Lectures hebdomadaires
Jonas
Chapitre 1
Caractères du livre
Le livre du prophète Jonas est un livre à part. Sa particularité est qu’il ne contient aucune prophétie. À part le message à Ninive – si on peut l’appeler une prophétie – il n’y a pas trace de ce que Jonas communiquait habituellement. Le fait qu’il ait exercé son ministère ressort clairement d’un seul passage où nous lisons que Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël, « rétablit la frontière d’Israël, depuis l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la plaine, selon la parole de l’Éternel, le Dieu d’Israël, qu’Il avait dite par Son serviteur Jonas, le prophète, fils d’Amitthaï, qui était de Gath-Hépher » (2 Rois 14:25). Aucune autre prophétie n’a été conservée.
En examinant ce livre, nous voyons qu’il ne présente que l’histoire personnelle de Jonas, ou plutôt de sa conduite quand l’Éternel le chargea d’aller crier contre Ninive parce que leur méchanceté était montée jusqu’à Lui. Le livre a donc, pourrait-on dire, le caractère d’une parabole instructive pour nous, prenant comme type « Jonas et son infidélité, et le jugement qui s’en est suivi ». C’est ce caractère qui, à toutes les époques, a rendu ce livre si intéressant dans ses diverses applications.
Les faits
Les faits sont très simples et connus. Envoyé par l’Éternel pour prêcher contre Ninive, Jonas s’enfuit et descend à Joppé ; il trouve un bateau sur le point d’appareiller pour aller à Tarsis ; il paie le prix de sa place et s’embarque « pour aller avec eux à Tarsis, de devant la face de l’Éternel ». Fuir Dieu, telle était la vaine pensée du prophète, comme c’est encore souvent le cas de beaucoup d’enfants de Dieu. L’Éternel envoya une tempête sur la mer, de sorte que le navire était près de chavirer. Face à la mort, les marins terrifiés crièrent chacun à son dieu, et tentèrent d’alléger le navire en jetant leur cargaison par-dessus bord. Pendant ce temps, Jonas, à cause duquel cette «grande tempête» s’était levée, dormait profondément, étant étrangement insensible à la situation. Le capitaine lui fit prendre conscience du danger par ces mots solennels : « Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton Dieu ! Peut-être Dieu pensera-t-il à nous, et nous ne périrons pas ». L’équipage, ayant l’idée – sans doute éveillée par la puissance divine – que la cause de la tempête était liée à quelque pécheur parmi eux, procéda alors à un tirage au sort. Dieu était derrière la scène, et Il dirigea le sort qui tomba sur Jonas. Ils lui demandèrent alors la cause du mal qui s’abattait sur eux, quelle était son occupation, d’où il venait, quel était son pays et son peuple. Jonas leur dit toute la vérité, et même qu’il s’enfuyait de devant la face de l’Éternel. Ils furent saisis de crainte en apprenant que Dieu s’occupait d’eux à cause du prophète, et ils demandèrent ce qu’il fallait lui faire. Jonas leur répondit aussitôt que leur seule sauvegarde était de le jeter par-dessus bord. Avec une réelle bonté, ils ne voulurent pas le faire et essayèrent de regagner la terre ; mais ce fut impossible. Aussi, après avoir prié l’Éternel pour ne pas être tenu coupable de sang innocent, ils prirent Jonas et le jetèrent à la mer. L’effet fut immédiat : la mer cessa de se déchaîner. Impressionnés par ce qu’ils avaient vu, ils craignirent beaucoup l’Éternel, offrirent un sacrifice à l’Éternel et firent des vœux. En outre, l’Éternel prépara un grand poisson pour engloutir Jonas. Et Jonas resta dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits.
Telle est la vue d’ensemble du premier chapitre, et nous allons voir maintenant sa signification.
Jonas type de la nation juive
Israël témoin de Dieu, et le monde ennemi du peuple de Dieu. Mission d’Israël
Tout d’abord, Jonas est un type de la nation juive vue sous un caractère particulier. Ninive, il n’y a guère de doute, est un symbole du monde, de la gloire hautaine du monde qui ne reconnaît que sa propre importance – le monde, ennemi juré du peuple de Dieu simplement par orgueil. Comme tel, il était soumis au juste jugement d’un Dieu saint. Israël, en revanche, était le luminaire de Dieu sur la terre, chargé par conséquent de rendre témoignage à Celui et pour Celui qui, par grâce, l’avait appelé, l’avait séparé des autres nations de la terre, et avait fait d’eux Son peuple, et habitait au milieu de Lui entre les chérubins.
Il est écrit en Ésaïe : « Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles. Que toutes les nations soient réunies ensemble, et que les peuples se rassemblent ! Qui d’entre eux a déclaré cela, et nous a fait entendre les choses précédentes ? Qu’ils produisent leurs témoins et qu’ils se justifient, ou qu’ils entendent, et disent : C’est la vérité ! Vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, vous et mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous connaissiez, et que vous me croyiez, et que vous compreniez que moi je suis le Même : avant moi aucun Dieu n’a été formé, et après moi il n’y en aura pas. Moi, moi, je suis l’Éternel, et hors moi il n’y en a point qui sauve » (Ésaïe 43:8-11). C’était la position donnée par Dieu à Israël au milieu du monde. Dans la mesure où Dieu, l’Éternel avec qui ils avaient été mis en relation, était un Dieu juste « qui a les yeux trop purs pour voir le mal, et qui ne peut contempler l’iniquité », leur mission était de crier contre Ninive (le monde), parce que sa méchanceté était venue jusque devant l’Éternel.
Naufrage moral au lieu de témoignage
Comment ont-ils rempli leur mission ? La conduite de Jonas fournit la réponse. Il s’est levé pour fuir à Tarsis de devant la face de l’Éternel. C’est, en un mot, l’histoire d’Israël en tant que messager de Dieu. Ils aimaient bien que leurs privilèges les exaltent au-dessus des nations environnantes. Cela favorisait leur orgueil ; mais c’était tout autre chose d’accepter la responsabilité de leur position. Rien n’est plus triste que de retracer leur histoire à cet égard, de leur rédemption hors d’Égypte jusqu’à la destruction du temple par Nebucadnetsar. La lumière qu’ils possédaient n’a servi qu’à ce qu’ils s’exaltent et s’attribuent une propre justice, jusqu’à ce que Dieu soit finalement contraint – pour ainsi dire – de s’éloigner d’eux. Non seulement ils ont fui la face de l’Éternel plutôt que de remplir leur mission envers le monde, mais ils ont sombré moralement plus bas que les nations contre lesquelles ils étaient appelés à témoigner. Voir par exemple Jér. 32:25-35 ; Éze. 8 et 9 et 16:44-49, etc. L’Éternel a dit, en effet, par Jérémie : « Courez ça et là par les rues de Jérusalem, et regardez et sachez et cherchez dans ses places si vous trouvez un homme, s’il y a quelqu’un qui fasse ce qui est droit, qui cherche la fidélité, et je pardonnerai à la ville. Et s’ils disent : L’Éternel est vivant ! en cela même, ils jurent faussement » (Jér. 5:1-2).
