Lévitique

Chapitres 8 et 9

Ayant considéré la doctrine du sacrifice, telle qu’elle est développée dans les sept premiers chapitres de ce livre, nous arrivons maintenant à la sacrificature. Ces deux sujets sont intimement liés. Le pécheur a besoin d’un sacrifice; le croyant a besoin d’un sacrificateur. Nous trouvons l’un et l’autre en Christ qui, après s’être offert lui-même à Dieu, sans tache, est entré dans les fonctions de son ministère de sacrificateur, dans le sanctuaire céleste. Nous n’avons besoin d’aucun autre sacrifice, d’aucun autre sacrificateur. Jésus est divinement suffisant. Il communique la dignité et la valeur de sa propre Personne à tous les offices qu’il remplit, à toutes les œuvres qu’il accomplit. Quand nous le voyons comme sacrifice, nous savons que nous avons en lui tout ce qu’un sacrifice pouvait être; et quand nous le voyons comme sacrificateur, nous savons que toutes les fonctions de la sacrificature sont parfaitement accomplies par lui. Comme sacrifice, il introduit les croyants dans une relation intime avec Dieu; et comme sacrificateur, il les y maintient, selon la perfection de ce qu’il est. La sacrificature est pour ceux qui ont déjà certains rapports avec Dieu. En tant que pécheurs, par nature et de fait, nous sommes «approchés de Dieu par le sang du Christ»; nous sommes mis en relation positive avec lui; nous sommes devant lui comme les fruits de son œuvre. Il a ôté nos péchés d’une manière digne de lui, afin que nous puissions être devant lui, à la louange de son nom, comme monuments de ce qu’il peut accomplir par la puissance de la mort et de la résurrection.

Mais, quoique nous soyons si complètement délivrés de tout ce qui pouvait être contre nous; quoique si parfaitement acceptés dans le Bien-aimé; quoique si parfaits en Christ; quoique si souverainement élevés, nous sommes pourtant en nous-mêmes, aussi longtemps que nous vivons ici-bas, de pauvres et faibles créatures, toujours portées à nous égarer, prêtes à tomber, exposées à diverses tentations, épreuves et embûches. Comme tels, nous avons besoin du ministère incessant de notre «Grand Souverain Sacrificateur», dont la présence dans le sanctuaire d’en haut nous maintient dans toute l’intégrité de la place et de la relation où nous sommes, par grâce. «Il est toujours vivant pour intercéder pour nous» (Héb. 7:25). Nous ne pourrions nous tenir un instant debout, ici-bas, s’il n’était pas vivant pour nous, là-haut. «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14:19). «Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie» (Rom. 5:10). La «mort» et la «vie» sont inséparablement liées dans l’économie de la grâce. Mais, remarquez que la vie vient après la mort. C’est à la vie de Christ ressuscité d’entre les morts, et non à sa vie ici-bas, que l’apôtre fait allusion, dans le passage que nous venons de citer. Cette distinction est éminemment digne de l’attention du lecteur. La vie de notre Seigneur Jésus sur la terre était infiniment précieuse, cela va sans dire, mais il n’entra pas dans la sphère de ses fonctions sacerdotales, avant d’avoir accompli l’œuvre de la rédemption. Et il ne pouvait en être autrement, puisqu’«il est évident que notre Seigneur a surgi de Juda, tribu à l’égard de laquelle Moïse n’a rien dit concernant des sacrificateurs» (Héb. 7:14). «Car tout souverain sacrificateur est établi pour offrir des dons et des sacrifices; c’est pourquoi il était nécessaire que celui-ci aussi eût quelque chose à offrir. Si donc il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur, puisqu’il y a ceux qui offrent des dons selon la loi» (Héb. 8:3, 4). «Mais Christ étant venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas fait de main, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, et non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle… Car le Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main, copies des vrais, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu» (Héb. 9:11, 12, 24).

