Lévitique

Chapitres 4 et 5:1-13

Ayant considéré les offrandes «d’agréable odeur», nous arrivons maintenant aux sacrifices «pour le péché». Ils étaient divisés en deux classes, savoir, les offrandes pour le péché, et les sacrifices pour le délit. Il y avait trois degrés dans les offrandes: d’abord, l’offrande pour «le sacrificateur oint», puis celle pour «toute l’assemblée», enfin celle pour l’individu. Les deux premières étaient semblables dans leurs rites et cérémonies (Comp. vers. 3-12, avec vers. 13-21). Le résultat était le même, que ce fût le représentant de l’assemblée ou l’assemblée elle-même qui eût péché. Dans l’un et l’autre cas, trois choses étaient impliquées: le sanctuaire de Dieu au milieu de l’assemblée, l’adoration de l’assemblée, et la conscience individuelle. Or, comme toutes les trois dépendaient du sang, nous voyons que, dans le premier degré d’offrandes pour le péché, on faisait trois choses avec le sang. On en faisait aspersion «par sept fois, devant l’Éternel, par-devant le voile du lieu saint». Cela garantissait les relations de l’Éternel avec le peuple, et sa demeure au milieu d’eux. Ensuite, nous lisons: «Et le sacrificateur mettra du sang sur les cornes de l’autel de l’encens des drogues odoriférantes, qui est dans la tente d’assignation, devant l’Éternel». Cela garantissait le culte de l’assemblée. En mettant le sang sur «l’autel d’or», la vraie base du culte était sauvegardée, de sorte que la flamme de l’encens et sa bonne odeur pouvaient monter continuellement. Enfin: «Il versera tout le sang du taureau au pied de l’autel de l’holocauste qui est à l’entrée de la tente d’assignation». Ici, nous avons ce qui répond pleinement aux exigences de la conscience de chaque individu, car l’autel d’airain était le lieu où tous avaient accès. C’était l’endroit où Dieu rencontrait le pécheur.

Dans les deux autres degrés, pour «un chef», ou pour «quelqu’un du peuple du pays», ce n’était qu’une question de conscience individuelle; c’est pourquoi on ne faisait qu’une chose avec le sang. Il était entièrement répandu «au pied de l’autel de l’holocauste» (Comp. vers. 7 avec vers. 25, 30). Il y a dans tout cela une précision divine, qui demande toute l’attention de mon lecteur, s’il désire bien saisir les merveilleux détails de ce type1.

1 Il y a cette différence entre l’offrande pour «un chef» et celle pour «quelqu’un du peuple du pays», que, dans la première, c’était «un mâle sans défaut»; dans la seconde, «une femelle sans défaut». Le péché d’un des chefs devait nécessairement exercer une plus grande influence que celui d’une personne du commun; c’est pourquoi il fallait une plus puissante application de la valeur du sang. Au chap. 5, vers. 13, nous trouvons des cas qui n’exigeaient qu’une application inférieure encore de l’offrande pour le péché — des cas de jurements ou pour avoir touché une chose souillée — pour lesquels «la dixième partie d’un épha de fleur de farine» était admise comme offrande pour le péché (voyez chap. 5:11-13). Quel contraste entre l’expiation offerte par le jeune bouc d’un des principaux et la poignée de farine d’un pauvre homme! Et cependant, dans celle-ci, tout aussi bien que dans l’autre, il est dit: «Il lui sera pardonné».

Le lecteur observera que le chap. 5:1-13, fait partie du chap. 4. Tous deux sont renfermés sous le même titre et présentent la doctrine du sacrifice pour le péché dans toutes ses applications, depuis le jeune bouc jusqu’à la poignée de farine. Chaque classe d’offrande est annoncée par ces mots: «Et l’Éternel parla à Moïse». Ainsi, par exemple, les offrandes de bonne odeur (chap. 1-3) ont pour introduction ces mots: «Et l’Éternel appela Moïse». Ces paroles ne sont pas répétées jusqu’au chap. 4:1, où elles introduisent les offrandes pour le péché. Nous les retrouvons au chap. 5:14, où elles servent d’introduction aux offrandes pour les crimes et les péchés par erreur «dans les choses saintes de l’Éternel»; et encore au chap. 6:1, où elles introduisent les offrandes pour les délits commis envers le prochain.

