Lectures hebdomadaires
Livre de l'Exode
Chapitre 1
1. Exode 1 — Israël en Égypte
Le grand sujet du livre de l’Exode est celui de la rédemption. Dans la Genèse, nous avons la création, puis la chute et l’annonce d’un Libérateur dans la descendance de la femme qui briserait la tête du serpent (Gen. 3:15) — c’est-à-dire la révélation du second Homme, dont Adam était une figure (Rom. 5, 14) et en qui tous les desseins de Dieu seraient établis. Suivent tous les grands principes de base qui se trouvent développés dans l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, dont les livres suivants nous donnent le récit. C’est ainsi qu’on a pu dire très justement que le livre de la Genèse contient en germe la Bible tout entière. Mais dans l’Exode, il n’y a qu’un seul sujet — la rédemption avec ses conséquences, des conséquences en grâce et des conséquences judiciaires lorsque le peuple insensible à l’égard de la grâce et ignorant quant à son propre état s’est placé sous la loi. Néanmoins le grand résultat de la rédemption est atteint: l’établissement devant Dieu d’un peuple en relation avec lui; voilà ce qui confère un si grand intérêt à ce livre et le rend si instructif pour le lecteur chrétien.
1.1. Israël en Égypte
Les cinq premiers versets énoncent brièvement les noms des fils de Jacob qui entrèrent en Égypte avec leur père — eux et leurs familles totalisant avec Joseph et les siens déjà établis dans le pays soixante-dix âmes. Le chapitre 46 de la Genèse donne le détail de ce que nous avons ici dans un bref résumé. La famine a été à l’origine directe de leur descente en Égypte; mais par la famine et par la méchanceté des fils de Jacob qui vendirent leur frère aux Ismaélites (Gen. 37:28), Dieu travaillait en fait à l’accomplissement de ses propres desseins. Longtemps auparavant, il avait dit à Abram: «Sache certainement que ta semence séjournera dans un pays qui n’est pas le sien, et ils l’asserviront, et l’opprimeront pendant quatre cents ans. Mais aussi je jugerai, moi, la nation qui les aura asservis; et après cela ils sortiront avec de grands biens» (Gen. 15:13, 14). C’est l’histoire que nous rapportent les douze premiers chapitres de l’Exode. Et nous sommes remplis d’admiration en constatant que tout ce que les hommes font, même dans leur méchanceté et leur rébellion ouverte, concourt à l’établissement des plans de grâce et d’amour divins. Pierre l’a exprimé le jour de la Pentecôte quand il dit, à l’égard de Christ: «Ayant été livré par le conseil défini et par la pré-connaissance de Dieu, — lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques» (Actes 2:23). Ainsi la colère de l’homme aussi travaille à son insu à l’accomplissement des décrets de Dieu.
Ce n’est pas sans raison que les enfants d’Israël nous sont montrés en Égypte au début du livre. Dans l’Écriture, l’Égypte représente le monde; Israël en Égypte devient par conséquent une figure de la condition de l’homme naturel. Aussi après la déclaration que «Joseph mourut, et tous ses frères, et toute cette génération-là» (v. 6), le récit passe-t-il rapidement à la description de leurs circonstances et de leur état. Leur croissance, et leur prospérité également, sont mentionnées en premier. Ils «fructifièrent et foisonnèrent, et multiplièrent, et devinrent extrêmement forts; et le pays en fut rempli» (v. 7). Ils étaient les enfants de la promesse, bien qu’ils soient en Égypte, et comme tels, la faveur de Dieu reposait sur eux. D’où ce tableau de prospérité terrestre. Dieu n’oublie jamais son peuple, même si celui-ci en vient à L’oublier.
1.2. Un nouveau roi cruel
Un autre personnage entre maintenant en scène — «un nouveau roi... sur l’Égypte, qui n’avait point connu Joseph» (v. 8). La mention qu’il «n’avait point connu Joseph» est très significative. Joseph en Égypte était une figure de Christ dans sa gloire terrestre; par conséquent, ne pas le connaître caractérise un état moral. En fait, le Pharaon est le dieu de ce monde et, comme tel, il doit nécessairement s’opposer au peuple de Dieu. C’est pourquoi il nous est d’emblée parlé de sa ruse et de sa méchanceté pour ruiner la prospérité du peuple et le réduire à la misère et à l’esclavage (v. 9-12). Et pour quel motif? «De peur qu’il ne se multiplie, et que, s’il arrivait une guerre, il ne se joigne, lui aussi, à nos ennemis, et ne fasse la guerre contre nous, et ne monte hors du pays» (v. 10). Si nous sommes enclins à l’oublier, Satan, lui, sait que le monde ne peut que haïr les enfants de Dieu, et que ceux-ci, s’ils sont fidèles, doivent être opposés au monde; aussi importe-t-il de les réduire à l’impuissance et d’empêcher leur délivrance. C’est pourquoi «ils établirent sur lui (Israël) des chefs de corvées pour l’opprimer par leurs fardeaux. Et il bâtit pour le Pharaon des villes à greniers, Pithom et Ramsès». Ils sont ainsi placés sous l’esclavage du monde: «Les Égyptiens firent servir les fils d’Israël avec dureté, et ils leur rendirent la vie amère par un dur service» (v. 13, 14).
L’autre aspect du tableau, c’est que «selon qu’ils l’opprimaient, il multipliait et croissait» (v. 12). Cela résultait de ce qui a été mentionné plus haut: qu’en dépit de leur condition, ils étaient le peuple de la promesse, compris dans les desseins de Dieu; et comme tel, ils étaient préservés, protégés et bénis; le Pharaon, le dieu de ce monde, ne pouvait donc pas les détruire. Le véritable enjeu, comme le montre la suite de l’histoire, était entre Dieu et le Pharaon; et ce dernier, dans ses machinations contre les enfants d’Israël, combattait en fait contre Dieu. D’où son échec sur tous les plans. D’un autre côté, la condition des Israélites présente un portrait très frappant de la condition du pécheur — plus exactement du pécheur qui a été amené à sentir le joug de fer de son esclavage du péché et de Satan. Comme le fils prodigue qui tombe toujours plus bas, jusqu’à la limite de la mort et de la dégradation totale avant de revenir à lui-même, Dieu amène ici les enfants d’Israël à prendre conscience du poids de leurs fardeaux et à goûter l’amertume de leur dure servitude, pour éveiller en eux le désir de la délivrance, avant de commencer à agir en leur faveur. Il peut arriver que le pécheur soit insensible à sa propre dégradation, et satisfait, sinon heureux, de son éloignement de Dieu; mais pour être sauvé, il doit passer par l’expérience dont nous avons une image dans cette description de la condition d’Israël. Alors seulement il prendra conscience de son véritable état et désirera la délivrance.
1.3. Un décret criminel
Le reste du chapitre (v. 15-22) décrit une nouvelle tentative entreprise pour affaiblir les enfants d’Israël, et finalement les anéantir. Mais de nouveau, Dieu intervient en leur faveur. Le Pharaon était un monarque absolu, et aucun de ses sujets n’osait s’opposer à sa volonté; mais même ces simples femmes sont soutenues dans leur désobéissance, car elles estimaient que leur premier devoir était de craindre Dieu. Le roi le plus puissant du monde est sans pouvoir quand il s’oppose à Dieu ou à ceux qui sont identifiés à Dieu et à son peuple. Aussi Shiphra et Pua «ne firent pas comme le roi d’Égypte leur avait dit» (v. 17), et Dieu fit du bien aux sages-femmes et parce qu’elles craignirent Dieu, il bénit leurs familles (v. 17-21). «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom. 8:31). Nous apprenons par conséquent, premièrement, que l’Ennemi n’a absolument aucune puissance pour s’opposer aux desseins de Dieu; deuxièmement, que ceux qui font confiance à la sagesse de Dieu sont invincibles; troisièmement, que la crainte de Dieu permet aux plus faibles et aux plus humbles de s’élever au-dessus de la crainte de l’homme; et enfin, que le cœur de Dieu sait apprécier toute manifestation de fidélité envers lui au milieu d’une scène où Satan, le dieu de ce monde, règne, et opprime son peuple, cherchant à le détruire.
Mais l’inimitié du Pharaon augmente, et il commande «à tout son peuple, disant: Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve; mais toute fille, laissez-la vivre» (v. 22). Le chapitre suivant nous montrera comment Dieu se sert de ce décret même du roi pour préparer un libérateur pour son peuple.
À suivre
Chapitre 2, versets 1 à 10
La naissance de Moïse
Ce chapitre, si intéressant, est rendu encore plus attrayant par le commentaire divin donné en Hébreux 11 sur les principaux incidents qu’il contient. Ici nous avons le simple récit, du point de vue humain, des faits rapportés; là, c’est plutôt le côté divin, autrement dit l’estimation de Dieu à l’égard des actes de son peuple. Par conséquent, ce n’est qu’en combinant ces deux aspects que nous retirerons l’enseignement qui est présenté. Pas plus que lors de la naissance du Seigneur Jésus à Bethléhem, les parents ou le monde environnant ne comprirent la signification de la naissance du fils d’Amram et de Jokébed. Dieu travaille toujours de cette manière, sans bruit, posant les fondations de ses desseins et préparant ses instruments, jusqu’au moment déterminé d’avance où il va agir; il étend alors son bras et manifeste sa présence et sa puissance à la face du monde.
Les parents de Moïse
Mais revenons à notre chapitre. «Un homme de la maison de Lévi alla, et prit une fille de Lévi; et la femme conçut, et enfanta un fils; et elle vit qu’il était beau; et elle le cacha trois mois» (v. 1, 2). Quelle simplicité et quelle beauté dans cette scène naturelle! Comme nous pouvons comprendre les sentiments de cette mère juive! Le roi avait ordonné que tout fils qui naîtrait soit jeté dans le fleuve (1:22); mais quelle mère consentirait à livrer son enfant à la mort sans une juste révolte de toutes ses affections? Hélas! le décret de ce roi despotique était inexorable; et comment pouvait-elle, femme du peuple, et de plus appartenant à une race méprisée, s’opposer à la volonté d’un monarque absolu? Considérons le commentaire inspiré du Nouveau Testament: «Par la foi, Moïse, étant né, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi» (Héb. 11:23). Ils devaient certes se soumettre à leur souverain terrestre, mais ils devaient également obéir au Seigneur des seigneurs; c’est pourquoi, se confiant en lui, ils furent libérés de toute crainte à l’égard du commandement du roi, et ils cachèrent pendant trois mois l’enfant que Dieu leur avait donné. Ils comptèrent sur Dieu et ils ne furent pas confus; car jamais il ne laisse ni n’abandonne ceux qui se confient en lui. C’est un acte de foi magnifique: le regard fixé sur Dieu, ils osèrent désobéir au commandement inique du roi, sans craindre les conséquences. Comme plus tard Shadrac, Méshac et Abed-Négo, ils crurent que le Dieu qu’ils servaient pouvait les délivrer de la main du roi (Daniel 3:16, 17). Les dirigeants de ce monde n’ont aucun pouvoir en présence de ceux qui sont liés à Dieu par l’exercice de la foi.
Le coffret de joncs
Le jour arriva cependant où cet enfant qui «était beau» ne put plus être caché (v. 3); preuve de la vigilance accrue de l’ennemi de Dieu et de son peuple. Mais la foi n’est jamais à court de ressource. Aussi voyons-nous que la femme «prit pour lui un coffret de joncs, et l’enduisit de bitume et de poix, et mit dedans l’enfant, et le posa parmi les roseaux sur le bord du fleuve. Et sa sœur se tint à distance pour savoir ce qu’on lui ferait» (v. 3, 4). Pour Moïse, comme pour Isaac et pour Samuel, la mort, en figure du moins, devait être connue par les parents, à la fois pour eux-mêmes et pour leur enfant, avant que celui-ci puisse devenir un instrument utile pour Dieu. À cet égard, il est très remarquable que le mot utilisé ici pour «coffret» ne se trouve nulle part ailleurs dans l’Écriture, sinon pour désigner l’arche dans laquelle Noé et sa maison traversèrent le déluge.
Autre ressemblance: de même qu’en obéissance à une directive divine Noé enduisit l’arche de poix en dedans et en dehors, ainsi Jokébed enduisit le coffret de bitume et de poix. Le mot rendu par poix ici signifie également rançon (Exode 30:12; Job 33:24: propitiation, etc.), préfigurant la vérité qu’il fallait trouver une rançon pour délivrer des eaux du jugement. Toutefois cette mère hébreue emploie aussi le bitume: une sorte différente de poix suggérant qu’elle ne connaissait pas la pleine vérité. Pourtant, elle confessait par là le besoin de rédemption; sa foi le reconnaissait et ainsi son coffret de joncs, avec son précieux contenu, flotta en sécurité parmi les roseaux sur ce fleuve de la mort. L’intelligence divine manquait peut-être, mais il y avait une foi réelle, et celle-ci trouve toujours une réponse dans le cœur de Dieu. Remarquons encore que c’est la sœur, et non pas la mère, qui observe ce qui va se passer. Du point de vue humain, cela pourrait facilement s’expliquer, mais n’y a-t-il pas une autre raison? La mère croyait; elle pouvait par conséquent se reposer paisiblement, bien que l’enfant qui lui était plus cher que la vie même fût exposé sur le fleuve. C’est pour la même raison que nous ne trouvons pas Marie, la sœur de Lazare, au sépulcre dans lequel le Seigneur de gloire avait été déposé: elle était entrée par la foi dans le mystère de sa mort (Jean 12:7).
La fille du Pharaon
Voyons maintenant comment Dieu agit en réponse à la foi de son peuple. «La fille du Pharaon descendit au fleuve pour se laver, et ses jeunes filles se promenaient sur le bord du fleuve; et elle vit le coffret au milieu des roseaux, et elle envoya sa servante qui le prit» (v. 5). Il est très beau et instructif de voir ainsi Dieu derrière la scène, dirigeant tout pour sa propre gloire. La fille du Pharaon agissait à son gré, et pour son plaisir; elle ignorait qu’elle était un instrument de la volonté divine. Mais chaque détail — le fait qu’elle descende au fleuve pour se baigner, le moment où elle le fait — correspondait au propos de Dieu à l’égard de l’enfant qui devait être le libérateur de son peuple. Ainsi elle vit le coffret, le fit chercher, l’ouvrit, trouva l’enfant; «et voici, c’était un petit garçon qui pleurait» (v. 6). La sœur qui guettait avec anxiété ce qui allait arriver à son petit frère, reçoit à ce moment critique la parole de sagesse. Elle demanda: «Irai-je et appellerai-je auprès de toi une nourrice d’entre les Hébreues, et elle t’allaitera l’enfant? Et la fille du Pharaon lui dit: Va. Et la jeune fille alla, et appela la mère de l’enfant» (v. 7, 8). Le petit Moïse, qui avait été exposé sur le fleuve à cause du décret du roi d’Égypte, est ainsi rendu à sa mère, sous la protection même de la fille du Pharaon. Et il resta là jusqu’à ce qu’il eut grandi; alors Jokébed «l’amena à la fille du Pharaon, et il fut son fils; et elle appela son nom Moïse, et dit: Car je l’ai tiré des eaux» (v. 10). Son nom même devait proclamer la puissance de Celui qui l’avait sauvé de la mort, qui l’avait retiré des eaux du jugement dans sa grâce et son amour souverains. Ainsi l’homme que Dieu avait choisi, celui qu’il avait désigné comme l’instrument de son choix pour la délivrance de son peuple, et pour devenir le médiateur de son alliance avec ce peuple, trouve abri sous le toit du Pharaon. Pendant cette période, il «fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens; et il était puissant dans ses paroles et dans ses actions» (Actes 7:22).
À suivre
Chapitre 2, versets 11 à 25
Moïse et ses frères
Une autre étape de sa vie nous est présentée ensuite. Quarante années se sont écoulées avant l’incident décrit dans les versets 11 et suivants. «Et il arriva, en ces jours-là, que Moïse étant devenu grand, sortit vers ses frères; et il vit leurs fardeaux. Et il vit un homme égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères; et il regarda çà et là, et vit qu’il n’y avait personne, et il frappa l’Égyptien, et le cacha dans le sable. Et il sortit le second jour; et voici, deux hommes hébreux se querellaient. Et il dit au coupable: Pourquoi frappes-tu ton compagnon? Et il dit: Qui t’a établi chef et juge sur nous? Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué l’Égyptien? Et Moïse eut peur, et dit: Certainement le fait est connu. Et le Pharaon apprit la chose, et chercha à tuer Moïse; mais Moïse s’enfuit de devant le Pharaon, et habita dans le pays de Madian. Et il s’assit près d’un puits» (v. 11-15; voir aussi Actes 7:23). La lecture de ce récit pourrait laisser supposer que Moïse, en tuant l’Égyptien, ne faisait qu’agir sous l’impulsion d’un cœur généreux, sensible à l’injustice commise et intervenant pour la venger. Mais comment l’Esprit de Dieu interprète-t-il cet acte? «Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération. Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible» (Héb. 11:24-27).
Gardons-nous cependant bien de conclure que l’Esprit de Dieu approuve tout ce qui est rapporté dans l’Exode. Sans nul doute, Moïse a agi dans l’énergie de la chair; il n’avait pas encore appris son propre néant et son insuffisance, mais il désirait néanmoins agir pour Dieu; et c’est l’épître aux Hébreux qui nous apprend le vrai caractère de ses actions devant Dieu. Il est clair qu’il y a eu manquement, mais c’était le manquement d’un homme de foi dont les mobiles étaient précieux aux yeux de Dieu, car dans l’exercice de la foi il a été rendu capable de refuser tout ce qui aurait tenté l’homme naturel, et de s’identifier avec les intérêts du peuple de Dieu.