L’amitié du monde qui amène les châtiments de Dieu
En fuyant de devant la face de l’Éternel à Tarsis, Jonas est donc une image juste d’Israël fuyant Dieu plutôt que d’annoncer Son message au monde. Dans le bateau qui partait de Joppé, offrant au prophète un moyen tout prêt pour la fuite, on peut peut-être voir la façon dont Israël s’est dégradé moralement : Le navire était le moyen de commercer avec les nations ; c’est donc par le commerce qu’ils se sont familiarisés avec les nations du monde ; ils ont alors conformé leurs habitudes et leurs manières aux leurs, et ils ont ainsi perdu leur puissance de témoignage. Comme le prophète, Israël a tourné le dos à l’Éternel au lieu de se tenir devant Lui, et ils ont refusé les avertissements de Sa grâce et de Sa longue patience, et du coup ils sont tombés sous Son châtiment et Son jugement. Dans notre chapitre, ceci est représenté par le grand vent envoyé sur la mer par l’Éternel, et par la grande tempête, de sorte que le navire était sur le point de se briser. Mais la nation coupable était si insensible que les spectateurs, c’est-à-dire, les marins, étaient effrayés et, de peur, criaient chacun à son dieu devant la terrible tempête ; mais ils restaient comme endormis, sans être dérangés par le rugissement de la tempête qui menaçait de les détruire.
Israël devient une occasion de jugement, mais à la fin les nations se tournent vers l’Éternel
Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails de ce récit typique, tant il expose clairement les relations de Dieu avec Son ancien peuple, sur la base de sa responsabilité comme luminaire dans le monde. Cependant, deux autres points doivent être mentionnés :
● L’infidélité d’Israël entraine aussi les Gentils dans les jugements de Dieu. Au lieu d’être un canal de lumière et de bénédiction, Israël devient une occasion de jugement.
● Deuxièmement, après que la colère du Dieu saint a visité Son peuple, que la cause en a été découverte et que la tempête s’est apaisée, les Gentils se tournent vers le l’Éternel et reconnaissent Sa puissance et Sa gloire.
« Les hommes craignirent beaucoup l’Éternel, et offrirent un sacrifice à l’Éternel, et firent des vœux ». Il en sera de même après l’apparition du Seigneur. « C’est pourquoi attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère ; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie. Car alors, je changerai la langue des peuples en une langue purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour le servir d’un seul cœur » (Soph. 3:8-9).
Serviteur de Dieu qui fuit sa mission
Qui fuit-il et où fuit-il ?
La deuxième application de cette histoire concerne le serviteur. En tant que prophète, Jonas était un serviteur de l’Éternel et, comme nous l’avons souligné, il était chargé d’une mission spéciale envers le monde. Son message, conforme à cette dispensation, était un message de jugement, et non de grâce ou de miséricorde. Or il fuyait, non l’opposition de ceux vers qui il était envoyé, mais Celui qui lui avait donné sa mission. Beaucoup de serviteurs, oubliant la source de leur force et le secret de leur sécurité, n’ont pu faire face à la puissance de l’ennemi dans sa forteresse. Or, c’est dans le monde que Jonas a cherché à se cacher de devant Celui qui l’avait appelé à être Son serviteur ! Élie fuyait Jézabel, mais Jonas, répétons-le, fuyait l’Éternel.
Contraste avec le Seigneur Jésus
En cela, il contraste absolument avec notre Seigneur, le témoin fidèle qui a pu dire : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles. J’ai annoncé la justice dans la grande congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais. Je n’ai point caché ta justice au dedans de mon cœur ; j’ai parlé de ta fidélité et de ton salut ; je n’ai point caché ta bonté et ta vérité dans la grande congrégation » (Ps. 40:8-10).
Les effets de ne pas communiquer ce qu’on doit
En revanche, Jonas s’est enfui plutôt que d’annoncer le message de son Dieu ; en fait, la responsabilité du témoignage est toujours le plus grand test. Dans le cas du Seigneur, Son témoignage Lui a suscité la haine farouche du monde (Jean 7:7). Jonas a failli dans ce test, et peut-être à d’autres égards également. La possession de la vérité, si on ne la communique pas, produit toujours l’exaltation de soi et un orgueil pharisaïque ; et quand ces choses sont nourries dans le cœur, il y aura toujours de l’indifférence, voire du mépris pour le bien-être des autres. Jonas était Juif, et Dieu Lui-même l’avait séparé du monde, mais ce n’était pas une raison pour que le cœur de Jonas soit sans pitié à l’égard du monde. Mais c’était ainsi, et son état réel apparaît maintenant dans une désobéissance ouverte à l’Éternel.
Comment on se fait illusion sur soi-même
Il est également important de noter les illusions qu’une âme en mauvais état peut se faire. Jonas confessa aux marins qu’il craignait l’Éternel, le Dieu du ciel et de la terre, qui avait fait la mer et la terre, et pourtant il pensait se cacher à Ses yeux. Mais si le serviteur essaye d’oublier Dieu, Dieu n’oublie pas Son serviteur ni ne lui permet de ne pas respecter Son autorité. C’est pourquoi Il le poursuit par Sa tempête ; Il envoie un grand vent, non pas pour détruire son serviteur, mais pour lui faire prendre conscience du danger de sa position. Oui, Dieu aime trop Ses serviteurs pour les voir se rebeller. Mais tandis qu’Il poursuit Jonas, celui-ci dort au milieu des manifestations de Sa présence et de Sa puissance. Quel contraste avec la scène sur la mer de Tibériade où s’était levé une tempête pendant laquelle Celui qui avait fait la mer dormait sur un oreiller ! Dans le premier cas, la tempête ne s’est apaisée que lorsque Jonas a été jeté à la mer ; dans le second, le Seigneur, réveillé par ses disciples apeurés, manifesta Sa gloire et Sa puissance en ordonnant au vent de se taire et à la mer de se calmer.
