Lectures hebdomadaires
Livre de l'Exode
Chapitre 1
1. Exode 1 — Israël en Égypte
Le grand sujet du livre de l’Exode est celui de la rédemption. Dans la Genèse, nous avons la création, puis la chute et l’annonce d’un Libérateur dans la descendance de la femme qui briserait la tête du serpent (Gen. 3:15) — c’est-à-dire la révélation du second Homme, dont Adam était une figure (Rom. 5, 14) et en qui tous les desseins de Dieu seraient établis. Suivent tous les grands principes de base qui se trouvent développés dans l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, dont les livres suivants nous donnent le récit. C’est ainsi qu’on a pu dire très justement que le livre de la Genèse contient en germe la Bible tout entière. Mais dans l’Exode, il n’y a qu’un seul sujet — la rédemption avec ses conséquences, des conséquences en grâce et des conséquences judiciaires lorsque le peuple insensible à l’égard de la grâce et ignorant quant à son propre état s’est placé sous la loi. Néanmoins le grand résultat de la rédemption est atteint: l’établissement devant Dieu d’un peuple en relation avec lui; voilà ce qui confère un si grand intérêt à ce livre et le rend si instructif pour le lecteur chrétien.
1.1. Israël en Égypte
Les cinq premiers versets énoncent brièvement les noms des fils de Jacob qui entrèrent en Égypte avec leur père — eux et leurs familles totalisant avec Joseph et les siens déjà établis dans le pays soixante-dix âmes. Le chapitre 46 de la Genèse donne le détail de ce que nous avons ici dans un bref résumé. La famine a été à l’origine directe de leur descente en Égypte; mais par la famine et par la méchanceté des fils de Jacob qui vendirent leur frère aux Ismaélites (Gen. 37:28), Dieu travaillait en fait à l’accomplissement de ses propres desseins. Longtemps auparavant, il avait dit à Abram: «Sache certainement que ta semence séjournera dans un pays qui n’est pas le sien, et ils l’asserviront, et l’opprimeront pendant quatre cents ans. Mais aussi je jugerai, moi, la nation qui les aura asservis; et après cela ils sortiront avec de grands biens» (Gen. 15:13, 14). C’est l’histoire que nous rapportent les douze premiers chapitres de l’Exode. Et nous sommes remplis d’admiration en constatant que tout ce que les hommes font, même dans leur méchanceté et leur rébellion ouverte, concourt à l’établissement des plans de grâce et d’amour divins. Pierre l’a exprimé le jour de la Pentecôte quand il dit, à l’égard de Christ: «Ayant été livré par le conseil défini et par la pré-connaissance de Dieu, — lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques» (Actes 2:23). Ainsi la colère de l’homme aussi travaille à son insu à l’accomplissement des décrets de Dieu.
Ce n’est pas sans raison que les enfants d’Israël nous sont montrés en Égypte au début du livre. Dans l’Écriture, l’Égypte représente le monde; Israël en Égypte devient par conséquent une figure de la condition de l’homme naturel. Aussi après la déclaration que «Joseph mourut, et tous ses frères, et toute cette génération-là» (v. 6), le récit passe-t-il rapidement à la description de leurs circonstances et de leur état. Leur croissance, et leur prospérité également, sont mentionnées en premier. Ils «fructifièrent et foisonnèrent, et multiplièrent, et devinrent extrêmement forts; et le pays en fut rempli» (v. 7). Ils étaient les enfants de la promesse, bien qu’ils soient en Égypte, et comme tels, la faveur de Dieu reposait sur eux. D’où ce tableau de prospérité terrestre. Dieu n’oublie jamais son peuple, même si celui-ci en vient à L’oublier.
1.2. Un nouveau roi cruel
Un autre personnage entre maintenant en scène — «un nouveau roi... sur l’Égypte, qui n’avait point connu Joseph» (v. 8). La mention qu’il «n’avait point connu Joseph» est très significative. Joseph en Égypte était une figure de Christ dans sa gloire terrestre; par conséquent, ne pas le connaître caractérise un état moral. En fait, le Pharaon est le dieu de ce monde et, comme tel, il doit nécessairement s’opposer au peuple de Dieu. C’est pourquoi il nous est d’emblée parlé de sa ruse et de sa méchanceté pour ruiner la prospérité du peuple et le réduire à la misère et à l’esclavage (v. 9-12). Et pour quel motif? «De peur qu’il ne se multiplie, et que, s’il arrivait une guerre, il ne se joigne, lui aussi, à nos ennemis, et ne fasse la guerre contre nous, et ne monte hors du pays» (v. 10). Si nous sommes enclins à l’oublier, Satan, lui, sait que le monde ne peut que haïr les enfants de Dieu, et que ceux-ci, s’ils sont fidèles, doivent être opposés au monde; aussi importe-t-il de les réduire à l’impuissance et d’empêcher leur délivrance. C’est pourquoi «ils établirent sur lui (Israël) des chefs de corvées pour l’opprimer par leurs fardeaux. Et il bâtit pour le Pharaon des villes à greniers, Pithom et Ramsès». Ils sont ainsi placés sous l’esclavage du monde: «Les Égyptiens firent servir les fils d’Israël avec dureté, et ils leur rendirent la vie amère par un dur service» (v. 13, 14).
L’autre aspect du tableau, c’est que «selon qu’ils l’opprimaient, il multipliait et croissait» (v. 12). Cela résultait de ce qui a été mentionné plus haut: qu’en dépit de leur condition, ils étaient le peuple de la promesse, compris dans les desseins de Dieu; et comme tel, ils étaient préservés, protégés et bénis; le Pharaon, le dieu de ce monde, ne pouvait donc pas les détruire. Le véritable enjeu, comme le montre la suite de l’histoire, était entre Dieu et le Pharaon; et ce dernier, dans ses machinations contre les enfants d’Israël, combattait en fait contre Dieu. D’où son échec sur tous les plans. D’un autre côté, la condition des Israélites présente un portrait très frappant de la condition du pécheur — plus exactement du pécheur qui a été amené à sentir le joug de fer de son esclavage du péché et de Satan. Comme le fils prodigue qui tombe toujours plus bas, jusqu’à la limite de la mort et de la dégradation totale avant de revenir à lui-même, Dieu amène ici les enfants d’Israël à prendre conscience du poids de leurs fardeaux et à goûter l’amertume de leur dure servitude, pour éveiller en eux le désir de la délivrance, avant de commencer à agir en leur faveur. Il peut arriver que le pécheur soit insensible à sa propre dégradation, et satisfait, sinon heureux, de son éloignement de Dieu; mais pour être sauvé, il doit passer par l’expérience dont nous avons une image dans cette description de la condition d’Israël. Alors seulement il prendra conscience de son véritable état et désirera la délivrance.
1.3. Un décret criminel
Le reste du chapitre (v. 15-22) décrit une nouvelle tentative entreprise pour affaiblir les enfants d’Israël, et finalement les anéantir. Mais de nouveau, Dieu intervient en leur faveur. Le Pharaon était un monarque absolu, et aucun de ses sujets n’osait s’opposer à sa volonté; mais même ces simples femmes sont soutenues dans leur désobéissance, car elles estimaient que leur premier devoir était de craindre Dieu. Le roi le plus puissant du monde est sans pouvoir quand il s’oppose à Dieu ou à ceux qui sont identifiés à Dieu et à son peuple. Aussi Shiphra et Pua «ne firent pas comme le roi d’Égypte leur avait dit» (v. 17), et Dieu fit du bien aux sages-femmes et parce qu’elles craignirent Dieu, il bénit leurs familles (v. 17-21). «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom. 8:31). Nous apprenons par conséquent, premièrement, que l’Ennemi n’a absolument aucune puissance pour s’opposer aux desseins de Dieu; deuxièmement, que ceux qui font confiance à la sagesse de Dieu sont invincibles; troisièmement, que la crainte de Dieu permet aux plus faibles et aux plus humbles de s’élever au-dessus de la crainte de l’homme; et enfin, que le cœur de Dieu sait apprécier toute manifestation de fidélité envers lui au milieu d’une scène où Satan, le dieu de ce monde, règne, et opprime son peuple, cherchant à le détruire.
Mais l’inimitié du Pharaon augmente, et il commande «à tout son peuple, disant: Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve; mais toute fille, laissez-la vivre» (v. 22). Le chapitre suivant nous montrera comment Dieu se sert de ce décret même du roi pour préparer un libérateur pour son peuple.
À suivre
Chapitre 2, versets 1 à 10
La naissance de Moïse
Ce chapitre, si intéressant, est rendu encore plus attrayant par le commentaire divin donné en Hébreux 11 sur les principaux incidents qu’il contient. Ici nous avons le simple récit, du point de vue humain, des faits rapportés; là, c’est plutôt le côté divin, autrement dit l’estimation de Dieu à l’égard des actes de son peuple. Par conséquent, ce n’est qu’en combinant ces deux aspects que nous retirerons l’enseignement qui est présenté. Pas plus que lors de la naissance du Seigneur Jésus à Bethléhem, les parents ou le monde environnant ne comprirent la signification de la naissance du fils d’Amram et de Jokébed. Dieu travaille toujours de cette manière, sans bruit, posant les fondations de ses desseins et préparant ses instruments, jusqu’au moment déterminé d’avance où il va agir; il étend alors son bras et manifeste sa présence et sa puissance à la face du monde.
Les parents de Moïse
Mais revenons à notre chapitre. «Un homme de la maison de Lévi alla, et prit une fille de Lévi; et la femme conçut, et enfanta un fils; et elle vit qu’il était beau; et elle le cacha trois mois» (v. 1, 2). Quelle simplicité et quelle beauté dans cette scène naturelle! Comme nous pouvons comprendre les sentiments de cette mère juive! Le roi avait ordonné que tout fils qui naîtrait soit jeté dans le fleuve (1:22); mais quelle mère consentirait à livrer son enfant à la mort sans une juste révolte de toutes ses affections? Hélas! le décret de ce roi despotique était inexorable; et comment pouvait-elle, femme du peuple, et de plus appartenant à une race méprisée, s’opposer à la volonté d’un monarque absolu? Considérons le commentaire inspiré du Nouveau Testament: «Par la foi, Moïse, étant né, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi» (Héb. 11:23). Ils devaient certes se soumettre à leur souverain terrestre, mais ils devaient également obéir au Seigneur des seigneurs; c’est pourquoi, se confiant en lui, ils furent libérés de toute crainte à l’égard du commandement du roi, et ils cachèrent pendant trois mois l’enfant que Dieu leur avait donné. Ils comptèrent sur Dieu et ils ne furent pas confus; car jamais il ne laisse ni n’abandonne ceux qui se confient en lui. C’est un acte de foi magnifique: le regard fixé sur Dieu, ils osèrent désobéir au commandement inique du roi, sans craindre les conséquences. Comme plus tard Shadrac, Méshac et Abed-Négo, ils crurent que le Dieu qu’ils servaient pouvait les délivrer de la main du roi (Daniel 3:16, 17). Les dirigeants de ce monde n’ont aucun pouvoir en présence de ceux qui sont liés à Dieu par l’exercice de la foi.
Le coffret de joncs
Le jour arriva cependant où cet enfant qui «était beau» ne put plus être caché (v. 3); preuve de la vigilance accrue de l’ennemi de Dieu et de son peuple. Mais la foi n’est jamais à court de ressource. Aussi voyons-nous que la femme «prit pour lui un coffret de joncs, et l’enduisit de bitume et de poix, et mit dedans l’enfant, et le posa parmi les roseaux sur le bord du fleuve. Et sa sœur se tint à distance pour savoir ce qu’on lui ferait» (v. 3, 4). Pour Moïse, comme pour Isaac et pour Samuel, la mort, en figure du moins, devait être connue par les parents, à la fois pour eux-mêmes et pour leur enfant, avant que celui-ci puisse devenir un instrument utile pour Dieu. À cet égard, il est très remarquable que le mot utilisé ici pour «coffret» ne se trouve nulle part ailleurs dans l’Écriture, sinon pour désigner l’arche dans laquelle Noé et sa maison traversèrent le déluge.
Autre ressemblance: de même qu’en obéissance à une directive divine Noé enduisit l’arche de poix en dedans et en dehors, ainsi Jokébed enduisit le coffret de bitume et de poix. Le mot rendu par poix ici signifie également rançon (Exode 30:12; Job 33:24: propitiation, etc.), préfigurant la vérité qu’il fallait trouver une rançon pour délivrer des eaux du jugement. Toutefois cette mère hébreue emploie aussi le bitume: une sorte différente de poix suggérant qu’elle ne connaissait pas la pleine vérité. Pourtant, elle confessait par là le besoin de rédemption; sa foi le reconnaissait et ainsi son coffret de joncs, avec son précieux contenu, flotta en sécurité parmi les roseaux sur ce fleuve de la mort. L’intelligence divine manquait peut-être, mais il y avait une foi réelle, et celle-ci trouve toujours une réponse dans le cœur de Dieu. Remarquons encore que c’est la sœur, et non pas la mère, qui observe ce qui va se passer. Du point de vue humain, cela pourrait facilement s’expliquer, mais n’y a-t-il pas une autre raison? La mère croyait; elle pouvait par conséquent se reposer paisiblement, bien que l’enfant qui lui était plus cher que la vie même fût exposé sur le fleuve. C’est pour la même raison que nous ne trouvons pas Marie, la sœur de Lazare, au sépulcre dans lequel le Seigneur de gloire avait été déposé: elle était entrée par la foi dans le mystère de sa mort (Jean 12:7).
La fille du Pharaon
Voyons maintenant comment Dieu agit en réponse à la foi de son peuple. «La fille du Pharaon descendit au fleuve pour se laver, et ses jeunes filles se promenaient sur le bord du fleuve; et elle vit le coffret au milieu des roseaux, et elle envoya sa servante qui le prit» (v. 5). Il est très beau et instructif de voir ainsi Dieu derrière la scène, dirigeant tout pour sa propre gloire. La fille du Pharaon agissait à son gré, et pour son plaisir; elle ignorait qu’elle était un instrument de la volonté divine. Mais chaque détail — le fait qu’elle descende au fleuve pour se baigner, le moment où elle le fait — correspondait au propos de Dieu à l’égard de l’enfant qui devait être le libérateur de son peuple. Ainsi elle vit le coffret, le fit chercher, l’ouvrit, trouva l’enfant; «et voici, c’était un petit garçon qui pleurait» (v. 6). La sœur qui guettait avec anxiété ce qui allait arriver à son petit frère, reçoit à ce moment critique la parole de sagesse. Elle demanda: «Irai-je et appellerai-je auprès de toi une nourrice d’entre les Hébreues, et elle t’allaitera l’enfant? Et la fille du Pharaon lui dit: Va. Et la jeune fille alla, et appela la mère de l’enfant» (v. 7, 8). Le petit Moïse, qui avait été exposé sur le fleuve à cause du décret du roi d’Égypte, est ainsi rendu à sa mère, sous la protection même de la fille du Pharaon. Et il resta là jusqu’à ce qu’il eut grandi; alors Jokébed «l’amena à la fille du Pharaon, et il fut son fils; et elle appela son nom Moïse, et dit: Car je l’ai tiré des eaux» (v. 10). Son nom même devait proclamer la puissance de Celui qui l’avait sauvé de la mort, qui l’avait retiré des eaux du jugement dans sa grâce et son amour souverains. Ainsi l’homme que Dieu avait choisi, celui qu’il avait désigné comme l’instrument de son choix pour la délivrance de son peuple, et pour devenir le médiateur de son alliance avec ce peuple, trouve abri sous le toit du Pharaon. Pendant cette période, il «fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens; et il était puissant dans ses paroles et dans ses actions» (Actes 7:22).
À suivre
Chapitre 2, versets 11 à 25
Moïse et ses frères
Une autre étape de sa vie nous est présentée ensuite. Quarante années se sont écoulées avant l’incident décrit dans les versets 11 et suivants. «Et il arriva, en ces jours-là, que Moïse étant devenu grand, sortit vers ses frères; et il vit leurs fardeaux. Et il vit un homme égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères; et il regarda çà et là, et vit qu’il n’y avait personne, et il frappa l’Égyptien, et le cacha dans le sable. Et il sortit le second jour; et voici, deux hommes hébreux se querellaient. Et il dit au coupable: Pourquoi frappes-tu ton compagnon? Et il dit: Qui t’a établi chef et juge sur nous? Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué l’Égyptien? Et Moïse eut peur, et dit: Certainement le fait est connu. Et le Pharaon apprit la chose, et chercha à tuer Moïse; mais Moïse s’enfuit de devant le Pharaon, et habita dans le pays de Madian. Et il s’assit près d’un puits» (v. 11-15; voir aussi Actes 7:23). La lecture de ce récit pourrait laisser supposer que Moïse, en tuant l’Égyptien, ne faisait qu’agir sous l’impulsion d’un cœur généreux, sensible à l’injustice commise et intervenant pour la venger. Mais comment l’Esprit de Dieu interprète-t-il cet acte? «Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération. Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible» (Héb. 11:24-27).
Gardons-nous cependant bien de conclure que l’Esprit de Dieu approuve tout ce qui est rapporté dans l’Exode. Sans nul doute, Moïse a agi dans l’énergie de la chair; il n’avait pas encore appris son propre néant et son insuffisance, mais il désirait néanmoins agir pour Dieu; et c’est l’épître aux Hébreux qui nous apprend le vrai caractère de ses actions devant Dieu. Il est clair qu’il y a eu manquement, mais c’était le manquement d’un homme de foi dont les mobiles étaient précieux aux yeux de Dieu, car dans l’exercice de la foi il a été rendu capable de refuser tout ce qui aurait tenté l’homme naturel, et de s’identifier avec les intérêts du peuple de Dieu.
Mais cet épisode de sa vie réclame une attention plus particulière. Premièrement donc, c’est par la foi qu’il refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Quel autre motif aurait pu en effet l’amener à renoncer à une position aussi exceptionnelle? Il aurait d’ailleurs pu arguer qu’il y avait été placé par une providence étrange et remarquable. N’était-ce pas alors le signe qu’il devait l’occuper et user de l’influence qui s’y attachait pour intervenir en faveur de ses frères opprimés? Peut-être parviendrait-il à mettre tout le poids de la cour royale du côté de sa nation; ne serait-ce alors pas faire un affront à la Providence que d’abandonner cette haute position? Mais, comme cela a souvent été remarqué, la Providence n’est pas un guide pour la foi. La foi a affaire avec les choses invisibles et par conséquent elle est rarement d’accord avec les conclusions tirées des événements et des circonstances providentiels. Non, jamais l’influence du dieu de ce monde (le Pharaon) ne peut être employée pour délivrer le peuple de l’Éternel; et jamais la foi ne peut être protégée par une telle influence ni s’assimiler à elle. La foi a Dieu pour objet; elle doit par conséquent s’identifier avec ce qui appartient à Dieu et se dresser contre tout ce qui est opposé à Dieu.
Le choix de la foi
Comme un autre l’a dit: « Que de raisons Moïse aurait-il eues pour rester là où la Providence l’avait placé! Il aurait même eu le prétexte de servir plus utilement les enfants d’Israël; mais c’eût été s’appuyer sur la puissance du Pharaon, au lieu de reconnaître le lien qui unissait Dieu à son peuple. Il en serait résulté pour celui-ci un soulagement, mais c’est le monde qui l’aurait accordé, et le peuple n’aurait pas connu la délivrance accomplie par l’amour et la puissance de Dieu. Moïse aurait été épargné, mais aurait perdu sa vraie gloire; le Pharaon aurait été flatté et son autorité sur le peuple de Dieu aurait été reconnue; Israël serait demeuré en captivité, s’appuyant sur le Pharaon, au lieu de reconnaître Dieu dans les relations glorieuses attachées à son adoption comme peuple. En outre, Dieu lui-même n’aurait pas été glorifié. C’est là ce qui aurait eu lieu, si Moïse était resté dans la position que la Providence lui avait donnée. Le raisonnement humain et les considérations puisées dans les circonstances s’unissaient pour lui donner ce conseil. La foi lui fit quitter cette position» (J.N. Darby). En la refusant, il choisit plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu. S’identifier avec ce peuple avait plus de prix pour son cœur fidèle que les délices du péché; car la foi considère toutes choses dans la lumière de la présence de Dieu. Moïse alla même plus loin: il estima l’opprobre du Christ — l’opprobre résultant de son identification avec Israël — un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération. Ainsi la foi vit dans l’avenir aussi bien que dans l’invisible. Elle est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas; elle gouvernait, elle contrôlait le cœur et le sentier de Moïse.
C’est donc la foi qui le dirigeait quand il «sortit vers ses frères; et ... vit leurs fardeaux» (v. 11). Et même lorsque «voyant l’un d’eux à qui l’on faisait tort, il le défendit, et vengea l’opprimé, en frappant l’Égyptien», «il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main» (Actes 7:24, 25). Il devait bien en être ainsi, mais le moment n’était pas encore venu et Dieu ne pouvait pas encore se servir de Moïse — bien que sa foi fût précieuse à ses yeux. Comme Pierre dut apprendre qu’il ne pouvait pas suivre Christ dans l’énergie de la nature, malgré les affections de son cœur (Jean 13:36), Moïse a dû comprendre que nulle autre arme que la puissance de Dieu ne pouvait être employée pour délivrer Israël. Aussi lorsqu’il sortit le second jour et qu’il tenta de réconcilier deux Hébreux qui se querellaient, on lui reprocha d’avoir tué l’Égyptien et il est lui-même rejeté (v. 13, 14). Le Pharaon apprend à son tour ce qu’il a fait et cherche à le tuer. Ainsi, il est à la fois rejeté par ses frères et persécuté par le monde.
Moïse en Madian
À partir de là, il devient un type de Christ dans son rejet; car il est rejeté par le peuple qu’il aimait et, du fait de sa fuite, il est séparé de ses frères. «Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible». Il marchait encore dans le chemin de la foi, bien que celui-ci le conduisît dans le désert, au milieu d’un peuple étranger. Mais Dieu donna à son serviteur une maison et une femme dans la personne d’une des filles de Jéthro (Rehuel). Séphora est ainsi en figure un type de l’Église, car elle est associée à Moïse pendant le temps de sa réjection par Israël. Mais le cœur de Moïse reste avec son peuple; aussi nomme-t-il son fils Guershom, «car, dit-il, j’ai séjourné dans un pays étranger» (v. 22).
Pour un même motif, Joseph appela ses fils: Manassé — «car Dieu m’a fait oublier toute ma peine, et toute la maison de mon père»; et Éphraïm — «car Dieu m’a fait fructifier dans le pays de mon affliction». La comparaison est très instructive et montre sous quels aspects particuliers Joseph et Moïse sont des figures de Christ. Si Joseph nous parle de Christ, élevé au travers de la mort à la droite du trône sur les Gentils, pour se révéler alors à ses frères et les recevoir, Moïse représente pour nous Christ plus précisément comme le Rédempteur d’Israël; par conséquent, bien qu’il se marie pendant le temps où il est rejeté, et bien qu’il soit ainsi d’une certaine manière une image de Christ et de l’Église dans la dispensation présente, son cœur demeure avec les enfants d’Israël pendant qu’il séjourne dans un pays étranger.
Les trois derniers versets placent devant nous la condition du peuple, tout en révélant la fidélité et la compassion de Dieu. Ces versets se rattachent au chapitre suivant.
Chapitre 3, versets 1 à 6
À l’école de Dieu
Moïse a passé pas moins de quarante ans dans le désert, apprenant les leçons dont il aura besoin pour sa tâche future, et étant formé pour agir pour Dieu comme libérateur de Son peuple. Quel contraste avec les années précédentes à la cour du Pharaon! Là, il était entouré de tout le luxe et de tous les raffinements de son époque; ici il est un simple berger, gardant les troupeaux de Jéthro, son beau-père. Quarante est le nombre de la mise à l’épreuve comme le montre la durée de la traversée du désert par les enfants d’Israël ou aussi les quarante jours de la tentation du Seigneur. Ce fut donc une période de mise à l’épreuve: la manifestation de ce que Moïse était, mais aussi l’occasion pour lui de découvrir ce que Dieu était; ces deux leçons doivent nécessairement être apprises avant que nous puissions être qualifiés pour un service. Aussi Dieu envoie-t-il toujours ses serviteurs dans le désert avant de les employer pour l’accomplissement de ses propos. Nulle part ailleurs nous ne saurions être amenés plus pleinement dans la présence de Dieu. C’est là, seuls avec lui, que nous faisons la découverte de la vanité absolue des ressources humaines et de notre entière dépendance de lui. Quelle bénédiction immense n’y a-t-il pas à être retiré des lieux fréquentés des hommes et de leur agitation, pour être seul avec Dieu et apprendre dans la communion avec lui quelles sont ses pensées pour nous, pour ses intérêts et pour son service! En fait, il est absolument indispensable pour tout vrai serviteur d’être beaucoup seul avec Dieu; et lorsque cette nécessité est oubliée, Dieu l’impose souvent, dans la tendresse de son cœur, par les moyens de sa discipline tendre et fidèle.
Le moment arrive enfin où Dieu peut commencer à intervenir pour son peuple. Mais rappelons brièvement les circonstances. Dans le premier chapitre, le peuple se trouve dans l’esclavage; dans le deuxième, nous avons la naissance de Moïse et son introduction dans la maison du Pharaon. Puis Moïse unit son destin à celui du peuple de Dieu, et dans l’ardeur de ses affections cherche à remédier aux torts que ce peuple subit; mais il est rejeté et s’enfuit dans le désert. Après quarante années, âgé alors de quatre-vingts ans, il va être renvoyé en Égypte. Le troisième et le quatrième chapitres contiennent le récit de la mission que Dieu va lui confier et de sa réticence à la remplir. Mais avant d’en arriver là, une courte préface, à la fin du chapitre 2 — qui en fait se rattache au chapitre 3 de par son contenu — nous révèle le terrain sur lequel Dieu agissait pour la rédemption de son peuple. D’abord, elle nous apprend que le roi d’Égypte mourut, mais que sa mort n’entraîna aucun allégement à la condition des enfants d’Israël. Ensuite elle nous montre ceux-ci qui soupirent et crient à cause de leur service. «Et leur cri monta vers Dieu à cause de leur service».
Ils étaient réduits à la plus grande misère. Mais Dieu n’était pas insensible, car il entendit leur gémissement: «Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, avec Isaac, et avec Jacob. Et Dieu regarda les fils d’Israël, et Dieu connut leur état» (2:23-25). Leur situation toucha le cœur de Dieu, émut ses compassions, mais le terrain sur lequel il agissait était celui de sa propre grâce souveraine, exprimée dans l’alliance qu’il avait faite avec leurs pères. C’est cette même miséricorde, et sa fidélité à sa parole, que Marie et Zacharie célèbrent dans leurs cantiques de louanges, en relation avec la naissance du Sauveur et de Jean son précurseur. «Il a pris la cause d’Israël, son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde (selon qu’il avait parlé à nos pères) envers Abraham et envers sa semence, à jamais». Et encore, il «nous a suscité une corne de délivrance... pour accomplir la miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de sa sainte alliance, du serment qu’il a juré à Abraham notre père...» (Luc 1:54, 55, 68-73). Il est impossible que Dieu oublie sa parole, et s’il tarde à l’accomplir, c’est uniquement pour manifester sa grâce et son amour immuables d’une façon plus glorieuse.
Les bases ont été posées par ces quelques mots; la scène qui suit place devant nous la manière dont Dieu va agir envers Moïse.
Chap. 3:1, 2 — Le buisson à épines
Il est très intéressant de considérer les différents aspects sous lesquels Dieu apparaît à son peuple et la correspondance de chacune de ces apparitions avec les circonstances dans lesquelles celui-ci se trouve (voir Gen. 12; 18; 32; Josué 5; etc.). Ici, c’est en rapport avec la mission pour laquelle Moïse allait être envoyé, et cette liaison est particulièrement frappante. Trois éléments caractérisent la vision donnée: l’Éternel, la flamme de feu et le buisson.
Remarquons d’abord qu’il est dit que l’Ange de l’Éternel apparut à Moïse (v. 2); puis l’Éternel vit qu’il se détournait, et Dieu l’appela du milieu du buisson (v. 4. Comparer Gen. 22:15, 16). L’Ange de l’Éternel est ainsi identifié avec l’Éternel, avec Dieu lui-même. Autrement dit, toutes ces apparitions de l’Éternel dans l’Ancien Testament, préfigurent l’incarnation à venir du Fils de Dieu et, par conséquent, dans tous ces cas, il s’agit de la deuxième Personne de la Trinité — Dieu le Fils. La flamme de feu est un symbole de la sainteté de Dieu apparaissant sous différentes formes, entre autres dans le feu sur l’autel, qui consumait les sacrifices. Et dans l’épître aux Hébreux, il est dit expressément que «notre Dieu est un feu consumant», c’est-à-dire qu’il éprouve toute chose selon sa sainteté et consume tout ce qui ne répond pas aux exigences de celle-ci.
Le buisson était une figure d’Israël. Rien n’est plus facilement consumé par le feu qu’un buisson; et c’est bien pour cette raison qu’il a été choisi pour représenter la nation d’Israël dans la fournaise de l’Égypte où le feu faisait rage autour d’elle, sans la détruire toutefois. C’était donc l’assurance consolante pour le cœur de Moïse — s’il savait l’interpréter correctement — que sa nation serait préservée en dépit de l’intensité du feu. Pour reprendre les paroles d’un autre: «Cela devait être une image de ce qui était présenté à l’esprit de Moïse — un buisson dans un désert, qui brûlait sans être consumé. C’était ainsi que Dieu allait opérer au milieu d’Israël. Moïse et le peuple devaient le savoir. Eux aussi, dans leur faiblesse, seraient des vases que dans sa grâce Il a choisis pour déployer sa puissance. Leur Dieu, comme le nôtre, se manifesterait comme un feu consumant. Certes il est un feu consumant; mais le buisson, tout faible et éphémère qu’il soit, subsiste pour prouver que si Dieu doit utiliser le crible et des voies judiciaires, s’il éprouve et sonde l’homme, pourtant lorsqu’il se révèle à la fois en compassion et en puissance (et c’était certainement bien le cas ici), il ne manque pas de soutenir celui qui en est l’objet. Il ne se sert de l’épreuve que pour le bien en même temps que pour sa propre gloire, autrement dit pour les meilleurs intérêts de ceux qui lui appartiennent».
Comment Dieu se révèle
Non sans raison, Moïse est intrigué par «cette grande vision» et se détourne pour la voir (v. 4). C’est alors que Dieu lui parle du milieu du buisson, l’appelant par son nom. Mais il doit être rendu attentif à la sainteté de la présence divine. «N’approche pas d’ici; ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte» (v. 5. Comparer Nomb. 5:1-3; Josué 5:15, etc.). Voilà la première leçon que doivent apprendre tous ceux qui s’approchent de Dieu — la reconnaissance de sa sainteté. Certes, il est un Dieu de grâce, de miséricorde, et il est aussi amour; mais jamais il n’aurait pu se manifester dans ces précieux caractères si, à la croix du Seigneur Jésus Christ, la bonté et la vérité ne s’étaient pas rencontrées, et la justice et la paix embrassées. Mais à moins d’avoir spirituellement les pieds déchaussés — dans la conscience de la sainteté de Celui avec lequel nous avons affaire — nous ne recevrons jamais les communications pleines de grâce de son esprit et de sa volonté. Aussi la première chose que nous trouvons ensuite, c’est qu’il se révèle à Moïse comme le Dieu de son père, «le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob» (v. 6). Cette révélation était destinée à agir sur l’âme de Moïse, et ce fut le cas: il «cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu». (Voir 1 Rois 19:13). L’Éternel annonce alors le motif de sa manifestation à Moïse.
Chapitre 3, versets 7 à 22
Ch. 3:7-10
1) L’ordre dans lequel cette communication est faite est très instructif.
Dieu se révèle comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Son caractère est le fondement de tout ce qu’il fait. Cette leçon, à savoir que Dieu trouve toujours en lui-même son motif pour agir, est bien de nature à fortifier l’âme qui l’apprend. Il agit sur la base de ce qu’il est Lui, et non pas de ce que nous sommes, nous (comparer Éph. 1:3-6; 2 Tim. 1:9, 10).
2) Ce qui l’a amené à intervenir, c’est la condition de son peuple. «L’Éternel dit: J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs...» (v. 7). Quelle tendresse de sa part! Rien n’indique que les enfants d’Israël avaient crié à l’Éternel. Ils avaient soupiré et crié à cause de leur esclavage, mais nous ne voyons pas qu’ils se soient tournés vers l’Éternel. Pourtant, leur misère avait touché son cœur, il connaissait leurs douleurs et était descendu pour les délivrer. Ainsi «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous» (Rom. 5:8).
3) Son propos était de délivrer le peuple d’Égypte, «pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, et du Héthien, et de l’Amoréen, et du Phérézien, et du Hévien, et du Jébusien» (v. 8). Il n’y a ici rien entre l’Égypte et Canaan. Le désert n’est pas mentionné. De la même manière, nous lisons dans les Romains que «ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés». Nous apprenons ainsi, comme cela a souvent été remarqué, que le désert ne fait pas partie du propos de Dieu. Il se rattache à ses voies, non pas à ses plans éternels, car c’est dans le désert que la chair est mise à l’épreuve; c’est là que nous apprenons ce que nous sommes et aussi ce que Dieu est (voir Deut. 8). Mais pour ce qui concerne les plans d’amour de Dieu, il n’y a rien entre la rédemption et la gloire. Et en réalité, il n’y avait que onze journées de chemin depuis Horeb jusqu’à Kadès-Barnéa (Deut. 1:2), mais, à cause de leur incrédulité, il fallut quarante ans aux enfants d’Israël pour parcourir cette distance.
4) Moïse est alors établi pour les délivrer. L’Éternel avait entendu le cri du peuple, bien qu’il ne lui fût pas adressé; il avait vu leur oppression, et ainsi il va envoyer Moïse vers le Pharaon, pour les faire monter d’Égypte (v. 9, 10).
Doutes et craintes
Nous arrivons ici à une très triste défaillance de la part de Moïse. En Égypte, il avait couru avant d’être envoyé; il croyait pouvoir délivrer ses frères, ou du moins redresser les torts qu’ils subissaient, dans l’énergie de sa propre volonté. Mais maintenant, après quarante ans passés dans les solitudes du désert, non seulement il n’est pas disposé à être employé pour la belle mission que l’Éternel veut lui confier, mais il soulève objection sur objection; il va jusqu’à lasser la patience et la miséricorde de l’Éternel et à embraser sa colère contre lui (4:14). Mais chaque nouveau manquement de Moïse devient l’occasion de manifester une grâce plus grande — bien que par la suite, Moïse aura à souffrir tout au long de sa vie de son peu d’empressement à obéir à la voix de l’Éternel. Triste histoire de la chair! Ou elle est impatiente, ou elle est trop lente. Un seul a toujours été à la hauteur de toute la volonté de Dieu, Un seul a toujours fait les choses qui lui plaisent, le parfait Serviteur, le Seigneur Jésus Christ. Considérons cette série de difficultés soulevées par Moïse.
«Et Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers le Pharaon, et pour que je fasse sortir hors d’Égypte les fils d’Israël» (v. 11). « Qui suis-je, moi?» Il est tout à fait convenable d’avoir le sentiment de notre néant total. Mais il convient également d’avoir une haute estimation de Dieu. Car quand il envoie, il ne s’agit pas de ce que nous sommes, mais de ce que lui est, et ce n’est pas peu de chose que d’être investis de son autorité et de sa puissance. David a appris cette leçon lorsqu’il s’avance contre Goliath; en réponse à ses insultes, il déclare: «Moi, je viens à toi au nom de l’Éternel des armées, du Dieu des troupes rangées d’Israël, que tu as outragé» (1 Sam. 17:45). Cette objection de Moïse n’était donc rien d’autre que du doute.