Mais cet épisode de sa vie réclame une attention plus particulière. Premièrement donc, c’est par la foi qu’il refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Quel autre motif aurait pu en effet l’amener à renoncer à une position aussi exceptionnelle? Il aurait d’ailleurs pu arguer qu’il y avait été placé par une providence étrange et remarquable. N’était-ce pas alors le signe qu’il devait l’occuper et user de l’influence qui s’y attachait pour intervenir en faveur de ses frères opprimés? Peut-être parviendrait-il à mettre tout le poids de la cour royale du côté de sa nation; ne serait-ce alors pas faire un affront à la Providence que d’abandonner cette haute position? Mais, comme cela a souvent été remarqué, la Providence n’est pas un guide pour la foi. La foi a affaire avec les choses invisibles et par conséquent elle est rarement d’accord avec les conclusions tirées des événements et des circonstances providentiels. Non, jamais l’influence du dieu de ce monde (le Pharaon) ne peut être employée pour délivrer le peuple de l’Éternel; et jamais la foi ne peut être protégée par une telle influence ni s’assimiler à elle. La foi a Dieu pour objet; elle doit par conséquent s’identifier avec ce qui appartient à Dieu et se dresser contre tout ce qui est opposé à Dieu.
Le choix de la foi
Comme un autre l’a dit: « Que de raisons Moïse aurait-il eues pour rester là où la Providence l’avait placé! Il aurait même eu le prétexte de servir plus utilement les enfants d’Israël; mais c’eût été s’appuyer sur la puissance du Pharaon, au lieu de reconnaître le lien qui unissait Dieu à son peuple. Il en serait résulté pour celui-ci un soulagement, mais c’est le monde qui l’aurait accordé, et le peuple n’aurait pas connu la délivrance accomplie par l’amour et la puissance de Dieu. Moïse aurait été épargné, mais aurait perdu sa vraie gloire; le Pharaon aurait été flatté et son autorité sur le peuple de Dieu aurait été reconnue; Israël serait demeuré en captivité, s’appuyant sur le Pharaon, au lieu de reconnaître Dieu dans les relations glorieuses attachées à son adoption comme peuple. En outre, Dieu lui-même n’aurait pas été glorifié. C’est là ce qui aurait eu lieu, si Moïse était resté dans la position que la Providence lui avait donnée. Le raisonnement humain et les considérations puisées dans les circonstances s’unissaient pour lui donner ce conseil. La foi lui fit quitter cette position» (J.N. Darby). En la refusant, il choisit plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu. S’identifier avec ce peuple avait plus de prix pour son cœur fidèle que les délices du péché; car la foi considère toutes choses dans la lumière de la présence de Dieu. Moïse alla même plus loin: il estima l’opprobre du Christ — l’opprobre résultant de son identification avec Israël — un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération. Ainsi la foi vit dans l’avenir aussi bien que dans l’invisible. Elle est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas; elle gouvernait, elle contrôlait le cœur et le sentier de Moïse.
C’est donc la foi qui le dirigeait quand il «sortit vers ses frères; et ... vit leurs fardeaux» (v. 11). Et même lorsque «voyant l’un d’eux à qui l’on faisait tort, il le défendit, et vengea l’opprimé, en frappant l’Égyptien», «il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main» (Actes 7:24, 25). Il devait bien en être ainsi, mais le moment n’était pas encore venu et Dieu ne pouvait pas encore se servir de Moïse — bien que sa foi fût précieuse à ses yeux. Comme Pierre dut apprendre qu’il ne pouvait pas suivre Christ dans l’énergie de la nature, malgré les affections de son cœur (Jean 13:36), Moïse a dû comprendre que nulle autre arme que la puissance de Dieu ne pouvait être employée pour délivrer Israël. Aussi lorsqu’il sortit le second jour et qu’il tenta de réconcilier deux Hébreux qui se querellaient, on lui reprocha d’avoir tué l’Égyptien et il est lui-même rejeté (v. 13, 14). Le Pharaon apprend à son tour ce qu’il a fait et cherche à le tuer. Ainsi, il est à la fois rejeté par ses frères et persécuté par le monde.
Moïse en Madian
À partir de là, il devient un type de Christ dans son rejet; car il est rejeté par le peuple qu’il aimait et, du fait de sa fuite, il est séparé de ses frères. «Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible». Il marchait encore dans le chemin de la foi, bien que celui-ci le conduisît dans le désert, au milieu d’un peuple étranger. Mais Dieu donna à son serviteur une maison et une femme dans la personne d’une des filles de Jéthro (Rehuel). Séphora est ainsi en figure un type de l’Église, car elle est associée à Moïse pendant le temps de sa réjection par Israël. Mais le cœur de Moïse reste avec son peuple; aussi nomme-t-il son fils Guershom, «car, dit-il, j’ai séjourné dans un pays étranger» (v. 22).
Pour un même motif, Joseph appela ses fils: Manassé — «car Dieu m’a fait oublier toute ma peine, et toute la maison de mon père»; et Éphraïm — «car Dieu m’a fait fructifier dans le pays de mon affliction». La comparaison est très instructive et montre sous quels aspects particuliers Joseph et Moïse sont des figures de Christ. Si Joseph nous parle de Christ, élevé au travers de la mort à la droite du trône sur les Gentils, pour se révéler alors à ses frères et les recevoir, Moïse représente pour nous Christ plus précisément comme le Rédempteur d’Israël; par conséquent, bien qu’il se marie pendant le temps où il est rejeté, et bien qu’il soit ainsi d’une certaine manière une image de Christ et de l’Église dans la dispensation présente, son cœur demeure avec les enfants d’Israël pendant qu’il séjourne dans un pays étranger.
Les trois derniers versets placent devant nous la condition du peuple, tout en révélant la fidélité et la compassion de Dieu. Ces versets se rattachent au chapitre suivant.
Chapitre 3, versets 1 à 6
À l’école de Dieu
Moïse a passé pas moins de quarante ans dans le désert, apprenant les leçons dont il aura besoin pour sa tâche future, et étant formé pour agir pour Dieu comme libérateur de Son peuple. Quel contraste avec les années précédentes à la cour du Pharaon! Là, il était entouré de tout le luxe et de tous les raffinements de son époque; ici il est un simple berger, gardant les troupeaux de Jéthro, son beau-père. Quarante est le nombre de la mise à l’épreuve comme le montre la durée de la traversée du désert par les enfants d’Israël ou aussi les quarante jours de la tentation du Seigneur. Ce fut donc une période de mise à l’épreuve: la manifestation de ce que Moïse était, mais aussi l’occasion pour lui de découvrir ce que Dieu était; ces deux leçons doivent nécessairement être apprises avant que nous puissions être qualifiés pour un service. Aussi Dieu envoie-t-il toujours ses serviteurs dans le désert avant de les employer pour l’accomplissement de ses propos. Nulle part ailleurs nous ne saurions être amenés plus pleinement dans la présence de Dieu. C’est là, seuls avec lui, que nous faisons la découverte de la vanité absolue des ressources humaines et de notre entière dépendance de lui. Quelle bénédiction immense n’y a-t-il pas à être retiré des lieux fréquentés des hommes et de leur agitation, pour être seul avec Dieu et apprendre dans la communion avec lui quelles sont ses pensées pour nous, pour ses intérêts et pour son service! En fait, il est absolument indispensable pour tout vrai serviteur d’être beaucoup seul avec Dieu; et lorsque cette nécessité est oubliée, Dieu l’impose souvent, dans la tendresse de son cœur, par les moyens de sa discipline tendre et fidèle.
Le moment arrive enfin où Dieu peut commencer à intervenir pour son peuple. Mais rappelons brièvement les circonstances. Dans le premier chapitre, le peuple se trouve dans l’esclavage; dans le deuxième, nous avons la naissance de Moïse et son introduction dans la maison du Pharaon. Puis Moïse unit son destin à celui du peuple de Dieu, et dans l’ardeur de ses affections cherche à remédier aux torts que ce peuple subit; mais il est rejeté et s’enfuit dans le désert. Après quarante années, âgé alors de quatre-vingts ans, il va être renvoyé en Égypte. Le troisième et le quatrième chapitres contiennent le récit de la mission que Dieu va lui confier et de sa réticence à la remplir. Mais avant d’en arriver là, une courte préface, à la fin du chapitre 2 — qui en fait se rattache au chapitre 3 de par son contenu — nous révèle le terrain sur lequel Dieu agissait pour la rédemption de son peuple. D’abord, elle nous apprend que le roi d’Égypte mourut, mais que sa mort n’entraîna aucun allégement à la condition des enfants d’Israël. Ensuite elle nous montre ceux-ci qui soupirent et crient à cause de leur service. «Et leur cri monta vers Dieu à cause de leur service».
Ils étaient réduits à la plus grande misère. Mais Dieu n’était pas insensible, car il entendit leur gémissement: «Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, avec Isaac, et avec Jacob. Et Dieu regarda les fils d’Israël, et Dieu connut leur état» (2:23-25). Leur situation toucha le cœur de Dieu, émut ses compassions, mais le terrain sur lequel il agissait était celui de sa propre grâce souveraine, exprimée dans l’alliance qu’il avait faite avec leurs pères. C’est cette même miséricorde, et sa fidélité à sa parole, que Marie et Zacharie célèbrent dans leurs cantiques de louanges, en relation avec la naissance du Sauveur et de Jean son précurseur. «Il a pris la cause d’Israël, son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde (selon qu’il avait parlé à nos pères) envers Abraham et envers sa semence, à jamais». Et encore, il «nous a suscité une corne de délivrance... pour accomplir la miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de sa sainte alliance, du serment qu’il a juré à Abraham notre père...» (Luc 1:54, 55, 68-73). Il est impossible que Dieu oublie sa parole, et s’il tarde à l’accomplir, c’est uniquement pour manifester sa grâce et son amour immuables d’une façon plus glorieuse.
Les bases ont été posées par ces quelques mots; la scène qui suit place devant nous la manière dont Dieu va agir envers Moïse.
Chap. 3:1, 2 — Le buisson à épines
Il est très intéressant de considérer les différents aspects sous lesquels Dieu apparaît à son peuple et la correspondance de chacune de ces apparitions avec les circonstances dans lesquelles celui-ci se trouve (voir Gen. 12; 18; 32; Josué 5; etc.). Ici, c’est en rapport avec la mission pour laquelle Moïse allait être envoyé, et cette liaison est particulièrement frappante. Trois éléments caractérisent la vision donnée: l’Éternel, la flamme de feu et le buisson.
Remarquons d’abord qu’il est dit que l’Ange de l’Éternel apparut à Moïse (v. 2); puis l’Éternel vit qu’il se détournait, et Dieu l’appela du milieu du buisson (v. 4. Comparer Gen. 22:15, 16). L’Ange de l’Éternel est ainsi identifié avec l’Éternel, avec Dieu lui-même. Autrement dit, toutes ces apparitions de l’Éternel dans l’Ancien Testament, préfigurent l’incarnation à venir du Fils de Dieu et, par conséquent, dans tous ces cas, il s’agit de la deuxième Personne de la Trinité — Dieu le Fils. La flamme de feu est un symbole de la sainteté de Dieu apparaissant sous différentes formes, entre autres dans le feu sur l’autel, qui consumait les sacrifices. Et dans l’épître aux Hébreux, il est dit expressément que «notre Dieu est un feu consumant», c’est-à-dire qu’il éprouve toute chose selon sa sainteté et consume tout ce qui ne répond pas aux exigences de celle-ci.
Le buisson était une figure d’Israël. Rien n’est plus facilement consumé par le feu qu’un buisson; et c’est bien pour cette raison qu’il a été choisi pour représenter la nation d’Israël dans la fournaise de l’Égypte où le feu faisait rage autour d’elle, sans la détruire toutefois. C’était donc l’assurance consolante pour le cœur de Moïse — s’il savait l’interpréter correctement — que sa nation serait préservée en dépit de l’intensité du feu. Pour reprendre les paroles d’un autre: «Cela devait être une image de ce qui était présenté à l’esprit de Moïse — un buisson dans un désert, qui brûlait sans être consumé. C’était ainsi que Dieu allait opérer au milieu d’Israël. Moïse et le peuple devaient le savoir. Eux aussi, dans leur faiblesse, seraient des vases que dans sa grâce Il a choisis pour déployer sa puissance. Leur Dieu, comme le nôtre, se manifesterait comme un feu consumant. Certes il est un feu consumant; mais le buisson, tout faible et éphémère qu’il soit, subsiste pour prouver que si Dieu doit utiliser le crible et des voies judiciaires, s’il éprouve et sonde l’homme, pourtant lorsqu’il se révèle à la fois en compassion et en puissance (et c’était certainement bien le cas ici), il ne manque pas de soutenir celui qui en est l’objet. Il ne se sert de l’épreuve que pour le bien en même temps que pour sa propre gloire, autrement dit pour les meilleurs intérêts de ceux qui lui appartiennent».
Comment Dieu se révèle
Non sans raison, Moïse est intrigué par «cette grande vision» et se détourne pour la voir (v. 4). C’est alors que Dieu lui parle du milieu du buisson, l’appelant par son nom. Mais il doit être rendu attentif à la sainteté de la présence divine. «N’approche pas d’ici; ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte» (v. 5. Comparer Nomb. 5:1-3; Josué 5:15, etc.). Voilà la première leçon que doivent apprendre tous ceux qui s’approchent de Dieu — la reconnaissance de sa sainteté. Certes, il est un Dieu de grâce, de miséricorde, et il est aussi amour; mais jamais il n’aurait pu se manifester dans ces précieux caractères si, à la croix du Seigneur Jésus Christ, la bonté et la vérité ne s’étaient pas rencontrées, et la justice et la paix embrassées. Mais à moins d’avoir spirituellement les pieds déchaussés — dans la conscience de la sainteté de Celui avec lequel nous avons affaire — nous ne recevrons jamais les communications pleines de grâce de son esprit et de sa volonté. Aussi la première chose que nous trouvons ensuite, c’est qu’il se révèle à Moïse comme le Dieu de son père, «le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob» (v. 6). Cette révélation était destinée à agir sur l’âme de Moïse, et ce fut le cas: il «cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu». (Voir 1 Rois 19:13). L’Éternel annonce alors le motif de sa manifestation à Moïse.
Chapitre 3, versets 7 à 22
Ch. 3:7-10
1) L’ordre dans lequel cette communication est faite est très instructif.
Dieu se révèle comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Son caractère est le fondement de tout ce qu’il fait. Cette leçon, à savoir que Dieu trouve toujours en lui-même son motif pour agir, est bien de nature à fortifier l’âme qui l’apprend. Il agit sur la base de ce qu’il est Lui, et non pas de ce que nous sommes, nous (comparer Éph. 1:3-6; 2 Tim. 1:9, 10).
2) Ce qui l’a amené à intervenir, c’est la condition de son peuple. «L’Éternel dit: J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs...» (v. 7). Quelle tendresse de sa part! Rien n’indique que les enfants d’Israël avaient crié à l’Éternel. Ils avaient soupiré et crié à cause de leur esclavage, mais nous ne voyons pas qu’ils se soient tournés vers l’Éternel. Pourtant, leur misère avait touché son cœur, il connaissait leurs douleurs et était descendu pour les délivrer. Ainsi «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous» (Rom. 5:8).
3) Son propos était de délivrer le peuple d’Égypte, «pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, et du Héthien, et de l’Amoréen, et du Phérézien, et du Hévien, et du Jébusien» (v. 8). Il n’y a ici rien entre l’Égypte et Canaan. Le désert n’est pas mentionné. De la même manière, nous lisons dans les Romains que «ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés». Nous apprenons ainsi, comme cela a souvent été remarqué, que le désert ne fait pas partie du propos de Dieu. Il se rattache à ses voies, non pas à ses plans éternels, car c’est dans le désert que la chair est mise à l’épreuve; c’est là que nous apprenons ce que nous sommes et aussi ce que Dieu est (voir Deut. 8). Mais pour ce qui concerne les plans d’amour de Dieu, il n’y a rien entre la rédemption et la gloire. Et en réalité, il n’y avait que onze journées de chemin depuis Horeb jusqu’à Kadès-Barnéa (Deut. 1:2), mais, à cause de leur incrédulité, il fallut quarante ans aux enfants d’Israël pour parcourir cette distance.
4) Moïse est alors établi pour les délivrer. L’Éternel avait entendu le cri du peuple, bien qu’il ne lui fût pas adressé; il avait vu leur oppression, et ainsi il va envoyer Moïse vers le Pharaon, pour les faire monter d’Égypte (v. 9, 10).
Doutes et craintes
Nous arrivons ici à une très triste défaillance de la part de Moïse. En Égypte, il avait couru avant d’être envoyé; il croyait pouvoir délivrer ses frères, ou du moins redresser les torts qu’ils subissaient, dans l’énergie de sa propre volonté. Mais maintenant, après quarante ans passés dans les solitudes du désert, non seulement il n’est pas disposé à être employé pour la belle mission que l’Éternel veut lui confier, mais il soulève objection sur objection; il va jusqu’à lasser la patience et la miséricorde de l’Éternel et à embraser sa colère contre lui (4:14). Mais chaque nouveau manquement de Moïse devient l’occasion de manifester une grâce plus grande — bien que par la suite, Moïse aura à souffrir tout au long de sa vie de son peu d’empressement à obéir à la voix de l’Éternel. Triste histoire de la chair! Ou elle est impatiente, ou elle est trop lente. Un seul a toujours été à la hauteur de toute la volonté de Dieu, Un seul a toujours fait les choses qui lui plaisent, le parfait Serviteur, le Seigneur Jésus Christ. Considérons cette série de difficultés soulevées par Moïse.
«Et Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers le Pharaon, et pour que je fasse sortir hors d’Égypte les fils d’Israël» (v. 11). « Qui suis-je, moi?» Il est tout à fait convenable d’avoir le sentiment de notre néant total. Mais il convient également d’avoir une haute estimation de Dieu. Car quand il envoie, il ne s’agit pas de ce que nous sommes, mais de ce que lui est, et ce n’est pas peu de chose que d’être investis de son autorité et de sa puissance. David a appris cette leçon lorsqu’il s’avance contre Goliath; en réponse à ses insultes, il déclare: «Moi, je viens à toi au nom de l’Éternel des armées, du Dieu des troupes rangées d’Israël, que tu as outragé» (1 Sam. 17:45). Cette objection de Moïse n’était donc rien d’autre que du doute.