Dieu ne permet pas que Son nom soit profané
La manière dont Dieu agit envers Jonas, dans ce chapitre, illustre un principe très important. Quand Israël n’a pas sanctifié mais profané le nom de Dieu, Dieu a déclaré qu’Il sanctifierait Son propre nom (voir Ézé. 36:16-23). Il en va de même pour Ses serviteurs. S’ils ne Le glorifient pas dans le témoignage qui leur a été confié, Il se glorifiera en eux par des châtiments. Ainsi, dans ce chapitre, Jonas s’est révélé être un serviteur infidèle, incapable de défendre le nom de l’Éternel devant un monde orgueilleux et méchant. Dieu est alors intervenu, Il a fait voir Son bras et s’est occupé de Jonas ; et c’est ce jugement même, qui a produit la louange envers Lui dans le cœur des païens. C’est un principe très important, qui devrait nous enseigner que s’il nous est fait l’honneur d’être des serviteurs, nous ne sommes en aucun cas nécessaires à l’accomplissement des desseins de Dieu. Comprendre cela nous rendra très humbles, tout en faisant jaillir de nos cœurs la louange pour le privilège précieux d’être associés en quelque manière à Ses conseils divins.
Application à l’église
En conclusion, il nous serait utile de nous demander deux choses.
● Premièrement, dans quelle mesure l’histoire d’Israël présentée dans ce récit, est-elle une figure de l’Église dans sa position comme luminaire ? Hélas ! la réponse à cette question est consignée dans le message aux sept églises (Apoc. 2 et 3).
● Deuxièmement, comme serviteurs du Seigneur, sommes-nous plus fidèles que Jonas ? Beaucoup d’entre nous n’ont-ils pas sombrés, comme lui, dans un profond sommeil, alors que les signes du jugement à venir se font déjà entendre ? Que le Seigneur nous réveille à la réalité de notre condition, afin que nous ne restions plus insensibles au danger imminent que court un monde sans Dieu.
Chapitre 2
Après la discipline, Jonas reprend le service que l’Éternel voulait
Dès que Jonas est délivré, « la parole de l’Éternel lui est adressée une seconde fois, en ces termes : Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie-lui selon le cri que je te dirai ». Car si l’Éternel envoie la tempête contre Son serviteur et le jette dans l’abîme, au milieu des mers, c’est pour le corriger et le restaurer, afin que le prophète soit dans un état d’âme propre pour être un vase de la volonté divine. Il ne chercha donc pas à fuir, mais il se leva et alla à Ninive, selon la parole de l’Éternel. Le Seigneur agit toujours ainsi avec Son peuple. Si nous nous détournons du chemin qu’Il nous trace, nous rencontrerons certainement des châtiments de Sa part, et le but de Sa discipline ne sera atteint que lorsque nous serons disposés, certainement par grâce, à nous engager dans le chemin duquel nous nous sommes détournés. C’est selon le principe énoncé par le psalmiste : « Avant que je fusse affligé, j’errais ; mais maintenant, je garde ta parole ».
Images du Résidu futur
C’est un premier enseignement, mais nous comprenons que la portée typique de ce chapitre a une signification plus profonde. Jonas est, en figure, un homme ressuscité, car il dit : « Du sein du shéol j’ai crié ». L’Éternel avait fait tomber la mort sur lui ; de plus, nous devons garder à l’esprit qu’il est identifié avec le résidu, comme le montre le dernier chapitre. Il y a donc une double signification symbolique. Israël, dans la personne de Jonas, est mis à l’écart, à cause de son infidélité comme vase du témoignage. Si l’on en juge selon l’homme, la lumière est éteinte ; tout espoir pour le monde a disparu à jamais. Lorsque toutes les vagues et les flots de Dieu ont déferlé sur la tête de ceux qu’Il avait choisis comme Ses témoins sur la terre, un témoignage est-il encore possible dans le monde ? Nous pourrions demander avec le psalmiste : « Feras-tu des merveilles pour les morts ? ou les trépassés se lèveront-ils pour te célébrer ? Racontera-t-on ta bonté dans le sépulcre, ta fidélité dans l’abime ? connaitra-t-on tes merveilles dans les ténèbres, et ta justice dans le pays de l’oubli ? » (Ps. 88:10-12).
Jonas type de Christ ressuscité
La réponse à ces questions ne se trouve que dans la mort et la résurrection de Christ. Tout espoir, fondé sur la responsabilité de l’homme, avait disparu ; mais Dieu, dans Sa grâce et Sa miséricorde, a envoyé Son Fils bien-aimé, et quand Celui-ci est venu, Il s’est identifié à Son peuple, et dans Sa compassion, Il est descendu là même où ils gisaient, morts dans leurs fautes et leurs péchés ; Lui-même est mort, se chargeant de toute leur responsabilité, afin de glorifier Dieu là même où eux L’avaient déshonoré. Lui-même a dit : « Comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme (rejeté) sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre ». Mais il était absolument impossible qu’Il soit retenu par la mort, aussi bien si nous considérons la gloire de Dieu ou si nous considérons Ses propres droits ; c’est pourquoi Il ressuscita le troisième jour comme le premier-né des morts, et c’est de Lui, comme ressuscité, que Jonas devient une figure. En tant que ressuscité, Il est (bien qu’Il l’ait toujours été) le témoin fidèle et véritable. Israël étant maintenant mis de côté, Il peut accomplir les desseins de Dieu, en rendant témoignage aux Gentils ; et cela montre, en figure, que le rejet du Juif est la réconciliation du monde (Rom. 11). Les deux choses se trouvent dans ce chapitre – le fait historique de la mission de Jonas, et ce dont cette mission est le type.
