Lévitique

Chapitres 5:14-26 et 6:1-6

Ces versets renferment la doctrine des sacrifices de culpabilité, qui se divisaient en deux classes distinctes, savoir les fautes contre Dieu, et les fautes contre l’homme. «Si quelqu’un a commis une infidélité et a péché par erreur dans les choses saintes de l’Éternel, il amènera son sacrifice pour le délit à l’Éternel, un bélier sans défaut, pris du menu bétail, selon ton estimation en sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire». Nous avons ici le cas d’un tort positif, commis relativement aux choses saintes qui appartenaient à l’Éternel; et, quoiqu’il fût commis «par erreur», il ne pouvait être passé sous silence. Dieu peut pardonner toute espèce d’offenses, mais il ne saurait laisser passer impunément un seul iota ou un seul trait de lettre de la loi. Sa grâce est parfaite, et par conséquent il peut tout pardonner. Sa sainteté est parfaite, et par conséquent il ne peut rien laisser passer. Il ne peut pas tolérer l’iniquité, mais il peut l’effacer, et cela selon la perfection de sa grâce et selon les parfaites exigences de sa sainteté.

C’est une grave erreur de croire que, pourvu qu’un homme suive les directions de sa conscience, il est dans le bon chemin et en sûreté. La paix qui repose sur une telle base, sera éternellement détruite quand la lumière du trône judiciaire resplendira sur la conscience. Dieu ne saurait abaisser ses droits à un semblable niveau. Les balances du sanctuaire sont réglées d’après une échelle bien différente de celle que peut fournir même la conscience la plus délicate. Nous avons déjà eu occasion d’insister sur cette pensée en parlant du sacrifice pour le péché. On ne saurait trop s’y arrêter. Deux choses y sont impliquées: d’abord une juste perception de ce qu’est réellement la sainteté de Dieu, puis une idée claire du fondement de la paix du croyant en la présence divine.

Qu’il s’agisse de ma position ou de ma conduite, de ma nature ou de mes actions, Dieu seul peut être juge de ce qui lui convient et de ce qui convient à sa sainte présence. L’ignorance humaine peut-elle présenter des excuses, quand il s’agit des exigences divines? À Dieu ne plaise. Un tort a été commis à l’égard des «choses saintes de l’Éternel», mais la conscience de l’homme n’en a pas pris connaissance. Quoi donc? Ne s’en inquiétera-t-on plus? Peut-on disposer si légèrement de ce qui appartient à Dieu? Non, assurément. Cela serait subversif de toute relation avec Dieu. Les justes sont appelés à célébrer la mémoire de la sainteté de Dieu (Ps. 97:12); comment peuvent-ils le faire? Parce que leur paix a été assurée sur le fondement de l’entière justification et du parfait établissement de cette sainteté. De là, plus leurs idées sur cette sainteté seront élevées, plus profonde et plus assurée devra être leur paix. C’est une vérité des plus précieuses. L’homme irrégénéré ne pourrait jamais se réjouir de la sainteté divine; s’il ne pouvait l’ignorer entièrement, son désir serait de la rabaisser autant que possible. Un tel homme se consolera par la pensée que Dieu est bon, que Dieu est miséricordieux, que Dieu est patient, mais vous ne le verrez jamais se réjouir en pensant que Dieu est saint. Toutes ses pensées sur la bonté de Dieu, sa grâce et sa miséricorde, sont profanes. Il voudrait trouver dans ses divers attributs une excuse pour continuer à vivre dans le péché.

