a placé l’homme sous une nouvelle responsabilité. Noé abusa des biens qu’il pouvait retirer de la terre renouvelée, sur laquelle la malédiction de Dieu ne reposait plus comme après la chute. Il s’enivra avec le fruit de la vigne.
L’enivrement moral, dont celui du vin est une figure, ôte les sens et permet à l’homme de se montrer tel qu’il est; il découvre sa nudité devant ses semblables. Il est dit, en Osée 4:11: «La fornication, et le vin, et le moût, ôtent le sens». Cette faute de Noé fut aussi l’occasion de manifester l’état de ses fils. La manière dont se conduisent ceux qui sont témoins des fautes de leurs frères montre aussi quel est leur état moral. Il y a une grande leçon à tirer de la conduite des fils de Noé vis-à-vis de leur père; outre que les enfants doivent le respect à leur père quelle que soit sa conduite, d’après le principe dont nous avons parlé plus haut, reconnaissant les choses telles que Dieu les a créées, malgré les modifications survenues par le péché. Cham aurait pu couvrir son père sans dévoiler à ses frères ce qu’il avait fait; car «l’amour couvre une multitude de péchés» (1 Pierre 4:8). La médisance est un grave péché, plus grave encore s’il s’agit de ses proches. On se souille en le commettant, même en s’en occupant pour le bien de son frère. Médire, c’est rapporter le mal sans nécessité. Au chapitre 19 des Nombres, celui qui avait fait aspersion de l’eau de purification sur celui qui s’était souillé était souillé lui-même; il devait laver ses vêtements (v. 21). Nous ne pouvons nous occuper du mal pour le bien de nos frères sans nous juger nous-mêmes, sachant que nous pouvons tomber dans les mêmes péchés. Tout contact avec le mal souille. Prenons-y garde!
L’irrévérence de Cham à l’égard de son père eut de terribles conséquences pour toute sa race; tandis que le respect de Sem et de Japheth pour leur père eut des conséquences bénies. Dans l’Ancien Testament, il s’agit toujours du gouvernement de Dieu sur la terre, et non des résultats pour le ciel. Cham, ou Canaan, est maudit; il deviendra l’esclave des esclaves de ses frères. De Sem, Noé dit: «Béni soit le Dieu de Sem, et que Canaan soit son esclave». Et de Japheth: «Que Dieu élargisse Japheth, et qu’il demeure dans les tentes de Sem; et que Canaan soit son esclave». La bénédiction de Sem est la plus élevée. Dieu est appelé son Dieu. C’est de lui qu’est issu le peuple de Dieu, et duquel devait naître le Christ, le Sauveur du monde. Japheth sera élargi et demeurera dans les tentes de Sem. Il participera aux bénédictions qui viendront du peuple élu de Dieu. Nous verrons au chapitre suivant la répartition de la terre entre les descendants de ces trois fils de Noé telle qu’elle existe encore, malgré bien des modifications survenues.
Noé vécu trois cent cinquante ans après le déluge, ce qui porta les années de sa vie à neuf cent cinquante ans, une des plus longues existences parmi les patriarches. Il mourut deux ans avant la naissance d’Abraham. Comme Lémec, père de Noé, vécut plus de cinquante ans en même temps qu’Adam, Noé put raconter à Térakh, père d’Abraham, ce qu’Adam avait pu dire à son père Lémec. Ainsi pouvait se transmettre ce qui s’était passé dans l’espace de deux mille ans, par les hommes de quatre générations. Pour nous, nous en sommes encore plus sûrs parce que nous tenons ces choses par la Parole de Dieu.
Chapitres 10 et 11
Chapitre 10
Ce chapitre contient les générations des fils de Noé qui se répandirent sur la terre, à la suite de la tour de Babel. Les fils de Japheth viennent en premier. En prenant le pays de Canaan pour centre, les Japhéthites peuplèrent le nord et l’ouest, le long des côtes de la Méditerranée, ce qui est appelé les îles des nations. Le prophète Ézéchiel désigne les peuples qui viennent avec Gog pour la dernière invasion du pays d’Israël par les noms qui leur sont donnés dans ce chapitre (chapitres 37:38 et 39).
Il est donné plus de détails sur les descendants de Cham, à cause des rapports qu’ils eurent avec Israël, soit l’Égypte, l’Assyrie et Babylone, et parce qu’ils occupèrent les territoires que Dieu voulait donner à Son peuple. Il eut quatre fils: Cush, Mitsraïm, Puth et Canaan. C’est de Cush que descendirent les Égyptiens et les Éthiopiens. Ce fut lui qui engendra Nimrod, dont le nom signifie rebelle. Il personnifie la puissance et l’importance de l’homme. Chaque fois que la puissance de l’homme est nommée, ainsi que ses exploits, c’est dans l’indépendance de Dieu. C’est ce que l’on a vu avec les descendants de Caïn; c’est aussi ce qui est rapporté des descendants d’Ésaü, au chapitre 36. Ce qui est grand selon Dieu n’a pas d’apparence au milieu des hommes; c’est dans le ciel qu’il en sera fait mention. Nimrod fut probablement le premier roi. On voit en lui l’effort de l’homme opposé à Dieu. N’ayant pu se faire un nom en construisant la tour de Babel, il veut s’en faire un en régnant sur ses semblables, lorsque les hommes furent divisés. Il se maintint à Babel, résistant à Dieu. C’est remarquable que ce fut un descendant de Cham; il semble qu’il voulut s’élever contre le jugement de Dieu prononcé sur lui à cause de sa conduite vis-à-vis de son père. Il justifie son nom de rebelle. C’était la rébellion contre Dieu à tous égards. Hélas! C’est ce qui caractérise le cœur de tout homme en Adam.
Le royaume de Nimrod s’étendait dans le pays de Shinhar, dans les plaines de l’Euphrate où la tour de Babel avait été commencée. Ce fut lui qui bâtit Ninive, capitale célèbre des Assyriens, grand ennemi du peuple de Dieu. Babel est aussi nommé, ou Babylone, qui fut dès le début en piège et en opposition au peuple de Dieu. C’est un manteau de Shinhar qui tenta Acan, et qui fut cause de la première défaite du peuple en Canaan. C’est de Babylone que vinrent des hommes pour féliciter Ézéchias après sa guérison, auxquels il montra ses trésors plutôt que de leur parler de Celui auquel il devait sa guérison et sa délivrance des Assyriens; ce qui eut pour conséquence que tous ses trésors furent transportés à Babylone. Babylone est devenue la figure du monde puissant, tentateur et oppresseur du peuple de Dieu. Elle est comme l’expression de l’Église mondaine sur laquelle tombent les jugements de Dieu, en Apoc. 18, au moment où la vraie Église va apparaître et où le règne de Christ va être établi. Canaan a aussi, avec ses descendants, une mention spéciale, lui qui encourut comme malédiction d’être esclave des esclaves de ses frères. Avait-il été impliqué dans la faute de son père Cham? C’est possible, puisque son jugement est spécifié. C’est de lui que descendirent les peuples qui habitèrent le pays qui porte son nom. Ces pays sont désignés au verset 19; ce sont ceux que conquirent les fils d’Israël sous Josué. On voit comment Dieu avait les yeux sur la terre qu’Il voulait donner à Son peuple, ainsi qu’il est dit en Deut. 32:8: «Quand le Très-haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël».
Il est possible que la condition des noirs provienne du jugement prononcé sur Canaan. Mais ils ne sont pas les seuls descendants de Canaan.
Les versets 21 à 31 nous donnent la descendance de Sem au point de vue des territoires qu’ils ont occupés. Ce fut dans les jours de Péleg, cinquième génération depuis Noé, que la division des peuples eut lieu par la confusion des langues, lors de la tour de Babel, alors que Noé vivait encore. Ces peuples Sémites peuplèrent plutôt l’orient et le centre, de même que plusieurs descendants de Cham. Ce chapitre 10 donne la généalogie des fils de Noé au point de vue des territoires qu’ils occupèrent, car ils avaient de l’importance pour Dieu; comme, au chapitre suivant, la généalogie de Sem est donnée au point de vue de la famille d’où le Christ devait venir, l’homme des conseils de Dieu. Plus nous considérons la Genèse, plus nous voyons combien elle contient en principe tout ce qui est exposé ensuite dans la Bible.
Chapitre 11
Les versets 1 à 9 de ce chapitre font partie du sujet du chapitre précédent. C’est dans le temps de ces générations que les hommes voulurent bâtir la tour de Babel. Comme la famille sortie de l’arche se multipliait, ils émigrèrent vers les contrées de l’orient, ou situées à l’orient du pays de Canaan, et trouvèrent la belle et fertile plaine de Babylone, dans le pays de Shinhar. Dieu avait ordonné aux fils de Noé de multiplier et de remplir la terre. Pour cela, il fallait obéir et se disséminer, en ayant affaire avec Dieu qui s’occupait des hommes avec bonté. Ils en avaient eu la preuve par la préservation de Noé et de sa famille au travers des jugements qui étaient tombés sur les méchants. Dieu avait amené du soulagement dans la condition de l’homme. En ayant vu la bonté de Dieu et les conséquences terribles de la méchanceté du cœur naturel, ils auraient dû être confiants en Dieu et dépendants de Lui, d’autant plus qu’Il avait assuré que, tant que la terre durerait, l’homme y trouverait sa subsistance, et que le déluge ne reviendrait pas. Dans la mesure où l’homme abandonne Dieu et Le méconnaît, il prend de l’importance et veut se faire un nom; c’est ce que prouve son histoire, depuis Caïn jusqu’à l’homme qui prendra la place de Dieu dans Son temple. Au lieu de se confier en Dieu, ils disent: «Allons, bâtissons-nous une ville…, et faisons-nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre». On sent qu’ils avaient conscience qu’ils devaient se disperser, mais qu’ils ne le voulaient pas. Nous avons dans ce fait le grand principe de l’indépendance, qui conduit à celui de l’association. L’homme sent sa faiblesse et, au lieu de compter sur Dieu, il recherche le secours en lui-même et ses semblables. S’étant associé, il se croit fort. Ce principe s’est développé dans l’histoire de l’homme, aujourd’hui plus que jamais, et jusqu’au jugement prochain. Tandis que le croyant de tous les temps est appelé à se confier en Dieu seul. En parlant des temps à venir, le prophète Ésaïe dit: «Associez-vous, peuples, et vous serez brisés… Ceignez-vous, et vous serez brisés! Prenez un conseil, et il n’aboutira à rien; dites la parole, et elle n’aura pas d’effet: car Dieu est avec nous». Dieu sera avec le faible résidu d’Israël, qui aura contre lui l’association de puissantes nations, qui seront détruites par la présence du Seigneur. Il dit au résidu: «Ne dites pas conjuration, de tout ce dont ce peuple dira conjuration — ou association — et ne craignez pas leur crainte, et ne soyez pas effrayés; l’Éternel des armées, lui, sanctifiez-le, et que lui soit votre crainte, et lui, votre frayeur; et il sera pour sanctuaire» (És. 8:9-17). Si les hommes d’alors avaient craint l’Éternel au lieu de craindre de Lui obéir, ils auraient peuplé la terre en faisant l’expérience de Sa bonté envers les fils de hommes (Ps. 107:8). Dieu les laissa prendre les mesures que leur dictait leur prévoyance, mais pour leur propre confusion. Voyant qu’ils ne seraient pas empêchés d’accomplir ce qu’ils se proposaient, ayant un même langage, La Trinité se concerte, pour ainsi dire, comme pour créer l’homme (1:26). L’Éternel dit: «Allons, descendons, et confondons là leur langage, afin qu’ils n’entendent pas le langage l’un de l’autre». Ne pouvant plus se comprendre, «ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on appela son nom Babel — ou confusion — car là l’Éternel confondit le langage de toute la terre; et de là l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre».
C’est ainsi que se formèrent les diverses nations. Ceux qui parlaient le même langage se groupèrent et peuplèrent la même contrée. C’est avec la formation des nations que, vraisemblablement, l’idolâtrie apparut. Au lieu de craindre Dieu et de s’attendre à Lui, ils Le redoutèrent, à cause de leur mauvaise conscience. Ils se firent des dieux pour les protéger et leur accorder les désirs de leur cœur. C’est ce que l’homme exige toujours de Dieu: qu’Il les protège et leur accorde ce qu’ils désirent. Dieu ne peut le faire; alors Satan dit: Je le ferai. Les démons se cachent derrière l’idole, faisant croire aux hommes qu’ils les satisferaient. Mais, ayant abandonné Dieu, ils furent livrés à eux-mêmes et à leurs passions, comme l’apôtre Paul le dit en Rom. 1. C’est dans le livre de Josué, 24:2 et 14:15, que nous apprenons que les hommes de ce temps-là s’étaient voués à l’idolâtrie. C’est pourquoi Dieu appela Abram à sortir de son pays et de sa parenté, pour se former un peuple qui gardât la connaissance du vrai Dieu, puisque l’homme l’avait remplacé par Satan et ses anges.
On est heureux de voir, au chapitre 2 des Actes, la contrepartie du jugement exécuté à Babel. Afin que l’évangile pût être annoncé à toutes les nations, l’Esprit de Dieu donna aux hommes la capacité de s’exprimer en langues diverses, pour porter à tous les peuples la bonne nouvelle du salut. Dans nos jours, Dieu a donné la facilité de traduire la Bible, toute ou en partie, en plus de mille langues. Ainsi, les Écritures peuvent se répandre en tous lieux.
Dans les versets 10 à 32, nous avons la généalogie des fils de Sem, qui fait suite à celle du chapitre 5. Elle va jusqu’à Abram, souche de la promesse, le père des croyants, pour la terre et le ciel. Rien n’est dit de l’histoire de ces hommes qui furent témoins des progrès du mal et de la construction de la tour de Babel, puisque Noé ne mourut que deux ans avant la naissance d’Abram, et Sem après la naissance d’Isaac. Héber, d’où vient le nom d’Hébreu, mourut après Abram, et après la naissance de Jacob.
Il est donné des indications détaillées sur la famille de Térakh, père d’Abram. Abram est nommé avant ses frères, quoiqu’il fût le plus jeune, parce que c’est lui que Dieu avait en vue pour l’accomplissement de Ses conseils. Son père avait cent trente ans lorsqu’il naquit (v. 32 et 12:4). Par les versets 31 et 32, on pourrait croire que Térakh était venu de son propre chef depuis Ur des Chaldéens à Charan. Mais Étienne, dans son discours au chapitre 7 des Actes, donne ce qui complète ce qui est dit au verset 1 du chapitre 12. C’était Abram qui était appelé, et non son père. Il aurait dû quitter sa parenté. Il dut demeurer à Charan jusqu’à la mort de son père. On comprend que, dans la vie patriarcale où tous étaient soumis au plus ancien, il était difficile à Abram de quitter son père, qui conserva son autorité sur lui, et qu’il dut prendre Lot, orphelin protégé par son grand-père. C’était la première fois qu’un homme était appelé à quitter pays et famille. Le verset 30 mentionne que Sara était stérile, pour faire ressortir la puissance de Dieu. L’instrument par lequel Dieu voulait avoir un peuple nombreux était là, mais stérile. Si l’homme n’est rien, Dieu peut tout. C’est Son œuvre, qui sera manifestée dans la gloire éternelle, dans ce temps où il sera dit: «Qu’est-ce que Dieu a fait?» (Nomb. 23:23).
Chapitre 12
Ce chapitre commence une nouvelle phase des voies de Dieu, pour aboutir à l’accomplissement de Ses conseils. Jusqu’ici, Dieu s’était occupé de l’ensemble des hommes avec bonté; mais ils n’ont tenu aucun compte de leur responsabilité envers Lui, soit avant, soit après le déluge. Dieu avait confié le gouvernement à Noé pour réprimer la violence; mais c’est la volonté propre, l’indépendance et, hélas, l’idolâtrie, qui ont caractérisé ses descendants. Mais, au-dessus de cette triste scène, Dieu avait Ses conseils arrêtés qu’Il voulait accomplir.
De ce monde formé en nations diverses depuis la dispersion de Babel, Dieu appela Abram à sortir de son pays et de sa parenté pour venir au pays qu’Il lui montrerait. Jusque-là, Dieu s’était occupé des hommes où ils se trouvaient. Il y avait eu des croyants, mais ils étaient laissés dans le milieu où ils vivaient. Maintenant, Dieu laisse suivre les hommes dans leurs propres voies, et Lui accomplira les Siennes.
L’appel d’Abram est un fait nouveau; il s’agit de quitter un monde jugé en principe pour marcher par la foi en la parole de Dieu. Cet appel est un type de l’appel céleste, appel de l’Église. Il eut lieu pour l’accomplissement des pensées de Dieu à l’égard de la terre qu’Il veut bénir un jour, comme l’appel céleste est en vue des bénédictions spirituelles et éternelles dans les lieux célestes. Mais c’est au moyen de la semence d’Abraham, le Christ, que les bénédictions terrestres et célestes auront leur accomplissement. Un appel implique qu’il faut tout quitter pour suivre Celui qui appelle, qu’il s’agisse d’Abram ou des chrétiens. C’est une marche de foi, jusqu’à l’accomplissement de ce qui est promis.
Dieu s’était révélé à Abram lorsqu’il était encore à Ur des Chaldéens. Il lui avait fait des promesses, que nous lisons aux versets 2 et 3. Mais il n’avait pas eu la force de quitter entièrement sa parenté; il avait quitté son pays, et il dut rester à Charan jusqu’à la mort de son père. La marche de foi est individuelle; c’était Abram qui avait été appelé. Dieu lui fit de belles promesses: Il deviendrait une grande nation; il serait une bénédiction; en lui toutes les familles de la terre seraient bénies. Les familles de la terre avaient prouvé, par leur conduite, qu’elles ne pouvaient être bénies; mais Dieu avait un moyen par lequel elles le seraient. Il faut remarquer que toutes les promesses faites à Abram et renouvelées à Isaac et à Jacob sont inconditionnelles. C’est Dieu Lui-même qui s’engage à les accomplir. Tandis que les bénédictions qui reposent sur le principe d’obéissance du peuple d’Israël n’ont pas pu avoir leur accomplissement, savoir vivre et jouir du pays de Canaan. Jusqu’au chapitre 19 de l’Exode, l’Éternel avait usé de grâce envers le peuple depuis sa sortie d’Égypte, l’ayant porté, comme Il dit au verset 4, sur des ailes d’aigle. À ce moment-là, Dieu leur proposa la loi, qu’ils acceptèrent en disant: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». Ils auraient dû dire qu’ils n’étaient pas capables de l’accomplir et demander à Dieu de continuer à les conduire comme Il l’avait fait jusque-là. La loi fut violée avant même que Moïse descendît de la montagne; et, comme nous le savons, l’histoire de ce peuple fut déplorable, ce qui est l’histoire de tout homme, car c’est par ce peuple que Dieu fit l’expérience de ce que vaut l’homme en Adam. Tandis que tout ce que Dieu a promis sans condition s’accomplira, non à cause de la fidélité de l’homme, mais à cause de Sa propre fidélité, parce que l’œuvre de Son Fils, semence d’Abraham, le rendra possible. C’est sur Lui que l’œil de Dieu se reposait en faisant des promesses inconditionnelles. Au chapitre 22, après le sacrifice du fils unique, d’Isaac, type de Christ ressuscité, Dieu renouvelle Ses promesses et dit: «Et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix». Cette semence est Christ, comme l’apôtre le dit aux Galates, chapitre 3:16. Toutes les promesses faites à Abraham s’accompliront dans le millenium, sous le règne de Christ. C’est pourquoi le Seigneur dit: «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour; et il l’a vu, et s’est réjoui» (Jean 8:56). En se réjouissant en la promesse, Abraham se réjouissait en Celui par qui elle s’accomplirait; ainsi, il voyait le jour de Christ. Dieu attribue toujours à la foi tout ce qu’Il lui donnera. C’est ainsi qu’il est aussi dit d’Abraham qu’«il attendait la cité qui a les fondements» (Héb. 11:10). Pour marcher par la foi, il ne s’agit pas de tout comprendre, mais de croire Dieu. En croyant Dieu, on croit à tout ce qu’Il peut encore dire et à tout ce qu’Il peut faire.
Dieu avait dit à Abram de venir au pays qu’Il lui montrerait. Il obéit et il arriva jusqu’à Sichem, dans la plaine de Moré. Mais le Cananéen habitait dans le pays, où il demeura encore longtemps. Au lieu de mettre Abram en possession du pays, Dieu lui dit qu’Il le donnerait à sa semence. C’est toujours la foi qui doit être active; mais cela suffit à Abram. Il dresse sa tente, et il bâtit un autel à l’Éternel qui lui était apparu. Deux choses caractérisent sa position: sa tente et l’autel. La tente montre qu’il est voyageur, et l’autel est le lieu du culte. Abram n’a pas besoin d’autre chose; il est en communion avec Dieu, et Sa parole lui suffit. La foi de ce patriarche est admirable. Il quitte tout pour venir dans un pays inconnu; et, lorsqu’il y est, il apprend qu’il sera pour sa semence. Tandis que nous, participants à l’appel céleste, nous sommes appelés à quitter ce monde, mais pour nous acheminer vers un pays connu, dont le chemin a été frayé par Christ au travers de la mort, dont Il est ressuscité, et qui est entré dans le ciel comme notre précurseur, d’où Il nous a envoyé l’Esprit Saint, pour nous accompagner et nous faire connaître les gloires du pays de la promesse, qui sont les gloires de Christ. Quel avantage nous avons sur le père des croyants! Personne ne lui avait frayé le chemin; mais tout se trouvait, pour lui, en Celui qui était l’objet de sa foi: le Dieu de gloire qui lui était apparu, comme le dit Étienne aux Juifs. Dieu était sa part. Ce même Dieu, révélé en Son Fils, est le nôtre. Nous pouvons vivre en étrangers ici-bas, par la foi, en attendant d’être introduits dans la Canaan céleste dont nous savourons déjà les fruits par le Saint Esprit. Le monde au milieu duquel nous sommes étrangers est à nous; nous en jouirons lorsqu’il sera entre les mains de Christ. Pour le moment, ce sont les hommes de ce monde qui y habitent, croyant en être les possesseurs, comme alors les Cananéens; mais, comme eux, ils seront détruits, quand la patience de Dieu aura pris fin et que l’Église sera enlevée.