C’est le ciel et non la terre, qui est la sphère du ministère sacerdotal de Christ; et il y entra lorsqu’il se fut offert lui-même, sans tache, à Dieu. Il n’entra jamais dans le temple terrestre, comme sacrificateur. Il monta souvent au temple1 pour enseigner, mais jamais pour y sacrifier ou y offrir le parfum. Personne ne fut jamais établi de Dieu pour exercer les charges de la sacrificature sur la terre, sauf Aaron et ses fils. «S’il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur». C’est un point d’un grand intérêt et de beaucoup de valeur, en connexion avec la doctrine de la sacrificature. Le ciel est la sphère, et la rédemption la base, de la sacrificature de Christ. Sauf dans le sens que tous les croyants sont des sacrificateurs (1 Pierre 2:5), il n’y a plus de sacrificateurs ou de prêtres sur la terre. À moins qu’un homme ne puisse prouver qu’il descend d’Aaron, à moins qu’il ne puisse faire remonter sa généalogie jusqu’à cette source antique, il n’a aucun droit d’exercer l’office sacerdotal. La succession apostolique elle-même, pût-on la prouver, n’aurait absolument aucune valeur ici, puisque les apôtres eux-mêmes n’étaient pas des sacrificateurs, si ce n’est dans le sens que nous venons de rappeler. Le membre le plus faible de la maison de la foi est tout aussi bien un sacrificateur que l’apôtre Pierre lui-même. Il est un sacrificateur spirituel; il adore dans un temple spirituel; il se tient à un autel spirituel; il offre un sacrifice spirituel; il est revêtu de vêtements spirituels. «Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5), «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices» (Héb. 13:15, 16).

1 Le Nouveau Testament distingue très exactement entre le temple proprement dit (naos), la maison même, divisée en lieu saint, où les sacrificateurs entraient tous les jours pour faire le service (Luc 1:9), et lieu très saint, où le seul souverain sacrificateur entrait une fois par an, au jour des expiations (Héb. 9:7) — et l’ensemble des cours et des bâtiments consacrés, autour du temple (hiéron — Matt. 21:23, Actes 3:1, 2, 3, etc.). En tenant compte de cette différence, comme toutes les traductions auraient dû le faire, on voit que le Seigneur Jésus n’est, en effet, jamais entré dans la maison même (naos), parce qu’il n’était pas sacrificateur selon la loi (Trad.).

Si un descendant direct de la famille d’Aaron se convertissait à Christ, il entrerait dans un genre entièrement nouveau de service sacerdotal. Et remarquez-le bien, les passages que nous venons de citer présentent les deux grandes classes de sacrifices spirituels, que le sacrificateur ou prêtre spirituel a le privilège d’offrir. Il y a le sacrifice de louange à Dieu et le sacrifice de bienfaisance envers les hommes. Un double courant sort continuellement du chrétien qui réalise son caractère et son office de sacrificateur — un courant de louanges reconnaissantes montant vers le trône de Dieu, et un courant d’active bienfaisance descendant vers les malheureux et les pauvres. Le sacrificateur spirituel se tient, une main levée vers Dieu, présentant le parfum de la louange et de la gratitude; et l’autre, grande ouverte pour soulager, avec une sincère bienveillance, toutes les formes de misères humaines. Si ces choses étaient mieux comprises, quelle sainte élévation et quelle grâce morale ne communiqueraient-elles pas au caractère chrétien? Élévation, puisque le cœur serait toujours dirigé vers la source divine de tout ce qui peut élever; grâce morale, puisque le cœur serait toujours ouvert à tout ce qui réclame ses sympathies. Ces deux choses sont inséparables. Le contact immédiat du cœur avec Dieu doit nécessairement l’élever et l’élargir. Mais, au contraire, si l’on marche à distance de Dieu, le cœur se resserrera et languira. Une communion intime avec Dieu — la réalisation habituelle de notre dignité de sacrificateurs, est le seul remède efficace contre les tendances avilissantes et égoïstes de notre vieille nature.

Après ces considérations générales sur la sacrificature, envisagée sous ses deux aspects, principal et secondaire, nous en venons à l’examen du contenu des 8e et 9e chapitres du Lévitique. «L’Éternel parla à Moïse, disant: Prends Aaron et ses fils avec lui, et les vêtements, et l’huile de l’onction, et le jeune taureau du sacrifice pour le péché, et les deux béliers, et la corbeille des pains sans levain; et convoque toute l’assemblée à l’entrée de la tente d’assignation. Et Moïse fit comme l’Éternel lui avait commandé, et l’assemblée fut convoquée à l’entrée de la tente d’assignation». Une grâce spéciale se dévoile ici. Toute l’assemblée est convoquée à l’entrée de la tente d’assignation, afin que tous puissent avoir le privilège de voir celui à qui allait être confiée la charge de leurs plus importants intérêts. Les chap. 28-29 de l’Exode nous enseignent la même vérité générale à l’égard des vêtements et des sacrifices sacerdotaux; mais, dans le Lévitique, l’assemblée est introduite, et il lui est permis de suivre des yeux chaque détail du solennel et imposant service de consécration. Le membre, le plus humble de l’assemblée avait, ici, sa place. Chacun, le dernier comme le premier, pouvait contempler la personne du souverain sacrificateur, le sacrifice qu’il offrait et les vêtements qu’il portait. Chacun avait ses besoins particuliers, et le Dieu d’Israël voulait que chacun vît et sût qu’il était amplement pourvu à ses besoins par les divers attributs du souverain sacrificateur qui était devant lui. Les vêtements sacerdotaux étaient l’expression typique de ces attributs. Chaque partie du vêtement était destinée et adaptée à représenter quelque qualification spéciale, propre à intéresser profondément l’assemblée en entier, et chaque membre en particulier. La tunique brodée, la ceinture, la robe, l’éphod, le pectoral, l’urim et le thummim, la tiare, le diadème saint — tout déclarait les diverses vertus, qualifications et fonctions de celui qui devait représenter l’assemblée et en soutenir les intérêts en la présence divine.