Cela paraît clairement dans la réponse qui lui est donnée: «Parce que je serai avec toi; et ceci te sera le signe que c’est moi qui t’ai envoyé: lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne» (v. 12). La présence de l’Éternel serait à la fois le garant de sa mission et la source de sa force. Comme l’Éternel le dira plus tard à Josué: «Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point. Fortifie-toi et sois ferme» (Josué 1:5, 6). L’Éternel connaît les besoins de son serviteur et pourvoit à sa faiblesse en donnant un signe qui devrait le rassurer, si la subtilité de son cœur devait l’amener à douter, et lui permettre de dire: «J’ai maintenant une preuve que ma mission est divine». C’était certes suffisant pour dissiper son hésitation et sa crainte. Écoutons sa réponse: «Et Moïse dit à Dieu: Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront: Quel est son nom? que leur dirai-je?» (v. 13).
JE SUIS CELUI QUI SUIS
Dieu s’était déjà révélé à Moïse comme le Dieu de ses pères; cela aurait dû suffire, mais rien ne satisfait jamais les doutes et les craintes. Et cela trahit incidemment la condition d’Israël: la supposition que le peuple ne connaissait pas le nom du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob pourrait se concrétiser! Dieu supporte avec grâce son serviteur faible et hésitant; il répond: «JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il ajoute: Tu diras ainsi aux fils d’Israël: JE SUIS m’a envoyé vers vous» (v. 14). C’est l’expression de l’être essentiel de Dieu, son nom comme Celui qui est; et, par conséquent, l’affirmation de l’éternité de son existence. Le Seigneur Jésus a revendiqué ce nom lorsqu’il a dit aux Juifs incrédules: «Avant qu’Abraham fût, JE SUIS» (Jean 8:58). Mais ce n’est pas tout. Après s’être révélé quant à son existence essentielle, il ajoute: «Tu diras ainsi aux fils d’Israël: L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous: c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération» (v. 15). C’est pure grâce de la part de Dieu. «JE SUIS, est son nom essentiel lorsqu’il se révèle; mais quant à son gouvernement de la terre et ses relations avec elle, son mémorial dans tous les âges est: le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Cela a donné à Israël, visité maintenant par Dieu et reçu sous l’abri de ce nom, une place toute particulière». Nous avons là une allusion à leur élection par la grâce souveraine de Dieu et à leur position de bien-aimés à cause des pères. Nous voyons également une révélation du fait qu’Israël sera à toujours le centre des voies de Dieu et la clé de ses plans par rapport à la terre se trouve révélée. Ainsi, tant qu’Israël est sous le jugement, dispersé à travers le monde, la période de bénédiction terrestre est différée.
C’est par conséquent sous ce nom que Dieu se présente pour les délivrer; car dès qu’il le prend, il admet dans sa grâce que le peuple qu’il a mis en relation avec lui a un droit à sa miséricorde et à sa compassion. D’où les instructions détaillées qui sont maintenant données à Moïse (v. 16-22), dans lesquelles toute l’histoire de la controverse de Dieu avec le Pharaon est développée jusqu’à son résultat final dans la délivrance de son peuple. Moïse doit d’abord assembler les anciens d’Israël pour leur dire que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, lui était apparu et lui avait communiqué les desseins de sa grâce envers eux, en les faisant monter hors de l’affliction de l’Égypte dans un pays ruisselant de lait et de miel (v. 16, 17). Il lui est annoncé qu’ils écouteraient sa voix et qu’ensemble, lui et eux, iraient demander au Pharaon la permission d’aller le chemin de trois jours dans le désert, afin de sacrifier à l’Éternel, leur Dieu (v. 18). Il est ensuite prévenu de l’opposition obstinée du Pharaon; mais il lui est aussi déclaré que Dieu s’occuperait lui-même du roi d’Égypte et qu’il le contraindrait à les laisser aller; enfin, que lorsqu’ils s’en iraient, ils ne partiraient pas à vide, mais qu’ils dépouilleraient les Égyptiens (v. 19-22)1. Ces instructions sont importantes pour tous les temps; car elles établissent sans aucun doute possible la préconnaissance exacte de Dieu. Il savait à qui il avait affaire, la résistance qu’il rencontrerait, et comment il en viendrait à bout. Il voyait tout du commencement à la fin. Quel encouragement pour nos faibles cœurs! Aucune difficulté, aucune épreuve ne peut nous surprendre qui n’ait été prévue par notre Dieu, et pour laquelle, dans sa grâce, une ressource n’ait été préparée! Tout a été prévu à l’avance en vue de notre triomphe final et de notre sortie victorieuse de cette scène, par la manifestation de sa puissance en rédemption, pour être avec le Seigneur pour toujours! Moïse allait certainement être satisfait cette fois.
1 Certaines traductions indiquent que les Israélites ont reçu l’ordre d’«emprunter» les biens des Égyptiens, la veille de leur exode, ici (Exode 3:22) et au chapitre 11:2; cela a fait l’objet de controverses. Or le sens du mot hébreu ne renferme pas la pensée d’«emprunter». Il signifie simplement «demander». Le contexte montre que grâce à l’intervention de Dieu, les enfants d’Israël trouveraient «faveur... aux yeux des Égyptiens»; et ceux-ci, amenés à réaliser que les Israélites avaient été maltraités par eux, leur donnèrent volontiers ce qu’ils demandaient — comme une espèce de compensation vraisemblablement — bien que sachant parfaitement qu’ils ne reverraient jamais les Israélites. Il s’agit donc de dons inconditionnels.
Chapitre 4, versets 1 à 17
Trois signes
«Et Moïse répondit, et dit: Mais voici, ils ne me croiront pas, et n’écouteront pas ma voix; car ils diront: L’Éternel ne t’est point apparu» (4:1). Quelle incrédulité et quelle présomption! L’Éternel avait dit: «Ils écouteront ta voix». Moïse répond: «Ils ne me croiront pas». Il n’y aurait rien eu d’étonnant à ce que l’Éternel rejette complètement son serviteur qui osait ainsi le contredire en face. Mais il est lent à la colère et d’une grande bonté; et cette scène est très belle en ce qu’elle révèle les profondeurs de sa tendresse et de sa patience. Il supporte donc son serviteur, va encore plus loin en lui donnant même des signes miraculeux pour le fortifier dans sa faiblesse et pour dissiper son incrédulité. «Et l’Éternel lui dit: Qu’est-ce que tu as dans ta main? Et il dit: Une verge. Et il dit: Jette-la à terre. Et il la jeta à terre, et elle devint un serpent; et Moïse fuyait devant lui. Et l’Éternel dit à Moïse: Étends ta main, et saisis-le par la queue (et il étendit sa main, et le saisit, et il devint une verge dans sa main), afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, t’est apparu» (v. 2-5). Deux autres signes sont encore ajoutés. Sa main, qu’il est invité à mettre dans son sein et à retirer, devint «lépreuse, blanche comme neige»; et lorsqu’il répète cet acte, «voici, elle était redevenue comme sa chair» (v. 6, 7).
Puis, un troisième signe est donné pour le cas où ni le premier ni le deuxième ne seraient écoutés. Moïse devait prendre de l’eau du fleuve et la verser sur le sec, et l’eau deviendrait du sang sur le sec (v. 9). Ces signes sont significatifs et, remarquons-le, tout spécialement en relation avec ce qui était en question. Une verge, dans l’Écriture, est le symbole de l’autorité ou de la puissance. Jetée à terre, elle devient un serpent qui est l’emblème bien connu de Satan; c’est donc la puissance devenue satanique et c’est exactement ce qui s’était produit en Égypte avec l’oppression des enfants d’Israël. Mais Moïse étend la main à la parole de l’Éternel, saisit le serpent par la queue, et il redevient une verge. La puissance qui était ainsi devenue satanique, reprise par Dieu, se transforme en verge de châtiment ou de jugement.
Ainsi cette verge, dans les mains de Moïse, sera désormais celle de l’autorité et de la puissance judiciaire de Dieu. La lèpre est une figure du péché dans sa souillure, le péché dans la chair se manifestant et polluant l’homme tout entier. C’est pourquoi le deuxième signe place devant nous le péché et sa guérison effectuée, nous le savons, par la mort de Christ uniquement. Le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, purifie de tout péché. L’eau représente ce qui rafraîchit — une source de vie et de rafraîchissement venant de Dieu; mais répandue sur la terre, elle se transforme en jugement et en mort. Avec de tels signes, Moïse allait certainement pouvoir convaincre les incrédules les plus endurcis. Eh bien! non; lui-même n’est pas encore convaincu. Que répond-il maintenant? «Ah, Seigneur! je ne suis pas un homme éloquent, — ni d’hier, ni d’avant-hier, ni depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche pesante et la langue pesante» (v. 10).
Encore des objections
Cette objection confirme de la manière la plus évidente que le «moi» était la poutre qui, dans son œil, obscurcissait la vision de la foi. Car était-ce son éloquence ou bien la puissance de l’Éternel qui devait effectuer l’émancipation d’Israël? Moïse parle comme si tout dépendait des belles paroles de la sagesse humaine, comme si l’appel qu’il avait à adresser devait être le produit de l’art humain pour l’homme naturel. Une erreur très largement répandue, même dans l’Église de Dieu! C’est ainsi que l’éloquence est recherchée, même par les chrétiens, qui la placent au-dessus de la puissance de Dieu. Les chaires de la chrétienté se trouvent de ce fait occupées par des hommes qui n’ont pas la langue pesante; et même les saints qui, en théorie, connaissent la vérité sont séduits et attirés par des dons brillants, et prennent plaisir à les entendre, indépendamment de la vérité communiquée. Quelle différence avec la pensée de l’apôtre Paul! «Moi-même, quand je suis allé auprès de vous, frères, je ne suis pas allé avec excellence de parole ou de sagesse, en vous annonçant le témoignage de Dieu». Et encore: «Ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance» (1 Cor. 2:1, 4). C’est pour cette raison que Dieu se sert souvent beaucoup plus de ceux qui ont «la langue pesante» que des dons éloquents; car alors la tentation de s’appuyer sur la sagesse des hommes n’existe pas: tous constatent qu’il s’agit de la puissance de Dieu. C’est cette leçon que l’Éternel va enseigner maintenant à Moïse, mais en l’accompagnant d’un reproche cuisant. «Qui est-ce qui a donné une bouche à l’homme? ou qui a fait le muet, ou le sourd, ou le voyant, ou l’aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? Et maintenant, va, et je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu diras» (v. 11, 12). Le serviteur ne pouvait pas demander davantage; mais le danger est d’oublier que la manière dont l’Éternel veut nous employer ne nous couvrira pas forcément d’honneur. Au contraire, nous serons peut-être taxés comme l’apôtre l’a été, de faibles dans notre présence personnelle et méprisables dans notre parole (2 Cor. 10:10); mais qu’importe, si nous sommes appelés à être les véhicules de la puissance de Dieu. Le serviteur doit apprendre à n’être rien, afin que l’Éternel seul soit exalté. Mais Moïse désirait manifestement être quelque chose. Accablé par ce qui l’attendait — peut-être aussi dans le sentiment de son incompétence, il désire, en dépit de toute la grâce et de la condescendance de l’Éternel, être dispensé d’une mission aussi difficile. Il dit alors: «Ah, Seigneur! envoie, je te prie, par celui que tu enverras» (v. 13). C’est-à-dire: «Envoie n’importe qui, mais pas moi».
L’assistance d’Aaron
Moïse a soulevé ainsi cinq objections aux commandements de l’Éternel, présumant trop de son support et de sa patience. Mais alors «la colère de l’Éternel s’embrasa contre Moïse, et il dit: Aaron, le Lévite, n’est-il pas ton frère? Je sais qu’il parlera très bien; et aussi le voici qui sort à ta rencontre, et quand il te verra, il se réjouira dans son cœur. Et tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous ferez; et il parlera pour toi au peuple, et il arrivera qu’il te sera en la place de bouche, et toi, tu lui seras en la place de Dieu. Et tu prendras dans ta main cette verge, avec laquelle tu feras les signes» (v. 14-17). La résistance de Moïse est ainsi brisée, mais seulement lorsque la colère de l’Éternel s’embrase contre lui à cause de sa réticence à obéir à sa parole; il subit toutefois une perte importante. Aaron devait désormais lui être associé et avoir la prééminence devant les hommes, car il serait le porte-parole de son frère. Dans sa grâce, l’Éternel réserve toutefois la première place devant Lui à son serviteur Moïse, lui accordant l’honneur et le privilège d’être le moyen de communication entre Lui et Aaron. Aaron devait être «en la place de bouche» pour Moïse; Moïse serait pour Aaron «en la place de Dieu», c’est-à-dire, qu’il communiquerait à Aaron le message à délivrer. Les desseins de Dieu ne sauraient être anéantis; mais nous aurons peut-être à souffrir de notre obstination et de notre désobéissance. Ce fut le cas pour Moïse. Combien de fois, par la suite, pendant les quarante années passées dans le désert, n’a-t-il pas dû regretter l’incrédulité qui l’avait conduit à refuser la charge que l’Éternel avait voulu lui confier à lui seul! Enfin la verge de l’autorité est donnée à Moïse — la verge avec laquelle il devait manifester la puissance de Dieu par des signes miraculeux, comme preuve de sa mission. Cette verge jouera un rôle très important dans la carrière de Moïse, et il est intéressant de relever les occasions où elle apparaît ainsi que l’emploi qui en est fait. Ici, elle devient, en quelque sorte, le sceau de sa mission en même temps que le signe de sa fonction; car, en fait, il était investi de l’autorité de Dieu pour faire sortir Son peuple d’Égypte.
Chapitre 4, versets 18 à 31
Retour en Égypte
Moïse va maintenant demander à Jéthro la permission de retourner en Égypte. Dieu avait préparé le chemin, aussi Jéthro donne-t-il son consentement, disant à Moïse: «Va en paix» (v. 18). L’Éternel veille sur son serviteur; il connaît les sentiments de son cœur et anticipe même ses craintes. Il le rassure: «Va, retourne en Égypte; car tous les hommes qui cherchaient ta vie sont morts» (Comparer Matt. 2:20). «Moïse prit sa femme et ses fils, et les fit monter sur un âne, et retourna au pays d’Égypte. Et Moïse prit la verge de Dieu dans sa main» (v. 19, 20). Puis l’Éternel lui donne des instructions et même lui révèle le caractère du jugement final par lequel il contraindrait le Pharaon à laisser aller son peuple. Plus encore, il lui enseigne maintenant la vraie relation dans laquelle il avait introduit Israël par grâce. «Israël est mon fils, mon premier-né»: c’est la première fois que cette révélation est faite; elle détermine le caractère du jugement qui s’abattrait sur l’Égypte. «Et je te dis: Laisse aller mon fils pour qu’il me serve; et si tu refuses de le laisser aller, voici, je tuerai ton fils, ton premier-né» (v. 22, 23; comparer Nomb. 8:14-18).
Le foyer du serviteur
Une chose manque encore à la qualification de Moïse pour sa mission. Avant de pouvoir devenir le canal de la puissance divine, il doit faire preuve de fidélité dans le cercle de sa propre responsabilité. L’obéissance dans son foyer doit précéder la manifestation de puissance devant le monde. Nous avons là l’explication de l’incident qui suit. «Il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir. Et Séphora prit une pierre tranchante et coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit: Certes tu m’es un époux de sang! Et l’Éternel le laissa. Alors elle dit: Époux de sang! à cause de la circoncision» (v. 24-26). Pour une raison que nous ignorons — peut-être sous l’influence de sa femme — Moïse avait négligé de circoncire son fils; aussi l’Éternel a-t-il une controverse personnelle avec lui, qui doit être réglée avant qu’il puisse se présenter devant le Pharaon avec l’autorité divine. L’Éternel l’humilie, s’occupe de lui, lui rappelle son manquement afin qu’il puisse le juger et revenir dans le sentier de l’obéissance. Pour reprendre les paroles de quelqu’un d’autre: «Dieu allait honorer Moïse; mais dans la maison de celui-ci, il était déshonoré. Comment se fait-il que les fils de Moïse n’aient pas été circoncis? Comment se fait-il que le signe de la mortification de la chair fît défaut chez ceux qui étaient les plus proches de Moïse? Comment se fait-il que la gloire de Dieu fût bafouée dans ce qui aurait dû occuper la première place dans le cœur d’un père? Il semble que sa femme n’était pas étrangère à tout cela... En fait, elle est finalement obligée de faire ce qu’elle détestait par-dessus tout, comme elle le dit elle-même dans le cas de son fils. Mais plus encore, Moïse était compromis, car c’est avec lui que Dieu avait la controverse, et non pas avec sa femme. Moïse était la personne responsable, et Dieu maintient l’ordre qu’il a établi».
La phrase que nous avons soulignée contient un principe extrêmement important et explique sur quelle base Dieu agissait envers son serviteur. Il lui fut toutefois accordé la grâce de s’incliner devant la main qui infligeait le châtiment; et quelle bénédiction, lorsqu’il nous est donné de reconnaître, avec l’apôtre Paul: «Nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts» (2 Cor. 1:9).
Les deux bases de la qualification de Moïse étaient donc l’autorité divine et l’état personnel; et ces deux éléments ne devraient jamais être séparés. Que ceux qui veulent parler au nom du Seigneur ou être employés par lui à un service quelconque prennent garde de l’oublier: c’est de toute importance. Rien ne saurait se substituer à un mauvais état de l’âme. En fait, le secret de notre faiblesse dans le service réside là. Si notre comportement, ou comme dans le cas de Moïse, si nos foyers, ne sont pas jugés, l’Esprit de Dieu est attristé et, par conséquent, nous ne sommes pas employés pour la bénédiction. Il ne suffit donc pas d’avoir les paroles de Dieu dans la bouche; mais il nous faut marcher sous l’influence de leur puissance dans notre propre âme pour pouvoir parler «en démonstration de l’Esprit et de puissance» (voir 1 Cor. 2:4).
En la montagne de Dieu
Tout est prêt maintenant et ainsi le chapitre se termine sur une scène magnifique, une scène qui doit avoir réjoui le cœur de Moïse et l’avoir, avec la bénédiction de Dieu, fortifié pour le rôle difficile qu’il va avoir à remplir. Mais d’abord l’Éternel envoie Aaron à la rencontre de Moïse, au désert en la montagne de Dieu. «Et Moïse raconta à Aaron toutes les paroles de l’Éternel qui l’avait envoyé, et tous les signes qu’il lui avait commandés» (v. 27, 28). Le lieu de leur rencontre est très significatif. C’est en la montagne de Dieu (3:1), c’est-à-dire en Horeb, que l’Éternel était apparu à Moïse; c’est là maintenant qu’Aaron rencontre Moïse et c’est là aussi que Moïse recevra plus tard les deux tables de pierre avec les dix commandements écrits du doigt de Dieu. Mais laissons ce sujet pour le moment et remarquons — car nous avons là une leçon très pratique — qu’il est toujours extrêmement précieux pour des membres d’une même famille de pouvoir se retrouver en la montagne de Dieu. Comme pour Moïse et Aaron, «les paroles de l’Éternel» seront alors le sujet de la conversation, et la rencontre sera accompagnée de bénédiction. D’un autre côté, si nous descendons à un niveau inférieur, comme cela arrive trop souvent, nous serons davantage occupés de nous-mêmes, de ce que nous faisons, et cela ne tournera ni à la gloire de Dieu ni à notre profit.
Remarquons aussi que c’est de la montagne de Dieu qu’ils partent pour leur mission. Bienheureux les serviteurs qui passent directement de la présence de Dieu à leurs travaux. Arrivés en Égypte, «ils allèrent, et assemblèrent tous les anciens des fils d’Israël; et Aaron dit toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Moïse et fit les signes devant les yeux du peuple. Et le peuple crut; et ils apprirent que l’Éternel avait visité les fils d’Israël, et qu’il avait vu leur affliction; et ils s’inclinèrent et se prosternèrent» (v. 29-31). La parole de l’Éternel trouvait ainsi son accomplissement. Moïse avait dit: «Ils ne me croiront pas, et n’écouteront pas ma voix». Mais, selon la parole de l’Éternel, le peuple crut; et, en entendant comment il les avait visités et avait vu leur affliction, touchés par sa grâce, ils s’inclinèrent et se prosternèrent. Il est vrai que plus tard, lorsque les difficultés augmentèrent, ils murmurèrent dans leur incrédulité; mais cela n’enlève rien à la beauté de la scène placée devant nous, où nous voyons la parole de l’Éternel dans toute sa fraîcheur et toute sa puissance toucher le cœur des anciens et les amener à s’incliner et à adorer dans sa présence.
Chapitre 5
4. Exode 5 et 6 — Le premier message au Pharaon
4.1. Jour de grâce pour le Pharaon
Ces deux chapitres occupent une place particulière dans le récit. Ils constituent une sorte de préface, pour introduire les jugements qui constitueront la controverse de l’Éternel avec le Pharaon. Ils sont également très intéressants en ce qu’ils illustrent les manières d’agir de Dieu. Le message est présenté en grâce, l’occasion d’obéir est offerte — Dieu use de patience et de support avant de lever la main pour châtier. Il en va de même pour le monde aujourd’hui. C’est le jour de la patience et de la grâce de Dieu, où le message de sa grâce est proclamé au loin; quiconque veut peut écouter, croire et être sauvé. Mais ce jour de grâce va bientôt prendre fin; et au moment où le Seigneur se lèvera de sa place à la droite du Père, la porte sera fermée et les jugements commenceront à s’abattre sur le monde. Ces deux chapitres décrivent, pour ainsi dire, le jour de grâce pour le Pharaon. D’un autre côté, si le roi d’Égypte était bien un homme, il était également, dans la position qu’il occupait — nous l’avons déjà indiqué — un type de Satan, comme le dieu de ce monde. Sous ce rapport, il y a donc d’autres instructions à retirer de ces chapitres; et c’est en fait cet aspect qui occupe la place principale. Nous le verrons au cours de notre étude.
4.2. Ch. 4:1-5
Souvenons-nous qu’il s’agit de la rédemption d’Israël; par conséquent, le peuple ne pouvait y avoir aucun rôle. Dieu doit agir pour les enfants d’Israël; c’est donc lui qui va avoir une controverse avec le Pharaon. Celui-ci, type de Satan le dieu de ce monde, tient le peuple dans l’esclavage. Le but de Dieu est de l’en délivrer; aussi le message confié à Moïse s’adresse-t-il au roi d’Égypte. Et pourquoi Dieu veut-il libérer Israël? «Afin qu’il me célèbre une fête dans le désert». C’est pour sa propre joie, sa joie dans celle de ses rachetés. C’est pour la satisfaction de son cœur! Quelle pensée admirable: la joie de Dieu est en jeu dans notre salut!
Le message délivré met en évidence le vrai caractère du Pharaon. «Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix et que je laisse aller Israël? Je ne connais pas l’Éternel, et je ne laisserai pas non plus aller Israël». Il s’oppose ainsi directement et absolument à Dieu. Position solennelle! Et jamais cet antagonisme n’a diminué; au contraire il s’est renforcé jusqu’au moment où il a été brisé par la défaite et la destruction du Pharaon et de ses armées. Voilà certes un avertissement pour ceux qui ne sont pas réconciliés avec Dieu, et aussi une révélation de la corruption terrible de la nature humaine qui ose se dresser de manière impie contre la puissance de Dieu et la défier audacieusement.
4.3. La colère du roi
Il ne s’agissait pas de l’expression passagère d’un esprit irrité. Car en réponse aux appels réitérés de Moïse et d’Aaron, il les accuse d’entraver le travail du peuple. Le dieu de ce monde est l’incarnation de l’égoïsme; il ne peut donc que haïr Dieu. Nous en avons un exemple à Philippes. Dès le moment où, par sa prédication et son intervention, l’apôtre touche au gain des maîtres de la servante possédée d’un esprit de python, il attire leur inimitié féroce sur lui-même et sur son compagnon. Il en va de même pour le Pharaon. La perspective d’être privé du service de ses esclaves enflamme sa colère. Il augmente alors les tâches du peuple, faisant peser un fardeau plus lourd sur eux, afin de renforcer encore leur esclavage. C’est ce qui se produit toujours. Mais malgré sa puissance et sa subtilité, Satan est immanquablement perdant. En fait, il est incapable de rien prévoir. Il ne peut pas voir dans l’avenir davantage que nous, et par conséquent, il ne fait que se tromper. Les Israélites sont paresseux, dit le Pharaon, «c’est pourquoi ils crient, disant: Allons, et sacrifions à notre Dieu» (v. 8). Il commande alors qu’un service plus dur leur soit imposé pour chasser de telles pensées de leur esprit. Ah! Satan remuera ciel et terre pour empêcher un seul de ses misérables esclaves de se soustraire à son service. Aussi lorsqu’une âme est convaincue de péché et commence à soupirer après la liberté et la paix avec Dieu, cherchant à sortir d’Égypte et à être sauvée, Satan l’environnera de tous les pièges, de toutes les séductions et de toutes les entraves possibles. Comme le Pharaon l’a fait avec les enfants d’Israël, il essaiera d’extirper de l’esprit toutes les aspirations de ce genre, par un surcroît d’occupations et un tourbillon d’agitation ou d’activité. Si un de mes lecteurs devait se trouver dans cet état, qu’il prenne garde à ces ruses du Méchant et qu’il tourne résolument le dos à tous ces artifices dont le seul but est de le précipiter dans la destruction. Ah! plutôt, que dans la conscience de ses grands besoins et de sa misère absolue, il lève ses regards vers Celui qui, par la mort, a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable et qui délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie assujettis à la servitude (Héb. 2:14, 15)! En croyant au Seigneur Jésus, ils passeront alors des ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à Dieu.
4.4. L’oppression s’accentue
Les officiers du Pharaon obéirent et s’acquittèrent impitoyablement de leur devoir (v. 10-14). Le fer de l’oppression pénétra dans l’âme des enfants d’Israël. Dans l’amertume de leur esprit, ils «crièrent au Pharaon, disant: Pourquoi fais-tu ainsi à tes serviteurs?...» (v. 15-18). Mais en vain; car Satan ignore la pitié, lui qui se réjouit même des peines de ses propres esclaves. Déçus de ne pas trouver de soulagement auprès du Pharaon, ils déchargent leur colère sur Moïse et Aaron, les accusant d’être à l’origine du durcissement de leur servitude. «Que l’Éternel vous regarde, et qu’il juge; car vous nous avez mis en mauvaise odeur auprès du Pharaon et auprès de ses serviteurs, de manière à leur mettre une épée à la main pour nous tuer» (v. 21). L’expérience individuelle confirme la vérité de ces paroles. C’est celle du pécheur dont la conscience a été réveillée, dans les profonds exercices par lesquels il passe lorsqu’il est accablé par le sentiment de sa culpabilité, et qu’il éprouve en même temps toute l’animosité de Satan. N’est-il pas alors tenté de soupirer après le jour où il ne connaissait pas ces conflits et ces peines, incapable de voir qu’ils sont le chemin conduisant à la délivrance?
Sur le moment, même Moïse plie sous la tempête. Il est sensible à leurs reproches, lui qui souhaitait sans aucun doute ardemment le bien-être et la rédemption de son peuple, et il se sent envahi par le doute devant cette nouvelle phase de la politique du Pharaon. Perdant patience, il s’écrie: «Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi donc m’as-tu envoyé? Depuis que je suis entré vers le Pharaon pour parler en ton nom, il a fait du mal à ce peuple, et tu n’as pas du tout délivré ton peuple» (v. 22, 23). Moïse éprouvait donc la même déception et la même impatience que le peuple. Il n’avait pas encore appris à marcher par la foi, non par la vue, ni à se reposer sur l’Éternel et à s’attendre patiemment à Lui. Pourtant, sa défaillance résultait aussi de sa sympathie pour les Israélites opprimés; or l’une des premières qualités nécessaires pour aider les autres est bien de s’identifier avec leur situation.
Dans cette mesure, Moïse était en communion avec la pensée de l’Éternel qui comprenait les sentiments de son serviteur. Aussi l’envoie-t-il une nouvelle fois, et lui confirme-t-il ses desseins de grâce et de bonté, lui révélant sa fidélité immuable à son alliance. Il avait déjà accompli deux choses: il avait enseigné tant à Moïse qu’au peuple le caractère de leur oppresseur et la nature de leur joug. Il les avait livrés apparemment en la main du Pharaon et avait produit par là en eux la conviction de leur condition désespérée. C’est toujours ainsi qu’il procède. Jamais il ne se présente comme le Sauveur avant que les hommes reconnaissent leur état de culpabilité et de perdition. Le Seigneur Jésus a dit: «Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance». Dès que l’homme est prêt à admettre qu’il est perdu, le Sauveur se présente à son âme.
C’est ce que nous avons ici. Le cas des enfants d’Israël paraît pire qu’auparavant; ils sont désespérés, et Moïse l’est aussi. Alors nous avons la présentation et la révélation bénies du chapitre 6. Dans le chapitre 5, l’Éternel faisait seulement passer son peuple par une discipline nécessaire. Et cela, pour deux raisons: séparer son peuple des Égyptiens, produire entre eux une brèche irrémédiable; et ouvrir le chemin à la manifestation de sa propre puissance, afin que les enfants d’Israël sachent que seule sa main pouvait les faire sortir du pays d’Égypte. Il déclare d’abord que, contraint par Sa main, le Pharaon les chassera de son pays (v. 1). Puis nous avons une révélation de toute importance: «Et Dieu parla à Moïse, et lui dit: Je suis l’Éternel (Jéhovah). Je suis apparu à Abraham, à Isaac, et à Jacob, comme le Dieu Tout-puissant; mais je n’ai pas été connu d’eux par mon nom d’Éternel (Jéhovah)» (v. 2, 3).
Chapitre 6
4.5. Nouvelles promesses
Cela ne signifie nullement que le nom Éternel n’était pas employé auparavant; au contraire, on le trouve souvent. Mais Dieu ne l’avait encore jamais pris en relation avec ses serviteurs. Il l’adopte maintenant formellement comme son nom de relation avec Israël, et avec Israël seul. Les croyants de la dispensation actuelle connaissent Dieu comme leur Père; et pour eux, utiliser le nom d’Éternel dénoterait à la fois l’ignorance de leur position et de leur relation véritables, et la confusion des dispensations. L’emploi de ce nom est réservé à Israël, et par conséquent, il sera employé à nouveau lorsque le peuple sera ramené à la connaissance de sa relation avec Dieu dans le millénium. Que l’Éternel de l’Ancien Testament soit le Jésus du Nouveau Testament est une tout autre question, une question d’une portée et d’une importance immenses. Il était réellement l’Éternel au milieu d’Israël, et comme tel, il pardonnait leurs iniquités et guérissait leurs infirmités (Ps. 103:3); mais pour les chrétiens, jamais il n’est l’Éternel. Il s’est plu à les introduire dans une relation plus intime; il l’a révélé par ces paroles à Marie, et par elle à ses disciples: «Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20:17).
Après être entré formellement en relation avec les enfants d’Israël, il rappelle les termes de l’alliance qu’il avait établie avec leurs pères (v. 4; comparer Gen. 17:7, 8); puis il indique expressément que c’est en vertu de son alliance (car il est fidèle) qu’il a «entendu le gémissement des fils d’Israël, que les Égyptiens font servir» (v. 5). C’est sur cette base qu’il délivrera; autrement dit, en vertu de ce qu’il est pour eux dans l’alliance faite avec leurs pères. Et le message qu’il donne maintenant est alors très complet et étendu; il embrasse tout son propos pour la nation. La première des choses qu’il révèle, c’est le nom que Dieu a pris, l’Éternel: «Je suis l’Éternel»; il annonce la rédemption: ils seront délivrés et rachetés; ils seront mis en relation avec lui. Ils seront son peuple et lui sera leur Dieu; ils le connaîtront comme leur rédempteur, comme l’Éternel, leur Dieu, qui les a fait sortir de dessous les fardeaux des Égyptiens, et ils seront introduits dans le pays qu’il a juré de donner à Abraham, à Isaac, et à Jacob, et qui deviendra leur possession. Tout dépend de ce qu’Il est, le message se concluant par la répétition de la déclaration: «Je suis l’Éternel». Il est ainsi à la fois le Oui et l’Amen, l’Alpha et l’Oméga de leur rédemption. Un message de toute beauté! Tout est fondé sur ce qu’Il est en lui-même et tout est accompli par ce qu’Il est en lui-même. Par conséquent, tout ce qu’Il est garantit le commencement et aussi l’accomplissement de la rédemption de son peuple.
4.6. Échec apparent
Moïse transmet aux enfants d’Israël le message qu’il vient de recevoir, «mais ils n’écoutèrent pas Moïse, à cause de leur angoisse d’esprit, et à cause de leur dure servitude» (v. 9). Réduits au désespoir le plus complet, l’âme accablée par leur misère, ils sont sourds à la voix pleine de grâce qui proclame la liberté et la bénédiction. Moïse est alors renvoyé auprès du Pharaon pour demander la liberté du peuple; mais déçu de l’échec de sa mission auprès des Israélites, il répond: «Voici, les fils d’Israël ne m’ont point écouté; et comment le Pharaon m’écoutera-t-il, moi qui suis incirconcis de lèvres?» (v. 12). Tout a échoué! Le Pharaon a rejeté la requête de l’Éternel; les enfants d’Israël, accablés par le poids de leur joug, ne veulent pas écouter la bonne nouvelle de la grâce, et Moïse n’est pas disposé à aller de l’avant; il répète en effet son objection d’autrefois, manifestant que tout en étant conscient de son incompétence naturelle, il n’avait pas encore appris que sa capacité devait être recherchée dans l’Éternel. Mesurer les difficultés du service par ce que nous sommes est toujours une erreur fatale. Il s’agit de ce que Dieu est; et les difficultés qui paraissent comme des montagnes émergeant des brumes de notre incrédulité ne sont pour Lui que l’occasion de manifester sa toute-puissance.
Cette partie se termine apparemment par un échec total. Mais l’Éternel ne se laisse pas arrêter par la faiblesse ou la résistance humaines; ses desseins, issus de son propre cœur et accomplis par sa propre puissance, sont immuables. Aussi pouvons-nous nous pencher avec admiration sur ce qui nous est rapporté au verset 13. «Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et leur donna des ordres pour les fils d’Israël, et pour le Pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir les fils d’Israël du pays d’Égypte». Nullement arrêté par la surdité de ses enfants, la défaillance de son serviteur ou l’opposition ouverte du Pharaon, il entreprend calmement d’opérer la rédemption de son peuple.
4.7. La mission de Moïse et d’Aaron
On remarquera que les versets 13 à 30 constituent une parenthèse. Elle peut être justifiée par deux raisons. Elle marque d’abord un nouveau point de départ. Comme nous l’avons expliqué, le chapitre 5 et la première partie du chapitre 6 sont préliminaires, une sorte de préface. D’une part la période qu’ils embrassent est comme un jour de grâce pour le Pharaon, considéré simplement comme un homme; d’autre part elle met en lumière le caractère véritable du conflit dans lequel l’Éternel allait entrer et révèle la position et la condition exactes de chacune des parties concernées: le Pharaon, les enfants d’Israël et Moïse. En même temps les bases sur lesquelles l’Éternel allait agir pour son peuple sont posées solidement et profondément dans son caractère et son alliance.