Abram s’avança dans le pays entre Béthel et Aï, où il dresse sa tente, et bâtit un autel à l’Éternel, et invoqua Son nom. Ce nom suffit. Il est la ressource du fidèle, conscient de sa faiblesse et n’ayant rien sur la terre, comme nous l’avons vu avec Seth (4:26); nom glorieux qui est l’expression de Celui qui est nommé.
Dans les versets suivants, la scène change. Si ce monde est le lieu où se réalise la marche de la foi, c’est aussi le lieu de l’épreuve, où l’on est exposé à tourner les regards vers les choses visibles. Une famine survint. Celui qui avait fait les promesses pouvait nourrir Abram durant la famine, ainsi que nous le lisons au Ps. 33:18 et 19: «Voici, l’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa bonté, pour délivrer leur âme de la mort, et pour les conserver en vie durant la famine». Abram s’était acheminé vers le midi, et «il descendit en Égypte…, car la famine pesait sur le pays». La foi aux promesses est la même que pour les besoins de chaque jour. Dieu en est l’objet; Il s’est chargé de tout ce qui concerne Ses bien-aimés. Il arrive souvent que l’on se confie en Dieu pour les choses éternelles, et que l’on manque de foi pour les choses présentes.
L’Égypte est une figure du monde avec ses ressources. C’est un pays dont la fertilité ne dépend pas des pluies comme le pays de Canaan, «qui boit la pluie qui vient des cieux», dit Moïse, en Deut. 11:10-15. Les ressources de l’Égypte provenaient du Nil, dont les eaux débordaient et fertilisaient le sol. Qu’il y ait des pluies ou non, les récoltes étaient toujours assurées. Le monde a ses ressources; il ne dépend pas de Dieu. Il prend ses mesures pour parer à tout, et le croyant est exposé à y puiser, au lieu d’avoir affaire avec Dieu pour tous ses besoins. On voit constamment, dans l’histoire du peuple de Dieu, combien l’Égypte l’a attiré, alors qu’il aurait dû s’attendre à Dieu seul. Abram était au début de la marche de la foi; il avait des expériences à faire dans un tel chemin. Seulement, un faux pas en amène un autre. Dès que l’on entre sur le terrain du monde, tout est compliqué; on est laissé à ses propres forces et à sa propre sagesse pour faire face aux difficultés qui se présentent. Pour cela, on agit selon les principes du monde, étant sur son terrain; car, si l’on compte sur ses ressources, il faut aussi adopter ses procédés, car on ne peut compter sur Dieu pour être gardés, dans le chemin de la désobéissance. Abram, connaissant l’immoralité des hommes, craint pour sa vie en disant que Saraï est sa femme. Ce qu’il prévoyait arriva; un mensonge le tira d’affaire, mais sa femme fut emmenée dans la maison du Pharaon. Si Abram avait eu affaire avec Dieu pour ce qu’il craignait, Dieu lui aurait dit de retourner en Canaan. C’est là où il pouvait compter sur Sa protection.
Matériellement, tout alla bien pour Abram. Pharaon le traita bien à cause de Saraï, et il eut de grands biens. C’est ce qui peut arriver pour un temps au croyant qui abandonne sa dépendance de Dieu, trouvant plus commode de puiser aux ressources du monde. Le monde le favorise, et il peut avoir l’illusion de la réussite. Mais quant à son âme, ses progrès spirituels, son témoignage, quel en sera le bilan? Un temps perdu. Il faut revenir en arrière, comme Abram dut le faire, jusqu’au point de départ (13:3 et 4). Ce qui est arrivé à Abram, et qui arrive si souvent au chrétien, est arrivé à l’Église. Elle a renié sa relation avec Christ; elle s’est alliée au monde, et elle a été bien traitée par lui, à un tel point que ce n’est plus l’Église qui est dans le monde, c’est le monde qui est en elle avec toutes ses richesses, telle qu’elle est décrite en Apoc. 18, en même temps que son jugement. Mais Dieu est fidèle; Il veillait sur Son élu. Si nous L’oublions, Il ne nous oublie pas. Il frappa de grandes plaies la maison du Pharaon à cause de Saraï; et Pharaon la rendit à Abram en lui reprochant son mensonge. Il lui dit: «Maintenant, voici ta femme: prends-la, et va-t’en». C’est toujours humiliant d’être repris par le monde. Dieu ne permit pas qu’il lui soit fait aucun mal. «Et le Pharaon donna ordre à ses gens à son sujet, et ils le renvoyèrent, lui, et sa femme, et tout ce qui était à lui». Dieu accomplit ce que dit le psaume 105:14, 15: «Il ne permit à personne de les opprimer, et il reprit des rois à cause d’eux, disant: Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes». Cela peut étonner, qu’un jugement ne soit pas tombé sur Abram; mais Dieu avait affaire avec lui. Il n’est pas dit par quels exercices d’âme il a passé durant son séjour en Égypte. Mais il était un élu; de là le prix qu’il avait pour le cœur de Dieu, qui faisait son éducation spirituelle. Un élu a plus d’importance pour Dieu que le monde entier. Et c’est ce qui devrait avoir aussi de l’importance pour celui qui sait qu’il est un élu de Dieu. Il doit être conséquent avec une telle dignité.
Chapitre 13
Et Abram monta d’Égypte, «jusqu’au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant; et Abram invoqua là le nom de l’Éternel». Par le retour d’Abram au lieu où était son autel, la Parole nous enseigne que, lorsque nous avons péché, que nous nous sommes égarés de quelque manière que ce soit, nous devons revenir au point où nous avons abandonné le chemin de Dieu pour suivre notre volonté. Il faut juger non seulement le mal commis, mais les causes du mal; juger ses voies, pour recommencer tout à nouveau avec Dieu. Il y a quelquefois peu de rapport entre les causes du mal et le mal lui-même. Le Seigneur ne reproche pas à Pierre de l’avoir renié; mais Il le conduit à juger la cause de son reniement, qui était la confiance en son amour pour le Seigneur. Il lui dit: «M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci?»; car il avait dit: «Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi» (Marc 14:29).
On voit, dans cette faute d’Abram, la perte de la communion avec Dieu dans le chemin de son propre choix; car il n’est pas question d’autel en Égypte. Mais, lorsqu’il est revenu au lieu où était son autel au commencement, il invoqua le nom de l’Éternel; la communion était rétablie.
Dans leur séjour en Égypte, Abram et Lot avaient amassé de grands biens, qui suscitèrent des difficultés et nécessitèrent la séparation de ces deux hommes. Si Satan favorise matériellement le croyant qui abandonne la marche de la foi, il augmente pour autant la difficulté de cette marche, une fois revenu sur le terrain de l’obéissance; car les biens matériels sont souvent encombrants pour la marche de la foi, à moins que le cœur soit vraiment engagé dans le chemin du Seigneur.
Il y avait aussi une autre cause de difficulté pour qu’Abram puisse continuer sa marche avec Lot; c’est que Lot n’était pas appelé comme Abram. Il l’avait suivi. Il était un croyant; l’Esprit de Dieu l’appelle «un juste», en 2 Pierre 2:7. Mais, pas exercé pour marcher par la foi, il suivait Abram pendant que les circonstances s’y prêtaient, ce qui arrive souvent, surtout aux enfants des croyants. Mais dès qu’il s’agit de marcher à sa propre responsabilité, le cœur n’ayant pas été exercé avec Dieu, ce sont les choses extérieures qui gouvernent. Leur bien était grand; ils ne pouvaient habiter ensemble. Et il y eut querelle entre leurs bergers. Et il est dit: «Et le Cananéen et le Phérézien habitaient alors dans le pays». La même mention est faite au verset 7 du chapitre 12, pour montrer qu’Abram, arrivé au pays que l’Éternel lui avait montré, ne le recevait pas immédiatement en possession, car le Cananéen y demeura encore quatre cents ans. Ici, c’est pour montrer combien il est grave que des frères aient des disputes entre eux en présence des habitants du pays, en présence du monde. Aussi Abram dit à Lot: «Qu’il n’y ait point, je te prie, de contestation entre moi et toi, et entre mes bergers et tes bergers, car nous sommes frères». Les frères doivent marcher unis et dans l’amour, en présence du monde. Les difficultés proviennent souvent de ce que l’on recherche ses propres intérêts et non ceux d’autrui, ce que fait le monde, qui doit voir le chrétien désintéressé des choses matérielles parce que ses biens sont célestes. La séparation devenait nécessaire. Abram dit à Lot: «Si tu prends la gauche, j’irai à droite; et si tu prends la droite, j’irai à gauche». Par cette offre, Abram fait preuve du plus grand désintéressement. Il n’a rien à choisir, parce que Dieu est sa part. Où que ce soit qu’il aille, Dieu est avec lui; c’est sur Sa bénédiction qu’il compte. Il a fait en Égypte l’expérience d’un chemin sans Dieu; aussi, maintenant, la valeur du pays lui importe peu, pourvu que Dieu soit avec lui et qu’il ait son autel. Il n’en était pas ainsi pour Lot. N’ayant pas eu affaire personnellement avec Dieu, il ne choisit ni la droite, ni la gauche. Il leva ses yeux, non vers Dieu, mais vers la plaine du Jourdain, «qui était arrosée partout, avant que l’Éternel détruisît Sodome et Gomorrhe, comme le jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte, quand tu viens à Tsoar». Les motifs de son choix étaient les avantages matériels. Il avait apprécié l’Égypte, où l’on ne dépend pas de Dieu, où les récoltes sont assurées, que le temps soit favorable ou non. Cette plaine était arrosée partout, comme le pays d’Égypte; c’est ce qui avait du prix pour Lot. Ce n’était pas la séparation qui était une mauvaise chose; c’étaient les motifs qui déterminaient le choix de Lot. Ces deux hommes pouvaient vivre séparés, mais dépendants de Dieu l’un et l’autre. L’œil de Lot n’étant pas net — l’œil net est celui qui n’a pas d’autre motif pour agir que Dieu Lui-même, Christ pour le chrétien — il ne discernait pas que cette contrée si fertile était habitée par des hommes méchants, «grands pécheurs devant l’Éternel», sur qui les jugements de Dieu allaient tomber. Il est de toute importance de rechercher la pensée de Dieu pour toute décision, pour ne pas se laisser gouverner par des attraits extérieurs. Pour discerner la volonté de Dieu, il faut toujours examiner, premièrement, dans Sa présence, quels sont les motifs qui nous feraient agir. S’ils ont l’approbation de Dieu, nous pouvons aller de l’avant; sinon, il ne faut rien faire. En recherchant la pensée de Dieu, nous sommes dirigés par Lui, qui connaît l’avenir. Lot pouvait ne pas savoir que les hommes de Sodome étaient de grands pécheurs devant l’Éternel, ni que les jugements de Dieu allaient fondre sur eux. Mais l’Éternel le savait, et Il n’aurait certainement pas conduit Lot vers eux. Lot abandonna le caractère d’étranger qu’il avait eu avec Abram, et il échangea la tente du voyageur et, par conséquent, l’autel, contre la ville. Il habita les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à Sodome où, même, il était assis à la porte, faisant partie des autorités, lorsque les anges vinrent le faire sortir avant de détruire la ville (chap. 19). Il arrive fréquemment au chrétien gouverné par des motifs matériels de s’associer au monde, parce qu’il fait comme lui. Il n’y a que la foi active qui puisse nous garder dans la séparation du mal sous toutes ses formes, parce qu’elle saisit les choses glorieuses et célestes qui satisfont le cœur. Le chrétien peut dire, comme au Psaume 16: «L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe; tu maintiens mon lot» (v. 5 et suivants). Tandis que, au verset 4, «Les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées». C’est ce qui arriva à Lot. Tous ses biens ont pris fin sous le jugement des villes qu’il avait choisies, comme les biens de ce monde prendront fin sous les jugements de Dieu. C’est pourquoi l’apôtre Pierre dit: «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront» (2 Pierre 3:11-12).
Lorsque Lot se fut séparé d’Abram, l’Éternel encouragea la foi de Son serviteur en lui disant: «Lève tes yeux, et regarde, du lieu où tu es, vers le nord, et vers le midi, et vers l’orient, et vers l’occident; car tout le pays que tu vois, je te le donnerai, et à ta semence, pour toujours». Lot aussi avait levé ses yeux, mais non pas sur l’ordre de Dieu. Tandis qu’Abram pouvait considérer le pays dans toute son étendue, non comme objet de son choix, mais pour le recevoir de la main de l’Éternel. C’est tout autre de recevoir quelque chose de la main de Dieu, ou de le prendre soi-même. Ce pays était assuré à sa semence, qui serait comme la poussière de la terre, c’est-à-dire innombrable. «Lève-toi, lui dit l’Éternel, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai». C’est aussi ce que peut faire le chrétien en attendant d’arriver dans la Canaan céleste. Il peut prendre connaissance de tout ce qu’il possède, par la puissance du Saint Esprit, ce qui lui permet de traverser ce monde en étranger et voyageur. L’apôtre dit, en Éph. 3:16-19: «Il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, et que vous soyez fondés et enracinés dans l’amour; afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance; afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu» (v. 16-19). Dès que le croyant réalise qu’il est étranger ici-bas et que Dieu est sa part, il reçoit une révélation toujours plus grande de Lui-même et de tout ce qu’il possède par la foi, qui le rattache de plus en plus au ciel, en lui faisant considérer comme une perte, et même des ordures, tout ce qui le prive de Christ, objet de ses affections pour le temps et l’éternité.
De Béthel, Abram vint habiter auprès des chênes de Mamré, à Hébron; et il bâtit là un autel à l’Éternel. Sa communion avec l’Éternel s’affermit, à mesure qu’Il se révèle à lui et qu’Il lui renouvelle Ses promesses, en attendant «la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:10).
Les conséquences d’une marche de foi ou d’une marche charnelle sont bien différentes. C’est ce que nous sommes appelés à considérer avec l’histoire de ces deux hommes, tous deux des croyants. La postérité d’Abram serait comme la poussière de la terre, et elle posséderait le pays à toujours. Tandis que Lot n’eut point de part au pays; il perdit tous ses biens; et quelle fut sa postérité? Les Moabites et les Ammonites, d’une humiliante origine, deux nations ennemies du peuple de Dieu, toujours en guerre avec lui.
Il faut toujours, en toutes choses, considérer la fin; nous la voyons, dans la marche de ces deux hommes. Si nous ne pouvons pas la discerner au début d’une route, il faut avoir affaire avec Dieu, qui en connaît la fin et tout ce que nous y rencontrerons. Il nous guidera sûrement pour arriver à la bénédiction finale. La marche du croyant est une marche de foi; donc il ne voit rien à l’avance; mais il a la Parole de Dieu pour le conduire pas à pas, à mesure qu’il avance. Combien il est important de considérer cela au début de sa carrière, se souvenant de ce que dit le psalmiste: «Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie? Ce sera en y prenant garde selon ta parole» (Ps. 119:9).
Chapitre 14
Dans la première partie de ce chapitre, nous avons un aperçu de ce qui se passait dans le monde formé par les descendants de Noé. L’homme, toujours envieux, égoïste et méchant, ne peut être satisfait de ce qu’il a et, avec les pieds légers pour répandre le sang, il sait trouver des prétextes pour faire la guerre. Elles ne cesseront que sous le règne de justice et de paix, alors que le Seigneur paîtra les nations avec une verge de fer et que l’on n’apprendra plus la guerre (És. 2:4 — Mich. 4:3). La Parole de Dieu, en mentionnant ces guerres, n’a pas d’autre intérêt que ce qui concerne un croyant, le pauvre Lot, qui se trouvait par sa propre faute au milieu de ce monde impie. Mais Dieu n’abandonne pas les Siens, malgré leurs infidélités. On voit, dans toute la Parole, que, lorsque des individus ou des nations figurent dans un récit, c’est parce qu’ils sont en rapport avec le peuple de Dieu d’une manière ou d’une autre. Car un croyant, ou le peuple de Dieu, fût-il même désobéissant, a plus d’importance pour Dieu que le monde.
Après avoir dressé ses tentes jusqu’à Sodome, où les hommes étaient méchants et grands pécheurs devant l’Éternel, Lot vint y habiter (v. 12). Il n’est pas possible de convoiter les choses d’ici-bas et de trouver en elles sa satisfaction sans s’allier au monde et marcher comme lui. Ainsi, le croyant est privé de l’énergie spirituelle nécessaire pour demeurer moralement séparé, tout en vivant dans le monde. Le Seigneur dit à Son Père: «Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal» (Jean 17:15). Étant mêlé avec le monde, il faut inévitablement partager ses malheurs, s’exposer à voir disparaître ses biens; tandis qu’ayant Dieu pour sa part, tel qu’Abram, le croyant possède des biens que l’ennemi ne peut pas lui ravir. Les rois de la plaine sont battus, et leurs vainqueurs pillèrent les biens et emmenèrent le peuple, et Lot avec eux. On voit déjà un commencement des jugements de Dieu sur ces villes impies qui, plus tard, furent détruites, n’ayant pas profité des avertissements que Dieu leur donnait; et, hélas, Lot non plus, puisqu’on le retrouve à la porte de Sodome, au chapitre 19, c’est-à-dire au lieu où siégeaient les autorités.
Abram, apprenant que son frère Lot avait été emmené captif, mit en campagne tous ses hommes exercés, trois cent dix-huit, nés dans sa maison, et poursuivit ces rois, qu’il atteignit, et les frappa. Puis il ramena Lot et tout son bien et tout le peuple. Abram pouvait être utile à son frère parce qu’il se tenait à part du monde au milieu duquel Lot avait pris place. Il en est ainsi de tout croyant. Un frère doit toujours être ému de compassion envers son frère dans le malheur, qu’il s’y trouve par sa propre faute ou par une dispensation quelconque de Dieu. Abram fut ému lorsqu’il apprit que Lot son frère était dans le malheur. Il ne l’appelle pas son neveu, mais son frère. Il peut arriver qu’en apprenant le malheur d’un frère, résultant de ses propres fautes, au lieu d’en avoir franchement pitié, on dise qu’il n’a que ce qu’il mérite. C’est l’affaire de Dieu de dispenser Ses châtiments. Jamais un chrétien ne doit rester indifférent en présence du malheur de son frère, quelle qu’en soit la cause. On voit quel châtiment terrible atteint Édom, pour s’être réjoui en voyant le malheur de Jérusalem (lisez Abdias: 10-14).
Si Abram était dans un bon état qui lui permettait de porter secours à son frère, il n’était pas moins l’objet de la vigilance de Satan, le grand ennemi des croyants, qui cherche toujours à leur nuire. Il ne faut jamais perdre de vue cela, car c’est souvent après une victoire que l’on est le plus exposé aux attaques de l’adversaire. Comme Abram revenait en vainqueur, le roi de Sodome se préparait à venir le rencontrer dans la vallée de Shavé, ou du roi, pour lui offrir les biens qu’il avait ramenés, gardant pour lui les personnes, en reconnaissance du grand service qu’il venait de lui rendre, en ramenant le peuple et ses biens. Mais, avant que le roi de Sodome le rencontrât, Dieu veillait sur Son serviteur et voulait le rendre capable de triompher des ruses de Satan, comme il avait triomphé de sa puissance en étant vainqueur de ces rois pillards. Melchisédec, roi de Salem, qui était sacrificateur du Dieu Très-haut, fit apporter du pain et du vin, et il le bénit, disant: «Béni soit Abram de par le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre! Et béni soit le Dieu Très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains! Et Abram lui donna la dîme de tout». Le pain et le vin, emblèmes de la nourriture spirituelle et divine qui nourrit et donne la joie selon Dieu, étaient propres à fortifier Abram. C’est ce qu’il faut au croyant pour le soutenir spirituellement, et le rendre capable de discerner la pensée de Dieu, ainsi que les ruses de l’ennemi. À cela vint s’ajouter la bénédiction du Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, le dominateur de l’univers entier. Le Très-haut est le nom que Dieu prend en relation avec la terre, qui Lui sera soumise sous le règne de Christ. Jéhovah est le nom que Dieu prend en rapport avec Israël (Exode 6:2, 3); et Père en rapport avec les chrétiens. Puis Melchisédec bénit le Dieu Très-haut qui a livré les ennemis d’Abram entre ses mains. Le premier effet de cette bénédiction est qu’Abram offre la dîme de tout à l’Éternel. Béni de cette manière, Abram pouvait rencontrer le roi de Sodome dans la conscience de sa dignité et des bénédictions dont il était l’objet. En réponse à l’offre du roi, il lui dit: «J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre: si, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, oui, si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit,… afin que tu ne dises pas: Moi, j’ai enrichi Abram!… sauf seulement ce qu’ont mangé les jeunes gens, et la part des hommes qui sont allés avec moi, Aner, Eshcol et Mamré: eux, ils prendront leur part». Quel enseignement pour nous tous dans ce récit! D’abord, la manière dont Dieu a soin des Siens lorsqu’ils sont fidèles, afin qu’ils ne cèdent pas aux sollicitations de l’ennemi. Avant la tentation, Il fortifie Son racheté et lui donne conscience de sa haute position et des bénédictions dont il est enrichi, afin qu’en appréciant ces bénédictions, il puisse rencontrer le rusé adversaire, n’ayant aucun désir des biens qui font le trésor de ceux qui ne sont pas en relation avec Dieu, ne connaissant pas Son amour ni les bénédictions dont Il comble Ses bien-aimés. De la hauteur où la grâce l’a placé, il peut considérer qu’un roi de ce monde est indigne de l’enrichir. Que sont les biens de cette terre en présence des bénédictions spirituelles, dans les lieux célestes en Christ? C’est plus encore que les bénédictions millénaires que le Très-haut déversera sur la terre entière sous le règne de Christ. Ayant donc toujours conscience du caractère de nos bénédictions et de la position élevée que la grâce nous a faite, nourrissons-nous toujours du pain et du vin de la table divine, que nous trouvons dans la Parole de Dieu, et les biens de ce monde n’auront aucun effet sur notre cœur. Nous ne voudrions pas qu’un homme ne possédant que des biens terrestres et passagers puisse dire qu’il a enrichi un possesseur des biens célestes et éternels.