L’homme régénéré, au contraire, est transporté de joie en pensant à la sainteté de Dieu. Il en voit l’entière expression dans la croix du Seigneur Jésus Christ. C’est cette sainteté qui a posé le fondement de sa paix, et non seulement cela, mais il en est rendu participant et il en fait ses délices, tout en haïssant le péché d’une parfaite haine. Les instincts de la nature divine y répugnent et aspirent à la sainteté. Il serait impossible de jouir d’une vraie paix et liberté de cœur, si l’on ne savait pas que toutes les exigences, liées aux «choses saintes de l’Éternel», ont été parfaitement satisfaites, par notre divin sacrifice de culpabilité. Il s’élèverait toujours dans le cœur le sentiment pénible que ces exigences ont été méconnues et offensées par nos nombreuses infirmités et nos manquements. Les meilleurs de nos services, nos moments les plus saints, nos exercices les plus sanctifiés, peuvent être mélangés de culpabilité «dans les choses saintes de l’Éternel», — de «ce qui ne doit pas se faire». Que de fois nos heures de culte public et de dévotion particulière sont troublées par la sécheresse et la distraction! C’est pour cela que nous avons besoin de l’assurance que nos offenses ont toutes été divinement effacées par le précieux sang de Christ. Nous trouvons ainsi, dans le Seigneur Jésus, celui qui est descendu jusqu’à la mesure pleine et entière de nos nécessités, en tant que pécheurs par nature et coupables de fait. Nous trouvons en lui la réponse parfaite à tous les désirs d’une conscience coupable et à toutes les exigences de la sainteté infinie, relativement à tous nos péchés et à toutes nos offenses; en sorte que le croyant peut se tenir, avec une conscience tranquille et un cœur soulagé, dans la pleine lumière de cette sainteté qui est trop pure pour voir l’iniquité ou pour regarder le péché.

«Et ce en quoi il a péché en prenant de la chose sainte, il le restituera, et y ajoutera par-dessus un cinquième, et le donnera au sacrificateur; et le sacrificateur fera propitiation pour lui avec le bélier du sacrifice pour le délit; et il lui sera pardonné» (Chap. 5:16). Outre «le cinquième», dont il est parlé ici, nous avons un caractère du vrai sacrifice de culpabilité qui, je le crains, n’est que bien peu apprécié. Quand nous pensons à toutes les fautes et à toutes les offenses que nous avons commises contre le Seigneur, et quand nous nous rappelons combien Dieu a été lésé dans ses droits par ce monde méchant, avec quel intérêt ne pouvons-nous pas contempler l’œuvre de la croix, comme ce en quoi Dieu a non seulement recouvré ce qui était perdu, mais encore avec un gain réel. Il a gagné davantage par la rédemption, qu’il n’avait perdu par la chute. Il recueille une plus riche moisson de gloire, d’honneur et de louange dans les champs de la rédemption, qu’il n’aurait jamais pu le faire dans ceux de la création. «Les fils de Dieu» pouvaient entonner un chant de louange bien plus magnifique, autour de la tombe vide de Jésus, qu’ils ne le firent jamais en contemplant l’œuvre achevée du Créateur. Non seulement le péché a été parfaitement expié, mais un avantage éternel a été gagné par l’œuvre de la croix. C’est une vérité merveilleuse. Dieu gagne quelque chose par l’œuvre du Calvaire! Qui l’eût jamais imaginé? Quand nous contemplons l’homme et la création, dont il était le seigneur, gisant en ruines au pied de l’ennemi, comment pourrions-nous concevoir que, du milieu de ces ruines, Dieu récolterait de plus riches et plus nobles dépouilles, qu’aucune de celles que notre monde eût pu livrer avant la chute? Béni soit le nom de Jésus pour tout cela! C’est à lui que nous le devons. C’est par sa précieuse croix qu’une vérité si étonnante, si divine pouvait être énoncée. Assurément, cette croix renferme une sagesse mystérieuse, «qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue; car s’ils l’eussent connue, ils n’eussent pas crucifié le Seigneur de gloire» (1 Corinthiens 2:8). Il n’est donc pas surprenant que les affections des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs et des saints se soient toujours attachées à cette croix et à celui qui y fut suspendu. Il n’est pas surprenant que le Saint Esprit ait prononcé cet arrêt solennel, mais juste: «Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème! Maranatha!» (1 Cor. 16:22). Le ciel et la terre feront écho, par un haut et éternel amen, à cet anathème. Il n’est pas surprenant que Dieu ait irrévocablement arrêté que «au nom de Jésus se ploiera tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux; et que toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:10-11).