Une fois cette période écoulée, l’Éternel repart à zéro, d’où la répétition du mandat confié à Moïse et à Aaron, avec l’objet et le but de leur mission. Cela permet en second lieu d’introduire la généalogie du peuple qui devait être délivré. Pour nous, l’intérêt réside dans la lignée de Moïse et d’Aaron. «Et Amram prit pour femme Jokébed, sa tante, et elle lui enfanta Aaron et Moïse» (v. 20). «C’est là cet Aaron et ce Moïse auxquels l’Éternel dit: Faites sortir les fils d’Israël du pays d’Égypte, selon leurs armées. Ce sont eux qui parlèrent au Pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir d’Égypte les fils d’Israël: c’est ce Moïse, et cet Aaron» (v. 26, 27). Aaron était donc l’aîné, et il est intéressant de remarquer que les pieux parents, Amram et Jokébed ont été bénis en gardant en vie leurs deux enfants en dépit de l’édit du roi. Quant à la nature, Aaron avait la priorité sur Moïse; mais la grâce ne suit jamais l’ordre de la nature. Elle reconnaît toutes les relations naturelles que Dieu a formées, et là où cette vérité n’est pas fermement maintenue, il ne peut y avoir que difficultés lorsqu’il n’y a pas déshonneur. Mais la grâce étant tout à fait au-dessus et en dehors de la nature, elle agit dans sa propre sphère et selon ses propres lois. Aussi Dieu, dans l’exercice de ses droits souverains, choisit Moïse et non Aaron, même si par suite du manquement de Moïse et en ayant égard avec douceur à sa faiblesse, il lui associe plus tard son frère dans son œuvre. L’ordre divin reste toutefois Moïse et Aaron, tandis que selon l’ordre naturel, c’est Aaron et Moïse, comme nous l’indiquent la généalogie et le verset 26.
Les trois derniers versets ne font que relier le récit au verset 10. En effet, l’objection de Moïse au verset 30 est bien évidemment la même que celle du verset 12. Et pourtant, il y a une raison à cette répétition. Dans les chapitres 3 et 4, Moïse soulève cinq objections dans sa réponse à l’Éternel; ici, au chapitre 6, il y en a deux, donc sept au total. On peut y voir la manifestation parfaite de la faiblesse et de l’incrédulité de Moïse. Combien cela fait ressortir la grâce et la bonté de l’Éternel; car si, dans sa présence, l’homme est mis à nu, ce qu’il est Lui dans toute la perfection de sa grâce, de son amour, de sa bonté et de sa vérité est également révélé. Que son nom soit béni!
Chapitres 7 à 11
5. Exode 7 à 11 — Les jugements sur l’Égypte
Ces chapitres ne peuvent pas être séparés: ils forment un tout — un récit tristement significatif, puisqu’il contient l’énumération des jugements successifs, et de plus en plus sévères, qui se sont abattus sur l’Égypte, jusqu’au moment où par leur moyen Dieu contraignit le Pharaon de libérer les enfants d’Israël du dur esclavage auquel ils avaient été soumis. Aussi avons-nous d’abord la répétition de la mission de Moïse et d’Aaron, du but de l’Éternel et de la manière dont il accomplirait la rédemption de son peuple, malgré l’opposition du Pharaon.
5.1. Ch. 7:1-6 — Avertissement
L’Éternel communiquait ainsi à ses serviteurs ce qu’il allait faire, et comment il le ferait. Il déroule devant leurs yeux le rouleau de l’avenir, afin de les préparer à leur tâche et de fortifier leur foi. De la même manière, il nous a révélé le cours de l’histoire de ce monde, et nous a avertis des jugements à venir, de la destruction certaine du monde et de tous ceux qui en font partie, à moins qu’ils ne prennent garde aux avertissements de sa Parole et aux invitations de sa grâce. En même temps il nous encourage par la sûre perspective d’en être délivrés par sa puissance, lorsque le Seigneur reviendra pour prendre les siens auprès de lui. Son désir pour Moïse et pour Aaron, comme pour nous aussi, était qu’ils entrent dans ses propres desseins d’une part à l’égard du monde et de son dieu, d’autre part à l’égard de ses pauvres et misérables esclaves. Quel réconfort pour le cœur, quel soutien pour l’âme, dans la communion avec les pensées de Dieu! Quelle grâce de sa part de nous les communiquer, afin que nous puissions les transmettre à d’autres avec autorité et puissance!
Avant de nous pencher sur ces chapitres, nous nous arrêterons sur un point qui souvent cause des difficultés au croyant et suscite les attaques de l’Ennemi. Il s’agit de ces paroles: «Et moi, j’endurcirai le cœur du Pharaon» (chap. 7:3). Satan ne manque pas d’insinuer le doute suivant: Quel était le péché du Pharaon, si son cœur était endurci par Dieu? Ou: Comment Dieu peut-il être juste s’il détruit un homme que lui-même a endurci pour qu’il lui résiste? Si l’on avait étudié avec soin l’endroit où ces mots sont rapportés, le problème aurait disparu. Mais, en fait, il est tellement courant de citer des versets de l’Écriture isolément, qu’on crée des difficultés qui seraient résolues en un instant si l’on examinait soigneusement le contexte. Remarquons donc que cela est dit du Pharaon seulement après qu’il a rejeté avec mépris les droits de l’Éternel. Il avait dit: «Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix et que je laisse aller Israël? Je ne connais pas l’Éternel, et je ne laisserai pas non plus aller Israël» (chap. 5:2). Il a rejeté la parole de l’Éternel, s’est opposé ouvertement à Lui et à son peuple; et alors son cœur est endurci judiciairement. Maintenant encore Dieu agit selon le même principe. C’est ainsi que nous lisons dans la seconde épître aux Thessaloniciens qu’il enverra sur certains une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge. Mais pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. (2 Thess. 2:9-11). Puisse cet avertissement pénétrer profondément dans le cœur de ceux qui ne seraient pas convertis et dont les yeux tomberaient sur ces pages! S’ils persistent à refuser l’évangile de la grâce de Dieu, il y aura pour eux aussi un temps où il leur deviendra impossible d’obtenir le salut. Dieu a fixé une limite à son jour de grâce, comme il en avait mis une pour le Pharaon; une fois cette limite dépassée, il ne reste plus que le jugement. C’est pourquoi, «aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs» (Héb. 3:15).
Il y a cependant une pause. Moïse et Aaron vont auprès du Pharaon et présentent leur requête, attestée par un miracle: le signe que l’Éternel avait enseigné à Moïse à Horeb. «Aaron jeta sa verge devant le Pharaon et devant ses serviteurs, et elle devint un serpent» (chap. 7:10). Les sages d’Égypte, les magiciens, l’imitent avec leurs verges; mais «la verge d’Aaron engloutit leurs verges» (v. 12), l’Éternel accréditant ainsi la mission de ses serviteurs. Pourtant, comme Il l’avait prédit, le Pharaon n’est pas convaincu; «le cœur du Pharaon s’endurcit, et il ne les écouta point, comme avait dit l’Éternel» (v. 13). Dieu entre alors lui-même en scène, et une succession de jugements terribles s’abat sur le Pharaon et son pays, des jugements connus aujourd’hui encore comme «les plaies d’Égypte». Il y en a dix. D’abord, les eaux du Nil sont changées en sang (chap. 7:14-25); puis il y a les plaies des grenouilles (chap.8:1-15), des moustiques (chap.8:16-19), des mouches venimeuses (chap. 8:20-32), de la peste des troupeaux (chap. 9:1-7), des ulcères (chap. 9:8-12), des tonnerres et de la grêle (chap. 9:18-35), des sauterelles (chap. 10:1-20), des ténèbres (chap. 10:21-29), et finalement, celle de la mort du premier-né de l’homme et de la bête (chap. 11; 12). Le psalmiste les mentionne plus d’une fois dans un langage imagé lorsqu’il célèbre les œuvres puissantes de l’Éternel dans un cantique, décrivant comment «il mit ses signes en Égypte, et ses prodiges dans les campagnes de Tsoan» (Ps. 78:43; voir aussi Ps. 105:26-36).
5.2. Plaies sur l’Égypte
Il serait difficile, sinon impossible, de donner une interprétation détaillée de ces différentes plaies. Si nous gardons en mémoire le caractère de la controverse que Dieu avait avec le Pharaon, leur but général est clair. Il avait affaire avec le Pharaon en tant qu’oppresseur de son peuple, comme étant en figure le dieu de ce monde; aussi était-il en conflit avec le Pharaon et tout ce en quoi celui-ci se confiait. C’est la raison pour laquelle nous lisons qu’Il a exécuté des jugements sur les dieux de l’Égypte (Ex. 12:12; Nomb. 33:4). Nous avons donc ici la manifestation éclatante de la puissance victorieuse de Dieu dans la forteresse de Satan; car si Satan entre en conflit avec Dieu, il n’y a qu’une seule issue possible: sa défaite totale. Ainsi, premièrement, les eaux de l’Égypte, surtout celles du Nil sacré, source de vie et de rafraîchissement pour l’Égypte et son peuple, du monarque au plus humble de ses sujets, sont changées en sang, le symbole de la mort et du jugement. Il s’ensuit que «le poisson qui était dans le fleuve mourut; et le fleuve devint puant, et les Égyptiens ne pouvaient boire de l’eau du fleuve; et il y avait du sang dans tout le pays d’Égypte» (chap. 7:21). Ainsi le fleuve dont ils se glorifiaient hautement comme étant un emblème de Dieu, devint un objet de dégoût et de rejet.
La plaie des grenouilles vient ensuite. La grenouille était vénérée par les Égyptiens; elle était au nombre de leurs animaux sacrés. Sous la main judiciaire de Dieu, les grenouilles «montèrent, et couvrirent le pays d’Égypte». Elles devaient même entrer dans la maison du Pharaon, dans la chambre où il couchait, sur son lit, dans la maison de ses serviteurs, et parmi son peuple, dans les fours et dans les huches (chap. 8:3-6). L’objet de leur vénération est transformé en peste — un sujet d’horreur et d’exécration; et sur le moment, le Pharaon est tellement accablé qu’il est contraint d’implorer un répit (v. 8).
Le coup suivant est d’une autre nature; il est dirigé davantage contre la personne même des Égyptiens. Il s’agit de la plaie des moustiques. Les historiens tant anciens que modernes attestent de la propreté scrupuleuse des Égyptiens. Herodote (II, 37) rapporte que les prêtres étaient consciencieux à cet égard jusqu’au point de se raser la tête et le corps tous les trois jours par crainte de la vermine, dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Cette plaie allait donc abattre leur orgueil et ternir leur gloire, faisant d’eux-mêmes des objets de mépris et de dégoût. Viennent ensuite les mouches venimeuses (chap. 8:20-32). Il est pratiquement impossible d’établir avec précision la signification du mot traduit par «mouches»; plusieurs soutiennent qu’il s’agit de scarabées. Quoi qu’il en soit, par l’effet produit, la plaie témoigne d’une sévérité croissante. C’est également en relation avec elle que, pour la première fois, une division formelle est établie entre les enfants d’Israël et les Égyptiens (v. 22, 23).
Ensuite, l’Éternel se tourne vers le bétail: il envoie une mauvaise peste, «et tous les troupeaux des Égyptiens moururent; mais des troupeaux des fils d’Israël, il n’en mourut pas une bête» (chap. 9:6). Le Pharaon vérifie par lui-même l’étendue de la destruction (v. 7); mais son cœur demeure endurci. Ce coup frappait une des sources de la richesse et de la prospérité de l’Égypte. Les souffrances physiques, tant pour l’homme que pour la bête, suivent; elles sont dues à «un ulcère faisant éruption en pustules, dans tout le pays d’Égypte» (v. 9).
5.3. Dernières plaies
La plaie qui succède à celle-ci est l’anéantissement par la grêle et les tonnerres de tout ce qui croît dans les champs. Puis viennent les sauterelles; elles «montèrent sur tout le pays d’Égypte, et se posèrent dans tous les confins de l’Égypte, un fléau terrible; avant elles il n’y avait point eu de sauterelles semblables, et après elles il n’y en aura point de pareilles. Et elles couvrirent la face de tout le pays, et le pays fut obscurci; et elles mangèrent toute l’herbe de la terre, et tout le fruit des arbres que la grêle avait laissé; et il ne demeura de reste aucune verdure aux arbres, ni à l’herbe des champs, dans tout le pays d’Égypte» (chap. 10:14, 15). Ce coup s’abattait sur les ressources nécessaires aux besoins physiques.
Sur la requête du roi d’Égypte, les sauterelles disparaissent; mais son cœur étant toujours endurci, il y a maintenant «d’épaisses ténèbres dans tout le pays d’Égypte, trois jours. On ne se voyait pas l’un l’autre, et nul ne se leva du lieu où il était pendant trois jours; mais pour tous les fils d’Israël il y eut de la lumière dans leurs habitations» (v. 22, 23). «En Égypte, le soleil était vénéré sous le nom de Rê ou Ra: cela paraît visiblement dans le titre des rois, Pharaon, ou plutôt Phra, signifiant le soleil». Ainsi non seulement les Égyptiens avaient perdu la source de la lumière et de la chaleur; mais le Dieu qu’ils adoraient était obscurci — et son impuissance démontrée — une preuve, s’ils avaient été capables de la voir, que Celui qui est plus puissant que le soleil, le Créateur du soleil, s’occupait d’eux pour les juger.
La mort des premiers-nés est le coup final. Nous en parlerons lorsque nous arriverons au chapitre 12. Mais si nous considérons ces plaies dans leur ensemble, nous ne pouvons manquer d’être frappés par leur correspondance avec celles qui visiteront le monde dans un jour à venir, sous le règne de l’antichrist (voir Apoc. 16:1-14). En fait, le Pharaon est une image, et pas la moindre, de ce dernier adversaire de Dieu et de son Christ. Mais de même que Dieu a été glorifié dans sa controverse avec le premier, il le sera dans celle qu’il aura avec le second; car si le Pharaon s’est précipité au-devant de son jugement et a été englouti avec toutes ses armées dans les eaux de la mer Rouge, l’antichrist, s’élevant encore plus haut dans son impiété et son audace, avec «la bête» dont il a été le faux prophète, seront «jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre» (Apoc. 19:20). Aussi le psalmiste pouvait bien s’écrier: «Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne périssiez dans le chemin, quand sa colère s’embrasera tant soit peu» (Ps. 2:12). Il serait insensé en effet de rester sourd aux leçons proclamées si hautement par la controverse de Dieu avec le Pharaon. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu» (Rom. 8:7). Chaque inconverti se trouve ainsi en opposition ouverte contre Dieu — est en fait un ennemi de Dieu. Quelle grâce de multiplier comme il le fait ses messages d’amour, pour supplier par l’évangile les pécheurs d’être réconciliés avec lui! Il a livré son Fils unique à la mort et, sur le fondement de l’expiation du péché que celui-ci a accomplie par sa mort, il peut sauver avec justice quiconque croit. Mais «comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut» (Héb. 2:3), en refusant sa grâce. Quelle folie de la part du pécheur de demeurer un seul jour de plus dans son état de perdition, alors qu’il ignore le moment, peut-être tout proche, où il sera appelé à connaître un jugement aussi irrévocable que celui qui s’est abattu sur le roi d’Égypte!
Chapitres 7 à 11 (compléments)
5.4. Les devins
Il est également intéressant de s’arrêter un instant sur l’opposition des magiciens d’Égypte à la puissance miraculeuse de Moïse et d’Aaron dans la présence du Pharaon. Les noms des principaux d’entre eux sont mentionnés dans le Nouveau Testament. «Or de la même manière dont Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, ainsi aussi ceux-ci résistent à la vérité» (2 Tim. 3:8). Cette indication est très importante: elle montre qu’un principe des agissements de Satan est incarné dans la conduite des magiciens. On peut se demander alors: quel est donc leur caractère particulier? Il se résume en un mot: l’imitation. Ainsi, lorsque Aaron jeta sa verge et qu’elle devint un serpent, «eux aussi... firent ainsi par leurs enchantements: ils jetèrent chacun sa verge, et elles devinrent des serpents» (chap. 7:11, 12). Et lorsque les eaux d’Égypte furent frappées par la verge de Dieu et qu’elles furent changées en sang, «les devins d’Égypte firent de même par leurs enchantements» (v. 22). Dans le cas des grenouilles, également (chap. 8:7). Ils imitaient Moïse et Aaron. Dans l’épître à Timothée aussi, ceux dont il est dit qu’ils résistent à la vérité comme Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, sont décrits comme «ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (chap. 3:5). C’est un des pièges les plus subtils de Satan. S’il réussit à s’opposer ouvertement à la vérité, il ne se cachera pas; mais si ce genre d’antagonisme lui est fermé, il se transformera en ange de lumière. C’est ce qu’il fit aux jours de l’apôtre Paul; et c’est ce qu’il fait tout spécialement aujourd’hui. Les chrétiens de nom ne se laisseraient pas facilement entraîner par une manifestation évidente de la puissance satanique; mais combien d’entre eux sont séduits lorsque extérieurement elle est une imitation de la puissance divine. Il n’existe pas une seule opération de l’Esprit de Dieu, pas une seule forme de son travail, que Satan n’imite pas. Ses contrefaçons nous environnent de toute part, intérieurement et extérieurement. Mais Dieu, dans sa grâce, nous a donné tout ce qu’il fallait pour être préservés et aussi pour détecter chaque phase de ses séductions. L’apôtre Jean dit: «Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent; et, pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme la même onction vous enseigne à l’égard de toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas mensonge, — et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui» (1 Jean 2:26, 27). L’Esprit et la parole de Dieu suffisent pour nous mettre à l’abri des simulations de la vérité les plus dangereuses que Satan puisse présenter à nos âmes.
Plus encore, s’il y a un attachement ferme à Dieu et à sa vérité, les agissements de Satan seront, le moment venu, mis à découvert. À trois reprises, ses instruments «résistent» à Moïse. Mais lorsque survient la plaie des moustiques — lorsqu’il s’agit de produire la vie à partir de la poussière de la terre — les devins sont impuissants, et ils sont contraints de reconnaître: «C’est le doigt de Dieu» (chap. 8:18, 19). La vie appartient à Dieu. Lui seul en est la source; aussi les efforts de Satan sont-ils vains ici, et il n’est dès lors plus fait mention de tentatives de leur part d’intercepter la force des signes divins. Dans le chapitre suivant, nous lisons qu’ils «ne purent se tenir devant Moïse, à cause de l’ulcère» (chap. 9:11). Ils sont eux-mêmes frappés par la main punitive de Dieu. Nous pouvons donc rester confiants quels que soient les succès apparents momentanés du Méchant, car «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds» (Rom. 16:20).
5.5. Un cœur endurci
L’examen de l’effet de ces plaies judiciaires sur l’esprit du Pharaon contribuera également à donner une vue plus complète de ces chapitres. Le châtiment des grenouilles produit une impression momentanée. «Le Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit: Suppliez l’Éternel, afin qu’il retire les grenouilles de moi et de mon peuple; et je laisserai aller le peuple, et ils sacrifieront à l’Éternel» (chap. 8:8). Moïse répond à cette requête, et fixe le moment où il suppliera, afin que le Pharaon puisse reconnaître aussi sûrement la main de l’Éternel dans la réponse divine à sa demande que dans le jugement infligé. Qu’il est beau de considérer la patience et la grâce de Dieu envers le pécheur même le plus endurci! Au moindre mouvement du cœur vers Lui, et bien qu’Il sache que la réalité n’y est pas, Il est prêt à écouter — un témoignage frappant au fait qu’il ne veut pas la mort du pécheur, qu’il ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3:9). Aussi l’Éternel entendit; il «fit selon la parole de Moïse. Et les grenouilles moururent dans les maisons, dans les cours et dans les champs» (chap. 8:13). Mais quel fut le résultat? «Le Pharaon vit qu’il y avait du relâche, et il endurcit son cœur, et ne les écouta pas, comme avait dit l’Éternel» (v. 15).
Quelle image du cœur mauvais de l’homme! Courbé sous la main de Dieu, redoutant les conséquences, il implore la délivrance et promet de se conformer aux commandements divins si elle lui est accordée. Il obtient le soulagement et oublie aussitôt et ses craintes et ses promesses. De la même manière, plus d’un pécheur, amené aux portes de la mort par une maladie soudaine, a supplié pour obtenir miséricorde. Dieu a entendu sa prière et lui a rendu la santé. Mais au lieu de se consacrer alors au service de Dieu, comme il en avait eu l’intention, il retombe dans sa vie d’insouciance et de péché. Dans tous ces cas, la conscience n’a en fait jamais été réellement touchée; il n’y a pas eu de sentiment de culpabilité devant Dieu; son témoignage à l’état de perdition de l’homme n’a pas été reçu et, par conséquent, il n’y a pas eu le besoin de recourir à sa grâce en salut, révélée en Jésus Christ le Sauveur; les promesses faites n’étaient en réalité qu’une sorte d’offrande compensatoire pour obtenir que Dieu retire sa main.
Aussi, une fois le soulagement obtenu, et parce qu’il n’y a pas eu de changement, pas de conversion à Dieu, le courant de leur vie, dévié pendant un moment, retourne naturellement à ses canaux antérieurs. Oh! qu’ils sont nombreux à être dans ce cas! qu’ils sont nombreux ceux dont il peut être dit que, voyant qu’il y avait du répit, ils ont endurci leur cœur! Si ces lignes devaient tomber sous les regards de l’un d’eux, puissent-elles toucher profondément son cœur; et alors, si ses yeux étaient ouverts sur son état véritable, qu’il puisse pendant qu’il en est encore temps, confesser devant Dieu qu’il est un pécheur coupable et perdu, et se tourner vers le Seigneur Jésus Christ seul pour obtenir le salut. «Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance? Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère» (comme le Pharaon) «dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu» (Rom. 2:4, 5).
5.6. Pas de sacrifices dans le pays
La quatrième plaie, celle des mouches venimeuses, semble produire une impression plus profonde. «Le Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit: Allez, sacrifiez à votre Dieu dans le pays». C’était une offre très subtile; Moïse et Aaron auraient facilement pu s’y laisser prendre s’ils n’avaient pas connu le caractère et la pensée de Dieu. Satan n’a pas d’objection à ce que ses serviteurs soient religieux, pourvu qu’ils demeurent sous sa domination. Qu’ils professent aussi haut qu’il leur plaît servir Dieu, pourvu qu’ils reconnaissent son autorité à lui. Comme dans la tentation qu’il a présentée au Seigneur dans le désert (Matt. 4), il leur accordera tous les désirs de leur cœur, si seulement ils se prosternent devant lui et lui rendent hommage. Qu’ils restent du monde, et le monde et son dieu les aimeront. Aussi Satan conseillera-t-il toujours de le servir lui et de servir Dieu; «sacrifiez à votre Dieu, mais restez dans le pays». Un verset de l’Écriture nous fournit la réponse à tous les raisonnements spécieux de ce genre: «Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre: vous ne pouvez servir Dieu et Mammon» (Matt. 6:24).
Moïse a le discernement véritable, parce qu’il a la pensée de Dieu; aussi perçoit-il le piège. Il répond: «Il n’est pas convenable de faire ainsi; car nous sacrifierions à l’Éternel, notre Dieu, l’abomination des Égyptiens. Est-ce que nous sacrifierions l’abomination des Égyptiens devant leurs yeux, sans qu’ils nous lapidassent! Nous irons le chemin de trois jours dans le désert, et nous sacrifierons à l’Éternel, notre Dieu, comme il nous a dit» (chap. 8:26, 27). Moïse voyait clair; il savait que Christ était et devait être un objet de mépris pour les Égyptiens [«aux Juifs occasion de chute, aux nations folie» (1 Cor. 1:23)] et qu’il doit y avoir antagonisme irréconciliable entre eux et Son peuple. «S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi» (Jean 15:20).
L’Égypte ne pouvait donc pas être un lieu convenable pour le peuple de Dieu. Moïse ajoute alors deux choses: d’abord, ils doivent aller le chemin de trois jours dans le désert. Le nombre trois est significatif dans ce contexte — le chemin de trois jours parle du temps que Jésus a passé dans la mort. (Comparer Nomb. 10:33). Ensuite ils doivent sacrifier à l’Éternel, leur Dieu, comme il leur a dit. Voilà certainement des principes importants et fondamentaux. Rien sinon la mort — la mort avec Christ — ne peut nous séparer de l’Égypte. L’apôtre Paul dit ainsi: «Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde [l’Égypte] m’est crucifié, et moi au monde [l’Égypte]» (Gal. 6:14). Aucun changement ni aucune réforme extérieurs ne nous feront sortir de la maison d’esclavage, rien sinon la croix — la mort de Christ, faite nôtre par la foi en son nom. Deuxièmement, il doit y avoir obéissance à l’Éternel. Nulle autre autorité que la sienne ne doit jamais être admise ni acceptée. L’obéissance est le premier devoir, et couvre tout le terrain de la responsabilité du croyant. D’où la nécessité d’une cassure totale avec le monde, d’une séparation (par la mort). Si Moïse avait consenti à rester en Égypte, il aurait reconnu le gouvernement du Pharaon, et cela aurait été incompatible avec les droits absolus et entiers de l’Éternel.
Ces deux principes, la séparation du monde et l’obéissance à Christ, devraient être gravés sur le cœur des enfants de Dieu. Car ils sont la base de leur position et de leur responsabilité véritables. Tout découle en fait de ces deux sources. Ces paroles de Moïse nous enseignent encore une chose. Dieu ne peut accepter de notre part aucun service ou prétendu service qui ne soit pas selon sa Parole, lorsque celle-ci est connue. L’adoration et le service doivent être dirigés par la pensée du Seigneur. Il ne s’agit donc pas de ce que nous estimons bon et pieux, ni de ce que nous pouvons appeler culte ou bonnes œuvres, mais de ce que Lui considère comme tel. La parole de Dieu est par conséquent pour nous le critère absolu; elle doit occuper la première place dans le cœur et dans la conscience du chrétien et diriger sa vie entière. Toute la corruption de la chrétienté, tous les manquements et la ruine de l’église, viennent de la négligence de ce principe vital. La parole de Dieu est la seule lampe à nos pieds, la seule lumière à notre sentier (Ps. 119:105). Dès le moment où un simple règlement humain est accepté, par un individu ou par l’église, le déclin et la corruption menacent; car une autre autorité est mise à côté de celle de Christ. La responsabilité nous incombe dès lors d’éprouver toute chose par la parole de Dieu. «Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées» (Apoc. 2:11, etc.).
5.7. La patience de Dieu
Le Pharaon ne rejette pas ouvertement la demande de Moïse; il temporise, fait l’hypocrite, pour obtenir le retrait de la plaie. Il s’écrie: «Priez pour moi» (chap. 8:28). Moïse accepte, mais pour montrer qu’il n’est pas dupe, il ajoute l’avertissement solennel: «Seulement, que le Pharaon ne continue pas à se moquer, en ne laissant pas aller le peuple pour sacrifier à l’Éternel» (v. 29). Pourtant une fois la plaie retirée, la constatation habituelle est répétée: «Et le Pharaon endurcit son cœur aussi cette fois, et ne laissa point aller le peuple» (v. 32). Un autre jugement s’abat alors; mais le Pharaon y est insensible. Du moins, il n’y a de sa part aucun signe extérieur de repentir. Il en résulte un message extrêmement solennel et, nous pouvons même dire terrible, en guise de préface au jugement suivant: la plaie des tonnerres et de la grêle (chap. 9:13-19). Le roi fléchit sous le coup et, de nouveau, supplie pour obtenir la délivrance. Il confesse même qu’il a péché, et que l’Éternel est juste... et il promet une nouvelle fois de laisser aller le peuple, pourvu que les tonnerres et la grêle effroyables cessent (v. 27, 28).
L’iniquité du Pharaon se trouve ainsi démontrée. Il voit et reconnaît sa culpabilité, et pourtant il persiste dans son opposition ouverte contre l’Éternel. Car malgré sa confession, à peine l’Éternel a-t-il répondu à la supplication de Moïse qu’il s’endurcit à nouveau. Mais chaque fois il nous est rappelé que Dieu n’en est pas surpris. Tout cela s’est passé «comme l’Éternel avait dit par Moïse» (v. 35). Il voit la fin dès le commencement; et cependant, sur l’intercession de Moïse en faveur du roi égyptien, il retire sa main. Dieu n’est jamais impatient, même en présence de la rébellion ouverte. Il attend son moment, supportant avec patience et avec grâce la méchanceté et l’impiété des hommes. S’il use d’un tel support, nous devrions certes apprendre nous aussi à être patients, nous attendant à lui, dans la confiance qu’en son propre temps il revendiquera son juste gouvernement devant les yeux du monde. «Demeure tranquille, appuyé sur l’Éternel, et attends-toi à lui» (Ps. 37:7).
En relation avec la menace des sauterelles, un fait nouveau se produit. Les serviteurs du Pharaon, inquiets, interviennent cette fois. Ils disent: «Jusques à quand celui-ci sera-t-il pour nous un piège? Laisse aller ces hommes, et qu’ils servent l’Éternel, leur Dieu. Ne sais-tu pas encore que l’Égypte est ruinée?» (chap. 10:7). À leur requête, «on fit venir Moïse et Aaron vers le Pharaon; et il leur dit: Allez, servez l’Éternel, votre Dieu. Qui sont ceux qui iront?» (v. 8). Cela révèle une fois de plus le cœur mauvais de ce misérable roi. Sous la contrainte, il relâchera son étreinte, mais même alors, il retiendra tout ce qu’il peut. Il s’accroche avec ténacité à ce qu’il a; il y tient tellement qu’il essaiera de marchander avec Moïse au sujet de ceux qui iront. «Et Moïse dit: Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles, avec notre menu bétail et avec notre gros bétail; car nous avons à célébrer une fête à l’Éternel. Et il leur dit: Que l’Éternel soit ainsi avec vous, comme je vous laisserai aller avec vos petits enfants! Regardez, car le mal est devant vous. Il n’en sera pas ainsi; allez donc, vous les hommes faits, et servez l’Éternel: car c’est là ce que vous avez désiré. Et on les chassa de devant la face du Pharaon» (v. 9-11). C’était une ruse adroite de ce roi qui représente Satan: consentir à laisser aller les hommes faits à condition qu’ils laissent leurs petits enfants derrière eux en Égypte. Il aurait par là falsifié le témoignage des rachetés de l’Éternel et exercé une emprise très forte sur eux par le biais de leurs affections naturelles. Car comment auraient-ils pu en avoir fini avec l’Égypte tant que leurs enfants y étaient? L’ennemi le savait bien, d’où le caractère subtil de cette tentation. Mais combien de chrétiens se laissent prendre dans ce piège! Ils professent appartenir au Seigneur, avoir quitté l’Égypte, et ils permettent à leur famille d’y rester. Comme un autre l’a dit: «Les parents au désert et les enfants en Égypte, quelle affreuse anomalie! Ce n’aurait été qu’une demi-délivrance, à la fois inutile pour Israël et déshonorante pour le Dieu d’Israël. Il n’était pas possible qu’il en fût ainsi. Si les enfants étaient restés en Égypte, on n’aurait pas pu dire des parents qu’ils avaient quitté l’Égypte, attendu que leurs enfants étaient une partie d’eux-mêmes. Tout ce qu’on aurait pu dire d’eux en pareil cas, c’est qu’ils servaient en partie l’Éternel et en partie le Pharaon. Mais l’Éternel ne pouvait avoir aucune part avec le Pharaon, il fallait qu’il eût tout ou rien. C’est ici un principe important pour des parents chrétiens... C’est notre heureux privilège de compter sur Dieu pour nos enfants et de les élever «dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur» (Éph. 6:4).
Ces paroles remarquables devraient être méditées avec sérieux dans la présence de Dieu. Car notre témoignage n’est nulle part aussi en danger de manquer que dans nos familles. Des parents pieux, ayant une marche irréprochable, sont parfois tentés de laisser leurs enfants faire des choses qu’eux-mêmes ne se permettraient sous aucun prétexte, introduisant ainsi dans leurs maisons les spectacles et les sons de l’Égypte. Tout vient de ce que, contrairement à Moïse, ils ne reconnaissent pas que les enfants, avec leurs parents, appartiennent à Dieu et constituent son peuple sur la terre; et que, par conséquent, les laisser dans le lieu dont, par la grâce de Dieu, eux-mêmes ont été délivrés par la mort et la résurrection de Christ, serait renier cette précieuse vérité. On ne saurait, par conséquent, trop insister sur le fait que la responsabilité des parents s’étend à la famille tout entière; ils sont tenus, devant Dieu, de considérer leurs enfants comme appartenant au Seigneur, sinon jamais ils ne pourront les élever dans la voie qu’ils devraient suivre, comptant sur Lui pour montrer qu’ils sont manifestement siens par l’œuvre de sa grâce et de son Esprit. Ces requêtes irritent le Pharaon, et Moïse et Aaron sont chassés de devant sa présence. Par la puissance de Dieu les sauterelles sont alors rassemblées et «elles couvrirent la face de tout le pays, et le pays fut obscurci» (v. 15). Accablé par ce coup terrible, le Pharaon convoque une nouvelle fois Moïse et Aaron, confesse son péché contre l’Éternel, leur Dieu, et contre eux-mêmes, implore le pardon et leur demande de supplier l’Éternel, leur Dieu «afin seulement» dit-il «qu’il retire de dessus moi cette mort-ci» (v. 16, 17). L’Éternel entend l’intercession de Moïse: les sauterelles sont enlevées et enfoncées dans la mer Rouge; «il ne resta pas une sauterelle dans tous les confins de l’Égypte» (v. 19).
5.8. Pas de compromis
Le Pharaon oublie aussitôt sa terreur et sa promesse; et d’épaisses ténèbres sont amenées sur le pays d’Égypte pendant trois jours (v. 22, 23). De nouveau, «le Pharaon appela Moïse, et dit: Allez, servez l’Éternel; seulement que votre menu et votre gros bétail restent; vos petits enfants aussi iront avec vous. Et Moïse dit: Tu nous donneras aussi dans nos mains des sacrifices et des holocaustes, et nous les offrirons à l’Éternel, notre Dieu; nos troupeaux aussi iront avec nous; il n’en restera pas un ongle, car nous en prendrons pour servir l’Éternel, notre Dieu; et nous ne savons pas comment nous servirons l’Éternel, jusqu’à ce que nous soyons parvenus là» (v. 24-26).
C’était pour servir l’Éternel qu’il fallait quitter l’Égypte. Par conséquent, Il ne revendiquait pas seulement le peuple comme étant sien, mais aussi tout ce qui lui appartenait. Et c’est pour cela que Moïse rejette le droit du Pharaon à quoi que ce soit. Agir différemment aurait été reconnaître son autorité. Le Pharaon était en fait l’ennemi du peuple de Dieu qu’il retenait en captivité, s’opposant à la volonté de Dieu. Et Moïse le traite comme tel en rejetant ses prétentions. D’ailleurs, ils sortaient pour sacrifier à l’Éternel leur Dieu et tant qu’ils étaient retenus en Égypte, ils ne savaient pas comment ils devaient le servir. Aussi ne pouvaient-ils en aucun cas se plier à l’exigence du Pharaon.
Les paroles de Moïse renferment un principe de toute importance, à savoir que, outre ses droits sur nous-mêmes, Dieu revendique tout ce que nous possédons. À cet effet, tout doit être mis à sa disposition. Il donne, et il redemande. Un très bel exemple nous en est présenté dans le cas de David, lorsqu’il prépare les matériaux pour le temple. «Ce qui vient de ta main, nous te le donnons» (1 Chron. 29:14). Comme peuple de Dieu, nous ne devons pas être redevables au monde, imitant Abraham qui refusa d’être enrichi par le roi de Sodome (Gen. 14:22, 23); nous ne devons pas davantage reconnaître les revendications du monde sur ce que l’Éternel nous a donné. Pas un ongle ne doit être laissé en arrière, car ce pourrait être cela précisément que l’Éternel demandera comme sacrifice. Il est aussi frappant de remarquer que, selon les paroles de Moïse, la pensée de l’Éternel ne pouvait pas être discernée en Égypte. Les Israélites devaient être rachetés hors d’Égypte, et séparés pour Dieu, par la mort et la résurrection, avant de pouvoir être instruits quant à la nature de son service. Bien que le Pharaon s’oppose à toutes les demandes qui lui sont faites pour le peuple de l’Éternel, nous le voyons temporiser par ses ruses; car la main de l’Éternel est levée en jugement, et s’abat sur le Pharaon et son pays par des coups successifs auxquels il voudrait bien échapper. Mais maintenant il est arrivé au point culminant de son entêtement et se précipite tête baissée vers sa ruine, malgré la grâce, les avertissements et les jugements. «Et l’Éternel endurcit le cœur du Pharaon, et il ne voulut pas les laisser aller. Et le Pharaon lui dit: Va-t’en d’auprès de moi; garde-toi de revoir ma face! car, au jour où tu verras ma face, tu mourras. Et Moïse dit: Comme tu l’as dit, je ne reverrai plus ta face!» (v. 27-29).