On peut remarquer qu’au point de vue de la justice humaine, il était tout à fait juste qu’Abram prenne les biens que le roi de Sodome lui offrait, car c’était lui qui avait été les reprendre aux rois pillards; mais le croyant doit agir en toutes choses selon la pensée de Dieu. Il ne suffit pas qu’une chose soit juste selon le monde pour qu’il la fasse; il a des motifs plus élevés pour gouverner sa conduite.
Nous voyons aussi qu’Abram agit selon sa position vis-à-vis de Dieu. Il n’exige pas qu’Aner, Eshcol et Mamré fassent comme lui; ils ne le pouvaient pas, n’étant pas dans la même relation que lui avec l’Éternel.
Outre les enseignements pratiques que nous pouvons tirer de ce récit, il présente un côté prophétique de ce qui se passera après l’enlèvement de l’Église, alors que Dieu reprendra Ses relations avec le peuple juif. Lot, sous un rapport seulement, comme souffrant au milieu des nations, est une figure du résidu juif qui sera délivré de l’oppression des nations par la puissance de Dieu, pour entrer dans les bénédictions millénaires, alors que le Seigneur sera roi et sacrificateur sur Son trône. Dans cette position, Il bénira les hommes, et tout particulièrement le peuple juif, de la part du Dieu Très-haut, et Il bénira le Dieu Très-haut de la part des hommes, et surtout par le résidu qu’Il aura délivré de ses ennemis.
Melchisédec, dont le nom signifie roi de justice, était véritablement un homme, roi de Salem, ce qui veut dire prince de paix; il était sacrificateur du Dieu Très-haut. Rien ne nous est dit de Salem, qui est devenue Jérusalem, dans la suite, ni de ses habitants, au milieu desquels il exerçait la sacrificature. On trouve de ces hommes exerçant une sacrificature au milieu des nations, avant qu’une sacrificature ait été établie par Dieu au milieu de Son peuple, comme Jéthro, beau-père de Moïse, en Madian. Il y avait des croyants parmi les nations. Job et ses amis en étaient; ils vivaient dans ce temps-là. Melchisédec apparaît ici comme type de Christ, qui exercera une sacrificature royale durant le millenium, appelée, en Héb. 5:10; 6:20 à 7:10: «la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec». Lorsqu’il est dit, en Héb. 7:3, qu’il était «sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, mais assimilé au Fils de Dieu, demeure sacrificateur à perpétuité», cela ne veut pas dire que personnellement, Melchisédec n’avait ni père, ni mère, ni généalogie; car il était un homme comme un autre. Le passage fait ressortir le contraste qui existe entre la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec et celle selon l’ordre d’Aaron, où le sacrificateur devait prouver qu’il descendait de la tribu de Lévi et de la famille d’Aaron pour pouvoir exercer sa fonction dans le tabernacle. Au retour de la captivité, sous Esdras, chapitre 2:62, ceux qui ne purent trouver leur inscription généalogique furent exclus de la sacrificature. Melchisédec est donc un type de Christ investi de la sacrificature royale (Héb. 5:10), la sacrificature selon l’ordre d’Aaron ayant pris fin avec le régime de la loi, puisque Christ est mort pour accomplir tout ce que les sacrifices sous la loi typifiaient. Il n’y avait donc plus de sacrifices à offrir.
Actuellement, pendant que l’Église est sur la terre, le Seigneur, quoique sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, n’exerce pas cette sacrificature-là, parce que Son règne glorieux n’a pas encore commencé. En attendant, Il exerce une sacrificature qui consiste à soutenir, à encourager, par Sa sympathie, au moyen de Sa Parole, ceux qui sont, comme Lui l’a été ici-bas, exposés aux peines et aux difficultés qu’un homme du ciel rencontre dans ce monde, qui est sous les conséquences du péché et ennemi de Christ. «Car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés» (Héb. 2:18; 4:14-16); ce qui n’aura pas lieu dans Son règne glorieux.
Chapitre 15
Au commencement de ce chapitre, nous voyons combien est merveilleuse la manière dont Dieu agit envers ceux qui Lui sont fidèles. Abram refuse les offres du roi de Sodome parce qu’il était béni du Dieu Très-haut d’une bénédiction incomparable. Maintenant qu’il l’a fait, l’Éternel le récompense et l’encourage en lui disant: «Abram, ne crains point; moi, je suis ton bouclier et ta très grande récompense». Nous voyons par là que l’on n’accomplit jamais un acte de foi sans en retirer une grande bénédiction, lors même que tout vient de Dieu; car accomplir un acte de foi est une grâce de Dieu. Abram, étranger sur cette terre, était exposé aux dangers que l’on rencontre de la part du monde et de Satan. Mais Dieu était son bouclier: Qui pouvait l’atteindre, étant l’objet d’une telle protection? «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom. 8:31). Il n’avait rien à attendre du milieu où il se trouvait; mais Dieu était sa récompense. Il en est de même pour tout chrétien; tous ceux qui prennent leur vraie position d’étranger céleste feront la même expérience. Remarquez que c’est Dieu Lui-même qui est la part du croyant. En Le possédant comme objet de la foi, nous avons tout ce qu’Il est et tout ce qu’Il peut faire pour ceux qui sont les objets de Sa faveur. C’est ainsi que nous pouvons nous glorifier en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ (Rom. 5:11), nous qui Le connaissons tel qu’Il s’est révélé en Christ.
Au chapitre 12:2, l’Éternel avait promis à Abram qu’Il le ferait devenir une grande nation. Mais il avançait en âge et il n’avait pas d’héritier. Comme il n’avait pas d’enfant, il voulait faire d’Éliézer son héritier. Mais l’Éternel lui dit: «Celui-ci ne sera pas ton héritier; mais celui qui sortira de tes entrailles, lui, sera ton héritier». Puis Il le fit sortir, et lui dit: «Regarde vers les cieux, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit: Ainsi sera ta semence». La foi ne compte que sur Dieu; Il est la source de tout et, lorsqu’Il veut faire une grande chose, Il emploie des moyens nuls selon la nature. Car c’est Lui-même, le Tout-puissant, qui est le moyen. Il crée où rien n’existe; Il donne la vie au milieu d’une scène de mort. Abram croyait aux promesses; mais il pensait à un moyen naturel pour les accomplir. Tandis qu’en Dieu se trouvait la force pour faire ce qu’Il a promis. C’est vers les cieux qu’il faut élever les regards. Dieu opérerait en Abram pour que l’héritier soit de lui. Quant à la nature, rien n’était possible. Elle ne sert de rien pour obtenir un peuple céleste, dont les étoiles sont une figure. Car aussi, pour être un enfant de Dieu, il faut être né de Dieu (Jean 1:13). Il faut être engendré par la parole de la vérité (Jacq. 1:18). Si Dieu veut un peuple pour la terre, Il le fera sortir du sein mort d’un homme et de sa femme (Héb. 11:11, 12). Abram crut l’Éternel, et cela lui fut compté à justice. C’est cette foi qui est donnée en exemple de la justification par la foi, en Rom. 4:9, 10, 12, pour affirmer que l’homme n’est pas justifié par des œuvres de loi, car Abram l’a été avant que la loi fût donnée. Il crut Celui qui, de la mort selon la nature, pouvait produire un peuple nombreux comme les étoiles. C’est la même foi que celle du chrétien qui croit «en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur» (Rom. 4:23, 24). C’est pourquoi Abram est appelé le père de ceux qui croient (Rom. 4:11). La foi qui est comptée à justice, dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, est celle qui croit Dieu, non pas en Dieu seulement. Croire Dieu, c’est croire tout ce qu’Il a dit, ce qu’Il dit, ce qu’Il dira; c’est la foi qui sauve. Ceux qui croyaient ce que Dieu disait dans les économies précédentes, auraient cru ce qu’Il dit par l’évangile, s’il leur eût été présenté. Avec l’assurance d’une postérité nombreuse comme les étoiles, l’Éternel promet à Abram un héritage, car il faut un pays pour un peuple si nombreux. Il lui rappelle qu’Il l’a fait sortir d’Ur des Chaldéens pour lui donner le pays où il se trouve. Abram demande à quoi il connaîtra qu’il le possédera, car il était alors entre les mains de peuples puissants. L’Éternel lui dit: «Prends une génisse de trois ans, et une chèvre de trois ans, et un bélier de trois ans, et une tourterelle, et un jeune pigeon». Il partagea ces animaux, sauf les oiseaux, et mit une moitié vis-à-vis de l’autre. «Et les oiseaux de proie descendirent sur ces bêtes mortes; et Abram les écarta». Les oiseaux représentent souvent des instruments de l’ennemi (voyez, entre autres, Matt. 13:4 et 32). Le fait qu’Abram les chasse signifie peut-être que la foi doit écarter les tentatives de l’ennemi qui voudrait lui enlever la certitude, qui repose sur les moyens par lesquels Dieu lui garantit l’accomplissement de Ses promesses. «Comme le soleil se couchait, un profond sommeil tomba sur Abram; et voici, une frayeur, une grande obscurité, tomba sur lui». En présence de Dieu, la nature humaine expérimente sa faiblesse. Abram doit réaliser son néant en même temps que la certitude que Dieu accomplira ce qu’Il lui a promis. Partager un animal et passer entre les deux moitiés était la garantie formelle de l’accomplissement d’une parole donnée. On voit cet usage en Jér. 34:18: «Et je livrerai les hommes qui ont transgressé mon alliance, qui n’ont point accompli les paroles de l’alliance qu’ils avaient faite devant moi (le veau qu’ils ont coupé en deux et entre les pièces duquel ils ont passé)». En présence de ces victimes, l’Éternel avertit Abram de ce qui arriverait à sa postérité avant de prendre possession du pays. Elle séjournerait dans un autre pays — l’Égypte — où elle serait asservie et opprimée; mais, au bout de quatre cents ans, Il jugerait cette nation, et ils en sortiraient avec de grands biens. C’est ce qui est rapporté dans le livre de l’Exode, tandis qu’Abram serait recueilli en bonne vieillesse vers ses pères, avec la certitude que tout s’accomplirait comme l’Éternel le lui avait dit. Par la foi, «il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:10). En la quatrième génération, ses descendants prendraient possession du pays, parce que Dieu voulait encore prendre patience envers les Amoréens; leur iniquité, dit-Il, n’était pas encore venue à son comble. On voit combien Dieu est miséricordieux. Il n’exécute Ses jugements que lorsque Son support à l’égard du mal n’est plus en rapport avec Ses perfections. Il en est de même aujourd’hui avec la chrétienté. L’apôtre Pierre dit qu’il n’y a pas de retardement en ce qui concerne la venue du Seigneur: «Mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse» (2 Pierre 3:9). C’est le désir du Seigneur qu’aucun ne périsse. Il attend le temps nécessaire pour que tous puissent accepter le salut. Mais, lorsque la patience divine sera à son terme, Ses jugements absolument justes tomberont sur ceux qui auront méprisé Sa patience, et personne ne pourra en reprocher à Dieu les rigueurs.
«Et il arriva que le soleil s’étant couché, il y eût une obscurité épaisse; et voici une fournaise fumante, et un brandon de feu qui passa entre les pièces des animaux. En ce jour-là, l’Éternel fit une alliance avec Abram, disant: Je donne ce pays à ta semence, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate…». Et l’Éternel désigne les nations qu’Il détruirait pour le leur donner. L’alliance que l’Éternel contracte ici, se liant d’une manière absolue par le sacrifice de ces animaux en passant entre eux par une fournaise fumante et un brandon de feu, n’est pas de même nature que celle qu’Il fit avec le peuple, en Exode 19:5, où il y avait un si, parce que le peuple s’engageait d’une part à faire tout ce que l’Éternel demanderait de lui pour obtenir les bénédictions promises: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons» (v. 8), disent-ils. Sur le pied de cette alliance, le peuple ne put rien obtenir. «Ils n’ont pas gardé l’alliance de Dieu, et ont refusé de marcher selon sa loi», est-il dit au psaume 78:10 et dans d’autres passages. Cette alliance faite avec Abram est sans condition; elle aura son plein accomplissement en vertu de l’œuvre de Christ à la croix, car elle repose sur la parole immuable de l’Éternel. Comme l’Éternel le dit à Abram, le peuple est bien sorti d’Égypte; il a pris possession du pays. Mais, en sortant d’Égypte, au lieu de compter sur la grâce et la fidélité de l’Éternel qui l’avait conduit jusque-là et porté comme sur des ailes d’aigle (Exode 19:4), il accepta les conditions que l’Éternel lui présentait par Moïse, et il s’engagea à accomplir la loi de Dieu, ce qui lui était impossible. Il aurait dû répondre qu’il ne se sentait pas capable de faire ce que Moïse lui proposait, et l’Éternel aurait agi en grâce envers lui. Sur le pied de la loi, Israël n’a rien pu obtenir que les jugements mérités. Mais, par la loi, Dieu voulait éprouver l’homme pour lui démontrer son incapacité de faire le bien, avant de lui présenter un Sauveur.
La fournaise fumante et le brandon de feu qui passèrent entre les pièces des animaux indiquent figurément ce qui caractérisera l’histoire du peuple d’Israël, jusqu’à ce qu’il jouisse pleinement des promesses faites à Abraham, sous le règne de Christ. La fournaise fumante représente les diverses périodes pénibles au travers desquelles le peuple juif a passé et passera, jusqu’à ce que les promesses s’accomplissent. En Deut. 4:20, il est parlé de l’Égypte comme de la fournaise de fer, d’où l’Éternel les a tirés, ce que l’on voit par le buisson de feu qui apparaît à Moïse, en Exode 3. Dans toute son histoire, ce peuple a passé par des périodes de jugement et d’épreuves à cause de son infidélité, jusqu’à son état actuel; et, pour terminer, la tribulation terrible du résidu.
Le brandon de feu représente la lumière divine, qui apparaît tout au travers de ces périodes douloureuses de l’histoire de ce peuple, par diverses interventions de Dieu leur accordant le secours, les délivrances de leurs ennemis, comme la délivrance de l’Assyrien (2 Chr. 32:20-23), le retour de la captivité de Babylone, et tant d’autres, jusqu’à la délivrance finale, alors que le Seigneur apparaîtra pour mettre fin à toutes les tribulations de Son peuple terrestre, jour que la foi d’Abram avait vu, et dont il s’était réjoui; jour de gloire introduit par Christ en vertu de Son œuvre, qui permettra à Dieu d’accomplir les promesses faites sans condition à Abram, Isaac et Jacob.
Malgré toute l’infidélité du peuple d’Israël, il était le peuple de Dieu choisi par Lui en vue des bénédictions futures, par lequel Dieu manifesterait Sa gloire devant les nations, qui jouiront aussi des bénédictions millénaires. L’apôtre Paul dit qu’ils sont «bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Rom. 11:28, 29). Ils recevront les bénédictions promises à titre de grâce, au même titre que nous recevons les bénédictions célestes (voyez Rom. 11:29-32).
Ce que nous enseigne la fournaise et le brandon de feu est, en principe, vrai pour chaque chrétien, et pour l’Église. Tout chrétien passe par des moments pénibles, de grandes épreuves; mais, au travers de tout ce que l’on rencontre de pénible, il y a le secours, des délivrances et, finalement, la grande délivrance par la venue du Seigneur.
Chapitres 16 et 17
Chapitre 16
Au chapitre précédent, Abram proposait Éliézer pour son héritier; et il reçoit de Dieu l’assurance que l’héritier serait son propre fils. Dans ce chapitre, c’est Saraï qui propose un moyen pour l’obtenir. Elle regardait à elle-même, insuffisante selon la nature, au lieu de compter sur la parole de Dieu. Dès que l’on a une parole de la part de Dieu, elle doit suffire pour attendre, dans la paix et la tranquillité, l’accomplissement de ce qu’Il a dit; mais la chair se fie toujours plus à elle qu’à Dieu. La femme est une aide que Dieu a donnée à l’homme, non seulement dans les choses matérielles, mais aussi dans les choses spirituelles. Ici, Saraï ne l’a pas été pour son mari. Sa foi n’était pas à la hauteur de celle d’Abram; et lui fut assez faible pour se laisser influencer par elle. Comme Adam, il ne sut pas lui résister. Il est vrai que Saraï pouvait faire valoir que le fils qui naîtrait serait son propre fils; mais Dieu n’avait pas besoin de l’aide de Saraï pour accomplir Sa parole. Abram aurait dû résister et supporter l’épreuve de sa foi, en s’attendant à l’Éternel; mais «il écouta la voix de Saraï». Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, c’est par la foi que celui qui est en relation avec Dieu doit marcher, qu’il s’agisse de bénédictions célestes ou terrestres. Le péché a séparé l’homme de Dieu, et il faut la foi pour avoir affaire avec Lui. L’objet de la foi est toujours invisible (Héb. 11:1). Plus la foi est fortifiée, plus elle peut jouir de son objet; c’est pourquoi Dieu l’éprouve, pour la fortifier. Dieu éprouve la foi en la faisant passer par des circonstances qui semblent démentir ce qu’Il a dit. On en a un exemple typique dans l’épreuve d’Abraham au chapitre 22. Après lui avoir promis un fils, lorsqu’il est là, Il le lui demande en sacrifice. C’était en contradiction avec les promesses qu’Il lui avait faites. Mais la foi d’Abraham reposait sur la parole de Dieu, et non sur Isaac. C’était à Dieu d’agir pour accomplir ce qu’Il avait promis; et Il l’a fait.
Les conséquences de l’activité de la chair ne se firent pas attendre. «Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera… la corruption» (Gal. 6:8). Agar méprisa sa maîtresse, et Saraï veut se délivrer elle-même des conséquences de sa propre faute; d’abord en accusant son mari, alors que sa faute était de l’avoir écoutée; puis elle maltraite sa servante qui s’enfuit. La chair cherche toujours à se soustraire aux conséquences de ses actes, au lieu de se juger et de juger ses voies. Saraï prétend faire intervenir l’Éternel en disant à Abram: «L’Éternel jugera entre moi et toi», comme s’Il allait lui donner raison. Tout manquement porte ses conséquences; il faut en subir les effets. La présence d’Agar dans la maison d’Abram était aussi une conséquence de sa descente en Égypte. Mais, au travers des conséquences, lorsque le mal est jugé, nous avons affaire avec la bonté et la miséricorde de Dieu, qui veut nous diriger et nous enseigner comment nous devons agir, dans les situations souvent fâcheuses où nous nous sommes placés.
L’Ange de l’Éternel trouva Agar dans le désert, près d’une fontaine qui est sur le chemin de Shur, qui conduit en Égypte. Dans l’Ancien Testament, l’Ange de l’Éternel est toujours le Seigneur Jésus, seconde personne de la Trinité; appelé un ange, le représentant de l’Éternel, parce qu’Il n’avait pas encore été révélé comme Fils de Dieu, comme Il le fut lorsqu’Il devint un homme. Il dit à Agar: «D’où viens-tu, et où vas-tu?». Après avoir entendu la réponse, Il lui dit: «Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main». L’humiliation est le chemin de la restauration. L’Ange de l’Éternel remet les choses au point. Si Saraï avait tort envers sa servante en la maltraitant, Agar avait tort en s’élevant contre sa maîtresse. Nous savons que la confession du mal doit toujours accompagner l’humiliation, car il faut savoir de quoi l’on s’humilie.
