Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A Bremicker

Chapitre 2 (suite)

Verset 5

«Ne vous souvenez-vous pas que, quand j'étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses?»

Les enseignements auxquels fait allusion ce verset n'étaient pas vraiment nouveaux pour les Thessaloniciens; Paul et ses compagnons leur avaient déjà parlé de ces choses lorsqu'ils étaient auprès d'eux. Le trouble qui avait surgi parmi eux n'était donc pas dû à un manque d'enseignement, mais, pour nous comme pour ces croyants, la question se pose: comment recevons-nous et comment gardons-nous ce qui nous est enseigné?

Une autre leçon que nous pouvons tirer de cela est que ces révélations prophétiques devraient faire partie de nos connaissances de base. Le séjour de Paul à Thessalonique n'avait duré que quelques semaines et pourtant il avait jugé important de parler de ces choses. Les Thessaloniciens devaient s'en souvenir et savoir que le jour du Seigneur ne pouvait pas être là, puisque les événements qui devaient le précéder n'avaient pas encore eu lieu. Les avertissements et les enseignements de ce passage sont donc importants aussi pour les jeunes croyants et pour les nouveaux convertis. La prophétie ne nous est pas donnée pour satisfaire notre curiosité, mais afin que nous puissions mieux discerner le caractère du temps dans lequel nous vivons.

Ce verset nous rappelle aussi l'importance de la répétition de vérités déjà enseignées (cf. 2 Pierre 1:12-15). Nous avons à en tenir compte, aussi bien en ce qui concerne notre étude personnelle de la Bible que dans le ministère de la Parole. La vérité de Dieu ne vieillit pas, et il faut que nous revenions toujours à ce qui «était dès le commencement».

Versets 6 et 7

«Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu'il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d'iniquité opère déjà; seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu'à ce qu'il soit loin.»

Selon le verset 3, le jour du Seigneur doit être précédé par l'avènement de l'apostasie et par la révélation de l'Antichrist — conditions qui n'ont pas encore été remplies jusqu'à ce jour. Les versets 6 et 7 mentionnent deux éléments qui retiennent l'apostasie, et plus particulièrement l'Antichrist: il y a «ce qui retient» et «celui qui retient» — une chose et une personne.

«Retenir» peut nous faire penser à des freins qui empêcheraient un véhicule de prendre de la vitesse à la descente. Aujourd'hui, nous vivons de près ce mouvement de la chrétienté: «le mystère d'iniquité opère déjà», bien que son développement soit encore réprimé. Mais le jour vient où — s'il est permis d'utiliser encore cette image — les freins seront desserrés et où le véhicule qui emmène les chrétiens de nom se précipitera vers la perdition.

Cette évolution ne doit pas nous ébranler. Les signes qui, aujourd'hui, présagent les événements de la fin doivent nous rendre prudents quant à notre marche personnelle, mais nous savons que nous ne vivrons pas l'aboutissement de cette évolution; nous serons alors auprès du Seigneur.

L'homme de péché sera révélé «en son propre temps». Cette expression nous fait comprendre que c'est Dieu, en fin de compte, qui décide du moment où cet homme sera révélé et qui limite le temps qui lui sera accordé.

Quels sont donc les deux «éléments» qui retiennent? Il y a d'abord ce qui retient. On peut y voir la puissance de Dieu agissant à travers les autorités politiques. Ces autorités sont établies par Dieu lui-même. Tout pouvoir gouvernemental est, aujourd'hui encore, directement subordonné à Dieu, et ne peut agir que selon ce qu'il permet ou ne permet pas.

En jetant un regard sur l'histoire de l'homme, on constate la méchanceté et la cruauté dont ont pu faire preuve les puissants de ce monde. Toutefois, le principe reste: tout gouvernement, quelque mauvais ou impie qu'il soit, est établi par Dieu. C'est Lui qui, aujourd'hui encore, incline le cœur d'un roi comme des ruisseaux d'eau (Proverbes 21:1). «Il n'existe pas d'autorité, si ce n'est de par Dieu» (Romains 13:1-10; 1 Pierre 2:13-17). Ceux qui détiennent l'autorité sont des «serviteurs de Dieu» et ils «portent l'épée» de sa part.

Le grand roi païen Nebucadnetsar a dû apprendre, par d'amères expériences, que c'est Dieu qui établit les rois et qui les dépose. Le prophète Daniel lui annonce: «On te chassera du milieu des hommes,… jusqu'à ce que tu connaisses que le Très Haut domine sur le royaume des hommes, et qu'il le donne à qui il veut» (Daniel 4:25). Le Seigneur Jésus, alors qu'il comparaissait devant Pilate, lui dit: «Tu n'aurais aucun pouvoir contre moi, s'il ne t'était donné d'en haut» (Jean 19:11). Pilate était certainement un gouverneur inique, et pourtant il ne pouvait rien faire contre le Seigneur, à moins que Dieu ne le lui permette.