5.9. Instructions pour le départ
L’Éternel se met alors à instruire Moïse en vue de leur sortie d’Égypte. «Je ferai venir encore une plaie sur le Pharaon et sur d’Égypte; après cela il vous laissera aller d’ici; lorsqu’il vous laissera aller complètement, il vous chassera tout à fait d’ici. Parle donc aux oreilles du peuple: Que chaque homme demande (voir la note à propos du verset 3:22) à son voisin, et chaque femme à sa voisine, des objets d’argent et des objets d’or. Et l’Éternel fit que le peuple trouva faveur aux yeux des Égyptiens; l’homme Moïse aussi était très grand dans le pays d’Égypte, aux yeux des serviteurs du Pharaon et aux yeux du peuple» (chap. 11:1-3).
Tout étant ainsi préparé, Moïse délivre son dernier message, un message très solennel et digne, en harmonie avec la majesté de Celui dont il était l’envoyé. Nous considérerons le contenu du message dans le chapitre suivant. Sa mission étant terminée, Moïse «sortit d’auprès du Pharaon dans une ardente colère» (v. 8). Il était maintenant en pleine communion avec la pensée de Dieu, rempli d’une sainte indignation contre le péché du Pharaon (comparer Marc 3:5). Toute sa timidité a disparu; il est là devant le roi, calme et sans crainte, conscient d’être investi de l’autorité de l’Éternel. Mais le Pharaon ne cédera pas; l’Éternel l’avait prédit et il le répète ici: «Le Pharaon ne vous écoutera point, afin de multiplier mes miracles dans le pays d’Égypte. Et Moïse et Aaron firent tous ces miracles devant le Pharaon. Et l’Éternel endurcit le cœur du Pharaon , et il ne laissa point aller de son pays les fils d’Israël» (v. 9, 10).
Chapitre 12, versets 1 à 13
6. Exode 12 — L’agneau pascal
Nous pouvons rappeler deux points mentionnés dans le chapitre 11. D’abord, l’annonce du jugement des premiers-nés, puis la distinction établie «entre les Égyptiens et Israël» (chap. 11:4-7). L’agneau pascal concilie ces deux choses. Car Dieu soulève ici la question du péché, et alors nécessairement, il se présente sous le caractère de Juge. Mais dès ce moment, les Égyptiens aussi bien que les Israélites sont placés sous le jugement de Dieu, parce que les uns et les autres sont pécheurs à ses yeux. Il est vrai que son dessein était de délivrer Israël hors d’Égypte, et il est tout aussi vrai que dans l’exercice de ses droits souverains, il peut faire une différence. Mais Dieu ne peut jamais cesser d’être Dieu, et tous ses actes doivent être l’expression de ce qu’il est, dans tel ou tel de ses aspects ou caractères. Si donc il épargne Israël, un peuple tout aussi coupable que les Égyptiens, tandis qu’il détruit ceux-ci, il ne peut le faire qu’en harmonie avec sa propre nature. En d’autres termes, sa justice doit être manifestée autant dans le salut des uns que dans la destruction des autres. Et il est extrêmement important de comprendre que la grâce elle-même ne peut régner que par la justice (Rom. 5:21). C’est là le problème résolu dans ce chapitre: comment Dieu pouvait en justice épargner Israël, alors qu’il détruisait les premiers-nés d’Égypte. Il se présente à tous deux comme Juge; et on verra que cette différence se fonde non pas sur quelque supériorité morale d’Israël vis-à-vis de l’Égypte, mais uniquement sur le sang de l’agneau pascal. C’est la grâce qui avait fait l’alliance avec Abraham, Isaac et Jacob; c’est la grâce aussi qui fournit l’agneau; mais le sang de cet agneau, type de l’Agneau de Dieu, Christ notre pâque (1 Cor. 5:7), a répondu à toutes les exigences de Dieu à l’égard des Israélites à cause de leurs péchés. C’est pourquoi il pouvait en restant juste, les mettre à l’abri tandis que le destructeur apportait la mort dans tous les foyers des Égyptiens. C’était en vertu du sang de l’agneau que la grâce et la vérité pouvaient se rencontrer, la justice et la paix s’embrasser. Nous le verrons clairement au cours de l’étude de ce chapitre.
6.1. Le jugement des premiers-nés
6.1.1. Ch. 12:1-2
Aussi longtemps que le pécheur est dans ses péchés, le temps ne compte pas aux yeux de Dieu. Pour lui, nous n’avons pas commencé à vivre avant d’être à l’abri du sang de Christ. Il se peut que nous ayons vécu trente, quarante ou cinquante ans, mais si nous ne sommes pas nés de nouveau, ce n’est que du temps perdu. Perdu dans la mesure où cela concerne Dieu; mais, avec quels terribles résultats pour l’éternité si nous persistons dans cette condition! Chaque journée de cette période d’éloignement de Dieu a ajouté à notre culpabilité, au nombre de nos péchés, qui tous sont inscrits dans le livre qui sera ouvert au jugement du grand trône blanc, si nous devions passer inconvertis dans l’éternité. Quelle condamnation portée sur les efforts et les activités du monde, sur les espoirs et les ambitions des hommes! On nous parle de noblesse de vie; d’exploits glorieux et célèbres, et on cherche à insuffler à notre jeunesse le désir d’imiter ceux dont les noms sont inscrits dans l’histoire. Mais quand Dieu parle, il chasse l’illusion par une seule parole, en déclarant que de tels hommes n’ont pas encore commencé à vivre. Quelque grande qu’une vie puisse paraître aux yeux des hommes, celui qui n’a pas la vie de Dieu est mort à ses yeux, sa vraie histoire n’a pas encore commencé. Il en était ainsi des Israélites. Jusqu’à ce moment, ils avaient été les serviteurs du Pharaon, les esclaves de Satan; ils n’avaient pas encore commencé à servir l’Éternel; et ainsi, le mois de leur rédemption devait être pour eux le premier mois de l’année. L’histoire de leur vie véritable commençait là.
6.1.2. Ch. 12:3-20
Au milieu du jugement, Dieu se souvient de la miséricorde. Il va frapper les Égyptiens et ne peut pas sans être inconséquent avec ses propres attributs, épargner les Israélites à moins que ses exigences à leur égard ne soient pleinement et parfaitement satisfaites. Aussi agissant dans l’exercice de ses droits souverains, selon les richesses de sa grâce, Il se pourvoit de l’agneau dont le sang va être la base sur laquelle il pourra sauver en justice son peuple du jugement, et le faire sortir de la maison de son esclavage. Remarquez bien que lorsqu’il s’agit de notre salut, comme pour la rédemption d’Israël, il n’est pas question de ce que nous sommes, mais de ce que Dieu est. Tout est fondé sur la base immuable de son propre caractère; et ainsi, aussitôt l’expiation accomplie comme nous le verrons dans la suite du chapitre, tout ce que Dieu est constitue le garant de notre sécurité.
6.2. Un agneau
Plusieurs points, dans ce passage, demandent une remarque distincte et spéciale. D’abord l’agneau. Comme cela a déjà été mentionné, toute la valeur de cet agneau pascal réside dans le fait qu’il est un type, une figure de Christ. L’apôtre Paul dit: «Notre pâque, Christ, a été sacrifiée: c’est pourquoi célébrons la fête» (1 Cor. 5:7, 8). Nous sommes donc fondés d’autorité divine à voir l’Agneau de Dieu sous l’ombre de ce type remarquable; et c’est pour cette raison que chaque détail de ce chapitre présente un si grand intérêt. Au dixième jour du mois, il fallait prendre un agneau — mâle, âgé d’un an, et sans défaut — et il fallait le tenir en garde jusqu’au quatorzième jour de ce même mois. On dit généralement que le dixième jour correspondait à la mise à part de l’Agneau dans les plans de grâce de Dieu, et le quatorzième jour au sacrifice effectif dans le temps. Mais une autre suggestion a été faite; nous la présentons et la soumettons au jugement du lecteur. Selon cette dernière, le dixième jour correspondrait à l’entrée de Christ dans son ministère public, lorsque Jean le Baptiseur le désigne d’une façon très frappante comme «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» (Jean 1:29). Dès lors, si le ministère du Seigneur s’est étendu sur une période de trois ans, composés de deux années entières et de parties de deux autres, cela donnerait, selon la manière de compter des Juifs, quatre ans, et le moment de la mort du Seigneur correspondrait ainsi au quatorzième jour. Mais on peut demander pourquoi le nombre dix est choisi pour la mise à part de l’agneau? Peut-être parce que c’est le nombre de la responsabilité envers Dieu, et cela nous enseigne alors que, avant que notre Seigneur fût publiquement reconnu comme l’Agneau de Dieu, il avait répondu à toutes les exigences de Dieu, et avait ainsi été manifesté comme étant sans défaut, propre par ce qu’il était en lui-même à être le sacrifice pour le péché. Il était l’Agneau de Dieu, et le fait que l’agneau était fourni par Dieu est riche de consolations bénies. L’homme n’aurait jamais pu savoir quel sacrifice serait acceptable. Les Israélites seraient restés dans l’esclavage jusqu’à ce jour, s’ils avaient été laissés à eux-mêmes pour trouver un moyen de satisfaire aux exigences de Dieu quant à leurs péchés. Alors Dieu, dans sa grâce et sa miséricorde, a pourvu à un agneau dont le sang suffirait à ôter le péché du monde. Il ne peut donc y avoir aucun autre mode de purification du péché, aucune autre manière d’être à l’abri du juste jugement de Dieu: le sang de Christ, parce qu’il est donné de Dieu, est le seul moyen.
L’agneau devait être égorgé au quatorzième jour du mois. «Toute la congrégation de l’assemblée d’Israël l’égorgera entre les deux soirs» (v. 6). Tous doivent s’identifier à l’agneau égorgé. C’était pour toute la congrégation qu’il devait être tué. En fait, chaque maison avait son agneau, car chaque famille, à part, devait se placer sous sa protection; et d’un autre côté, «la congrégation de l’assemblée» est considérée comme un tout. Ces deux unités — celle de la congrégation et celle de la maison — ont toujours subsisté sous l’économie juive. Celle de la famille domine l’époque des patriarches, mais elle subsiste maintenant que Dieu appelle pour lui un peuple hors d’Égypte et qu’il établit l’unité de l’ensemble. Les deux sont réunies dans l’ordonnance de la pâque — les familles séparément, et l’assemblée comme un tout.
Chapitre 12, versets 1 à 13 (compléments)
6.3. À l’abri du sang
Nous trouvons ensuite la nécessité de l’aspersion du sang. Le seul fait d’avoir égorgé l’agneau n’aurait assuré la protection d’aucune maison. Si le peuple s’était reposé sur le fait que l’agneau avait été tué, le destructeur n’aurait rencontré aucun obstacle pour entrer dans les maisons. Il n’y aurait pas eu une seule maison, parmi toutes les tribus, qui n’aurait pas eu son mort, comme dans les maisons des Égyptiens. Non, ce n’était pas la mort de l’agneau, mais l’aspersion du sang qui assurait leur sécurité (v. 7, 13, 23). Que le lecteur y prenne bien garde! N’y a-t-il pas un danger à se reposer, pour être à l’abri, sur le fait que Christ est mort, sans se soucier de savoir si l’on est personnellement devant Dieu sous l’efficacité et la valeur bénies de cette mort? Ce n’est pas le seul fait de la mort de Christ, sans la foi en Lui, qui sauve une âme (nous ne parlons pas des petits enfants). Il est tout à fait vrai qu’il a fait propitiation pour le péché — une propitiation qui a glorifié Dieu dans tous les attributs de son caractère, et sur la base de laquelle il peut en justice, et à sa gloire, accorder un salut plein, complet et éternel à chaque pécheur qui s’approche de lui par la foi en sa valeur. Car Dieu a présenté Christ «pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer... sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus» (Rom. 3:25, 26). Mais il doit y avoir une identification personnelle, par la foi, avec le sang répandu; sinon, pour ce qui concerne un tel homme, il aura été versé en vain.
Considérons alors comment les Israélites se plaçaient sous la protection et la valeur de ce sang. C’était simplement et uniquement par l’obéissance de la foi. Il leur avait été dit de prendre du sang de l’agneau et d’en mettre sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de leurs maisons; «vous prendrez un bouquet d’hysope, et vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin; et du sang qui sera dans le bassin, vous aspergerez le linteau et les deux poteaux; et nul d’entre vous ne sortira de la porte de sa maison, jusqu’au matin» (v. 7, 22). Ils n’avaient ainsi rien d’autre à faire qu’à croire et à obéir. Il ne leur appartenait pas de discuter la méthode qui leur était donnée, ni son caractère raisonnable ou non, ni sa valeur probable. Tout dépendait de leur obéissance à la parole de Dieu. De même, maintenant, Dieu ne demande rien du pécheur, sinon la foi — foi dans le témoignage de Dieu sur la condition et la culpabilité de l’homme, un état qui l’expose au jugement, et foi dans la ressource préparée par la mort de Christ. Si un Israélite, sous quelque prétexte que ce soit, avait méprisé le commandement divin, il n’aurait pas échappé aux coups du destructeur. Pareillement maintenant, si un pécheur refuse, pour quelque motif que ce soit, de s’incliner devant la parole de Dieu, quant à son propre état et aussi quant à Christ, rien ne pourra détourner de lui la sentence du jugement éternel. Mais dès le moment où l’Israélite, obéissant simplement, aspergeait de sang sa maison, il était dans une sécurité inviolable durant cette nuit de terreur et de mort. Dès le moment aussi où un pécheur reçoit Christ, il est à l’abri pour l’éternité, car il est sous la protection de la valeur infinie du sang précieux de Christ.
6.4. La sécurité du peuple
Remarquons aussi, pour souligner davantage encore cette vérité, que la sécurité du peuple ne dépendait nullement de son propre état moral, ni de ses pensées, de ses sentiments ou de ses expériences. La seule question était: le sang avait-il été mis sur la porte comme cela avait été prescrit? S’il l’avait été, les Israélites étaient en sécurité; sinon, ils étaient exposés au jugement qui s’abattait alors sur tout le pays d’Égypte. Il est possible qu’ils aient été timides, craintifs et accablés; ils ont peut-être passé toute la nuit à se poser des questions: pourtant, si le sang était sur leur maison, ils étaient effectivement à l’abri des coups du destructeur. C’était la valeur du sang, et elle seule, qui leur garantissait cette protection. Encore une fois, même si les Israélites avaient été le meilleur peuple du monde, pour parler à la manière des hommes, sans l’aspersion du sang, ils auraient péri comme les Égyptiens idolâtres. Le fondement de leur sécurité, répétons-le, reposait uniquement sur le sang de l’agneau pascal. Il en est de même aujourd’hui. Bientôt des jugements, surpassant de très loin ceux de l’Égypte, s’abattront sur ce monde; et ils ne seront que les précurseurs du jugement dernier devant le grand trône blanc, dont l’issue certaine est la seconde mort (Apoc. 20); personne n’échappera à ces jugements, à moins d’être à l’abri du sang de Christ. Le lecteur s’étonnera-t-il alors que nous lui posions avec sérieux et insistance cette question pressante: Êtes-vous à l’abri par le sang de Christ? Ne vous accordez aucun repos, ni jour ni nuit, jusqu’à ce que cette question soit réglée, jusqu’à ce que vous ayez l’assurance, fondée sur l’immuable parole de Dieu, que vous êtes aussi bien à l’abri que l’étaient les Israélites dans leurs maisons aspergées de sang, durant cette terrible nuit.
6.5. Valeur de nos sentiments
Remarquons en outre que le sang dont il était fait aspersion était pour Dieu. Comme un autre l’a souligné, «il n’est pas dit: «vous verrez», mais «je verrai». Il arrive souvent que l’âme d’une personne réveillée ne se repose pas sur sa propre justice, mais sur la manière dont elle voit le sang. Ce n’est pas là le fondement de la paix, quelque précieux qu’il puisse être pour le cœur d’en être profondément impressionné. La paix véritable est fondée sur le fait que Dieu voit le sang. Lui ne peut manquer de l’estimer à sa pleine et parfaite valeur, comme ôtant le péché. C’est Lui qui abhorre le péché et qui a été offensé par lui; c’est Lui qui connaît la valeur du sang pour ôter le péché. Mais quelqu’un dira peut-être: Ne faut-il pas au moins que j’aie foi en sa valeur? C’est avoir foi en sa valeur, de voir que Dieu le regarde comme ôtant le péché; votre estimation de cette valeur n’est que la mesure de vos sentiments, tandis que la foi regarde aux pensées de Dieu»1. Les personnes anxieuses s’épargneraient bien des jours et des nuits épuisants de perplexité et d’angoisse, si elles s’en souvenaient. La seule chose à faire est d’accepter le propre témoignage de Dieu quant à la valeur du sang. «Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie à destruction au milieu de vous, quand je frapperai le pays d’Égypte». Tout ce que Dieu est s’oppose au péché; et, par conséquent, tout ce qu’il est se trouve satisfait par le sang de Christ, sinon il devrait encore punir le péché. Aussi le fait que Dieu déclare qu’il épargnera le coupable lorsqu’il verra le sang est un témoignage clair au fait que le sang a pleinement et parfaitement expié le péché. Et si Dieu est satisfait par le sang de Christ, le pécheur ne peut-il pas l’être aussi? Souvenons-nous que l’indignité du pécheur ne peut pas constituer un empêchement à l’efficacité du sang. Si c’était le cas, le sang seul ne serait alors pas suffisant. Au moment où Dieu voit le sang, toute sa nature morale est satisfaite; et il agit avec tout autant de justice en épargnant ceux qui sont placés sous la protection et la valeur du sang, qu’en frappant les Égyptiens.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
On peut toutefois préférer poser la question autrement: De quelle manière pouvons-nous maintenant être placés sous la protection du sang de Christ? Les Israélites étaient mis à l’abri du sang de l’agneau pascal par la foi. Ils avaient reçu le message, avaient cru à ce qu’il contenait, avaient fait aspersion du sang selon les directions reçues et avaient ainsi été épargnés du jugement. Maintenant, c’est plus simple. La bonne nouvelle de la rédemption par le sang de Christ est proclamée, le message est reçu; et aussitôt qu’il est reçu, Dieu voit l’âme sous toute l’efficacité et la valeur du sang. De sorte que quiconque croit au Seigneur Jésus Christ est délivré de la colère qui vient. La paix avec Dieu est ainsi fondée sur le seul sang de Christ. Car «le sang de la Pâque nous parle du jugement moral de Dieu, et de la satisfaction pleine et entière de tout ce qu’il est dans son Être. Dieu, tel qu’il est dans sa justice, dans sa sainteté, dans sa vérité, ne pouvait pas moralement toucher à ceux qui étaient abrités par ce sang. Son amour envers son peuple avait trouvé ce moyen de satisfaire aux exigences de sa justice contre le péché; et à la vue de ce sang qui répondait à toutes les perfections de son Être, il avait passé par-dessus les enfants d’Israël, selon sa justice et sa vérité même»1. Répétons-le donc: la paix avec Dieu est fondée sur le seul sang de Christ.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
6.6. Comment manger la pâque
Il y a cependant encore un autre aspect à considérer. L’agneau pascal dont le sang avait été mis sur les demeures des Israélites devait être mangé dans des conditions spéciales, avec ce qui l’accompagnait, et dans une attitude prescrite. Chacun de ces points a son intérêt et son instruction. «Ils en mangeront la chair cette nuit-là; ils la mangeront rôtie au feu». On ne devait pas en manger qui soit à demi cuit ou qui ait été cuit dans l’eau, mais «rôti au feu: la tête, et les jambes, et l’intérieur» (v. 9). Le feu est un symbole de la sainteté de Dieu appliquée en jugement; et ainsi l’agneau dont les Israélites se nourrissaient parlait, en figure, d’un Autre qui, passant par le feu du jugement, le traverserait à leur place. Qu’il ait été «rôti au feu» nous parle ainsi de Christ, qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, et a été fait péché pour nous, lorsqu’il a été exposé à l’action complète, inexorable et pénétrante du feu, image du jugement de Dieu contre le péché. Si Dieu pouvait donc épargner les Israélites, c’était uniquement sur la base du fait qu’un autre prendrait sur Lui ce qui leur était justement dû. Quel amour Dieu n’a-t-il pas manifesté en livrant son Fils à une telle mort! L’Esprit de Dieu pouvait dire à juste titre: Il n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a envoyé pour recevoir le jugement dû au pécheur.
«Oui, ton divin amour, dans ses plans adorables,
Pour nous soustraire à notre sort
Abandonna ton Fils aux coups inexorables
Du jugement et de la mort».
Avec quelle reconnaissance les enfants d’Israël ne devaient-ils pas se nourrir de cet agneau rôti au feu. Si leurs yeux avaient été ouverts, ils auraient certainement dit: «Le sang de cette victime nous met à l’abri du terrible jugement qui tombe sur les Égyptiens; la chair que nous mangeons a passé par le feu auquel nous aurions dû être exposés». Et cette pensée, exprimée par eux, n’aurait pas manqué de faire monter de leurs cœurs la reconnaissance et la louange à Celui qui, dans sa grâce, avait pourvu à un tel moyen de salut et de sécurité.
Deux choses devaient être mangées avec l’agneau: des pains sans levain et des herbes amères. Le levain est un type du mal, et les pains sans levain nous parlent d’une part de l’absence du mal et de l’autre de pureté et de sainteté. L’apôtre Paul mentionne les pains sans levain de sincérité et de vérité. Nous verrons cela plus en détail lorsque nous traiterons de la fête des pains sans levain en rapport avec la Pâque (v. 14-20). Il suffira pour le moment d’en avoir relevé le caractère. Les «herbes amères» représentent le résultat produit par le fait d’entrer dans les souffrances de Christ pour nous, savoir la repentance, le jugement de soi-même dans la présence de Dieu. Pains sans levain et herbes amères nous dépeignent donc le seul état d’âme dans lequel nous puissions véritablement nous nourrir de l’agneau rôti au feu. Et il est magnifique de considérer comment Celui qui a porté le juste jugement de Dieu contre les péchés des Israélites devient maintenant la nourriture de son peuple. Remarquons aussi que rien ne devait être laissé de reste jusqu’au lendemain. Ce qui restait devait être brûlé au feu (v. 10). Plus tard, cette même directive fut donnée pour la plupart des sacrifices qui devaient être mangés (voir Lév. 7:15). C’était sans doute une mise en garde contre le danger de le manger comme un aliment commun. Il ne pouvait être pris qu’en association avec le jugement dont il était l’image. La «chair» de Christ ne peut être mangée qu’en relation avec sa mort. De même ici pour la nuit de la pâque: au matin, alors que le jugement était passé, les Israélites auraient pu oublier la valeur de l’agneau rôti au feu; mais le commandement de brûler ce qui restait leur rappellerait son caractère, tout en les gardant d’en faire un aliment commun. Ce n’était qu’autour de la table pascale qu’ils pouvaient se nourrir d’une façon appropriée de l’agneau de la pâque.
6.7. Prêts à partir
Leur attitude devait être en harmonie avec la position dans laquelle ils avaient été introduits. «Vous le mangerez ainsi: vos reins ceints, vos sandales à vos pieds, et votre bâton en votre main; et vous le mangerez à la hâte. C’est la pâque de l’Éternel» (v. 11). Tout cela nous parle du caractère qui devait être le leur en conséquence de leur rédemption — car ils allaient quitter l’Égypte pour toujours pour traverser le désert comme des pèlerins et se diriger vers l’héritage promis. Leurs reins étaient ceints: ils étaient prêts pour le service, détachés du pays dans lequel ils avaient pendant si longtemps été retenus captifs, afin que rien ne les retienne ou ne les arrête lorsque le signal de départ pour le voyage serait donné. Leurs sandales à leurs pieds: ils étaient préparés, chaussés pour la marche; leur bâton en leur main: signe de leur caractère de pèlerins, car ils quittaient ce qui avait été leurs maisons, pour devenir des étrangers dans le désert. Enfin ils devaient manger la pâque à la hâte, car ils ne savaient pas à quel moment le commandement serait donné et ainsi ils devaient être prêts. — Veiller et être prêts: vraie image de l’attitude du croyant dans ce monde! Puissions-nous tous y répondre mieux!
À bien des reprises nous sommes exhortés à avoir nos reins ceints. Et avoir nos pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix (Éph. 6) est indispensable pour être revêtus de l’armure complète de Dieu. Garder véritablement le caractère de pèlerin, avec la conscience que pour nous le repos n’est pas là, est une des premières leçons de notre vie chrétienne. Attendre Christ se rattache à l’espérance de son retour. La question est de savoir si ces traits caractérisent maintenant les croyants comme ils le devraient. Ce qui nous manque, c’est une réalisation plus profonde du caractère de la scène que nous traversons — scène jugée, Dieu l’ayant déjà jugée dans la mort de Christ. «Maintenant, dit-il, est le jugement de ce monde». Si, dans notre âme, nous en étions profondément convaincus, nous ne serions pas tentés de nous attarder dans ce monde; mais tels de vrais pèlerins, nos reins ceints et nos lampes allumées, nous serions nous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître (Luc 12:35, 36).
Chapitre 12, versets 14 à 51
6.8. La fête des pains sans levain
La fête des pains sans levain est mentionnée en rapport avec la pâque (v. 14-20). Elle ne fut pas célébrée dans le pays d’Égypte, car la nuit même où Dieu frappa les premiers-nés, les enfants d’Israël commencèrent leur voyage. Mais la liaison est conservée pour souligner la vraie signification typique de cette fête. Il en est de même en 1 Corinthiens 5: «Notre pâque, Christ, a été sacrifiée: c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (v. 7, 8). Le levain, comme cela a déjà été dit, est un type du mal, qui s’étend et qui communique ses propriétés à la masse dans laquelle il opère. «Un peu de levain fait lever la pâte tout entière» (1 Cor. 5:6). Manger des pains sans levain signifie donc: séparation du mal, sainteté pratique. Remarquons aussi que la fête devait durer sept jours, c’est-à-dire une période de temps complète. La leçon que nous avons à en tirer, c’est que cette sainteté incombe à tous ceux qui sont à l’abri du sang de l’Agneau pascal, durant la période entière de leur vie sur la terre. Voilà ce qu’exprime la fête des pains sans levain liée avec la pâque. Une fois sauvés par la grâce de Dieu, en vertu de l’aspersion du sang de Christ, nos méchants cœurs pourraient dire: demeurons dans le péché afin que la grâce abonde. «Non!» répond l’Esprit de Dieu; «dès le moment où vous êtes sous l’efficace de la mort de Christ, vous avez la responsabilité de vous séparer du mal». Dieu cherche ainsi en nous, dans notre marche et notre comportement, une réponse à ce qu’il est et à ce qu’il a fait pour nous. C’était pour mettre cela en évidence qu’il était enjoint aux Israélites de garder cette fête «comme un statut perpétuel». D’abord, il est vrai, pour les faire se souvenir qu’en ce même jour Dieu avait fait sortir leurs armées du pays d’Égypte, et ensuite, pour leur enseigner l’obligation qui était la leur maintenant d’avoir une marche en accord avec leur nouvelle position. Et n’est-il pas bien nécessaire de rappeler cette obligation à l’esprit des croyants du temps présent? La chose importante à placer sur toutes les consciences aujourd’hui est la responsabilité de garder cette fête des pains sans levain. Le relâchement dans la marche, les mauvaises associations et la mondanité sapent, de tous côtés, le témoignage des enfants de Dieu. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité» (Jean 17:16, 17). Puisse cette prière du Seigneur trouver une réponse plus évidente dans une séparation et une consécration croissantes de la part des siens.
Dans les versets 21 à 28, nous voyons comment Moïse rassemble tous les anciens d’Israël, pour leur donner les directives que nous venons de considérer. À l’ouïe de ce message, «le peuple s’inclina, et ils se prosternèrent. Et les fils d’Israël s’en allèrent, et firent comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse et à Aaron; ils firent ainsi» (v. 27, 28). Un détail intéressant est ajouté. Il est pourvu à ce que les enfants soient instruits quant à la signification de la pâque (v. 26, 27); et ainsi, le récit de la grâce et de la puissance de l’Éternel en délivrance lorsqu’il frappa les Égyptiens, devait être transmis de génération en génération.
L’Éternel ayant ainsi dans sa grâce séparé son peuple, et ayant assuré sa mise à l’abri du jugement par l’aspersion du sang, va frapper l’Égypte comme il l’avait déclaré.
6.9. Ch. 12:29-36
Le coup menaçant depuis si longtemps, mais différé avec beaucoup de patience et de miséricorde, s’abat finalement, et s’abat d’une manière inexorable sur tout le pays; car «l’Éternel frappa tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né du Pharaon qui était assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif qui était dans la maison de la fosse, et tout premier-né des bêtes». Tous les cœurs furent bouleversés par ce coup terrible qui endeuillait chaque maison du pays; «et il y eut un grand cri en Égypte, car il n’y avait pas de maison où il n’y eût un mort». Le cœur endurci du Pharaon fut atteint, et s’inclina sur le moment devant le jugement manifeste de Dieu. «Le Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et toute l’Égypte», et envoyant chercher Moïse et Aaron, leur dit de s’en aller. Il ne posait maintenant plus aucune condition, mais leur accordait tout ce qu’ils avaient demandé, et cherchait même une bénédiction de leur part. Les Égyptiens allaient plus loin; ils avaient hâte de renvoyer les enfants d’Israël; car ils disaient: «Nous sommes tous morts». Aussi donnèrent-ils aux Israélites tout ce que ceux-ci désiraient; et selon la parole de l’Éternel, les fils d’Israël «dépouillèrent les Égyptiens».
6.10. Un grand amas de peuple — ch. 12:37-42
Ainsi, Dieu délivra son peuple de l’esclavage de l’Égypte; et les Israélites partirent pour la première étape de leur voyage, de Ramsès pour Succoth, environ six cent mille hommes de pied, les hommes faits, sans les petits enfants. Mais hélas! ils n’étaient pas seuls. Ils étaient accompagnés par «un grand amas de gens». C’est là ce qui, dans tous les temps, a été un fléau pour les enfants de Dieu, une source de faiblesse, de manquements, et parfois d’apostasie ouverte. L’apôtre Paul met en garde les croyants de son époque contre ce danger spécial (1 Cor. 10); les apôtres Pierre (2 Pierre 2) et Jude le font également. L’Église, de nos jours, est atteinte de ce même mal; sous un certain aspect, elle comprend aussi ce «grand amas de gens». D’où l’importance des paroles de l’apôtre Paul à Timothée: «Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et: Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre» (2 Tim. 2:19-21). Les Israélites partirent à la hâte, parce qu’ils furent chassés d’Égypte et ne purent pas tarder, ni se faire des provisions. Ils étaient rejetés entièrement sur Dieu qui les avait séparés des Égyptiens, mis à l’abri du sang de l’agneau, et maintenant allait les conduire et pourvoir à leur nourriture en chemin. Ils ne devaient pas emporter de levain avec eux.
Dieu attendait ce moment depuis des siècles (voir Gen. 15:13, 14); et en ce même jour, le jour qu’il avait déterminé d’avance, son peuple sortit d’Égypte. Les Israélites n’ont pas encore traversé la mer Rouge; mais dans la constatation que «toutes les armées de l’Éternel sortirent du pays d’Égypte», l’Esprit de Dieu anticipe leur délivrance pleine et parfaite. Le sang qui mettait à l’abri était la base de leur complète rédemption. Rien d’étonnant alors qu’il soit ajouté que la nuit de leur exode devait être une nuit à garder pour l’Éternel, comme un statut perpétuel. Elle devait être gardée, remarquons-le, pour l’Éternel, afin de rappeler continuellement à leur esprit la source de cette grâce et de cette puissance en délivrance, qui les avaient fait sortir d’Égypte. Il en est de même aujourd’hui, quoique d’une manière différente. La nuit même où le Seigneur Jésus fut livré, il prit un pain et rendit grâces, instituant pour les siens le précieux mémorial de sa mort; afin que toutes les fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, nous annoncions la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Tout au long de notre pèlerinage, il désire que nous nous souvenions de lui que nous nous souvenions de lui dans cette nuit terrible où il fut livré, lorsque, comme notre Pâque, il a été sacrifié pour nous.
6.11. Qui pouvait manger la pâque?
Le chapitre se termine par «le statut de la Pâque», qui souligne principalement deux instructions. La première concernait les personnes qui pouvaient y participer: «Aucun étranger n’en mangera; mais tout esclave, homme acheté à prix d’argent, tu le circonciras; alors il en mangera. L’habitant et l’homme à gages n’en mangeront point». Mais «toute l’assemblée d’Israël la fera. Et si un étranger séjourne chez toi, et veut faire la Pâque à l’Éternel, que tout mâle qui est à lui soit circoncis; et alors il s’approchera pour la faire, et sera comme l’Israélite de naissance; mais aucun incirconcis n’en mangera» (v. 43-45, 47, 48).
Il y avait donc trois classes de personnes qui pouvaient garder la pâque. 1 ° Les Israélites; 2° leurs serviteurs achetés à prix d’argent, et 3° l’étranger séjournant chez eux. Mais pour chacune de celles-ci la condition était la même: la circoncision. Aucun ne pouvait prendre place à la table de la pâque à moins d’avoir été circoncis. Ce n’est que de cette manière qu’ils pouvaient être introduits dans les termes de l’alliance que Dieu avait faite avec Abraham (voir Gen. 17:9-14) et sur la base de laquelle il agissait maintenant en les faisant sortir d’Égypte et en les prenant pour lui, comme peuple. La circoncision est un type de la mort à la chair; elle a son antitype, quant à la chose signifiée, dans la mort de Christ. Aussi l’apôtre Paul écrit-il aux Colossiens: «Christ... en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Col. 2:11, 12). À moins donc que toutes ces classes distinctes n’aient été amenées sur le terrain de l’alliance, elles ne pouvaient jouir du privilège de cette fête bénie entre toutes, une fête qui tirait toute sa signification du sang versé de l’agneau pascal. Il est extrêmement intéressant de noter la disposition spéciale prévue pour deux de ces classes. Les Israélites, comme tels, avaient droit à la pâque s’ils étaient circoncis. Mais à côté d’eux il y avait deux autres classes. Un homme à gages ne pouvait pas célébrer la fête, mais un serviteur acheté à prix d’argent le pouvait s’il était circoncis. Il faut se souvenir que cette fête a essentiellement un caractère familial: un serviteur acheté à prix d’argent était, pour ainsi dire, incorporé à la famille, devenait une partie intégrante de la maison et, par là, pouvait participer à la fête, tandis qu’un homme à gages n’avait pas une telle place ou position et, par conséquent, il était exclu. Dans «l’étranger qui séjourne parmi vous», nous pouvons voir une promesse de grâce pour les Gentils, lorsque le mur mitoyen de clôture serait détruit, et l’évangile proclamé au monde entier.