Cette classification est d’une admirable simplicité, et elle aidera le lecteur à comprendre les diverses classes d’offrandes. Quant aux différents degrés de chaque classe, que ce soit un «jeune taureau, «une chèvre», «un agneau», un oiseau» ou «une poignée de farine», ils semblent être autant d’applications variées de la même grande vérité.

L’effet du péché individuel ne pouvait s’étendre au-delà de la conscience de l’individu. Le péché d’un «chef» ou «de quelqu’un du peuple du pays» ne pouvait avoir d’influence sur «l’autel des parfums» — lieu d’adoration du sacrificateur. Il ne pouvait arriver non plus jusqu’au «voile du lieu saint» — limite sacrée de l’habitation de Dieu au milieu de son peuple. Il faut bien considérer cela. Nous ne devons jamais soulever une question de péché ou de chute personnelle, dans le lieu du culte ou dans l’assemblée. Il faut qu’elle soit réglée là où chacun peut approcher en personne. Beaucoup se trompent à cet endroit. Ils viennent dans l’assemblée, ou dans le lieu apparent du culte sacerdotal, avec leur conscience souillée, et ainsi ils affaiblissent toute l’assemblée et en troublent le culte. On devrait y porter une grande attention et s’en garder soigneusement. Nous avons besoin d’une grande vigilance, afin que notre conscience puisse être toujours dans la lumière. Et quand nous bronchons, comme, hélas! nous le faisons en bien des choses, ayons d’abord affaire avec Dieu, en secret, quant à notre chute, afin que le vrai culte et la vraie position de l’assemblée puissent toujours être conservés pleinement et clairement devant l’âme.

Après avoir ainsi exposé ce qui concerne les trois degrés de l’offrande pour le péché, examinons, en détail, les principes compris dans le premier. En le faisant, nous pourrons nous faire, en quelque mesure, une juste idée des principes de tous les autres. Cependant, avant de commencer cet examen, je désire appeler l’attention de mes lecteurs sur un point très essentiel, indiqué au verset second de ce quatrième chapitre. Il est contenu dans cette expression: «Si quelqu’un a péché par erreur». Ceci nous présente une vérité des plus précieuses, en rapport avec l’expiation opérée par le Seigneur Jésus Christ. En méditant sur cette expiation, nous y voyons infiniment plus que la simple satisfaction des exigences de la conscience, cette conscience eût-elle même atteint le plus haut degré d’une extrême sensibilité. Nous avons le privilège d’y voir ce qui a pleinement satisfait à tous les droits de la sainteté divine, de la justice divine, et de la majesté divine. La sainteté de la demeure de Dieu, et le fondement de son association avec son peuple, n’auraient jamais pu être réglés d’après la mesure de la conscience de l’homme, quelque élevée que cette mesure pût être. Il y a bien des choses que la conscience humaine omettrait — bien des choses qui pourraient échapper à la connaissance de l’homme — bien des choses que son cœur pourrait estimer licites, mais que Dieu ne saurait tolérer, et qui, par conséquent, viendraient se mettre entre l’homme et Dieu, pour l’empêcher de s’approcher et de lui rendre culte. C’est pourquoi, si l’expiation de Christ ne s’appliquait qu’aux péchés que l’homme peut discerner et reconnaître, nous nous trouverions bien éloignés du vrai fondement de la paix. Nous avons besoin de comprendre que le péché a été expié selon la justice de Dieu — que les droits de son trône ont été parfaitement satisfaits — que le péché, envisagé à la lumière de son inflexible sainteté, a été divinement jugé. C’est là ce qui donne à l’âme une paix durable. Une pleine expiation a été faite pour les péchés d’erreur ou d’ignorance du croyant, aussi bien que pour ses péchés connus. Le sacrifice de Christ pose la base de ses relations et de sa communion avec Dieu, selon l’appréciation divine que Dieu en fait.