Cela paraît clairement dans la réponse qui lui est donnée: «Parce que je serai avec toi; et ceci te sera le signe que c’est moi qui t’ai envoyé: lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne» (v. 12). La présence de l’Éternel serait à la fois le garant de sa mission et la source de sa force. Comme l’Éternel le dira plus tard à Josué: «Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point. Fortifie-toi et sois ferme» (Josué 1:5, 6). L’Éternel connaît les besoins de son serviteur et pourvoit à sa faiblesse en donnant un signe qui devrait le rassurer, si la subtilité de son cœur devait l’amener à douter, et lui permettre de dire: «J’ai maintenant une preuve que ma mission est divine». C’était certes suffisant pour dissiper son hésitation et sa crainte. Écoutons sa réponse: «Et Moïse dit à Dieu: Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront: Quel est son nom? que leur dirai-je?» (v. 13).
JE SUIS CELUI QUI SUIS
Dieu s’était déjà révélé à Moïse comme le Dieu de ses pères; cela aurait dû suffire, mais rien ne satisfait jamais les doutes et les craintes. Et cela trahit incidemment la condition d’Israël: la supposition que le peuple ne connaissait pas le nom du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob pourrait se concrétiser! Dieu supporte avec grâce son serviteur faible et hésitant; il répond: «JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il ajoute: Tu diras ainsi aux fils d’Israël: JE SUIS m’a envoyé vers vous» (v. 14). C’est l’expression de l’être essentiel de Dieu, son nom comme Celui qui est; et, par conséquent, l’affirmation de l’éternité de son existence. Le Seigneur Jésus a revendiqué ce nom lorsqu’il a dit aux Juifs incrédules: «Avant qu’Abraham fût, JE SUIS» (Jean 8:58). Mais ce n’est pas tout. Après s’être révélé quant à son existence essentielle, il ajoute: «Tu diras ainsi aux fils d’Israël: L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous: c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération» (v. 15). C’est pure grâce de la part de Dieu. «JE SUIS, est son nom essentiel lorsqu’il se révèle; mais quant à son gouvernement de la terre et ses relations avec elle, son mémorial dans tous les âges est: le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Cela a donné à Israël, visité maintenant par Dieu et reçu sous l’abri de ce nom, une place toute particulière». Nous avons là une allusion à leur élection par la grâce souveraine de Dieu et à leur position de bien-aimés à cause des pères. Nous voyons également une révélation du fait qu’Israël sera à toujours le centre des voies de Dieu et la clé de ses plans par rapport à la terre se trouve révélée. Ainsi, tant qu’Israël est sous le jugement, dispersé à travers le monde, la période de bénédiction terrestre est différée.
C’est par conséquent sous ce nom que Dieu se présente pour les délivrer; car dès qu’il le prend, il admet dans sa grâce que le peuple qu’il a mis en relation avec lui a un droit à sa miséricorde et à sa compassion. D’où les instructions détaillées qui sont maintenant données à Moïse (v. 16-22), dans lesquelles toute l’histoire de la controverse de Dieu avec le Pharaon est développée jusqu’à son résultat final dans la délivrance de son peuple. Moïse doit d’abord assembler les anciens d’Israël pour leur dire que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, lui était apparu et lui avait communiqué les desseins de sa grâce envers eux, en les faisant monter hors de l’affliction de l’Égypte dans un pays ruisselant de lait et de miel (v. 16, 17). Il lui est annoncé qu’ils écouteraient sa voix et qu’ensemble, lui et eux, iraient demander au Pharaon la permission d’aller le chemin de trois jours dans le désert, afin de sacrifier à l’Éternel, leur Dieu (v. 18). Il est ensuite prévenu de l’opposition obstinée du Pharaon; mais il lui est aussi déclaré que Dieu s’occuperait lui-même du roi d’Égypte et qu’il le contraindrait à les laisser aller; enfin, que lorsqu’ils s’en iraient, ils ne partiraient pas à vide, mais qu’ils dépouilleraient les Égyptiens (v. 19-22)1. Ces instructions sont importantes pour tous les temps; car elles établissent sans aucun doute possible la préconnaissance exacte de Dieu. Il savait à qui il avait affaire, la résistance qu’il rencontrerait, et comment il en viendrait à bout. Il voyait tout du commencement à la fin. Quel encouragement pour nos faibles cœurs! Aucune difficulté, aucune épreuve ne peut nous surprendre qui n’ait été prévue par notre Dieu, et pour laquelle, dans sa grâce, une ressource n’ait été préparée! Tout a été prévu à l’avance en vue de notre triomphe final et de notre sortie victorieuse de cette scène, par la manifestation de sa puissance en rédemption, pour être avec le Seigneur pour toujours! Moïse allait certainement être satisfait cette fois.
1 Certaines traductions indiquent que les Israélites ont reçu l’ordre d’«emprunter» les biens des Égyptiens, la veille de leur exode, ici (Exode 3:22) et au chapitre 11:2; cela a fait l’objet de controverses. Or le sens du mot hébreu ne renferme pas la pensée d’«emprunter». Il signifie simplement «demander». Le contexte montre que grâce à l’intervention de Dieu, les enfants d’Israël trouveraient «faveur... aux yeux des Égyptiens»; et ceux-ci, amenés à réaliser que les Israélites avaient été maltraités par eux, leur donnèrent volontiers ce qu’ils demandaient — comme une espèce de compensation vraisemblablement — bien que sachant parfaitement qu’ils ne reverraient jamais les Israélites. Il s’agit donc de dons inconditionnels.
Chapitre 4, versets 1 à 17
Trois signes
«Et Moïse répondit, et dit: Mais voici, ils ne me croiront pas, et n’écouteront pas ma voix; car ils diront: L’Éternel ne t’est point apparu» (4:1). Quelle incrédulité et quelle présomption! L’Éternel avait dit: «Ils écouteront ta voix». Moïse répond: «Ils ne me croiront pas». Il n’y aurait rien eu d’étonnant à ce que l’Éternel rejette complètement son serviteur qui osait ainsi le contredire en face. Mais il est lent à la colère et d’une grande bonté; et cette scène est très belle en ce qu’elle révèle les profondeurs de sa tendresse et de sa patience. Il supporte donc son serviteur, va encore plus loin en lui donnant même des signes miraculeux pour le fortifier dans sa faiblesse et pour dissiper son incrédulité. «Et l’Éternel lui dit: Qu’est-ce que tu as dans ta main? Et il dit: Une verge. Et il dit: Jette-la à terre. Et il la jeta à terre, et elle devint un serpent; et Moïse fuyait devant lui. Et l’Éternel dit à Moïse: Étends ta main, et saisis-le par la queue (et il étendit sa main, et le saisit, et il devint une verge dans sa main), afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, t’est apparu» (v. 2-5). Deux autres signes sont encore ajoutés. Sa main, qu’il est invité à mettre dans son sein et à retirer, devint «lépreuse, blanche comme neige»; et lorsqu’il répète cet acte, «voici, elle était redevenue comme sa chair» (v. 6, 7).
Puis, un troisième signe est donné pour le cas où ni le premier ni le deuxième ne seraient écoutés. Moïse devait prendre de l’eau du fleuve et la verser sur le sec, et l’eau deviendrait du sang sur le sec (v. 9). Ces signes sont significatifs et, remarquons-le, tout spécialement en relation avec ce qui était en question. Une verge, dans l’Écriture, est le symbole de l’autorité ou de la puissance. Jetée à terre, elle devient un serpent qui est l’emblème bien connu de Satan; c’est donc la puissance devenue satanique et c’est exactement ce qui s’était produit en Égypte avec l’oppression des enfants d’Israël. Mais Moïse étend la main à la parole de l’Éternel, saisit le serpent par la queue, et il redevient une verge. La puissance qui était ainsi devenue satanique, reprise par Dieu, se transforme en verge de châtiment ou de jugement.
Ainsi cette verge, dans les mains de Moïse, sera désormais celle de l’autorité et de la puissance judiciaire de Dieu. La lèpre est une figure du péché dans sa souillure, le péché dans la chair se manifestant et polluant l’homme tout entier. C’est pourquoi le deuxième signe place devant nous le péché et sa guérison effectuée, nous le savons, par la mort de Christ uniquement. Le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, purifie de tout péché. L’eau représente ce qui rafraîchit — une source de vie et de rafraîchissement venant de Dieu; mais répandue sur la terre, elle se transforme en jugement et en mort. Avec de tels signes, Moïse allait certainement pouvoir convaincre les incrédules les plus endurcis. Eh bien! non; lui-même n’est pas encore convaincu. Que répond-il maintenant? «Ah, Seigneur! je ne suis pas un homme éloquent, — ni d’hier, ni d’avant-hier, ni depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche pesante et la langue pesante» (v. 10).
Encore des objections
Cette objection confirme de la manière la plus évidente que le «moi» était la poutre qui, dans son œil, obscurcissait la vision de la foi. Car était-ce son éloquence ou bien la puissance de l’Éternel qui devait effectuer l’émancipation d’Israël? Moïse parle comme si tout dépendait des belles paroles de la sagesse humaine, comme si l’appel qu’il avait à adresser devait être le produit de l’art humain pour l’homme naturel. Une erreur très largement répandue, même dans l’Église de Dieu! C’est ainsi que l’éloquence est recherchée, même par les chrétiens, qui la placent au-dessus de la puissance de Dieu. Les chaires de la chrétienté se trouvent de ce fait occupées par des hommes qui n’ont pas la langue pesante; et même les saints qui, en théorie, connaissent la vérité sont séduits et attirés par des dons brillants, et prennent plaisir à les entendre, indépendamment de la vérité communiquée. Quelle différence avec la pensée de l’apôtre Paul! «Moi-même, quand je suis allé auprès de vous, frères, je ne suis pas allé avec excellence de parole ou de sagesse, en vous annonçant le témoignage de Dieu». Et encore: «Ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance» (1 Cor. 2:1, 4). C’est pour cette raison que Dieu se sert souvent beaucoup plus de ceux qui ont «la langue pesante» que des dons éloquents; car alors la tentation de s’appuyer sur la sagesse des hommes n’existe pas: tous constatent qu’il s’agit de la puissance de Dieu. C’est cette leçon que l’Éternel va enseigner maintenant à Moïse, mais en l’accompagnant d’un reproche cuisant. «Qui est-ce qui a donné une bouche à l’homme? ou qui a fait le muet, ou le sourd, ou le voyant, ou l’aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? Et maintenant, va, et je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu diras» (v. 11, 12). Le serviteur ne pouvait pas demander davantage; mais le danger est d’oublier que la manière dont l’Éternel veut nous employer ne nous couvrira pas forcément d’honneur. Au contraire, nous serons peut-être taxés comme l’apôtre l’a été, de faibles dans notre présence personnelle et méprisables dans notre parole (2 Cor. 10:10); mais qu’importe, si nous sommes appelés à être les véhicules de la puissance de Dieu. Le serviteur doit apprendre à n’être rien, afin que l’Éternel seul soit exalté. Mais Moïse désirait manifestement être quelque chose. Accablé par ce qui l’attendait — peut-être aussi dans le sentiment de son incompétence, il désire, en dépit de toute la grâce et de la condescendance de l’Éternel, être dispensé d’une mission aussi difficile. Il dit alors: «Ah, Seigneur! envoie, je te prie, par celui que tu enverras» (v. 13). C’est-à-dire: «Envoie n’importe qui, mais pas moi».
L’assistance d’Aaron
Moïse a soulevé ainsi cinq objections aux commandements de l’Éternel, présumant trop de son support et de sa patience. Mais alors «la colère de l’Éternel s’embrasa contre Moïse, et il dit: Aaron, le Lévite, n’est-il pas ton frère? Je sais qu’il parlera très bien; et aussi le voici qui sort à ta rencontre, et quand il te verra, il se réjouira dans son cœur. Et tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous ferez; et il parlera pour toi au peuple, et il arrivera qu’il te sera en la place de bouche, et toi, tu lui seras en la place de Dieu. Et tu prendras dans ta main cette verge, avec laquelle tu feras les signes» (v. 14-17). La résistance de Moïse est ainsi brisée, mais seulement lorsque la colère de l’Éternel s’embrase contre lui à cause de sa réticence à obéir à sa parole; il subit toutefois une perte importante. Aaron devait désormais lui être associé et avoir la prééminence devant les hommes, car il serait le porte-parole de son frère. Dans sa grâce, l’Éternel réserve toutefois la première place devant Lui à son serviteur Moïse, lui accordant l’honneur et le privilège d’être le moyen de communication entre Lui et Aaron. Aaron devait être «en la place de bouche» pour Moïse; Moïse serait pour Aaron «en la place de Dieu», c’est-à-dire, qu’il communiquerait à Aaron le message à délivrer. Les desseins de Dieu ne sauraient être anéantis; mais nous aurons peut-être à souffrir de notre obstination et de notre désobéissance. Ce fut le cas pour Moïse. Combien de fois, par la suite, pendant les quarante années passées dans le désert, n’a-t-il pas dû regretter l’incrédulité qui l’avait conduit à refuser la charge que l’Éternel avait voulu lui confier à lui seul! Enfin la verge de l’autorité est donnée à Moïse — la verge avec laquelle il devait manifester la puissance de Dieu par des signes miraculeux, comme preuve de sa mission. Cette verge jouera un rôle très important dans la carrière de Moïse, et il est intéressant de relever les occasions où elle apparaît ainsi que l’emploi qui en est fait. Ici, elle devient, en quelque sorte, le sceau de sa mission en même temps que le signe de sa fonction; car, en fait, il était investi de l’autorité de Dieu pour faire sortir Son peuple d’Égypte.
Chapitre 4, versets 18 à 31
Retour en Égypte
Moïse va maintenant demander à Jéthro la permission de retourner en Égypte. Dieu avait préparé le chemin, aussi Jéthro donne-t-il son consentement, disant à Moïse: «Va en paix» (v. 18). L’Éternel veille sur son serviteur; il connaît les sentiments de son cœur et anticipe même ses craintes. Il le rassure: «Va, retourne en Égypte; car tous les hommes qui cherchaient ta vie sont morts» (Comparer Matt. 2:20). «Moïse prit sa femme et ses fils, et les fit monter sur un âne, et retourna au pays d’Égypte. Et Moïse prit la verge de Dieu dans sa main» (v. 19, 20). Puis l’Éternel lui donne des instructions et même lui révèle le caractère du jugement final par lequel il contraindrait le Pharaon à laisser aller son peuple. Plus encore, il lui enseigne maintenant la vraie relation dans laquelle il avait introduit Israël par grâce. «Israël est mon fils, mon premier-né»: c’est la première fois que cette révélation est faite; elle détermine le caractère du jugement qui s’abattrait sur l’Égypte. «Et je te dis: Laisse aller mon fils pour qu’il me serve; et si tu refuses de le laisser aller, voici, je tuerai ton fils, ton premier-né» (v. 22, 23; comparer Nomb. 8:14-18).
Le foyer du serviteur
Une chose manque encore à la qualification de Moïse pour sa mission. Avant de pouvoir devenir le canal de la puissance divine, il doit faire preuve de fidélité dans le cercle de sa propre responsabilité. L’obéissance dans son foyer doit précéder la manifestation de puissance devant le monde. Nous avons là l’explication de l’incident qui suit. «Il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir. Et Séphora prit une pierre tranchante et coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit: Certes tu m’es un époux de sang! Et l’Éternel le laissa. Alors elle dit: Époux de sang! à cause de la circoncision» (v. 24-26). Pour une raison que nous ignorons — peut-être sous l’influence de sa femme — Moïse avait négligé de circoncire son fils; aussi l’Éternel a-t-il une controverse personnelle avec lui, qui doit être réglée avant qu’il puisse se présenter devant le Pharaon avec l’autorité divine. L’Éternel l’humilie, s’occupe de lui, lui rappelle son manquement afin qu’il puisse le juger et revenir dans le sentier de l’obéissance. Pour reprendre les paroles de quelqu’un d’autre: «Dieu allait honorer Moïse; mais dans la maison de celui-ci, il était déshonoré. Comment se fait-il que les fils de Moïse n’aient pas été circoncis? Comment se fait-il que le signe de la mortification de la chair fît défaut chez ceux qui étaient les plus proches de Moïse? Comment se fait-il que la gloire de Dieu fût bafouée dans ce qui aurait dû occuper la première place dans le cœur d’un père? Il semble que sa femme n’était pas étrangère à tout cela... En fait, elle est finalement obligée de faire ce qu’elle détestait par-dessus tout, comme elle le dit elle-même dans le cas de son fils. Mais plus encore, Moïse était compromis, car c’est avec lui que Dieu avait la controverse, et non pas avec sa femme. Moïse était la personne responsable, et Dieu maintient l’ordre qu’il a établi».
La phrase que nous avons soulignée contient un principe extrêmement important et explique sur quelle base Dieu agissait envers son serviteur. Il lui fut toutefois accordé la grâce de s’incliner devant la main qui infligeait le châtiment; et quelle bénédiction, lorsqu’il nous est donné de reconnaître, avec l’apôtre Paul: «Nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts» (2 Cor. 1:9).
Les deux bases de la qualification de Moïse étaient donc l’autorité divine et l’état personnel; et ces deux éléments ne devraient jamais être séparés. Que ceux qui veulent parler au nom du Seigneur ou être employés par lui à un service quelconque prennent garde de l’oublier: c’est de toute importance. Rien ne saurait se substituer à un mauvais état de l’âme. En fait, le secret de notre faiblesse dans le service réside là. Si notre comportement, ou comme dans le cas de Moïse, si nos foyers, ne sont pas jugés, l’Esprit de Dieu est attristé et, par conséquent, nous ne sommes pas employés pour la bénédiction. Il ne suffit donc pas d’avoir les paroles de Dieu dans la bouche; mais il nous faut marcher sous l’influence de leur puissance dans notre propre âme pour pouvoir parler «en démonstration de l’Esprit et de puissance» (voir 1 Cor. 2:4).