La même loi par rapport au «cinquième» s’appliquait au cas d’une offense commise contre un homme, car nous lisons: «Si quelqu’un a péché, et a commis une infidélité envers l’Éternel1, et a menti à son prochain pour une chose qu’on lui a confiée, ou qu’on a déposée entre ses mains, ou qu’il a volée, ou extorquée à son prochain; ou s’il a trouvé une chose perdue, et qu’il mente à ce sujet, et qu’il jure en mentant à l’égard de l’une de toutes les choses qu’un homme fait de manière à pécher en les faisant; alors, s’il a péché et qu’il soit coupable, il arrivera qu’il rendra l’objet qu’il a volé, ou la chose qu’il a extorquée, ou le dépôt qui lui a été confié, ou la chose perdue qu’il a trouvée, ou tout ce à l’égard de quoi il a juré en mentant; et il restituera le principal, et ajoutera un cinquième par-dessus; il le donnera à celui à qui cela appartient, le jour de son sacrifice pour le délit» (Chap. 5:20-24).

1 Un beau principe est renfermé dans l’expression «envers l’Éternel». Quoique l’affaire en question fût un tort fait au prochain, cependant l’Éternel le regardait comme une offense contre lui-même. Tout doit être considéré en rapport avec l’Éternel. Peu importe qui cela concerne directement, l’Éternel doit avoir la première place. Ainsi, lorsque la conscience de David fut percée par la flèche de la conviction à l’égard de ce qu’il avait fait à Urie, il s’écria: «J’ai péché contre l’Éternel» (2 Sam. 12:13). Ce principe n’affaiblit en rien les droits de l’homme offensé.

L’homme, de même que Dieu, tire un avantage positif de la croix. En contemplant cette croix, le croyant peut dire: «Malgré tous les torts que l’on m’a faits, toutes les fautes que l’on a commises envers moi, quoique j’aie été trompé et que l’on m’ait fait du mal, je retire un profit de la croix. Non seulement j’ai regagné tout ce qui était perdu, mais bien plus encore».

Ainsi, soit que nous pensions à la personne offensée ou à l’offenseur, dans un cas donné, nous sommes également frappés des glorieux triomphes de la rédemption; et des résultats éminemment pratiques découlent de cet évangile qui remplit l’âme de l’heureuse assurance que toutes les offenses sont pardonnées, et que la racine d’où sont sorties ces offenses a été jugée. «L’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux» est ce qui seul peut faire aller un homme au milieu d’un monde qui a été témoin de ses péchés, de ses offenses, de ses injustices — qui peut le renvoyer vers tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ont souffert de sa part, l’y renvoyer armé de grâce, non seulement pour réparer ses torts, mais encore pour laisser le flot de la bienfaisance pratique couler dans toutes ses actions, pour aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui le haïssent et prier pour ceux qui lui font du tort et le persécutent. Voilà ce qu’est la précieuse grâce de Dieu, agissant de concert avec notre grand sacrifice de culpabilité; voilà quels en sont les fruits riches, rares et rafraîchissants!