Une intelligence claire de cela est d’une valeur inexprimable. À moins qu’on n’ait bien saisi ce trait de l’expiation, il ne peut y avoir de paix assurée, et l’on ne sentira pas non plus complètement l’étendue et la plénitude de l’œuvre de Christ, ni la vraie nature des relations qui s’y rattachent. Dieu savait ce qu’il y avait à faire pour que l’homme pût être en sa présence sans crainte, et il y a parfaitement pourvu par la croix. Il n’aurait jamais pu y avoir de communion entre Dieu et l’homme, si Dieu n’en eût pas fini avec le péché à sa manière, car lors même que la conscience de l’homme eût été satisfaite, il y aurait toujours eu lieu de poser cette question: Est-ce que Dieu est satisfait? Et si cette question n’avait pu être résolue affirmativement, la communion n’aurait jamais existé1. Le cœur se dirait sans cesse que, dans les détails de la vie, certaines choses se manifestent que la sainteté divine ne saurait tolérer. Il est vrai, qu’il se peut que nous fassions ces choses «par erreur», mais cela n’en changerait en rien le caractère devant Dieu, puisque tout lui est connu. Il y aurait donc des doutes, des appréhensions, des craintes continuelles. À toutes ces choses répond divinement le fait que le péché a été expié, non pas selon notre «ignorance, mais selon la sagesse de Dieu». Cette assurance donne un grand repos à l’âme et à la conscience. Toutes les exigences de Dieu sur nous ont été satisfaites par son œuvre même. Lui-même a trouvé le remède, et par conséquent, plus la conscience du croyant gagne en délicatesse sous l’action combinée de la Parole et de l’Esprit de Dieu, mieux il comprend, par un esprit divinement éclairé, tout ce qui convient moralement au sanctuaire — plus il devient sensible a tout ce qui est incompatible avec la présence divine, mieux il saisit avec toujours plus de clarté, de profondeur et de force, la valeur infinie de ce sacrifice pour le péché qui, non seulement dépasse les extrêmes limites de la conscience humaine, mais qui encore répond avec une perfection absolue à toutes les exigences de la divine sainteté.

1 Je désire tout particulièrement qu’on se souvienne que ce qui est exposé dans le texte, c’est simplement l’expiation. Le lecteur chrétien sait parfaitement, je n’en doute pas, que la possession de la «nature divine» est essentielle à la communion avec Dieu. J’ai besoin non seulement d’un droit pour m’approcher de Dieu, mais encore d’une nature qui puisse jouir de lui. L’âme qui «croit au nom du Fils unique de Dieu» a l’un et l’autre (voir Jean 1:12, 13; 3:36; 5:24; 20:31; 1 Jean 5:11-13).

Rien ne saurait montrer plus fortement l’incapacité de l’homme à discuter sur le péché que ce fait, qu’il existe des «péchés d’ignorance». Comment pourrait-il raisonner sur ce qu’il ne connaît pas? Comment pourrait-il disposer, à sa volonté, de ce qui n’est même jamais entré dans les limites de sa conscience? Impossible. L’ignorance où l’homme est du péché prouve son incapacité totale de s’en défaire. S’il ne le connaît pas, que peut-il faire à son égard? Rien. Il est aussi faible qu’il est ignorant. Et ce n’est pas tout. Le fait qu’il y a un «péché d’ignorance» démontre, des plus clairement, l’incertitude qui doit accompagner tout essai de solution de la question du péché, lequel ne pourrait jamais s’appliquer à des notions plus élevées que celles qui peuvent résulter de la conscience humaine la plus délicate. Il ne peut jamais y avoir de paix durable sur cette base. Il restera toujours la pénible appréhension que, par-dessus tout cela, il y a du mal. Si le cœur n’est pas amené à un état de repos permanent par le témoignage de l’Écriture, que les droits inflexibles de la Justice divine ont été satisfaits, il y aura, nécessairement, un sentiment de malaise, et tout sentiment de ce genre est un obstacle à notre culte, à notre communion et à notre témoignage. Si je suis inquiet quant à la solution de la question du péché, je ne puis pas rendre culte, je ne puis pas jouir de la communion avec Dieu, ni avec son peuple, et je ne puis pas non plus être un témoin de Christ intelligent ou béni. Il faut que le cœur soit en repos devant Dieu, quant à la parfaite rémission des péchés, avant que nous puissions «l’adorer en esprit et en vérité». Si le sentiment de la culpabilité pèse sur la conscience, il doit y avoir de la terreur dans le cœur, et, assurément, un cœur rempli de terreur ne peut pas être un cœur heureux en adorant. Ce n’est que d’un cœur rempli de ce doux et saint repos, que procure le sang de Christ, qu’un culte vrai et acceptable peut monter jusqu’au Père. Le même principe s’applique à notre communion avec le peuple de Dieu, à notre service et à notre témoignage au milieu des hommes. Tout doit reposer sur le fondement d’une paix bien établie, et cette paix repose sur le fondement d’une conscience parfaitement purifiée, et cette conscience, purifiée repose sur la base de la parfaite rémission de tous nos péchés, soit connus, soit ignorés.