C’est ainsi qu’avec l’œil de la foi, le croyant peut contempler son grand Souverain Sacrificateur dans les cieux, et voir en lui les réalités divines dont les vêtements d’Aaron n’étaient que les ombres. Le Seigneur Jésus Christ est le Saint, l’Oint, celui qui porte les saints vêtements. Il est tout cela, non en vertu de vêtements extérieurs, qu’on peut mettre ou ôter, mais en vertu des grâces éternelles et divines de sa Personne, de l’immuable efficace de son œuvre et de l’action impérissable de ses offices sacrés. C’est ce qui rend si particulièrement précieuse l’étude des types de l’économie mosaïque. Dans tous, l’œil éclairé par l’Esprit voit Christ. Le sang du sacrifice et le vêtement du souverain sacrificateur le montrent également, et ont été l’un et l’autre destinés de Dieu à le figurer. S’il surgit une question de conscience, le sang du sacrifice y répond selon les justes exigences du sanctuaire. La grâce a satisfait aux demandes de la sainteté. Et, s’il est question des besoins en rapport avec la position du croyant ici-bas, il les voit tous divinement satisfaits dans les vêtements officiels du souverain sacrificateur.

Ici, je dirai qu’il y a deux manières de contempler la position du croyant — deux aspects sous lesquels cette position est présentée dans la Parole, et il faut en tenir compte pour pouvoir saisir avec intelligence la vraie notion de la sacrificature. Le croyant est représenté comme faisant partie d’un corps dont Christ est la tête. Ce corps, avec Christ sa tête, est présenté comme formant un seul homme, complet à tous égards. Il a été vivifié avec Christ, ressuscité avec Christ et assis en Christ dans les cieux. Il est un avec lui, complet en lui, accepté en lui; il possède sa vie, il est dans sa faveur, devant Dieu. Tous les péchés sont effacés. Il n’y a aucune tache. Tout est beau et aimable aux yeux de Dieu (voyez 1 Cor. 12:12, 13; Éph. 2:5-10; Col. 2:6-15; 1 Jean 4:17).

Ensuite le croyant est considéré dans sa position de besoin, de faiblesse, de dépendance, ici-bas, dans ce monde. Il est toujours exposé aux tentations, porté à s’égarer, sujet à broncher et à tomber. Aussi a-t-il constamment besoin de la parfaite sympathie et du puissant ministère du Souverain Sacrificateur, qui se tient toujours en la présence de Dieu, dans la pleine valeur de sa personne et de son œuvre, et qui représente le croyant et défend sa cause devant le trône.

Il est nécessaire de bien considérer ces deux aspects du croyant, afin de voir non seulement quelle place élevée et privilégiée il occupe avec Christ, en haut, mais aussi quelle ample provision il y a, pour répondre à tous ses besoins et ses infirmités, ici-bas. Cette distinction pourrait encore être formulée de cette manière: Le croyant est représenté comme étant de l’Église et dans le royaume. Dans le premier état, le ciel est sa place, sa demeure, sa portion, le siège de ses affections. Dans le dernier, il est sur la terre, lieu d’épreuve, de responsabilité et de combat. C’est pourquoi la sacrificature est une ressource divine pour ceux qui, quoique étant de l’Église et appartenant au ciel, sont néanmoins dans le royaume et marchent sur la terre. Cette distinction est fort simple, et quand elle est bien comprise elle explique nombre de passages de l’Écriture qui offrent de grandes difficultés à plusieurs1.

1 La comparaison de l’épître aux Éphésiens avec la première épître de Pierre donnera au lecteur une instruction précieuse, relativement au double aspect de la position du croyant. La première le montre comme assis dans les cieux; la seconde comme un pèlerin souffrant sur la terre.

En étudiant les chapitres qui sont sous nos yeux, nous remarquons que trois choses y sont surtout mises en relief, savoir: l’autorité de la Parole, la valeur du sang, la puissance de l’Esprit. Ce sont là des sujets importants — d’une importance inexprimable — des sujets dont chacun doit être considéré par tout chrétien, comme incontestablement et foncièrement vital.