En la montagne de Dieu
Tout est prêt maintenant et ainsi le chapitre se termine sur une scène magnifique, une scène qui doit avoir réjoui le cœur de Moïse et l’avoir, avec la bénédiction de Dieu, fortifié pour le rôle difficile qu’il va avoir à remplir. Mais d’abord l’Éternel envoie Aaron à la rencontre de Moïse, au désert en la montagne de Dieu. «Et Moïse raconta à Aaron toutes les paroles de l’Éternel qui l’avait envoyé, et tous les signes qu’il lui avait commandés» (v. 27, 28). Le lieu de leur rencontre est très significatif. C’est en la montagne de Dieu (3:1), c’est-à-dire en Horeb, que l’Éternel était apparu à Moïse; c’est là maintenant qu’Aaron rencontre Moïse et c’est là aussi que Moïse recevra plus tard les deux tables de pierre avec les dix commandements écrits du doigt de Dieu. Mais laissons ce sujet pour le moment et remarquons — car nous avons là une leçon très pratique — qu’il est toujours extrêmement précieux pour des membres d’une même famille de pouvoir se retrouver en la montagne de Dieu. Comme pour Moïse et Aaron, «les paroles de l’Éternel» seront alors le sujet de la conversation, et la rencontre sera accompagnée de bénédiction. D’un autre côté, si nous descendons à un niveau inférieur, comme cela arrive trop souvent, nous serons davantage occupés de nous-mêmes, de ce que nous faisons, et cela ne tournera ni à la gloire de Dieu ni à notre profit.
Remarquons aussi que c’est de la montagne de Dieu qu’ils partent pour leur mission. Bienheureux les serviteurs qui passent directement de la présence de Dieu à leurs travaux. Arrivés en Égypte, «ils allèrent, et assemblèrent tous les anciens des fils d’Israël; et Aaron dit toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Moïse et fit les signes devant les yeux du peuple. Et le peuple crut; et ils apprirent que l’Éternel avait visité les fils d’Israël, et qu’il avait vu leur affliction; et ils s’inclinèrent et se prosternèrent» (v. 29-31). La parole de l’Éternel trouvait ainsi son accomplissement. Moïse avait dit: «Ils ne me croiront pas, et n’écouteront pas ma voix». Mais, selon la parole de l’Éternel, le peuple crut; et, en entendant comment il les avait visités et avait vu leur affliction, touchés par sa grâce, ils s’inclinèrent et se prosternèrent. Il est vrai que plus tard, lorsque les difficultés augmentèrent, ils murmurèrent dans leur incrédulité; mais cela n’enlève rien à la beauté de la scène placée devant nous, où nous voyons la parole de l’Éternel dans toute sa fraîcheur et toute sa puissance toucher le cœur des anciens et les amener à s’incliner et à adorer dans sa présence.
Chapitre 5
4. Exode 5 et 6 — Le premier message au Pharaon
4.1. Jour de grâce pour le Pharaon
Ces deux chapitres occupent une place particulière dans le récit. Ils constituent une sorte de préface, pour introduire les jugements qui constitueront la controverse de l’Éternel avec le Pharaon. Ils sont également très intéressants en ce qu’ils illustrent les manières d’agir de Dieu. Le message est présenté en grâce, l’occasion d’obéir est offerte — Dieu use de patience et de support avant de lever la main pour châtier. Il en va de même pour le monde aujourd’hui. C’est le jour de la patience et de la grâce de Dieu, où le message de sa grâce est proclamé au loin; quiconque veut peut écouter, croire et être sauvé. Mais ce jour de grâce va bientôt prendre fin; et au moment où le Seigneur se lèvera de sa place à la droite du Père, la porte sera fermée et les jugements commenceront à s’abattre sur le monde. Ces deux chapitres décrivent, pour ainsi dire, le jour de grâce pour le Pharaon. D’un autre côté, si le roi d’Égypte était bien un homme, il était également, dans la position qu’il occupait — nous l’avons déjà indiqué — un type de Satan, comme le dieu de ce monde. Sous ce rapport, il y a donc d’autres instructions à retirer de ces chapitres; et c’est en fait cet aspect qui occupe la place principale. Nous le verrons au cours de notre étude.
4.2. Ch. 4:1-5
Souvenons-nous qu’il s’agit de la rédemption d’Israël; par conséquent, le peuple ne pouvait y avoir aucun rôle. Dieu doit agir pour les enfants d’Israël; c’est donc lui qui va avoir une controverse avec le Pharaon. Celui-ci, type de Satan le dieu de ce monde, tient le peuple dans l’esclavage. Le but de Dieu est de l’en délivrer; aussi le message confié à Moïse s’adresse-t-il au roi d’Égypte. Et pourquoi Dieu veut-il libérer Israël? «Afin qu’il me célèbre une fête dans le désert». C’est pour sa propre joie, sa joie dans celle de ses rachetés. C’est pour la satisfaction de son cœur! Quelle pensée admirable: la joie de Dieu est en jeu dans notre salut!
Le message délivré met en évidence le vrai caractère du Pharaon. «Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix et que je laisse aller Israël? Je ne connais pas l’Éternel, et je ne laisserai pas non plus aller Israël». Il s’oppose ainsi directement et absolument à Dieu. Position solennelle! Et jamais cet antagonisme n’a diminué; au contraire il s’est renforcé jusqu’au moment où il a été brisé par la défaite et la destruction du Pharaon et de ses armées. Voilà certes un avertissement pour ceux qui ne sont pas réconciliés avec Dieu, et aussi une révélation de la corruption terrible de la nature humaine qui ose se dresser de manière impie contre la puissance de Dieu et la défier audacieusement.
4.3. La colère du roi
Il ne s’agissait pas de l’expression passagère d’un esprit irrité. Car en réponse aux appels réitérés de Moïse et d’Aaron, il les accuse d’entraver le travail du peuple. Le dieu de ce monde est l’incarnation de l’égoïsme; il ne peut donc que haïr Dieu. Nous en avons un exemple à Philippes. Dès le moment où, par sa prédication et son intervention, l’apôtre touche au gain des maîtres de la servante possédée d’un esprit de python, il attire leur inimitié féroce sur lui-même et sur son compagnon. Il en va de même pour le Pharaon. La perspective d’être privé du service de ses esclaves enflamme sa colère. Il augmente alors les tâches du peuple, faisant peser un fardeau plus lourd sur eux, afin de renforcer encore leur esclavage. C’est ce qui se produit toujours. Mais malgré sa puissance et sa subtilité, Satan est immanquablement perdant. En fait, il est incapable de rien prévoir. Il ne peut pas voir dans l’avenir davantage que nous, et par conséquent, il ne fait que se tromper. Les Israélites sont paresseux, dit le Pharaon, «c’est pourquoi ils crient, disant: Allons, et sacrifions à notre Dieu» (v. 8). Il commande alors qu’un service plus dur leur soit imposé pour chasser de telles pensées de leur esprit. Ah! Satan remuera ciel et terre pour empêcher un seul de ses misérables esclaves de se soustraire à son service. Aussi lorsqu’une âme est convaincue de péché et commence à soupirer après la liberté et la paix avec Dieu, cherchant à sortir d’Égypte et à être sauvée, Satan l’environnera de tous les pièges, de toutes les séductions et de toutes les entraves possibles. Comme le Pharaon l’a fait avec les enfants d’Israël, il essaiera d’extirper de l’esprit toutes les aspirations de ce genre, par un surcroît d’occupations et un tourbillon d’agitation ou d’activité. Si un de mes lecteurs devait se trouver dans cet état, qu’il prenne garde à ces ruses du Méchant et qu’il tourne résolument le dos à tous ces artifices dont le seul but est de le précipiter dans la destruction. Ah! plutôt, que dans la conscience de ses grands besoins et de sa misère absolue, il lève ses regards vers Celui qui, par la mort, a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable et qui délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie assujettis à la servitude (Héb. 2:14, 15)! En croyant au Seigneur Jésus, ils passeront alors des ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à Dieu.
4.4. L’oppression s’accentue
Les officiers du Pharaon obéirent et s’acquittèrent impitoyablement de leur devoir (v. 10-14). Le fer de l’oppression pénétra dans l’âme des enfants d’Israël. Dans l’amertume de leur esprit, ils «crièrent au Pharaon, disant: Pourquoi fais-tu ainsi à tes serviteurs?...» (v. 15-18). Mais en vain; car Satan ignore la pitié, lui qui se réjouit même des peines de ses propres esclaves. Déçus de ne pas trouver de soulagement auprès du Pharaon, ils déchargent leur colère sur Moïse et Aaron, les accusant d’être à l’origine du durcissement de leur servitude. «Que l’Éternel vous regarde, et qu’il juge; car vous nous avez mis en mauvaise odeur auprès du Pharaon et auprès de ses serviteurs, de manière à leur mettre une épée à la main pour nous tuer» (v. 21). L’expérience individuelle confirme la vérité de ces paroles. C’est celle du pécheur dont la conscience a été réveillée, dans les profonds exercices par lesquels il passe lorsqu’il est accablé par le sentiment de sa culpabilité, et qu’il éprouve en même temps toute l’animosité de Satan. N’est-il pas alors tenté de soupirer après le jour où il ne connaissait pas ces conflits et ces peines, incapable de voir qu’ils sont le chemin conduisant à la délivrance?
Sur le moment, même Moïse plie sous la tempête. Il est sensible à leurs reproches, lui qui souhaitait sans aucun doute ardemment le bien-être et la rédemption de son peuple, et il se sent envahi par le doute devant cette nouvelle phase de la politique du Pharaon. Perdant patience, il s’écrie: «Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi donc m’as-tu envoyé? Depuis que je suis entré vers le Pharaon pour parler en ton nom, il a fait du mal à ce peuple, et tu n’as pas du tout délivré ton peuple» (v. 22, 23). Moïse éprouvait donc la même déception et la même impatience que le peuple. Il n’avait pas encore appris à marcher par la foi, non par la vue, ni à se reposer sur l’Éternel et à s’attendre patiemment à Lui. Pourtant, sa défaillance résultait aussi de sa sympathie pour les Israélites opprimés; or l’une des premières qualités nécessaires pour aider les autres est bien de s’identifier avec leur situation.
Dans cette mesure, Moïse était en communion avec la pensée de l’Éternel qui comprenait les sentiments de son serviteur. Aussi l’envoie-t-il une nouvelle fois, et lui confirme-t-il ses desseins de grâce et de bonté, lui révélant sa fidélité immuable à son alliance. Il avait déjà accompli deux choses: il avait enseigné tant à Moïse qu’au peuple le caractère de leur oppresseur et la nature de leur joug. Il les avait livrés apparemment en la main du Pharaon et avait produit par là en eux la conviction de leur condition désespérée. C’est toujours ainsi qu’il procède. Jamais il ne se présente comme le Sauveur avant que les hommes reconnaissent leur état de culpabilité et de perdition. Le Seigneur Jésus a dit: «Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance». Dès que l’homme est prêt à admettre qu’il est perdu, le Sauveur se présente à son âme.
C’est ce que nous avons ici. Le cas des enfants d’Israël paraît pire qu’auparavant; ils sont désespérés, et Moïse l’est aussi. Alors nous avons la présentation et la révélation bénies du chapitre 6. Dans le chapitre 5, l’Éternel faisait seulement passer son peuple par une discipline nécessaire. Et cela, pour deux raisons: séparer son peuple des Égyptiens, produire entre eux une brèche irrémédiable; et ouvrir le chemin à la manifestation de sa propre puissance, afin que les enfants d’Israël sachent que seule sa main pouvait les faire sortir du pays d’Égypte. Il déclare d’abord que, contraint par Sa main, le Pharaon les chassera de son pays (v. 1). Puis nous avons une révélation de toute importance: «Et Dieu parla à Moïse, et lui dit: Je suis l’Éternel (Jéhovah). Je suis apparu à Abraham, à Isaac, et à Jacob, comme le Dieu Tout-puissant; mais je n’ai pas été connu d’eux par mon nom d’Éternel (Jéhovah)» (v. 2, 3).
Chapitre 6
4.5. Nouvelles promesses
Cela ne signifie nullement que le nom Éternel n’était pas employé auparavant; au contraire, on le trouve souvent. Mais Dieu ne l’avait encore jamais pris en relation avec ses serviteurs. Il l’adopte maintenant formellement comme son nom de relation avec Israël, et avec Israël seul. Les croyants de la dispensation actuelle connaissent Dieu comme leur Père; et pour eux, utiliser le nom d’Éternel dénoterait à la fois l’ignorance de leur position et de leur relation véritables, et la confusion des dispensations. L’emploi de ce nom est réservé à Israël, et par conséquent, il sera employé à nouveau lorsque le peuple sera ramené à la connaissance de sa relation avec Dieu dans le millénium. Que l’Éternel de l’Ancien Testament soit le Jésus du Nouveau Testament est une tout autre question, une question d’une portée et d’une importance immenses. Il était réellement l’Éternel au milieu d’Israël, et comme tel, il pardonnait leurs iniquités et guérissait leurs infirmités (Ps. 103:3); mais pour les chrétiens, jamais il n’est l’Éternel. Il s’est plu à les introduire dans une relation plus intime; il l’a révélé par ces paroles à Marie, et par elle à ses disciples: «Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20:17).
Après être entré formellement en relation avec les enfants d’Israël, il rappelle les termes de l’alliance qu’il avait établie avec leurs pères (v. 4; comparer Gen. 17:7, 8); puis il indique expressément que c’est en vertu de son alliance (car il est fidèle) qu’il a «entendu le gémissement des fils d’Israël, que les Égyptiens font servir» (v. 5). C’est sur cette base qu’il délivrera; autrement dit, en vertu de ce qu’il est pour eux dans l’alliance faite avec leurs pères. Et le message qu’il donne maintenant est alors très complet et étendu; il embrasse tout son propos pour la nation. La première des choses qu’il révèle, c’est le nom que Dieu a pris, l’Éternel: «Je suis l’Éternel»; il annonce la rédemption: ils seront délivrés et rachetés; ils seront mis en relation avec lui. Ils seront son peuple et lui sera leur Dieu; ils le connaîtront comme leur rédempteur, comme l’Éternel, leur Dieu, qui les a fait sortir de dessous les fardeaux des Égyptiens, et ils seront introduits dans le pays qu’il a juré de donner à Abraham, à Isaac, et à Jacob, et qui deviendra leur possession. Tout dépend de ce qu’Il est, le message se concluant par la répétition de la déclaration: «Je suis l’Éternel». Il est ainsi à la fois le Oui et l’Amen, l’Alpha et l’Oméga de leur rédemption. Un message de toute beauté! Tout est fondé sur ce qu’Il est en lui-même et tout est accompli par ce qu’Il est en lui-même. Par conséquent, tout ce qu’Il est garantit le commencement et aussi l’accomplissement de la rédemption de son peuple.
4.6. Échec apparent
Moïse transmet aux enfants d’Israël le message qu’il vient de recevoir, «mais ils n’écoutèrent pas Moïse, à cause de leur angoisse d’esprit, et à cause de leur dure servitude» (v. 9). Réduits au désespoir le plus complet, l’âme accablée par leur misère, ils sont sourds à la voix pleine de grâce qui proclame la liberté et la bénédiction. Moïse est alors renvoyé auprès du Pharaon pour demander la liberté du peuple; mais déçu de l’échec de sa mission auprès des Israélites, il répond: «Voici, les fils d’Israël ne m’ont point écouté; et comment le Pharaon m’écoutera-t-il, moi qui suis incirconcis de lèvres?» (v. 12). Tout a échoué! Le Pharaon a rejeté la requête de l’Éternel; les enfants d’Israël, accablés par le poids de leur joug, ne veulent pas écouter la bonne nouvelle de la grâce, et Moïse n’est pas disposé à aller de l’avant; il répète en effet son objection d’autrefois, manifestant que tout en étant conscient de son incompétence naturelle, il n’avait pas encore appris que sa capacité devait être recherchée dans l’Éternel. Mesurer les difficultés du service par ce que nous sommes est toujours une erreur fatale. Il s’agit de ce que Dieu est; et les difficultés qui paraissent comme des montagnes émergeant des brumes de notre incrédulité ne sont pour Lui que l’occasion de manifester sa toute-puissance.
Cette partie se termine apparemment par un échec total. Mais l’Éternel ne se laisse pas arrêter par la faiblesse ou la résistance humaines; ses desseins, issus de son propre cœur et accomplis par sa propre puissance, sont immuables. Aussi pouvons-nous nous pencher avec admiration sur ce qui nous est rapporté au verset 13. «Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et leur donna des ordres pour les fils d’Israël, et pour le Pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir les fils d’Israël du pays d’Égypte». Nullement arrêté par la surdité de ses enfants, la défaillance de son serviteur ou l’opposition ouverte du Pharaon, il entreprend calmement d’opérer la rédemption de son peuple.
4.7. La mission de Moïse et d’Aaron
On remarquera que les versets 13 à 30 constituent une parenthèse. Elle peut être justifiée par deux raisons. Elle marque d’abord un nouveau point de départ. Comme nous l’avons expliqué, le chapitre 5 et la première partie du chapitre 6 sont préliminaires, une sorte de préface. D’une part la période qu’ils embrassent est comme un jour de grâce pour le Pharaon, considéré simplement comme un homme; d’autre part elle met en lumière le caractère véritable du conflit dans lequel l’Éternel allait entrer et révèle la position et la condition exactes de chacune des parties concernées: le Pharaon, les enfants d’Israël et Moïse. En même temps les bases sur lesquelles l’Éternel allait agir pour son peuple sont posées solidement et profondément dans son caractère et son alliance.
Une fois cette période écoulée, l’Éternel repart à zéro, d’où la répétition du mandat confié à Moïse et à Aaron, avec l’objet et le but de leur mission. Cela permet en second lieu d’introduire la généalogie du peuple qui devait être délivré. Pour nous, l’intérêt réside dans la lignée de Moïse et d’Aaron. «Et Amram prit pour femme Jokébed, sa tante, et elle lui enfanta Aaron et Moïse» (v. 20). «C’est là cet Aaron et ce Moïse auxquels l’Éternel dit: Faites sortir les fils d’Israël du pays d’Égypte, selon leurs armées. Ce sont eux qui parlèrent au Pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir d’Égypte les fils d’Israël: c’est ce Moïse, et cet Aaron» (v. 26, 27). Aaron était donc l’aîné, et il est intéressant de remarquer que les pieux parents, Amram et Jokébed ont été bénis en gardant en vie leurs deux enfants en dépit de l’édit du roi. Quant à la nature, Aaron avait la priorité sur Moïse; mais la grâce ne suit jamais l’ordre de la nature. Elle reconnaît toutes les relations naturelles que Dieu a formées, et là où cette vérité n’est pas fermement maintenue, il ne peut y avoir que difficultés lorsqu’il n’y a pas déshonneur. Mais la grâce étant tout à fait au-dessus et en dehors de la nature, elle agit dans sa propre sphère et selon ses propres lois. Aussi Dieu, dans l’exercice de ses droits souverains, choisit Moïse et non Aaron, même si par suite du manquement de Moïse et en ayant égard avec douceur à sa faiblesse, il lui associe plus tard son frère dans son œuvre. L’ordre divin reste toutefois Moïse et Aaron, tandis que selon l’ordre naturel, c’est Aaron et Moïse, comme nous l’indiquent la généalogie et le verset 26.