Nous allons maintenant comparer l’offrande pour le péché avec l’holocauste, ce qui nous offrira deux aspects très différents de Christ. Mais malgré cette différence, c’est un seul et même Christ; c’est pourquoi, dans l’un et l’autre cas, le sacrifice était «sans défaut». Cela est facile à comprendre. Sous quelque aspect que nous contemplions le Seigneur Jésus, c’est toujours le même Être parfait, pur, saint et sans tache. Il est vrai que, dans son abondante grâce, il a bien voulu se charger du péché de son peuple, mais alors même il était un Christ parfait et sans tache; et il ne faudrait rien moins qu’une impiété diabolique pour prendre occasion de la profondeur de son humiliation, afin de ternir la gloire personnelle de Celui qui s’est ainsi humilié. L’excellence intrinsèque, la pureté inaltérable et la divine gloire de notre bien-aimé Seigneur apparaissent tout aussi pleinement dans l’offrande pour le péché que dans l’holocauste. Dans quelque relation qu’il nous soit présenté, quelque office qu’il remplisse, quelque œuvre qu’il accomplisse, quelque position qu’il occupe, ses gloires personnelles rayonnent de tout leur éclat divin.

Cette vérité d’un seul et même Christ, soit dans l’offrande pour l’holocauste, soit dans le sacrifice pour le péché, se voit non seulement dans le fait que, dans les deux cas, l’offrande était «sans défaut», mais aussi dans «la loi du sacrifice pour le péché», où nous lisons: «C’est ici la loi du sacrifice pour le péché: au lieu où l’holocauste sera égorgé, le sacrifice pour le péché sera égorgé devant l’Éternel: c’est une chose très sainte» (Lév. 6:18). Les deux types figurent un seul et même grand antitype, quoiqu’ils le présentent sous des aspects bien différents de son œuvre. Dans l’holocauste, Christ répond aux affections de Dieu; dans l’offrande pour le péché, il répond aux profondeurs des besoins de l’homme. L’un nous le présente comme Celui qui accomplit la volonté de Dieu, l’autre comme Celui qui porte le péché de l’homme. Dans le premier, nous apprenons quelle est la valeur du sacrifice; dans la seconde, quel est l’odieux du péché. En voilà assez quant à ces deux offrandes en général. Un examen minutieux des détails ne fera que confirmer toujours mieux cette assertion générale.

D’abord, quand nous nous sommes occupés de l’holocauste, nous avons vu que c’était une offrande volontaire. «Il la présentera pour être agréé», ou, suivant d’autres versions: de son bon gré1. Or, il n’est pas question de «bon gré ou volontairement» dans l’offrande pour le péché, et c’est précisément ce à quoi nous pouvions nous attendre. C’est en parfait accord avec le but spécial du Saint Esprit dans l’holocauste, de le représenter comme une offrande volontaire. C’était la nourriture et le breuvage de Christ de faire la volonté de Dieu, quelle qu’elle pût être. Il ne lui venait jamais à la pensée de demander quels ingrédients étaient dans la coupe que le Père lui mettait entre les mains. Il lui suffisait que le Père l’eût préparée. Tel était le Seigneur Jésus en tant que préfiguré par l’offrande pour l’holocauste. Mais dans l’offrande pour le péché, se développe une tout autre face de vérités. Ce type nous présente Christ, non comme Celui qui accomplit de «bon gré» la volonté de Dieu, mais comme Celui qui porte cette chose terrible, appelée «le péché», comme celui qui en endure toutes les effrayantes conséquences, dont la plus terrible pour lui était que Dieu lui cachait sa face. Aussi l’expression «bon gré» ne serait pas en harmonie avec le but de l’Esprit dans le sacrifice pour le péché. Elle serait tout aussi complètement hors de place dans ce type, qu’elle est divinement en place dans l’holocauste. Sa présence et son absence sont également divines, et témoignent, l’une comme l’autre, de la parfaite et divine précision des types du Lévitique.