Enfin, il y a une disposition quant à l’agneau lui-même. «Elle [la pâque] sera mangée dans une même maison; tu n’emporteras point de sa chair hors de la maison, et vous n’en casserez pas un os» (v. 46). Tant la signification du type que l’unité de la famille, ou d’Israël si l’on considère toute l’assemblée, auraient été perdues si cette injonction avait été méprisée. Le sang était sur la maison, et l’agneau pascal n’était que pour ceux qui se trouvaient à l’abri du sang. De ce fait sa chair ne devait pas être portée hors de la maison. Le sang d’aspersion est indispensable pour que l’on puisse se nourrir de l’agneau rôti au feu. Et pas un os ne devait en être cassé, parce que c’était une image de Christ. C’est pourquoi l’apôtre Jean dit: «Ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie: «Pas un de ses os ne sera cassé» (Jean 19:36). Il est donc clair que dans l’agneau pascal, l’Esprit avait Christ en vue; et combien il est précieux pour nous, lorsque nous lisons ce récit, d’avoir communion avec ses propres pensées, et de ne discerner rien d’autre que Christ. Puisse-t-il ouvrir nos yeux, toujours plus, de telle manière que Christ seul remplisse notre âme, lorsque nous lisons sa Parole!
Chapitre 13, versets 1 à 16
7. Exode 13 — Les droits de Dieu
Le récit de la sortie d’Égypte est interrompu par la mention de certaines conséquences découlant du rachat des enfants d’Israël hors d’Égypte et entraînant des responsabilités pour eux. Car bien qu’ils soient encore dans le pays, l’enseignement de ce chapitre est fondé sur le fait que Dieu les en a fait sortir, et anticipe en réalité leur établissement en Canaan. Si Dieu agit en grâce pour son peuple, il a par là des droits sur lui, et ce sont ces droits qui sont présentés ici. Un peuple racheté devient la propriété de son Rédempteur. C’est ainsi que nous lisons: «Vous n’êtes pas à vous-mêmes; car vous avez été achetés à prix» (1 Cor. 6:19, 20). L’Éternel déclare ici à Moïse selon le même principe: «Sanctifie-moi tout premier-né, tout ce qui ouvre la matrice parmi les fils d’Israël, tant des hommes que des bêtes; il est à moi» (v. 1). Mais un autre élément est introduit en rapport avec cela. Dans le chapitre précédent, la fête des pains sans levain est instituée immédiatement après l’aspersion du sang. Il s’agissait de montrer que les deux choses — la protection par le sang et l’obligation d’une vie sainte — ne peuvent jamais être séparées. Cette fête est mentionnée maintenant à nouveau, avec des instructions quant à la manière de l’observer lorsque l’Éternel les aurait introduits dans le pays du Cananéen (v. 5), en relation avec la sanctification des premiers-nés.
7.1. Ch. 13:3-16 — Une vie sainte
Nous ajouterons deux ou trois remarques au sujet de la fête des pains sans levain, en relation avec les détails supplémentaires donnés ici. Elle devait être liée pour toujours avec le souvenir de deux faits. D’abord, avec le jour de leur rédemption. «Souvenez-vous de ce jour, auquel vous êtes sortis d’Égypte, de la maison de servitude» (v. 3). Le Seigneur désire que les siens se souviennent éternellement du jour de leur délivrance, du jour où ils ont été amenés des ténèbres à la lumière, soustraits au jugement dû à leurs péchés et introduits dans la faveur parfaite de Dieu en Christ. Deuxièmement, ils ne devaient pas oublier la source de leur délivrance. «Car l’Éternel vous en a fait sortir à main forte» (v. 3). C’est à lui seul qu’ils la devaient. Nul autre bras n’aurait pu briser leurs fers, frapper leur oppresseur, les protéger du destructeur et leur donner la délivrance. Lui seul pouvait les racheter de la main de l’ennemi. N’est-ce pas ce qu’a lu le Seigneur Jésus dans la synagogue à Nazareth: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres; il m’a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l’an agréable du Seigneur» (Luc 4:18, 19)? Aussi est-ce très significatif de trouver, immédiatement après que ces deux points ont été rappelés à leur mémoire, l’adjonction: «On ne mangera point de pain levé». Si le Seigneur agit en faveur des siens, c’est afin de les racheter de toute iniquité et de purifier pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œvres (Tite 2:14). Parce que lui-même est saint, il attend de ses rachetés qu’ils soient saints, et cela pour la période complète (sept jours) de leur vie. Il ne devait pas se voir de levain dans tous leurs confins.
Plus que cela, chaque père reçoit l’instruction d’enseigner d’année en année à son fils la signification de cette fête. Ayant la responsabilité de ses enfants, il doit leur expliquer avec soin pourquoi le levain n’a pas place dans sa maison. Ce serait incompatible avec le fondement de la rédemption sur lequel il se trouvait. Il devait dire: «C’est à cause de ce que l’Éternel m’a fait quand je sortis d’Égypte. Et cela te sera un signe sur ta main...» (v. 8, 9). Tout ceci afin que la loi de l’Éternel soit en sa bouche. Nous avons ici le secret de la séparation à la fois du mal et pour Dieu. «Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie? Ce sera en y prenant garde selon ta parole». «J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi». (Ps. 119:9, 11). C’est en prenant garde à la parole de Dieu et en y obéissant que les croyants peuvent aujourd’hui garder en vérité la fête des pains sans levain.
7.2. Dévouement et consécration
Suivent les directives pour la sanctification des premiers-nés. Le dévouement, la consécration doivent également caractériser les rachetés et seront toujours un fruit de la vraie séparation; c’est la raison pour laquelle la fête des pains sans levain précède la mise à part des premiers-nés. Remarquons d’abord l’exception à cette loi générale. «Tout premier fruit des ânes, tu le rachèteras avec un agneau; et si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Et tout premier-né des hommes parmi tes fils, tu le rachèteras» (v. 13). La liaison du premier-né d’un âne avec le premier-né des hommes est d’autant plus frappante que l’un et l’autre devaient être rachetés. Il y a encore un autre point: le premier-né de l’âne devait être racheté avec un agneau de même que les premiers-nés d’Israël le furent par un agneau, la nuit de la Pâque. Ajoutons que s’il n’était pas racheté, l’âne devait être tué comme les Israélites l’auraient certainement été lorsque l’Éternel frappa les Égyptiens, et le parallélisme est complet. Que nous enseigne-t-il? Que l’homme, de par sa naissance dans le monde, est mis au rang du premier-né de l’âne; que l’un et l’autre sont impurs et, comme tels, voués à la destruction, à moins qu’ils ne soient rachetés avec un agneau.
Quel coup porté à l’orgueil de l’homme naturel! Au lieu de se vanter de ce qu’il est et de ses capacités intellectuelles, qu’il considère ici l’estimation de Dieu quant à sa condition. On ne saurait faire une comparaison plus humiliante, et pourtant tout croyant est prêt à y souscrire comme étant divinement vraie. Car tel était notre état par nature — perdus et misérables — et nous aurions certainement péri si, selon les richesses de la grâce de Dieu, nous n’avions pas été rachetés par le sang de l’Agneau. D’un autre côté quelle grâce immense Dieu nous a faite de se pencher sur des êtres tels que nous étions, de venir à nous lorsque nous étions dans cet état pour nous amener à lui et nous associer pour toujours à l’Agneau par lequel nous avons été rachetés! Si par nature nous ne pouvions pas être tombés plus bas, nous ne pouvions pas non plus être élevés plus haut par la grâce; car il nous a prédestinés «à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères» (Rom. 8:29).
7.3. Droits de Dieu sur les premiers-nés
Il est important de considérer la raison pour laquelle Dieu réclamait les premiers-nés en Israël. Elle est expressément liée à la destruction des premiers-nés dans le pays d’Égypte (v. 15). Nous avons vu que le peuple a été épargné, cette nuit terrible, uniquement sur le fondement de l’aspersion du sang de l’agneau mis à mort, autrement dit sur le fondement de la mort d’un autre. C’était donc sur le principe de la substitution; et c’est là le motif du droit de Dieu dans ce chapitre. Si Dieu épargnait les premiers-nés à cause de l’agneau pascal, c’était pour les réclamer ensuite pour Lui. N’en est-il pas ainsi aujourd’hui? Nous appartenons à Celui qui nous a rachetés, parce qu’il a pris notre place et a porté nos péchés en son corps sur le bois. «Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité» (2 Cor. 5:15). Il est bon de nous demander souvent si nous reconnaissons ses droits: ses droits sur nous, sur tout ce que nous sommes et sur tout ce que nous possédons.
C’est cette vérité aussi que le père devait inculquer à son fils (v. 14-16); car il apprendrait ainsi les droits de l’Éternel sur lui comme sur son père. L’un et l’autre, en tant que rachetés, devaient servir le Rédempteur. Un très grand pas est fait lorsque le croyant est conscient d’appartenir au Seigneur avec sa famille. Que chacun individuellement reconnaisse ce droit est une autre question, et on ne saurait trop insister sur le fait qu’il n’y a pas de salut sans la foi individuelle; mais il est de toute importance que le chef de famille garde continuellement en mémoire que lui et tous les siens appartiennent de droit au Seigneur. Alors seulement, par la bénédiction de Dieu, il sera en mesure d’élever ses enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, de les instruire pour Lui, et comme sous son regard. Ce n’est que si cette vérité est perçue par eux que les enfants verront dans l’éducation parentale l’expression de l’autorité du Seigneur. Que les croyants ne se lassent donc pas de rappeler à leurs enfants les droits du Seigneur sur la base de la rédemption.
Chapitre 13, versets 17 à 22
7.4. Ch. 13:17-22
Le récit reprend ici. La première chose que cette partie de notre chapitre place devant nous est le choix effectué par Dieu du chemin que son peuple suivra dans le désert. Et en effet, s’il fait sortir les siens dans le désert, soyons certains qu’il pourvoira à tous leurs besoins. La seule chose qu’il leur demande est d’obéir à sa parole. Remarquons aussi la tendresse qu’il met dans ce choix. Il a des égards pour leur faiblesse et leurs craintes. Il «ne les conduisit pas par le chemin du pays des Philistins, qui est pourtant proche; car Dieu dit: De peur que le peuple ne se repente lorsqu’ils verront la guerre, et qu’ils ne retournent en Égypte». Quelle manifestation merveilleuse de ses tendres compassions! Nous y apprenons combien pleinement il s’identifie à son peuple et sympathise avec lui dans sa faiblesse et ses craintes. Il avait certes d’autres intentions à leur égard; mais il est doux de penser qu’il a choisi le chemin exact par lequel il les conduirait compte tenu de leur état. «Comme un père a compassion de ses fils, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent. Car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière»1 (Ps. 103:13, 14).
1 La mention que les fils d’Israël montèrent en ordre de bataille hors du pays d’Égypte (v. 18) a suscité de nombreuses discussions — comme si cette expression devait nécessairement signifier: avec leurs armes comme des guerriers. C’est une erreur. Cela ne semble pas vouloir dire autre chose qu’ils marchaient en rang, un ordre indispensable pour le déplacement d’une si grande multitude.
7.5. Les os de Joseph
Après la mention de leur ordre de marche, nous trouvons celle des os de Joseph. C’est de toute beauté. À la fin du livre de la Genèse, nous lisons que Joseph, sur son lit de mort «fit jurer les fils d’Israël, disant: Certainement Dieu vous visitera, et vous ferez monter d’ici mes os» (Gen. 50:25). Dans l’épître aux Hébreux, l’appréciation de Dieu quant à cette action nous est rapportée: «Par la foi, Joseph, en terminant sa vie, fit mention de la sortie des fils d’Israël et donna un ordre touchant ses os» (Héb. 11:22). Dans notre chapitre, nous avons la réponse de Dieu à la foi de son serviteur. Cette fameuse nuit de la pâque, Moïse avait certainement suffisamment de préoccupations pour organiser le départ d’une telle multitude. Comment aurait-il pu penser encore aux os de Joseph? Mais, dans la dépendance de Dieu, celui-ci avait fait jurer les fils d’Israël. Il croyait, c’est pourquoi il parlait; et ayant mis sa confiance en Dieu, il était impossible qu’il soit confus. Pour l’œil naturel, il était hautement improbable, au moment de la mort de Joseph, que le peuple quitte jamais l’Égypte. Mais le saint qui allait mourir se confiait dans la parole et la promesse infaillibles de Dieu, et ainsi avec une pleine assurance, il «donna un ordre touchant ses os». Environ quatre cents ans s’écoulèrent (car les Israélites séjournèrent quatre cent trente ans en Égypte comme nous le voyons au chapitre 12:41) et Dieu visita les siens. Le serment leur est rappelé et ainsi les os du patriarche les accompagnèrent dans leur exode. N’avons-nous pas là un exemple remarquable de la fidélité de Dieu et du prix qu’avait pour lui la foi de son serviteur?
7.6. Conduits par la nuée
Au verset suivant (v. 20) nous trouvons les noms des premiers endroits où ils campèrent: «Et ils partirent de Succoth, et campèrent à Etham, à l’extrémité du désert». Ils étaient partis de Ramsès (chap. 12:37) pour Succoth... comme nous en avons la description ici. Tous ces lieux étaient situés en Égypte, et malgré les nombreuses études et recherches effectuées à leur sujet, leur localisation ne dépasse pas les limites des suppositions. Le point à souligner, c’est qu’ils étaient divinement conduits dans leur marche. Celui qui avait choisi leur chemin les y guidait, allant devant eux, de jour dans une colonne de nuée, et de nuit dans une colonne de feu, dans tous leurs déplacements. Jamais il ne leur retira ces précieux symboles de sa présence tant qu’ils furent dans le désert. N’est-ce pas une belle illustration de la vérité que l’Éternel reste toujours le guide de son peuple? Celui qui les a fait sortir d’Égypte sera toujours visible devant eux sur le chemin qu’ils suivent. Jamais il ne dit: «allez»; mais toujours sa parole est: «suivez-moi».
Il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces (1 Pierre 2:21). Il est, lui, le Chemin, et aussi la Vérité et la Vie (Jean 14:6). Nous n’avons pas la direction visible dont jouissaient les enfants d’Israël: c’est tout à fait vrai; mais elle ne demeure pas moins discernable et réelle pour l’œil spirituel. La Parole est une lampe à notre pied, et une lumière à notre sentier (Ps. 119:105).
Il est intéressant de relever qu’il n’y avait pas de direction semblable en Égypte et qu’il n’y en aura pas non plus dans le pays. Voilà qui met en évidence une vérité importante: ce n’est que dans le désert que l’indication du chemin est nécessaire. C’est là que, dans sa tendresse et dans sa miséricorde, l’Éternel prend la direction des siens, leur montrant le chemin qu’ils doivent suivre, où ils doivent se reposer et quand ils doivent marcher. Rien n’est laissé à leur propre initiative; Dieu entreprend, lui-même, tout pour eux, leur demandant uniquement d’avoir les yeux fixés sur leur Guide. Bienheureux ceux qui sont conduits ainsi et qui sont prêts à le suivre!
Chapitre 14, versets 1 à 9
8. Exode 14 — Dieu, le Rédempteur de son peuple.
Au chapitre 12, Dieu apparaît comme un juge, car une fois que la question du péché a été soulevée, la sainteté de sa nature exige qu’il s’en occupe, et qu’il le traite en justice. Ainsi Dieu était là contre son peuple, à cause de leur péché, bien que, dans sa grâce et selon ses directives, un moyen ait été trouvé de satisfaire à ses justes exigences par le sang de l’agneau pascal. Mais dans ce chapitre, celui qui était contre le peuple à cause de ses péchés, est pour lui maintenant en vertu du sang. Sa justice, sa vérité, sa majesté — tout ce qu’il est, avait été satisfait par le sang dont il avait été fait aspersion. Une propitiation1 a été faite sur la base de laquelle Dieu peut prendre en main la cause de ceux qui ont été placés sous sa valeur. Il se présente ici par conséquent comme un Sauveur, un Rédempteur. Historiquement un intervalle sépare ces deux caractères. Il a été un Juge la nuit de la Pâque, et un Rédempteur à la mer Rouge; et c’est dans cet ordre que la majorité des âmes réveillées apprennent à le connaître. Lorsque quelqu’un est amené à la conviction de son état de péché, quand c’est véritablement l’œuvre de l’Esprit de Dieu, Dieu lui apparaît comme un Juge à cause de sa culpabilité. Mais quand la conscience est en paix après avoir compris par la foi que le sang de Christ a répondu à toutes les exigences de Dieu et l’a purifiée de toute culpabilité, l’âme discerne que Dieu lui-même est de son côté et en trouve la preuve dans le fait qu’il a ressuscité le Seigneur Jésus d’entre les morts.
1 Par «propitiation», on comprendra que nous entendons la valeur figurée du sang. La propitiation à proprement parler a été faite par le sang dont il a été fait aspersion sur le propitiatoire (Comparer Lev. 16:14 et Rom. 3:25).
8.1. Dieu est pour nous
Ces deux étapes sont clairement distinguées en Romains 3 et 4. Ainsi, au chapitre 3, il s’agit de la foi dans le sang, la foi en Jésus (v. 25, 26); tandis qu’au chapitre 4, il est question de la foi en Dieu (v. 24). Et il n’y a pas de paix véritable avant que cette deuxième étape soit atteinte. Mais si ces deux points sont séparés historiquement en relation avec les enfants d’Israël, et s’ils le sont généralement dans l’expérience des âmes, n’oublions pas qu’ils ne sont que deux côtés d’une seule et même œuvre. Ainsi, sous cet aspect, la mer Rouge, tout en manifestant la puissance de Dieu, d’une part dans la rédemption de son peuple et d’autre part dans la destruction du Pharaon et de ses armées, n’est que la conséquence du sang dont il a été fait aspersion la nuit de la Pâque. Le sang était la base de toutes les interventions subséquentes de Dieu pour Israël. Si donc il est parfaitement exact que la rédemption ne pouvait pas être connue avant la traversée de la mer Rouge, l’aspersion du sang était une œuvre plus profonde, car c’était par elle que Dieu était glorifié en relation avec le péché du peuple, et c’était elle aussi qui lui permettait d’opérer leur délivrance complète, en harmonie avec chacun des attributs de Son caractère. Nous ne pourrons comprendre ce chapitre que si nous gardons en mémoire la distinction, et en même temps la relation, entre ces deux aspects d’une même œuvre. Alors seulement nous aurons la clé de son interprétation, et nous verrons que tout ce qui y est rapporté est lié à cette vérité.
8.2. Une situation désespérée
8.2.1. Ch. 14:1-4
La première chose que fit l’Éternel fut de placer son peuple dans une position absolument désespérée à vue humaine. Arrivé près de la mer et encerclé par le désert, il est mis dans une situation n’offrant apparemment aucune échappatoire, si, comme Dieu l’avait déterminé, le Pharaon se lançait à sa poursuite. Son but était d’entraîner le Pharaon à sa destruction et de rejeter sur Lui les enfants d’Israël dans une dépendance entière. Les deux choses se réalisèrent, car les Égyptiens devaient apprendre qu’il était l’Éternel, et les Israélites devaient reconnaître qu’il était leur salut. C’est ce qui va être placé devant nous dans la suite du récit.
8.2.2. Ch. 14:5-9
Quelle révélation de l’aveuglement du cœur humain n’avons-nous pas dans le cas du Pharaon! L’Éternel avait étendu son bras en jugements successifs et avait finalement arraché un cri d’angoisse à chaque maison dans le pays d’Égypte. Malgré cela le roi et ses serviteurs se relèvent du coup qui sur le moment les a accablés, se repentent d’avoir laissé partir les Israélites et se lancent audacieusement à leur poursuite pour les réduire à nouveau à la servitude. Ils les poursuivent donc, «tous les chevaux, les chars du Pharaon, et ses cavaliers et son armée, les atteignirent campés près de la mer, près de Pi-Hahiroth, devant Baal-Tsephon». Comme nous l’avons expliqué, c’est l’Éternel qui avait disposé les choses ainsi. Pour le Pharaon et son armée, se placer dans une telle position pouvait sembler une pure folie, et peut-être même une preuve qu’ils étaient dirigés par la folie humaine plutôt que par la sagesse divine. Aussi les Égyptiens marchent-ils dans la pleine assurance d’une victoire facile. Car comment un peuple de fugitifs, encombré de femmes et d’enfants, pourrait-il échapper à leur poursuite? Les Israélites incrédules avaient la même pensée. Ils étaient à l’abri du sang, ils étaient guidés par la colonne de nuée, ils allaient sans doute dire: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» Mais la vue fut plus forte que la foi. La mer était devant eux, le Pharaon et ses armées, derrière. Pour l’œil naturel, il n’y avait pas d’échappatoire; la captivité ou la mort étaient certaines. Voilà l’effet produit sur leurs esprits.
Chapitre 14, versets 10 à 20
8.3. Effroi et incrédulité
8.3.1. Ch. 14:10-12
Chacune de leurs paroles porte la marque de l’incrédulité, et cela parce qu’ils jugent selon ce que leurs yeux voient. Ils ont une grande peur; ils sont sur le point de mourir dans le désert; ils avaient bien dit qu’il en serait ainsi et que la servitude en Égypte valait infiniment mieux que la mort qui les attendait maintenant. Leur erreur était de laisser l’Éternel en dehors de leurs prévisions — ce que l’incrédulité fait toujours — et d’en faire ainsi une affaire entre eux et les Égyptiens. Mais Moïse est soutenu; sa foi ne fléchit pas et il peut alors les encourager et censurer leur incrédulité.
8.3.2. Ch. 14:13, 14
En fait une œuvre double devait être accomplie ce jour-là, une œuvre à laquelle le peuple ne pouvait avoir aucune part. Ils devaient en effet être débarrassés d’une part de la puissance de Satan, représentée par le Pharaon et ses armées, d’autre part de la mort et du jugement, figurés par la mer Rouge. Et les deux sont liés. Car par le péché de l’homme, Satan a acquis des droits et brandit la mort comme le juste châtiment de Dieu. Il est tout à fait vrai que les enfants d’Israël étaient déjà à l’abri par le sang de l’agneau pascal et qu’ils auraient dû par conséquent jouir d’une paix parfaite. Mais ils ignoraient la valeur de ce sang. Ils savaient qu’il les avait sauvés des coups du jugement, que leurs maisons avaient été épargnées lorsque Dieu avait frappé les premiers-nés d’Égypte; mais ils n’avaient pas encore appris que ce même sang était à la base d’une œuvre complète en leur faveur, la délivrance de leurs ennemis, la direction à travers le désert et même la possession de l’héritage promis.
Aussi, lorsqu’ils virent le Pharaon, ils «eurent une grande peur» et ils «crièrent à l’Éternel». L’Éternel vient au-devant de leur faiblesse et de leurs doutes; par ce message que Moïse leur délivre, il leur rappelle que c’est Lui qui va opérer pour les délivrer à la fois du pays du roi d’Égypte et des eaux de la mer Rouge. Eux-mêmes sont invités à ne pas craindre, à se tenir là et à voir la délivrance de l’Éternel; car leurs ennemis allaient disparaître pour toujours de devant leurs yeux; l’Éternel combattrait pour eux et eux n’auraient qu’à demeurer tranquilles. Le salut est à l’Éternel! Précieuse vérité, que nous sommes pourtant lents à apprendre! Combien de personnes se laissent embarrasser par la pensée qu’elles doivent faire quelque chose. Eh bien non! Celui qui a fourni l’agneau pascal dont le sang nous purifie de tout péché fera tout le reste. Le salut est son œuvre à Lui, parfaite et achevée. Vouloir y ajouter quoi que ce soit par nos propres actes ou nos efforts ne fait que gâter sa beauté et sa perfection. Que peut faire l’homme quand Satan et la mort sont en question? Face à de tels ennemis, il est sans défense. Il ne peut ni leur échapper ni les vaincre; sa seule issue consiste à se tenir tranquille pour voir la délivrance de l’Éternel. Quel réconfort pour le cœur craintif et anxieux! Puissent les âmes terrifiées par la puissance de Satan en présence de la mort entrer dans la pleine jouissance de ce précieux message: «L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles». La suite du récit nous montrera comment se vérifièrent les paroles de l’Éternel par son serviteur.
8.3.3. Ch. 14:15-18
Il n’y a pas d’incompatibilité entre le commandement de Moïse: «Tenez-vous là», et celui qui est donné maintenant: «Qu’ils marchent». Il convenait bien de leur rappeler qu’ils ne pouvaient rien faire; mais la foi aurait dû comprendre que l’œuvre était accomplie, et aurait dû marcher hardiment à travers la mer qui semblait arrêter l’avance du peuple. La mort et le pouvoir de la mort avaient été vaincus, la délivrance avait été opérée; aussi devaient-ils aller de l’avant. Tant l’ordre que l’enseignement qu’il apporte sont très beaux. L’Éternel accomplit l’œuvre, et par l’œuvre achevée du salut, une voie pour échapper au pouvoir de Satan a été ouverte au travers de la mort. Elle reste ouverte, et il appartient au croyant de s’y engager, d’avancer d’un pas assuré, dans la confiance que Celui qui était son Juge est devenu maintenant son Sauveur. C’est ce que l’Éternel va placer devant les Israélites dans le nouveau commandement qu’il donne à Moïse. Il manifestera sa puissance sur la mer devant les yeux du peuple pour apaiser ses craintes, et lui garantir sa protection et ses soins. Mais cela réclame des explications plus précises. Si Moïse doit commander aux enfants d’Israël de marcher, il reçoit en même temps l’ordre de lever sa verge, d’étendre sa main sur la mer et de la fendre pour que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à sec. Les Égyptiens dont le cœur aura été endurci, entreront après eux, ils les suivront pour leur propre destruction, et Dieu sera glorifié à la fois dans le salut de son peuple et dans l’anéantissement de leurs ennemis. Après avoir donné ces instructions à Moïse, l’Éternel passe à l’action.
8.4. Ch. 14:19, 20 — Sous la protection de l’Ange
Les différentes étapes de cette délivrance miraculeuse réclament notre attention. D’abord, l’Ange de l’Éternel part pour se placer «entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël». Dieu se met ainsi entre le peuple racheté par le sang et ses poursuivants. Car en fait, tout ce qu’il est, dans chacun des attributs de son caractère, est engagé en leur faveur. Cette multitude paniquée peut bien être l’objet des moqueries de l’élite de la cavalerie de l’Égypte, elle est sous la protection du Tout-Puissant; avant qu’elle puisse être atteinte, il fallait rencontrer et vaincre Dieu lui-même. Oh! quelle force et quelle consolation dans cette précieuse vérité: Dieu prend en main la cause du plus faible de ceux qui sont à l’abri du sang de Christ! Satan peut ranger toutes ses légions en ordre de bataille et chercher à terrifier l’âme par le déploiement de sa puissance, mais ses vanteries et ses menaces peuvent être ignorées, car la bataille est à l’Éternel. Il ne s’agit donc pas de ce que nous sommes, mais de ce que Dieu est. Et remarquons que celui qui est pour le croyant est contre l’ennemi. Ce qui éclairait les enfants d’Israël était pour le Pharaon et son armée une nuée et des ténèbres. La présence de l’Éternel terrifie tous ceux qui ne sont pas purifiés du péché par le précieux sang. Aussi le camp des Égyptiens fut-il coupé de celui d’Israël, et «l’un n’approcha pas de l’autre de toute la nuit» (v. 20). Ne devrions-nous pas être remplis d’assurance quand cette vérité — Dieu pour nous — est si pleinement révélée? Élisée en connaissait la puissance lorsque, pour répondre aux craintes exprimées par son serviteur, il affirma: «Ne crains pas; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux». Alors, en réponse à la prière du prophète, le jeune homme eut les yeux ouverts, «et il vit: et voici la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée» (2 Rois 6:15-17). Mais répétons-le, si Dieu est pour nous, c’est uniquement sur le fondement du sang précieux de Christ. C’est la première chose qui est enseignée ici: Dieu protège son peuple contre la puissance de Satan.
Chapitre 14, versets 21 à 31
8.5. Ch. 14:21-22 — Un passage à travers la mer
La division des eaux de la mer Rouge est le second point à relever. Moïse devait lever sa verge et étendre sa main sur la mer (v. 16). La verge est un symbole de l’autorité et de la puissance de Dieu; et ainsi c’est devant elle que les eaux se fendirent. Le fort vent d’orient est un instrument employé, mais en relation avec le commandement de Sa puissance exprimé dans l’emploi de la verge. Ainsi Dieu ouvrait à son peuple un chemin au travers de la mort. Comme d’un côté il les mettait à l’abri de la puissance de Satan, de l’autre, par la mort il les délivrait de la mort. Voilà la signification typique de la mer Rouge — la mort et aussi la résurrection — dans la mesure où le peuple fut amené sur l’autre rive. Pour reprendre les paroles d’un autre: «Quant au sens moral du type de la mer Rouge, c’est évidemment la mort et la résurrection de Jésus et de son peuple en Lui, sous l’aspect de l’accomplissement réel de l’œuvre, de sa propre efficace comme délivrance par rédemption. Dieu y agit pour faire sortir ce peuple, par la mort, du péché et de ce présent siècle, le délivrant absolument de l’un et de l’autre par la mort dans laquelle Il avait amené Christ, à l’abri, par conséquent, de toute atteinte de l’ennemi»1.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
Deux détails illustrent cela d’une manière très belle. Ils «entrèrent au milieu de la mer à sec». Pourquoi? Parce que — nous parlons de l’enseignement symbolique — Christ était descendu dans la mort et en avait épuisé la puissance. Par sa mort il a vaincu la mort et dans la mort il a rencontré et aboli toute la puissance de Satan. Par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et a délivré tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie, assujettis à la servitude (Héb. 2:14, 15).
Toute la force et la puissance de la mort se sont déversées sur Christ et, par conséquent, les croyants la «traversent à sec». De plus, nous lisons que «les eaux étaient pour eux un mur à leur droite et à leur gauche» (v. 22). Non seulement la mort n’avait plus de pouvoir sur eux, mais elle devenait une protection. Ainsi la mer qu’ils redoutaient et qui paraissait les livrer en la main du Pharaon, devient le moyen de leur salut. C’est par elle qu’ils furent délivrés d’Égypte; au lieu d’être leur ennemie, elle était devenue leur alliée.
L’accomplissement béni que tout cela a trouvé dans la mort et la résurrection de Christ devrait être familier à tout croyant. Non seulement nous avons été mis à l’abri du jugement par l’aspersion du sang, mais par la mort et la résurrection de Christ, et par notre mort et notre résurrection avec Lui, nous avons été conduits hors d’Égypte et délivrés de la puissance et de Satan et de la mort. Nous sommes déjà passés de la mort à la vie; nous avons été arrachés à notre ancienne condition et placés sur un terrain nouveau dans le Christ Jésus. Nous pouvons même faire un pas de plus et indiquer un accomplissement différent de ce type. La mort, qui est l’ennemie du pécheur, est devenue l’amie du croyant; c’est par elle que nous serons introduits dans la présence du Seigneur, si nous devons mourir avant Son retour.
8.6. Ch. 14:31 — La destruction des ennemis
Le dernier point à relever est la destruction des Égyptiens. Dans leur témérité et leur présomption audacieuse ils les «poursuivirent, et entrèrent après eux, tous les chevaux du Pharaon, cavaliers, au milieu de la mer». Même la colonne de feu ne les arrêta pas. Dans une vaine confiance en leur propre force, ils se précipitèrent au-devant d’un jugement sûr et certain. «Et il arriva, sur la veille du matin, que l’Éternel, dans la colonne de feu et de nuée, regarda l’armée des Égyptiens, et mit en désordre l’armée des Égyptiens. Et il ôta les roues de leurs chars, et fit qu’on les menait difficilement». Ils sont maintenant convaincus de l’inutilité de leur contestation, et voudraient bien s’enfuir: mais c’est trop tard.
Sur le commandement de l’Éternel, Moïse étendit une fois encore sa main sur la mer, et les eaux retournèrent et couvrirent toute l’armée des Égyptiens, de sorte qu’il «n’en resta pas même un seul» (v. 28). «Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, ce que les Égyptiens ayant essayé, ils furent engloutis» (Héb. 11:29). Une leçon solennelle est ainsi enseignée: affronter la puissance de la mort dans la confiance humaine, c’est aller au-devant d’une destruction certaine. Seul le peuple racheté par le sang peut traverser en sécurité. Tous les autres seront infailliblement engloutis; et pourtant que d’âmes croient pouvoir rencontrer la mort et le jugement par leur propre force. Qu’elles pèsent l’avertissement donné par le sort du Pharaon et de son armée. Il ne peut pas y avoir de délivrance en dehors de Christ. Lui seul est le chemin du salut, car lui seul a rencontré la mort et l’a vaincue: il est celui qui a été mort, qui est ressuscité, qui est vivant aux siècles des siècles et qui tient les clés de la mort et du hadès.
Trois éléments viennent conclure ce chapitre. Il y a d’abord la répétition du fait qu’Israël a marché à sec au milieu de la mer, et que les eaux ont été pour eux un mur à leur droite et à leur gauche. L’accent est mis sur le contraste entre la délivrance d’Israël et la destruction des Égyptiens. Il y a donc deux classes de personnes et deux seulement: les perdus (les Égyptiens) et les sauvés (les Israélites). Les premiers furent engloutis dans la mort et le jugement; les seconds traversèrent en sécurité, parce qu’ils étaient protégés par la valeur du sang de l’agneau. Nous lisons ensuite que «l’Éternel délivra en ce jour-là Israël de la main des Égyptiens» (v. 30). Il les avait mis à l’abri du jugement, mais maintenant il les délivrait de la main de l’ennemi. La puissance de celui-ci était anéantie, et par conséquent ils étaient délivrés. Le chapitre suivant montrera la pleine signification de ce terme; mais remarquons que c’est ici pour la première fois que le mot «délivrés» prend son sens complet.
Enfin, l’effet produit sur l’âme des enfants d’Israël, est relevé. «Israël vit la grande puissance que l’Éternel avait déployée contre les Égyptiens; le peuple craignit l’Éternel, et ils crurent à l’Éternel, et à Moïse son serviteur». Un tel déploiement de puissance, en destruction d’une part et en rédemption de l’autre, avait touché leur cœur et produit en eux une sainte crainte. En Égypte, ils avaient sans doute craint l’Éternel, ils l’avaient redouté comme un Juge saint; mais maintenant, c’était une crainte d’un genre différent, suscitée par la manifestation de sa puissance en miracles, et qui les amenait à considérer comme leur Seigneur. C’était la crainte résultant d’une relation intime, la crainte de déplaire à celui qui en est l’objet. Elle découlait de ce qu’ils reconnaissaient la sainteté de Dieu dans leur salut. Le fait qu’eux aussi crurent à l’Éternel, et à Moïse son serviteur l’indique. Le témoignage de ce qu’Il était et de qui Il était avait été manifesté devant leurs yeux. Ils l’avaient reçu, et maintenant non seulement l’Éternel les avait choisis pour être son peuple, mais eux également, par la foi, le reconnaissaient et le recevaient comme leur Seigneur. Ils crurent aussi à Moïse, leur conducteur établi par Dieu. Ils ont effectivement été baptisés pour Moise dans la nuée et dans la mer (1 Cor. 10:2). Un travail avait donc été opéré à la fois pour eux et en eux, et tant l’un que l’autre procédaient de la puissance et de la grâce de Dieu. Celui qui, d’une manière si merveilleuse, les avait fait sortir d’Égypte et les avait conduits au travers de la mer Rouge, produisit dans leur cœur une réponse à ce qu’il était et à ce qu’il avait fait pour eux. Le salut n’est jamais compris ni goûté avant que ces deux points ne soient unis. Ainsi l’œuvre sur la base de laquelle Dieu peut sauver les pécheurs est achevée depuis longtemps; mais le pécheur n’est sauvé que lorsqu’il croit. «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé,a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24).
Chapitre 15, versets 1 à 21
Ce chapitre occupe une place très importante; d’une part il marque la position nouvelle dans laquelle les enfants d’Israël sont maintenant introduits, et d’autre part il exprime les sentiments, produits en eux sans aucun doute par le Saint Esprit, qui conviennent à cette position. C’est un véritable cantique de la délivrance; et, en même temps, il a un caractère prophétique, puisqu’il embrasse les conseils de Dieu envers Israël jusqu’au millénium, lorsque «l’Éternel régnera à toujours et à perpétuité» (v. 18). Ce cantique a donc un double caractère: d’abord en rapport avec Israël, et puis, dans la mesure où le passage de la mer Rouge a un caractère essentiellement symbolique en rapport aussi avec la position du croyant. Si nous gardons cela à l’esprit, nous comprendrons plus facilement la portée de ce chapitre.