Aujourd'hui, donc, l'entière manifestation du mal est encore retenue. Mais sous l'Antichrist, le régime sera véritablement satanique. Il ne s'agira plus d'une autorité établie de Dieu, mais d'un pouvoir qui viendra directement de Satan lui-même. Le pouvoir politique aura son siège à Rome — c'est la première bête d'Apocalypse 13, le chef de l'empire romain reconstitué — et il est dit de son dirigeant qu'il «va monter de l'abîme» (Apocalypse 17:8), expression démontrant son origine (voir aussi Apocalypse 13:4). L'influence de Satan s'exerce déjà maintenant dans le monde politique, bien entendu, mais Dieu fixe les limites de son champ d'action. Alors les choses changeront: il n'existera plus d'autorités établies de Dieu et il n'y aura plus rien pour retenir ce dominateur dans l'exercice diabolique de son activité.

Nous en arrivons au deuxième «élément», celui qui retient. Quelle personne, sur la terre, peut avoir le pouvoir de réprimer le plein déploiement du mal, et s'en aller soudain? Il est évident qu'il ne peut s'agir d'un homme, et que «celui qui retient», c'est le Saint Esprit.

L'apôtre Jean, dans sa première épître, parle de «l'esprit de l'Antichrist», qui «déjà maintenant… est dans le monde» (4:3), et en contraste, il dit aux croyants: «Pour vous, enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (4:4). Le Saint Esprit — «celui qui est en vous» — est plus puissant que l'Antichrist et peut empêcher le plein développement du mal. N'oublions pas, quand il est question du Saint Esprit, que nous n'avons pas simplement affaire à une puissance, mais à une personne divine. Le Saint Esprit est Dieu. Il est aussi l'Esprit de vérité et s'oppose, en tant que tel, à l'esprit d'erreur. Nous sommes bien limités dans notre capacité de saisir la portée de la présence de l'Esprit de Dieu sur la terre. Non seulement il habite et opère dans les croyants, mais il exerce également son influence sur ceux qui ne connaissent pas Dieu.

Le Saint Esprit, qui «retient maintenant, le fera jusqu'à ce qu'il soit loin». Il demeure aujourd'hui dans l'assemblée de Dieu d'une part (1 Corinthiens 3:16), et dans chacun des croyants d'autre part (1 Corinthiens 6:19). Le Seigneur Jésus dit explicitement en Jean 14:16 que l'Esprit de vérité sera avec nous éternellement. Ainsi, lorsque les croyants seront enlevés au ciel et que l'assemblée ne sera plus sur la terre, l'Esprit Saint laissera également le champ libre, son habitation n'étant plus ici-bas. L'Esprit de Dieu agira encore par le moyen de personnes individuelles — comme les témoins juifs qui prêcheront l'évangile du royaume à ceux qui n'avaient jamais entendu l'évangile de la grâce auparavant — mais il n'habitera pas en eux comme il habite en nous. Son action sera comparable à celle qu'il exerçait aux temps de l'Ancien Testament, lorsqu'il venait momentanément sur des hommes, dans des situations particulières, afin de les rendre capables d'accomplir certaines tâches.

«Car le mystère d'iniquité opère déjà.» Cette affirmation était valable en ce temps-là, et elle l'est à plus forte raison aujourd'hui, mais le mal n'est pas encore arrivé à son comble. Il ne faut pas confondre «le mystère d'iniquité» avec «l'apostasie» qui, elle, surviendra plus tard. En utilisant ici le mot «mystère», Paul fait certainement allusion à quelque chose qui est déjà perceptible, mais qui n'apparaît pas clairement à la surface. Jude parle à ce propos «d'impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur, Jésus Christ» (Jude 4). L'ennemi a toujours essayé, depuis le commencement, de mêler la vérité au mensonge. Le Seigneur Jésus y fait allusion dans certaines des paraboles du royaume des cieux, qui sont des images de la chrétienté professante: l'ivraie dans le champ, l'arbre où viennent demeurer les oiseaux, ainsi que le levain caché dans la farine (Matthieu 13).

L'apôtre Paul avait décelé, très tôt déjà, les premiers signes de cette évolution (cf. Actes 20:29, 30). Ce mystère, aujourd'hui, progresse de manière effrayante. On garde encore la forme extérieure du christianisme, alors qu'en réalité on en est bien éloigné. Les églises de multitude approuvent ouvertement des pratiques qui sont en contradiction évidente avec la parole de Dieu. L'homme est de plus en plus mis en avant, et Dieu, de plus en plus oublié. La volonté propre de l'homme triomphe et, dans une grand partie de la chrétienté, on ne s'enquiert plus du tout de la volonté de Dieu.

Nous ne mettons pas en doute qu'il y ait des chrétiens nés de nouveau dans ces églises de multitude, mais nous ne pouvons pas nier non plus que les effets du «mystère d'iniquité» soient visibles dans ces systèmes, en tant que tels. Mais, aussi effrayante que soit cette évolution, nous savons que la pleine manifestation du mal et de l'iniquité est encore à venir.

Notre intention, toutefois, n'est pas de montrer les autres du doigt, car nous faisons aussi partie de la chrétienté. Nous subissons tous l'influence de cette évolution et nous avons à nous demander sérieusement dans quelle mesure elle agit sur nous, que ce soit personnellement ou collectivement. Quelle est notre attitude envers le Seigneur et sa Parole? Reconnaissons-nous pratiquement son autorité dans notre vie? Et avons-nous l'énergie de nous distancer, par notre façon de faire, de ce qui devient courant dans une chrétienté qui marche vers l'apostasie?

À suivre