L’Ange de l’Éternel annonce à Agar ce que deviendra le fils qu’elle mettra au monde. Il s’appellera Ismaël, ce qui veut dire: «El a entendu». Il aura une nombreuse et puissante postérité. Quant à son caractère, il sera indomptable et toujours guerroyant, un «âne sauvage». Il fut l’ancêtre de douze tribus arabes, nomades mais puissantes. Mais il n’aura aucune part avec le fils de la promesse, qui naquit au temps voulu de Dieu.
Agar apprécia cette rencontre de l’Éternel; elle L’appela: le Dieu qui se révèle. On donna ce nom au puits vers lequel elle se trouvait: Beër-Lakhaï-Roï, ce qui veut dire: Puits du Vivant qui se révèle; nom caractéristique de l’Éternel se révélant aux Siens; puits auprès duquel Isaac méditait lorsqu’Éliézer lui amena Rebecca, et près duquel il habita après son mariage — et auprès duquel nous devons vivre, maintenant que Dieu s’est révélé à nous en Son Fils bien-aimé, le vrai puits du Vivant qui se révèle. Nous voyons aussi dans ce récit que Dieu répond toujours aux besoins de ceux qui sont dans la peine. Il n’est pas indifférent au cri d’une pauvre esclave maltraitée, ce que le nom d’Ismaël nous rappelle.
Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu’Ismaël naquit. Il y avait donc onze ans qu’il était dans le pays, depuis qu’il avait quitté Charan. Pendant ces années, Dieu fit son éducation; d’abord par sa descente en Égypte. Dès lors, Dieu fut sa part, en contraste avec Lot qui la choisit dans ce monde. Puis Il le fortifia et le bénit afin qu’il refuse les biens du roi de Sodome. Il se révéla ensuite comme son bouclier et sa très grande récompense, lui assure l’accomplissement de Ses promesses, et la naissance d’un héritier qui serait son propre fils.
Les chapitres 15 et 16 vont ensemble. Ils présentent la promesse de l’héritier, et l’activité de la chair pour l’obtenir. Au chapitre suivant, l’Éternel renouvelle Ses promesses en en basant l’accomplissement sur ce qu’Il était.
Chapitre 17
L’Éternel laissait s’écouler le temps qui anéantissait les ressources de la nature pour accomplir Lui-même ce qu’Il a promis. Abram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans lorsque l’Éternel lui apparut de nouveau, en lui disant: «Je suis le Dieu Tout-puissant; marche devant ma face, et sois parfait; et je mettrai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai extrêmement». Au chapitre 14, Il est nommé le Dieu Très-haut, en rapport avec la possession des cieux et de la terre, ce qui sera reconnu dans le millenium. Ici, Il est le Tout-puissant, pour accomplir Ses promesses. Donc il n’y avait pas besoin de l’intervention de l’homme pour cela. Abram devait marcher devant la face du Tout-puissant et être parfait, c’est-à-dire conséquent avec une telle révélation qui devait le gouverner dans toute sa conduite. On est toujours responsable de marcher d’après la révélation que Dieu fait de Lui-même et de la lumière qu’Il nous donne par elle. Lorsqu’Il voulut délivrer Son peuple de l’Égypte, Il se révéla à lui comme l’Éternel, le Même que le Tout-puissant, auteur des promesses qu’Il allait accomplir (Exode 6:2-3). C’est pourquoi Moïse dit au peuple, en Deut. 18:13: «Tu seras parfait avec l’Éternel, ton Dieu», en ne se conduisant pas comme les nations cananéennes. Lorsque le Seigneur parle du Père à Ses disciples, Il dit: «Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matt. 5:48). Il use de bonté envers tous, envoyant Son soleil et Sa pluie sur les justes et sur les injustes. Les chrétiens, possesseurs de la nature divine, sont appelés à être «imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants» (Éph. 5:1).
Dieu change le nom d’Abram — père élevé — en celui d’Abraham — père d’une multitude — car Il l’établit père d’une multitude de nations. «Je te ferai fructifier extrêmement, et je te ferai devenir des nations; et des rois sortiront de toi». Dieu établit une alliance perpétuelle avec lui pour qu’Il soit son Dieu, à lui et à sa semence après lui. Il renouvelle qu’Il lui donnerait le pays de son séjournement, Canaan, ainsi qu’à sa semence après lui, et qu’Il serait leur Dieu. Car Dieu avait appelé Abram à sortir de son pays et de sa parenté, pour avoir un peuple qui gardât la connaissance de Lui-même, lorsque les hommes L’avaient rejeté pour l’idolâtrie. Il peut paraître étrange que Dieu dise, au verset 8, qu’Il donne le pays en possession perpétuelle à sa semence, et voici dix-neuf siècles qu’il ne le possède plus à cause de ses péchés; mais le pays leur sera rendu et, dans le millenium, jusqu’à la destruction de cette terre, il le possédera perpétuellement. C’est Dieu qui le leur garde. Toutes les promesses faites à Abraham sont relatives à la terre; mais elles impliquent celles qui sont célestes, parce que, pour les accomplir, il faut que le Christ soit manifesté; et, par Son œuvre, Il a rendu possible, non seulement l’accomplissement des promesses terrestres, mais tout le conseil de Dieu à l’égard des choses célestes.
C’est ici, plutôt qu’au chapitre 15, qu’il y a lieu de faire ressortir la différence entre cette alliance inconditionnelle, établie par le Tout-puissant, et celle qui est faite conditionnellement entre le peuple et l’Éternel, en vertu de laquelle le peuple n’a rien obtenu, l’ayant violée, ce qui leur est reproché, entre autres, en Jér. 11:4-8. Au verset 10, il est dit: «La maison d’Israël et la maison de Juda ont rompu mon alliance que j’avais faite avec leurs pères», celle du chapitre 19 de l’Exode. Dans notre chapitre, c’est Dieu qui s’engage à accomplir tout ce qu’Il a dit, par pure grâce et par Sa toute-puissance.
Dieu voulut qu’il y ait un signe de l’alliance entre Lui et Son peuple. Il le lui donne par la circoncision, signe de séparation pour Dieu, en même temps que le signe de la mort quant à la chair, qui ne peut subsister devant Dieu, et à laquelle il ne peut être fait de promesse. Ce peuple était séparé de tous les peuples de la terre pour l’Éternel; «un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations» (Nomb. 23:9 — voir Exode 19:5). En Rom. 4:11, l’apôtre dit que la circoncision était le sceau de la justice de la foi qu’Abraham avait, de cette foi qui crut Dieu, au chapitre 15, avant que la loi fût donnée, ce qui établissait que l’on était justifié par la foi, aussi bien après qu’avant la loi, et que par ce fait, Abraham était le père de ceux qui croient, et non seulement le père des Juifs. Pour le chrétien, ce qui correspond à la circoncision, c’est la mort de Christ, par laquelle il a été délivré, affranchi de sa condition d’homme dans la chair. C’est ce qui effectue la vraie séparation pour Dieu. «En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Col. 2:11-12). C’est pourquoi il était absurde d’exiger que les croyants des nations fussent circoncis, comme les chrétiens judaïsants le voulaient, en Actes 15 et chez les Galates. Dès le moment que, par la mort de Christ, le vieil homme, auquel Dieu avait donné la circoncision, est mort, un mort ne peut plus être circoncis ni accomplir la loi. En Christ, le croyant sort du tombeau, un être vivant, laissant derrière lui tous ses péchés, son vieil homme et la loi qui s’appliquait à lui. C’est Christ, dès lors, qui est son modèle; c’est Sa vie qui fait commandement, pour lui. Dans le christianisme, le baptême correspond à la circoncision pour le Juif, en ce qu’il est le signe de la mort de Christ. On est baptisé pour Christ, pour Sa mort, pour réaliser la mort à tout ce à quoi Christ est mort.
Tous ceux qui faisaient partie de la maison d’Abraham devaient tous être circoncis; tous devaient porter la marque de la séparation pour Dieu. Celui qui ne s’y soumettait pas devait en être retranché, ayant violé l’alliance de l’Éternel. De même que la maison d’un chrétien doit porter les caractères de la position de son chef, séparé du mal pour Dieu.
Dieu change aussi le nom de Saraï en Sara — princesse — et Il dit: «Et je la bénirai, et même je te donnerai d’elle un fils; et je la bénirai, et elle deviendra des nations; des rois de peuples sortiront d’elle». Abraham avait de la peine à croire qu’étant si âgés, une telle faveur leur serait accordée. Il dit encore: «Qu’Ismaël vive devant toi!». À quoi Dieu répond: «Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils; et tu appelleras son nom Isaac (Hébreu: rire); et j’établirai mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle, pour sa semence après lui». Quant à Ismaël, Dieu dit qu’Il l’a béni, qu’Il le fera fructifier et multiplier extrêmement — ses fils seraient douze chefs — et qu’il deviendrait une grande nation. Mais, dit-Il, «mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que Sara t’enfantera en cette saison, l’année qui vient». Lorsque Dieu eut achevé de parler avec Abraham, Il monta d’auprès de lui.
Quel entretien merveilleux, concernant les bénédictions que Dieu voulait répandre sur les hommes malgré le péché qui les avait séparés de Lui! Mais, pour que ces promesses sans conditions exigées de l’homme, sauf la foi, puissent leur parvenir, il fallait qu’au temps convenable, le Fils de Dieu, vrai fils de la promesse, descendît dans ce monde accomplir une œuvre qui satisfît aux exigences de la justice et de la sainteté que l’homme en Adam avait foulées aux pieds.
Ensuite, Abraham exécuta l’ordre de l’Éternel en étant circoncis, ainsi que toute sa maison.
Chapitre 18
L’Éternel apparut à Abraham, qui habitait toujours auprès des chênes de Mamré depuis que Lot avait choisi la plaine du Jourdain. Assis à l’entrée de sa tente, il vit trois hommes qui s’approchaient de lui, et courut au-devant d’eux, et les invita à s’arrêter auprès de lui pour se réconforter, ce qu’ils acceptèrent. Un des trois était l’Éternel, qu’Abraham reconnut aussitôt, quoiqu’Il ne se révélât pas de suite. Il était accompagné de deux anges, tous trois ayant revêtu un corps humain.
L’Éternel venait annoncer à Abraham deux choses importantes: premièrement, la naissance d’Isaac, et les jugements qui allaient tomber sur les villes de la plaine. L’Éternel affirme à Abraham que Sara aurait un fils, l’année suivante. Sara, dans la tente, écoutait cela avec un rire de doute, considérant toujours les choses à vue humaine; tandis qu’Abraham, en entendant la déclaration de l’Éternel au chapitre précédent (v. 17), rit en son cœur d’un rire de satisfaction, en croyant ce que l’Éternel lui disait, puisque c’est ce qui donna le nom de son fils (voir la note de ce verset). Mais, au chapitre 21:6, Sara eut un rire de bonheur, en disant: «Dieu m’a donné lieu de rire; quiconque l’entendra rira avec moi». L’Éternel répondit au rire de Sara en disant: «Y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile pour l’Éternel? Au temps fixé, je reviendrai vers toi…, et Sara aura un fils». Se voyant reprise, Sara nia avoir ri, car elle eut peur. Mais l’Éternel lui dit: «Non, car tu as ri». On voit avec quelle condescendance l’Éternel s’entretenait avec Abraham et Sara, supportant leurs doutes durant cette époque dans laquelle Il les formait et fortifiait leur foi; car, malgré ses doutes, Sara avait la foi. En Héb. 11:11, il est dit: «Par la foi, Sara elle-même aussi reçut la force de fonder une postérité, et cela, étant hors d’âge, puisqu’elle estima fidèle celui qui avait promis». Plus tard, lorsque Dieu se fut plus pleinement révélé, Il ne supporta pas l’incrédulité au même degré chez ceux auxquels Il parlait. Zacharie, le père de Jean le baptiseur, fut muet une année pour avoir exprimé un doute lorsque l’ange lui annonça la naissance de son fils (Luc 1:18-22). Ananias et Sapphira moururent pour avoir menti à l’Esprit Saint (Actes 5). Comme nous l’avons déjà remarqué, la responsabilité du croyant est en rapport avec le degré de révélation que Dieu a faite de Lui-même. Pour le chrétien, cette révélation est parfaite. Aussi sa responsabilité est grande, étant en rapport avec un si merveilleux privilège. Abraham avançait donc vers la réalisation de la grande promesse de Dieu. Elle était grande en effet, car Isaac était un type de Christ sur lequel reposait, de la part de Dieu, l’accomplissement de tous les conseils de Dieu pour la terre et les cieux; ce que l’Éternel confirme encore à Abraham, après le sacrifice d’Isaac, chapitre 22:15-18; que l’apôtre rappelle en Gal. 3:16, disant: «et à ta semence, qui est Christ». Christ est le grand sujet de la Parole, depuis qu’Il est annoncé comme Celui qui briserait la tête du serpent jusque dans l’éternité. Après cette communication si importante au sujet du fils de la promesse, vient ce qui concerne le monde.
«Et les hommes se levèrent de là, et regardèrent du côté de Sodome; et Abraham allait… leur faire la conduite». Après la révélation de la grâce vient celle du jugement. Pendant le temps de la grâce, nous jouissons des heureux résultats de la venue du vrai Fils de la promesse; et bientôt, Dieu regardera du côté du monde, envers lequel Il prend patience depuis longtemps, comme Il regarda du côté de Sodome, pour exécuter Ses jugements. L’Éternel dit: «Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire, puisque Abraham doit certainement devenir une nation grande et forte, et qu’en lui seront bénies toutes les nations de la terre? Car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard». L’Éternel prend deux choses en considération, à l’égard d’Abraham, pour lui dire ce qu’Il va faire: Premièrement, ce qu’il deviendrait selon les promesses qui lui avaient été faites; et deuxièmement, sa conduite fidèle. Ce sont là les grands principes qui doivent gouverner la conduite de tout chrétien, aujourd’hui, pour recevoir les bénédictions de Dieu: Avoir conscience de notre position et de notre glorieuse destinée, et agir en conséquence, individuellement et dans nos maisons. En attendant l’accomplissement des promesses glorieuses, il y a, au milieu de ce monde, la voie de Dieu, qu’il faut suivre en pratiquant ce qui est juste et droit. La marche individuelle des chrétiens et celle de leur maison, découle de la connaissance de leur position céleste; et, si nous sommes conséquents en marchant fidèlement, Dieu nous révélera Ses pensées à tous égards. Dieu devrait pouvoir dire de chacun de nous: «Je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, etc.». Il semble que l’Éternel fasse dépendre l’accomplissement de Ses promesses de la marche d’Abraham, disant: «afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard». Nous avons affaire avec les mêmes principes. Lorsque la Parole présente la responsabilité du croyant, elle parle comme si le salut dépendait de la marche. C’est pourquoi nous trouvons des "si": «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner de l’espérance de l’évangile» (Col. 1:23). «Nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance» (Héb. 3:6, et le reste du chapitre, et le chapitre 4). Lorsqu’il s’agit de la possession du salut, il n’y a pas de "si". La foi saisit l’œuvre que Christ a accomplie, œuvre parfaite; elle se l’approprie. Là, tout est sûr, parce qu’il s’agit de ce que Christ a fait. Mais alors commence la responsabilité de marcher d’une manière qui prouve que l’on possède le salut, que l’on est enfant de Dieu. Si cette marche fait défaut, personne ne peut croire que l’on a la vie de Dieu. Pour faire face à cette responsabilité, il faut se nourrir de la Parole, être occupé du Seigneur, puiser constamment dans la grâce les ressources nécessaires; sans cela, comme il est dit dans ce chapitre 4 aux Hébreux, on parait ne pas atteindre le repos. Quelqu’un a comparé le passage du chrétien dans ce monde à une passerelle jetée au travers d’un fleuve, ayant deux barrières, une se nommant la grâce et l’autre la responsabilité. Il faut les tenir à chaque main pour arriver à l’autre bord. Si l’on ne tient que celle de la responsabilité, on devient légal; on ne peut avancer. Si l’on ne veut que la grâce, l’égoïsme du cœur naturel profiterait de la sécurité qu’elle donne pour se satisfaire, et la marche serait la négation de ce que l’on professe et l’on ne donnerait aucune preuve que l’on arrivera au ciel.
La communion avec Dieu dont Abraham jouissait était si réelle qu’il est appelé «ami de Dieu», en Jacq. 2:23. En És. 41:8, Dieu l’appelle «son ami». En 2 Chr. 20:7, Josaphat, en s’adressant à Dieu, Lui dit: «Abraham ton ami». L’Éternel traitait Abraham en ami, disant: «Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire?». C’est ainsi que le Seigneur agissait avec Ses disciples. Il leur dit: «Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père» (Jean 15:15). Avec l’Église, le Seigneur fait de même. Il ne lui cache pas les jugements qui vont fondre sur ce monde. Elle n’est pas du monde, mais elle doit régner avec son Époux sur ce monde, qui est actuellement dans un si mauvais état; aussi Il lui fait savoir ce qui va arriver. L’Apocalypse commence en disant: «Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt». L’Éternel parle en toute simplicité avec Abraham. Il vient prendre connaissance de la réalité du péché de Sodome et de Gomorrhe avant d’exécuter le jugement, ce qui est Son œuvre inaccoutumée (És. 28:21); tandis qu’Il est toujours prêt à faire grâce, durant Sa longue patience.
«Les hommes se détournèrent de là, et ils allaient vers Sodome», c’est-à-dire les deux anges qui accompagnaient l’Éternel. «Et Abraham se tenait encore devant l’Éternel». Ce patriarche use de la grande liberté que lui donnait l’intimité avec laquelle l’Éternel conversait avec lui pour intercéder en faveur des justes qui pouvaient se trouver dans Sodome, sachant bien que Lot y était. Il en appelle à la justice de Dieu, disant: «Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste?». De cinquante qu’il supposait y avoir au début de son intercession, il descend à dix et, n’osant aller plus loin, il s’arrête. Hélas! Il n’y en avait pas dix; il y en avait un le juste Lot, qui était «accablé par la conduite débauchée de ces hommes pervers… et tourmentait de jour en jour son âme juste, à cause de leurs actions iniques» (2 Pierre 2:7-8).
Nous voyons en Abraham et Lot les deux extrêmes de la vie que l’on peut rencontrer chez des croyants. Celui qui croit Dieu et dont la foi gouverne la conduite jouit d’une pleine communion avec Dieu, reçoit Ses révélations quant à ses propres bénédictions et celles concernant le jugement du monde; et, jouissant d’une si grande communion avec Dieu, il peut intercéder pour ceux qui ont choisi leur part dans ce monde. Tandis que celui qui, tout en étant appelé un juste, a voulu sa part dans ce monde, n’a autre chose, en fait de vie spirituelle, que de tourmenter son âme en vivant au milieu des pécheurs, et perd tout ce qu’il possède, parce qu’il ne possède que des choses qui se voient. Elles ne sont que pour un temps bien court et disparaissent sous le jugement qui atteint le monde et le détruit. Sérieuse leçon pour nous tous!
Chapitre 19
Les anges que l’Éternel envoyait pour détruire ces villes corrompues trouvèrent Lot assis à la porte de Sodome. Il occupait une place d’honneur au milieu de cette iniquité, car c’étaient les autorités qui siégeaient à la porte des villes. Ce n’était pas ce qu’il avait convoité en quittant Abram, au chapitre 13; mais on ne peut rechercher les mêmes choses que le monde sans agir selon ses principes. Le croyant est appelé à faire les mêmes choses que le monde, dans son travail et tout ce qui caractérise la position d’un homme sur la terre, soumis à ce que Dieu a établi. Mais en toutes choses, les motifs qui le font agir doivent être approuvés de Dieu, afin de Lui être agréable et de recevoir Sa bénédiction. Les motifs qui gouvernaient Lot dans le choix de la plaine de Sodome ne venaient pas de Dieu. Après avoir pris place au milieu d’un tel peuple, il ne tint pas compte de la bonté de Dieu qui l’avait délivré de sa fâcheuse situation par Abram, lorsqu’il fut pris par les vainqueurs des rois de la plaine. Il aurait dû fuir ces villes; au contraire, il n’a profité de sa délivrance que pour s’y établir plus fortement, puisqu’on le trouve à la porte de Sodome.
C’est extrêmement grave, de ne pas profiter des avertissements que Dieu nous donne. Il use de patience et d’une grande bonté, avant d’intervenir en jugement. Il est dit en Rom. 2:4-5: «Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance? Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu». Dans toutes les dispensations de Dieu à notre égard, il y a des avertissements et des enseignements dont nous avons à tenir compte; sinon, elles se renouvelleront avec plus d’intensité, jusqu’à un dénouement fatal, s’il n’y a pas repentance. Dieu n’avait pas délivré Lot pour qu’il continuât le même train de vie; aussi il lui arriva ce qui est dit en Prov. 29:1: «L’homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement, et il n’y a pas de remède».