Les trois derniers versets ne font que relier le récit au verset 10. En effet, l’objection de Moïse au verset 30 est bien évidemment la même que celle du verset 12. Et pourtant, il y a une raison à cette répétition. Dans les chapitres 3 et 4, Moïse soulève cinq objections dans sa réponse à l’Éternel; ici, au chapitre 6, il y en a deux, donc sept au total. On peut y voir la manifestation parfaite de la faiblesse et de l’incrédulité de Moïse. Combien cela fait ressortir la grâce et la bonté de l’Éternel; car si, dans sa présence, l’homme est mis à nu, ce qu’il est Lui dans toute la perfection de sa grâce, de son amour, de sa bonté et de sa vérité est également révélé. Que son nom soit béni!
Chapitres 7 à 11
5. Exode 7 à 11 — Les jugements sur l’Égypte
Ces chapitres ne peuvent pas être séparés: ils forment un tout — un récit tristement significatif, puisqu’il contient l’énumération des jugements successifs, et de plus en plus sévères, qui se sont abattus sur l’Égypte, jusqu’au moment où par leur moyen Dieu contraignit le Pharaon de libérer les enfants d’Israël du dur esclavage auquel ils avaient été soumis. Aussi avons-nous d’abord la répétition de la mission de Moïse et d’Aaron, du but de l’Éternel et de la manière dont il accomplirait la rédemption de son peuple, malgré l’opposition du Pharaon.
5.1. Ch. 7:1-6 — Avertissement
L’Éternel communiquait ainsi à ses serviteurs ce qu’il allait faire, et comment il le ferait. Il déroule devant leurs yeux le rouleau de l’avenir, afin de les préparer à leur tâche et de fortifier leur foi. De la même manière, il nous a révélé le cours de l’histoire de ce monde, et nous a avertis des jugements à venir, de la destruction certaine du monde et de tous ceux qui en font partie, à moins qu’ils ne prennent garde aux avertissements de sa Parole et aux invitations de sa grâce. En même temps il nous encourage par la sûre perspective d’en être délivrés par sa puissance, lorsque le Seigneur reviendra pour prendre les siens auprès de lui. Son désir pour Moïse et pour Aaron, comme pour nous aussi, était qu’ils entrent dans ses propres desseins d’une part à l’égard du monde et de son dieu, d’autre part à l’égard de ses pauvres et misérables esclaves. Quel réconfort pour le cœur, quel soutien pour l’âme, dans la communion avec les pensées de Dieu! Quelle grâce de sa part de nous les communiquer, afin que nous puissions les transmettre à d’autres avec autorité et puissance!
Avant de nous pencher sur ces chapitres, nous nous arrêterons sur un point qui souvent cause des difficultés au croyant et suscite les attaques de l’Ennemi. Il s’agit de ces paroles: «Et moi, j’endurcirai le cœur du Pharaon» (chap. 7:3). Satan ne manque pas d’insinuer le doute suivant: Quel était le péché du Pharaon, si son cœur était endurci par Dieu? Ou: Comment Dieu peut-il être juste s’il détruit un homme que lui-même a endurci pour qu’il lui résiste? Si l’on avait étudié avec soin l’endroit où ces mots sont rapportés, le problème aurait disparu. Mais, en fait, il est tellement courant de citer des versets de l’Écriture isolément, qu’on crée des difficultés qui seraient résolues en un instant si l’on examinait soigneusement le contexte. Remarquons donc que cela est dit du Pharaon seulement après qu’il a rejeté avec mépris les droits de l’Éternel. Il avait dit: «Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix et que je laisse aller Israël? Je ne connais pas l’Éternel, et je ne laisserai pas non plus aller Israël» (chap. 5:2). Il a rejeté la parole de l’Éternel, s’est opposé ouvertement à Lui et à son peuple; et alors son cœur est endurci judiciairement. Maintenant encore Dieu agit selon le même principe. C’est ainsi que nous lisons dans la seconde épître aux Thessaloniciens qu’il enverra sur certains une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge. Mais pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. (2 Thess. 2:9-11). Puisse cet avertissement pénétrer profondément dans le cœur de ceux qui ne seraient pas convertis et dont les yeux tomberaient sur ces pages! S’ils persistent à refuser l’évangile de la grâce de Dieu, il y aura pour eux aussi un temps où il leur deviendra impossible d’obtenir le salut. Dieu a fixé une limite à son jour de grâce, comme il en avait mis une pour le Pharaon; une fois cette limite dépassée, il ne reste plus que le jugement. C’est pourquoi, «aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs» (Héb. 3:15).
Il y a cependant une pause. Moïse et Aaron vont auprès du Pharaon et présentent leur requête, attestée par un miracle: le signe que l’Éternel avait enseigné à Moïse à Horeb. «Aaron jeta sa verge devant le Pharaon et devant ses serviteurs, et elle devint un serpent» (chap. 7:10). Les sages d’Égypte, les magiciens, l’imitent avec leurs verges; mais «la verge d’Aaron engloutit leurs verges» (v. 12), l’Éternel accréditant ainsi la mission de ses serviteurs. Pourtant, comme Il l’avait prédit, le Pharaon n’est pas convaincu; «le cœur du Pharaon s’endurcit, et il ne les écouta point, comme avait dit l’Éternel» (v. 13). Dieu entre alors lui-même en scène, et une succession de jugements terribles s’abat sur le Pharaon et son pays, des jugements connus aujourd’hui encore comme «les plaies d’Égypte». Il y en a dix. D’abord, les eaux du Nil sont changées en sang (chap. 7:14-25); puis il y a les plaies des grenouilles (chap.8:1-15), des moustiques (chap.8:16-19), des mouches venimeuses (chap. 8:20-32), de la peste des troupeaux (chap. 9:1-7), des ulcères (chap. 9:8-12), des tonnerres et de la grêle (chap. 9:18-35), des sauterelles (chap. 10:1-20), des ténèbres (chap. 10:21-29), et finalement, celle de la mort du premier-né de l’homme et de la bête (chap. 11; 12). Le psalmiste les mentionne plus d’une fois dans un langage imagé lorsqu’il célèbre les œuvres puissantes de l’Éternel dans un cantique, décrivant comment «il mit ses signes en Égypte, et ses prodiges dans les campagnes de Tsoan» (Ps. 78:43; voir aussi Ps. 105:26-36).
5.2. Plaies sur l’Égypte
Il serait difficile, sinon impossible, de donner une interprétation détaillée de ces différentes plaies. Si nous gardons en mémoire le caractère de la controverse que Dieu avait avec le Pharaon, leur but général est clair. Il avait affaire avec le Pharaon en tant qu’oppresseur de son peuple, comme étant en figure le dieu de ce monde; aussi était-il en conflit avec le Pharaon et tout ce en quoi celui-ci se confiait. C’est la raison pour laquelle nous lisons qu’Il a exécuté des jugements sur les dieux de l’Égypte (Ex. 12:12; Nomb. 33:4). Nous avons donc ici la manifestation éclatante de la puissance victorieuse de Dieu dans la forteresse de Satan; car si Satan entre en conflit avec Dieu, il n’y a qu’une seule issue possible: sa défaite totale. Ainsi, premièrement, les eaux de l’Égypte, surtout celles du Nil sacré, source de vie et de rafraîchissement pour l’Égypte et son peuple, du monarque au plus humble de ses sujets, sont changées en sang, le symbole de la mort et du jugement. Il s’ensuit que «le poisson qui était dans le fleuve mourut; et le fleuve devint puant, et les Égyptiens ne pouvaient boire de l’eau du fleuve; et il y avait du sang dans tout le pays d’Égypte» (chap. 7:21). Ainsi le fleuve dont ils se glorifiaient hautement comme étant un emblème de Dieu, devint un objet de dégoût et de rejet.
La plaie des grenouilles vient ensuite. La grenouille était vénérée par les Égyptiens; elle était au nombre de leurs animaux sacrés. Sous la main judiciaire de Dieu, les grenouilles «montèrent, et couvrirent le pays d’Égypte». Elles devaient même entrer dans la maison du Pharaon, dans la chambre où il couchait, sur son lit, dans la maison de ses serviteurs, et parmi son peuple, dans les fours et dans les huches (chap. 8:3-6). L’objet de leur vénération est transformé en peste — un sujet d’horreur et d’exécration; et sur le moment, le Pharaon est tellement accablé qu’il est contraint d’implorer un répit (v. 8).
Le coup suivant est d’une autre nature; il est dirigé davantage contre la personne même des Égyptiens. Il s’agit de la plaie des moustiques. Les historiens tant anciens que modernes attestent de la propreté scrupuleuse des Égyptiens. Herodote (II, 37) rapporte que les prêtres étaient consciencieux à cet égard jusqu’au point de se raser la tête et le corps tous les trois jours par crainte de la vermine, dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Cette plaie allait donc abattre leur orgueil et ternir leur gloire, faisant d’eux-mêmes des objets de mépris et de dégoût. Viennent ensuite les mouches venimeuses (chap. 8:20-32). Il est pratiquement impossible d’établir avec précision la signification du mot traduit par «mouches»; plusieurs soutiennent qu’il s’agit de scarabées. Quoi qu’il en soit, par l’effet produit, la plaie témoigne d’une sévérité croissante. C’est également en relation avec elle que, pour la première fois, une division formelle est établie entre les enfants d’Israël et les Égyptiens (v. 22, 23).
Ensuite, l’Éternel se tourne vers le bétail: il envoie une mauvaise peste, «et tous les troupeaux des Égyptiens moururent; mais des troupeaux des fils d’Israël, il n’en mourut pas une bête» (chap. 9:6). Le Pharaon vérifie par lui-même l’étendue de la destruction (v. 7); mais son cœur demeure endurci. Ce coup frappait une des sources de la richesse et de la prospérité de l’Égypte. Les souffrances physiques, tant pour l’homme que pour la bête, suivent; elles sont dues à «un ulcère faisant éruption en pustules, dans tout le pays d’Égypte» (v. 9).
5.3. Dernières plaies
La plaie qui succède à celle-ci est l’anéantissement par la grêle et les tonnerres de tout ce qui croît dans les champs. Puis viennent les sauterelles; elles «montèrent sur tout le pays d’Égypte, et se posèrent dans tous les confins de l’Égypte, un fléau terrible; avant elles il n’y avait point eu de sauterelles semblables, et après elles il n’y en aura point de pareilles. Et elles couvrirent la face de tout le pays, et le pays fut obscurci; et elles mangèrent toute l’herbe de la terre, et tout le fruit des arbres que la grêle avait laissé; et il ne demeura de reste aucune verdure aux arbres, ni à l’herbe des champs, dans tout le pays d’Égypte» (chap. 10:14, 15). Ce coup s’abattait sur les ressources nécessaires aux besoins physiques.
Sur la requête du roi d’Égypte, les sauterelles disparaissent; mais son cœur étant toujours endurci, il y a maintenant «d’épaisses ténèbres dans tout le pays d’Égypte, trois jours. On ne se voyait pas l’un l’autre, et nul ne se leva du lieu où il était pendant trois jours; mais pour tous les fils d’Israël il y eut de la lumière dans leurs habitations» (v. 22, 23). «En Égypte, le soleil était vénéré sous le nom de Rê ou Ra: cela paraît visiblement dans le titre des rois, Pharaon, ou plutôt Phra, signifiant le soleil». Ainsi non seulement les Égyptiens avaient perdu la source de la lumière et de la chaleur; mais le Dieu qu’ils adoraient était obscurci — et son impuissance démontrée — une preuve, s’ils avaient été capables de la voir, que Celui qui est plus puissant que le soleil, le Créateur du soleil, s’occupait d’eux pour les juger.
La mort des premiers-nés est le coup final. Nous en parlerons lorsque nous arriverons au chapitre 12. Mais si nous considérons ces plaies dans leur ensemble, nous ne pouvons manquer d’être frappés par leur correspondance avec celles qui visiteront le monde dans un jour à venir, sous le règne de l’antichrist (voir Apoc. 16:1-14). En fait, le Pharaon est une image, et pas la moindre, de ce dernier adversaire de Dieu et de son Christ. Mais de même que Dieu a été glorifié dans sa controverse avec le premier, il le sera dans celle qu’il aura avec le second; car si le Pharaon s’est précipité au-devant de son jugement et a été englouti avec toutes ses armées dans les eaux de la mer Rouge, l’antichrist, s’élevant encore plus haut dans son impiété et son audace, avec «la bête» dont il a été le faux prophète, seront «jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre» (Apoc. 19:20). Aussi le psalmiste pouvait bien s’écrier: «Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne périssiez dans le chemin, quand sa colère s’embrasera tant soit peu» (Ps. 2:12). Il serait insensé en effet de rester sourd aux leçons proclamées si hautement par la controverse de Dieu avec le Pharaon. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu» (Rom. 8:7). Chaque inconverti se trouve ainsi en opposition ouverte contre Dieu — est en fait un ennemi de Dieu. Quelle grâce de multiplier comme il le fait ses messages d’amour, pour supplier par l’évangile les pécheurs d’être réconciliés avec lui! Il a livré son Fils unique à la mort et, sur le fondement de l’expiation du péché que celui-ci a accomplie par sa mort, il peut sauver avec justice quiconque croit. Mais «comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut» (Héb. 2:3), en refusant sa grâce. Quelle folie de la part du pécheur de demeurer un seul jour de plus dans son état de perdition, alors qu’il ignore le moment, peut-être tout proche, où il sera appelé à connaître un jugement aussi irrévocable que celui qui s’est abattu sur le roi d’Égypte!
Chapitres 7 à 11 (compléments)
5.4. Les devins
Il est également intéressant de s’arrêter un instant sur l’opposition des magiciens d’Égypte à la puissance miraculeuse de Moïse et d’Aaron dans la présence du Pharaon. Les noms des principaux d’entre eux sont mentionnés dans le Nouveau Testament. «Or de la même manière dont Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, ainsi aussi ceux-ci résistent à la vérité» (2 Tim. 3:8). Cette indication est très importante: elle montre qu’un principe des agissements de Satan est incarné dans la conduite des magiciens. On peut se demander alors: quel est donc leur caractère particulier? Il se résume en un mot: l’imitation. Ainsi, lorsque Aaron jeta sa verge et qu’elle devint un serpent, «eux aussi... firent ainsi par leurs enchantements: ils jetèrent chacun sa verge, et elles devinrent des serpents» (chap. 7:11, 12). Et lorsque les eaux d’Égypte furent frappées par la verge de Dieu et qu’elles furent changées en sang, «les devins d’Égypte firent de même par leurs enchantements» (v. 22). Dans le cas des grenouilles, également (chap. 8:7). Ils imitaient Moïse et Aaron. Dans l’épître à Timothée aussi, ceux dont il est dit qu’ils résistent à la vérité comme Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, sont décrits comme «ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (chap. 3:5). C’est un des pièges les plus subtils de Satan. S’il réussit à s’opposer ouvertement à la vérité, il ne se cachera pas; mais si ce genre d’antagonisme lui est fermé, il se transformera en ange de lumière. C’est ce qu’il fit aux jours de l’apôtre Paul; et c’est ce qu’il fait tout spécialement aujourd’hui. Les chrétiens de nom ne se laisseraient pas facilement entraîner par une manifestation évidente de la puissance satanique; mais combien d’entre eux sont séduits lorsque extérieurement elle est une imitation de la puissance divine. Il n’existe pas une seule opération de l’Esprit de Dieu, pas une seule forme de son travail, que Satan n’imite pas. Ses contrefaçons nous environnent de toute part, intérieurement et extérieurement. Mais Dieu, dans sa grâce, nous a donné tout ce qu’il fallait pour être préservés et aussi pour détecter chaque phase de ses séductions. L’apôtre Jean dit: «Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent; et, pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme la même onction vous enseigne à l’égard de toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas mensonge, — et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui» (1 Jean 2:26, 27). L’Esprit et la parole de Dieu suffisent pour nous mettre à l’abri des simulations de la vérité les plus dangereuses que Satan puisse présenter à nos âmes.
Plus encore, s’il y a un attachement ferme à Dieu et à sa vérité, les agissements de Satan seront, le moment venu, mis à découvert. À trois reprises, ses instruments «résistent» à Moïse. Mais lorsque survient la plaie des moustiques — lorsqu’il s’agit de produire la vie à partir de la poussière de la terre — les devins sont impuissants, et ils sont contraints de reconnaître: «C’est le doigt de Dieu» (chap. 8:18, 19). La vie appartient à Dieu. Lui seul en est la source; aussi les efforts de Satan sont-ils vains ici, et il n’est dès lors plus fait mention de tentatives de leur part d’intercepter la force des signes divins. Dans le chapitre suivant, nous lisons qu’ils «ne purent se tenir devant Moïse, à cause de l’ulcère» (chap. 9:11). Ils sont eux-mêmes frappés par la main punitive de Dieu. Nous pouvons donc rester confiants quels que soient les succès apparents momentanés du Méchant, car «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds» (Rom. 16:20).