1 Quelques personnes trouveront peut-être quelque difficulté, en ce que l’expression «bon gré» se rapporte à l’adorateur et non au sacrifice; mais cela ne peut nullement affecter la doctrine exposée dans le texte et qui est fondée sur le fait qu’un mot spécial, employé dans l’offrande pour l’holocauste, est omis dans l’offrande pour le péché. Le contraste subsiste, soit que nous appliquions ce mot à celui qui offrait, soit que nous l’appliquions à l’offrande.

Ce point de contraste que nous venons de considérer explique, ou plutôt harmonise, deux expressions employées par notre Seigneur. Dans une occasion, il dit: «La coupe que le Père m’a donnée ne la boirai-je pas?» et ailleurs: «Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi!» La première de ces expressions était le parfait accomplissement de ces paroles, avec lesquelles il commença sa carrière: «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté», et en outre, c’est l’expression de Christ comme offrande pour l’holocauste. La seconde, au contraire, est l’exclamation de Christ, quand il contemple ce qu’il va devenir, comme sacrifice pour le péché. Nous verrons plus tard ce qu’était cette position, et ce qui l’attendait en la prenant; mais il est intéressant et instructif de trouver toute la doctrine de ces deux offrandes renfermée, en quelque sorte, dans le fait qu’un seul mot introduit dans l’une est omis dans l’autre. Si, dans l’holocauste, nous voyons la parfaite disposition de cœur, avec laquelle Christ s’offrit Lui-même pour accomplir la volonté de Dieu, — dans l’offrande pour le péché, nous voyons avec quelle entière soumission il prit sur Lui toutes les conséquences du péché de l’homme. Il prenait plaisir à faire la volonté de Dieu; il redoutait de perdre, pour un instant, la lumière de sa face bénie. Aucune offrande, à elle seule, n’aurait pu le représenter sous ses deux faces. Il nous fallait un type qui nous le montrât comme celui qui prenait son plaisir à faire la volonté de Dieu, et il nous fallait un type qui nous le montrât comme celui dont la sainte nature reculait devant les conséquences du péché imputé. Béni soit Dieu, nous avons l’un et l’autre dans ces deux offrandes. C’est pourquoi, plus nous approfondirons le dévouement du cœur de Christ à Dieu, mieux nous comprendrons son horreur du péché, et vice-versa. Chacun de ces types donne du relief à l’autre, et l’emploi du mot «bon gré ou volontaire», dans l’un et non dans l’autre, fixe le caractère principal de chacun.

Mais l’on dira peut-être: «N’était-ce pas la volonté de Dieu que Christ s’offrît lui-même en sacrifice pour le péché? Et s’il en est ainsi, comment pouvait-il avoir la moindre répugnance à accomplir cette volonté?» Assurément, c’était selon «le conseil arrêté» de Dieu, que Christ souffrît, et de plus, c’était la joie de Christ de faire la volonté de Dieu. Mais comment devons-nous comprendre l’expression: «S’il est possible, que cette coupe passe loin de moi?» N’est-ce pas le cri de Christ? Et n’y a-t-il pas de type spécial pour celui qui l’a poussé? Certainement. Il y aurait une grave lacune dans les types de l’économie mosaïque, s’il n’y en avait pas un pour représenter le Seigneur Jésus dans l’exacte attitude morale, signalée par cette exclamation. Or l’holocauste ne nous le présente pas de la sorte. Il n’y a pas une seule circonstance se rattachant à cette offrande, qui pût correspondre à un tel langage. L’offrande pour le péché fournit seule le type approprié au Seigneur Jésus, en tant que celui qui exhale ces accents d’intense agonie, car c’est en elle seule que nous trouvons les circonstances qui évoquèrent de tels accents des profondeurs de son âme sans tache. L’ombre terrible de la croix, avec son ignominie, sa malédiction, et son exclusion de la lumière de la face de Dieu, passait devant son esprit, et il ne pouvait pas même la contempler sans crier: «S’il est possible, que cette coupe passe loin de moi». Mais à peine a-t-il prononcé ces paroles, que sa profonde soumission se montre par ces mots: «Toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux». Quelle «coupe» amère que celle qui put faire sortir d’un cœur parfaitement soumis les mots: «Qu’elle passe loin de moi!» Quelle parfaite soumission, quand, en présence d’une coupe si amère, le cœur pouvait s’écrier: «Que ta volonté soit faite!»