Grandeur de Ninive
Jonas, maintenant obéissant, se rend à Ninive ; mais avant de décrire sa prédication, l’Esprit de Dieu attire notre attention sur la grandeur de la ville. Pour Dieu, c’était une ville grande de trois journées de chemin. Tel est le résultat de l’activité de l’homme dans son éloignement de Dieu, s’enorgueillissant de la grandeur, du faste et de la magnificence de ses œuvres qui lui font dire avec Nebucadnetsar : « N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? » Enivré de son propre orgueil, il ne se soucie pas, même s’il s’en souvient, que le jugement de Dieu a été prononcé sur toutes ses œuvres. C’est de ce jugement dont Jonas était le porte-parole, proclamant face à la « gloire hautaine » du monde : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée ».
Le message du prophète
Le caractère du message exige notre attention. C’est un message de pur jugement qui n’est accompagné d’aucune miséricorde, même si le peuple se repentait. Cela peut paraître étrange, mais il faut rappeler que la prédication de Jonas ne fait référence qu’au gouvernement de Dieu sur la terre. En règle générale, les prophètes ne considéraient pas l’éternité ; les menaces de jugements, les promesses de bénédictions sous condition d’obéissance ou de repentance, étaient limités à ce monde. La question du jugement lorsque les secrets de tous les cœurs seront révélés, n’entrait pas dans le cadre de leur ministère. Étant liés au royaume, ils ne parlaient que des voies de Dieu, des exigences, de la justice et de Son gouvernement, tels qu’ils sont manifestés sur cette scène.
Un temps d’épreuve complet avant le jugement final
En considérant le côté typique, le message de Jonas a un autre sens. Le nombre quarante a une signification particulière dans la Parole de Dieu, comme on peut le voir dans les quarante années d’errance d’Israël dans le désert, la tentation de notre Seigneur pendant quarante jours dans le désert, etc. Il indique une période complète de mise à l’épreuve. Dans ce passage, en voyant les choses ainsi et en gardant à l’esprit que Ninive représente le monde – spécialement le monde qui s’exalte orgueilleusement contre Dieu, il est simplement annoncé qu’après avoir été pleinement testé et de toutes manières, le monde sera détruit. C’est la croix de Christ qui est le point culminant de la mise à l’épreuve de Dieu quant au monde ; c’est pourquoi notre Seigneur a dit : « maintenant est le jugement de ce monde ». Un jugement irrémédiable a été prononcé sur lui à la mort de Christ, car Dieu a ainsi démontré ouvertement, devant tous, le caractère désespéré du mal et du monde qui a accepté la domination effective de Satan en crucifiant le Fils de Dieu.
Il est vrai que, pour le moment, Dieu retient l’exécution du jugement, car dans la mort de Christ a été posé le fondement sur lequel Dieu pouvait, en toute justice, offrir le salut à ce même monde dans sa condition coupable et perdue, et accomplir Ses propres conseils de grâce en rédemption. Mais le jugement n’a pas été révoqué ; il ne pouvait pas l’être à cause de la gloire de Dieu ; il a seulement été suspendu, parce que le Seigneur « est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. Or, le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brulées entièrement » (2 Pierre 3:9-10). Oui, cela est toujours vrai : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée ».
Dieu est cru et un jeûne général est proclamé
L’effet de la prédication fut merveilleux. Il est dit : « Et les hommes de Ninive crurent Dieu, et proclamèrent un jeûne, et se vêtirent de sacs, depuis les plus grands d’entre eux jusqu’aux plus petits ». Cela commença par le roi qui, en entendant la parole, « se leva de son trône, et ôta de dessus lui son manteau, et se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre ». De plus, avec ses nobles, il publia un décret selon lequel ni homme, ni bête, ni gros ou menu bétail ne goûterait quoi que ce soit ; ils ne devaient ni manger ni boire de l’eau. En un mot, un jeûne universel fut proclamé. Tous devaient se couvrir d’un sac, crier à Dieu avec force, et se détourner de la méchanceté de leurs voies, dans l’espoir que Dieu se détournerait de Son ardente colère, afin qu’ils ne périssent pas (v. 5-9.).
Remarquons qu’ils crurent Dieu. En Jonas 1, les marins crient à l’Éternel, parce que la gloire de l’Éternel en relation avec les Juifs avait été manifestée dans Ses jugements. Ici, il s’agit du monde dans sa relation avec Dieu comme tel, ce qui explique la différence. Et comme dans ce chapitre, on est sur la base de relations dans la création, le bétail est également mentionné ; car la création entière (ce qui inclut le bétail) sera un jour délivrée de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8).
La repentance prêchée à l’époque et aujourd’hui : son refus prouve l’état des cœurs
Le Seigneur fait allusion à la repentance de Ninive d’une manière frappante : « Des hommes de Ninive se lèveront au jugement de cette génération, et la condamneront, car ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici, il y a ici plus que Jonas » (Matt. 12:41). C’était une preuve de la dureté de cœur de ceux à qui le Seigneur était venu prêcher la repentance parce que le royaume des cieux s’était approché (Matt. 4:17), et une preuve de leur insensibilité à Ses appels, bien que ceux-ci étaient appuyés par les miracles qu’Il faisait au milieu d’eux. Les Ninivites étaient païens ; les Juifs étaient le peuple élu de Dieu, et Celui qui était venu chez les Siens était leur propre Messie, l’Éternel, le Sauveur ! Mais ils restèrent sourds à Ses supplications (Matt. 23:37) Quelle démonstration plus claire pouvait-il y avoir de la dépravation totale de leurs cœurs ?
« Les hommes de cette génération » sont-ils meilleurs ? alors qu’en plus le ministère de la réconciliation continue (2 Cor. 5) ! Par la tendre miséricorde de Dieu, il est toujours proclamé : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée » ; or qui y prête attention ? Quelques-uns ici et là, par grâce, mais la masse, le monde, est aussi insensible aujourd’hui qu’aux jours de notre Seigneur. En outre, supposons qu’un messager de Dieu se tienne aujourd’hui au milieu des plus grandes villes avec le message de Jonas, comment serait-il reçu ? Ne serait-il pas considéré comme un fou ou un insensé ? Oh, si l’on comprenait mieux que la lumière et les privilèges accordés augmentent la responsabilité et la condamnation quand la lumière est rejetée et que les privilèges sont méprisés ! Ce beau spectacle de la repentance de Ninive préfigure le temps où les nations serviront le Seigneur d’un seul accord !