9.1. Ch. 15:1-19 — Le premier cantique1
1 Au verset 2, la traduction: «et je lui préparerai une habitation» est plus que douteuse. Les Septante, la Vulgate et Luther le rendent tous: Il est mon Dieu, et je le célébrerai (ou: glorifierai), le Dieu de mon père, et je l’exalterai». (Ed.)
Le premier point à remarquer au sujet de cette explosion de joie, c’est que, dans les Écritures, nous ne trouvons aucun cantique qui ne soit plus ou moins directement en relation avec la rédemption. Même des anges, il n’est jamais dit qu’ils chantent. À la naissance du Seigneur, «il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu, et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes!» (Luc 2:13, 14). De même, dans l’Apocalypse, Jean dit: J’entendis «une voix de beaucoup d’anges à l’entour du trône et des animaux et des anciens; et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers, disant à haute voix: Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction» (Apoc. 5:11, 12). Ce sont donc seulement des êtres rachetés qui peuvent chanter et nous apprenons par là quel est le vrai caractère du chant chrétien. Il devrait être l’expression de la joie du salut, des accents de louange et de bonheur produits dans l’âme par la connaissance de la rédemption. «Quelqu’un est-il joyeux», dit Jacques, «qu’il chante des cantiques» (Jacq. 5:13). Autrement dit si quelqu’un est débordant d’une vraie joie, une joie découlant d’une rédemption connue, une joie dans le Seigneur comme Rédempteur, il devrait l’exprimer par la louange à Dieu. «Alors Moïse et les fils d’Israël chantèrent ce cantique à l’Éternel». Ce fut à ce moment-là, en contemplant pour la première fois ce qu’était la rédemption, qu’ils exprimèrent dans un cantique le bonheur de leur cœur. Il ne devrait y avoir, et en fait il n’y a pas d’autre cantique véritable pour le croyant. En avoir un autre sur ses lèvres, ce serait oublier son vrai caractère de chrétien, comme aussi l’unique source de sa joie.
9.2. La joie du salut
Le cantique lui-même peut être considéré sous deux aspects: son sujet général, et les vérités qu’il contient. Quant au sujet, c’est simplement l’Éternel lui-même et ce qu’il a fait. Mais cela embrasse beaucoup de choses. C’est l’Éternel lui-même révélé et connu dans la rédemption. «Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut» (v. 2). Car c’est seulement dans la rédemption qu’il peut être connu. Ainsi jusqu’à la croix de Christ, il n’était pas, il ne pouvait pas être pleinement révélé. Il se manifesta aux enfants d’Israël dans le caractère de la relation dans laquelle ils furent amenés, mais c’est seulement après que fut accomplie la rédemption, dont le récit que nous avons ici n’était qu’un type, qu’il se révéla pleinement, dans tous les attributs de son caractère. Mais quel que fût, dans chacune des dispensations qui se succédèrent, le degré de sa manifestation, il ne pouvait être connu autrement que par la rédemption, en type ou réelle, et par la relation dans laquelle elle introduit les rachetés. Les enfants d’Israël le connaissaient comme l’Éternel; par grâce, nous le connaissons comme notre Dieu et Père, parce qu’il est le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Mais, quelle que soit la dispensation, il est toujours, Lui, tel qu’il se révèle, le sujet des cantiques des siens, car dans tous les âges, c’est en Lui seul qu’ils se réjouissent. Il y a cependant, comme nous l’avons fait remarquer, une autre chose: ce qu’il a fait; et cela paraît très clairement dans le cantique de Moïse et des fils d’Israël.
9.3. Deux motifs de louange
Il y a nécessairement deux aspects de cette œuvre: le salut de son peuple, et la destruction de leurs ennemis. Cela est exprimé de diverses manières et avec toute la grandeur qui convenait à la majesté de Celui qui avait opéré ainsi en leur faveur. Il ne s’agit pas de ce qu’ils avaient accompli, mais de ce que l’Éternel a fait. Ils ne célébraient pas leur triomphe, mais le sien. En présence d’un si merveilleux déploiement de puissance rédemptrice, ils s’oublient eux-mêmes. «Je chanterai à l’Éternel, car il s’est hautement élevé; il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait» (v. 1). Ils magnifient l’Éternel, car, comme divinement inspirés, ils comprennent que l’œuvre que l’Éternel a accomplie était à sa propre gloire. «Ta droite, ô Éternel! s’est montrée magnifique en force»; et encore, «Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel? Qui est comme toi, magnifique en sainteté, terrible en louanges, opérant des merveilles» (v. 6, 11). Les croyants de la dispensation actuelle auraient certes beaucoup à apprendre de ce premier cantique de la rédemption, quant au caractère que devrait avoir leur louange lorsqu’ils sont rassemblés pour l’adoration, dans la puissance du Saint Esprit. Ce cantique de la rédemption, étant le premier, contient les principes de la louange pour toutes les générations à venir. Il mérite donc d’être examiné avec prières par chaque croyant.
C’est en considérant les vérités contenues dans ce cantique que nous en découvrons la plénitude et la variété. La première de ces vérités, c’est que maintenant les enfants d’Israël sont rachetés, la rédemption étant, comme nous l’avons fait remarquer, le refrain de leur cantique. «Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut». Et encore: «Tu as conduit... ce peuple que tu as racheté». Jusqu’à ce moment, les Israélites n’étaient pas rachetés, ils ne connaissaient pas le salut. Ils avaient été mis, d’une manière parfaite, à l’abri du destructeur en Égypte, mais on ne pouvait pas dire qu’ils étaient sauvés avant qu’ils aient été conduits hors d’Égypte et délivrés du Pharaon, autrement dit de la puissance de Satan. La même distinction peut être faite aujourd’hui quant aux exercices d’une âme. Il y a beaucoup de personnes qui savent que leurs péchés leur sont pardonnés par le sang de Christ, mais qui ensuite, ne connaissant ni la nature de la chair qui est en elles ni la puissance de Satan en activité pour harceler et troubler, non seulement perdent la joie que leur avait apporté le pardon, mais parfois sont réduites, par les difficultés qui les assaillent de tous côtés, à un état d’abattement et de crainte. La prise de conscience de leur incapacité complète à faire quelque chose ou à résister à l’Ennemi les pousse à s’écrier, comme en Romains 7: «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?» (v. 24).
C’est alors que ces personnes apprennent que le Seigneur Jésus n’a pas seulement pourvu au lavage de leurs péchés par son précieux sang, mais que, par sa mort et sa résurrection, il les a tirées de leur ancienne condition et les a placées dans une position nouvelle en lui, au-delà de la mort et du jugement. Leurs yeux étant maintenant ouverts, elles voient qu’en lui elles ont été entièrement délivrées de tout ce qui était contre elles; que Satan a perdu ses droits sur elles et que, par conséquent, il n’a plus aucun pouvoir sur elles. Elles sont ainsi libérées; leur mauvaise nature a déjà été jugée; la puissance de Satan a été vaincue dans la mort de Christ; et, délivrées, elles ont maintenant le cœur rempli de reconnaissance et de louange.
Il n’est malheureusement que trop vrai que cette pleine bénédiction échappe à beaucoup, mais elle n’en est pas moins la portion de chaque croyant. Et il ne peut jamais y avoir une pleine assurance de salut, une paix ferme et inébranlable, tant que cette délivrance totale n’est pas connue. Elle doit, sans doute, être apprise par l’expérience, mais elle dépend entièrement et uniquement de ce que Christ est et a fait; aussi, cette bénédiction dans sa totalité est présentée aux pécheurs dans l’évangile de la grâce de Dieu. Il se peut que l’âme apprenne d’abord à connaître le pardon des péchés; mais il n’en reste pas moins qu’une complète rédemption est acquise et annoncée à tous ceux qui veulent recevoir le message de l’évangile. Il est de toute importance que cette vérité soit connue; car son ignorance fait de milliers de personnes la proie du doute et de la crainte, les empêchant de se réjouir dans le Seigneur, comme le Dieu de leur salut. Les âmes qui sont dans un tel état ont peu de liberté dans la prière, l’adoration ou le service; mais une fois que la vérité de la rédemption leur devient claire, elles sont contraintes, comme les enfants d’Israël dans la scène qui nous occupe, à donner libre cours à leur joie retrouvée, dans des cantiques de louange.
À suivre
Chapitre 15, versets 1 à 21 (suite)
9.4. Une position nouvelle
Mais il y a plus. Leur position est changée. «Tu l’as guidé [ce peuple] par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté». Ils étaient amenés à Dieu quant à la nouvelle position qu’ils occupaient. Au moment même où ils entraient dans le désert (et cela souligne leur caractère de pèlerins), ils étaient amenés à la demeure de la sainteté de Dieu. Cela correspond à notre position de croyants dans le Seigneur Jésus. Il «a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu». Voilà notre place comme ses rachetés. C’est-à-dire que nous sommes amenés à Dieu, en plein accord avec tout ce qu’il est; Dieu dans toute sa nature morale, ayant été parfaitement satisfait dans la mort de Christ, peut maintenant trouver en nous une parfaite satisfaction.
Cette place, il est vrai, nous est accordée en grâce, mais elle ne l’est pas moins en justice; de sorte que non seulement tous les attributs du caractère de Dieu sont engagés en nous y amenant, mais il est lui-même glorifié en le faisant. C’est une pensée très solennelle, et bien propre, si nous nous y arrêtons, à fortifier et encourager notre âme, de savoir que maintenant déjà nous sommes amenés à Dieu. Toute la distance qui nous séparait de Dieu, distance dont la mesure nous est donnée par la mort de Christ sur la croix lorsqu’il fut fait péché pour nous, a été franchie, et notre position de proximité est garantie par la place qu’il occupe maintenant, glorifié à la droite de Dieu. Même dans le ciel, nous ne serons pas plus près de Dieu que maintenant quant à notre position, car elle est en Christ. N’oublions cependant pas que notre jouissance de cette vérité, et même notre faculté de la comprendre, dépendront de notre état pratique. Dieu attend un état qui corresponde à notre position, c’est-à-dire que notre responsabilité est à la mesure de nos privilèges. Mais jusqu’à ce que nous connaissions notre position, il ne peut y avoir un état qui y corresponde. Il nous faut d’abord apprendre que nous sommes amenés à Dieu pour pouvoir, en quelque mesure, marcher en accord avec cette position. L’état et la marche doivent toujours découler d’une relation connue. À moins donc que la vérité de notre position devant Dieu ne nous soit enseignée, nous n’y répondrons jamais dans notre âme, ni dans notre conduite.
9.5. Un héritage assuré
Le troisième aspect de la vérité, c’est que la position présente des Israélites garantissait l’accomplissement de tout le reste. «Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi. L’Éternel régnera à toujours et à perpétuité» (v. 17, 18). La puissance que Dieu avait déployée à la mer Rouge était la garantie que, premièrement, il accomplirait tous ses propos envers Israël; et secondement, que cette puissance aurait sa manifestation finale dans son règne éternel. La foi, produite par la connaissance de la rédemption, s’empare de ces faits; elle comprend toute l’étendue des propos de Dieu et les considère comme s’ils étaient déjà accomplis. C’est ce que nous avons dans l’épître aux Romains. «Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés» (Rom. 8:30).
Dieu ne serait pas Dieu si ses desseins pouvaient être déjoués. Il peut y avoir des ennemis dans le chemin, et ceux-ci peuvent chercher à s’opposer à l’exécution de la volonté déclarée de Dieu. Mais la foi s’écrie: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» Ainsi, Israël pouvait chanter: «Les peuples l’ont entendu, ils ont tremblé; l’effroi a saisi les habitants de la Philistie. Alors les chefs d’Edom ont été épouvantés; le tremblement a saisi les forts de Moab; tous les habitants de Canaan se sont fondus. La crainte et la frayeur sont tombées sur eux: par la grandeur de ton bras ils sont devenus muets comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple, ô Éternel, ait passé, jusqu’à ce qu’ait passé ce peuple que tu t’es acquis» (v. 14-16). De la même manière, l’apôtre s’écrie: «Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée?» Non, rien, car il est «assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur» (Rom. 8:35-39). L’efficacité du sang assure l’accomplissement de tous les propos de Dieu, introduit tout ce qu’il est: sa majesté, sa vérité, sa miséricorde, son amour, sa toute-puissance, en faveur des siens.
Ce n’est donc pas de la présomption, mais c’est la simplicité de foi, que d’anticiper le plein résultat de notre rédemption. Ce n’est pas mésestimer le caractère et la force de nos ennemis; mais, les mesurant à ce que Dieu est, l’âme est aussitôt assurée d’être plus que vainqueur par celui qui nous a aimés. C’est faire ressortir la consolation pleine et bénie de la vérité que Dieu agit par sa propre puissance, en dehors de nous, et pour sa propre gloire. Les armées de Satan (les chefs d’Edom, les forts de Moab, et les habitants de Canaan) peuvent bien chercher à barrer le chemin de l’héritage, mais quand Dieu se lève dans sa puissance, en faveur de son peuple placé sous l’aspersion du sang, elles sont dispersées, comme la paille par le vent. Ainsi, l’issue est certaine dès le commencement, et le chant triomphant de la victoire peut s’élever avant que nous ayons fait un seul pas dans le chemin du désert. Le dénouement sera à la gloire de Celui qui nous a rachetés. «L’Éternel régnera à toujours et à perpétuité». Aussi lisons-nous dans l’épître aux Philippiens que c’est selon le propos et le décret de Dieu, «qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:9-11).
Quelle joie pour le cœur du croyant de savoir que le résultat de la rédemption, qui l’introduit dans une bénédiction inexprimable, est l’exaltation du Rédempteur. Dans ce passage, le règne mentionné s’applique indubitablement en premier lieu à la terre. C’est le royaume éternel de Jéhovah, le règne millénaire du Messie qui doit dominer jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Mais, quant au principe, cela va plus loin, car il régnera à toujours et à perpétuité; et cela aussi sera le fruit de l’œuvre de la croix. Là, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix, et la conséquence en est que maintenant il est exalté et qu’il le sera pour l’éternité.
À suivre
Chapitre 15, versets 1 à 21 (suite)
9.6. Une habitation pour Dieu
Jusqu’ici, tout ce que nous avons considéré est en rapport avec les desseins de Dieu. Mais, au verset 2, il y a une exception. Aussitôt que les Israélites peuvent dire: «Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut», ils ajoutent: «Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation1, — le Dieu de mon père, et je l’exalterai». C’est une chose différente du «sanctuaire... que tes mains ont établi», du verset 17. Celui-ci se rapporte à l’accomplissement des conseils de Dieu dans l’établissement du royaume et du temple à Jérusalem. Tandis que celui-là devait être une chose présente: «Je lui préparerai une habitation». C’est, en fait, le tabernacle. Cela sera placé devant nous d’une façon plus claire dans les chapitres suivants; mais nous pouvons remarquer que c’est ici la première fois qu’il est fait mention d’une habitation pour l’Éternel au milieu de son peuple. Dieu avait des saints auparavant, mais pas un peuple; et il n’habita jamais sur la terre avant que la rédemption ne fût accomplie. Il visitait ses saints, se manifestait à eux de différentes manières, mais jamais il n’a eu son habitation au milieu d’eux. Cependant aussitôt l’expiation du péché accomplie par le sang de l’agneau, et aussitôt le peuple conduit hors d’Égypte, après avoir été sauvé par la mort et la résurrection, Dieu met au cœur des siens de lui préparer une habitation2. Dès le début de leur exode, l’Éternel les conduisit, allant devant eux, de jour dans une colonne de nuée et de nuit, dans une colonne de feu. Mais il ne pouvait avoir un lieu d’habitation en Égypte, sur le territoire de l’ennemi. Une fois les Israélites placés sur un terrain nouveau, l’Éternel peut s’identifier avec eux, habiter au milieu d’eux, être leur Dieu, et eux, son peuple.
1 On peut certes se demander si le mot hébreu est traduit correctement ici (voir la note plus haut). Mais les commentaires faits sur le texte français peuvent être maintenus; car la vérité est de toute importance. (Ed.)
2 La pensée de bâtir un sanctuaire venait de Dieu, et non pas d’Israël (voir chap. 25:8). C’était le désir de l’Éternel d’habiter au milieu de ses rachetés.
Il en est de même dans la chrétienté. Ce n’est que lorsque l’expiation eut été accomplie et que Christ fut ressuscité d’entre les morts et monté en haut, que Dieu établit son habitation actuelle sur la terre par l’Esprit (Actes 2; Éph. 2). Et il en est de même encore pour le croyant individuellement. C’est seulement après qu’il a été lavé par le sang de Christ que son corps devient le temple du Saint Esprit. La vérité qui se dégage est donc que l’habitation de Dieu sur la terre est fondée sur une rédemption accomplie. Et quel privilège immense! Bien que le désert ne fasse pas partie des propos de Dieu, cependant, dans sa manière d’agir envers les siens, il les y fit marcher quarante ans. Quel privilège alors, pour ces pèlerins fatigués avançant vers l’héritage, d’avoir au milieu d’eux l’habitation de Dieu; un lieu où ils pouvaient s’approcher de lui par les sacrificateurs désignés, avec des sacrifices et de l’encens; le centre également de leur camp. Combien les Israélites pieux devaient être encouragés à la vue de ce tabernacle sur lequel reposait la nuée, symbole de la présence divine! On comprend ainsi le cri d’angoisse de Moïse, après la chute de ce peuple: «Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici; car à quoi connaîtra-t-on que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple? Ne sera-ce pas en ce que tu marcheras avec nous?» (Ex. 33:15, 16).
Nous ne devrions pas oublier que maintenant aussi Dieu a son habitation sur la terre. Cette vérité risque d’être ignorée au milieu de la confusion de la chrétienté. Mais, malgré nos manquements, Dieu habite dans la maison qu’il a établie, et il y demeurera jusqu’au retour du Seigneur. Cette vérité devrait aussi nous encourager et nous consoler; car ce n’est pas peu de chose que d’être retirés de la sphère et du pouvoir de Satan pour être introduits dans la scène de la présence et de la puissance de Dieu. C’est le seul lieu de bénédiction sur la terre, et bienheureux ceux qui en ont été rendus participants par la grâce de Dieu, dans la puissance du Saint Esprit.
9.7. Marie et son tambourin
Ce n’était pas une joie ordinaire qui était exprimée dans ce cantique de louange triomphante. Tout le camp en était pénétré; car «Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit un tambourin en sa main, et toutes les femmes sortirent après elle, avec des tambourins et en chœurs» (v. 20). Et Marie, dirigeant le chant, leur répondait: «Chantez à l’Éternel, car il s’est hautement élevé; il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait» (v. 21). C’est la première fois que Marie est mentionnée par nom, et il est extrêmement intéressant de remarquer qu’elle était prophétesse. C’était elle, très probablement, qui avait veillé sur le coffret de joncs lequel son petit frère Moïse avait été placé, et qui avait été le moyen par lequel l’enfant avait été rendu à sa mère. Elle a ainsi une place d’honneur en Israël, non seulement à cause de ses liens avec Moïse, mais aussi par son propre don distinct. C’est la manière de Dieu de bénir tous ceux qui sont liés à l’homme de son conseil; et cela nous révèle en même temps combien le lien de la famille est sacré à ses yeux. Mais dans la scène qui nous occupe, Marie eut l’honneur et le privilège d’être à la tête des femmes en Israël et d’être l’interprète de leur joie. Tous les cœurs étaient pleins de joie et trouvaient leur expression dans la musique, les danses et les chœurs. Le peuple était racheté et il le savait en cette heureuse journée; débordant de la joie de son salut, il l’exprimait par ces accents de reconnaissance et de louange.
10. Exode 15:22-27 — Mara et Élim
Les chapitres 15:22 à 18:27 forment une partie distincte du livre. Pour bien la comprendre, il faut se souvenir que jusqu’à ce moment, Israël n’était pas encore sous la loi, mais sous la grâce; c’est ainsi que cette brève période prend fin, en figure, avec le millénium. Le lecteur attentif trouvera dans cette constatation la clé de la plupart des événements rapportés ici. Par exemple, l’Éternel supporte avec patience et indulgence les murmures mentionnés aux chapitres 15; 16 et 17, et la plénitude de son inlassable amour répond aux besoins du peuple. Mais après Sinaï, des murmures du même caractère attirent le jugement, pour la simple raison que le peuple a été placé sous la loi à sa propre requête. Les enfants d’Israël étant alors sous le règne de la justice, les transgressions et la rébellion sont aussitôt traitées selon les exigences de la loi qui était à la base du juste gouvernement de l’Éternel. Tandis qu’avant Sinaï, les Israélites étant sous le règne de la grâce, l’Éternel les supporte, et leurs péchés et leurs iniquités sont couverts.
Pour Israël, la traversée du désert allait maintenant commencer. Les accents de leur cantique s’étaient à peine tus, qu’ils se mettaient en route pour leur pèlerinage.
Chapitre 15, versets 22 à 27
10.1. Ch. 15:22-27 — Trois jours sans eau
Ce fut donc là leur première expérience: «Ils marchèrent trois jours dans le désert, et ne trouvèrent point d’eau». L’expression «trois jours», dans les Écritures, est toujours significative. Très souvent, elle est associée à la mort; et ainsi, dans ce verset, les trois jours nous parlent de la distance de la mort. Les Israélites avaient passé, en figure, par la mort; maintenant, ils doivent l’apprendre pratiquement. Si Dieu, dans sa grâce, nous donne une position parfaite devant lui, s’il nous associe à Christ dans sa mort et sa résurrection, le but de toutes ses voies envers nous sera de nous amener dans une conformité pratique à notre nouvelle position. Les enfants d’Israël devaient ainsi apprendre qu’en conséquence de leur délivrance d’Égypte, le monde était devenu un désert pour eux, et que cela devait être réalisé par l’acceptation de la mort. C’est une nécessité fondamentale pour tout croyant. Il ne peut pas y avoir de progrès, pas de véritable rupture avec le passé, avant que la mort soit acceptée, avant que le croyant se reconnaisse comme mort au péché (Rom. 6), mort à la loi (Rom. 7) et mort au monde (Gal. 6).
D’où le caractère des voies de Dieu envers les âmes. Il veut les enseigner par l’expérience, comme dans le cas d’Israël qui est placé devant nous, et les rendre ainsi capables de comprendre le vrai caractère du chemin sur lequel ils sont engagés. Et quelle fut la première expérience d’Israël? Ils ne trouvèrent point d’eau. Comme le psalmiste, ils se trouvaient dans une terre aride et altérée, sans eau (Ps. 63). Toutes les sources de la terre sont taries pour ceux qui ont été rachetés d’Égypte. Il n’y a pas une seule source de vie, rien qui puisse servir en aucune manière à la vie que nous avons reçue en Christ. Quel progrès pour l’âme qui saisit cette vérité. Au début de notre pèlerinage, tout à la joie de notre salut, combien souvent ne sommes-nous pas surpris de découvrir que les sources auxquelles nous avions bu auparavant, et bu avec délices, étaient maintenant sèches. Nous devions nous y attendre; mais la leçon n’est jamais comprise avant que nous soyons allés le chemin de trois jours dans le désert. Découvrir que les ressources de la terre sont épuisées est une expérience vraiment saisissante, mais elle est absolument indispensable pour que nous connaissions la bénédiction renfermée dans cette vérité: «Toutes mes sources sont en toi!»
10.2. Mara
Les Israélites marchèrent et arrivèrent à Mara. Là, il y avait de l’eau; mais ils ne pouvaient boire des eaux de Mara, car elles étaient amères. C’est une autre application du même principe. D’abord, il n’y avait point d’eau à boire; et ensuite, lorsqu’elle est trouvée, elle est si amère qu’on ne peut la boire. C’est l’application à l’âme de la puissance de cette mort par laquelle les enfants d’Israël avaient été délivrés. La chair recule devant cette application et aimerait la mettre tout à fait de côté. Mais elle est absolument nécessaire à ceux qui ont été délivrés d’Égypte, et qui sont des pèlerins en route vers l’héritage. Certes, c’est Mara — amertume; et ainsi le peuple en est troublé, et il murmure contre Moïse, disant: Que boirons-nous? Quel contraste! Quelques jours auparavant, d’un seul cœur, les Israélites, remplis de joie, chantaient les louanges de leur Rédempteur; maintenant le cantique s’est tu, et des murmures discordants s’élèvent à sa place. Il en est de même du croyant: pendant un moment son cœur déborde de louanges, et un instant après la chair se plaint et murmure à cause des épreuves du désert. Mais Moïse intercède pour le peuple; et l’Éternel lui enseigne un bois qui, une fois jeté dans les eaux, les rend douces. C’est une image magnifique de la croix de Christ, qui change entièrement le caractère des eaux amères. «De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sortie la douceur» (Juges 14:14). Ou, comme le dit l’apôtre Paul: «Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde» (Gal. 6:14). Introduisez la croix dans l’amertume des eaux de Mara, et aussitôt elles deviendront douces au palais, elles sont accueillies comme le moyen de la délivrance et de la bénédiction.
Un principe extrêmement important vient ensuite — principe qui est toujours applicable à la marche du croyant et qui se retrouve tout au long des Écritures, et dans chaque dispensation: c’est que la bénédiction dépend de l’obéissance. Donc, la bénédiction des croyants (car les enfants d’Israël étaient maintenant des rachetés) dépend de leur marche. Les Israélites seraient préservés des maladies de l’Égypte, s’ils écoutaient attentivement la voix de l’Éternel, leur Dieu, et faisaient ce qui est droit à ses yeux, etc. (v. 26). Le Seigneur dit pareillement: «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14:23). On ne peut pas assez insister sur ce principe. Il y a de nombreux croyants qui ont connu la joie du salut, et qui pourtant ont perdu la jouissance consciente de leur bénédiction. La raison en est qu’ils sont négligents quant à leur conduite. Ils n’étudient pas la Parole, ou ne prêtent pas l’oreille à ses commandements, et marchent, par conséquent, comme bon leur semble. Quoi d’étonnant alors à ce qu’ils soient froids et indifférents, qu’ils ne jouissent pas consciemment de l’amour de Dieu, de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ?
C’est à ceux qui obéissent que Dieu se plaît à venir, dans les plus douces manifestations de son amour immuable. C’est de ceux qui prêtent attention à chaque précepte de la Parole, de ceux qui cherchent, par la puissance de l’Esprit, à être trouvés dans un chemin d’obéissance pour chaque détail, de ceux dont les délices sont de faire la volonté de leur Seigneur et dont le seul but est de lui être agréables en tout temps, qu’il peut s’approcher, et c’est eux qu’il peut bénir selon sa pensée d’amour. Rien ne peut compenser l’absence d’une marche d’obéissance. Toute notre bénédiction, quant à sa réalisation et à sa jouissance, dépend de cela. Plus encore, elle est le moyen de notre croissance et la condition de notre communion.
10.3. Élim
C’est pour cela qu’il est aussitôt ajouté: «Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers; et ils campèrent là, auprès des eaux». Tout de suite ils trouvèrent du rafraîchissement, du repos et de l’ombre — les fontaines et les palmiers étant, comme l’a dit quelqu’un, «des figures... de ces sources vivantes et de cet ombrage qui ont été fournis pour la consolation du peuple par les instruments choisis de Dieu»1. Combien le repos était bienvenu pour ces pèlerins déjà fatigués! et quelle grâce du Seigneur de préparer un rafraîchissement si agréable pour les siens dans le désert! Comme berger d’Israël, il les conduisit, pour ainsi dire, dans de verts pâturages et les fit reposer à des eaux paisibles pour consoler et réconforter leur cœur2.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
2 Sans aucun doute, les nombres douze et soixante-dix sont significatifs. Douze, c’est la perfection administrative en gouvernement dans l’homme (Israël). Soixante-dix n’est pas aussi clair. Mais souvenons-nous que le Seigneur a choisi ces deux nombres, dans les douze disciples et dans les soixante-dix (Luc 9; 10); ainsi, il semblerait que ce soit une allusion au fait que par leur moyen, il annoncerait ces bénédictions à Isræl.
Chapitre 16, versets 1 à 12
11. Exode 16 — La manne
Les rafraîchissements d’Élim, expression de l’amour et de la tendresse de l’Éternel, n’étaient cependant que passagers. Les enfants d’Israël étaient des pèlerins; et comme tels, leur vocation était de voyager, non pas de se reposer. Aussi l’étape suivante de leur marche est-elle aussitôt rapportée.
11.1. Ch. 16:1-3 — Murmures
Le désert de Sin s’étend «entre Élim et Sinaï». Il occupait donc, comme cela a d’ailleurs déjà été indiqué, une place très spéciale dans l’histoire des fils d’Israël. Élim leur rappellerait toujours une de leurs expériences les plus bénies, de même que le trajet jusqu’à Sinaï replacerait devant leur esprit la longue patience et la grâce de Dieu. Sinaï, en revanche, resterait gravé à jamais dans leur mémoire en relation avec la majesté et la sainteté de la loi. Jusqu’à Sinaï, nous avons ce que Dieu était pour les Israélites, dans sa miséricorde et son amour; mais dès ce moment, et par leur propre volonté, le fondement change et devient ce qu’ils étaient, eux, pour Dieu. C’est là la différence entre la grâce et la loi, d’où l’intérêt particulier se rattachant aux étapes des Israélites entre Élim et Sinaï. Mais, sous la grâce comme sous la loi, la chair restait la même, et ne perdait pas une occasion de manifester son caractère corrompu et incurable. De nouveau, toute l’assemblée des fils d’Israël murmura contre Moïse et contre Aaron dans le désert (v. 2). Ils avaient murmuré à Pi-Hahiroth, lorsqu’ils avaient vu l’armée du Pharaon s’approcher; ils étaient retombés dans le même péché à Mara, parce que les eaux étaient amères; et maintenant, ils se plaignaient encore, à cause de leur condition de pèlerins. «Ils oublièrent vite ses œuvres, ils ne s’attendirent point à son conseil. Et ils furent remplis de convoitise dans le désert, et ils tentèrent Dieu dans le lieu désolé» (Ps. 106:13, 14).
Le souvenir de l’Égypte et de la nourriture de l’Égypte occupait leur cœur, et oubliant le dur esclavage auquel tout cela était lié, ils regardaient avec regret en arrière. Combien souvent n’est-ce pas le cas pour les âmes nouvellement délivrées! Dans le désert; la faim doit toujours être ressentie: car la chair ne peut trouver aucune satisfaction à ses propres désirs, aucun plaisir dans les peines et les fatigues qu’il offre. C’est le lieu où la chair doit être mise à l’épreuve. L’Éternel «t’a humilié, et t’a fait avoir faim; et il t’a fait manger la manne que tu n’avais pas connue et que tes pères n’ont pas connue, afin de te faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel» (Deut. 8:3). C’est là qu’est le conflit. La chair languit après ce qui répondra à ses désirs, mais si nous sommes délivrés d’Égypte, nous ne pouvons pas lui céder: la chair doit être tenue pour morte, considérée comme déjà jugée dans la mort de Christ: c’est pourquoi nous sommes débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon la chair; car si nous vivons selon la chair, nous mourrons; mais si par l’Esprit nous faisons mourir les actions du corps, nous vivrons (Rom. 8:12, 13).
Mais, comme nous l’avons vu dans le Deutéronome, Dieu a un but en permettant que nous ayons faim; c’est de nous détacher des «pots de chair» de l’Égypte, et de nous attirer à lui, pour nous enseigner que la vraie satisfaction, la vraie nourriture ne peuvent être trouvées qu’en lui et en sa Parole. Le contraste est donc établi entre les aliments de l’Égypte et Christ; et quel bonheur lorsqu’une âme apprend que Christ suffit à tous ses besoins! Dans leur incrédulité, les enfants d’Israël accusaient Moïse de vouloir les faire mourir de faim. Mais leur faim avait pour but de susciter en eux un autre appétit, par lequel seul leur vraie vie pourrait être entretenue. L’Éternel, cependant, répondit à leur requête, bien qu’il envoyât la misère dans leurs âmes. Car comme nous le verrons, il leurs donna les cailles aussi bien que la manne.
11.2. Ch. 16:4-12 — La grâce et ses réponses
Avant de parler de la manne, nous désirons attirer l’attention sur deux ou trois points. Le premier est la grâce avec laquelle Dieu répond aux désirs du peuple. En Nombres 11, il répond aussi à leur désir, dans des circonstances analogues; mais «la colère de l’Éternel s’embrasa contre le peuple, et... l’Éternel frappa le peuple d’un fort grand coup» (v. 33). Ici, il n’y pas trace de jugement — seulement la grâce, pleine de patience et de support. La différence provient, si nous pouvons l’énoncer ainsi, de la dispensation. Dans les Nombres, les Israélites étaient sous la loi, et Dieu agit envers eux en conséquence. Ici ils sont sous la grâce, et celle-ci règne malgré leur péché. Deuxièmement, leurs murmures furent l’occasion de la manifestation de la gloire de l’Éternel (v. 10). Ainsi, la manifestation de ce qu’est l’homme fait jaillir du cœur de Dieu la révélation de ce qu’il est Lui. Ce fut le cas dans le jardin d’Eden, et cela se retrouve tout au long de ses voies avec l’homme. Ce principe apparaît en perfection à la croix, où l’homme se manifesta dans toute l’horrible corruption de sa mauvaise nature, et où Dieu fut pleinement révélé. La lumière luit dans les ténèbres, même si les ténèbres ne la comprennent pas et, en fait, la gloire du Seigneur brille d’un éclat d’autant plus grand que sont profondes les ténèbres de l’iniquité de l’homme, iniquité qui devient l’occasion du déploiement de cette gloire. Remarquons encore que murmurer contre Moïse et Aaron, c’était murmurer contre l’Éternel (v. 8). Tout péché est, en fait, contre Dieu (voir Ps. 51:4; Luc 15:18-21). C’est pour cela que l’Éternel dit: «J’ai entendu les murmures des fils d’Israël» (v. 12). Nous ne nous souvenons pas assez que toutes nos plaintes, nos expressions d’incrédulité, nos murmures, sont en fait contre Dieu et parviennent aussitôt à ses oreilles.
11.3. Convoitise
Combien souvent nos paroles coupables ne mourraient-elles pas sur nos lèvres si cette pensée occupait notre esprit! Si le Seigneur était présent à nos yeux, nous n’oserions pas exprimer ce que souvent, dans l’emportement de notre incrédulité, nous nous permettons de dire. Et pourtant, nous sommes réellement devant Lui; ses yeux sont sur nous, et il entend chacune de nos paroles (voir par exemple Jean 20:26, 27). Remarquons enfin la différence entre les cailles et la manne. Aucun enseignement particulier ne se rattache aux cailles, tandis que nous verrons que la manne est un type très frappant du Seigneur Jésus. Les cailles furent donc données pour satisfaire les désirs du peuple, mais elles n’apportaient aucune bénédiction. À propos de celles de Nombres 11, le psalmiste dira: «Il leur donna ce qu’ils avaient demandé, mais il envoya la consomption dans leurs âmes». Dieu peut écouter le cri de son peuple, même le cri d’incrédulité, et il peut leur accorder leurs désirs, mais comme discipline plutôt que comme bénédiction présente. Ainsi, plus d’un croyant, oubliant sa vraie part en Christ, a désiré les choses de ce monde, les «pots de chair» de l’Égypte; il lui a été accordé de parvenir à son but, mais la conséquence en a été le dénuement, et un dénuement tel que son âme n’a été restaurée que par les épreuves disciplinaires envoyées par la main d’amour du Seigneur. Si, de cœur, nous retournons en Égypte, et qu’il nous est accordé de satisfaire nos désirs, cela ne nous conduira qu’aux larmes dans des jours à venir. Comme par exemple l’apôtre Paul l’écrit à Timothée: «Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition; car c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent: ce que quelques-uns ayant ambitionné, ils se sont égarés de la foi et se transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs» (1 Tim. 6:9, 10). Ce n’est là qu’un exemple de retour en Égypte, mais le principe s’applique à tout objet que la chair peut désirer.
