C'est pourquoi (Psaume 45:2, 7)

J.-P. Fuzier

Le psaume 45 est un cantique du Bien-aimé: sa Personne, ses caractères moraux, ses gloires, en sont le thème.

La place de ce cantique dans le second livre des psaumes, la réponse qu'il donne aux fidèles de la grande tribulation (42; 43; 44), soulignent son caractère messianique. Toutefois, le Bien-aimé du Père, qui sera aussi le Bien-aimé de son peuple durant son règne, nous est aujourd'hui donné à connaître sous ce même titre pendant la période de la grâce. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» est le témoignage que le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ adresse à tous ceux qui confessent son Nom (Matthieu 3:17; cf. Éphésiens 1:6).

Au cours de ce psaume 45, nous trouvons à trois reprises l'expression: «C'est pourquoi» (versets 2, 7, 17). Au verset 17, nous avons la louange des nations pendant le règne de Christ. Nous nous arrêterons seulement aux versets 2 et 7, où il s'agit de ce que le Fils bien-aimé est pour tous ses rachetés, et de ce que Dieu a fait pour lui.

C'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours (verset 2)

Le premier verset de ce psaume porte nos pensées sur les écrits des quatre évangélistes. Leurs cœurs, certainement, bouillonnaient de la bonne parole que l'Esprit de vérité leur dictait; ils écrivaient ce qu'il leur était donné de composer au sujet du Seigneur Jésus qui est «plus beau que les fils des hommes». Ils ont rendu témoignage à la personne unique du Fils de Dieu.

«Tu es plus beau que les fils des hommes; la grâce est répandue sur tes lèvres: c'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours» (verset 2).

Les parents de Moïse ont vu que l'enfant était divinement beau; David avait de beaux yeux et était beau de visage. Mais dans les évangiles, nous voyons celui qui est d'une beauté incomparable. Ici l'Esprit de Christ dans les fils de Coré leur fait discerner la beauté excellente du Roi, reflet de la gloire morale du Bien-aimé en qui le Père trouve son plaisir.

Il régnera bientôt en Sion; mais auparavant il a été manifesté une première fois sur la terre, en parfaite grâce: «Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d'une ânesse» (Zacharie 9:9; Matthieu 21:5). La grâce et la vérité sont venues avec lui (Jean 1:17). Luc nous le montre au commencement de son ministère, dans la synagogue de Nazareth, où, après avoir annoncé «l'an agréable du Seigneur», il s'assied. «Le jour de la vengeance» ne viendra qu'après l'an de la grâce. Et, malgré l'opposition et l'incrédulité du monde, les paroles de grâce sorties de sa bouche sont largement proclamées.

«Ses lèvres» sont «des lis distillant une myrrhe limpide» (Cantiques 5:13). La myrrhe nous parle des souffrances de Christ. Cela nous rappelle ce qu'il a dit de lui-même: «Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup» (Luc 9:22). Dans ce verset 2 du psaume 45, les fils de Coré, objets particuliers de la miséricorde de l'Éternel (Nombres 26:11), parlent de la grâce répandue sur ses lèvres. Ils l'avaient goûtée pour eux-mêmes. Combien d'affligés ont été apaisés et consolés par les paroles sorties de sa bouche! Ne crains pas… Ne pleure pas… Va-t'en en paix… C'est moi, n'ayez point de peur… Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis…; et tant d'autres encore!

Le Seigneur a ainsi apporté aux hommes le message de la grâce de Dieu, la bonne nouvelle du salut. Il a manifesté le nom du Père aux hommes qu'il lui a donnés du monde; il leur a fait connaître l'amour du Père dans sa propre personne. Christ, le Bien-aimé, est la réponse donnée à la prière du psaume 43: «Envoie ta lumière et ta vérité: elles me conduiront, elles m'amèneront à ta montagne sainte et à tes demeures. Et je viendrai à l'autel de Dieu, au Dieu de l'allégresse de ma joie; et je te célébrerai sur la harpe, ô Dieu, mon Dieu!» (versets 3, 4). Cette prière sera exaucée pour le Résidu lors du règne de Christ, à la fois roi et sacrificateur. Quant à nous, nous voyons l'amour dont le Père nous a fait don: nous sommes maintenant enfants de Dieu.

En tout, Jésus a glorifié son Père sur la terre, il a achevé l'œuvre qu'il lui avait donnée à faire, de sorte qu'il peut demander: «Glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût» (Jean 17:4, 5). Par l'Esprit de vérité qui est en nous, nous pouvons comprendre plus complètement que les fils de Coré, les paroles par lesquelles ils concluent ce passage: «C'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours».