Et d’abord, quant à l’autorité de la Parole, il est des plus intéressant de voir que, dans la consécration des sacrificateurs, de même que dans toute la série des sacrifices, nous sommes placés immédiatement sous l’autorité de la parole de Dieu. «Et Moïse dit à l’assemblée: C’est ici ce que l’Éternel a commandé de faire» (Chap. 8:5). Et encore: «Et Moïse dit: C’est ici ce que l’Éternel a commandé; faites-le, et la gloire de l’Éternel vous apparaîtra» (Chap. 9:6). Prêtons une oreille attentive à ces paroles. Pesons-les avec soin et avec prière. Ce sont des paroles d’une valeur inestimable. «C’est ici ce que l’Éternel a commandé». Il n’est pas dit: «C’est ici ce qu’il est expédient, ou agréable, ou convenable de faire»; ni: «C’est ici ce qui a été ordonné par la voix de vos pères, par le décret des anciens ou par l’opinion des docteurs». Moïse ne reconnaissait pas de telles sources d’autorité. Pour lui, il n’y avait qu’une source d’autorité, sainte, élevée, souveraine: c’était la Parole de l’Éternel, et il voulait que chaque membre de l’assemblée fût mis en contact direct avec cette source bénie. Cela donnait de l’assurance au cœur et de la stabilité à toutes les pensées. Il ne restait aucune place pour la tradition à la voix incertaine, ni pour l’homme avec ses doutes et ses discussions. Tout était clair, concluant, péremptoire. L’Éternel avait parlé, et tout ce qu’il y avait à faire, c’était d’écouter ce qu’il avait dit, et d’obéir. Ni la tradition, ni les expédients ne trouvent de place dans le cœur qui a appris à apprécier, à révérer la parole de Dieu et à lui obéir.

Et quel devait être le résultat de cette stricte adhésion à la parole de Dieu? Un résultat vraiment béni: «La gloire de l’Éternel vous apparaîtra». Si la Parole n’avait pas été écoutée, la gloire ne serait pas apparue. Ces deux choses étaient intimement liées. La plus légère déviation du «ainsi a dit l’Éternel» aurait empêché les rayons de la gloire divine de briller devant l’assemblée d’Israël. Si l’on avait introduit un seul rite ou une seule cérémonie non ordonnés par la Parole, ou si l’on avait omis quoi que ce soit de ce que cette Parole avait commandé, l’Éternel n’aurait pas manifesté sa gloire. Il ne pouvait pas sanctionner, par la gloire de sa présence, la négligence ou le rejet de sa parole. Il peut supporter l’ignorance et la faiblesse, mais il ne peut autoriser la désobéissance.

Oh! si tout cela était plus sérieusement considéré dans ce siècle de traditions et d’expédients! Je voudrais, en toute affection et dans le vif sentiment de ma responsabilité personnelle envers mon lecteur, l’exhorter à donner la plus sérieuse attention à l’importance d’une stricte, — je dirais presque d’une sévère adhésion, d’une respectueuse soumission à la parole de Dieu. Qu’il éprouve toutes choses par cette règle et qu’il rejette tout ce qui ne s’y rapporte pas; qu’il pèse tout dans cette balance, et mette de côté ce qui n’est pas de bon poids. Si je pouvais seulement être le moyen d’amener une âme à bien comprendre quelle place appartient à la parole de Dieu, je n’aurais pas écrit mon livre en vain.

Lecteur, arrêtez-vous; et, en présence de Celui qui sonde les cœurs, posez-vous à vous-même cette simple question: «Est-ce que je sanctionne par ma présence, ou est-ce que j’adopte dans ma conduite quelque déviation ou quelque négligence de la parole de Dieu?» Faites de cela une affaire solennelle et personnelle devant le Seigneur. Soyez sûr que c’est de la plus grande importance. Si vous découvrez que vous avez été, de quelque manière, impliqué dans une chose quelconque qui ne porte pas le cachet distinct de la sanction divine, rejetez-la à l’instant et pour toujours. Oui, rejetez-la, quoiqu’elle puisse se présenter revêtue du manteau imposant de l’antiquité, accrédité par la voix de la tradition, et mettant en avant les motifs presque irrésistibles de la convenance. Si vous ne pouvez pas dire de tout ce en quoi vous êtes engagé: «c’est ici ce que l’Éternel a commandé», alors rejetez-le sans hésiter, renoncez-y pour toujours. Rappelez-vous ces paroles: «L’Éternel a commandé de faire comme on a fait aujourd’hui». Oui, rappelez-vous le «comme» et le «ainsi»; veillez à ce qu’ils soient liés dans vos voies, dans votre marche et dans vos pensées, et ne les laissez jamais être séparés.