Quelle réponse triomphante pour le sophiste qui dirait: «Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde?» Non seulement la grâce coupe le péché par les racines, mais elle transforme le pécheur; de malédiction qu’il était, elle en fait une bénédiction; d’une peste morale, elle fait un canal de divine miséricorde; d’un émissaire de Satan, un messager de Dieu; d’un enfant des ténèbres, un fils de la lumière; d’un égoïste chercheur de plaisirs, un homme qui renonce à lui-même et qui aime Dieu; d’un esclave de ses convoitises charnelles, un zélé serviteur de Christ; d’un avare au cœur froid, un bienfaisant ministre des besoins de ses semblables. Loin de nous donc les phrases banales et rebattues: «N’avons-nous rien à faire? C’est une manière bien commode et bien facile d’être sauvé. D’après cet évangile, nous pouvons vivre comme il nous plaît». — Que tous ceux qui tiennent un tel langage considèrent celui qui dérobait transformé en un libéral donateur, et qu’ils se taisent pour toujours (voyez Éph. 4:28). Ils ne savent pas ce que la grâce signifie. Ils n’en ont jamais senti les influences élevées et sanctifiantes. Ils oublient que, tandis que le sang de la victime pour l’offense purifie la conscience, la loi de ce sacrifice renvoie le coupable auprès de celui à qui il a fait tort, avec «le principal» et «le cinquième par-dessus». Noble témoignage rendu à la grâce et à la justice du Dieu d’Israël! Bel emblème des résultats de ce merveilleux plan de rédemption, par lequel le coupable est pardonné et l’offensé devient le gagnant! Si la conscience a été mise en paix par le sang de la croix, relativement aux droits de Dieu, il faut que la conduite aussi soit réglée, par la sainteté de la croix, relativement aux droits de la justice pratique. Ces choses ne doivent jamais être séparées. Dieu les a jointes, que l’homme ne les sépare pas. Jamais un cœur, gouverné par une morale purement évangélique, n’aura l’idée de dissoudre cette sainte union. Hélas! il est facile de faire profession des principes de la grâce, et d’en renier complètement la pratique et la force. Il est facile de dire qu’on se repose sur le sang du sacrifice pour l’offense, tout en retenant «le principal» et «le cinquième». Cela est vain et pire que vain. «Quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu» (1 Jean 3:10).

Rien ne déshonore plus la pure grâce de l’Évangile que de supposer qu’un homme puisse appartenir à Dieu, tandis que sa conduite et son caractère ne portent pas les traces de la sainteté pratique. «Dieu connaît toutes ses œuvres», sans doute; mais il nous a donné, dans sa sainte Parole, des signes auxquels nous pouvons discerner ceux qui lui appartiennent. «Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et: Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Tim. 2:19). Nous n’avons pas le droit de supposer qu’un méchant appartienne à Dieu. Les saints instincts de la nature divine se révoltent à une telle supposition. On a souvent beaucoup de difficulté à s’expliquer telles ou telles mauvaises œuvres de la part de ceux qu’on ne peut s’empêcher de regarder comme chrétiens. La parole de Dieu décide la chose d’une manière si claire et si péremptoire, qu’il ne reste aucun doute à ce sujet. «Par ceci sont rendus manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable: quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, et celui qui n’aime pas son frère». Il est bon de se souvenir de cela dans ce siècle de relâchement et d’indulgence personnelle. Il y a énormément de profession facile et sans influence, contre laquelle le vrai chrétien est appelé à résister fermement et à témoigner avec sévérité — témoignage résultant de la constante exhibition «du fruit de la justice qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu». Il est déplorable de voir un si grand nombre suivre le chemin battu — la route large et bien frayée de la profession religieuse, — tout en ne montrant pas trace d’amour ni de sainteté dans leur conduite. Lecteur chrétien, soyons fidèles. Reprenons, par une vie de renoncement et de sincère bienveillance, l’égoïsme et la coupable inactivité d’une profession évangélique et pourtant mondaine. Que Dieu donne à tout son vrai peuple une abondante grâce pour ces choses!

Venons-en maintenant à la comparaison des deux classes de sacrifices pour l’offense, savoir le sacrifice pour l’offense «dans les choses saintes de l’Éternel», et celui qui avait rapport à une offense commise dans les transactions et relations ordinaires de la vie humaine. En les comparant, nous trouverons un ou deux points qui demandent notre attention.