Lot, voyant venir ces deux hommes, courut à leur rencontre et leur offrit l’hospitalité, comme le fit Abraham auprès des chênes de Mamré. L’hospitalité est recommandée dans la Parole; mais on peut l’être sans être très pieux. Il y a des mondains très hospitaliers. Ces hommes refusèrent d’abord les offres de Lot. Accepter l’hospitalité de quelqu’un, c’est se déclarer en communion avec lui, approuver sa conduite. Lydie, à Philippes, le comprit d’emblée. En offrant à Paul et à ses compagnons de loger chez elle, elle dit: «Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur» (Actes 16:15). Sur les instances de Lot, les anges acceptèrent d’entrer chez lui, non comme signe de communion, mais pour lui annoncer les jugements qu’ils allaient exécuter et l’en délivrer. On peut toujours entrer chez quelqu’un pour lui dire la vérité. Les effets de cette hospitalité furent loin d’être les mêmes que chez Abraham. Celui-ci vivait avec Dieu dans une séparation absolue du monde, où il était étranger; il jouissait avec ses hôtes d’une pleine communion. Lot occupait la place d’un citoyen actif en Sodome; sa piété était telle que le monde ne se sentait pas jugé par elle. Les hommes de Sodome comprirent bien vite que les hôtes de Lot n’étaient pas des leurs, ce qui leur fit prendre une attitude agressive. S’ils eussent eu l’habitude de voir arriver chez Lot des personnages pieux avec lesquels il était en communion de pensées, ils n’auraient pas été surpris; mais c’était peut-être la première fois qu’ils observaient quelque chose qui se distinguât d’avec eux. Lot était dans une grande angoisse au sujet de ses hôtes. Il ignorait que dans ces hommes étaient ces «esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (Héb. 1:14). Ce n’était pas à Lot de les protéger; eux étaient là pour le sauver. Dans son inconscience de cela et sa familiarité avec les mœurs corrompues de cette populace, il veut détourner leur rage par le moyen le plus indigne qu’un père puisse proposer. Loin d’être apaisés, ces hommes s’en prirent à lui-même, entendant une réprimande de sa part. Ils dirent: «Cet individu est venu pour séjourner ici, et il veut faire le juge! Maintenant nous te ferons pis qu’à eux. Et ils pressaient beaucoup Lot, et s’approchèrent pour briser la porte». Alors ce furent les anges qui délivrèrent Lot, le faisant entrer dans sa maison, et frappant de cécité ces hommes, qui se lassèrent de chercher la porte. Les anges demandèrent à Lot qui il avait, gendres, fils ou filles, afin de les faire sortir de la ville avec tout ce qu’il avait, parce que l’Éternel les avait envoyés pour détruire ce lieu; «car — disent-ils — leur cri est devenu grand devant l’Éternel… Et Lot sortit, et parla à ses gendres qui avaient pris ses filles, et dit: Levez-vous, sortez de ce lieu, car l’Éternel va détruire la ville. Et il sembla aux yeux de ses gendres qu’il se moquait». En voyant leur beau-père parfaitement à son aise au milieu de cette cité corrompue, ils n’auraient pas imaginé que les jugements de Dieu allaient fondre sur eux, car ils ne pouvaient savoir que son âme était tourmentée par leurs actions iniques. Le monde ne peut croire que les jugements de Dieu vont tomber sur lui, en voyant le croyant trouver sa satisfaction dans les choses qui vont être détruites. La marche du chrétien parle plus que ses paroles. Pour nous chrétiens, nos bénédictions spirituelles et célestes suffisent pour nous faire marcher dans la séparation du monde en attendant le Seigneur. Mais Dieu nous a fait connaître, comme à Abraham, les jugements prochains qui vont tomber sur le monde actuel, nous donnant ainsi un motif de plus pour en être séparés. Ceux qui écoutent ces instructions sont appelés bienheureux. «Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche!» (Apoc. 1:3). En parlant du jugement de Babylone — la fausse Église — il est dit: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies» (Apoc. 18:4). En 2 Pierre 3:11, 12, nous lisons: «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront».
Les anges sont obligés de presser Lot afin qu’il se hâte de fuir. C’était pénible de faire subitement le sacrifice des biens auxquels il avait consacré toute sa vie. Les anges lui disent: «Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans l’iniquité de la ville». Lot était un juste que Dieu seul connaissait. Un juste est tel en vertu de l’œuvre de Christ; mais, lorsque sa marche est telle que celle du monde, ce qui est en contradiction absolue avec sa position, Dieu seul peut savoir s’il est juste. Les témoins d’une marche si contradictoire ne peuvent le nommer un juste, car un juste doit prouver aux hommes ce qu’il est en pratiquant la justice. Dieu savait qui était Lot, et use de grâce envers lui, et aussi à cause d’Abraham (v. 29); sans cela, il aurait péri dans l’iniquité qui tourmentait son âme. Mais il tardait. Quel combat devait se livrer en lui! Il fallut que les anges le prissent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, pour les faire sortir de la ville, «l’Éternel ayant pitié de lui». Une fois dehors, les anges lui dirent: «Sauve-toi, pour ta vie! Ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses». Quel contraste offre cette plaine avec ce que nous lisons au chapitre 13:10: «Et Lot leva ses yeux et vit toute la plaine du Jourdain, qui était arrosée partout… comme le jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte…». Il doit maintenant lui tourner le dos, ne pas regarder en arrière, ne pas s’arrêter dans cette plaine qui avait eu tant d’attraits pour son cœur, où tout ce qu’il avait acquis allait être la proie du feu, et lui-même sauvé comme au travers du feu; exemple réel de ce qui arrivera au monde actuel!
Rien de semblable n’eut lieu pour Abraham. Il n’a rien à laisser; on ne peut rien lui prendre. L’Éternel était sa part, ce qui faisait de lui un étranger dans le pays. Lot est envoyé sur la montagne, l’opposé de la plaine. Il n’ose pas aller là, se trouver seul avec Dieu. Il intercède auprès des anges pour qu’ils le laissent aller dans Tsoar, une petite ville. Souvent, on prend prétexte qu’une chose est petite pour se l’accorder ou y participer; c’est une ruse de l’ennemi. Il ne faut pas raisonner sur la quantité, mais sur la qualité: Est-elle de Dieu ou du monde? Car la petite chose du monde conduira à une plus grande. Hélas! Lot se sentait plus en sécurité au milieu des hommes en petit nombre que dans la présence de Dieu. Les anges accèdent à sa demande, en insistant qu’il se hâte de fuir. On voit la miséricorde de Dieu active en sa faveur, jusqu’au bout. Lot étant à l’abri, l’Éternel fit pleuvoir du feu et du soufre et détruisit toutes les villes, toute la plaine, et leurs habitants, et toute plante. Mais la femme de Lot regarda en arrière; son cœur ne pouvait se détacher de ce que le feu consumait. Elle tomba sous le jugement de Dieu: Elle devint une statue de sel, monument incorruptible de la vérité des paroles de l’Éternel et des conséquences de la désobéissance. Le Seigneur, en annonçant les jugements qui tomberaient sur le peuple et en exhortant les disciples à fuir sans délai — car il s’agira de sauver sa vie — leur dit: «Souvenez-vous de la femme de Lot» (Luc 17:31-32). Là où est le trésor, là est le cœur.
Lot ne demeura pas à Tsoar; nous ne savons pourquoi. Il s’en alla dans la montagne avec ses deux filles, et habita dans une caverne. Par des procédés résultant du milieu corrompu dans lequel la famille de Lot avait été élevée, ses filles devinrent mères de Moab et d’Ammon, ancêtres de deux nations qui furent constamment les ennemies du peuple de Dieu; nations qui doivent encore reparaître sur la scène, pour recevoir, à la fin, leur jugement de la main d’Israël restauré (voyez És. 11:14). Il est frappant de voir, pour la fin, en Soph. 2:9, le rapprochement de ces deux nations avec ce qui est arrivé à Sodome et Gomorrhe: «Moab sera comme Sodome, et les fils d’Ammon comme Gomorrhe, un lieu couvert d’orties, et des carrières de sel, et une désolation, à toujours. Le résidu de mon peuple les pillera, et le reste de ma nation les héritera». Jusqu’au terme de leur histoire, nous voyons les tristes résultats de la marche de Lot.
Un tel récit ne doit-il pas nous engager à marcher avec Dieu dans la jouissance de nos bénédictions célestes, sachant quel sort attend un monde vers lequel nous portons si facilement des regards envieux?
Dans tout ce récit, lamentable du côté de l’homme, la bonté et la fidélité de Dieu apparaissent d’une manière merveilleuse; car, «si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même» (2 Tim. 2:13). Malgré le misérable état de Lot, Dieu agit envers sa famille selon la manière dont Il l’envisage, comme appartenant à un des Siens. Elle aurait été épargnée si ses enfants et gendres eussent voulu l’écouter. Car la famille d’un croyant est au bénéfice de la position de son chef, comme témoignage sur la terre. Noé et les siens entrèrent dans l’arche. Josué dit: «Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel» (Jos. 24:15). Mais le chef de famille doit enseigner à ses enfants la crainte de Dieu, ce que Lot ne fit pas. Les privilèges de la famille d’un croyant se rattachent à sa position dans ce monde, séparée du monde et jouissant de la faveur de Dieu. Mais, s’il s’agit du salut, c’est individuel; chacun doit croire pour son propre compte. C’est ce que l’on voit avec les gendres de Lot. Ils ne voulurent pas l’écouter, et ils périrent avec la ville. Tandis que les fils de Noé et leur femme écoutèrent ce que l’Éternel avait dit à leur père, et ils furent tous sauvés. La grande responsabilité des enfants de parents chrétiens est d’écouter les enseignements de la Parole de Dieu et d’obéir à leurs parents. En le faisant, ils peuvent compter sur la bénédiction de Dieu et posséder de bonne heure le salut, privilège que ne possèdent pas les enfants du monde.
Chapitre 20
Abraham quitta les chênes de Moré et vint à Guérar, situé au sud de la Palestine. Pourquoi le fit-il? Nous ne le savons pas; mais nous comprenons pourquoi Dieu le permit. Dans ce pays, il ne se sentait pas en sécurité; et, croyant se garantir de ce qu’il prévoyait, il renouvelle le mensonge dont il s’était servi au sujet de Sara, lorsqu’il descendit en Égypte au chapitre 12. Si Dieu l’appelait à descendre à Guérar, ne pouvait-Il pas le protéger? Il accomplit un acte qui n’était pas en rapport avec la foi qu’il avait montrée depuis son retour d’Égypte. Ce mal nous montre que le croyant le plus avancé a toujours la chair en lui, qui peut le faire tomber quels que soient les progrès spirituels qu’il ait pu faire. Pour être à l’abri d’une chose aussi grave que la manifestation de notre mauvaise nature, il faut maintenir continuellement le jugement de soi-même.
Abimélec s’empara de Sara d’après ce qu’Abraham avait dit d’elle. Il est fort probable qu’il ne l’aurait pas fait sans cela. On voit que la prévoyance charnelle n’a aucune valeur. Quelqu’un a dit que la foi n’était pas prévoyante, mais confiante. Mais Dieu veillait sur Son serviteur. Il vint à Abimélec, et lui montra la gravité de son acte, en reconnaissant son intégrité, c’est-à-dire qu’il n’aurait pas pris Sara s’il avait su qu’elle était femme mariée. Il lui ordonna de la rendre; sans cela, il mourrait avec tout ce qui était à lui. Puis, reconnaissant la supériorité d’Abraham quant à sa position, l’Éternel dit à Abimélec qu’il était prophète et qu’il prierait pour lui. Cela peut paraître étrange que Dieu revendique la qualité de prophète chez un homme qui venait d’accomplir un acte qui était si contraire à sa vocation. Mais, si Abraham avait oublié ce qu’il était, Dieu ne l’oubliait pas. Il est dit au psaume 105:14 et 15: «Il ne permit à personne de les opprimer, et il reprit des rois à cause d’eux, disant: Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes». Le croyant doit toujours penser à la position que la grâce lui a faite, afin d’être conséquent avec; sachant que Dieu le voit toujours en Christ, dans la position qui résulte de Son œuvre. En le faisant, il serait gardé du mal. Abraham l’a perdu de vue un moment, mais pas Dieu. En présence d’un homme du monde, Dieu revendique ce qu’il est pour Lui. Il faut bien remarquer que ce n’est pas Abraham qui dit à Abimélec qu’il est un prophète, ce qui ne lui eut pas convenu; mais c’est Dieu. En Nomb. 23:21, Dieu dit de Son peuple qu’Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob ni n’a vu d’injustice en Israël. Et, parce qu’il en est ainsi, nous voyons au chapitre 25 qu’il tomba vingt-quatre mille hommes de ce peuple, parce qu’il avait commis fornication avec les filles de Moab. Dieu est fidèle, mais Il est juste et saint.
Le mal chez le croyant est très grave. En péchant, il s’abaisse au niveau, et même plus bas, que le monde. Abraham doit recevoir les reproches d’Abimélec. C’est honteux, pour un chrétien, d’être repris par le monde, car le monde sait comment le chrétien doit marcher; il voit très bien quand il renie son caractère d’association à Christ. Abimélec dit à Abraham: «Qu’as-tu vu pour avoir fait ainsi?». Abraham répondit par une excuse qui ne justifiait pas son manque de confiance en Dieu; car s’il était vrai qu’il n’y avait pas de crainte de Dieu chez ce peuple, il devait y avoir la crainte de Dieu chez Abraham pour l’empêcher de mentir. Il pouvait bien soulager un peu sa conscience en disant qu’elle était sa sœur, puisqu’elle était fille de son père; mais elle n’était pas fille de sa mère, et elle était devenue sa femme. C’était une restriction mentale, mais qui n’est pas la vérité. On a dit que la vérité, c’est toute la vérité et rien que la vérité. Y ajouter ou y retrancher n’est plus la vérité. Mais Abraham avoue ensuite ce qui était important: «Et il est arrivé, lorsque Dieu m’a fait errer loin de la maison de mon père, que je lui ai dit: Voici la grâce que tu me feras: Dans tous les lieux où nous arriverons, dis de moi: Il est mon frère». C’est pour amener Abraham à confesser ce péché que Dieu permit qu’il descendit à Guérar, parce qu’Il voulait qu’il fût délivré de ce mal avant d’accomplir la promesse par la naissance d’Isaac. Car ce mal aurait pu reparaître et ternir gravement le témoignage de ce fidèle patriarche. On peut remarquer que le mal était plus grave pour Abraham, en reniant sa relation avec Sara, que lorsqu’il descendit en Égypte, parce qu’il savait qu’elle serait la mère de l’héritier promis. Un péché qui se renouvelle est toujours plus grave, parce que l’on n’a pas tenu compte de l’expérience faite. La grande leçon que nous pouvons tirer de cela, c’est que nous devons juger toute pensée mauvaise qui peut exister dans notre cœur, parce qu’elle peut y demeurer sans se manifester jusqu’au moment où une circonstance le permettra. Abraham n’avait pas jugé ce mensonge depuis son retour d’Égypte. S’il ne s’est pas renouvelé, c’est qu’il ne s’était pas trouvé dans des circonstances qui l’aient favorisé. C’est pourquoi Dieu permit qu’il se renouvelle, afin de le juger et qu’il en soit délivré. Dieu ne demande qu’à nous bénir, mais Il doit souvent travailler beaucoup en nous, pour nous rendre propres à recevoir Sa bénédiction, car elle ne s’associe pas au mal.
Abimélec fit des dons à Abraham et à Sara; et Abraham pria pour lui, et Dieu le guérit, ainsi que sa maison.
Il y a trois choses principales à considérer dans ce chapitre. Premièrement, chez Abraham, le manque de confiance en Dieu pour le protéger. Deuxièmement, la manière dont Dieu considère toujours le croyant, dans la position que la grâce lui a faite, lors même que, dans sa marche, il n’est pas conséquent avec cette position. Troisièmement, qu’un péché non jugé en soi, se manifeste tôt ou tard, dès que l’on est placé dans des circonstances qui en favorisent la manifestation. On peut encore en ajouter une quatrième: C’est que Dieu ne peut bénir tant qu’un mal caché n’est pas jugé.
Chapitre 21
Chapitre 21:1-21
Maintenant que tout est en règle chez Abraham, Dieu envoie l’héritier, grand sujet de joie pour Abraham et Sara. Avoir un fils à un âge si avancé était bien dû à la grâce et à la puissance de Dieu. La chair n’y était pour rien. Sara peut rire d’un rire de joie et de reconnaissance qui vient de Dieu. Mais la présence de l’héritier amène du trouble dans la famille du patriarche. Le jour qu’Isaac fut sevré, Abraham fit un festin; et Sara vit rire Ismaël, qui ne partageait pas la joie de la maison; son rire était moqueur. Âgé de quatorze ans, il avait pu croire qu’il serait l’héritier; mais il n’avait point de part à l’héritage de la promesse. Aussi Sara dit à Abraham: «Chasse cette servante et son fils; car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac». Pour comprendre l’enseignement figuré dans cette scène, il faut lire Gal. 4:21-31, où l’apôtre fait comprendre aux Galates dans quelle erreur ils étaient en acceptant un enseignement qui les plaçait sous le régime de la loi. Il leur montre qu’il y a deux alliances, celle de la loi et celle de la grâce; celle de la loi qui est figurée par Agar, qui était une esclave, tandis que Sara était la femme libre. De la servante naquit le fils selon la chair, et de la femme libre le fils de la promesse. Agar correspond à Israël selon la chair, dans la servitude; étant sous la loi donnée en Sinaï, il ne peut obtenir aucune promesse. Tandis que les chrétiens sont comme Isaac, nés de la femme libre, objets de la grâce. En sorte qu’il n’y a aucun mélange possible entre la loi et la grâce. La loi maintenait l’homme sous la servitude et sous la malédiction, tandis que la grâce le libère de l’esclavage et du jugement. Il n’y a aucun accord entre les deux. L’apôtre dit: Celui qui était né selon la chair (Ismaël) persécutait celui qui était né selon l’Esprit (Isaac). Il en était de même entre ceux qui voulaient encore la loi; ils persécutaient ceux qui étaient sous la grâce. Comment en être délivrés? «Mais que dit l’écriture? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre». Il faut rejeter entièrement le système légal. Il est impossible d’obtenir quoi que ce soit, sinon la malédiction, pour accepter la grâce qui donne la liberté et toutes les bénédictions que la loi ne pouvait donner, ainsi que la capacité de plaire à Dieu.
Pendant qu’Ismaël était seul dans la maison, cela pouvait aller; comme il en était pour Israël jusqu’à ce que Christ, le vrai fils de la promesse, vînt dans ce monde. Alors le système légal fut mis de côté, pour faire grâce à tous; et ceux qui voulaient encore le conserver devaient faire comme Sara dit à Abraham: «Chasse la servante et son fils», pour se placer entièrement sous le régime de la grâce, où l’on est libre et capable de servir le Seigneur, en l’ayant comme vie et modèle de cette vie. La loi s’appliquait à l’homme en Adam; mais, en Christ, à la croix, cet homme est mort; en sorte que la loi n’a plus d’autorité sur lui. C’est pourquoi le chrétien en a fini avec la loi; il vit d’une vie nouvelle. En sorte qu’il doit chasser, non seulement Agar, figure de la loi, mais son fils, la chair, qu’il ne doit plus prendre en considération. C’est pénible pour la chair. C’est pourquoi cela fut mauvais aux yeux d’Abraham, parce qu’Ismaël était son fils selon la chair. Mais il faut rompre avec ce qui est de la chair. Mais Dieu lui dit: «Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l’enfant, et à cause de ta servante. Dans tout ce que Sara t’a dit, écoute sa voix; car en Isaac se sera appelée une semence». Dans ce chapitre 4 des Galates, il n’est pas dit: «Que dit Sara?»; mais «Que dit l’écriture?». Paul reconnaît l’autorité de la Parole inspirée. Dieu dit à Abraham qu’Il ferait devenir une nation le fils de la servante, parce qu’il était issu de lui. Il est une figure du peuple juif, mis de côté pendant l’économie de la grâce parce qu’il a rejeté Christ. Il est conservé à part dans ce monde, en attendant que Dieu reprenne Ses relations avec lui sur le pied des promesses en grâce. Ils ont été chassés, mais ils sont bien-aimés à cause des pères, comme Ismaël était conservé à cause d’Abraham.
Abraham renvoie Agar et son fils. Il lui donne du pain et de l’eau. Elle s’en va, errant dans le désert de Beër-Shéba. L’eau étant épuisée, elle jeta l’enfant loin d’elle pour ne pas le voir mourir. Elle ne se confiait pas en Dieu, qui lui avait dit qu’il deviendrait une grande nation. Elle éleva sa voix et pleura. Dieu entendit les pleurs de l’enfant, et encouragea la pauvre femme par Son ange, qui lui dit: «Lève-toi, relève l’enfant et prends-le de ta main; car je le ferai devenir une grande nation». Dieu lui ouvrit les yeux pour voir un puits d’eau dont elle remplit son outre, et en fit boire l’enfant. Que de fois nous ressemblons à Agar, en ayant les yeux attachés sur nos peines; nous ne savons pas voir les ressources qui sont à notre portée, dans le puits infini du cœur de Dieu. Dans Sa bonté, comme pour Agar, Il prend connaissance de notre détresse, de nos peines, et nous ouvre les yeux pour voir les ressources que nous avons en Lui, qui use de tant de grâces et de miséricorde envers Ses faibles enfants.
Dieu fut avec Ismaël. Il grandit, habita dans le désert et devint tireur d’arc. Sa mère prit pour lui une femme du pays d’Égypte. Il fut, nous l’avons dit, l’ancêtre des Arabes.