Chapitre 16, versets 13 à 36
Nous arrivons maintenant au récit du don effectif des cailles et de la manne.
11.4. Ch. 16:13-21 — Les cailles et la manne
Remarquons que les cailles sont à peine mentionnées, et la signification de ce fait a déjà été indiquée, tandis qu’il y a une description complète de la manne. C’est donc la manne qui nous concerne plus particulièrement. Lorsque la couche de rosée se leva, «voici sur la surface du désert quelque chose de menu, de grenu, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre. Et les fils d’Israël le virent, et se dirent l’un à l’autre: Qu’est-ce que cela? Car ils ne savaient ce que c’était. Et Moïse leur dit: C’est le pain que l’Éternel vous a donné à manger» (v. 14, 15). Voilà donc la signification de la manne: le pain que Dieu a donné à manger aux Israélites dans le désert. Autrement dit la nourriture propre au désert pour le peuple de Dieu. Ainsi, lorsque les Juifs dirent au Seigneur: «Nos pères ont mangé la manne au désert, ainsi qu’il est écrit: «Il leur a donné à manger du pain venant du ciel», il leur répondit: «En vérité, en vérité, je vous dis: Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde» (Jean 6:32, 33. Lire spécialement les versets 48 à 58). Il est donc clair que la manne est un type de Christ, de Christ tel qu’il était dans ce monde, comme celui qui est descendu du ciel et qui, comme tel, devient la nourriture des siens durant la traversée du désert. Il faut bien remarquer que nous ne pouvons pas nous nourrir de Christ, comme de la manne, avant d’avoir la vie, nous étant nourri de sa mort, ayant «mangé sa chair et bu son sang» (voir Jean 6:53, 54). Après que nous avons reçu la vie, il nous est dit: «Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (v. 57).
11.5. Christ: la nourriture des siens
Nous laissons au lecteur le soin d’étudier pour lui-même ce passage significatif, et nous nous bornerons à rappeler les deux points mentionnés: premièrement, que la manne dans notre chapitre présente Christ; et secondement, que Christ, dans ce caractère, est la nourriture des siens pendant leur traversée du désert. Il y a une différence entre les enfants d’Israël et les croyants de cette dispensation. Les premiers ne pouvaient être qu’en un seul lieu à la fois, car nous avons ici un récit historique réel. Les seconds, les chrétiens, sont à deux endroits: leur place est dans les lieux célestes en Christ (voir Éphésiens 2); et, quant à leurs circonstances présentes, ils sont des pèlerins dans le désert. En tant que placés dans les lieux célestes, notre nourriture est un Christ glorifié, typifié par le vieux blé du pays (Josué 5:12); mais dans les circonstances du désert, c’est Christ tel qu’il était ici-bas, Christ comme la manne, qui répond à nos besoins.
Dans la lassitude et les fatigues de notre sentier de pèlerins, quel bonheur et quel réconfort de pouvoir nous nourrir de la grâce et de la sympathie d’un Christ humilié. Combien nous aimons à nous souvenir qu’il a passé par les mêmes circonstances; et que, de ce fait, il connaît nos besoins et trouve sa joie à y répondre, pour notre encouragement et notre bénédiction. C’est à cet effet que l’auteur de l’épître aux Hébreux dit: «Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes» (Héb. 12:3). Comme un autre l’a dit, en présentant ce sujet: «Ainsi, lorsque quelque chose me rend impatient au cours de la journée, eh bien, Christ est ma patience et ainsi, il est la manne pour me garder patient. Il est la source de la grâce, non pas simplement l’exemple que j’ai à imiter»; et c’est comme source de grâce, de sympathie et de force, pour nous dans le désert, que Christ est la manne de nos âmes.
11.6. Comment recueillir la manne
Il y a quelques directives pratiques quant à la manière de recueillir la manne qui sont de la plus grande importance. Premièrement, les enfants d’Israël devaient la recueillir chacun en proportion de ce qu’il pouvait manger (v. 16-18). Ainsi celui qui avait beaucoup n’avait pas trop; et celui qui avait peu, n’en manquait pas. L’appétit déterminait la quantité à recueillir. Combien cela n’est-il pas vrai du croyant! Nous avons tous autant de Christ que nous le désirons, ni plus, ni moins. Si nos désirs sont grands, si nous ouvrons notre bouche toute grande, il la remplira. Nous ne pouvons pas désirer trop, ni être déçus dans ce désir. D’un autre côté, si nous ne sommes que faiblement conscients de nos besoins, nous n’aurons qu’un petit peu de Christ. Ainsi la mesure dans laquelle nous nous nourrissons de lui, comme notre pain dans le désert, dépend-elle entièrement des besoins spirituels que nous ressentons, de notre appétit.
Deuxièmement, la manne ne pouvait pas être accumulée pour être mangée plus tard. Personne ne devait en laisser de reste jusqu’au matin. Certains désobéirent à cette injonction, mais ils durent constater que ce qu’ils avaient ainsi laissé de reste s’était corrompu. La nourriture récoltée aujourd’hui ne pourra pas nous soutenir demain. Ce n’est que dans un exercice présent de l’âme que nous pouvons nous nourrir de Christ. L’oubli de ce principe a entraîné de grands dommages pour beaucoup de personnes. Elles avaient eu une telle abondance de manne, qu’elles avaient essayé de s’en nourrir pendant des jours; mais cela a toujours abouti à une déception et à une perte au lieu d’une bénédiction. Dieu donne chaque jour la portion d’un jour seulement, et pas plus.
Troisièmement, la manne devait être recueillie de bonne heure, car à la chaleur du soleil, elle fondait. Aucun moment, certes, n’est plus propice au croyant pour recueillir la manne que les premières heures de la journée, lorsque dans la tranquillité, il est seul avec le Seigneur; il n’est pas encore absorbé par les occupations de la journée, il ne sait pas quel sera le caractère précis de son sentier; mais il sait qu’il aura besoin de la manne pour le soutenir. Qu’il soit donc zélé dès les premières heures du jour, et que sa main ne soit pas paresseuse à recueillir, et à recueillir autant qu’il pourra en avoir besoin. Car quand bien même il en chercherait plus tard, il découvrirait qu’elle a entièrement disparu devant l’éclat et la chaleur du jour. Combien d’échecs n’ont-ils pas leur point de départ dans la négligence de ce principe! Une épreuve se présente, arrive inopinément, et l’âme succombe. Pourquoi donc? parce que la manne n’a pas été recueillie avant que le soleil soit chaud. Nous devrions tous prendre cela à cœur, et être en garde contre les artifices de Satan, qui cherche à détourner notre esprit de cette nécessité. Mettons-y toute diligence, afin que, quoi qu’il puisse survenir au cours de la journée, nous ne manquions pas de manne.
11.7. Ch. 16:22-30 — Le sabbat
En relation avec la manne, le sabbat est aussi donné dans le même chapitre.
Nous lisons, en Genèse 2, que «Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia; car en ce jour il se reposa de toute son œuvre que Dieu créa en la faisant» (v. 3). Cela établit la signification du sabbat ou septième jour; car, remarquons bien qu’il s’agit du septième jour, et d’aucun autre jour, montrant bien que c’est le repos de Dieu. Cette signification est également soulignée d’une façon très nette dans l’épître aux Hébreux (voir chap. 4:1-11). Le sabbat est donc une figure du repos de Dieu et, en tant que donné à l’homme, il exprime le désir du cœur de Dieu que l’homme ait une part avec Lui dans son repos. Le sabbat apparaît pour la première fois ici. Nous n’en trouvons pas trace dans toute l’époque des patriarches, ni pendant le séjour des enfants d’Israël en Égypte, mais, tel que nous le trouvons dans ce chapitre, en relation avec la manne, il a une signification des plus précieuses.
Quelques remarques sont cependant encore nécessaires avant de l’exposer. Nous avons indiqué le but que Dieu avait en vue en instituant le sabbat; mais il est très clair que l’homme, en conséquence du péché, n’a jamais possédé ce repos. Bien plus encore, Dieu lui-même, pour le même motif, ne pouvait pas se reposer. Aussi, lorsque le Seigneur fut accusé de ne pas respecter le sabbat, il répondit: «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille» (Jean 5:17). Dieu ne pouvait pas se reposer en présence du péché, et du déshonneur qui lui était fait par le péché; et par conséquent, l’homme ne pouvait pas avoir part au repos avec lui. L’auteur de l’épître aux Hébreux développe ce dernier point. Il montre que les enfants d’Israël ne purent l’obtenir à cause de leur incrédulité et de leur dureté de cœur; que Josué ne le leur a pas donné; qu’au temps de David, il en était parlé comme étant encore futur, et l’apôtre conclut en disant: «Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu» (Héb. 3 et 4).
La question est alors la suivante: comment le posséder? Nous trouvons la réponse dans notre chapitre. La manne, comme nous l’avons vu, est une figure de Christ, et nous voyons par là que c’est lui seul qui peut nous faire entrer dans le repos de Dieu. Il est l’unique chemin. Ainsi l’apôtre dit: «Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos» (Héb. 4:3); c’est-à-dire que seuls ceux qui croient en Christ entrent dans le repos, non pas, en aucune manière, que le repos soit une chose présente, comme certains l’ont enseigné. Le contexte montre clairement qu’il est présenté comme une bénédiction future. Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu. Que les croyants puissent jouir du repos de la conscience et du repos du cœur en Christ est parfaitement vrai; mais le repos de Dieu ne sera atteint que lorsque nous serons introduits dans cette scène éternelle où toutes choses sont faites nouvelles, lorsque l’habitation de Dieu sera «avec les hommes, et il habitera avec eux; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu» (Apoc. 21:1-7).
11.8. Instructions concernant la manne
Deux circonstances, liées dans ce passage à l’institution du sabbat, appellent une brève remarque. La première est la double provision de manne le sixième jour, afin que le peuple puisse se reposer dans ses tentes le septième. Si la manne était recueillie dans cette proportion un autre jour, par un acte de volonté propre, elle perdait sa valeur et se corrompait; mais lorsqu’elle l’était par obéissance en vue du sabbat, elle restait saine et bonne. Nous apprenons par là que, lorsque par grâce nous aurons part au repos de Dieu, Christ restera notre nourriture durant l’éternité et notre bonheur consistera à nous réjouir avec Dieu en un Christ qui a été humilié. Rien d’autre ne satisfera le cœur de Dieu que notre pleine communion avec lui au sujet de son Fils bien-aimé. Il y a peut-être une autre pensée. C’est que tout ce que nous saisissons de Christ ici-bas devient notre possession et nos délices éternelles. Recueillons donc autant de manne que nous pouvons, deux omers au lieu d’un; si elle est conservée pour le repos qui reste, elle sera une source de force et de joie durant l’éternité.
La seconde circonstance, c’est que malgré l’injonction qu’ils avaient reçue, certains Israélites sortirent le septième jour pour recueillir de la manne, mais ils n’en trouvèrent pas (v. 27). Quelles que soient les manifestations de la grâce, le cœur de l’homme reste le même. La désobéissance est liée à sa nature corrompue et se manifeste de la même manière, que ce soit sous la loi ou sous la grâce. L’Éternel reprit, par Moïse, la conduite de son peuple, bien que dans sa patience et dans sa grâce, il les supportât. Si, comme cela a été expliqué, nous prenons le sabbat comme une image du repos de Dieu et le considérons, par conséquent, comme étant encore futur puisque le péché est intervenu, nous verrons tout de suite qu’un enseignement typique spécial se rattache au fait qu’il n’y avait pas de manne le jour du sabbat. Le temps de la manne sera alors passé à jamais. Christ ne sera plus jamais connu sous ce caractère, car les circonstances du désert auront pris fin à toujours pour les siens. Ils jouiront encore des provisions faites dans le désert; mais il n’y aura plus rien à recueillir. Nous trouvons sous un certain aspect le même enseignement dans les directives que Moïse donne, sur le commandement de l’Éternel, à la fin du chapitre.
11.9. Ch. 16:32-36
Il y a sans aucun doute une allusion à cela dans la promesse faite à celui qui vaincra, dans l’assemblée à Pergame: «À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée…» (Apoc 2:17). Christ dans son humiliation ne sera jamais oublié: les siens s’en souviendront toujours et se nourriront de lui avec reconnaissance, durant l’éternité.
Ainsi, «plein un omer» de manne fut posé devant l’Éternel, devant le témoignage, pour être gardé pour leurs générations. Pendant quarante ans, pendant toute la durée de leurs étapes dans le désert jusqu’à ce qu’ils parviennent dans un pays habité la manne fut leur nourriture quotidienne; ils la mangèrent jusqu’à leur arrivée à la frontière du pays de Canaan.
Chapitre 17, versets 1 à 7
12. Exode 17— Rephidim et Amalek
Une fois encore les enfants d’Israël se mettent en route et rencontrent d’autres difficultés. Mais «toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11). Un intérêt particulier se rattache donc à toutes leurs peines et expériences du désert.
12.1. Ch. 17:1-7 — Les murmures: un péché contre Dieu
Dans le cas du rocher frappé, comme dans celui de la manne, le péché du peuple fut l’occasion de ce déploiement de puissance et de grâce. À Rephidim, «il n’y avait point d’eau à boire pour le peuple». Et que fit celui-ci? N’y avait-il pas dans les expériences déjà faites de la fidélité et des tendres soins de Dieu un encouragement à se tourner vers lui, dans la confiance qu’il interviendrait? Les cailles et la manne n’étaient-elles pas un souvenir vivant dans leur esprit, comme preuve de la toute-suffisance de l’Éternel pour répondre à leurs besoins? N’avaient-ils pas appris que l’Éternel était leur berger et que, par conséquent, ils ne manqueraient de rien? Si nous ne connaissions pas le cœur humain et le caractère de la chair, c’est là ce que nous aurions attendu de la part des Israélites qui avaient vu les œuvres magnifiques de l’Éternel. Mais bien loin de là! Le peuple contesta avec Moïse, et ils dirent: «Donnez-nous de l’eau pour que nous buvions». Dans leurs murmures coupables et leur incrédulité, ils considéraient Moïse comme l’auteur de toutes leurs misères et, dans leur colère, ils étaient près de le tuer.
Avant d’examiner la ressource que va leur donner la grâce en réponse à leurs besoins, nous ferons une ou deux remarques sur le caractère du péché des Israélites. Le peuple contesta avec Moïse; mais, en réalité, comme le dit celui-ci, ils tentèrent l’Éternel (v. 2), disant: «L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas?» (v. 7). Moïse était leur conducteur reconnu, il était donc le représentant de l’Éternel pour le peuple. Contester avec lui, c’était contester avec l’Éternel; et se plaindre de privations, c’était en fait douter de la présence de l’Éternel, sinon la renier. Car s’ils avaient cru que l’Éternel était au milieu d’eux, tout murmure aurait été étouffé. Ils se seraient reposés dans l’assurance que Celui qui les avait rachetés d’Égypte, qui avait fendu pour eux les eaux de la mer Rouge, qui les avait délivrés du Pharaon et conduits dans toutes leurs étapes, de nuit par la colonne de feu, et de jour par la colonne de nuée, entendrait leur cri au moment voulu et répondrait à leurs besoins.
Cela montre la gravité du péché consistant à murmurer et à se plaindre à cause des épreuves du désert, et cela nous enseigne en même temps que tous les soupirs de cette sorte proviennent du doute quant à la présence du Seigneur avec nous. Aussi l’antidote à toutes ces tendances, notre défense contre ces pièges ordinaires de Satan, qui si souvent par leur moyen fait trébucher les enfants de Dieu et leur dérobe leur paix et leur joie — si même il ne réussit pas à les faire tomber — est le maintien ferme et inébranlable de la vérité que le Seigneur est au milieu de nous, qu’il conduit les siens comme un troupeau à toutes les étapes de la traversée du désert. Quelle perfection dans l’attitude du Seigneur en contraste avec celle d’Israël! Lorsqu’Il fut tenté par Satan dans le désert, il repoussa, dans une dépendance absolue, chacune des suggestions du diable par la seule parole de Dieu.
12.2. Le rocher frappé
Moïse cria à l’Éternel, et l’Éternel entendit sa prière; et malgré le péché du peuple, «il ouvrit le rocher, et les eaux en découlèrent; elles allèrent par les lieux secs, comme une rivière. Car il se souvint de sa parole sainte, et d’Abraham, son serviteur» (Ps. 105:41, 42). Ainsi, la grâce prévalait encore et satisfaisait aux besoins du peuple. Mais l’intérêt principal réside dans l’instruction typique de cet incident. Comme la manne, le rocher nous parle de Christ. L’apôtre Paul le dit expressément: «Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait: et le rocher était le Christ» (1 Cor. 10:4). Mais le Rocher fut frappé avant que l’eau ne coule. Moïse reçut le commandement de prendre la verge — celle avec laquelle il avait frappé le fleuve — et là, l’Éternel se tenant devant lui sur le rocher en Horeb, il devait frapper le rocher, «et il en sortira des eaux, et le peuple boira». La verge est un symbole de la puissance de Dieu. Dans le fait qu’elle frappe, elle présente l’exercice de Sa puissance judiciaire. Nous voyons donc, dans cet acte de frapper le rocher, le coup du jugement de Dieu s’abattant sur Christ à la croix. Le rocher frappé représente un Christ crucifié.
Remarquons que ce fut à cause du péché du peuple que le rocher dut être frappé, image saisissante de cette vérité qu’«Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités». Il y a là, certes, un objet de méditation tant pour les pécheurs que pour les croyants. Les pécheurs peuvent considérer Christ sur la croix, portant le jugement du péché, et comprendre, s’ils veulent bien peser la chose, ce qu’est le péché aux yeux d’un Dieu saint. Et tout en apprenant cette leçon, qu’ils prennent aussi garde à ce que sera leur destinée s’ils persistent dans leur endurcissement et leur incrédulité! Car si Dieu n’a pas épargné son propre Fils lorsqu’il a réglé la question du péché, ce Fils qui était les délices de son cœur, qui était saint, innocent, sans souillure, et séparé des pécheurs, comment peuvent-ils espérer échapper? Quant aux croyants, ils oublient trop souvent de regarder à la croix. Combien leurs cœurs sont touchés, humiliés et émus, lorsque par grâce ils sont rendus capables de dire: «Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2:24). Jamais, dans toute l’éternité, ils n’oublieront que leurs péchés ont rendu cette mort nécessaire; jamais ils ne cesseront de se souvenir qu’elle a glorifié Dieu dans chacun des attributs de son caractère, et qu’elle est ainsi le fondement éternel et immuable de toutes leurs bénédictions. Que le Rocher ait absolument dû être frappé pour que le peuple puisse boire est certes une vérité aussi solennelle que précieuse! Du moment que le péché était en question — le péché qui avait déshonoré Dieu à la face de tout l’univers — tout ce que Dieu était demandait, pour sa propre gloire, que le rocher soit frappé; et du moment que le peuple aurait péri sans eau, il fallait, pour qu’il puisse vivre, que le rocher soit frappé. Mais Dieu seul pouvait y pourvoir, et à cette occasion, dans les directives données à Moïse, apparaît une nouvelle manifestation, pleine de beauté, de la grâce qui est dans son cœur.
12.3. Les eaux jaillissent
Le Rocher fut frappé, et les eaux jaillirent. Pas avant, c’était impossible; car à cause du péché, Dieu était pour ainsi dire retenu. Sa miséricorde et ses compassions, sa grâce et son amour, étaient comme renfermés au-dedans de lui. Mais aussitôt accomplie l’expiation par laquelle les exigences de sa sainteté étaient à jamais satisfaites, des fleuves de grâce et de vie purent se répandre à travers le monde. Aussi lisons-nous dans l’évangile selon Matthieu que dès que le Seigneur Jésus eut rendu l’esprit, «le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas» (Matt. 27:50, 51). Dieu était maintenant libre, en justice, de se manifester en grâce à un monde pécheur et d’offrir le salut. Et l’homme, en croyant, était libre d’entrer avec pleine assurance dans la présence immédiate de Dieu. Le chemin était révélé par lequel l’homme pouvait en justice se tenir dans la pleine lumière de la sainteté de Dieu.
L’eau qui sortait du Rocher est une figure du Saint Esprit comme puissance de vie. L’évangile selon Jean le montre clairement. Ainsi le Seigneur dit à la femme samaritaine: «Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais; mais l’eau que je lui donnerai, sera une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle» (Jean 4:14). Au chapitre 7, il se sert de la même image, et Jean ajoute: «Il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n avait pas encore été glorifié» (v. 39). Il apparaît clairement dans ce passage: premièrement, que «l’eau vive» est un type du Saint Esprit, et secondement, que cette «eau vive», le Saint Esprit, ne pouvait pas être reçu avant que Jésus ait été glorifié. En d’autres termes, le Rocher doit d’abord être frappé, comme nous l’avons déjà vu, avant que les eaux puissent en sortir et apaiser la soif des hommes.
Il y a encore ici un enseignement d’une importance pratique immense, à savoir que rien ne peut satisfaire les besoins insatiables de l’homme sinon le Saint Esprit comme puissance de vie éternelle; et cette bénédiction ne peut être reçue que par l’intermédiaire d’un Christ crucifié et ressuscité. Aussi le Seigneur cria-t-il aux Juifs, disant: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive» (Jean 7:37). Cette proclamation est encore valable aujourd’hui: «Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie» (Apoc. 22:17). Puisse cette vérité être imprimée par la puissance du Saint Esprit dans l’âme de tous ceux qui lisent ces lignes!
Ainsi l’Éternel répondit en grâce aux murmures du peuple et lui donna de l’eau à boire; mais les noms donnés à ce lieu, Massa et Meriba, restèrent comme monument de leur péché.
12.4. Le conflit avec Amalek
Aussitôt après que les eaux furent sorties du rocher, nous trouvons le conflit avec Amalek. La liaison de ces incidents est des plus instructives et illustre les voies et la vérité de Dieu. La manne nous parle de Christ descendu du ciel; le Rocher frappé, de Christ crucifié; l’eau vive est une image du Saint Esprit; et maintenant, l’Esprit étant reçu, vient le conflit. Il doit en être ainsi; car «la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez» (Gal. 5:17). D’où l’ordre de ces événements typiques. Qu’est-ce qui est symbolisé par Amalek, pouvons-nous alors nous demander? On entend souvent répondre que c’est la chair; mais ce n’est là qu’une partie de la vérité. Quant à Amalek, dès son origine, son vrai caractère nous est donné à connaître (voir Gen. 36:12). Mais ce qu’il nous faut discerner ici, c’est qu’Amalek est en antagonisme ouvert avec le peuple de Dieu, cherchant à l’arrêter, et même à le faire disparaître de la surface de la terre. Il s’agit donc de la puissance de Satan, agissant par la chair, qui entrave la marche des enfants d’Israël. Et la subtilité de Satan dans le choix du moment de l’attaque apparaît très clairement: c’est aussitôt après que le peuple eut péché, à un moment donc où un ennemi pouvait supposer qu’il encourait le déplaisir de Dieu. Telle est toujours la tactique de l’ennemi. Mais si Dieu est pour son peuple, il ne permettra à aucun adversaire de consommer sa destruction. Certes, si Israël avait été abandonné à lui-même, il aurait facilement été dispersé; mais Celui qui les avait conduits au travers des eaux de la mer Rouge ne permettra pas qu’ils périssent maintenant. L’Éternel était leur bannière, et ainsi leur défense était assurée. Remarquons maintenant comment s’accomplit la défaite d’Amalek.
À suivre
Chapitre 17, versets 8 à 16
12.5. Le secret de la victoire — v. 8-13
Nous voyons d’abord qu’au commandement de Moïse, Josué se place à la tête des hommes choisis pour combattre. Josué représente Christ, dans l’énergie de l’Esprit, conduisant ses rachetés au combat. Quelle consolation! Si Satan rassemble ses forces pour assaillir les enfants de Dieu, Christ, d’un autre côté, conduit ceux qu’il a choisis à la rencontre de l’adversaire. La bataille est donc à l’Éternel. Cette vérité est illustrée tout au long de l’histoire d’Israël; et quant au principe, elle est tout aussi vraie des conflits que connaissent les croyants de cette dispensation. Si cela était compris, notre esprit resterait paisible face aux pires difficultés. Cela nous aiderait à ne pas compter sur l’homme, et à nous appuyer sur le Seigneur. Cela nous rendrait capables d’estimer à leur juste valeur l’activité incessante et les desseins des hommes et à attendre la délivrance du Seigneur, seul Conducteur des siens. En un mot, nous nous souviendrions que nous ne pouvons opposer aucune défense efficace à nos adversaires, sinon dans la puissance de l’Esprit de Dieu.
Il y a encore un autre aspect important: si Josué conduit ses guerriers dans la plaine, Moïse, avec Aaron et Hur, monte au sommet de la colline; et le combat dans la plaine dépend des mains levées de Moïse sur la montagne. Moïse, considéré ainsi, est une figure de Christ en haut, dans la valeur de son intercession. Tout en conduisant les siens sur la terre dans la puissance de l’Esprit, il maintient leur cause par son intercession dans la présence de Dieu, et il leur assure miséricorde et grâce afin qu’ils aient du secours au moment opportun. Ils n’ont donc aucune force pour le combat en dehors de cette intercession sacerdotale; et l’énergie de l’Esprit est en relation avec cette intercession. L’apôtre Paul mentionne cette vérité lorsqu’il dit: «C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous; qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée?... Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés» (Rom. 8:34-37). Le Seigneur lui-même a enseigné à ses disciples la relation entre son œuvre en haut et l’action de l’Esprit en eux sur la terre, lorsqu’il dit: «Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous» (Jean 16:7). C’est aussi la raison pour laquelle il nomme le Saint Esprit «un autre consolateur» (Jean 14:16); et l’apôtre Jean applique à notre Seigneur le même titre (c’est-à-dire Avocat, mais en fait le même mot, «paraclet»: 1 Jean 2:1).
12.6. Le parfait Intercesseur
Mais aucun homme ne pouvait être un type parfait de Christ. Les mains de Moïse étaient pesantes, de sorte qu’Aaron et Hur les soutenaient. Cela ne fait que manifester plus pleinement la vérité de l’intercession de Christ. Aaron, bien qu’il n’ait pas encore été expressément mis à part, représente la sacrificature, et Hur, si nous pouvons nous appuyer sur la signification de son nom, personnifie la lumière ou la pureté. Considérés ensemble, ils nous parlent donc de l’intercession sacerdotale de Christ, exercée dans la sainteté devant Dieu; et, par conséquent, d’une intercession qui, basée sur tout ce que Christ est et a fait, est toujours efficace et victorieuse. Cette leçon devrait être bien retenue. La bataille ici-bas ne dépendait pas de la force des hommes armés, ni même du Saint Esprit, mais de l’intercession incessante et efficace de Christ. Car «lorsque Moïse élevait sa main... Israël avait le dessus; et quand il reposait sa main, Amalek avait le dessus». D’où la nécessité de la dépendance. Sans celle-ci, nous pouvons être prêts pour le combat, notre cause peut être juste, mais notre défaite sera inévitable. Au contraire, si nous sommes dépendants, Christ en haut intercédant en notre faveur, et Christ dans l’énergie de l’Esprit étant notre Conducteur ici-bas, quand les méchants, nos adversaires et nos ennemis s’approcheront de nous, ils broncheront et tomberont (Ps. 27:2). Aucun adversaire ne peut alors tenir devant les enfants de Dieu.
12.7. L’Éternel mon enseigne
Amalek fut ainsi mis hors de combat. Mais une telle victoire pour Israël, révélation de la source de sa force et du caractère inchangé de l’ennemi, ne devait pas être oubliée. Elle devait être écrite «pour mémorial dans le livre».
Ch. 17:14-16
Deux faits étaient liés dans ce mémorial: le récit de leur délivrance d’Amalek, et la garantie de sa destruction finale. Tout déploiement de la puissance de l’Éternel en faveur des siens porte ce double caractère. Si Dieu intervient et défend ses enfants contre les assauts de leurs ennemis, il les assure par cet acte même de son incessante protection et de ses soins. Chacune de ses interventions contre leurs ennemis devait être rappelée à leurs oreilles et écrite dans leur cœur, à la fois comme mémorial du passé, et comme garantie de sa protection constante. Ainsi le psalmiste, célébrant une délivrance passée, s’écrie: «Quand une armée camperait contre moi, mon cœur ne craindrait pas; si la guerre s’élève contre moi, en ceci j’aurai confiance» (Ps. 27:3). Moïse, dans la même confiance, bâtit un autel. Il reconnaissait par là, avec gratitude, la main divine, tout en donnant à connaître que la victoire était à la louange de l’Éternel. C’est là précisément que tant de personnes manquent. Dieu leur accorde aide et délivrance, mais elles oublient de bâtir un autel. Amenées par leurs difficultés dans la présence du Seigneur, elles oublient trop souvent de le louer une fois délivrées. Tel ne fut pas le cas pour Moïse. En bâtissant l’autel, il déclarait devant tout Israël: C’est l’Éternel qui a combattu pour nous et a remporté la victoire. C’est ce qui est proclamé par le nom donné à l’autel: «l’Éternel mon enseigne» (ma bannière). C’était lui qui avait conduit nos armées, et c’est lui qui les conduira encore; car sa lutte avec Amalek ne cessera jamais. Aussi longtemps que l’Éternel aura un peuple sur la terre, Satan cherchera à le détruire. Nous devons nous en souvenir; mais avec tout ce que cela comporte, nos cœurs resteront confiants pour autant que nous saisissions avec puissance la vérité de Jéhovah-Nissi. La bataille est à l’Éternel, nous combattrons sous ses couleurs et ainsi, quel que soit l’acharnement de l’Ennemi, la victoire est certaine.
À suivre
Chapitre 18, versets 1 à 12
13. Exode 18— Bénédiction milléniale
Avec ce chapitre, nous arrivons à la fin de la dispensation de la grâce dans l’histoire d’Israël. D’Égypte à Sinaï tout était pure grâce. À Sinaï, le peuple se placera sous la loi. Cela explique le caractère spécial du chapitre 18. La manne, comme nous l’avons vu, présentait Christ dans son incarnation; le Rocher frappé nous parlait de sa mort, et les fleuves qui sortaient du Rocher, du don de l’Esprit. Maintenant, faisant suite à la dispensation de l’Esprit, nous avons en figure la bénédiction des Juifs et des Gentils, et l’établissement de l’ordre gouvernemental en Israël. En fait, l’Église, les Juifs et les Gentils sont tous présentés en figure. Nous le verrons en soulignant différents points dans le passage qui suit.
13.1. Ch. 18:1-12 — La visite de Jéthro
Jéthro, sacrificateur de Madian, beau-père de Moïse, apparaît maintenant. Il avait appris tout ce que Dieu avait fait à son peuple; et alors il amène Séphora et ses deux fils à Moïse. Les noms mêmes donnés aux enfants expliquent le caractère symbolique de toute cette scène. Le premier-né est Guershom, «car il avait dit: J’ai séjourné [ou j’ai été pèlerin] dans un pays étranger». Cela nous parle donc des jours difficiles de l’absence d’Israël de son propre pays, alors que le peuple était dispersé, séjournant comme des étrangers parmi les nations (voir 1 Pierre 1:1). Le nom du second est Éliézer, «car le Dieu de mon père m’a été en aide, et m’a délivré de l’épée du Pharaon». Sans aucun doute, cela rappelait le passé, mais c’est aussi une prophétie concernant l’avenir, et cela nous parle de la délivrance finale d’Israël, préparant son introduction dans la bénédiction sous le règne du Messie. Les deux noms marquent ainsi deux périodes distinctes dans les voies de Dieu envers Israël: la première comprend tout le temps qui couvrira leur captivité à Babylone; tandis que la seconde parle de l’heure solennelle dans laquelle le Seigneur apparaîtra soudain pour délivrer son peuple, quand Il sortira pour combattre contre ces nations rassemblées contre Jérusalem pour le combat (Zach. 14). Mais dans cette scène du chapitre 18, tant les douleurs de la dispersion, que la délivrance de l’épée du Pharaon, sont vues comme passées; et en figure, le peuple est maintenant en possession de cette bénédiction si longtemps différée et tant attendue.
13.2. L’Église et les nations
L’Église est vue en Séphora. Elle était l’épouse de Moïse prise d’entre les Gentils et, comme telle, elle préfigure l’Église. Tout est ainsi en harmonie avec le caractère millénial de ce tableau; car lorsque Israël sera restauré et se réjouira sous l’heureuse domination d’Emmanuel, l’Église aura sa part dans la félicité de ce jour, comme associée aux gloires du règne de mille ans. Ce sera un jour de joie inexprimable pour Celui qui, selon la chair, est né de la descendance de David; et chaque pulsation de sa joie éveillera un écho dans le cœur de celle qui occupera la position de femme de l’Agneau. Lui donc, et elle avec lui, bien que dans une moindre mesure, auront communion dans la joie au jour des noces d’Israël.
Nous avons ensuite les Gentils, symbolisés dans la bénédiction de Jéthro et le fait qu’il confesse le nom de l’Éternel. Et remarquons ce qui produit cette confession. Moïse, le Juif, raconte à Jéthro «tout ce que l’Éternel avait fait au Pharaon et à l’Égypte à cause d’Israël, toute la fatigue qui les avait atteints en chemin, et comment l’Éternel les avait délivrés». Ce récit touche le cœur de Jéthro; il se réjouit de la délivrance d’Israël et bénit l’Éternel, confessant sa suprématie absolue. C’est ainsi que nous lisons dans les Psaumes: «Tu m’as délivré des débats du peuple; tu m’as établi chef des nations (les Gentils); un peuple que je ne connaissais pas me servira. Dès qu’ils ont entendu de leur oreille, ils m’ont obéi; les fils de l’étranger se sont soumis à moi» (Ps. 18:43, 44).
Jéthro s’unit ensuite à Aaron et aux anciens d’Israël pour adorer, avec Moïse, en la présence de Dieu. Moïse est ici le roi, et ainsi, avec Israël et les Gentils (Jéthro), il mange le pain en la présence de l’Éternel. C’est l’union d’Israël et des Gentils dans l’adoration. C’est la scène annoncée par le prophète: «Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines; et toutes les nations y afflueront; et beaucoup de peuples iront, et diront: Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel» (És. 2:2, 3).
Dans la fin du chapitre, nous trouvons l’établissement du jugement et du gouvernement.
A suivre
Chapitre 18 v 13 à 27
Ch. 18:13-27
Deux aspects des choses doivent être soigneusement distingués: le manquement de Moïse, et ce qui est symbolisé par l’établissement de chefs sur le peuple. Pour commencer par ce dernier point, il est évident que cet arrangement pour juger le peuple est une figure de l’ordre dans le gouvernement que le Messie établira lorsqu’il entrera dans son règne. Comme le dit le psalmiste: «Il jugera ton peuple en justice, et tes affligés avec droiture. Les montagnes porteront la paix au peuple, et les coteaux, — par la justice» (Ps. 72:2, 3). C’est la raison pour laquelle cette partie se termine par ce récit. Mais s’il devait en être ainsi selon les pensées de Dieu, il ne faut pas passer sous silence la faute de Moïse en écoutant Jéthro. En fait, nous perdrions par là une instruction de grande valeur.
La première erreur de Moïse fut d’écouter Jéthro sur un tel sujet. L’Éternel avait donné cette charge à Moïse, et c’est à lui que Moïse aurait dû avoir recours pour tout ce qui concernait son peuple.