Nous allons considérer maintenant l’acte typique de «l’imposition des mains». Cet acte était commun à l’holocauste et à l’offrande pour le péché; mais, dans le premier, il identifiait la personne qui offrait le sacrifice avec une offrande sans tache; dans la seconde, cet acte impliquait la translation du péché de la personne qui offrait, sur la tête de l’offrande. Il en était ainsi du type, et quand nous considérons l’Antitype, nous apprenons une vérité des plus consolantes et édifiantes; vérité qui, si elle était mieux comprise et réalisée, procurerait une paix bien plus permanente que celle dont on jouit généralement.

Quelle est donc la doctrine exprimée dans l’acte d’imposer les mains? C’est celle-ci: Christ a été «fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Cor. 5). Il a pris notre position, avec toutes ses conséquences, afin que nous puissions avoir sa position avec toutes ses conséquences. Il a été traité comme le péché, sur la croix, afin que nous puissions être traités comme la justice, en présence de l’infinie sainteté. Il a été rejeté de la présence de Dieu, parce que, par imputation, il avait le péché sur lui, afin que nous puissions être reçus dans la maison de Dieu et dans son sein, parce que, par imputation, nous avons une justice parfaite. Il a eu à endurer que Dieu lui cachât sa face, afin que nous pussions nous réjouir à la clarté de cette face. Il a dû passer par trois heures de ténèbres, afin que nous pussions entrer dans la lumière éternelle. Il fut abandonné de Dieu pour un temps, afin que nous pussions jouir de sa présence à jamais. Tout ce qui nous était dû, en tant que pécheurs perdus, fut mis sur lui, afin que tout ce qui lui était dû pour avoir accompli l’œuvre de la rédemption, pût devenir notre partage. Tout était contre lui, lorsqu’il fut suspendu au bois maudit, afin que rien ne pût être contre nous. Il s’était identifié avec nous, dans la réalité de la mort et du jugement, afin que nous pussions être identifiés avec lui, dans la réalité de la vie et de la justice. Il a bu la coupe de la colère — la coupe de la terreur — afin que nous pussions boire la coupe du salut — la coupe de la grâce infinie.

Telle est la vérité merveilleuse, illustrée par l’acte cérémoniel de l’imposition des mains. Lorsque l’adorateur avait posé sa main sur la tête de la victime pour l’holocauste, il ne s’agissait plus de ce qu’il était ou de ce qu’il méritait, il s’agissait uniquement de ce qu’était l’offrande au jugement de l’Éternel. Si la victime était sans défaut, la personne qui l’offrait l’était aussi; si la victime était acceptée, celui qui l’offrait l’était aussi. Ils étaient parfaitement identifiés. L’acte d’imposer les mains les faisait être un, aux yeux de Dieu, Il voyait l’adorateur à travers l’offrande. Il en était ainsi dans le cas de l’holocauste. Mais dans le sacrifice pour le péché, quand l’adorateur avait posé la main sur la tête de la victime, la question à résoudre était de savoir ce qu’était cet adorateur et ce qu’il méritait. La victime était traitée selon ce que méritait celui qui l’offrait. Ils étaient parfaitement identifiés. L’acte de poser les mains les constituait un, aux yeux de Dieu. Dans le sacrifice pour le péché, on avait affaire avec le péché de celui qui l’offrait; dans l’holocauste, celui qui l’offrait était accepté. Cela faisait une immense différence. C’est pourquoi, quoique l’acte d’imposer les mains fût commun aux deux types, et qu’en outre cet acte exprimât, dans les deux cas, l’identification, cependant les conséquences en étaient aussi différentes que possible: Le juste traité comme l’injuste; l’injuste accepté dans le juste. «Christ a souffert une fois pour les péchés, [le] juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu». Voilà la doctrine. Nos péchés ont amené Christ à la croix, mais lui nous amène à Dieu. Et s’il nous amène à Dieu, c’est dans sa propre acceptation, en tant que ressuscité d’entre les morts, ayant ôté nos péchés selon la perfection de son œuvre. Il a emporté nos péchés loin du sanctuaire de Dieu, afin qu’il pût nous en approcher, nous introduire même dans le saint des saints, en toute assurance du cœur, ayant la conscience purifiée de toute souillure du péché, par son précieux sang.