5.5. Un cœur endurci
L’examen de l’effet de ces plaies judiciaires sur l’esprit du Pharaon contribuera également à donner une vue plus complète de ces chapitres. Le châtiment des grenouilles produit une impression momentanée. «Le Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit: Suppliez l’Éternel, afin qu’il retire les grenouilles de moi et de mon peuple; et je laisserai aller le peuple, et ils sacrifieront à l’Éternel» (chap. 8:8). Moïse répond à cette requête, et fixe le moment où il suppliera, afin que le Pharaon puisse reconnaître aussi sûrement la main de l’Éternel dans la réponse divine à sa demande que dans le jugement infligé. Qu’il est beau de considérer la patience et la grâce de Dieu envers le pécheur même le plus endurci! Au moindre mouvement du cœur vers Lui, et bien qu’Il sache que la réalité n’y est pas, Il est prêt à écouter — un témoignage frappant au fait qu’il ne veut pas la mort du pécheur, qu’il ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3:9). Aussi l’Éternel entendit; il «fit selon la parole de Moïse. Et les grenouilles moururent dans les maisons, dans les cours et dans les champs» (chap. 8:13). Mais quel fut le résultat? «Le Pharaon vit qu’il y avait du relâche, et il endurcit son cœur, et ne les écouta pas, comme avait dit l’Éternel» (v. 15).
Quelle image du cœur mauvais de l’homme! Courbé sous la main de Dieu, redoutant les conséquences, il implore la délivrance et promet de se conformer aux commandements divins si elle lui est accordée. Il obtient le soulagement et oublie aussitôt et ses craintes et ses promesses. De la même manière, plus d’un pécheur, amené aux portes de la mort par une maladie soudaine, a supplié pour obtenir miséricorde. Dieu a entendu sa prière et lui a rendu la santé. Mais au lieu de se consacrer alors au service de Dieu, comme il en avait eu l’intention, il retombe dans sa vie d’insouciance et de péché. Dans tous ces cas, la conscience n’a en fait jamais été réellement touchée; il n’y a pas eu de sentiment de culpabilité devant Dieu; son témoignage à l’état de perdition de l’homme n’a pas été reçu et, par conséquent, il n’y a pas eu le besoin de recourir à sa grâce en salut, révélée en Jésus Christ le Sauveur; les promesses faites n’étaient en réalité qu’une sorte d’offrande compensatoire pour obtenir que Dieu retire sa main.
Aussi, une fois le soulagement obtenu, et parce qu’il n’y a pas eu de changement, pas de conversion à Dieu, le courant de leur vie, dévié pendant un moment, retourne naturellement à ses canaux antérieurs. Oh! qu’ils sont nombreux à être dans ce cas! qu’ils sont nombreux ceux dont il peut être dit que, voyant qu’il y avait du répit, ils ont endurci leur cœur! Si ces lignes devaient tomber sous les regards de l’un d’eux, puissent-elles toucher profondément son cœur; et alors, si ses yeux étaient ouverts sur son état véritable, qu’il puisse pendant qu’il en est encore temps, confesser devant Dieu qu’il est un pécheur coupable et perdu, et se tourner vers le Seigneur Jésus Christ seul pour obtenir le salut. «Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance? Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère» (comme le Pharaon) «dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu» (Rom. 2:4, 5).
5.6. Pas de sacrifices dans le pays
La quatrième plaie, celle des mouches venimeuses, semble produire une impression plus profonde. «Le Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit: Allez, sacrifiez à votre Dieu dans le pays». C’était une offre très subtile; Moïse et Aaron auraient facilement pu s’y laisser prendre s’ils n’avaient pas connu le caractère et la pensée de Dieu. Satan n’a pas d’objection à ce que ses serviteurs soient religieux, pourvu qu’ils demeurent sous sa domination. Qu’ils professent aussi haut qu’il leur plaît servir Dieu, pourvu qu’ils reconnaissent son autorité à lui. Comme dans la tentation qu’il a présentée au Seigneur dans le désert (Matt. 4), il leur accordera tous les désirs de leur cœur, si seulement ils se prosternent devant lui et lui rendent hommage. Qu’ils restent du monde, et le monde et son dieu les aimeront. Aussi Satan conseillera-t-il toujours de le servir lui et de servir Dieu; «sacrifiez à votre Dieu, mais restez dans le pays». Un verset de l’Écriture nous fournit la réponse à tous les raisonnements spécieux de ce genre: «Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre: vous ne pouvez servir Dieu et Mammon» (Matt. 6:24).
Moïse a le discernement véritable, parce qu’il a la pensée de Dieu; aussi perçoit-il le piège. Il répond: «Il n’est pas convenable de faire ainsi; car nous sacrifierions à l’Éternel, notre Dieu, l’abomination des Égyptiens. Est-ce que nous sacrifierions l’abomination des Égyptiens devant leurs yeux, sans qu’ils nous lapidassent! Nous irons le chemin de trois jours dans le désert, et nous sacrifierons à l’Éternel, notre Dieu, comme il nous a dit» (chap. 8:26, 27). Moïse voyait clair; il savait que Christ était et devait être un objet de mépris pour les Égyptiens [«aux Juifs occasion de chute, aux nations folie» (1 Cor. 1:23)] et qu’il doit y avoir antagonisme irréconciliable entre eux et Son peuple. «S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi» (Jean 15:20).
L’Égypte ne pouvait donc pas être un lieu convenable pour le peuple de Dieu. Moïse ajoute alors deux choses: d’abord, ils doivent aller le chemin de trois jours dans le désert. Le nombre trois est significatif dans ce contexte — le chemin de trois jours parle du temps que Jésus a passé dans la mort. (Comparer Nomb. 10:33). Ensuite ils doivent sacrifier à l’Éternel, leur Dieu, comme il leur a dit. Voilà certainement des principes importants et fondamentaux. Rien sinon la mort — la mort avec Christ — ne peut nous séparer de l’Égypte. L’apôtre Paul dit ainsi: «Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde [l’Égypte] m’est crucifié, et moi au monde [l’Égypte]» (Gal. 6:14). Aucun changement ni aucune réforme extérieurs ne nous feront sortir de la maison d’esclavage, rien sinon la croix — la mort de Christ, faite nôtre par la foi en son nom. Deuxièmement, il doit y avoir obéissance à l’Éternel. Nulle autre autorité que la sienne ne doit jamais être admise ni acceptée. L’obéissance est le premier devoir, et couvre tout le terrain de la responsabilité du croyant. D’où la nécessité d’une cassure totale avec le monde, d’une séparation (par la mort). Si Moïse avait consenti à rester en Égypte, il aurait reconnu le gouvernement du Pharaon, et cela aurait été incompatible avec les droits absolus et entiers de l’Éternel.
Ces deux principes, la séparation du monde et l’obéissance à Christ, devraient être gravés sur le cœur des enfants de Dieu. Car ils sont la base de leur position et de leur responsabilité véritables. Tout découle en fait de ces deux sources. Ces paroles de Moïse nous enseignent encore une chose. Dieu ne peut accepter de notre part aucun service ou prétendu service qui ne soit pas selon sa Parole, lorsque celle-ci est connue. L’adoration et le service doivent être dirigés par la pensée du Seigneur. Il ne s’agit donc pas de ce que nous estimons bon et pieux, ni de ce que nous pouvons appeler culte ou bonnes œuvres, mais de ce que Lui considère comme tel. La parole de Dieu est par conséquent pour nous le critère absolu; elle doit occuper la première place dans le cœur et dans la conscience du chrétien et diriger sa vie entière. Toute la corruption de la chrétienté, tous les manquements et la ruine de l’église, viennent de la négligence de ce principe vital. La parole de Dieu est la seule lampe à nos pieds, la seule lumière à notre sentier (Ps. 119:105). Dès le moment où un simple règlement humain est accepté, par un individu ou par l’église, le déclin et la corruption menacent; car une autre autorité est mise à côté de celle de Christ. La responsabilité nous incombe dès lors d’éprouver toute chose par la parole de Dieu. «Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées» (Apoc. 2:11, etc.).
5.7. La patience de Dieu
Le Pharaon ne rejette pas ouvertement la demande de Moïse; il temporise, fait l’hypocrite, pour obtenir le retrait de la plaie. Il s’écrie: «Priez pour moi» (chap. 8:28). Moïse accepte, mais pour montrer qu’il n’est pas dupe, il ajoute l’avertissement solennel: «Seulement, que le Pharaon ne continue pas à se moquer, en ne laissant pas aller le peuple pour sacrifier à l’Éternel» (v. 29). Pourtant une fois la plaie retirée, la constatation habituelle est répétée: «Et le Pharaon endurcit son cœur aussi cette fois, et ne laissa point aller le peuple» (v. 32). Un autre jugement s’abat alors; mais le Pharaon y est insensible. Du moins, il n’y a de sa part aucun signe extérieur de repentir. Il en résulte un message extrêmement solennel et, nous pouvons même dire terrible, en guise de préface au jugement suivant: la plaie des tonnerres et de la grêle (chap. 9:13-19). Le roi fléchit sous le coup et, de nouveau, supplie pour obtenir la délivrance. Il confesse même qu’il a péché, et que l’Éternel est juste... et il promet une nouvelle fois de laisser aller le peuple, pourvu que les tonnerres et la grêle effroyables cessent (v. 27, 28).
L’iniquité du Pharaon se trouve ainsi démontrée. Il voit et reconnaît sa culpabilité, et pourtant il persiste dans son opposition ouverte contre l’Éternel. Car malgré sa confession, à peine l’Éternel a-t-il répondu à la supplication de Moïse qu’il s’endurcit à nouveau. Mais chaque fois il nous est rappelé que Dieu n’en est pas surpris. Tout cela s’est passé «comme l’Éternel avait dit par Moïse» (v. 35). Il voit la fin dès le commencement; et cependant, sur l’intercession de Moïse en faveur du roi égyptien, il retire sa main. Dieu n’est jamais impatient, même en présence de la rébellion ouverte. Il attend son moment, supportant avec patience et avec grâce la méchanceté et l’impiété des hommes. S’il use d’un tel support, nous devrions certes apprendre nous aussi à être patients, nous attendant à lui, dans la confiance qu’en son propre temps il revendiquera son juste gouvernement devant les yeux du monde. «Demeure tranquille, appuyé sur l’Éternel, et attends-toi à lui» (Ps. 37:7).
En relation avec la menace des sauterelles, un fait nouveau se produit. Les serviteurs du Pharaon, inquiets, interviennent cette fois. Ils disent: «Jusques à quand celui-ci sera-t-il pour nous un piège? Laisse aller ces hommes, et qu’ils servent l’Éternel, leur Dieu. Ne sais-tu pas encore que l’Égypte est ruinée?» (chap. 10:7). À leur requête, «on fit venir Moïse et Aaron vers le Pharaon; et il leur dit: Allez, servez l’Éternel, votre Dieu. Qui sont ceux qui iront?» (v. 8). Cela révèle une fois de plus le cœur mauvais de ce misérable roi. Sous la contrainte, il relâchera son étreinte, mais même alors, il retiendra tout ce qu’il peut. Il s’accroche avec ténacité à ce qu’il a; il y tient tellement qu’il essaiera de marchander avec Moïse au sujet de ceux qui iront. «Et Moïse dit: Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles, avec notre menu bétail et avec notre gros bétail; car nous avons à célébrer une fête à l’Éternel. Et il leur dit: Que l’Éternel soit ainsi avec vous, comme je vous laisserai aller avec vos petits enfants! Regardez, car le mal est devant vous. Il n’en sera pas ainsi; allez donc, vous les hommes faits, et servez l’Éternel: car c’est là ce que vous avez désiré. Et on les chassa de devant la face du Pharaon» (v. 9-11). C’était une ruse adroite de ce roi qui représente Satan: consentir à laisser aller les hommes faits à condition qu’ils laissent leurs petits enfants derrière eux en Égypte. Il aurait par là falsifié le témoignage des rachetés de l’Éternel et exercé une emprise très forte sur eux par le biais de leurs affections naturelles. Car comment auraient-ils pu en avoir fini avec l’Égypte tant que leurs enfants y étaient? L’ennemi le savait bien, d’où le caractère subtil de cette tentation. Mais combien de chrétiens se laissent prendre dans ce piège! Ils professent appartenir au Seigneur, avoir quitté l’Égypte, et ils permettent à leur famille d’y rester. Comme un autre l’a dit: «Les parents au désert et les enfants en Égypte, quelle affreuse anomalie! Ce n’aurait été qu’une demi-délivrance, à la fois inutile pour Israël et déshonorante pour le Dieu d’Israël. Il n’était pas possible qu’il en fût ainsi. Si les enfants étaient restés en Égypte, on n’aurait pas pu dire des parents qu’ils avaient quitté l’Égypte, attendu que leurs enfants étaient une partie d’eux-mêmes. Tout ce qu’on aurait pu dire d’eux en pareil cas, c’est qu’ils servaient en partie l’Éternel et en partie le Pharaon. Mais l’Éternel ne pouvait avoir aucune part avec le Pharaon, il fallait qu’il eût tout ou rien. C’est ici un principe important pour des parents chrétiens... C’est notre heureux privilège de compter sur Dieu pour nos enfants et de les élever «dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur» (Éph. 6:4).
Ces paroles remarquables devraient être méditées avec sérieux dans la présence de Dieu. Car notre témoignage n’est nulle part aussi en danger de manquer que dans nos familles. Des parents pieux, ayant une marche irréprochable, sont parfois tentés de laisser leurs enfants faire des choses qu’eux-mêmes ne se permettraient sous aucun prétexte, introduisant ainsi dans leurs maisons les spectacles et les sons de l’Égypte. Tout vient de ce que, contrairement à Moïse, ils ne reconnaissent pas que les enfants, avec leurs parents, appartiennent à Dieu et constituent son peuple sur la terre; et que, par conséquent, les laisser dans le lieu dont, par la grâce de Dieu, eux-mêmes ont été délivrés par la mort et la résurrection de Christ, serait renier cette précieuse vérité. On ne saurait, par conséquent, trop insister sur le fait que la responsabilité des parents s’étend à la famille tout entière; ils sont tenus, devant Dieu, de considérer leurs enfants comme appartenant au Seigneur, sinon jamais ils ne pourront les élever dans la voie qu’ils devraient suivre, comptant sur Lui pour montrer qu’ils sont manifestement siens par l’œuvre de sa grâce et de son Esprit. Ces requêtes irritent le Pharaon, et Moïse et Aaron sont chassés de devant sa présence. Par la puissance de Dieu les sauterelles sont alors rassemblées et «elles couvrirent la face de tout le pays, et le pays fut obscurci» (v. 15). Accablé par ce coup terrible, le Pharaon convoque une nouvelle fois Moïse et Aaron, confesse son péché contre l’Éternel, leur Dieu, et contre eux-mêmes, implore le pardon et leur demande de supplier l’Éternel, leur Dieu «afin seulement» dit-il «qu’il retire de dessus moi cette mort-ci» (v. 16, 17). L’Éternel entend l’intercession de Moïse: les sauterelles sont enlevées et enfoncées dans la mer Rouge; «il ne resta pas une sauterelle dans tous les confins de l’Égypte» (v. 19).
5.8. Pas de compromis
Le Pharaon oublie aussitôt sa terreur et sa promesse; et d’épaisses ténèbres sont amenées sur le pays d’Égypte pendant trois jours (v. 22, 23). De nouveau, «le Pharaon appela Moïse, et dit: Allez, servez l’Éternel; seulement que votre menu et votre gros bétail restent; vos petits enfants aussi iront avec vous. Et Moïse dit: Tu nous donneras aussi dans nos mains des sacrifices et des holocaustes, et nous les offrirons à l’Éternel, notre Dieu; nos troupeaux aussi iront avec nous; il n’en restera pas un ongle, car nous en prendrons pour servir l’Éternel, notre Dieu; et nous ne savons pas comment nous servirons l’Éternel, jusqu’à ce que nous soyons parvenus là» (v. 24-26).
C’était pour servir l’Éternel qu’il fallait quitter l’Égypte. Par conséquent, Il ne revendiquait pas seulement le peuple comme étant sien, mais aussi tout ce qui lui appartenait. Et c’est pour cela que Moïse rejette le droit du Pharaon à quoi que ce soit. Agir différemment aurait été reconnaître son autorité. Le Pharaon était en fait l’ennemi du peuple de Dieu qu’il retenait en captivité, s’opposant à la volonté de Dieu. Et Moïse le traite comme tel en rejetant ses prétentions. D’ailleurs, ils sortaient pour sacrifier à l’Éternel leur Dieu et tant qu’ils étaient retenus en Égypte, ils ne savaient pas comment ils devaient le servir. Aussi ne pouvaient-ils en aucun cas se plier à l’exigence du Pharaon.
Les paroles de Moïse renferment un principe de toute importance, à savoir que, outre ses droits sur nous-mêmes, Dieu revendique tout ce que nous possédons. À cet effet, tout doit être mis à sa disposition. Il donne, et il redemande. Un très bel exemple nous en est présenté dans le cas de David, lorsqu’il prépare les matériaux pour le temple. «Ce qui vient de ta main, nous te le donnons» (1 Chron. 29:14). Comme peuple de Dieu, nous ne devons pas être redevables au monde, imitant Abraham qui refusa d’être enrichi par le roi de Sodome (Gen. 14:22, 23); nous ne devons pas davantage reconnaître les revendications du monde sur ce que l’Éternel nous a donné. Pas un ongle ne doit être laissé en arrière, car ce pourrait être cela précisément que l’Éternel demandera comme sacrifice. Il est aussi frappant de remarquer que, selon les paroles de Moïse, la pensée de l’Éternel ne pouvait pas être discernée en Égypte. Les Israélites devaient être rachetés hors d’Égypte, et séparés pour Dieu, par la mort et la résurrection, avant de pouvoir être instruits quant à la nature de son service. Bien que le Pharaon s’oppose à toutes les demandes qui lui sont faites pour le peuple de l’Éternel, nous le voyons temporiser par ses ruses; car la main de l’Éternel est levée en jugement, et s’abat sur le Pharaon et son pays par des coups successifs auxquels il voudrait bien échapper. Mais maintenant il est arrivé au point culminant de son entêtement et se précipite tête baissée vers sa ruine, malgré la grâce, les avertissements et les jugements. «Et l’Éternel endurcit le cœur du Pharaon, et il ne voulut pas les laisser aller. Et le Pharaon lui dit: Va-t’en d’auprès de moi; garde-toi de revoir ma face! car, au jour où tu verras ma face, tu mourras. Et Moïse dit: Comme tu l’as dit, je ne reverrai plus ta face!» (v. 27-29).