Le jugement arrêté, Dieu « se repent »
Le chapitre se termine par l’action de Dieu suite à la repentance de Ninive – « Et Dieu vit leurs œuvres, qu’ils revenaient de leur mauvaise voie ; et Dieu se repentit du mal qu’Il avait parlé de leur faire, et Il ne le fit pas ». Nous voyons encore une fois ce qu’il y a dans le cœur de Dieu envers les hommes – Il ne prend pas plaisir à la mort des méchants. C’est pourquoi, s’Il proclame le jugement, c’est dans le but de les détourner de leur mauvaise voie. Les habitants de Ninive ne savaient pas ce qu’Il ferait. Ils se contentèrent de dire : « Qui sait ? Dieu reviendra et se repentira ». Dieu répondit à cette faible foi, comme Il le fait toujours, et les épargna de la destruction. Il est évident que lorsqu’il est dit qu’Il s’est repenti, ce n’est qu’une façon humaine de parler. Son but était de produire la repentance de la part de Ninive ; et ceci étant fait, Il pouvait, conformément à Ses voies en gouvernement, montrer Sa compassion et Son pardon. Quel grand encouragement pour un pécheur que ce récit !
« Celui qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Mais ensuite, béni soit Son nom, il est aussi écrit : « Celui qui entend ma parole, et qui croit Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie ». (Jean 5:24).
Chapitre 3
Après la discipline, Jonas reprend le service que l’Éternel voulait
Dès que Jonas est délivré, « la parole de l’Éternel lui est adressée une seconde fois, en ces termes : Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie-lui selon le cri que je te dirai ». Car si l’Éternel envoie la tempête contre Son serviteur et le jette dans l’abîme, au milieu des mers, c’est pour le corriger et le restaurer, afin que le prophète soit dans un état d’âme propre pour être un vase de la volonté divine. Il ne chercha donc pas à fuir, mais il se leva et alla à Ninive, selon la parole de l’Éternel. Le Seigneur agit toujours ainsi avec Son peuple. Si nous nous détournons du chemin qu’Il nous trace, nous rencontrerons certainement des châtiments de Sa part, et le but de Sa discipline ne sera atteint que lorsque nous serons disposés, certainement par grâce, à nous engager dans le chemin duquel nous nous sommes détournés. C’est selon le principe énoncé par le psalmiste : « Avant que je fusse affligé, j’errais ; mais maintenant, je garde ta parole ».
Images du Résidu futur
C’est un premier enseignement, mais nous comprenons que la portée typique de ce chapitre a une signification plus profonde. Jonas est, en figure, un homme ressuscité, car il dit : « Du sein du shéol j’ai crié ». L’Éternel avait fait tomber la mort sur lui ; de plus, nous devons garder à l’esprit qu’il est identifié avec le résidu, comme le montre le dernier chapitre. Il y a donc une double signification symbolique. Israël, dans la personne de Jonas, est mis à l’écart, à cause de son infidélité comme vase du témoignage. Si l’on en juge selon l’homme, la lumière est éteinte ; tout espoir pour le monde a disparu à jamais. Lorsque toutes les vagues et les flots de Dieu ont déferlé sur la tête de ceux qu’Il avait choisis comme Ses témoins sur la terre, un témoignage est-il encore possible dans le monde ? Nous pourrions demander avec le psalmiste : « Feras-tu des merveilles pour les morts ? ou les trépassés se lèveront-ils pour te célébrer ? Racontera-t-on ta bonté dans le sépulcre, ta fidélité dans l’abime ? connaitra-t-on tes merveilles dans les ténèbres, et ta justice dans le pays de l’oubli ? » (Ps. 88:10-12).
Jonas type de Christ ressuscité
La réponse à ces questions ne se trouve que dans la mort et la résurrection de Christ. Tout espoir, fondé sur la responsabilité de l’homme, avait disparu ; mais Dieu, dans Sa grâce et Sa miséricorde, a envoyé Son Fils bien-aimé, et quand Celui-ci est venu, Il s’est identifié à Son peuple, et dans Sa compassion, Il est descendu là même où ils gisaient, morts dans leurs fautes et leurs péchés ; Lui-même est mort, se chargeant de toute leur responsabilité, afin de glorifier Dieu là même où eux L’avaient déshonoré. Lui-même a dit : « Comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme (rejeté) sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre ». Mais il était absolument impossible qu’Il soit retenu par la mort, aussi bien si nous considérons la gloire de Dieu ou si nous considérons Ses propres droits ; c’est pourquoi Il ressuscita le troisième jour comme le premier-né des morts, et c’est de Lui, comme ressuscité, que Jonas devient une figure. En tant que ressuscité, Il est (bien qu’Il l’ait toujours été) le témoin fidèle et véritable. Israël étant maintenant mis de côté, Il peut accomplir les desseins de Dieu, en rendant témoignage aux Gentils ; et cela montre, en figure, que le rejet du Juif est la réconciliation du monde (Rom. 11). Les deux choses se trouvent dans ce chapitre – le fait historique de la mission de Jonas, et ce dont cette mission est le type.
Grandeur de Ninive
Jonas, maintenant obéissant, se rend à Ninive ; mais avant de décrire sa prédication, l’Esprit de Dieu attire notre attention sur la grandeur de la ville. Pour Dieu, c’était une ville grande de trois journées de chemin. Tel est le résultat de l’activité de l’homme dans son éloignement de Dieu, s’enorgueillissant de la grandeur, du faste et de la magnificence de ses œuvres qui lui font dire avec Nebucadnetsar : « N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? » Enivré de son propre orgueil, il ne se soucie pas, même s’il s’en souvient, que le jugement de Dieu a été prononcé sur toutes ses œuvres. C’est de ce jugement dont Jonas était le porte-parole, proclamant face à la « gloire hautaine » du monde : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée ».
Le message du prophète
Le caractère du message exige notre attention. C’est un message de pur jugement qui n’est accompagné d’aucune miséricorde, même si le peuple se repentait. Cela peut paraître étrange, mais il faut rappeler que la prédication de Jonas ne fait référence qu’au gouvernement de Dieu sur la terre. En règle générale, les prophètes ne considéraient pas l’éternité ; les menaces de jugements, les promesses de bénédictions sous condition d’obéissance ou de repentance, étaient limités à ce monde. La question du jugement lorsque les secrets de tous les cœurs seront révélés, n’entrait pas dans le cadre de leur ministère. Étant liés au royaume, ils ne parlaient que des voies de Dieu, des exigences, de la justice et de Son gouvernement, tels qu’ils sont manifestés sur cette scène.