Les arguments avancés par Jéthro étaient certes spécieux et subtils. Ils étaient fondés sur son souci du bien-être de son gendre. «Tu t’épuiseras certainement, toi et ce peuple qui est avec toi, car la chose est trop lourde pour toi; tu ne peux la faire toi seul». Si seulement Moïse voulait suivre ses conseils, alors dit-il, «tu allégeras ce qui pèse sur toi»; et encore, «tu pourras subsister, et tout ce peuple aussi arrivera en paix en son lieu». Ce n’étaient donc pas les intérêts de Dieu, mais ceux de Moïse, qui animaient Jéthro. Mais les arguments qu’il fournissait étaient les plus propres à influencer l’homme naturel. Qui, même parmi les serviteurs du Seigneur, ne sent pas parfois le poids de sa responsabilité, et ne se réjouirait pas à la perspective de voir celle-ci diminuée? Dans un tel moment, aucune tentation n’est en fait plus séduisante que le besoin d’un peu d’égard pour soi-même et pour son confort. Mais malgré le danger de cette tentation, Moïse n’y aurait pas cédé s’il s’était souvenu de la source de son ministère, comme aussi de sa force. Car si sa tâche de juger le peuple était de l’Éternel, et pour l’Éternel, la grâce de l’Éternel ne pouvait qu’être suffisante pour son serviteur. L’Éternel enseigna cette leçon à Moïse, comme nous le trouvons dans le livre des Nombres, lorsque ce dernier se plaignit à l’Éternel, et cela dans les termes mêmes que Jéthro avait insinués dans son esprit: «Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi» (11:14). L’Éternel entendit sa plainte et lui commanda de prendre avec lui soixante-dix hommes pour lui aider dans sa tâche, disant: «J’ôterai de l’Esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi le fardeau du peuple, et que tu ne le portes pas toi seul» (v. 17).
Ainsi, bien que l’Éternel réponde à son désir, il n’y eut aucun apport supplémentaire de force pour le gouvernement d’Israël mais Moïse était maintenant appelé à partager avec les soixante-dix l’Esprit qu’il possédait seul auparavant. Selon l’homme, le conseil de Jéthro était sage et prudent, témoignant de beaucoup de perspicacité dans les affaires humaines; mais selon Dieu, son acceptation était caractérisée par le doute et l’incrédulité. En réalité, c’était laisser Dieu de côté et faire de la santé de Moïse l’objectif principal, en perdant tout à fait de vue le fait que ce n’était pas Moïse qui portait le fardeau du peuple, mais l’Éternel par Moïse; et par conséquent qu’il n’était pas question de la force de Moïse, mais de ses ressources en Dieu. Combien nous sommes tous enclins à oublier cette vérité importante que, dans tout service, s’il est fait pour le Seigneur, les difficultés qu’on y rencontre devraient être mesurées non par ce que nous sommes, mais par ce qu’Il est. Nous ne sommes jamais envoyés à la guerre à nos propres dépens, mais tout vrai serviteur est soutenu par la toute-suffisance de Dieu. Moïse pouvait être découragé devant une si grande charge, de même que Paul pourra être presque abattu par la présence de l’écharde dans la chair, mais à l’un comme à l’autre s’adresse la parole divine, si seulement l’oreille est attentive pour la recevoir: «Ma grâce te suffit».
13.3. Sagesse humaine
Plusieurs précieuses instructions peuvent être tirées de ce récit. Premièrement, il est toujours dangereux de prêter l’oreille à l’avis d’un parent dans les choses de Dieu. Lorsque le Seigneur, avec ses disciples, était entièrement adonné à son ministère, «en sorte qu’ils ne pouvaient pas même manger leur pain», ses amis ou proches «sortirent pour se saisir de lui; car ils disaient: Il est hors de sens».Ils ne pensaient pas aux droits de Dieu, et ne pouvaient rien comprendre de ce zèle qui le dévorait dans le service qu’il était venu accomplir. Les parents voient au travers de leurs droits, ou de leurs affections naturelles; aussi l’œil, n’étant pas simple, ne peut pas juger justement dans la présence de Dieu. Cela demandait certes beaucoup de sacrifice de soi et d’abandon de ses aises et de son confort de la part de Séphora, et de Moïse aussi, dans l’œuvre à laquelle il était appelé. Ce n’était cependant pas un petit honneur, un privilège de moindre importance, que d’être ainsi engagé; et s’il en avait été pleinement conscient, Moïse aurait résolument fermé l’oreille à la voix du tentateur en la personne de Jéthro.
Deuxièmement, nous apprenons que lorsqu’une fois une parole de doute ou une plainte a été admise dans le cœur, elle n’en est pas très facilement bannie. Comme nous l’avons vu, en Nombres 11, Moïse dans sa plainte reprendra les paroles mêmes qui lui avaient été suggérées par Jéthro. C’est précisément là que Satan a tant de succès. Il peut n’y avoir dans notre esprit qu’une pensée à peine ébauchée, une insinuation, et aussitôt l’Ennemi arrive, la concrétise et la présente à nos âmes. Par exemple, lorsque nous sommes fatigués dans le service et peut-être découragés, combien souvent Satan ne nous suggérera-t-il pas que nous en faisons beaucoup trop, que nous allons au-delà de nos forces; et si nous cédons à la tentation, cette pensée nous préoccupera, peut-être pendant des années, même si elle ne s’exprime pas par des murmures devant Dieu. Nous avons donc à veiller très soigneusement sur notre cœur, n’ignorant pas les desseins de l’Ennemi.
Enfin, il apparaît clairement que l’ordre selon l’homme ne correspond en aucune manière à la pensée de Dieu. À vues humaines, le système gouvernemental proposé par Jéthro était sage et opportun; il semblait beaucoup plus propre à assurer l’administration de la justice parmi le peuple. L’homme croit toujours pouvoir améliorer l’ordre de Dieu. C’est là le secret de la ruine de l’Église. Au lieu de s’attacher à l’Écriture qui révèle la pensée divine, l’homme a introduit des idées, des plans et des systèmes de son propre cru, d’où les innombrables divisions et sectes qui caractérisent la chrétienté dans sa forme extérieure. La sécurité des bien-aimés du Seigneur réside dans l’attachement inébranlable à la parole de Dieu et, par conséquent, dans le refus de tout conseil ou avis qui pourrait être donné par l’homme en dehors d’elle.
Jéthro avait accompli son œuvre et, avec la permission de Moïse, il s’en alla dans son pays (v. 27). Quel contraste avec Moïse et les enfants d’Israël! Ceux-ci marchaient dans le chemin de Dieu et se rendaient vers Son pays; par conséquent, ils étaient des pèlerins traversant le désert; mais Jéthro allait son chemin (pas celui de Dieu), et retournait dans son propre pays (pas non plus celui de Dieu). Au lieu donc d’être un pèlerin, il avait une maison, dans laquelle il ne gardait pas le sabbat, mais trouvait son propre repos.
A suivre
Chapitre 19, versets 1 à 15
14. Exode 19; 20 — Sinaï
14.1. Changement de dispensation
Une nouvelle dispensation s’ouvre dans ces chapitres. Jusqu’à la fin du chapitre 18, la grâce régnait et, par conséquent, caractérisait toutes les voies de Dieu envers son peuple; mais à partir de ce point, les fils d’Israël furent placés, de par leur propre consentement, sous les exigences inflexibles de la loi. Sinaï est l’expression de cette dispensation, et il lui est associé à toujours. L’apôtre met Sinaï en contraste avec Sion, siège de la grâce royale, lorsqu’il dit en écrivant aux Hébreux: «Vous n’êtes pas venus à la montagne qui peut être touchée, ni au feu brûlant, ni à l’obscurité, ni aux ténèbres, ni à la tempête, ni au son de la trompette, ni à la voix de paroles, voix telle que ceux qui l’entendaient prièrent que la parole ne leur fût plus adressée... mais vous êtes venus à la montagne de Sion» (Héb. 12:18-22). Il montre que Sinaï avait alors passé et qu’une autre dispensation lui avait succédé, dont la montagne de Sion était l’expression.
C’est de Sinaï que s’occupent nos chapitres. L’époque et le lieu sont tous deux clairement indiqués. «Au troisième mois après que les fils d’Israël furent sortis du pays d’Égypte, en ce même jour, ils vinrent au désert de Sinaï: ils partirent de Rephidim, et vinrent au désert de Sinaï, et campèrent dans le désert; et Israël campa là devant la montagne» (v. 1, 2). L’Éternel accomplissait ainsi la parole qu’il avait donnée à Moïse: «Parce que je serai avec toi; et ceci te sera le signe que c’est moi qui t’ai envoyé: lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne» (chap. 3:12). Ils devaient célébrer une fête à l’Éternel (voir chap. 5:1; 10:9); et ils l’auraient fait s’ils s’étaient seulement connus eux-mêmes, et s’ils avaient connu le cœur de l’Éternel. Mais ils allaient être mis à l’épreuve d’une nouvelle manière. La grâce les avait déjà sondés et n’avait trouvé que désobéissance, rébellion et péché; et maintenant ils allaient être mis à l’épreuve par la loi. Voilà quel a été le but de Dieu dans toutes ses dispensations: éprouver, et par là révéler ce qu’est l’homme. Mais, béni soit son nom, s’il a mis à nu la corruption incurable de notre nature, il a révélé en même temps ce que Lui est, chacune des révélations de lui-même étant en rapport avec le caractère de la relation dans laquelle il entrait avec son peuple. Il enseignait par là que si l’homme était totalement ruiné et perdu, c’était en Lui et en Lui seul, que le secours et le salut pouvaient être trouvés. À cet égard, la loi donnée sur le mont Sinaï a une importance et un intérêt particuliers. Tout ce qui la concerne est digne de notre attention.
14.2. Mise à l’épreuve
Chapitre 19 v 3-9
Il y a deux points importants dans le message que l’Éternel charge Moïse d’apporter au peuple. Premièrement, il leur rappelle ce qu’il avait fait pour eux d’une manière qui aurait dû les rendre conscients de leur propre et totale impuissance et leur enseigner que toutes leurs ressources étaient en Dieu. «Vous avez vu, dit-il, ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi». Il les avait délivrés de la main du Pharaon, l’avait détruit, lui et ses armées; il avait porté son peuple par sa puissance, l’avait amené à Lui, et lui avait donné une place et une relation d’intimité avec Lui. Il avait tout fait pour eux, et pour preuve il en appelle à leur propre souvenir. Un tel appel aurait dû remplir leur cœur de gratitude, puisqu’il plaçait devant leur esprit la source de toutes les bénédictions dont ils jouissaient maintenant.
Puis, secondement, l’Éternel fait une proposition. «Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples; car toute la terre est à moi...». La portée de cette proposition doit être clairement indiquée. Dieu avait racheté Israël par sa propre puissance: conformément à ses plans de grâce et d’amour; il avait fait d’eux son propre peuple, et s’était engagé à les conduire dans un pays ruisselant de lait et de miel (chap. 3:7, 8); tout cela reposait sur la grâce la plus pure, et n’était soumis à aucune condition quelconque requise du peuple. Il le leur rappelle, en les invitant à regarder en arrière à l’œuvre qu’il avait opérée pour eux. Mais maintenant, pour les mettre à l’épreuve, il dit: «Je vais faire dépendre votre position et vos bénédictions de votre obéissance. Jusqu’à présent j’ai tout fait pour vous; dorénavant je me propose de faire dépendre ma faveur de vos œuvres. Êtes-vous disposés à accepter ces conditions et à promettre une obéissance absolue à ma parole et à mon alliance?» Voilà en substance la proposition que Moïse était chargé d’apporter aux enfants d’Israël.
14.3. Le message de l’Éternel
Moïse remplit fidèlement sa mission. Il « appela les anciens du peuple, et mit devant eux toutes ces paroles que l’Éternel lui avait commandées » (v. 7). Un tel message allait certainement produire de profonds exercices. On aurait pu, pour le moins, s’attendre à ce qu’ils prennent du temps pour considérer cette proposition dans toute sa portée. Ils ne pouvaient pas avoir oublié qu’ils avaient déjà péché à maintes reprises, même durant la courte période de trois mois qui s’était écoulée depuis qu’ils avaient traversé la mer Rouge ; que chaque nouvelle difficulté n’avait fait que mettre en évidence leurs manquements et leur péché. Si donc ils s’étaient penchés sur leurs expériences passées, ils auraient vu que s’ils acceptaient ces nouvelles conditions, tout serait perdu. Ils allaient sûrement se dire l’un à l’autre: «Nous avons désobéi chaque fois, et nous craignons que la même chose ne se reproduise, et qu’alors nous ne perdions tout. Non, nous devons nous rejeter sans réserve sur cette même grâce qui nous a sauvés, nous a conduits, et nous a préservés jusqu’ici dans notre marche à travers le désert. Si la grâce ne continue pas à régner, nous sommes un peuple perdu».
Or, tout au contraire, ils acceptent instantanément la condition proposée, et déclarent: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». Leurs expériences passées n’avaient servi à rien. Ils manifestent ainsi l’ignorance la plus totale, tant du caractère de Dieu que de leur propre cœur. C’était en fait une erreur fatale. Au lieu de s’accrocher avec ténacité, dans la conscience de leur propre impuissance, à ce que Dieu était pour eux, autrement dit à la grâce, ils s’offrent de façon inconsidérée à faire tout dépendre de ce qu’ils pouvaient, eux, être pourDieu, ce qui est le principe de la loi. Il en est toujours ainsi. L’homme, dans sa folie et dans son aveuglement, prétend obtenir la bénédiction sur le terrain de ses propres œuvres, et rejette un salut qui lui est offert en pure grâce; car il n’est pas disposé à n’être rien, tandis que la grâce fait tout dépendre de Dieu, et ne doit rien à l’homme. Voilà pourquoi la grâce blesse l’orgueil et la propre importance du pécheur, et provoque ainsi la résistance de son cœur dépravé.
Moïse rapporte la réponse du peuple, et l’Éternel se prépare à instituer ses nouvelles relations avec son peuple sur le terrain de la loi. Tout d’abord, il établit Moïse comme médiateur. «Voici, je viendrai à toi dans l’obscurité d’une nuée, afin que le peuple entende quand je parlerai avec toi, et qu’aussi ils te croient à toujours». Il lui donne une position que le peuple serait forcé de reconnaître. Ensuite viennent les directives pour le peuple, en rapport avec la promulgation de la loi par laquelle il allait être gouverné, code qui établit la mesure des exigences de Dieu. Chaque commandement portait la marque du changement de dispensation. Jusque-là, les Israélites avaient affaire à un Dieu de grâce; maintenant, ils ont affaire à un Dieu de justice. Cela impliquait de la part de Dieu la distance, car il avait affaire à des pécheurs, et de la part du peuple la séparation et la purification. La première de ces choses était représentée par «l’obscurité d’une nuée» dans laquelle l’Éternel annonce sa venue vers Moïse; et la seconde, par les diverses prescriptions données au peuple.
14.4. Sanctification
Chapitre 19 v 10-15
Le peuple devait donc être «sanctifié» pendant deux jours. Le sens à attribuer à ce terme est toujours déterminé par le contexte dans lequel il se trouve. Ici c’est la séparation du peuple, leur mise à part pour Dieu sur le terrain de l’obéissance qu’ils avaient promise. Cela impliquerait sans aucun doute leur séparation extérieure de tout ce qui ne convenait pas à la présence d’un Dieu saint. Ils devaient également laver leurs vêtements. Remarquons que tout, maintenant, doit être fait par eux. Moïse devait les sanctifier et ils devaient laver leurs vêtements; car du moment où ils s’engageaient à obéir comme condition de la bénédiction, ils acceptaient en fait la responsabilité de se rendre propres pour la présence de Dieu. Ils acquéraient sans doute ainsi une sorte de qualification cérémonielle pour rencontrer Dieu; mais la distance même à laquelle ils étaient gardés, prouvait aussitôt l’inutilité de leurs efforts. Ils pouvaient laver leurs vêtements le plus scrupuleusement possible et les rendre si propres qu’aucun œil humain n’y découvrît de la souillure, mais la question qui était adressée à leur conscience, si seulement ils avaient compris, était: Pouvaient-ils se purifier eux-mêmes suffisamment pour supporter l’inspection d’un Dieu saint? Laissons Job répondre à cette question: «Si, dit-il, je me lave avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté, alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur» (Job 9:30, 31). Le Seigneur lui-même a répondu à cette question pour nous. S’adressant à Israël par le prophète, il dit: «Quand tu te laverais avec du nitre, et que tu emploierais beaucoup de potasse, ton iniquité reste marquée devant moi» (Jér. 2:22). L’homme ne peut pas se purifier lui-même devant Dieu. C’est là ce qu’enseigne toute l’Écriture.
A suivre
Chapitre 19, versets 16 à 25
14.5. Pourquoi le commandement ?
Mais dira-t-on alors, pourquoi l’Éternel a-t-il donné ce commandement à Israël? Pour la même raison qu’il leur donne ensuite la loi: pour montrer ce qui était dans leur cœur, pour manifester au plein jour ce qui s’y tenait caché, pour exposer vraiment la corruption de leur nature, et leur montrer ainsi leur état de perdition et de culpabilité. Dans une mesure, ils apprenaient l’inanité de leurs propres efforts; car malgré toute leur «sanctification», tous leurs «lavages», ils ne pouvaient s’approcher de Dieu et étaient terrifiés à l’ouïe de sa voix. Il en est souvent ainsi dans l’expérience des pécheurs. Quelque peu éveillés quant à leur condition, ils commencent par essayer de s’améliorer, de purifier leur cœur, et de se rendre de cette manière propres à la faveur de Dieu. Mais ils découvrent bientôt que le seul résultat de tous leurs efforts est d’amener à la lumière leur péché et leur méchanceté. Ou, s’ils réussissent à se tisser une robe de propre justice, et à cacher ainsi pour un temps leurs infirmités morales, au moment où ils sont amenés dans la présence de Dieu, leur robe apparaît à la lumière de sa sainteté comme n’étant que des haillons souillés. L’homme, de fait, est totalement impuissant, et jusqu’à ce qu’il ait appris cela, il ne peut pas comprendre que le seul moyen de purifier ses vêtements de toute tache et de toute souillure morales, de les rendre assez blancs pour satisfaire même aux exigences de la sainteté de Dieu, est de les laver dans le sang de l’Agneau (voir Apoc. 1:5 et 7:14).
14.6. Un Dieu justement redoutable
Le peuple fut donc sanctifié, et ils lavèrent leurs vêtements et jeûnèrent afin d’être prêts pour «le troisième jour». Le troisième jour est souvent significatif; et ici, il semble parler, en figure, de la mort. Ce fut donc le matin du troisième jour que l’Éternel descendit sur montagne de Sinaï, avec tout l’appareil de sa redoutable et terrible majesté. Il y eut des tonnerres et des éclairs, expressions du pouvoir judiciaire, l’attitude nécessaire de Dieu, dans sa sainteté, lorsqu’il entre en contact avec des pécheurs. Il y eut aussi une épaisse nuée sur la montagne (voir v. 9), donnant à connaître la distance de Dieu et la difficulté de le rencontrer. Comme le dit le psalmiste: «Des nuées et l’obscurité sont autour de lui; la justice et le jugement sont la base de son trône» (Ps. 97:2). Plus encore, le son de la trompette, à la fois annonce de l’approche de Dieu et signe de ralliement pour le peuple, retentit avec puissance. Toute la solennité possible entourait cette rencontre avec Dieu, et tout le peuple qui était dans le camp tremblait malgré les préparatifs auxquels il s’était soumis. Si, auparavant, les Israélites avaient eu confiance en eux-mêmes, leur assurance devait maintenant avoir été bien ébranlée, sinon avoir disparu; car s’ils avaient été prêts à rencontrer Dieu, pourquoi auraient-ils craint?
N’était-ce pas celui qui les avait portés sur des ailes d’aigle, et qui les avait amenés jusqu’à lui, qu’ils devaient rencontrer? N’était-il pas leur Sauveur et leur Seigneur? Pourquoi alors tremblaient-ils devant les signes de sa présence? Parce que dans leur folie, ils avaient entrepris de rencontrer Dieu sur le terrain de ce qu’ils étaient en eux-mêmes, de leurs œuvres, au lieu de se rejeter sur sa miséricorde, sa grâce et son amour. Erreur fatale! et maintenant ils étaient amenés à le constater. Mais leur parole était irrévocable, et ils ne pouvaient alors être dégagés des obligations qu’elle impliquait.
Moïse fit donc «sortir le peuple hors du camp à la rencontre de Dieu, et ils se tinrent au pied de la montagne. Et toute la montagne de Sinaï fumait, parce que l’Éternel descendit en feu sur elle; et sa fumée montait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait fort» (v. 17, 18). Dans les Psaumes nous lisons: «La terre trembla; les cieux aussi distillèrent des eaux devant Dieu, ce Sinaï trembla devant Dieu, le Dieu d’Israël» (Ps. 68:8). Le feu était donc ce qui caractérisait la présence de l’Éternel sur le Sinaï: feu et fumée, le feu étant le symbole de sa sainteté, mais de sa sainteté dans son aspect de jugement contre le péché. «Notre Dieu est un feu consumant». Ainsi, rencontrant Israël sur le terrain de la loi, le feu était l’expression la plus significative du fait que la justice et le jugement sont la base de son trône. C’est pourquoi Moïse parle de la «loi de feu» sortie de la droite de Dieu; de feu parce qu’étant sainte, et juste, et bonne, elle ne pouvait que juger et consumer ceux qui ne répondaient pas à ses exigences. C’est de cet effet que Moïse parle lorsqu’il dit: «Nous sommes consumés par ta colère, et nous sommes épouvantés par ta fureur» (Ps. 90:7).
14.7. La voix de Dieu
Comme le son de la trompette se prolongeait et se renforçait de plus en plus, Moïse parla à Dieu, et Dieu lui répondit par une voix. Puis Moïse fut appelé au sommet de la montagne, et quelle fut la nature du premier commandement qu’il reçut ? Déjà des bornes avaient été mises à l’entour de la montagne; car le lieu sur lequel Dieu se tenait était une terre sainte, et la peine de mort s’attachait à quiconque, homme ou bête, ne ferait que toucher la montagne. Mais même cela n’était pas suffisant. «Descends», dit l’Éternel à Moïse, «avertis solennellement le peuple, de peur qu’ils ne rompent les barrières pour monter vers Éternel pour voir, et qu’un grand nombre d’entre eux ne tombe» (v. 21). Tous, tant les sacrificateurs que le peuple, doivent être maintenus à distance, à l’exception de Moïse et d’Aaron, de peur que l’Éternel ne se jette sur eux (v. 24).
Tous ces détails sont du plus solennel intérêt en ce qu’ils montrent l’incapacité totale de l’homme à se tenir devant Dieu sur le fondement de ses propres mérites. Ils enseignent en même temps que si le pécheur se risque à entrer en contact avec Dieu sur un tel terrain, cela ne peut être que pour sa propre destruction. Plus encore, en dehors de l’expiation, Dieu ne peut pas rencontrer le pécheur sur le terrain de la justice sans le détruire. Quand donc les hommes apprendront-ils qu’il y a, et qu’il doit toujours y avoir, l’antagonisme le plus irréductible entre la sainteté et le péché; que Dieu doit être contre le pécheur à moins que les exigences de sa sainteté ne soient satisfaites; et qu’elles ne peuvent jamais l’être, sinon dans la mort du Seigneur Jésus Christ ? Considérée à cette lumière, nous avons ici une scène touchante. Dieu sur le Sinaï, dans toute la redoutable majesté de sa sainteté; le peuple, dans tout son éloignement et sa culpabilité, tremblant devant ce qu’il voyait et entendait, gardé à distance de la montagne, mais conduit hors du camp pour rencontrer Dieu et recevoir les commandements de sa juste loi, à laquelle il s’était engagé à obéir.
A suivre
Chapitre 20, versets 1 à 17
Plusieurs points en rapport avec le don de la loi demandent une attention spéciale. Le premier est la nature de la loi elle-même. Les commandements sont au nombre de dix, et sont fondés sur la relation dans laquelle Dieu était entré avec son peuple par la rédemption, ou plutôt en découlent. «Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude». Si nous considérons les commandements dans leur ensemble, nous verrons que les quatre premiers se rapportent à Dieu, et les six derniers à l’homme; c’est-à-dire qu’ils déterminent la responsabilité envers Dieu et envers l’homme. Aussi, en réponse à la question: quel est le grand commandement dans la loi? le Seigneur les résume ainsi: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée». C’est là le grand et premier commandement. Et le second lui est semblable: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». De ces deux commandements dépendent la loi tout entière et les prophètes» (Matt. 22:35-40; voir Deut. 10:12 et Lév. 19:18). L’amour pour Dieu, parfait selon leur capacité, et l’amour pour leur prochain selon la mesure de l’amour pour soi-même, voilà ce qui était ordonné à Israël.
14.8. Les saintes exigences de Dieu
Mais remarquez que ce qui caractérise les commandements dans leur détail, c’est l’interdiction. «Tu ne...» est l’essence même du tout, si nous exceptons le quatrième commandement, et même là, «garder le sabbat» signifie s’abstenir de tout travail. Ce fait a une importante portée sur le second point que nous désirons considérer: l’objet de la loi. Ces dix commandements étaient la mesure de ce que Dieu exigeait d’Israël. Le peuple s’était volontairement engagé à obéir à la voix de Dieu et à garder son alliance, comme condition de la bénédiction. En réponse à cela, l’Éternel lui révélait par Moïse ce qu’il exigeait. Aussi un étalon fut-il établi, afin que, par ce moyen, le peuple pût facilement s’assurer par lui-même si oui ou non il obéissait à la parole de Dieu. Par ces commandements, Dieu venait donc éprouver les Israélites afin que sa crainte soit devant leurs yeux pour qu’ils ne pèchent pas (v. 20). Mais Dieu connaissait ce qui était dans leur cœur, même si eux l’ignoraient, et c’est pourquoi le but réel de la loi était d’amener à la lumière ce qui était dans leur cœur.
Cela explique la forme négative des commandements. Car pourquoi dire: Tu ne tueras point, tu ne commettras point adultère, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, si la tendance à toutes ces formes de péchés ne se trouvait pas en eux? L’apôtre l’explique en Romains 7. «Je n’eusse pas connu le péché, dit-il, si ce n’eût été par la loi; car je n’eusse pas eu conscience de la convoitise, si la loi n’eût dit: «Tu ne convoiteras point». Mais le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes les convoitises, car sans la loi le péché est mort» (Rom. 7:7, 8). La convoitise était dans le cœur avant que la loi n’intervînt; mais, n’étant pas défendue, elle ne pouvait être connue comme convoitise. Dès le moment où le commandement dit: tu ne convoiteras point, la chose devint manifeste, et l’opposition du cœur à Dieu fut établie. La loi est donc intervenue, comme le dit l’apôtre ailleurs, afin que la faute abondât (Rom. 5:20), c’est-à-dire pour faire connaître les transgressions. Celles-ci étaient commises auparavant; mais elles n’étaient pas connues comme transgressions jusqu’à ce qu’elles furent défendues. Dès lors, leur nature ne pouvait plus être cachée, et tous pouvaient comprendre qu’elles étaient des transgressions de la loi de Dieu.
14.9. La loi pour obtenir la vie ?
Ce point est de toute importance, vu que même maintenant, où l’évangile de la grâce de Dieu est pleinement révélé et prêché, on entend affirmer qu’obéir à la loi est le chemin de la vie. Combien de milliers de personnes sont victimes de ce piège fatal. Puissent-elles peser les paroles de l’apôtre: «S’il avait été donné une loi qui eût le pouvoir de faire vivre, la justice serait en réalité sur le principe de la loi» (Gal. 3:21). Certes, il avait été dit: «Vous garderez mes statuts et mes ordonnances, par lesquels, s’il les pratique, un homme vivra» (Lév. 18:5); mais comment des hommes, pécheurs par nature et dans leur comportement, pourraient-ils garder les commandements de Dieu? Écoutons la propre argumentation du Saint Esprit, par le moyen de Paul, sur ce sujet: «Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction; car il est écrit: «Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire». Or que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, cela est évident, parce que: «Le juste vivra de foi». Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais: «Celui qui aura fait ces choses vivra par elles» (Gal. 3:10-12). Cela ôte toute difficulté et établit sans aucun doute possible le vrai but de la loi, qui était, comme nous l’avons dit, de donner un étalon des exigences de Dieu, et de convaincre ainsi l’homme de péché. «La loi est intervenue afin que la faute abondât». Et on peut se servir maintenant avec beaucoup de bénédiction de la loi dans le même but. Si l’on rencontre un homme totalement confiant en sa propre justice, il peut être sondé et éprouvé par elle: on peut lui demander s’il aime Dieu de tout son cœur, et son prochain comme lui-même, et par là mettre à jour le caractère trompeur de ses propres œuvres.
14.10. La loi pour connaître le cœur de Dieu ?
Si cela est bien compris, et s’il y a soumission simple à la parole de Dieu, il n’y aura aucune difficulté à admettre que la loi n’est pas donnée comme une révélation complète de la pensée et du cœur de Dieu. La manière dont il est souvent parlé de la loi pourrait amener des âmes à supposer qu’il ne saurait y avoir de révélation plus pleine et plus complète. Mais s’il en était ainsi, où trouverions-nous la miséricorde de Dieu, ses compassions et son amour? Non, «la loi... est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon»; car c’est une révélation de Dieu, comme toute parole et tout acte de Dieu doivent nécessairement l’être; mais affirmer que la loi est une révélation pleine et parfaite, c’est ignorer la nécessité de l’expiation, c’est ne pas voir le vrai caractère de l’œuvre de notre bien-aimé Seigneur et Sauveur, c’est oublier, en un mot, la différence entre Sinaï et le Calvaire. Jusqu’à la croix, il était impossible à Dieu de se révéler parfaitement. Mais aussitôt que l’œuvre opérée à la croix a été accomplie, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, pour montrer que Dieu était maintenant libre en justice, de se manifester en grâce au pécheur, et que le pécheur qui croyait au témoignage de Dieu quant à l’efficacité du sang de Christ était libre d’entrer dans la présence directe de Dieu. La loi dévoile le caractère de justice de Dieu et par conséquent ce qu’il exigeait d’Israël; mais Dieu lui-même demeurait encore dans l’obscurité profonde; il n’était pas révélé.
14.11. La loi comme règle de conduite ?
Un autre point demande à être examiné en passant. Tout en admettant que la loi n’est pas le moyen d’obtenir la vie, on entend parfois demander si elle n’est pas la règle de la conduite chrétienne. Considérons-la bien, et puis demandons-nous si cela est possible. Prenons par exemple les interdictions en rapport avec notre prochain. Est-ce que Dieu serait satisfait d’un chrétien qui s’en tiendrait à ne pas pratiquer les péchés spécifiés ici? Un chrétien qui se serait simplement abstenu de ces choses aurait-il la conviction d’avoir répondu à la pensée de Dieu quant à sa marche? Supposons maintenant qu’il soit même parvenu à aimer son prochain comme lui-même: est-ce que cela le placerait à la hauteur de l’exemple de Christ? Que dit l’apôtre Jean? «Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous». C’est-à-dire que la vraie expression de l’amour apparaît dans la mort de Christ pour nous. Aussi l’apôtre ajoute-t-il: «Et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3:16). Agir ainsi serait certainement aimer nos frères mieux que nous-mêmes, aller donc bien au-delà de la portée de la loi.
La vérité, telle que nous l’a enseignée l’apôtre Paul, est que nous avons «été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu» (Rom. 7:4). La loi était une règle pour Israël; mais Christ, et Christ seul, est le modèle du croyant. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). C’est donc un modèle infiniment plus élevé que celui de la loi, et qui comporte des responsabilités beaucoup plus grandes. En fait, cette affirmation que nous sommes encore sous la loi, malgré la déclaration: «Vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Rom. 6:14), provient de l’ignorance de ce qu’est la rédemption. Quand on a vu que les croyants sont sortis de leur ancienne condition par la mort et la résurrection de Christ, et qu’ils ont une place et une position tout à fait nouvelles, qu’ils ne sont pas dans la chair, mais dans l’Esprit (Rom. 8:9), on comprend facilement qu’ils appartiennent à une sphère dans laquelle la loi ne peut pas entrer; et que, comme Christ est le seul objet de leur âme, exprimer Christ dans leur marche et leur comportement est leur seule responsabilité pendant qu’ils traversent cette scène. Nous recommandons très spécialement ces points à l’attention de tout enfant de Dieu.
14.12. Effets du don de la loi
L’effet du don de la loi est maintenant développé. Le peuple est rempli de terreur, comme dans le chapitre précédent: «ils tremblèrent et se tinrent loin» (v. 18). Ils auraient pu apprendre par là que les pécheurs ne peuvent se tenir dans la présence de Dieu. Et ils «dirent à Moïse: Toi, parle avec nous, et nous écouterons; mais que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions» (v. 19). Triste confession de ce qu’ils étaient, et indication révélatrice de ce qu’il adviendrait de l’obéissance à laquelle ils s’étaient engagés. Ah! si le pécheur voulait seulement apprendre cette leçon, que si Dieu parle avec lui lorsqu’il est dans ses péchés, il doit mourir! Car la sainteté et le péché ne peuvent cœxister, et s’ils étaient mis en contact, en dehors de l’expiation, il ne pouvait y avoir que ce seul résultat. Ces enfants d’Israël, tremblants, ne font donc qu’exprimer cette simple vérité. Dieu s’était approché dans sa sainteté, et les fils d’Israël épouvantés se tenaient loin de sa présence, de peur de mourir, proclamant qu’ils étaient des pécheurs dans leur culpabilité, incapables, comme tels, d’écouter sa voix. Moïse les exhorte alors à ne pas craindre, leur disant que c’est pour les éprouver que Dieu est venu, et afin que sa crainte soit devant leurs yeux, pour qu’ils ne pèchent point. Pour eux, le chemin était clairement indiqué dans les dix commandements, et bientôt on pourrait voir s’ils y marcheraient ou non. La position est nettement établie maintenant: le peuple se tient loin, de fait et moralement. Dieu était dans l’obscurité profonde, indiquant qu’il devait rester caché tant qu’il était sur le terrain de la loi. Moïse, par l’élection et la grâce de Dieu, occupe la place de médiateur. Ainsi, il peut s’approcher de l’obscurité profonde où Dieu était. Par là, il représente le seul «médiateur entre Dieu et les hommes... l’homme Christ Jésus» (1 Tim. 2:5).
14.13. Conditions pour adorer
Le chapitre se termine par des directives concernant l’adoration. Car aussitôt que la relation formelle entre Dieu et son peuple est établie, même sur le terrain de la loi, il est parlé de l’adoration. Il suffit de relever ici trois points. Premièrement que l’homme ne pouvait s’approcher de Dieu, sinon par des sacrifices. Deuxièmement, que Dieu pouvait venir et bénir en tout lieu où il mettrait la mémoire de son nom, malgré ce qu’ils étaient, en vertu de la bonne odeur de leurs offrandes1. Troisièmement, le caractère de l’autel est précisé. Cela pouvait être un autel de terre. S’il était de pierres, il ne devait pas être fait de pierres taillées, «car si tu lèves ton ciseau dessus, tu le profaneras. Et tu ne monteras point à mon autel par des degrés, afin que ta nudité n’y soit pas découverte» (v. 24-26). L’œuvre de l’homme et l’ordre de l’homme sont interdits. Ainsi, dans l’adoration, tout doit être selon Dieu; et s’il y a introduction ne fût-ce que d’une seule chose pour l’agrément ou la commodité, c’est de la profanation, et «la nudité» de l’homme est découverte. Avec quelle jalousie les chrétiens ne devraient-ils donc pas veiller à ce que rien ne soit admis dans l’adoration, qui n’ait le sceau de l’autorité de la parole de Dieu.
1 Le sacrifice pour le péché n’avait pas encore été prescrit. Ces offrandes étaient donc toutes des sacrifices de bonne odeur.
A suivre