Et d’abord, l’expression: «Si quelqu’un a péché par erreur» qui se trouve dans le premier, est omise dans le second. La raison en est évidente. Les droits qui sont en connexion avec les choses saintes de l’Éternel, sont infiniment au-dessus de la plus grande sensibilité humaine. Il se peut que ces droits soient constamment négligés, constamment lésés, sans que le délinquant s’en aperçoive. La conviction de l’homme ne peut jamais être régulatrice dans le sanctuaire de Dieu. C’est une grâce inexprimable. La sainteté de Dieu seule doit déterminer la mesure, quand il s’agit des droits de Dieu.

D’un autre côté, la conscience humaine peut aisément embrasser, dans son entier, une exigence humaine, et peut aisément reconnaître tout ce qui se rattache à cette exigence. Combien de fois n’avons-nous pas offensé Dieu, dans ses saintes choses, sans en avoir pris note sur les tablettes de notre conscience — oui, sans même avoir eu la capacité de nous en apercevoir? (Voyez Mal. 3:8). Il n’en est pourtant pas de même, quand il s’agit des droits de l’homme. La conscience humaine peut prendre connaissance du tort que l’œil humain peut voir et que le cœur humain peut sentir. Un homme, «par ignorance» des lois qui gouvernaient le sanctuaire de jadis, pouvait commettre une offense contre ces lois, sans s’en apercevoir, jusqu’à ce qu’une plus grande lumière eût éclairé sa conscience. Mais un homme ne pouvait «par erreur» dire un mensonge, jurer faussement, commettre un acte de violence, tromper son prochain, ou trouver une chose perdue et le nier. Tous ces actes étaient évidents et palpables, à la portée de la moindre sensibilité. C’est pour cela que l’expression «par erreur» est introduite relativement aux «choses saintes de l’Éternel», et omise pour les affaires humaines. Quelle bénédiction de savoir que le précieux sang de Christ a tranché toutes les questions, soit envers Dieu, soit envers les hommes — nos péchés d’ignorance et nos péchés connus! C’est ici qu’est le fondement profond et inébranlable de la paix du croyant: la croix a divinement répondu à tout.

En outre, quand il était question d’offense «dans les choses saintes de l’Éternel», le sacrifice sans défaut était d’abord mentionné; puis «le principal» et «le cinquième». Cet ordre était renversé quand il s’agissait des affaires ordinaires de la vie (comp. chap. 5:15, 16, avec chap. 5:24, 25). La raison en est également évidente. Quand on avait porté atteinte aux droits divins, le sang de l’expiation devenait l’affaire principale; tandis que, quand c’étaient les droits humains qui étaient lésés, la restitution prenait naturellement la première place dans l’esprit. Mais, comme les relations de l’âme avec Dieu étaient impliquées dans ce dernier cas, aussi bien que dans le premier, le sacrifice y est aussi introduit, quoiqu’il soit au dernier rang. Si je fais tort à mon prochain, ce tort interrompra ma communion avec Dieu, et cette communion ne peut être rétablie qu’en vertu de l’expiation. La seule restitution ne suffirait pas. Elle pourrait satisfaire l’offensé; mais elle ne pourrait pas former la base d’une communion rétablie avec Dieu. Je puis rendre «le principal» et y ajouter «le cinquième» dix mille fois par-dessus, et pourtant ne pas être délivré de mon péché, car «sans effusion de sang il n’y a pas de rémission» (Héb. 9:22). Cependant, s’il est question d’un tort fait à mon prochain, la restitution doit précéder. «Si donc tu offres ton don à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère à quelque chose contre toi, laisse là ton don devant l’autel, et va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère et alors viens et offre ton don» (Matt. 5:23, 24)1.

1 En comparant Matt. 5:23, 24 avec Matt. 18:21, 22, nous apprenons de quelle manière remarquable les torts et les injustices devaient se régler entre deux frères. L’offenseur est renvoyé de l’autel afin qu’il aille s’arranger avec l’offensé; car il ne peut y avoir de communion avec le Père, tant que mon frère «a quelque chose contre moi». Puis remarquez de quelle belle manière l’offensé est enseigné à recevoir l’offenseur: «Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi, et lui pardonnerai-je? Sera-ce jusqu’à sept fois? Jésus lui dit: Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois». Tel est le mode divin de régler toutes les questions entre des frères. «Vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même» (Col. 3:13).