Le Fils de Dieu, dans son humanité et dans son incomparable gloire morale, a révélé la grâce de Dieu, non seulement par ses paroles, mais aussi par ses actes et par son obéissance jusqu'à la mort de la croix. «C'est pourquoi aussi Dieu l'a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom» (Philippiens 2:6-10). Tel est, dans le Nouveau Testament, l'écho de la louange des fils de Coré.

C'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons (verset 7)

Les versets 3 à 5 correspondent au «jour de la vengeance de notre Dieu», car «l'année de la faveur de l'Éternel» est passée (cf. Ésaïe 61:2). Mais, s'il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur (Psaumes 30:5). Le verset 6 introduit alors le règne de justice et de paix du Seigneur Jésus. «Un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture» (Ésaïe 32:1).

Tout sera en ordre; la création, affranchie de la servitude de la corruption, jouira de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Romains 8:21).

Nous pouvons penser que les psalmistes, confiants dans les promesses de Dieu, contemplaient alors par la foi «le pays lointain». Leurs regards n'étaient pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas et sont éternelles. Les termes mêmes du psaume nous montrent que le premier objet de leur contemplation était «le roi dans sa beauté» (Ésaïe 33:17).

Mais «qui est ce roi de gloire?» — Nul autre que «l'Éternel fort et puissant» (Psaumes 24:8-10). Au témoignage de David dans ce psaume 24 s'ajoute ici celui des fils de Coré: «Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité» (verset 6). La citation de cette déclaration dans l'épître aux Hébreux nous confirme que le roi du psaume 45 est le Fils de Dieu lui-même. Car nous lisons: «Quant au Fils: Ton trône, ô Dieu, est aux siècles des siècles» (Hébreux 1:8).

Il est dit ici au roi: «Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté» (verset 7). Le règne de Christ, tel que l'a vu prophétiquement le doux psalmiste d'Israël, associera harmonieusement la justice et la bonté. D'une part «Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu» (2 Samuel 23:3). D'autre part, une abondance de bénédiction accompagnera sa domination: «il sera comme la lumière du matin quand le soleil se lève, un matin sans nuages: par sa clarté, l'herbe tendre germe après la pluie» (verset 4). Après sa manifestation en jugement, le soleil de justice apportera la guérison dans ses ailes.

La promesse du Seigneur à ses disciples sera aussi accomplie; le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire et eux seront assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël (Matthieu 19:28).

Mais Dieu revendique toujours la gloire prééminente de son Fils bien-aimé. Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté; c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons (verset 7). Ceux qui entoureront le trône lui rendront hommage, comme déjà les fils de Coré qui, contemplant ses perfections, lui accordent sa place distinctive.

Au verset 2, nous avons entendu le témoignage des fidèles, émus par les paroles de grâce et la beauté morale du Seigneur.

Au verset 7, c'est la reconnaissance, par Israël restauré, de l'excellence et de la suprématie du roi de justice et de paix.

Nous citerons pour conclure la déclaration de Dieu lui-même, au sujet de l'exaltation de son parfait Serviteur:

C'est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands (Ésaïe 53:12)

Dans le psaume 45, les fidèles célèbrent les bénédictions par lesquelles Dieu témoigne du plaisir qu'il trouve en Christ et, à la fin du psaume, les nations mêmes le célèbrent.

En Ésaïe, Dieu conclut son magnifique entretien avec le Résidu en plaçant devant lui — et devant nous — quelques-unes des gloires dont il couronnera son Serviteur.

C'est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts, parce qu'il aura livré son âme à la mort, et qu'il aura été compté parmi les transgresseurs, et qu'il a porté le péché de plusieurs, et qu'il a intercédé pour les transgresseurs.

Il est le Seigneur de ceux qui dominent; mais Dieu nous invite aussi à penser aux motifs pour lesquels il assigne à Christ «une part avec les grands». Il nous en donne quatre, et ce sont les caractères particuliers de la mort du Seigneur, tels que nous les relatent les quatre évangiles:

Jean nous présente celui qui a «livré son âme à la mort» (Jean 10:17).

Marc nous montre comment il a été «compté parmi les transgresseurs» (Marc 15:28).

Matthieu nous dit qu'il a «porté les péchés de plusieurs» (Matthieu 26:28).

Luc nous fait entendre sa prière, quand il a «intercédé pour les transgresseurs» (Luc 23:34).

À lui notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ la gloire, et maintenant et jusqu'au jour d'éternité! (2 Pierre 3:18).