Un temps d’épreuve complet avant le jugement final
En considérant le côté typique, le message de Jonas a un autre sens. Le nombre quarante a une signification particulière dans la Parole de Dieu, comme on peut le voir dans les quarante années d’errance d’Israël dans le désert, la tentation de notre Seigneur pendant quarante jours dans le désert, etc. Il indique une période complète de mise à l’épreuve. Dans ce passage, en voyant les choses ainsi et en gardant à l’esprit que Ninive représente le monde – spécialement le monde qui s’exalte orgueilleusement contre Dieu, il est simplement annoncé qu’après avoir été pleinement testé et de toutes manières, le monde sera détruit. C’est la croix de Christ qui est le point culminant de la mise à l’épreuve de Dieu quant au monde ; c’est pourquoi notre Seigneur a dit : « maintenant est le jugement de ce monde ». Un jugement irrémédiable a été prononcé sur lui à la mort de Christ, car Dieu a ainsi démontré ouvertement, devant tous, le caractère désespéré du mal et du monde qui a accepté la domination effective de Satan en crucifiant le Fils de Dieu.
Il est vrai que, pour le moment, Dieu retient l’exécution du jugement, car dans la mort de Christ a été posé le fondement sur lequel Dieu pouvait, en toute justice, offrir le salut à ce même monde dans sa condition coupable et perdue, et accomplir Ses propres conseils de grâce en rédemption. Mais le jugement n’a pas été révoqué ; il ne pouvait pas l’être à cause de la gloire de Dieu ; il a seulement été suspendu, parce que le Seigneur « est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. Or, le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brulées entièrement » (2 Pierre 3:9-10). Oui, cela est toujours vrai : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée ».
Dieu est cru et un jeûne général est proclamé
L’effet de la prédication fut merveilleux. Il est dit : « Et les hommes de Ninive crurent Dieu, et proclamèrent un jeûne, et se vêtirent de sacs, depuis les plus grands d’entre eux jusqu’aux plus petits ». Cela commença par le roi qui, en entendant la parole, « se leva de son trône, et ôta de dessus lui son manteau, et se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre ». De plus, avec ses nobles, il publia un décret selon lequel ni homme, ni bête, ni gros ou menu bétail ne goûterait quoi que ce soit ; ils ne devaient ni manger ni boire de l’eau. En un mot, un jeûne universel fut proclamé. Tous devaient se couvrir d’un sac, crier à Dieu avec force, et se détourner de la méchanceté de leurs voies, dans l’espoir que Dieu se détournerait de Son ardente colère, afin qu’ils ne périssent pas (v. 5-9.).
Remarquons qu’ils crurent Dieu. En Jonas 1, les marins crient à l’Éternel, parce que la gloire de l’Éternel en relation avec les Juifs avait été manifestée dans Ses jugements. Ici, il s’agit du monde dans sa relation avec Dieu comme tel, ce qui explique la différence. Et comme dans ce chapitre, on est sur la base de relations dans la création, le bétail est également mentionné ; car la création entière (ce qui inclut le bétail) sera un jour délivrée de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8).
La repentance prêchée à l’époque et aujourd’hui : son refus prouve l’état des cœurs
Le Seigneur fait allusion à la repentance de Ninive d’une manière frappante : « Des hommes de Ninive se lèveront au jugement de cette génération, et la condamneront, car ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici, il y a ici plus que Jonas » (Matt. 12:41). C’était une preuve de la dureté de cœur de ceux à qui le Seigneur était venu prêcher la repentance parce que le royaume des cieux s’était approché (Matt. 4:17), et une preuve de leur insensibilité à Ses appels, bien que ceux-ci étaient appuyés par les miracles qu’Il faisait au milieu d’eux. Les Ninivites étaient païens ; les Juifs étaient le peuple élu de Dieu, et Celui qui était venu chez les Siens était leur propre Messie, l’Éternel, le Sauveur ! Mais ils restèrent sourds à Ses supplications (Matt. 23:37) Quelle démonstration plus claire pouvait-il y avoir de la dépravation totale de leurs cœurs ?
« Les hommes de cette génération » sont-ils meilleurs ? alors qu’en plus le ministère de la réconciliation continue (2 Cor. 5) ! Par la tendre miséricorde de Dieu, il est toujours proclamé : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée » ; or qui y prête attention ? Quelques-uns ici et là, par grâce, mais la masse, le monde, est aussi insensible aujourd’hui qu’aux jours de notre Seigneur. En outre, supposons qu’un messager de Dieu se tienne aujourd’hui au milieu des plus grandes villes avec le message de Jonas, comment serait-il reçu ? Ne serait-il pas considéré comme un fou ou un insensé ? Oh, si l’on comprenait mieux que la lumière et les privilèges accordés augmentent la responsabilité et la condamnation quand la lumière est rejetée et que les privilèges sont méprisés ! Ce beau spectacle de la repentance de Ninive préfigure le temps où les nations serviront le Seigneur d’un seul accord !
Le jugement arrêté, Dieu « se repent »
Le chapitre se termine par l’action de Dieu suite à la repentance de Ninive – « Et Dieu vit leurs œuvres, qu’ils revenaient de leur mauvaise voie ; et Dieu se repentit du mal qu’Il avait parlé de leur faire, et Il ne le fit pas ». Nous voyons encore une fois ce qu’il y a dans le cœur de Dieu envers les hommes – Il ne prend pas plaisir à la mort des méchants. C’est pourquoi, s’Il proclame le jugement, c’est dans le but de les détourner de leur mauvaise voie. Les habitants de Ninive ne savaient pas ce qu’Il ferait. Ils se contentèrent de dire : « Qui sait ? Dieu reviendra et se repentira ». Dieu répondit à cette faible foi, comme Il le fait toujours, et les épargna de la destruction. Il est évident que lorsqu’il est dit qu’Il s’est repenti, ce n’est qu’une façon humaine de parler. Son but était de produire la repentance de la part de Ninive ; et ceci étant fait, Il pouvait, conformément à Ses voies en gouvernement, montrer Sa compassion et Son pardon. Quel grand encouragement pour un pécheur que ce récit !
« Celui qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Mais ensuite, béni soit Son nom, il est aussi écrit : « Celui qui entend ma parole, et qui croit Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie ». (Jean 5:24).