5.9. Instructions pour le départ
L’Éternel se met alors à instruire Moïse en vue de leur sortie d’Égypte. «Je ferai venir encore une plaie sur le Pharaon et sur d’Égypte; après cela il vous laissera aller d’ici; lorsqu’il vous laissera aller complètement, il vous chassera tout à fait d’ici. Parle donc aux oreilles du peuple: Que chaque homme demande (voir la note à propos du verset 3:22) à son voisin, et chaque femme à sa voisine, des objets d’argent et des objets d’or. Et l’Éternel fit que le peuple trouva faveur aux yeux des Égyptiens; l’homme Moïse aussi était très grand dans le pays d’Égypte, aux yeux des serviteurs du Pharaon et aux yeux du peuple» (chap. 11:1-3).
Tout étant ainsi préparé, Moïse délivre son dernier message, un message très solennel et digne, en harmonie avec la majesté de Celui dont il était l’envoyé. Nous considérerons le contenu du message dans le chapitre suivant. Sa mission étant terminée, Moïse «sortit d’auprès du Pharaon dans une ardente colère» (v. 8). Il était maintenant en pleine communion avec la pensée de Dieu, rempli d’une sainte indignation contre le péché du Pharaon (comparer Marc 3:5). Toute sa timidité a disparu; il est là devant le roi, calme et sans crainte, conscient d’être investi de l’autorité de l’Éternel. Mais le Pharaon ne cédera pas; l’Éternel l’avait prédit et il le répète ici: «Le Pharaon ne vous écoutera point, afin de multiplier mes miracles dans le pays d’Égypte. Et Moïse et Aaron firent tous ces miracles devant le Pharaon. Et l’Éternel endurcit le cœur du Pharaon , et il ne laissa point aller de son pays les fils d’Israël» (v. 9, 10).
Chapitre 12, versets 1 à 13
6. Exode 12 — L’agneau pascal
Nous pouvons rappeler deux points mentionnés dans le chapitre 11. D’abord, l’annonce du jugement des premiers-nés, puis la distinction établie «entre les Égyptiens et Israël» (chap. 11:4-7). L’agneau pascal concilie ces deux choses. Car Dieu soulève ici la question du péché, et alors nécessairement, il se présente sous le caractère de Juge. Mais dès ce moment, les Égyptiens aussi bien que les Israélites sont placés sous le jugement de Dieu, parce que les uns et les autres sont pécheurs à ses yeux. Il est vrai que son dessein était de délivrer Israël hors d’Égypte, et il est tout aussi vrai que dans l’exercice de ses droits souverains, il peut faire une différence. Mais Dieu ne peut jamais cesser d’être Dieu, et tous ses actes doivent être l’expression de ce qu’il est, dans tel ou tel de ses aspects ou caractères. Si donc il épargne Israël, un peuple tout aussi coupable que les Égyptiens, tandis qu’il détruit ceux-ci, il ne peut le faire qu’en harmonie avec sa propre nature. En d’autres termes, sa justice doit être manifestée autant dans le salut des uns que dans la destruction des autres. Et il est extrêmement important de comprendre que la grâce elle-même ne peut régner que par la justice (Rom. 5:21). C’est là le problème résolu dans ce chapitre: comment Dieu pouvait en justice épargner Israël, alors qu’il détruisait les premiers-nés d’Égypte. Il se présente à tous deux comme Juge; et on verra que cette différence se fonde non pas sur quelque supériorité morale d’Israël vis-à-vis de l’Égypte, mais uniquement sur le sang de l’agneau pascal. C’est la grâce qui avait fait l’alliance avec Abraham, Isaac et Jacob; c’est la grâce aussi qui fournit l’agneau; mais le sang de cet agneau, type de l’Agneau de Dieu, Christ notre pâque (1 Cor. 5:7), a répondu à toutes les exigences de Dieu à l’égard des Israélites à cause de leurs péchés. C’est pourquoi il pouvait en restant juste, les mettre à l’abri tandis que le destructeur apportait la mort dans tous les foyers des Égyptiens. C’était en vertu du sang de l’agneau que la grâce et la vérité pouvaient se rencontrer, la justice et la paix s’embrasser. Nous le verrons clairement au cours de l’étude de ce chapitre.
6.1. Le jugement des premiers-nés
6.1.1. Ch. 12:1-2
Aussi longtemps que le pécheur est dans ses péchés, le temps ne compte pas aux yeux de Dieu. Pour lui, nous n’avons pas commencé à vivre avant d’être à l’abri du sang de Christ. Il se peut que nous ayons vécu trente, quarante ou cinquante ans, mais si nous ne sommes pas nés de nouveau, ce n’est que du temps perdu. Perdu dans la mesure où cela concerne Dieu; mais, avec quels terribles résultats pour l’éternité si nous persistons dans cette condition! Chaque journée de cette période d’éloignement de Dieu a ajouté à notre culpabilité, au nombre de nos péchés, qui tous sont inscrits dans le livre qui sera ouvert au jugement du grand trône blanc, si nous devions passer inconvertis dans l’éternité. Quelle condamnation portée sur les efforts et les activités du monde, sur les espoirs et les ambitions des hommes! On nous parle de noblesse de vie; d’exploits glorieux et célèbres, et on cherche à insuffler à notre jeunesse le désir d’imiter ceux dont les noms sont inscrits dans l’histoire. Mais quand Dieu parle, il chasse l’illusion par une seule parole, en déclarant que de tels hommes n’ont pas encore commencé à vivre. Quelque grande qu’une vie puisse paraître aux yeux des hommes, celui qui n’a pas la vie de Dieu est mort à ses yeux, sa vraie histoire n’a pas encore commencé. Il en était ainsi des Israélites. Jusqu’à ce moment, ils avaient été les serviteurs du Pharaon, les esclaves de Satan; ils n’avaient pas encore commencé à servir l’Éternel; et ainsi, le mois de leur rédemption devait être pour eux le premier mois de l’année. L’histoire de leur vie véritable commençait là.
6.1.2. Ch. 12:3-20
Au milieu du jugement, Dieu se souvient de la miséricorde. Il va frapper les Égyptiens et ne peut pas sans être inconséquent avec ses propres attributs, épargner les Israélites à moins que ses exigences à leur égard ne soient pleinement et parfaitement satisfaites. Aussi agissant dans l’exercice de ses droits souverains, selon les richesses de sa grâce, Il se pourvoit de l’agneau dont le sang va être la base sur laquelle il pourra sauver en justice son peuple du jugement, et le faire sortir de la maison de son esclavage. Remarquez bien que lorsqu’il s’agit de notre salut, comme pour la rédemption d’Israël, il n’est pas question de ce que nous sommes, mais de ce que Dieu est. Tout est fondé sur la base immuable de son propre caractère; et ainsi, aussitôt l’expiation accomplie comme nous le verrons dans la suite du chapitre, tout ce que Dieu est constitue le garant de notre sécurité.
6.2. Un agneau
Plusieurs points, dans ce passage, demandent une remarque distincte et spéciale. D’abord l’agneau. Comme cela a déjà été mentionné, toute la valeur de cet agneau pascal réside dans le fait qu’il est un type, une figure de Christ. L’apôtre Paul dit: «Notre pâque, Christ, a été sacrifiée: c’est pourquoi célébrons la fête» (1 Cor. 5:7, 8). Nous sommes donc fondés d’autorité divine à voir l’Agneau de Dieu sous l’ombre de ce type remarquable; et c’est pour cette raison que chaque détail de ce chapitre présente un si grand intérêt. Au dixième jour du mois, il fallait prendre un agneau — mâle, âgé d’un an, et sans défaut — et il fallait le tenir en garde jusqu’au quatorzième jour de ce même mois. On dit généralement que le dixième jour correspondait à la mise à part de l’Agneau dans les plans de grâce de Dieu, et le quatorzième jour au sacrifice effectif dans le temps. Mais une autre suggestion a été faite; nous la présentons et la soumettons au jugement du lecteur. Selon cette dernière, le dixième jour correspondrait à l’entrée de Christ dans son ministère public, lorsque Jean le Baptiseur le désigne d’une façon très frappante comme «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» (Jean 1:29). Dès lors, si le ministère du Seigneur s’est étendu sur une période de trois ans, composés de deux années entières et de parties de deux autres, cela donnerait, selon la manière de compter des Juifs, quatre ans, et le moment de la mort du Seigneur correspondrait ainsi au quatorzième jour. Mais on peut demander pourquoi le nombre dix est choisi pour la mise à part de l’agneau? Peut-être parce que c’est le nombre de la responsabilité envers Dieu, et cela nous enseigne alors que, avant que notre Seigneur fût publiquement reconnu comme l’Agneau de Dieu, il avait répondu à toutes les exigences de Dieu, et avait ainsi été manifesté comme étant sans défaut, propre par ce qu’il était en lui-même à être le sacrifice pour le péché. Il était l’Agneau de Dieu, et le fait que l’agneau était fourni par Dieu est riche de consolations bénies. L’homme n’aurait jamais pu savoir quel sacrifice serait acceptable. Les Israélites seraient restés dans l’esclavage jusqu’à ce jour, s’ils avaient été laissés à eux-mêmes pour trouver un moyen de satisfaire aux exigences de Dieu quant à leurs péchés. Alors Dieu, dans sa grâce et sa miséricorde, a pourvu à un agneau dont le sang suffirait à ôter le péché du monde. Il ne peut donc y avoir aucun autre mode de purification du péché, aucune autre manière d’être à l’abri du juste jugement de Dieu: le sang de Christ, parce qu’il est donné de Dieu, est le seul moyen.
L’agneau devait être égorgé au quatorzième jour du mois. «Toute la congrégation de l’assemblée d’Israël l’égorgera entre les deux soirs» (v. 6). Tous doivent s’identifier à l’agneau égorgé. C’était pour toute la congrégation qu’il devait être tué. En fait, chaque maison avait son agneau, car chaque famille, à part, devait se placer sous sa protection; et d’un autre côté, «la congrégation de l’assemblée» est considérée comme un tout. Ces deux unités — celle de la congrégation et celle de la maison — ont toujours subsisté sous l’économie juive. Celle de la famille domine l’époque des patriarches, mais elle subsiste maintenant que Dieu appelle pour lui un peuple hors d’Égypte et qu’il établit l’unité de l’ensemble. Les deux sont réunies dans l’ordonnance de la pâque — les familles séparément, et l’assemblée comme un tout.
Chapitre 12, versets 1 à 13 (compléments)
6.3. À l’abri du sang
Nous trouvons ensuite la nécessité de l’aspersion du sang. Le seul fait d’avoir égorgé l’agneau n’aurait assuré la protection d’aucune maison. Si le peuple s’était reposé sur le fait que l’agneau avait été tué, le destructeur n’aurait rencontré aucun obstacle pour entrer dans les maisons. Il n’y aurait pas eu une seule maison, parmi toutes les tribus, qui n’aurait pas eu son mort, comme dans les maisons des Égyptiens. Non, ce n’était pas la mort de l’agneau, mais l’aspersion du sang qui assurait leur sécurité (v. 7, 13, 23). Que le lecteur y prenne bien garde! N’y a-t-il pas un danger à se reposer, pour être à l’abri, sur le fait que Christ est mort, sans se soucier de savoir si l’on est personnellement devant Dieu sous l’efficacité et la valeur bénies de cette mort? Ce n’est pas le seul fait de la mort de Christ, sans la foi en Lui, qui sauve une âme (nous ne parlons pas des petits enfants). Il est tout à fait vrai qu’il a fait propitiation pour le péché — une propitiation qui a glorifié Dieu dans tous les attributs de son caractère, et sur la base de laquelle il peut en justice, et à sa gloire, accorder un salut plein, complet et éternel à chaque pécheur qui s’approche de lui par la foi en sa valeur. Car Dieu a présenté Christ «pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer... sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus» (Rom. 3:25, 26). Mais il doit y avoir une identification personnelle, par la foi, avec le sang répandu; sinon, pour ce qui concerne un tel homme, il aura été versé en vain.
Considérons alors comment les Israélites se plaçaient sous la protection et la valeur de ce sang. C’était simplement et uniquement par l’obéissance de la foi. Il leur avait été dit de prendre du sang de l’agneau et d’en mettre sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de leurs maisons; «vous prendrez un bouquet d’hysope, et vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin; et du sang qui sera dans le bassin, vous aspergerez le linteau et les deux poteaux; et nul d’entre vous ne sortira de la porte de sa maison, jusqu’au matin» (v. 7, 22). Ils n’avaient ainsi rien d’autre à faire qu’à croire et à obéir. Il ne leur appartenait pas de discuter la méthode qui leur était donnée, ni son caractère raisonnable ou non, ni sa valeur probable. Tout dépendait de leur obéissance à la parole de Dieu. De même, maintenant, Dieu ne demande rien du pécheur, sinon la foi — foi dans le témoignage de Dieu sur la condition et la culpabilité de l’homme, un état qui l’expose au jugement, et foi dans la ressource préparée par la mort de Christ. Si un Israélite, sous quelque prétexte que ce soit, avait méprisé le commandement divin, il n’aurait pas échappé aux coups du destructeur. Pareillement maintenant, si un pécheur refuse, pour quelque motif que ce soit, de s’incliner devant la parole de Dieu, quant à son propre état et aussi quant à Christ, rien ne pourra détourner de lui la sentence du jugement éternel. Mais dès le moment où l’Israélite, obéissant simplement, aspergeait de sang sa maison, il était dans une sécurité inviolable durant cette nuit de terreur et de mort. Dès le moment aussi où un pécheur reçoit Christ, il est à l’abri pour l’éternité, car il est sous la protection de la valeur infinie du sang précieux de Christ.
6.4. La sécurité du peuple
Remarquons aussi, pour souligner davantage encore cette vérité, que la sécurité du peuple ne dépendait nullement de son propre état moral, ni de ses pensées, de ses sentiments ou de ses expériences. La seule question était: le sang avait-il été mis sur la porte comme cela avait été prescrit? S’il l’avait été, les Israélites étaient en sécurité; sinon, ils étaient exposés au jugement qui s’abattait alors sur tout le pays d’Égypte. Il est possible qu’ils aient été timides, craintifs et accablés; ils ont peut-être passé toute la nuit à se poser des questions: pourtant, si le sang était sur leur maison, ils étaient effectivement à l’abri des coups du destructeur. C’était la valeur du sang, et elle seule, qui leur garantissait cette protection. Encore une fois, même si les Israélites avaient été le meilleur peuple du monde, pour parler à la manière des hommes, sans l’aspersion du sang, ils auraient péri comme les Égyptiens idolâtres. Le fondement de leur sécurité, répétons-le, reposait uniquement sur le sang de l’agneau pascal. Il en est de même aujourd’hui. Bientôt des jugements, surpassant de très loin ceux de l’Égypte, s’abattront sur ce monde; et ils ne seront que les précurseurs du jugement dernier devant le grand trône blanc, dont l’issue certaine est la seconde mort (Apoc. 20); personne n’échappera à ces jugements, à moins d’être à l’abri du sang de Christ. Le lecteur s’étonnera-t-il alors que nous lui posions avec sérieux et insistance cette question pressante: Êtes-vous à l’abri par le sang de Christ? Ne vous accordez aucun repos, ni jour ni nuit, jusqu’à ce que cette question soit réglée, jusqu’à ce que vous ayez l’assurance, fondée sur l’immuable parole de Dieu, que vous êtes aussi bien à l’abri que l’étaient les Israélites dans leurs maisons aspergées de sang, durant cette terrible nuit.
6.5. Valeur de nos sentiments
Remarquons en outre que le sang dont il était fait aspersion était pour Dieu. Comme un autre l’a souligné, «il n’est pas dit: «vous verrez», mais «je verrai». Il arrive souvent que l’âme d’une personne réveillée ne se repose pas sur sa propre justice, mais sur la manière dont elle voit le sang. Ce n’est pas là le fondement de la paix, quelque précieux qu’il puisse être pour le cœur d’en être profondément impressionné. La paix véritable est fondée sur le fait que Dieu voit le sang. Lui ne peut manquer de l’estimer à sa pleine et parfaite valeur, comme ôtant le péché. C’est Lui qui abhorre le péché et qui a été offensé par lui; c’est Lui qui connaît la valeur du sang pour ôter le péché. Mais quelqu’un dira peut-être: Ne faut-il pas au moins que j’aie foi en sa valeur? C’est avoir foi en sa valeur, de voir que Dieu le regarde comme ôtant le péché; votre estimation de cette valeur n’est que la mesure de vos sentiments, tandis que la foi regarde aux pensées de Dieu»1. Les personnes anxieuses s’épargneraient bien des jours et des nuits épuisants de perplexité et d’angoisse, si elles s’en souvenaient. La seule chose à faire est d’accepter le propre témoignage de Dieu quant à la valeur du sang. «Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie à destruction au milieu de vous, quand je frapperai le pays d’Égypte». Tout ce que Dieu est s’oppose au péché; et, par conséquent, tout ce qu’il est se trouve satisfait par le sang de Christ, sinon il devrait encore punir le péché. Aussi le fait que Dieu déclare qu’il épargnera le coupable lorsqu’il verra le sang est un témoignage clair au fait que le sang a pleinement et parfaitement expié le péché. Et si Dieu est satisfait par le sang de Christ, le pécheur ne peut-il pas l’être aussi? Souvenons-nous que l’indignité du pécheur ne peut pas constituer un empêchement à l’efficacité du sang. Si c’était le cas, le sang seul ne serait alors pas suffisant. Au moment où Dieu voit le sang, toute sa nature morale est satisfaite; et il agit avec tout autant de justice en épargnant ceux qui sont placés sous la protection et la valeur du sang, qu’en frappant les Égyptiens.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
On peut toutefois préférer poser la question autrement: De quelle manière pouvons-nous maintenant être placés sous la protection du sang de Christ? Les Israélites étaient mis à l’abri du sang de l’agneau pascal par la foi. Ils avaient reçu le message, avaient cru à ce qu’il contenait, avaient fait aspersion du sang selon les directions reçues et avaient ainsi été épargnés du jugement. Maintenant, c’est plus simple. La bonne nouvelle de la rédemption par le sang de Christ est proclamée, le message est reçu; et aussitôt qu’il est reçu, Dieu voit l’âme sous toute l’efficacité et la valeur du sang. De sorte que quiconque croit au Seigneur Jésus Christ est délivré de la colère qui vient. La paix avec Dieu est ainsi fondée sur le seul sang de Christ. Car «le sang de la Pâque nous parle du jugement moral de Dieu, et de la satisfaction pleine et entière de tout ce qu’il est dans son Être. Dieu, tel qu’il est dans sa justice, dans sa sainteté, dans sa vérité, ne pouvait pas moralement toucher à ceux qui étaient abrités par ce sang. Son amour envers son peuple avait trouvé ce moyen de satisfaire aux exigences de sa justice contre le péché; et à la vue de ce sang qui répondait à toutes les perfections de son Être, il avait passé par-dessus les enfants d’Israël, selon sa justice et sa vérité même»1. Répétons-le donc: la paix avec Dieu est fondée sur le seul sang de Christ.