Or, plus nous comparerons tous les détails de l’offrande pour l’holocauste et de l’offrande pour le péché, mieux nous comprendrons la vérité de ce que nous avons dit plus haut, relativement à l’acte d’imposer les mains et à ses résultats dans l’un et l’autre cas.

Au premier chapitre de ce volume, nous avons signalé le fait qu’il est question «des fils d’Aaron» dans l’holocauste, mais non dans le sacrifice pour le péché. Comme sacrificateurs, ils avaient le privilège de se tenir autour de l’autel et de contempler la flamme d’un sacrifice agréable à l’Éternel et s’élevant à Lui. Mais dans l’offrande pour le péché, il s’agissait tout d’abord du jugement solennel du péché, et non du culte des sacrificateurs, et c’est pourquoi les fils d’Aaron ne paraissent pas. C’est comme pécheurs convaincus que nous avons affaire avec Christ, antitype du sacrifice pour le péché. C’est comme des sacrificateurs rendant culte, revêtus des vêtements du salut, que nous contemplons Christ, antitype de l’holocauste.

En outre, mes lecteurs remarqueront que la victime pour l’holocauste était «écorchée», tandis que celle pour le péché ne l’était point. La victime pour l’holocauste était «coupée en morceaux», mais non celle pour le péché. «L’intérieur et les jambes» de l’holocauste étaient «lavés avec de l’eau», ce qui était entièrement omis dans le sacrifice pour le péché. Enfin, l’holocauste était brûlé sur l’autel, le sacrifice pour le péché était brûlé hors du camp. Ce sont là tout autant de points importants de différences, provenant simplement du caractère distinctif des offrandes. Nous savons que, dans la parole de Dieu, il n’est rien qui n’ait une signification spéciale; et tout lecteur intelligent et attentif des Écritures remarquera ces points de dissemblance et, les avant remarqués, il cherchera naturellement à comprendre leur vraie portée. Il peut y avoir ignorance de cette portée, mais il ne devrait pas y avoir indifférence à cet endroit. Laisser de côté un seul point des pages inspirées, en général, et en particulier, et surtout de celles dont nous nous occupons, qui sont si riches en enseignements, ce serait en déshonorer le divin Auteur et priver nos propres âmes d’un grand profit spirituel. Nous devrions nous arrêter sur les moindres détails, soit pour adorer la sagesse de Dieu qui s’y manifeste, soit pour confesser notre ignorance à leur égard et nous en humilier. Passer par-dessus, dans un esprit d’indifférence, c’est, en quelque sorte, affirmer que le Saint Esprit a pris la peine de faire écrire des choses que nous ne trouvons pas dignes de chercher à comprendre. — C’est ce que nul chrétien vraiment droit n’oserait penser. Si l’Esprit, en nous donnant la loi du sacrifice pour le péché, a omis les divers rites mentionnés ci-dessus, — rites qui occupent une place essentielle dans la loi pour l’holocauste, il doit assurément y avoir une bonne raison et une signification importante à cela. C’est ce que nous devons chercher à comprendre; et sans doute, ces différences tiennent au but spécial que la pensée de Dieu avait en vue dans chaque offrande. Le sacrifice pour le péché montre le côté de l’œuvre de Christ, où il est vu prenant, judiciairement, la place qui, moralement, nous appartenait. Pour cette raison, nous ne pouvions nous attendre à y trouver cette expression intense de ce qu’il était, dans tous les motifs secrets qui le faisaient agir, symbolisée dans l’acte typique d’«écorcher». Il ne pouvait y avoir non plus cette ample exposition de ce qu’il était, non seulement dans tout son être, mais dans les moindres traits de son caractère, qui se voit dans l’acte de «couper en morceaux». Et enfin, il ne pouvait y avoir cette manifestation de ce qu’il était, en personne, en pratique, et intrinsèquement, représentée par l’acte très significatif de «laver avec de l’eau l’intérieur et les jambes».