Chapitre 4
Irritation de Jonas qui ne comprend pas les pensées de grâce de Dieu
L’instruction du ch. 4, comme au ch. 1, découle de la conduite du prophète. À la fin du ch. 3, Dieu a manifesté Sa grâce en épargnant le peuple de Ninive repentant – Il a, en fait, révélé Son cœur. Au v. 1 de ce ch. 4, par contraste, le cœur de Jonas est dévoilé. Comme nous l’avons lu ailleurs, Dieu ne prend pas plaisir à la mort du pécheur ; or c’est pour cette raison que Jonas est excessivement mécontent et très irrité. Non seulement il n’était pas en communion avec les pensées de Dieu, mais il leur était diamétralement opposé. Comme le frère aîné de la parabole du fils prodigue, il était irrité parce que ceux qui n’avaient aucun droit en Dieu, avaient trouvé miséricorde. Par ceci, il montrait seulement qu’il ne pouvait pas entrer dans la pensée de la grâce.
Et combien de fois il en est ainsi avec nous ! Malgré le fait que nous soyons nous-mêmes des objets de miséricorde et que, sans la grâce souveraine de Dieu, nous ne pourrions pas nous tenir devant Lui, nous aimerions, dans la folie de nos pensées et de nos sentiments naturels, que les autres aient affaire à Dieu sur le terrain de la justice. Les combats de Paul aux temps apostoliques en sont des exemples frappants. Même Pierre craignait de maintenir la vérité de la grâce (Gal. 2) ; c’est pourquoi l’apôtre Paul, guidé par le Saint Esprit, a non seulement résisté à Pierre en face, mais il a aussi exposé en détail, tant dans l’épître aux Galates que dans celle aux Romains (Rom. 9-11), que les Juifs n’avait pas plus de droit en Dieu que les nations, et que si Dieu avait traité Israël sur le terrain de la justice, ils n’auraient pas pu échapper à Son jugement, tout comme les nations. Mais maintenant Il a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous (Rom. 11). Non, l’homme naturel ne comprendra jamais la grâce de Dieu.
Jonas savait que Dieu fait grâce, mais n’en voulait pas pour ne pas ternir sa réputation de prophète
Mais allons un peu avant pour voir les raisons particulières de l’irritation de Jonas. Il est dit : « Il pria l’Éternel, et dit : Éternel, je te prie, n’était-ce pas là ma parole, quand j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi j’ai d’abord voulu m’enfuir à Tarsis, car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté et qui te repens du mal dont tu as menacé ; et maintenant, Éternel, je t’en prie, prends-moi ma vie, car mieux me vaut la mort que la vie » (4:2, 3).
Il craignait que Dieu ne fasse miséricorde à Ninive, et comme il voulait leur jugement et leur destruction, il refusait d’être le porteur du message divin. Quelle étroitesse et quelle dureté de cœur ! Mais il y a plus que cela. Dans cette prière insensée, il y a l’essence même du Moi et de l’importance que se donne le Moi. Jonas aurait volontiers proclamé le message de jugement à l’impie Ninive – s’il avait été sûr qu’il soit exécuté – car cela l’aurait exalté à ses propres yeux et aux yeux de tous ceux qui croyaient en la vérité de sa mission.
Même Jacques et Jean dirent au Seigneur : « Veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie ? ». Mais le Seigneur se retourna et les censura ; car Dieu n’a pas envoyé Son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Jonas était dans le même état d’esprit que ces disciples, mais il allait plus loin et s’opposait à la manifestation de la miséricorde. Car si, d’une part, l’annonce d’un jugement impitoyable exalte le prédicateur, la manifestation de la grâce met de côté le messager et exalte Dieu.
Au lieu de se soucier de Ninive, Jonas ne pense qu’à sa propre réputation comme prophète. Misérable cœur de l’homme, incapable de s’élever jusqu’à la bonté de Dieu !... Jonas ne pensait qu’à lui-même, et l’horrible égoïsme de son cœur lui cache le Dieu de grâce qui est fidèle à Son amour pour Ses faibles créatures. Nous pouvons ajouter qu’il était sans aucune excuse, car il dit : « je savais que tu es un Dieu qui fait grâce », etc., et pourtant, il était irrité – mécontent du caractère du Dieu qu’il connaissait !
Différence avec le découragement d’Élie
Sa déception et sa colère étaient si grandes qu’il demande à mourir. Triste état d’esprit ! Qu’est-ce qui le poussait à désirer mourir ? Le fait que Dieu ait épargné Ninive, et la peine de voir sa prédication et lui-même apparemment mis de côté ! Le cœur humain est vraiment mesquin et étroit lorsqu’il est occupé de ses propres affaires – de sa propre importance, de son orgueil et de sa réputation.
Le cas d’Élie, qui semble similaire, est très différent. Dans le doute et l’abattement, il s’imaginait que son œuvre avait été entièrement en vain. À la question du Seigneur : « Que fais-tu ici, Élie ? il répondit : J’ai été très-jaloux pour l’Éternel, le Dieu des armées ; car les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l’épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter » (1 Rois 19:10). À ce moment, il avait perdu confiance en Dieu, car il voyait la puissance de l’ennemi de toutes parts. Sans doute était-il aussi déçu que l’Éternel n’intervienne pas en jugement pour défendre l’honneur de Son nom. Mais c’est tout autre chose que le désir de Jonas qui ne pensait ni à l’honneur de l’Éternel, ni à la pauvre Ninive coupable, mais seulement à sa propre réputation de prophète. Rien n’est plus humiliant que cet état d’esprit.
Soins de l’Éternel à l’égard de Jonas
D’autre part, qu’est-ce qui pourrait surpasser la tendre bonté de l’Éternel envers Son serviteur égaré ? Pour le moment, Il se contente d’une seule parole : « fais-tu bien de t’irriter ». C’est tout. L’Éternel agit avec Jonas comme une mère avec un enfant impertinent, qui sait qu’il est inutile de le raisonner quand il est en colère, et qui ne prête donc aucune attention à ses demandes insensées, mais attend qu’il se calme. Ah, combien de fois, nous aussi, dans notre folie et dans l’esprit de Jonas, avons-nous osé accuser les voies de Dieu, et préféré nos requêtes insensées, qui, si elles avaient été accordées, nous auraient coûté des peines pour le reste de la vie ! Mais le Seigneur nous aime mieux que nous ne nous aimons nous-mêmes.