1 Études sur la Parole de Dieu, par J.N. Darby.
6.6. Comment manger la pâque
Il y a cependant encore un autre aspect à considérer. L’agneau pascal dont le sang avait été mis sur les demeures des Israélites devait être mangé dans des conditions spéciales, avec ce qui l’accompagnait, et dans une attitude prescrite. Chacun de ces points a son intérêt et son instruction. «Ils en mangeront la chair cette nuit-là; ils la mangeront rôtie au feu». On ne devait pas en manger qui soit à demi cuit ou qui ait été cuit dans l’eau, mais «rôti au feu: la tête, et les jambes, et l’intérieur» (v. 9). Le feu est un symbole de la sainteté de Dieu appliquée en jugement; et ainsi l’agneau dont les Israélites se nourrissaient parlait, en figure, d’un Autre qui, passant par le feu du jugement, le traverserait à leur place. Qu’il ait été «rôti au feu» nous parle ainsi de Christ, qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, et a été fait péché pour nous, lorsqu’il a été exposé à l’action complète, inexorable et pénétrante du feu, image du jugement de Dieu contre le péché. Si Dieu pouvait donc épargner les Israélites, c’était uniquement sur la base du fait qu’un autre prendrait sur Lui ce qui leur était justement dû. Quel amour Dieu n’a-t-il pas manifesté en livrant son Fils à une telle mort! L’Esprit de Dieu pouvait dire à juste titre: Il n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a envoyé pour recevoir le jugement dû au pécheur.
«Oui, ton divin amour, dans ses plans adorables,
Pour nous soustraire à notre sort
Abandonna ton Fils aux coups inexorables
Du jugement et de la mort».
Avec quelle reconnaissance les enfants d’Israël ne devaient-ils pas se nourrir de cet agneau rôti au feu. Si leurs yeux avaient été ouverts, ils auraient certainement dit: «Le sang de cette victime nous met à l’abri du terrible jugement qui tombe sur les Égyptiens; la chair que nous mangeons a passé par le feu auquel nous aurions dû être exposés». Et cette pensée, exprimée par eux, n’aurait pas manqué de faire monter de leurs cœurs la reconnaissance et la louange à Celui qui, dans sa grâce, avait pourvu à un tel moyen de salut et de sécurité.
Deux choses devaient être mangées avec l’agneau: des pains sans levain et des herbes amères. Le levain est un type du mal, et les pains sans levain nous parlent d’une part de l’absence du mal et de l’autre de pureté et de sainteté. L’apôtre Paul mentionne les pains sans levain de sincérité et de vérité. Nous verrons cela plus en détail lorsque nous traiterons de la fête des pains sans levain en rapport avec la Pâque (v. 14-20). Il suffira pour le moment d’en avoir relevé le caractère. Les «herbes amères» représentent le résultat produit par le fait d’entrer dans les souffrances de Christ pour nous, savoir la repentance, le jugement de soi-même dans la présence de Dieu. Pains sans levain et herbes amères nous dépeignent donc le seul état d’âme dans lequel nous puissions véritablement nous nourrir de l’agneau rôti au feu. Et il est magnifique de considérer comment Celui qui a porté le juste jugement de Dieu contre les péchés des Israélites devient maintenant la nourriture de son peuple. Remarquons aussi que rien ne devait être laissé de reste jusqu’au lendemain. Ce qui restait devait être brûlé au feu (v. 10). Plus tard, cette même directive fut donnée pour la plupart des sacrifices qui devaient être mangés (voir Lév. 7:15). C’était sans doute une mise en garde contre le danger de le manger comme un aliment commun. Il ne pouvait être pris qu’en association avec le jugement dont il était l’image. La «chair» de Christ ne peut être mangée qu’en relation avec sa mort. De même ici pour la nuit de la pâque: au matin, alors que le jugement était passé, les Israélites auraient pu oublier la valeur de l’agneau rôti au feu; mais le commandement de brûler ce qui restait leur rappellerait son caractère, tout en les gardant d’en faire un aliment commun. Ce n’était qu’autour de la table pascale qu’ils pouvaient se nourrir d’une façon appropriée de l’agneau de la pâque.
6.7. Prêts à partir
Leur attitude devait être en harmonie avec la position dans laquelle ils avaient été introduits. «Vous le mangerez ainsi: vos reins ceints, vos sandales à vos pieds, et votre bâton en votre main; et vous le mangerez à la hâte. C’est la pâque de l’Éternel» (v. 11). Tout cela nous parle du caractère qui devait être le leur en conséquence de leur rédemption — car ils allaient quitter l’Égypte pour toujours pour traverser le désert comme des pèlerins et se diriger vers l’héritage promis. Leurs reins étaient ceints: ils étaient prêts pour le service, détachés du pays dans lequel ils avaient pendant si longtemps été retenus captifs, afin que rien ne les retienne ou ne les arrête lorsque le signal de départ pour le voyage serait donné. Leurs sandales à leurs pieds: ils étaient préparés, chaussés pour la marche; leur bâton en leur main: signe de leur caractère de pèlerins, car ils quittaient ce qui avait été leurs maisons, pour devenir des étrangers dans le désert. Enfin ils devaient manger la pâque à la hâte, car ils ne savaient pas à quel moment le commandement serait donné et ainsi ils devaient être prêts. — Veiller et être prêts: vraie image de l’attitude du croyant dans ce monde! Puissions-nous tous y répondre mieux!
À bien des reprises nous sommes exhortés à avoir nos reins ceints. Et avoir nos pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix (Éph. 6) est indispensable pour être revêtus de l’armure complète de Dieu. Garder véritablement le caractère de pèlerin, avec la conscience que pour nous le repos n’est pas là, est une des premières leçons de notre vie chrétienne. Attendre Christ se rattache à l’espérance de son retour. La question est de savoir si ces traits caractérisent maintenant les croyants comme ils le devraient. Ce qui nous manque, c’est une réalisation plus profonde du caractère de la scène que nous traversons — scène jugée, Dieu l’ayant déjà jugée dans la mort de Christ. «Maintenant, dit-il, est le jugement de ce monde». Si, dans notre âme, nous en étions profondément convaincus, nous ne serions pas tentés de nous attarder dans ce monde; mais tels de vrais pèlerins, nos reins ceints et nos lampes allumées, nous serions nous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître (Luc 12:35, 36).
Chapitre 12, versets 14 à 51
6.8. La fête des pains sans levain
La fête des pains sans levain est mentionnée en rapport avec la pâque (v. 14-20). Elle ne fut pas célébrée dans le pays d’Égypte, car la nuit même où Dieu frappa les premiers-nés, les enfants d’Israël commencèrent leur voyage. Mais la liaison est conservée pour souligner la vraie signification typique de cette fête. Il en est de même en 1 Corinthiens 5: «Notre pâque, Christ, a été sacrifiée: c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (v. 7, 8). Le levain, comme cela a déjà été dit, est un type du mal, qui s’étend et qui communique ses propriétés à la masse dans laquelle il opère. «Un peu de levain fait lever la pâte tout entière» (1 Cor. 5:6). Manger des pains sans levain signifie donc: séparation du mal, sainteté pratique. Remarquons aussi que la fête devait durer sept jours, c’est-à-dire une période de temps complète. La leçon que nous avons à en tirer, c’est que cette sainteté incombe à tous ceux qui sont à l’abri du sang de l’Agneau pascal, durant la période entière de leur vie sur la terre. Voilà ce qu’exprime la fête des pains sans levain liée avec la pâque. Une fois sauvés par la grâce de Dieu, en vertu de l’aspersion du sang de Christ, nos méchants cœurs pourraient dire: demeurons dans le péché afin que la grâce abonde. «Non!» répond l’Esprit de Dieu; «dès le moment où vous êtes sous l’efficace de la mort de Christ, vous avez la responsabilité de vous séparer du mal». Dieu cherche ainsi en nous, dans notre marche et notre comportement, une réponse à ce qu’il est et à ce qu’il a fait pour nous. C’était pour mettre cela en évidence qu’il était enjoint aux Israélites de garder cette fête «comme un statut perpétuel». D’abord, il est vrai, pour les faire se souvenir qu’en ce même jour Dieu avait fait sortir leurs armées du pays d’Égypte, et ensuite, pour leur enseigner l’obligation qui était la leur maintenant d’avoir une marche en accord avec leur nouvelle position. Et n’est-il pas bien nécessaire de rappeler cette obligation à l’esprit des croyants du temps présent? La chose importante à placer sur toutes les consciences aujourd’hui est la responsabilité de garder cette fête des pains sans levain. Le relâchement dans la marche, les mauvaises associations et la mondanité sapent, de tous côtés, le témoignage des enfants de Dieu. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité» (Jean 17:16, 17). Puisse cette prière du Seigneur trouver une réponse plus évidente dans une séparation et une consécration croissantes de la part des siens.
Dans les versets 21 à 28, nous voyons comment Moïse rassemble tous les anciens d’Israël, pour leur donner les directives que nous venons de considérer. À l’ouïe de ce message, «le peuple s’inclina, et ils se prosternèrent. Et les fils d’Israël s’en allèrent, et firent comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse et à Aaron; ils firent ainsi» (v. 27, 28). Un détail intéressant est ajouté. Il est pourvu à ce que les enfants soient instruits quant à la signification de la pâque (v. 26, 27); et ainsi, le récit de la grâce et de la puissance de l’Éternel en délivrance lorsqu’il frappa les Égyptiens, devait être transmis de génération en génération.
L’Éternel ayant ainsi dans sa grâce séparé son peuple, et ayant assuré sa mise à l’abri du jugement par l’aspersion du sang, va frapper l’Égypte comme il l’avait déclaré.
6.9. Ch. 12:29-36
Le coup menaçant depuis si longtemps, mais différé avec beaucoup de patience et de miséricorde, s’abat finalement, et s’abat d’une manière inexorable sur tout le pays; car «l’Éternel frappa tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né du Pharaon qui était assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif qui était dans la maison de la fosse, et tout premier-né des bêtes». Tous les cœurs furent bouleversés par ce coup terrible qui endeuillait chaque maison du pays; «et il y eut un grand cri en Égypte, car il n’y avait pas de maison où il n’y eût un mort». Le cœur endurci du Pharaon fut atteint, et s’inclina sur le moment devant le jugement manifeste de Dieu. «Le Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et toute l’Égypte», et envoyant chercher Moïse et Aaron, leur dit de s’en aller. Il ne posait maintenant plus aucune condition, mais leur accordait tout ce qu’ils avaient demandé, et cherchait même une bénédiction de leur part. Les Égyptiens allaient plus loin; ils avaient hâte de renvoyer les enfants d’Israël; car ils disaient: «Nous sommes tous morts». Aussi donnèrent-ils aux Israélites tout ce que ceux-ci désiraient; et selon la parole de l’Éternel, les fils d’Israël «dépouillèrent les Égyptiens».
6.10. Un grand amas de peuple — ch. 12:37-42
Ainsi, Dieu délivra son peuple de l’esclavage de l’Égypte; et les Israélites partirent pour la première étape de leur voyage, de Ramsès pour Succoth, environ six cent mille hommes de pied, les hommes faits, sans les petits enfants. Mais hélas! ils n’étaient pas seuls. Ils étaient accompagnés par «un grand amas de gens». C’est là ce qui, dans tous les temps, a été un fléau pour les enfants de Dieu, une source de faiblesse, de manquements, et parfois d’apostasie ouverte. L’apôtre Paul met en garde les croyants de son époque contre ce danger spécial (1 Cor. 10); les apôtres Pierre (2 Pierre 2) et Jude le font également. L’Église, de nos jours, est atteinte de ce même mal; sous un certain aspect, elle comprend aussi ce «grand amas de gens». D’où l’importance des paroles de l’apôtre Paul à Timothée: «Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et: Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre» (2 Tim. 2:19-21). Les Israélites partirent à la hâte, parce qu’ils furent chassés d’Égypte et ne purent pas tarder, ni se faire des provisions. Ils étaient rejetés entièrement sur Dieu qui les avait séparés des Égyptiens, mis à l’abri du sang de l’agneau, et maintenant allait les conduire et pourvoir à leur nourriture en chemin. Ils ne devaient pas emporter de levain avec eux.
Dieu attendait ce moment depuis des siècles (voir Gen. 15:13, 14); et en ce même jour, le jour qu’il avait déterminé d’avance, son peuple sortit d’Égypte. Les Israélites n’ont pas encore traversé la mer Rouge; mais dans la constatation que «toutes les armées de l’Éternel sortirent du pays d’Égypte», l’Esprit de Dieu anticipe leur délivrance pleine et parfaite. Le sang qui mettait à l’abri était la base de leur complète rédemption. Rien d’étonnant alors qu’il soit ajouté que la nuit de leur exode devait être une nuit à garder pour l’Éternel, comme un statut perpétuel. Elle devait être gardée, remarquons-le, pour l’Éternel, afin de rappeler continuellement à leur esprit la source de cette grâce et de cette puissance en délivrance, qui les avaient fait sortir d’Égypte. Il en est de même aujourd’hui, quoique d’une manière différente. La nuit même où le Seigneur Jésus fut livré, il prit un pain et rendit grâces, instituant pour les siens le précieux mémorial de sa mort; afin que toutes les fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, nous annoncions la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Tout au long de notre pèlerinage, il désire que nous nous souvenions de lui que nous nous souvenions de lui dans cette nuit terrible où il fut livré, lorsque, comme notre Pâque, il a été sacrifié pour nous.
6.11. Qui pouvait manger la pâque?
Le chapitre se termine par «le statut de la Pâque», qui souligne principalement deux instructions. La première concernait les personnes qui pouvaient y participer: «Aucun étranger n’en mangera; mais tout esclave, homme acheté à prix d’argent, tu le circonciras; alors il en mangera. L’habitant et l’homme à gages n’en mangeront point». Mais «toute l’assemblée d’Israël la fera. Et si un étranger séjourne chez toi, et veut faire la Pâque à l’Éternel, que tout mâle qui est à lui soit circoncis; et alors il s’approchera pour la faire, et sera comme l’Israélite de naissance; mais aucun incirconcis n’en mangera» (v. 43-45, 47, 48).
Il y avait donc trois classes de personnes qui pouvaient garder la pâque. 1 ° Les Israélites; 2° leurs serviteurs achetés à prix d’argent, et 3° l’étranger séjournant chez eux. Mais pour chacune de celles-ci la condition était la même: la circoncision. Aucun ne pouvait prendre place à la table de la pâque à moins d’avoir été circoncis. Ce n’est que de cette manière qu’ils pouvaient être introduits dans les termes de l’alliance que Dieu avait faite avec Abraham (voir Gen. 17:9-14) et sur la base de laquelle il agissait maintenant en les faisant sortir d’Égypte et en les prenant pour lui, comme peuple. La circoncision est un type de la mort à la chair; elle a son antitype, quant à la chose signifiée, dans la mort de Christ. Aussi l’apôtre Paul écrit-il aux Colossiens: «Christ... en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Col. 2:11, 12). À moins donc que toutes ces classes distinctes n’aient été amenées sur le terrain de l’alliance, elles ne pouvaient jouir du privilège de cette fête bénie entre toutes, une fête qui tirait toute sa signification du sang versé de l’agneau pascal. Il est extrêmement intéressant de noter la disposition spéciale prévue pour deux de ces classes. Les Israélites, comme tels, avaient droit à la pâque s’ils étaient circoncis. Mais à côté d’eux il y avait deux autres classes. Un homme à gages ne pouvait pas célébrer la fête, mais un serviteur acheté à prix d’argent le pouvait s’il était circoncis. Il faut se souvenir que cette fête a essentiellement un caractère familial: un serviteur acheté à prix d’argent était, pour ainsi dire, incorporé à la famille, devenait une partie intégrante de la maison et, par là, pouvait participer à la fête, tandis qu’un homme à gages n’avait pas une telle place ou position et, par conséquent, il était exclu. Dans «l’étranger qui séjourne parmi vous», nous pouvons voir une promesse de grâce pour les Gentils, lorsque le mur mitoyen de clôture serait détruit, et l’évangile proclamé au monde entier.
Enfin, il y a une disposition quant à l’agneau lui-même. «Elle [la pâque] sera mangée dans une même maison; tu n’emporteras point de sa chair hors de la maison, et vous n’en casserez pas un os» (v. 46). Tant la signification du type que l’unité de la famille, ou d’Israël si l’on considère toute l’assemblée, auraient été perdues si cette injonction avait été méprisée. Le sang était sur la maison, et l’agneau pascal n’était que pour ceux qui se trouvaient à l’abri du sang. De ce fait sa chair ne devait pas être portée hors de la maison. Le sang d’aspersion est indispensable pour que l’on puisse se nourrir de l’agneau rôti au feu. Et pas un os ne devait en être cassé, parce que c’était une image de Christ. C’est pourquoi l’apôtre Jean dit: «Ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie: «Pas un de ses os ne sera cassé» (Jean 19:36). Il est donc clair que dans l’agneau pascal, l’Esprit avait Christ en vue; et combien il est précieux pour nous, lorsque nous lisons ce récit, d’avoir communion avec ses propres pensées, et de ne discerner rien d’autre que Christ. Puisse-t-il ouvrir nos yeux, toujours plus, de telle manière que Christ seul remplisse notre âme, lorsque nous lisons sa Parole!
À suivre