«Et Aaron et ses fils firent toutes les choses que l’Éternel avait commandées par Moïse» (Chap. 8:36). «Et Moïse et Aaron entrèrent dans la tente d’assignation; puis ils sortirent et bénirent le peuple: et la gloire de l’Éternel apparut à tout le peuple; et le feu sortit de devant l’Éternel, et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses; et tout le peuple le vit, et ils poussèrent des cris de joie, et tombèrent sur leurs faces» (Chap. 9:23, 24). Nous avons ici une scène du «huitième jour» — une scène de la gloire de la résurrection. Aaron, ayant offert le sacrifice, élève ses mains pour bénir le peuple; puis Moïse et Aaron entrent dans le tabernacle et disparaissent, tandis que tout le peuple attend au dehors. Enfin, Moïse et Aaron, représentant Christ dans son double caractère de Sacrificateur et de Roi, sortent et bénissent le peuple; la gloire apparaît dans toute sa splendeur, le feu consume l’holocauste, et toute l’assemblée adoré et se prosterne devant la présence du Seigneur de toute la terre.

Tout cela se faisait, à la lettre, lors de la consécration d’Aaron et de ses fils. Et de plus, tout cela était le résultat d’une stricte adhésion à la parole de l’Éternel. Mais, avant de quitter cette partie du sujet, je rappellerai au lecteur que tout le contenu de ces chapitres n’est qu’«une ombre des biens à venir». Cela, du reste, peut se dire de toute l’économie mosaïque (Héb. 10:1). Aaron et ses fils réunis représentent Christ et sa maison sacerdotale. Aaron seul représente Christ dans ses fonctions de sacrificature et d’intercession. Moïse et Aaron ensemble représentent Christ comme Roi et Sacrificateur. «Le huitième jour» représente le jour glorieux de la résurrection, où le peuple d’Israël verra le Messie assis sur son trône, comme Sacrificateur et Roi; et où la gloire de l’Éternel remplira toute la terre, comme les eaux couvrent la mer. Ces vérités sublimes sont amplement développées dans l’Écriture; elles brillent comme des joyaux d’un éclat céleste d’un bout à l’autre des pages inspirées; mais de peur que quelque lecteur ne les prenne pour une nouveauté suspecte, je le renvoie aux passages suivants, comme à autant de preuves scripturaires Nomb. 14:21; És. 9:6, 7; 11; 25:6-12; 32:1, 2; 35; 37:31, 32; 40:1-5; 54; 59:16-21; 60-66 passim; Jér. 23:5-8; 30:10-24; 33:6-22; Éz. 48:35; Dan. 7:13, 14; Osée 14:4-9; Soph. 3:14-20; Zach. 3:8-10; 6:12, 13; 14.

Venons-en maintenant au second point de notre sujet, savoir l’efficace du sang. Il est largement développé et occupe une place prééminente. Soit que nous considérions la doctrine du sacrifice ou celle de la sacrificature, nous voyons que l’effusion du sang y a une place importante. «Et il fit approcher le taureau du sacrifice pour le péché, et Aaron et ses fils posèrent leurs mains sur la tête du taureau du sacrifice pour le péché; et on l’égorgea, et Moïse prit le sang, et en mit avec son doigt sur les cornes de l’autel, tout autour, et il purifia l’autel; et il versa le sang au pied de l’autel, et le sanctifia, faisant propitiation pour lui» (Chap. 8:14, 15). «Et il fit approcher le bélier de l’holocauste, et Aaron et ses fils posèrent leurs mains sur la tête du bélier; et on l’égorgea, et Moïse fit aspersion du sang sur l’autel, tout autour» (Vers. 18, 19). «Et il fit approcher le second bélier, le bélier de consécration; et Aaron et ses fils posèrent leurs mains sur la tête du bélier; et on l’égorgea, et Moïse prit de son sang, et le mit sur le lobe de l’oreille droite d’Aaron, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros orteil de son pied droit; et il fit approcher les fils d’Aaron, et Moïse mit du sang sur le lobe de leur oreille droite, et sur le pouce de leur main droite, et sur le gros orteil de leur pied droit; et Moïse fit aspersion du sang sur l’autel, tout autour» (Vers. 22-24).