Chapitre 21:22-34
En figure, comme conséquence de la naissance de l’héritier du monde, Abimélec, qui avait dû reconnaître en Abraham un prophète malgré sa conduite peu digne, reconnaît maintenant que Dieu est avec lui. Il lui fait promettre de n’agir faussement ni envers lui, ni envers ses enfants, et d’user de bonté envers lui comme il l’a fait envers lui durant le temps de son séjour dans son pays. Abraham le lui jura. Puis il le reprit au sujet d’un puits d’eau dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparés. Abraham fit un don à Abimélec, et ils firent alliance près du puits de Beër-Shéba, ce qui veut dire: puits du serment. Après cela, Abimélec et Picol, le chef de son armée, retournèrent dans leur pays. Abraham planta un tamarisc, ou bosquet, et invoqua le nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité, le Dieu qui accomplira Ses conseils en faveur de Son peuple jusqu’en l’éternité.
Ce qui est enseigné par ce récit est une figure de ce qui aura lieu pour le peuple d’Israël lorsque l’héritier, Christ, sera manifesté. Le monde reconnaîtra que Dieu est avec Lui, reconnaîtra Ses droits, Sa supériorité; il n’y aura plus de difficultés entre eux.
Chapitre 22
«Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham». Dieu l’avait amené au point où il pouvait être éprouvé. Nous ne sommes pas toujours en état d’être éprouvés, s’il s’agit d’une épreuve de foi. Dieu commence par encourager une âme dans le chemin de la foi; et, lorsqu’Il l’a produite, Il l’éprouve pour en manifester la réalité, car la foi ne peut être connue que par des faits qui démontrent qu’elle existe. C’est ce que Jacques dit dans son épître, où il donne l’exemple d’Abraham pour prouver cela. Au chapitre 15, Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice. Après cela, Dieu voulut une preuve extérieure de cette foi. Cette preuve se trouve dans ce chapitre par le sacrifice d’Isaac. Jacques dit, en parlant d’Abraham: «Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres; et par les œuvres la foi fut rendue parfaite»; et: «N’a-t-il pas été justifié par des œuvres, ayant offert son fils Isaac sur l’autel?». S’il s’agit d’être justifié devant Dieu, il faut la foi en Sa parole, croire Dieu. Mais ceux qui nous entourent ne voient pas la foi, en nous; Dieu seul le peut. C’est pourquoi il faut des œuvres, non pour être sauvé, mais pour prouver à d’autres que nous sommes sauvés, que nous avons la foi.
Il y a plusieurs genres d’épreuves ou de tribulations. On trouve des chrétiens qui croient que toutes les épreuves sont des châtiments. D’abord, un châtiment n’est pas une épreuve; c’est la conséquence d’une faute commise. L’épreuve a lieu pour éprouver la réalité, la valeur d’une chose. C’est ce qui eut lieu pour Abraham. Il y a d’autres genres d’épreuves ou d’afflictions. Paul reçut une écharde dans la chair, non parce qu’il avait péché, mais parce qu’il avait été au troisième ciel, ce dont il aurait pu s’enorgueillir, ce qui aurait nui à son service. Le Seigneur le maintint dans l’humilité et la faiblesse afin de pouvoir déployer Sa puissance en lui, pour accomplir le service qu’Il lui avait confié. Cette écharde avait un effet préventif, pour empêcher Paul de manquer, et non parce qu’il était tombé. En Job, nous avons un autre genre d’épreuve. Tous les maux qu’il a endurés ne provenaient pas non plus de ce qu’il avait péché, puisque Dieu lui rend un merveilleux témoignage (1:8; 2:3). Mais il était préoccupé de sa bonne marche et ne s’était pas vu devant Dieu. Il ne connaissait bien ni Dieu, ni lui-même; les deux choses vont ensemble. Dieu l’amène à dire: «Mon œil t’a vu: C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre». Il s’ensuivit une double bénédiction. Si nous voulons être bénis, il faut apprendre à connaître Dieu; alors nous nous connaissons et nous savons que nous ne pouvons compter que sur Dieu. En David, nous avons un exemple du châtiment: L’épée n’est pas sortie de sa maison, à la suite de l’affaire de Bath-Shéba, lors même qu’il fut pleinement restauré, ayant joui jusqu’à la fin d’une pleine communion avec Dieu. Dans nos tribulations, il peut s’y rencontrer ces divers genres d’épreuves, à la fois.
Au chapitre 12, lorsque l’Éternel appela Abraham, Il lui dit qu’il deviendrait une grande nation et que toutes les familles seraient bénies en lui. Au chapitre 15, Il lui promet un fils duquel il aurait une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Au chapitre 17, Dieu lui dit qu’il serait père d’une multitude de nations, et que Sara lui enfanterait un fils. Au chapitre 18, Dieu le visite et lui dit que, l’année suivante, Sara aurait un fils. Au chapitre 21, Isaac naquit; Agar et Ismaël sont chassés parce qu’Isaac seul était l’héritier. Isaac avait grandi; tout était parfaitement assuré pour Abraham, et reposait sur ce fils par la parole de l’Éternel. Alors Dieu veut éprouver la foi d’Abraham, pour voir si sa foi repose sur Isaac ou sur Sa parole. Il lui dit: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai». Abraham n’hésite pas, se lève de bon matin, part avec Isaac et deux serviteurs, et tout ce qu’il fallait pour sacrifier son fils. Dieu emploie des termes qui lui rendaient sensible le sacrifice qu’Il lui demandait, lui disant: «ton fils, ton unique, celui que tu aimes». S’il s’était arrêté à ce que ce sacrifice lui coûtait, il n’aurait pas eu la force de l’accomplir. Il aurait pu raisonner avec Dieu, lui disant: Pourquoi fallait-il mettre à mort celui sur qui reposait tout ce qu’Il lui avait promis? La raison pouvait trouver Dieu inconséquent avec Ses paroles; mais la foi ne raisonne pas; elle croit Dieu, et marche. Elle ne croit pas Dieu parce qu’Il donne ce qu’Il a promis, mais parce que c’est Dieu qui le dit. Isaac pouvait mourir, mais pas la parole de Dieu; ce qu’Il a dit s’accomplirait. C’est ce qu’Abraham avait cru. Si Dieu lui demande son fils en sacrifice, c’est à Lui de savoir comme Il accomplirait Ses promesses. Abraham ne l’a pas offert en pensant que Dieu lui en donnerait un autre, mais en sachant que Dieu se servirait d’Isaac pour accomplir tout ce qu’Il avait dit. C’est ainsi qu’il croyait que Dieu le ressusciterait, «ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, en figure, il le reçut» (Héb. 11:17-19). L’épreuve de la foi a lieu lorsque nous nous trouvons dans des circonstances qui paraissent en contradiction avec ce que Dieu a dit. Dieu nous encourage en répondant à nos prières, en nous donnant des délivrances; alors nous croyons que Dieu dit vrai. Mais Dieu veut que nous Le croyions sur parole, lors même que nous ne verrions aucune preuve de la vérité de ce qu’Il nous dit. Il veut que nous croyions qu’Il nous exaucera, lorsque nous Lui demandons quelque chose qui est selon Sa volonté, lors même que nous ne le verrions jamais ici-bas. Abraham savait qu’en sacrifiant Isaac, il ne sacrifiait pas la parole de Dieu. Il accomplirait ce qu’Il avait dit touchant Isaac. C’était l’affaire de Dieu. Abraham obéit, donnant gloire à Dieu, «étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir» (Rom. 4:21).
La foi a Dieu devant elle, et non les choses visibles. C’est ce qui caractérise le christianisme. Les regards doivent être fixés sur les choses qui ne se voient pas, et non sur celles qui se voient (2 Cor. 4:18). «Nous marchons par la foi», est-il dit, «non par la vue» (2 Cor. 5:7).
Le troisième jour, Abraham leva ses yeux et vit le lieu de loin. Il laisse les jeunes hommes, leur disant: «Restez ici, vous, avec l’âne; et moi et l’enfant, nous irons jusque-là, et nous adorerons; et nous reviendrons vers vous». Abraham ne craint pas de dire «nous reviendrons». La parole de Dieu était sûre: «En Isaac te sera appelée une semence» (21:12). Il ne pouvait en être autrement. Mais quelle épreuve pour le cœur de ce père! Isaac lui demanda: «Voici le feu et le bois; mais où est l’agneau pour l’holocauste?». Abraham répondit: «Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste». Tout était entre les mains de Dieu. Abraham ne se préoccupait que d’obéir. Il a Dieu pour objet; il dit aux jeunes hommes: «Nous adorerons». Il savait qu’en la montagne, il y serait pourvu (v. 14).
Arrivé au lieu désigné par Dieu, Abraham prépara l’autel, y plaça son fils et, comme il allait l’égorger, l’Ange de l’Éternel lui cria des cieux: «N’étends pas ta main sur l’enfant;… car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique». Abraham vit un bélier retenu à un buisson par ses cornes, et il le sacrifia à la place de son fils.
Cette scène si touchante rappelle la scène, plus touchante encore, qui se passa en Golgotha, où Dieu sacrifia Son Fils, sans qu’une voix vînt retenir Son bras. Ce Fils est aussi appelé le Fils unique, objet des délices éternelles de Son Père, venu dans ce monde pour faire la volonté de Dieu, afin qu’Il puisse accomplir toutes les promesses faites aux pères et Ses conseils éternels. Le ciel s’ouvrit sur Lui pour que Dieu proclamât qu’Il était Son Fils bien-aimé, en qui Il avait trouvé Son plaisir. Tout le long de Sa course ici-bas, «ils allaient les deux ensemble». Cela est dit deux fois d’Abraham et d’Isaac et, mieux encore, du Fils éternel, qui marcha dans un accord parfait avec Son Dieu et Père, jusqu’au moment, unique dans l’éternité, où Dieu frappa Son Fils, Son unique, détournant Sa face de Lui parce qu’Il portait le poids infini de nos affreux péchés. Abraham sacrifiait son fils pour Dieu; mais Dieu Le sacrifiait pour des ennemis, des impies, des coupables révoltés contre Lui. Quel amour! L’Ange de l’Éternel qui cria des cieux à Abraham de ne pas mettre à mort son fils était le Fils de Dieu. Il savait qu’Il irait s’offrir un jour sur l’autel de la croix, sans qu’une voix vienne répondre à Son cri douloureux, comme dit le cantique.
Une seconde fois, l’Ange de l’Éternel cria des cieux et dit: «Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer; et ta semence possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix». Toutes les bénédictions sont de nouveau assurées pour le ciel et la terre, maintenant que, figurément, Christ est ressuscité, assurées aussi parce qu’Abraham avait écouté la voix de Dieu. Il y a une bénédiction éternelle, conséquence de la fidélité ici-bas. Les étoiles représentent les saints célestes, et le sable qui est sur le bord de la mer ceux qui jouiront des bénédictions terrestres dans le millenium. Elles seront bénies en «ta semence», qui est Christ (Gal. 3:16).
Les versets 20 à 24 énumèrent les fils de Nakhor, frère d’Abraham, mentionné au chapitre 11:29. Nakhor avait pour femme Milca, sœur de Lot, fille d’Haran. On rapporta à Abraham que Milca, elle aussi, enfanta des enfants à Nakhor son frère. Pourquoi cette mention? Parce qu’il fallait une épouse pour l’héritier, et qu’elle devait être prise dans la parenté d’Abraham. Bethuel, le huitième des enfants de Nakhor, était le père de Rebecca, qui devint l’épouse d’Isaac. Tout ce qui se rapporte aux desseins de Dieu a de l’importance. Dieu a toujours une raison pour mentionner certains détails dans Sa Parole, lors même que nous ne savons pas toujours la discerner.
Chapitre 23
Nous avons dans ce chapitre la mort et l’ensevelissement de Sara. Son service était accompli; elle avait été l’instrument de Dieu pour introduire dans le monde Isaac, devenu le type de Christ ressuscité. Elle représente Israël, dont le Christ est issu. C’est pourquoi elle fait place à l’épouse, que nous verrons unie à Isaac au chapitre suivant. Sara mourut à Kiriath-Arba, ou cité d’Arba, devenue Hébron. Arba était le père d’Anak (Jos. 15:13). Mais, si Sara meurt, comme tous les patriarches, sans avoir reçu les choses promises, la foi d’Abraham n’en voit pas moins l’accomplissement dans l’avenir, et sur la terre même où il est étranger. C’est pourquoi il veut ensevelir sa femme dans le pays où les promesses se réaliseront, pays qui était alors entre les mains des fils de Heth. Il veut y posséder un sépulcre, afin de ressusciter dans le pays promis.
Il est dit qu’Abraham «se leva de devant son mort» (v. 3). Il était venu pour mener deuil et pleurer Sara. Ce monde est une scène de deuil et de mort, depuis que le péché y est entré. On ne peut qu’en ressentir toute la réalité. Cependant, tout en menant deuil, le croyant fixe ses regards au-delà de la mort. Si Abraham ne connaissait pas, comme nous, la victoire que Jésus a remportée sur la mort, sa foi n’avait pas moins saisi la pensée de Dieu; il savait qu’un jour, il jouirait avec tous les siens des bénédictions promises, au-delà de la mort. C’est pourquoi, tout en sentant douloureusement la rupture des liens naturels, il se leva de devant son mort. La mort n’est pas l’objet du cœur; elle le prive de son objet. Mais, par la grâce de Dieu, il est transporté dans le domaine de la vie. Ce corps se relèvera; l’esprit y rentrera pour jouir des bénédictions promises, soit sur la terre, soit dans les cieux. C’est la grande consolation de ceux qui mènent deuil. On ne peut pas être privé des siens par la mort sans en éprouver la douleur; mais on ne peut demeurer dans cette douleur et en vivre. Il arrive un moment où il faut se lever de devant son mort, non pour l’oublier, mais pour fixer les regards de la foi dans le domaine de la vie. Comme Abraham, il faut ôter son mort de devant soi. Mais, toute corruptible que soit cette dépouille mortelle, elle a du prix pour la foi, parce qu’elle appartient au Seigneur. «Il est semé corps animal; il ressuscite corps spirituel». Abraham veut donc un sépulcre dans la terre de la promesse, et il demande aux fils de Heth de lui vendre une portion de terre afin qu’il y possède un sépulcre. Ces Héthiens reconnaissent «qu’il est un prince de Dieu au milieu d’eux». Beau témoignage rendu à cet étranger! Aussi lui offrent-ils d’enterrer son mort dans le meilleur de leurs sépulcres. Abraham ne peut accepter cette offre généreuse; son mort ne peut être mélangé avec les leurs. S’ils étaient alors possesseurs du pays, ils ne le seraient pas au jour de la résurrection; ce sont Abraham et ses descendants qui le seraient, car il avait une espérance; eux n’en avaient point. Il insiste respectueusement auprès d’eux afin d’obtenir la caverne de Macpéla, qui lui est finalement cédée par Éphron, pour le prix de quatre cents sicles d’argent ayant cours parmi les marchands. Toutes les formalités en usage étant accomplies pour lui assurer la possession du champ de Macpéla, Abraham y enterra son mort, qu’il ôta de devant lui.
Pour le chrétien, l’importance d’un lieu de sépulture n’est pas le même. Où que ce soit qu’un enfant de Dieu soit enterré, il ressuscitera lors de la première résurrection, pour être introduit, par le Seigneur, dans la gloire céleste, car ses bénédictions sont là-haut. Les promesses faites à Abraham étaient pour la terre; cette terre lui a été désignée par Dieu (13:14-16; 15:18-21; 17:8). Sa postérité la possédera et en jouira, quand le Seigneur aura détruit Ses ennemis, qui sont les ennemis de Son peuple, et qu’Il régnera sur Israël et sur tout l’univers. Alors Abraham et toute sa postérité qui aura vécu jusqu’à la première résurrection en jouiront, mais depuis le ciel; leur part sera encore meilleure que celle de ceux qui en jouiront sur la terre, sous le règne millénaire. «Il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:10). Le Seigneur dit aux Juifs qui Le rejetaient: «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour; et il l’a vu, et s’est réjoui» (Jean 8:56). L’accomplissement de tout ce qu’Abraham croyait aurait lieu par Christ; c’est pourquoi il avait vu le jour de Christ et s’était réjoui. Tous les croyants délogés, depuis Abel jusqu’à la venue du Seigneur en gloire, ressusciteront et formeront la partie céleste du royaume; tandis qu’Israël converti et les nations qui auront accepté l’évangile du royaume en jouiront sur la terre.
Genèse 24
V. 1-27
«Abraham était vieux, avancé en âge; et l’Éternel avait béni Abraham en toute chose». C’est le résultat naturel d’une vie de foi. Quel contraste avec Lot, dont il n’est plus parlé et dont tous les biens sont devenus la proie du feu. Abraham n’avait rien choisi; il avait Dieu pour sa part, la source de tout bien et de tout bonheur. Lot avait choisi lui-même, et il n’a rien. Si le chrétien choisit sa portion dans ce monde, il perdra tout; il devra tout laisser. S’il jouit de ce que Dieu lui donne et recherche les choses qui sont en haut, il emportera tout avec lui et en jouira éternellement. Car Dieu ne donne pas seulement ce qu’il faut pour le présent à ceux qui se confient en Lui, mais Il donne des bénédictions éternelles. Dieu avait béni Abraham en toutes choses. Aujourd’hui, les croyants sont «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». C’est la part qu’ils doivent rechercher.
Les principes qui ont gouverné Abraham sont les mêmes que pour les chrétiens, parce qu’il a agi par la foi. Il veut une épouse pour son fils. Il ne veut pas plus la prendre parmi les Cananéens qu’il ne voulait de leurs tombeaux. Il fait jurer à son serviteur qui avait le gouvernement de tout ce qui lui appartenait — nous savons que c’est Éliézer — qu’il ne prendrait pas une femme pour son fils parmi les Cananéennes, mais qu’il irait en prendre une dans son pays et dans sa parenté. Dieu ne veut pas de mélange dans la famille de la foi. Les Cananéens étaient supportés par Dieu, mais ils devaient disparaître sous Ses jugements, quand la patience de Dieu serait à son terme. C’est pourquoi l’épouse de l’héritier ne devait pas être des leurs; principe qui, à plus forte raison, doit gouverner le chrétien. Qui voudrait que, de deux époux, à la venue du Seigneur, l’un soit laissé pour les jugements, et l’autre pris au ciel? Les époux chrétiens doivent pouvoir jouir en commun de leur espérance, de leur objet, qui est Christ. Comment peut-on être unis pour la terre et être étrangers en ce qui regarde les bénédictions célestes et éternelles? La Parole ne dit-elle pas: «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules», et «Quelle part a le croyant avec l’incrédule?» (2 Cor. 6:14-15)?
Le serviteur dit à Abraham: «Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci; me faudra-t-il faire retourner ton fils dans le pays d’où tu es sorti? Et Abraham lui dit: Garde-toi d’y faire retourner mon fils». Et, au verset 8: «Tu ne feras pas retourner là mon fils». La raison qu’Abraham donne pour cela, c’est que l’Éternel, le Dieu des cieux, l’a fait sortir de la maison de son père et du pays de sa parenté et lui a juré qu’Il lui donnerait le pays, et à sa semence. Il lui dit qu’Il enverrait Son ange devant lui afin de faire réussir son voyage. Ceci présente un autre principe important à retenir. Si Dieu nous a fait sortir du monde pour nous donner le ciel, nous ne pouvons y retourner; mais Il peut en appeler d’autres à en sortir. Le Seigneur dit de chacun de nous: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:16). Abraham, décidé à marcher selon la pensée de Dieu, compte sur Lui pour faire prospérer le voyage de son serviteur. Si nous sommes décidés à être fidèles à Dieu, nous pouvons compter sur Lui, qui a le pouvoir de tout disposer en faveur des Siens. Il bénit toujours l’obéissance et la fidélité. Quelle différence, d’avoir son ange devant soi pour préparer le chemin ou de l’avoir contre soi, comme Balaam, dans le chemin de sa propre volonté! Tout devient simple, lorsque nous laissons agir Dieu.
«Et le serviteur prit dix chameaux d’entre les chameaux de son maître, et s’en alla; or il avait tout le bien de son maître sous sa main. Et il se leva et s’en alla en Mésopotamie, à la ville de Nakhor». C’était un serviteur qui marchait en pleine communion avec son maître. Il était son fidèle représentant, vivant dans la crainte de Dieu, un homme de prière. Avant d’entrer dans la ville, il demanda à Dieu de lui faire faire une heureuse rencontre, en lui présentant à quoi il reconnaîtrait celle qu’Il avait destinée à Isaac. Dieu exauça sa prière parce qu’elle était selon Sa volonté. Avant même qu’il ait achevé de parler, Rebecca arriva et fit comme Éliézer l’avait demandé à l’Éternel. Elle lui donna à boire et fit boire les chameaux. Comme tout est simple lorsqu’on a affaire avec Dieu. Il faut laisser aller Dieu devant soi et Le suivre; tandis qu’il arrive si souvent que l’on trace soi-même son propre chemin et que l’on prie Dieu pour qu’Il nous y accompagne. Là, Dieu ne marche pas, et nous faisons de tristes expériences, parce qu’Il n’est pas le serviteur de notre volonté.
