Le travail du Seigneur

E.A. Bremicker

«Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui l'accompagnaient» (Marc 16: 30). C'est par ces mots que se termine l'évangile de Marc. Pendant toute sa vie ici-bas, le Seigneur Jésus avait travaillé inlassablement. Parfait Serviteur, il était venu sur la terre non pas «pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs» (Marc 10: 45). Mais son service ne s'est pas arrêté quand il a quitté la terre et est remonté au ciel. Au contraire, nous le voyons continuer à travailler, coopérant avec les siens sur la terre. Et il le fait aujourd'hui encore.

C'est ce que nous confirme le début du livre des Actes. Luc rappelle à Théophile le «premier traité» qu'il avait composé, dans lequel il décrivait «toutes les choses que Jésus commença de faire et d'enseigner, jusqu'au jour où il fut élevé au ciel» (Actes des Apôtres 1: 1). Cela nous reporte au temps où le Seigneur Jésus vivait sur la terre, agissant et enseignant, ainsi que nous le présente l'évangile selon Luc. En entreprenant la rédaction de ce second traité — le livre des Actes — Luc désire manifestement décrire à Théophile la suite du travail du Seigneur Jésus, l'activité qu'il exerce en tant qu'Homme glorifié dans le ciel. Bien sûr, le livre des Actes nous raconte ce que les apôtres ont accompli, particulièrement Pierre, Jean et Paul. Mais nous savons qu'en fait, c'est bien le Seigneur glorifié qui opérait par son Esprit dans les apôtres et agissait sur la terre par leur moyen.

La main du Seigneur lui-même se discerne clairement dans tout le livre des Actes des Apôtres. Son action y est aussi réelle et puissante que dans les évangiles. Pourtant, il y a une différence qu'il ne nous faut pas manquer de voir: alors que les évangiles rapportent surtout ce que le Seigneur a fait pour les siens, nous découvrons dans le livre des Actes ce qu'il a fait par eux.

Son œuvre pour nous

Quelle joie de penser à ce que le Seigneur a fait pour nous! Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Il nous a ouvert le chemin jusqu'à Dieu, comme étant le seul Médiateur entre Dieu et les hommes. Il est venu pour laisser sa vie sur la croix. Avec l'apôtre Paul, nous pouvons nous réjouir en lui et dire de lui: il est le «Fils de Dieu» qui «m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2: 20). Notre appréciation de la valeur de son œuvre pour nous est sans doute bien limitée. Mais cultivons dans nos pensées et dans nos cœurs le souvenir de ce qu'il a souffert pour nous à la croix, lorsqu'il s'est avancé, comme étant notre substitut, pour endurer le jugement du Dieu saint.

Pour un croyant qui vit dans la communion de son Seigneur, il ne peut guère se passer de jour dans lequel il ne le remercie pas de tout son cœur pour ce qu'il a accompli pour lui. Certes, nous nous rassemblons chaque premier jour de la semaine avec nos frères et sœurs pour nous souvenir ensemble de notre Sauveur et de ce qu'il a accompli à Golgotha. Mais ce souvenir et la reconnaissance qui en découle ne doivent pas être limités à la réunion du dimanche pour le culte. Ils doivent être dans nos cœurs chaque jour de notre vie. «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu, un sacrifice de louanges…» (Hébreux 13: 15).

Son œuvre par nous

Cependant, toute notre reconnaissance pour l'œuvre que le Seigneur a accomplie pour nous à la croix ne peut nous faire oublier qu'il désire maintenant agir à travers nous. Il n'a jamais cessé de coopérer avec les siens. Aujourd'hui encore, le Seigneur glorifié dans le ciel désire agir par son Esprit en chaque racheté et travailler par le moyen de chacun d'eux. Il a rappelé à ses disciples, juste avant de monter au ciel, que le Saint Esprit allait leur être envoyé et qu'ainsi ils recevraient de la force pour être ses témoins: «Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre» (Actes des Apôtres 1: 8). Le Seigneur voulait alors avoir ses témoins sur la terre, et il n'en est pas autrement aujourd'hui. C'est là notre mission à chacun, et notre ressource est le même Esprit qui jadis avait rendu les apôtres capables de rendre un témoignage si puissant.

Certes, il y a bien des différences entre le temps des premiers chrétiens et aujourd'hui. Il n'y a plus, comme au début du témoignage chrétien, un déploiement de puissance extraordinaire; nous sommes dans les temps de la fin, marqués par la faiblesse. Cependant, ceci ne doit pas nous servir de prétexte. Le fait que le Seigneur désire opérer en nous et par nous n'a pas changé. La puissance du Saint Esprit, source de notre force, n'a pas diminué. Et la mission que le Seigneur a confiée aux siens — être ses témoins — est toujours la même qu'au commencement. Si quelque chose a changé, ce n'est donc ni le Seigneur, ni le Saint Esprit, ni notre mission — c'est nous.

C'est pourquoi, aujourd'hui, encourageons-nous l'un l'autre à être des témoins pour le Seigneur et à travailler dans sa dépendance. Nous reconnaissons bien sûr notre état de faiblesse, et nous sommes conscients que notre marche quotidienne est entachée de bien des faux-pas. Mais ne nous laissons pas arrêter par cela, afin que le Seigneur puisse opérer en nous et par nous. Plus nous serons reconnaissants de ce qu'il a fait pour nous, plus le désir de nos cœurs croîtra d'être à sa disposition et de témoigner pour lui.

Le temps où nous pouvons être des témoins pour le Seigneur est limité à la terre. Nous nous réjouissons du moment où il viendra nous chercher pour être toujours avec lui; mais pensons qu'au même instant prendra fin le temps précieux où des hommes peuvent témoigner, sur la terre, de la grâce de Dieu révélée par Jésus Christ. Mettons à profit chaque jour qu'il nous reste pour rendre témoignage à celui qui nous a tant aimés et qui s'est livré pour nous.