Le sens des divers sacrifices a été, en quelque mesure, développé dans les premiers chapitres de ce volume; mais les passages que je viens de citer font ressortir la place importante que le sang occupe dans la consécration des sacrificateurs. Il fallait une oreille aspergée de sang pour écouter les divines communications, une main teinte de sang pour exécuter les services du sanctuaire, et un pied taché de sang pour marcher dans les parvis de la maison de l’Éternel. Tout cela est parfait en son genre. L’aspersion du sang était le grand fondement de tout sacrifice pour le péché, et le sang était en connexion avec tous les vaisseaux du sanctuaire et avec toutes les fonctions de la sacrificature. Dans tout l’ensemble du service lévitique, nous remarquons la valeur, l’efficace, la puissance et la large application du sang. «Et presque toutes choses sont purifiées par du sang selon la loi» (Héb. 9:22). Christ est entré, avec son propre sang, dans le ciel même. Il apparaît sur le trône de la majesté dans les cieux, en vertu de tout ce qu’il a accompli sur la croix. Sa présence sur le trône atteste la valeur et l’acceptation de son sang expiatoire. Il est là pour nous. Assurance bénie! Il est toujours vivant. Il ne change jamais, et nous sommes en lui, et comme il est. Il nous présente au Père, dans sa propre perfection éternelle; et le Père prend plaisir en nous, présentés de la sorte, tout comme il prend plaisir en Celui qui nous présente. Cette identification est typiquement représentée par «Aaron et ses fils» posant leurs mains sur la tête de chacune des victimes. Ils étaient tous devant Dieu dans la valeur du même sacrifice. Que ce fût «le taureau du sacrifice pour le péché», «le bélier de l’holocauste», ou «le bélier de consécration», ils posaient ensemble les mains sur tous. Il est vrai qu’Aaron seul était oint avant l’aspersion du sang. Il était revêtu des robes de son office et oint de la sainte huile, avant que ses fils le fussent. La raison en est évidente. Aaron, quand il est seul, est le type de Christ dans son excellence incomparable et dans sa dignité propre; et nous savons que Christ parut dans toute sa valeur personnelle, et fut oint du Saint Esprit, avant l’accomplissement de son œuvre expiatoire. En toutes choses il tient le premier rang (Col. 1). Cependant, plus tard, il y a la plus entière identification entre Aaron et ses fils, comme il y a la plus entière identification entre Christ et son peuple. «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un» (Héb. 2:11). La distinction personnelle rehausse la valeur de l’unité mystique.

Cette vérité de la distinction et en même temps de l’unité de la Tête et des membres, nous amène tout naturellement à notre troisième et dernier point, savoir la puissance de l’Esprit. Nous pouvons remarquer tout ce qui se passe entre l’onction d’Aaron et celle de ses fils avec lui. Le sang est répandu, la graisse consumée sur l’autel, et la poitrine tournoyée devant l’Éternel. En d’autres termes, le sacrifice est accompli, la bonne odeur en monte jusqu’à Dieu, et Celui qui l’a offert monte, dans la puissance de la résurrection, et prend sa place en haut. Tout cela se passe entre l’onction de la Tête et l’onction des membres. Lisons et comparons les passages. D’abord, quant à Aaron seul, nous lisons: «Et il mit sur Aaron la tunique, et le ceignit avec la ceinture, et le revêtit de la robe, et mit sur lui l’éphod, et le ceignit avec la ceinture de l’éphod, qu’il lia par elle sur lui; et il plaça sur lui le pectoral, et mit sur le pectoral les urim et les thummim; et il plaça la tiare sur sa tête, et, sur la tiare, sur le devant, il plaça la lame d’or, le saint diadème, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse. Et Moïse prit l’huile de l’onction, et oignit le tabernacle et toutes les choses qui y étaient, et les sanctifia; et il en fit aspersion sur l’autel sept fois, et il oignit l’autel, et tous ses ustensiles, et la cuve et son soubassement, pour les sanctifier, et il versa de l’huile de l’onction sur la tête d’Aaron, et l’oignit, pour le sanctifier» (Chap. 8:7-12).

Nous avons ici Aaron seul. L’huile de l’onction est répandue sur sa tête, en même temps que sur tous les vaisseaux du tabernacle. Le peuple tout entier peut voir revêtir le souverain sacrificateur de ses vêtements officiels, de la tiare, puis recevoir l’onction; et non seulement cela, mais à mesure que chaque partie du vêtement était mise, que chaque acte s’accomplissait, que chaque cérémonie se célébrait, on pouvait voir que tout était directement basé sur l’autorité, de la Parole. Il n’y avait rien de vague, rien d’arbitraire, rien qui vînt de l’imagination humaine. Tout était divinement stable. Il était amplement pourvu aux besoins du peuple, et pourvu de telle manière qu’on pouvait dire: «C’est ici ce que l’Éternel a commandé de faire».