Le serviteur regardait avec étonnement Rebecca agir comme il l’avait demandé à Dieu. Malgré la foi qui compte sur Dieu, on est toujours étonné lorsqu’Il nous répond. Puis il lui donna un anneau et deux bracelets en or, et lui demanda de qui elle était fille. «Elle lui dit: Je suis fille de Bethuel, fils de Milca, qu’elle a enfanté à Nakhor». Ayant appris qu’elle était précisément de la famille d’Abraham, il se prosterna devant l’Éternel et dit: «Béni soit… le Dieu de mon seigneur Abraham, qui ne s’est pas départi de sa grâce et de sa vérité envers mon seigneur. Lorsque j’étais en chemin, l’Éternel m’a conduit à la maison des frères de mon seigneur». Dans tout ce récit, on voit que le serviteur met toujours en cause son seigneur devant l’Éternel. Il s’efface complètement; c’est pour Abraham qu’il agit et pour qui l’Éternel doit intervenir (v. 12, 14, 27, 42, 48, 49). Il en est de même pour nous, dans nos prières; elles s’adressent à Dieu au nom du Seigneur. Tout ce que nous demandons doit être pour Sa gloire, car demander en Son nom, c’est demander ce qu’Il demanderait. S’il en est ainsi, nous sommes sûrs de l’exaucement. Pour cela, il faut vivre en communion avec Dieu, comme Éliézer avec Abraham.
Éliézer est aussi une figure du Saint Esprit. À la suite de la mort et de la résurrection de Christ, que l’on a en figure en Isaac, Israël étant mis de côté — mort de Sara — Dieu envoya l’Esprit Saint chercher une Épouse pour Son Fils. Cette troisième personne de La Trinité a, comme Éliézer, sous Sa main les choses qui sont du ciel, la maison de Dieu le Père, pour les dispenser à ceux qui font partie de l’Épouse de Christ, pendant le temps que dure le voyage. Le Seigneur dit aux disciples, et à nous, en parlant du Saint Esprit: «Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera» (Jean 16:14-15).
V. 28-67
«La jeune fille courut, et rapporta ces choses dans la maison de sa mère; or Rebecca avait un frère, nommé Laban». La mention de Laban et non des autres membres de la famille est introduite intentionnellement, car il fera parler de lui dans les chapitres 29 à 31. Lorsqu’il vit l’anneau et les bracelets aux mains de sa sœur, et qu’il entendit ses paroles, il vint vers Éliézer, qui était encore près de la fontaine avec les chameaux, et il dit: «Entre, béni de l’Éternel; pourquoi te tiens-tu dehors? Car j’ai préparé la maison, et de la place pour les chameaux». Comme Laban se fait connaître dans ses rapports avec Jacob, il n’avait pas besoin de foi pour faire entrer chez son père le serviteur d’Abraham. Quand il vit l’anneau et les bracelets d’or aux mains de sa sœur, il en avait assez pour courir vers l’homme. C’était l’homme qui appréciait les biens de ce monde. On voit dans la suite qu’il avait une grande influence dans la maison de son père. C’est lui qui prend la parole, au verset 33; il est nommé avant Bethuel son père, au verset 50.
On peut considérer Éliézer dans sa piété personnelle et, comme nous l’avons déjà vu, comme figure du Saint Esprit, qui cherche l’Épouse de Christ, le grand héritier dont Isaac est une figure, et la conduit à Lui. Dans sa piété et son zèle pour le service que son maître lui a confié, une fois introduit dans la maison, il dit: «Je ne mangerai pas avant d’avoir dit ce que j’ai à dire. Et Laban dit: Parle». Il raconte qu’il est serviteur d’Abraham, que l’Éternel a abondamment béni, en lui donnant du menu et du gros bétail, de l’argent et de l’or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Mais la chose importante était que Sara lui avait enfanté un fils dans sa vieillesse, auquel il avait donné tout ce qu’il avait; et qu’il lui avait fait jurer qu’il ne prendrait pas pour ce fils de femme parmi les Cananéens, mais qu’il irait en prendre une dans la maison de son père; et qu’il lui avait aussi dit que l’Éternel enverrait Son ange avec lui pour faire prospérer son voyage. Puis il leur donne toutes les preuves que l’Éternel l’a conduit vers la parenté de son seigneur, par la rencontre de Rebecca telle qu’il l’avait demandée à l’Éternel. Il termine en disant: «Et maintenant, si vous voulez user de grâce et de vérité envers mon seigneur, déclarez-le-moi; et sinon, déclarez-le-moi, et je me tournerai à droite ou à gauche» (v. 49). «Laban et Bethuel répondirent et dirent: La chose procède de l’Éternel; nous ne pouvons te dire ni mal, ni bien. Voici Rebecca devant toi; prends-la, et t’en va; et qu’elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme l’Éternel l’a dit». En entendant ces paroles, le serviteur se prosterna devant l’Éternel. Puis il donna des objets d’argent et d’or et des vêtements à Rebecca, et fit aussi de riches présents à son frère et à sa mère.
Maintenant que sa mission est accomplie, ils purent manger et boire, et logèrent là. Ce serviteur nous donne l’exemple de la manière dont tout service pour le Seigneur doit être fait; et tout service doit être fait pour le Seigneur, en ne recherchant pas ses aises et ses avantages, mais avant tout de l’accomplir fidèlement. Il faut être attentifs à cela dans les jours où nous vivons, afin de ne pas imiter la manière dont on agit aujourd’hui, dans le monde, où l’ordre établi de Dieu dans toutes les relations est de plus en plus foulé aux pieds.
Sans perdre de temps, le lendemain, le serviteur demanda qu’on le renvoie à son seigneur. Le frère et la mère auraient aimé garder la jeune fille encore dix jours; mais Éliézer insista pour repartir, puisque l’Éternel avait fait prospérer son voyage. Il leur répète: «Renvoyez-moi, et que je m’en aille vers mon seigneur». Mais il fallait encore savoir si la jeune fille était disposée à partir. Ils l’appelèrent et lui dirent: «Iras-tu avec cet homme? Et elle dit: J’irai». Rebecca n’a aucune hésitation pour répondre à cet appel, qui est de l’Éternel, pour une si haute destinée. Elle quitte tout sans regrets; son cœur n’est pas aux choses qu’elle laisse. Elle réalisait ce que dit l’apôtre Paul aux Philippiens: «Oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant». Il doit en être ainsi pour tout chrétien et pour toute âme à laquelle l’appel de l’évangile se fait entendre; car rien n’est plus grand que la destinée à laquelle tout pécheur est appelé, à être héritier de Dieu, cohéritier de Christ, possesseur d’un salut éternel et glorieux. Celui qui croit au message que l’Esprit de Dieu lui adresse par la Parole peut s’avancer heureux vers ce but glorieux, conduit sûrement par le céleste Éliézer. Rebecca reçoit la bénédiction de sa famille et part avec sa nourrice et ses filles. Il est dit: «Elles s’en allèrent après l’homme. Et le serviteur prit Rebecca, et s’en alla». Sa nourrice est nommée deux fois: ici, et au chapitre 35, environ cent quarante ans plus tard — et cela, comme toujours dans la Parole, intentionnellement — où nous voyons sa mort et son enterrement, ce qui nous présente une vérité importante dont nous parlerons en son temps, si Dieu le permet.
Comme type de l’Esprit Saint, nous voyons Éliézer placer devant la famille de Rebecca toutes les gloires de son seigneur, ses biens abondants dont le fils a été fait héritier. Il en présente une riche part à Rebecca: des dons en argent, en or, et des vêtements, et de riches présents à son frère et à sa mère. L’Esprit de Dieu, à la suite de la mort et de la résurrection de Christ, est venu ici-bas faire connaître les biens célestes et éternels qui sont la part de l’Épouse, qu’Il unit à Christ et qu’Il appelle à Le suivre, au travers du désert de ce monde, jusqu’à ce qu’elle ait rejoint son Seigneur. Ce dont l’Esprit entretient les croyants qui forment l’Épouse de Christ sont les choses qui viennent du trésor céleste, qui appartiennent à son divin Époux, comme Il en a parlé Lui-même dans l’évangile de Jean, chapitre 16:13-15: «Tout ce qu’a le Père est à moi, dit le Seigneur; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera». Il donne des objets d’or et d’argent, et des vêtements. Les dons qu’Éliézer donnait à Rebecca caractérisent, en figure, ce que le croyant reçoit par grâce, en attendant de jouir du tout lorsque nous serons vers le Seigneur. Dans les types du Lévitique, l’argent est un type de la rédemption, l’or de la justice divine, et le vêtement, dans la Parole, est une figure de la profession.
Rebecca laisse tout pour partir avec Éliézer à la rencontre de l’époux qu’elle n’a jamais vu, mais dont elle a reçu les gages de l’amour et des richesses. Nous voyons aussi en elle ce qui doit caractériser chaque croyant, exprimé en ces termes: «Elle s’en alla après l’homme». C’est ce merveilleux conducteur que nous devons suivre: le Saint Esprit, aux soins duquel le Seigneur a remis les Siens; celui qui seul peut les conduire sûrement tout au long d’un voyage périlleux. C’est Lui qui fait valoir la Parole sur le cœur du racheté. Le Seigneur dit: «Il vous conduira dans toute la vérité: car il ne parlera pas de par lui-même; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver…» (Jean 16:13, 14). Et, au chapitre 14:26: «Lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites». Comment ne pas suivre un tel conducteur? Troisième personne de La Trinité, fidèle compagnon de l’Épouse céleste, qu’Il n’abandonnera pas jusqu’à ce que le divin Époux l’ait introduite dans la maison du Père. Hélas! L’Église eut bientôt abandonné les enseignements du divin Éliézer pour suivre ceux des hommes. Mais, grâces à Dieu, dans les derniers jours de son pèlerinage, le Seigneur l’a réveillée, au siècle passé, en replaçant devant elle toutes les précieuses vérités qu’elle avait perdues de vue depuis longtemps, en sorte que nous pouvons suivre, tout à nouveau, notre divin conducteur, en gardant la parole du Seigneur et en étant occupés de Ses gloires, sachant que nous allons Le rencontrer, peut-être aujourd’hui. Il est dit: «Et le serviteur prit Rebecca, et s’en alla». Ces simples paroles expriment une importante vérité pour l’Épouse de Christ remise aux soins de l’Esprit Saint. Il l’a prise, et s’en va avec. Oh! Si elle avait voulu rester entre Ses mains et L’écouter, combien elle aurait été plus heureuse au travers de ce long voyage, entendant la voix divine lui dire: «Écoute, fille! Et vois, et incline ton oreille; et oublie ton peuple et la maison de ton père, et le roi désirera ta beauté» (Ps. 45:10, 11). Elle n’a pas écouté; mais l’Esprit Saint est toujours ici-bas et, si nous voulons L’écouter, malgré la ruine de l’Église, nous serons dirigés sûrement vers le prochain moment où nous allons voir le Seigneur.
Dans les versets 62 et 63, nous avons à considérer l’attitude d’Isaac, non comme type de Christ, mais comme modèle du chrétien en attendant le Seigneur, et tout particulièrement celle du jeune chrétien qui désire se marier. Isaac savait que son père avait envoyé son fidèle serviteur lui chercher une épouse; et il demeurait calme et tranquille en attendant; attitude qui devrait être celle de tout jeune chrétien dans de telles circonstances, car nous avons un Père qui sait de quoi nous avons besoin: d’une épouse ou d’un époux, aussi bien que de toutes autres choses. «Votre Père sait de quoi vous avez besoin», dit le Seigneur en Matt. 6:8. Il faut s’attendre à Lui; Il s’occupera de cela, aussi bien et mieux qu’Abraham. Et, en attendant, se tenir auprès du puits de Lakhaï-Roï, nom qui signifie: «Le Dieu vivant qui se révèle»; puiser dans cette révélation du Dieu vivant telle que nous la possédons en Christ, au lieu d’être agité, distrait, imitant le monde en vue du mariage, en en remettant le soin à son Dieu et Père, Lui qui seul sait quels sont ceux qui peuvent devenir une seule chair. Ayant été au puits de Lakhaï-Roï, il sortait dans les champs pour méditer à l’approche du soir. Il avait trouvé là pour son cœur de quoi méditer. Il ne faut pas lire la Parole comme pour accomplir un devoir; il faut qu’elle occupe les pensées, qu’elle donne à méditer. Cette vérité est présentée, en Lév. 11:3, par les animaux purs qui étaient les ruminants, parce que la nourriture leur était ainsi profitable et produisait une marche sûre, figurée par le pied fourchu qu’avait le bœuf.
C’est dans cette heureuse attitude que se trouvait Isaac, le soir du jour où Rebecca allait lui être présentée; attitude désirable pour tout jeune frère ou jeune sœur et pour tous, dans les circonstances diverses où nous pouvons nous trouver, afin de ne pas nous laisser distraire par les choses visibles, toutes légitimes qu’elles puissent être, ayant tout confié à notre Dieu et Père, qui ne veut que notre bien. Car il n’y a rien que nous ne puisions Lui exposer et Lui demander, en demeurant tranquilles, en jouissant de Sa paix qui garde le cœur occupé du Seigneur, et non de ce qui nous inquiète. Isaac leva ses yeux, et voici des chameaux qui venaient. Et, d’autre part, Rebecca leva ses yeux et vit Isaac. Elle avait demandé au serviteur: Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre? Il lui répondit: C’est mon seigneur. Elle descendit de son chameau, comme l’Épouse de Christ laissera l’attitude du voyage pour rejoindre son Époux. Dans la conscience de la dignité d’Isaac, elle se voila, pour se présenter en toute humilité à son époux. Isaac la conduisit dans la tente de Sara, sa mère; elle fut sa femme. Il l’aima, et se consola quant à sa mère. Toute l’histoire de ce voyage est terminée; Éliézer a accompli son service, après avoir raconté à Isaac les choses qu’il avait faites. Sara, l’épouse juive, est remplacée par celle qui est une figure de l’Épouse céleste unie à Christ ressuscité.
Nous aussi, nous sommes au soir du jour de notre pèlerinage. Le Seigneur a les yeux dirigés sur Son Épouse; l’Épouse doit les avoir aussi. Les regards vont se rencontrer; le voyage va être terminé. Puissions-nous tenir les yeux fixés sur Christ jusqu’à ce moment-là!
Chapitre 25
Il faut voir, dans le second mariage d’Abraham, l’intention de Dieu en le mentionnant. Comme nous avons, dans la Genèse, les grands principes de tout ce qui est révélé dans la Parole, nous voyons passer devant nos yeux Sara, figure du peuple juif, moyen d’introduire Christ sur la scène; elle meurt. Ensuite Isaac, figure de Christ ressuscité, reçoit une épouse, figure de l’Épouse céleste, qui remplace Sara. Après l’histoire de l’Église, les descendants d’Abraham reparaîtront pour la bénédiction millénaire, représentés ici par les enfants de Ketura. Ils n’héritent pas avec Isaac; Abraham leur fait de grands dons et les renvoie du côté de l’orient, et donne tout ce qui lui appartient à Isaac. On a discuté pour savoir si Abraham, qui était déjà trop vieux pour être père à cent ans, sans l’intervention de la puissance divine, pouvait encore avoir une famille après la mort de Sara, alors qu’il avait cent trente-sept ans. Il se peut qu’il ait eu Ketura comme concubine durant la vie de Sara; mais la Parole ne le dit pas. Il faut croire ce qu’elle dit et comprendre pourquoi elle le dit.
Vient ensuite la mort d’Abraham, récit qui ne vient pas non plus dans l’ordre chronologique, puisqu’Isaac était âgé de soixante ans lorsque ses fils naquirent. Abraham en avait donc cent soixante et, puisqu’il mourut à cent soixante-quinze ans, il vit donc Jacob et Ésaü jusqu’à l’âge de quinze ans. Mais l’histoire d’Abraham était terminée, au point de vue des voies de Dieu; elle fait place à celle d’Isaac. Ismaël et Isaac ensevelirent leur père dans la caverne de Macpéla où il avait enterré Sara, en attendant le jour de la résurrection. Après la mort d’Abraham, il est dit que «Dieu bénit Isaac, son fils. Et Isaac habitait près du puits de Lakhaï-Roï». Les deux choses vont ensemble: la bénédiction de Dieu et l’habitation près du puits du vivant qui se révèle. C’était la part qu’Isaac avait choisie, pendant qu’Éliézer était allé lui chercher une épouse; elle le trouve dans cette bienheureuse attitude de méditation, en venant de ce puits. Souvenons-nous tous que la bénédiction de Dieu est inséparable de la révélation qu’Il nous a faite de Lui-même en Christ, et d’une marche en conséquence. C’est, avant toutes choses, à ce puits que nous devons puiser. D’autant plus que le chrétien ne possède aucune part dans ce monde; mais Dieu est sa part, et la foi puise en Lui tout ce dont il a besoin, jusqu’au moment où il n’y aura plus besoin de puissance, où nous serons tous introduits, où nous contemplerons le Seigneur dans Sa gloire, en qui nous verrons Dieu éternellement.
La généalogie et la mort d’Ismaël prennent aussi place dans ce chapitre, ainsi que leur pays d’habitation. Ils en prirent possession tout de suite; ils n’ont rien à voir dans les promesses, tandis que les descendants d’Abraham durent attendre le temps assigné par Dieu pour prendre possession de leur pays. Maintenant, nous aurons affaire, dans le reste du livre, avec la famille d’Abraham par les descendants d’Isaac, plus particulièrement avec Jacob. Il ne sera plus question d’autres familles, sinon d’Édom, au chapitre 36.
Au verset 19 commencent les générations d’Isaac. L’héritier était en possession d’une épouse et des biens de son père. Il devait paraître tout naturel qu’une grande famille allait surgir de ce mariage. Mais Dieu veut nous montrer que la nature ne peut servir à Ses desseins que sous l’action de Sa puissance. Comme Sara, Rebecca était stérile, état qui symbolise ce que vaut l’homme pour accomplir la pensée de Dieu. Toute son histoire l’a prouvé; c’est pourquoi, après un long temps de patience, Dieu y a mis fin dans la mort de Christ, pour introduire un homme nouveau par la résurrection de Christ, qui soit capable d’accomplir ce qui est agréable à Dieu. Isaac pria instamment au sujet de sa femme; «et l’Éternel se rendit à ses prières», est-il dit. Dieu veut que nous réalisions la dépendance de Lui-même en toutes choses. Nous savons qu’Il veut nous bénir; c’est Son œuvre accoutumée. Mais pour qu’Il le fasse, nous devons le faire entrer dans nos circonstances par la prière et être guidés, en tout ce que nous faisons, par Sa Parole. Isaac savait que sa postérité serait nombreuse, mais il agit comme si tout dépendait de sa prière, parce que tout dépendait de l’Éternel.
L’espérance de la postérité amena de nouveaux exercices. Le croyant ne peut marcher sans cela; ils sont nécessaires pour être gardé sous la dépendance de Dieu. Quelque chose d’anormal se passait dans le sein de Rebecca, ce qui la remplit de crainte et l’engagea à consulter l’Éternel. Il lui dit que deux nations étaient dans son sein, d’où proviendraient deux peuples, dont l’un serait plus fort que l’autre, et que le plus grand serait asservi au plus petit. Tout est disposé de manière à avoir affaire avec Dieu. Et ici, nous apprenons que non seulement il faut la puissance de Dieu pour accomplir ce qu’Il veut, lorsqu’Il veut se servir de l’homme pour cela, mais tout résulte de Ses conseils, par conséquent, de l’élection. Aussi, sans l’intervention de la puissance de Dieu pour amener Ses élus sur la scène, rien ne se ferait. Des deux fils que Rebecca mit au monde, c’est le plus petit — on peut dire, à vue humaine, le moins intéressant — qui était élu de Dieu pour accomplir les promesses faites à Abraham. En Rom. 9:13, l’apôtre cite un passage du prophète Malachie, 1:3, où l’Éternel dit: «J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü». Mais il faut bien remarquer que Dieu ne dit pas cela avant la naissance des enfants, dans les versets qui nous occupent, mais près de douze siècles plus tard, lorsque Dieu avait pu apprécier la conduite de chacun de ces deux hommes, Ésaü ayant méprisé son droit d’aînesse, tandis que Jacob, malgré son manque de piété, avait montré qu’il y tenait.
À leur naissance, les deux fils de Rebecca firent déjà connaître leur caractère, ce qui donna à Jacob le nom de supplanteur, car il tenait dans sa main le talon de son frère; mais Dieu avait Ses raisons pour en avoir fait Son élu pour obtenir un grand peuple. Nous voyons au chapitre 32 que Dieu changea son nom en celui d’Israël, «prince de Dieu». Tout est sur le pied de la grâce, de la part de Dieu envers nous; nous ne pourrions jamais rien obtenir sur le pied de nos qualités personnelles. C’est à cause de Son amour que Dieu s’est occupé de nous, à cause de ce qu’Il est, et non à cause de ce que nous sommes. Cette vérité ressort merveilleusement de la généalogie du Seigneur en Matthieu, où quatre femmes sont mentionnées, que l’orgueil des Juifs se serait bien gardé de faire paraître, car elles rappelaient chacune quelque chose d’humiliant: Thamar, fruit du péché de Juda; Rahab, la prostituée, une Cananéenne; Ruth, une Moabite; et la femme d’Urie, ce qui rappelait la grave chute du roi David. Et l’histoire de chacun de nous fera ressortir la même grâce de la part de Dieu.
Ésaü fut l’ancêtre des Édomites, peuple qui fut le plus grand ennemi du peuple de Dieu. Il agit si méchamment envers lui que Dieu ne lui accordera aucune part dans le règne millénaire, ce que l’on voit dans le prophète Abdias, en Jér. 49:7-13 et Ézé. 25:14. Moab et Ammon, qui ont été aussi des grands ennemis du peuple, souvent nommés avec Édom, auront une part sous le règne de Christ, car leur méchanceté n’a pas égalé celle d’Édom.