Jonas était trop irrité pour répondre au doux reproche de l’Éternel. « Il sortit de la ville, et s’assit à l’orient de la ville ; et il se fit là une cabane, et s’assit dessous, à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vît ce qu’il arriverait à la ville ». Pauvre homme ! Manifestement, il espérait encore que l’Éternel détruirait Ninive, malgré sa repentance ; il comprenait bien peu le cœur de Celui qui l’avait envoyé en mission. Mais Dieu en avait fini pour le moment avec Ninive. « Dieu se repentit du mal qu’Iil avait parlé de leur faire, et Il ne le fit pas ». C’était donc irrévocable ; en cohérence avec Son saint nom, Il ne pouvait pas satisfaire les mauvais désirs de Jonas. Dans Son amour et Sa grâce, Son attention était maintenant dirigée vers Son serviteur – pour le corriger et l’instruire, ainsi que pour lui expliquer et justifier Ses propres voies. Il est dit : « L’Éternel Dieu prépara un kikajon et le fit monter au-dessus de Jonas, pour faire ombre sur sa tête, pour le délivrer de sa misère. Et Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du kikajon » (4:6).
Ce qui a été manifesté par le kikajon préparé par Dieu et qui a séché
Il est très touchant de voir Dieu veiller ainsi sur Son serviteur obstiné et prendre soin de lui, et de voir la peine qu’Il prend pour le convaincre que sa colère n’est pas raisonnable. Pourquoi le prophète se réjouit-il maintenant d’une grande joie ? Parce que l’ombre du kikajon le soulageait. Sa joie était entièrement égoïste, comme sa colère. Alors, « Dieu prépara un ver le lendemain, au levé de l’aurore, et il rongea le kikajon, et il sécha. Et il arriva que, quand le soleil se leva, Dieu prépara un doux vent d’orient, et le soleil frappa la tête de Jonas, et il défaillait, et il demanda la mort pour son âme et dit : mieux me vaut la mort que la vie ». Entièrement absorbé par son « moi », il était maintenant malheureux et misérable parce que le kikajon qui l’avait soulagé était détruit — peut-être aussi parce qu’il souffrait physiquement. C’est là que Dieu voulait l’amener ; Il intervient à nouveau et dit à Jonas : « Fais-tu bien de t’irriter à cause du kikajon ? Et il répondit : « Je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort ». Il s’était irrité parce que Ninive n’avait pas été renversée, et maintenant il s’irrite parce que le kikajon avait été détruit ; dans les deux cas il s’irritait à cause de l’influence que l’un et l’autre avaient sur lui, tant son pauvre cœur misérable était étroit. C’est sur ce dernier point que l’Éternel le reprend, en disant : « Tu as pitié du kikajon, pour lequel tu n’as pas travaillé, et que tu n’as pas fait croître ; qui est né en une nuit et a péri en une nuit ; et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer entre leur droite et leur gauche, et aussi beaucoup de bétail ? » (4:10, 11).
C’est ainsi que Jonas fut condamné par ses propres paroles, et que Dieu fut justifié, et abondamment justifié, par la pitié que Jonas éprouva pour le kikajon auquel il n’était lié par aucune relation, et qu’il n’appréciait que par le profit qu’il en retirait. Ainsi, comme toujours, Dieu gagne quand Il est jugé (Rom. 3:4).
Deux leçons que le prophète n’avait pas encore apprises
Il y a deux choses que le prophète n’avait pas encore apprises (comme c’est le cas de beaucoup de chrétiens, pouvons-nous ajouter) :
1. Premièrement, que la tendre miséricorde de Dieu est sur toutes ses œuvres (Ps. 145:9) ; les mots : « et aussi beaucoup de bétail » le montrent de façon très belle ! Cette tendre miséricorde se manifestera bientôt, quand Christ prendra Son pouvoir légitime et régnera sur la terre. Mais le cœur de Dieu est toujours le même, et Il l’a prouvé
● en ce qu’Il « a tant aimé le monde, qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » ;
● en ce que Christ a goûté la mort pour tout (Héb. 2) ;
● en ce que Sa longanimité prolonge le jour de la grâce, parce qu’Il ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3) ; et, enfin,
● en ce que Son dessein est de réconcilier toutes choses avec Lui-même, par la mort de Christ, tant les choses de la terre que les choses du ciel (Col. 1).
Mais pour apprendre cela, nous devons perdre de vue notre Moi et nos objectifs égoïstes, et être remplis des pensées et des affections divines.
2. La deuxième chose que Jonas n’avait pas apprise, c’est que Dieu est « bon, et prompt à pardonner, et grand en bonté envers tous ceux qui crient vers Lui » (Ps. 86:5). C’est cette même leçon que Pierre avait à enseigner aux Juifs au jour de la Pentecôte (Actes 2:21) et sur laquelle Paul devait insister auprès des croyants hébreux de son temps (Rom. 10:11-13) ; et c’est cette vérité-là que beaucoup d’entre nous, tout en disant la reconnaitre, ont besoin de retenir plus fermement de nos jours. Si la grâce est souveraine – et elle l’est – elle n’est donc pas restreinte, et elle répand la bénédiction où que Dieu le veuille. Ah ! que de fois, avec une folie semblable à celle de Jonas, nous rétrécirions le cœur de Dieu ! Mais finalement, Il montrera qu’Il a été au-dessus et au-delà de toutes nos pensées. En attendant, puisse nos cœurs être instruits et consolés en nous souvenant que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Un honneur et une grâce dont Jonas a bénéficié
En conclusion, on pourrait dire que ce n’était pas un petit honneur pour Jonas, même avec sa désobéissance, sa volonté propre et son irritation, d’être formé en un vase pour présenter la pensée et le cœur de Dieu. Cela aussi était une grâce, et c’est donc à Dieu que revient toute la louange.
Leçon finale entièrement comprise par Jonas
Il est doux de voir, enfin, après tout, la docilité de Jonas à la voix de l’Éternel, manifestée par l’existence de ce livre, — de voir celui-là même qui a failli, servir d’instrument à l’Esprit, pour faire ressortir ce qui en est du cœur de l’homme, vase du témoignage de Dieu, et (en contraste avec le prophète fidèle dans son récit de toutes ses fautes) la bonté de Dieu à laquelle il n’a pu ni atteindre, ni se soumettre.