Or, dans l’onction d’Aaron, seul, préalablement à l’effusion du sang, nous avons donc un type de Christ qui, jusqu’à ce qu’il s’offrît lui-même sur la croix, était entièrement seul. Il ne pouvait y avoir d’union entre lui et son peuple, si ce n’est sur le principe de la mort et de la résurrection. Cette vérité de toute importance a déjà été mentionnée et, en quelque mesure développée, en rapport avec le sujet du sacrifice; mais elle gagne encore en force et en intérêt quand on la voit si distinctement présentée, en rapport avec la question de la sacrificature. Sans effusion de sang il n’y avait pas de rémission — le sacrifice n’était pas complet. De même aussi, sans effusion de sang, Aaron et ses fils ne pouvaient pas être oints ensemble. Lecteur, remarquez ce fait qui, soyez-en bien sûr, est digne de la plus grande attention. Prenons toujours garde de laisser passer légèrement aucun détail de l’économie lévitique; chacun d’eux a une voix et un sens spécial, et celui qui a dessiné et développé cet ordre de choses peut expliquer au cœur et à l’intelligence ce que cet ordre veut dire.

«Et Moïse prit de l’huile de l’onction et du sang qui était sur l’autel, et il en fit aspersion sur Aaron, sur ses vêtements, et sur ses fils et sur les vêtements de ses fils avec lui: il sanctifia Aaron, ses vêtements, et ses fils et les vêtements de ses fils avec lui» (Chap. 8:30). Pourquoi les fils d’Aaron ne sont-ils pas oints avec lui au verset 12? Simplement parce que le sang n’avait pas été répandu. Lorsque le sang et l’huile pouvaient être associés, alors Aaron et ses fils pouvaient être oints et sanctifiés ensemble, mais pas avant. «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité» (Jean 17:19). Le lecteur qui pourrait passer à la légère sur une circonstance aussi remarquable, ou dire qu’elle n’a aucune signification, doit encore apprendre à apprécier dûment les types de l’Ancien Testament — «les ombres des biens à venir». Et d’un autre côté, celui qui admet qu’il y a un sens caché sous ces détails, mais qui cependant refuse de chercher à le comprendre, fait un grand tort à son âme et ne montre que peu d’intérêt pour les précieux oracles de Dieu.

«Et Moïse dit à Aaron et à ses fils: Cuisez la chair à l’entrée de la tente d’assignation, et vous la mangerez là, ainsi que le pain qui est dans la corbeille de consécration, comme j’ai commandé, en disant: Aaron et ses fils les mangeront. Et le reste de la chair et du pain, vous le brûlerez au feu. Et vous ne sortirez pas de l’entrée de la tente d’assignation pendant sept jours, jusqu’au jour de l’accomplissement des jours de votre consécration; car on mettra sept jours à vous consacrer, L’Éternel a commandé de faire, comme on a fait aujourd’hui, pour faire propitiation pour vous. Et vous demeurerez pendant sept jours à l’entrée de la tente d’assignation, jour et nuit, et vous garderez ce que l’Éternel vous a donné à garder, afin que vous ne mouriez pas; car il m’a été ainsi commandé» (Vers. 31-35). Ces versets offrent un beau type de Christ et de son peuple se nourrissant ensemble des résultats de l’expiation accomplie. Aaron et ses fils, ayant été oints ensemble, en vertu du sang répandu, nous sont présentés ici, enfermés pour «sept jours», dans l’enceinte du tabernacle. Type remarquable de la position actuelle de Christ et de ses membres, pendant toute la durée de cette dispensation, enfermés avec Dieu et attendant la manifestation de la gloire. Position bénie! Partage béni! Bienheureuse espérance! Être associé avec Christ, enfermé avec Dieu, attendre le jour de la gloire et, tout en attendant la gloire, se nourrir des richesses de la grâce divine, dans la puissance de la sainteté, ce sont là des bénédictions des plus précieuses, des privilèges des plus élevés. Oh! si nous étions capables de les bien saisir, si nous avions des cœurs pour en jouir, et un sentiment plus profond de leur importance! Puissent nos cœurs être détachés de tout ce qui appartient à ce présent siècle mauvais, pour que nous puissions nous nourrir du contenu de «la corbeille de consécration», qui est notre aliment propre en tant que sacrificateurs dans le sanctuaire de Dieu.