L’ordre divin prescrit dans l’offrande pour l’offense a beaucoup plus d’importance qu’il ne le semble à première vue. Les devoirs qui résultent de nos rapports avec les hommes ne doivent pas être négligés. Ils doivent toujours occuper une place convenable dans le cœur. C’est ce que nous apprend clairement le sacrifice pour l’offense. Lorsqu’un Israélite avait, par quelque acte coupable, troublé ses rapports avec l’Éternel, l’ordre de conduite était: sacrifice, puis restitution. Quand il avait, par quelque acte coupable, troublé ses rapports avec son prochain, l’ordre de conduite était: restitution, puis sacrifice. Quelqu’un oserait-il dire que c’est là une distinction sans importance? L’interversion de l’ordre n’offre-t-elle pas une leçon qui, étant divine, doit être essentielle? Sans aucun doute. Tous les détails ont leur signification, pourvu que nous laissions le Saint Esprit les expliquer à nos cœurs, et que nous ne cherchions pas à en saisir le sens à l’aide de nos pauvres imaginations. Chaque offrande présente un aspect spécial et caractéristique du Seigneur Jésus et de son œuvre, et chacun de ces aspects est présenté dans l’ordre caractéristique qui lui est propre; et nous pouvons dire sans crainte que c’est, à la fois, le devoir et le bonheur d’un cœur spirituel, de bien comprendre l’un et l’autre. Le même esprit, qui ne tiendrait aucun compte de l’ordre particulier de chaque offrande, mettrait aussi de côté l’idée d’une face particulière de Christ dans chacune. Il nierait qu’il y ait aucune différence entre l’holocauste et le sacrifice pour le péché et entre le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour l’offense; et entre quelqu’un de ceux-ci et l’offrande de gâteau ou le sacrifice de prospérités. Il s’ensuivrait que les sept premiers chapitres du Lévitique ne sont qu’une vaine redondance, chacun de ces chapitres répétant successivement le même sujet. Qui pourrait concéder quelque chose d’aussi monstrueux? Quel esprit chrétien souffrirait qu’on fît une telle insulte aux pages sacrées? Il n’y a qu’un rationaliste ou un néologue qui pourrait avancer des idées aussi frivoles et détestables, mais ceux qui ont été enseignés de Dieu à croire que «toute écriture est inspirée de Dieu» seront amenés à considérer les divers types, dans leur ordre spécifique, comme autant d’écrins de formes variées, dans lesquels le Saint Esprit conserve soigneusement, pour le peuple de Dieu, «les richesses insondables de Christ». Il n’y a aucune fastidieuse répétition, aucune superfluité. Tout est d’une variété riche, divine, céleste; et tout ce dont nous avons besoin, c’est de connaître personnellement le grand antitype, afin de comprendre les beautés et de saisir les délicates nuances de chaque type. Dès que le cœur comprend que c’est Christ que nous avons dans chaque type, il peut s’arrêter, avec un intérêt spirituel, sur les plus minutieux détails. Il voit en tous un sens et une beauté; il trouve Christ dans chacun. Comme dans le règne de la nature, le télescope et le microscope présentent à l’œil leurs merveilles spéciales, il en est de même de la parole de Dieu. Que nous la considérions dans son ensemble, ou que nous en examinions chaque partie, nous trouvons toujours de quoi provoquer la louange et l’action de grâces de nos cœurs.

Lecteurs chrétiens, puisse le nom du Seigneur Jésus devenir toujours plus précieux à nos cœurs! Alors nous apprécierons tout ce qui parle de lui, — tout ce qui le représente, — tout ce qui jette un nouveau jour sur son excellence et son incomparable beauté.