Les deux enfants grandirent. Ésaü était un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob était un homme de maison, qui vivait beaucoup avec sa mère, ce qui lui imprima le caractère de la maison de son père, surtout de Laban son frère, habile à s’approprier des biens. «Isaac aimait Ésaü, car le gibier était sa viande; mais Rebecca aimait Jacob» (v. 28). Dès qu’Isaac n’est plus présenté comme type de Christ, il n’est pas très intéressant. Pour une vie de cent quatre-vingt ans (chap. 35:28), il est dit peu de choses de lui. Son histoire est toute dans le chapitre suivant. Son amour pour Ésaü était intéressé: Il aimait le gibier; en voilà la cause. Une telle disposition était une cause de faiblesse. Il n’a pas eu d’influence sur son préféré pour l’empêcher de prendre pour femme des Héthiennes, qui furent une amertume d’esprit pour lui et pour Rebecca (chap. 26:34). Il aurait dû imiter son père à cet égard. Il faut suivre l’exemple des parents pieux, demeurer sous leur influence, pour éviter la dégénérescence morale telle qu’elle se fait sentir actuellement, où la moralité, la piété, la crainte de Dieu baissent avec chaque génération, et dont, hélas, les chrétiens ne sont pas épargnés. Il y a un moyen de réagir contre cette déchéance; c’est de s’attacher à ce qui est immuable, à la vivante et permanente Parole de Dieu, la lire, la croire, la mettre en pratique; et ainsi, nous pourrons lutter contre l’influence délétère de ce présent siècle.
Dans les versets 29 à 34, nous voyons le premier marché que conclut Jacob le supplanteur. Ésaü arrivait des champs très fatigué, et trouva Jacob qui cuisait un potage de lentilles. Pressé par la faim, il lui dit: «Laisse-moi, je te prie, avaler… de ce roux-là, car je suis las». Jacob voulut profiter de l’occasion pour s’approprier le droit d’aînesse. Il savait, sans doute, ce qui avait été dit de lui avant sa naissance; mais Dieu n’avait pas besoin de sa ruse pour l’accomplir. S’il y avait eu de la piété chez Jacob, il se serait attendu à l’Éternel pour l’accomplir et, en bon frère, il aurait apaisé la faim de son aîné. En Ésaü, nous voyons aussi les preuves de son impiété. Lorsque Jacob lui dit: «Vends-moi aujourd’hui ton droit d’aînesse», il répondit: «Voici, je m’en vais mourir; et de quoi me sert le droit d’aînesse?». Jacob exigea qu’il lui jure, et il le lui jura. «Et il mangea et but, et se leva, et s’en alla: et Ésaü méprisa son droit d’aînesse», dit la Parole au verset 34. Il n’estima les bénédictions de Dieu que pour l’avantage présent qu’il pouvait obtenir. Il est appelé un «profane». Nous sommes exhortés à ne pas lui ressembler, à ne pas être «profane comme Ésaü, qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né; car vous savez que, aussi, plus tard, désirant hériter de la bénédiction, il fut rejeté (car il ne trouva pas lieu à la repentance), quoiqu’il l’eût recherchée avec larmes» (Héb. 12:16-17). Profaner les choses spirituelles, c’est leur préférer un avantage présent. C’est très sérieux, car cela nous arrive à chaque instant: Voici l’heure de la réunion, ou le moment de lire la Parole, de prier, de faire une bonne œuvre pour le Seigneur, etc. Mais on n’ira pas à la réunion ce soir; on lira demain… parce qu’il y a ceci ou cela à faire, s’accorder peut-être quelque petite satisfaction ou avancer son travail… toutes des choses qui périssent et contre lesquelles on a échangé une bénédiction éternelle. On dira: J’irai à la réunion une autre fois, ou telle autre chose qui était placée devant nous. Admettons que cela se puisse; mais ce que l’on aurait acquis, ce jour ou ce moment-là, est perdu pour l’éternité. Jamais ce jour ne reparaîtra. Il en viendra peut-être un autre, mais pas celui-là. L’aiguille de l’horloge du temps ne reviendra pas en arrière pour rendre le temps perdu. On pourra jouir d’une bénédiction semblable, une autre fois; mais celle qui est perdue manquera durant l’éternité. On aura beau la rechercher avec larmes, comme Ésaü au chapitre 27:38, son père ne put se repentir et agir envers lui comme il l’avait fait pour Jacob; il n’avait qu’une bénédiction. Il lui donna autre chose, mais des choses qui ne durèrent pas puisque, comme nous l’avons vu, Édom n’aurait point de part aux bénédictions millénaires, car telle était la part des bénédictions qu’il avait méprisées. Veillons donc de n’être pas profanes. Tout ce que l’on obtient de Christ, qui est le centre des bénédictions célestes, demeurera notre part éternellement, parce que la connaissance que nous faisons de Sa personne se manifeste dans la vie pratique, par une conformité à Lui-même, moralement, pour se manifester glorieusement lorsque nous Le verrons dans Sa gloire. Tout le reste disparaîtra. Tout ce que nous aurons préféré à Christ sera la proie du feu.
Chapitre 26
L’histoire d’Isaac donnée dans ce chapitre correspond à celle d’Abraham dans les chapitres 12 à 20. Elle lui est semblable en plusieurs points, parce que la nature de l’homme est la même chez tous, et les circonstances dans lesquelles le père et le fils se trouvaient étaient à peu près les mêmes. Isaac avait, en plus de son père, les expériences faites par celui-ci, qui auraient dû lui servir. Mais nous savons que les expériences faites par ceux qui nous ont devancés nous ont été peu utiles. Il faut, pour qu’elles nous profitent, que la Parole jette sa lumière sur elles et dans nos consciences. Mais, si l’homme montre toujours les mêmes caractères, nous trouvons que Dieu, dans Sa grâce parfaite et dans Son gouvernement, demeure aussi le même envers les Siens.
Il y eut une famine dans le pays, comme il y en eut une aux jours d’Abraham. Pour le pèlerin de la foi, il ne peut y avoir que famine dans le pays où il est étranger. Dieu l’éprouve afin de manifester ce qu’il est et ce qu’est le Dieu pour qui il n’y a pas de famine. Isaac s’en alla vers Abimélec, roi des Philistins, à Guérar, où Abraham était descendu au chapitre 20. L’Éternel lui apparut et lui dit: «Ne descends pas en Égypte; demeure dans le pays que je t’ai dit; séjourne dans ce pays-ci, et je serai avec toi, et je te bénirai; car à toi et à ta semence je donnerai tous ces pays, et j’accomplirai le serment que j’ai juré à Abraham, ton père, et je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux, et je donnerai tous ces pays à ta semence,… parce qu’Abraham a écouté ma voix, et a gardé mon ordonnance, mes statuts et mes lois» (v. 3-5).
L’Éternel veut éviter à Isaac les expériences de l’Égypte, car Guérar était dans la direction de ce pays; probablement qu’il s’y serait acheminé. L’Éternel fortifie sa foi en renouvelant les promesses faites à Abraham. Le grand moyen que Dieu emploie pour nous faire réaliser le caractère d’étranger à ce monde, c’est de nous assurer la possession des bénédictions promises et de nous les rappeler. Pour le chrétien, ce sont les bénédictions célestes, dont il jouit déjà par la foi. Pour les patriarches, c’était le pays, lorsque l’Éternel y introduirait leur postérité. Les chrétiens hériteront aussi la terre; ils en jouiront d’une manière céleste, avec le Seigneur, lorsqu’Il en prendra possession. En attendant, nous ne pouvons en jouir, dans l’état où le monde se trouve; mais elle est à nous parce qu’elle est au Seigneur. Dans les promesses que l’Éternel renouvelle à Isaac, Il en présente l’accomplissement à cause de la foi et de l’obéissance d’Abraham. C’est bien Dieu qui est la source de toute bénédiction; mais, pour obtenir celles qu’Il promet, il faut la foi et l’obéissance. Personne ne pourrait être sauvé, si le salut n’était pas l’œuvre de Dieu; mais, pour le posséder, il faut la foi. Non seulement Abraham avait écouté la voix de l’Éternel, mais il avait gardé l’ordonnance de l’Éternel, Ses commandements, Ses statuts et Ses lois. Quelqu’un a dit que les ordonnances sont les règles ordonnées par le Seigneur et selon lesquelles Il agit. Les commandements sont l’expression de l’autorité divine à laquelle l’homme est tenu de se soumettre. Les statuts sont les règles établies; et la loi, la règle divine et parfaite. Tous les détails de la vie d’Abraham ne sont pas signalés dans son histoire; mais nous voyons que Dieu avait vu, dans sa marche de foi, l’accomplissement de tout ce qu’Il énumère ici. Rien n’est agréable à Dieu que l’obéissance à Sa Parole: «Voici, écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers» (1 Sam. 15:22).
À côté des promesses de Dieu et de la beauté de la foi, on rencontre, hélas, l’homme, toujours le même, s’il s’agit des manifestations de sa nature. La Parole de Dieu est la vérité; c’est pourquoi elle montre l’homme tel qu’il est, ce qui fait ressortir aussi la grâce et la miséricorde de Dieu. Isaac a entendu que l’Éternel lui a dit qu’Il serait avec lui (v. 3); et, au lieu de compter sur cette parole, il regarde à ce que sont les hommes du pays. Il craint pour sa femme, et tombe dans le même péché que son père, au milieu des mêmes hommes. On aurait de la peine à croire que le cœur de l’homme est tel, lors même que Dieu nous le dit, si l’on n’expérimentait pas que notre propre cœur est comme celui de tout homme. Combien de fois ne sommes-nous pas tombés dans les mêmes fautes? Abimélec doit reprendre Isaac qui, par son mensonge, a exposé les hommes de Guérar à commettre un grand péché (v. 9-10). En péchant nous-mêmes, nous pouvons entraîner d’autres à pécher aussi, et à les placer sous les jugements de Dieu. Abimélec dit à Isaac: «Tu aurais fait venir la coulpe — ou culpabilité — sur nous». Car Dieu, dans Son gouvernement, juge le mal où il se trouve. Ce roi menace de mort quiconque toucherait à Isaac et à sa femme. Délivré de son péché et de ses conséquences, Isaac est béni de l’Éternel; il sème et recueille au centuple, cette année-là. Ses biens matériels augmentent beaucoup. C’est aussi ce qui arriva à Abraham en Égypte. Mais les biens matériels ne sont pas la plus belle part des croyants; ils sont encombrants et excitent l’envie des hommes de ce monde, car ils ne possèdent pas les biens spirituels. Car nous avons, dans l’histoire d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les principes divins qui doivent gouverner le chrétien, parce qu’ils étaient étrangers et forains dans le pays qu’ils habitaient. Ils devaient vivre de foi sur la terre étrangère, comme ceux dont les biens sont exclusivement célestes. C’est pourquoi nous puisons dans leur histoire des enseignements qui nous sont tout à fait applicables. Il est dit que «l’homme allait grandissant de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devînt fort grand». C’était l’homme avec une grandeur matérielle et humaine, comme tout homme peut le faire. En voyant l’agrandissement de cet homme en troupeaux et en serviteurs, les Philistins lui portèrent envie, et ils bouchèrent avec de la terre tous les puits qu’Abraham avait creusés. Jamais le monde ne portera envie aux chrétiens qui progressent spirituellement, s’enrichissant des bénédictions célestes dans la connaissance du Fils de Dieu. Tandis que, si le chrétien s’amasse des biens de la terre, le monde les lui enviera; et, ce qu’il y a de plus triste, ce qui va figurément avec l’enrichissement des biens de la terre, ce sont les puits bouchés, si ces biens prennent le cœur. Les puits sont nécessaires dans les pays qui ne possèdent pas de fleuves, et où les sources ne jaillissent pas. Ce qui doit alimenter le chrétien dans un lieu tel que ce monde, qui ne lui fournit spirituellement ni eau ni nourriture, vient de Dieu et se puise dans Sa Parole, dont les puits sont une image. Nous avons déjà remarqué celui qui est typique entre tous: Lakhaï-Roï, le Dieu vivant qui se révèle. Si le cœur est aux choses de la terre, les puits sont bientôt bouchés, car l’ennemi empêche par tous les moyens possibles que l’on s’attache à la Parole de Dieu, et d’y puiser les richesses qu’elle contient. Remarquez qu’il est bien précisé que c’est avec de la terre que les puits, creusés au temps d’Abraham, furent bouchés (v. 15). Nos ancêtres dans le témoignage ont aussi creusé des puits; ils ont fait ressortir de la Parole des précieuses vérités qui furent méconnues durant des siècles, à la lumière desquelles nous pouvons marcher en attendant le Seigneur. Mais hélas! Pour beaucoup de leurs descendants qui s’attachent aux choses de ce monde, l’ennemi en a profité pour boucher ces puits de vérité avec la terre qu’on leur a préférée. Ceux qui sont dans ce cas peuvent faire envie au monde, quoiqu’on ne les aime pas mieux pour cela. J’ai entendu dire d’un de ces chrétiens-là: Puisqu’il a les biens du ciel, qu’il nous laisse donc la terre. Jamais un chrétien ayant le cœur aux choses de la terre n’aura une grande connaissance ni une grande jouissance des choses célestes. Ceux qui sont dans ce cas — et veillons à cet égard sur nous-mêmes — doivent faire comme Isaac, versets 17 à 22: «Et Isaac partit de là, et campa dans la vallée de Guérar, et y habita. Et Isaac recreusa les puits d’eau qu’on avait creusés aux jours d’Abraham, son père». Faisons donc ainsi, si nous nous sommes laissés gagner par les biens de la terre: Partir de là, et recreuser les puits. La Parole contient la pleine révélation de Dieu, la seule source de rafraîchissement céleste et de force pour le pèlerin de la foi; mais il faut y puiser. Elle ne présente pas ses richesses à la surface; il faut creuser. Il est dit dans les Proverbes, chapitre 13:4: «L’âme du paresseux désire, et il n’y a rien; mais l’âme des diligents sera engraissée» (voyez aussi les versets 3 à 5 du chapitre 10). Jacques dit aussi qu’il faut regarder de près dans cette loi parfaite (chapitre 1:25). On rencontrera des difficultés pour cela; mais il faut, dit le même apôtre, y persévérer. Les bergers de ce monde feront tout leur possible, comme ceux de Guérar, pour empêcher le chrétien de recreuser ces puits (v. 20 et suivants); et, les voyant recreusés, ils essaient d’en contester la propriété et l’emploi. Mais il ne faut pas perdre courage. Isaac en vint à bout, et il les appela du nom que leur avait donné son père. Nous pouvons jouir des mêmes vérités dont ont joui nos prédécesseurs, qui avaient plus de foi et de fermeté spirituelle que nous. Nous les nommons de la même manière, car le langage de la Parole ne subit pas de modifications; elle est immuable. Après les deux puits contestés par les bergers de Guérar, Isaac persévéra et en creusa encore un autre, pour lequel ils ne contestèrent pas. Si nous nous attachons à la Parole, nous trouverons de l’espace, ce que signifie Rehoboth, le nom du dernier puits; nous aurons de l’espace pour fructifier dans le pays, dans le domaine des choses de Dieu. «Résistez au diable, et il s’enfuira de vous», dit Jacques (4:7). Dans cette voie, Isaac progressa. Il monta de là à Beër-Shéba, où se trouvait un autre puits, le puits du serment, où la limite avec le monde se trouve. Là, l’Éternel lui apparut et lui dit: «Je suis le Dieu d’Abraham ton père; ne crains pas, car je suis avec toi; et je te bénirai, et je multiplierai ta semence, à cause d’Abraham, mon serviteur». Cette nouvelle déclaration de Dieu fait penser qu’Isaac avait un peu perdu de vue sa relation avec Dieu dans le temps qui précède. Mais nous trouvons là de précieux enseignements, en figure. C’est quand nous quittons de cœur le monde et les choses qui sont dans le monde, et que nous recreusons les puits de la révélation divine, allant ainsi de progrès en progrès, que Dieu peut se révéler à nos âmes tout particulièrement, ce qui produit l’adoration, le culte. Il est dit qu’Isaac «bâtit là un autel, et invoqua le nom de l’Éternel; et il y dressa sa tente; et les serviteurs d’Isaac y creusèrent un puits» (v. 25). Que de choses merveilleuses dans ce seul verset: le culte est rétabli; le nom de l’Éternel est invoqué; les relations vivantes avec Dieu sont rétablies; il habite là et, de nouveau, un puits est creusé. La révélation de Dieu est infinie. Tant que nous serons dans le pays étranger, à chaque étape, nous pouvons creuser un puits, nous y désaltérer, jouir de la communion avec Dieu, de Sa proximité, car Il ne demande qu’à se révéler à notre âme. Puissions-nous réaliser constamment les quatre belles choses que nous trouvons figurées dans ce verset 25, non pas momentanément, mais habituellement! Dieu veut que nous habitions dans Sa présence. Nous verrons au chapitre 35 que Jacob reçoit l’ordre de venir habiter à Béthel — maison de Dieu — parce qu’il ne s’y rendait pas facilement. Mais Dieu veut notre bonheur et nous invite constamment à en jouir. Abraham réalisa cette habitation, en remontant d’Égypte, au chapitre 13:4 et 18; Isaac, dans notre chapitre, et Jacob, au chapitre 35:6-15. Le chrétien a été introduit dans cette présence de Dieu par l’œuvre de Christ à la croix, en sorte qu’il est naturel que nous y demeurions.
Abimélec, avec son ami et le chef de son armée, vint auprès d’Isaac. Celui-ci, étonné, leur demanda pourquoi ils venaient vers lui, puisqu’ils le haïssaient et l’avaient renvoyé d’auprès d’eux. Ils répondirent: «Nous avons vu clairement que l’Éternel est avec toi». Si le monde ne peut envier nos bénédictions célestes parce qu’il ne les connaît pas, il peut constater, par notre marche, si Dieu est avec nous, et cela tout particulièrement lorsque nous passons par l’épreuve. Si nous la traversons avec Dieu dans la paix, dans la confiance, sans manifester du découragement ou de l’amertume, le monde qui en est témoin doit reconnaître que nous possédons ce qu’il n’a pas, et que cela ne peut venir que de Dieu. Il peut dire, comme Abimélec: «L’Éternel est avec toi», et «Tu es… béni de l’Éternel» (v. 28-29). Pour cela, il faut se séparer du monde et ne pas marcher selon ses principes. La relation du chrétien avec Dieu est invisible, s’il a sa part avec le monde. Lot tourmentait son âme juste au milieu de Sodome; mais personne ne le savait; il n’y rendait aucun témoignage. Le témoignage d’Isaac devint clair dès qu’il monta à Beër-Shéba. Les hommes de ce monde ne se sentent pas en sûreté au milieu de l’état de choses, dans ce monde dont Satan est le prince. Il leur arrive souvent de rechercher la proximité des chrétiens dont ils ont observé la piété, tandis qu’ils ne font pas grand cas de ceux qui mondanisent avec eux, lorsqu’ils sont dans la peine. On voit quelque chose de cela dans la démarche d’Abimélec, à côté du sens typique.
Abimélec veut faire alliance avec Isaac. Il a compris sa supériorité, et craint sans doute qu’il use de représailles, se souvenant qu’il l’avait chassé, quoiqu’il prétende, au verset 29, ne lui avoir fait que du bien. L’homme ne connaît pas la grâce; il veut que le bien qu’il désire soit une réponse à ses bonnes œuvres. Si elles n’existent pas, il croit les voir. Abimélec reconnaît que non seulement l’Éternel est avec Isaac, mais il lui dit: «Tu es maintenant le béni de l’Éternel». Il comprend qu’en faisant alliance avec un tel homme, il sera en sécurité. C’est ce qui arrivera avec Israël restauré, après le temps de tribulation qu’il traversera, après l’enlèvement de l’Église. Le monde qui l’aura chassé lorsqu’il était dans sa prospérité matérielle, lorsqu’il verra ce peuple béni de l’Éternel, alors qu’il s’était si mal conduit au milieu des nations, il recherchera sa faveur. Car, en effet, comme l’Éternel le dit aux trois patriarches, toutes les nations se béniront en leur semence: à Abraham, au chapitre 22:18; à Isaac dans notre chapitre; à Jacob, chapitre 28:14.
L’alliance étant conclue, il est dit: «Et ils se levèrent de bon matin, et se jurèrent l’un à l’autre; et Isaac les renvoya, et ils s’en allèrent d’avec lui en paix». De nouveau, le puits de Beër-Shéba vint sur la scène, le puits du serment. Car c’est dans ce puits de la Parole de Dieu que nous avons la certitude de l’accomplissement de tout ce qui concerne l’Église, le peuple d’Israël et le monde.
Cet intéressant chapitre se termine par l’ombre que projette sur l’histoire d’Isaac la conduite de son fils Ésaü, dans son mariage avec les filles cananéennes. Hélas! Ce fait ne s’est que trop souvent reproduit dans des familles que Dieu a bénies. Il y a un fils ou une fille qui n’a pas suivi les traces de ses parents, et s’est allié au monde par le mariage, source de souffrance pour les parents.
À suivre