«Et il arriva, le huitième jour, que Moïse appela Aaron et ses fils, et les anciens d’Israël; et il dit à Aaron: Prends un jeune veau pour le sacrifice pour le péché, et un bélier pour l’holocauste, sans défaut, et présente-les devant l’Éternel. Et tu parleras aux fils d’Israël, en disant: Prenez un bouc pour le sacrifice pour le péché; et un veau, et un agneau, âgés d’un an, sans défaut, pour l’holocauste; et un taureau et un bélier pour le sacrifice de prospérités, pour sacrifier devant l’Éternel, et une offrande de gâteau pétri à l’huile, car aujourd’hui l’Éternel vous apparaîtra» (Chap. 9:1-4).

Les «sept jours», pendant lesquels Aaron et ses fils étaient retirés dans le tabernacle, étant passés, toute l’assemblée est maintenant introduite et la gloire de l’Éternel se manifeste. Cela complète toute la scène. Les ombres des biens à venir passent ici devant nous dans leur ordre divin. «Le huitième jour» est une ombre de ce beau matin millénaire qui poindra sur cette terre, quand le peuple d’Israël verra le vrai sacrificateur sortant du sanctuaire (où il est maintenant, caché aux yeux des hommes), accompagné du corps des sacrificateurs, compagnons de sa retraite, et associés à sa gloire manifestée. En un mot, comme ombre ou type, rien ne pouvait être plus complet. En premier lieu, Aaron et ses fils, lavés avec de l’eau, — types de Christ et de son Église, considérés dans le décret éternel de Dieu, sanctifiés ensemble (Chap. 8:6). Puis nous avons le mode et l’ordre dans lequel ce but devait être atteint. Aaron est vêtu et oint, dans l’isolement — type de Christ sanctifié et envoyé dans le monde, et oint du Saint Esprit (vers. 7-12; comp. Luc 3:21-22; Jean 10:36; 12:24). Ensuite nous avons la présentation et l’acceptation du sacrifice, en vertu duquel Aaron et ses fils étaient oints et sanctifiés ensemble (vers. 14-29), type de la croix, dans son application à ceux qui constituent maintenant la famille sacerdotale de Christ, qui sont unis à lui, oints avec lui, cachés avec lui, et attendant avec lui «le huitième jour», où il sera manifesté avec eux dans tout l’éclat de cette gloire qui lui appartient selon le conseil éternel de Dieu (Jean 14:19; Actes 2:33; 19:1-7; Col. 3:1-4). Enfin, nous avons Israël amené à la pleine jouissance des résultats de l’expiation accomplie. Ils sont assemblés devant l’Éternel: «Aaron éleva ses mains vers le peuple, et les bénit; et il descendit après avoir offert le sacrifice pour le péché, et l’holocauste, et le sacrifice de prospérités» (Chap. 9:1-22).

Maintenant que reste-t-il à faire? c’est ce que nous pouvons à bon droit demander. Uniquement ceci, c’est que la pierre la plus haute soit posée avec des cris de victoire et des hymnes de louange. «Et Moïse et Aaron entrèrent dans la tente d’assignation; puis ils sortirent et bénirent le peuple: et la gloire de l’Éternel apparut à tout le peuple; et le feu sortit, de devant l’Éternel, et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses; et tout le peuple le vit, et ils poussèrent des cris de joie, et tombèrent sur leurs faces» (vers. 23-24). C’était le cri de la victoire — l’adoration. Tout était accompli.

Le sacrifice — le sacrificateur avec ses robes et sa tiare — la famille sacerdotale associée à son chef — la bénédiction pontificale — l’apparition du Roi et Sacrificateur — en un mot, rien ne manquait; c’est pourquoi la gloire divine se manifeste et tout le peuple se prosterne en adorant. C’est, en somme, une scène vraiment magnifique, — une ombre merveilleusement belle des biens à venir. Et n’oublions pas que tout ce qui est ici représenté par des types, sera avant qu’il soit longtemps pleinement réalisé. Notre grand Souverain Sacrificateur est entré dans les cieux, dans la pleine vertu et la puissance d’une expiation accomplie. Il s’y tient caché, maintenant, et avec lui aussi, en principe, tous les membres de la famille sacerdotale; mais, quand «les sept jours» seront écoulés, et que «le huitième jour» jettera ses rayons sur la terre, alors le résidu d’Israël, — peuple repentant et attendant, — saluera, avec un cri de victoire, la présence visible du Royal Sacrificateur; et dans une intime union avec lui on verra une multitude d’adorateurs, occupant la position la plus élevée. Voilà quelles sont «les bonnes choses à venir»; choses, assurément, qu’il vaut bien la peine d’attendre — choses dignes de Dieu qui les donne — choses par lesquelles il sera éternellement glorifié, et son peuple éternellement béni.