Toutes ces choses appartenaient au côté holocauste du sacrifice de notre bien-aimé Seigneur, et à cela seulement, parce que là nous le voyons s’offrant Lui-même aux yeux, au cœur et à l’autel de l’Éternel, sans qu’il soit nullement question de péché imputé, de colère ou de jugement. Dans l’offrande pour le péché, au contraire, au lieu d’avoir, comme idée prééminente, ce que Christ est, nous avons ce qu’est le péché. Au lieu de la valeur de Jésus, nous avons l’odieux du péché. Dans l’holocauste, puisque c’est Christ lui-même qui s’offre à Dieu et qui est accepté, nous avons tout ce qui, pouvait être fait pour manifester ce qu’il était à tous égards. Dans le sacrifice pour le péché, comme c’est le péché, jugé par Dieu, nous trouvons précisément tout le contraire. Tout cela est si simple qu’il ne faut aucun effort d’intelligence pour le comprendre. Cela découle tout naturellement du caractère distinctif du type.

Cependant, quoique le but principal du sacrifice pour le péché soit de préfigurer ce que Christ a été fait pour nous, et non pas ce qu’il était en lui-même, il y a néanmoins un rite, se rattachant à ce type, qui exprime de la manière la plus expresse, combien Il était personnellement agréable à Dieu. Ce rite est indiqué par les paroles suivantes: «Et toute la graisse du taureau du sacrifice pour le péché, il la lèvera: la graisse qui couvre l’intérieur, et toute la graisse qui est sur l’intérieur, et les deux rognons, et la graisse qui est dessus, qui est sur les reins, et le réseau qui est sur le foie, qu’on ôtera jusque sur les rognons, comme on les lève du bœuf du sacrifice de prospérités: et le sacrificateur les fera fumer sur l’autel de l’holocauste» (Chap. 4:8-10). Ainsi, l’excellence intrinsèque de Christ n’est point omise, même dans le sacrifice pour le péché. La graisse brûlée sur l’autel est la juste expression de la divine appréciation de la valeur de Christ, quelle que fût la position que, dans sa parfaite grâce, il prît pour nous ou à notre place; il a été fait péché pour nous, et le sacrifice pour le péché est le type divin qui le représente sous cet aspect. Or, comme c’était le Seigneur Jésus Christ, l’Élu de Dieu, son saint Fils, parfaitement pur et éternel, qui était fait péché, en conséquence la graisse du sacrifice pour le péché était brûlée sur l’autel, comme matière tout à fait convenable à ce feu qui figurait si bien la sainteté divine.

Mais, même à cet égard, nous voyons quel contraste il y a entre le sacrifice pour le péché et l’holocauste. Dans ce dernier c’était, non seulement la graisse, mais la victime tout entière qui était brûlée sur l’autel, parce que c’était Christ, sans qu’il fût nullement question de péché quelconque porté par lui. Dans le premier, la graisse seule devait être brûlée sur l’autel, parce qu’il s’agissait de porter le péché, lors même que Christ en fût le porteur. Les gloires divines de la Personne du Christ brillent même au milieu des ombres les plus noires de ce bois maudit, auquel il consentit d’être cloué comme malédiction pour nous. L’odieux du péché auquel, dans l’exercice de son amour divin, il associa sa personne bénie sur la croix, ne pouvait pas empêcher l’agréable odeur de ses perfections de monter jusqu’au trône de Dieu. C’est ainsi que nous est dévoilé ce profond mystère de la face de Dieu cachée à Christ fait péché, et du cœur de Dieu réjoui par ce que Christ était en lui-même. C’est là ce qui donne un charme tout particulier au sacrifice pour le péché. Les vifs rayons de la gloire personnelle de Christ, resplendissant au milieu des lugubres ténèbres du Calvaire — sa valeur personnelle ressortant même des plus grandes profondeurs de son humiliation — les délices de Dieu en Celui duquel, en vertu de son inflexible justice et de sa sainteté, il devait cacher sa face — tout cela est exprimé par le fait que la graisse du sacrifice pour le péché était brûlée sur l’autel.

Ayant ainsi cherché à indiquer, en premier lieu, ce qu’on faisait «du sang», et ensuite, ce qu’on faisait de «la graisse», nous avons maintenant à considérer ce qu’on faisait de «la chair». «Et la peau du taureau et toute sa chairtout le taureau, il l’emportera hors du camp, dans un lieu net, là où l’on verse les cendres, et il le brûlera sur du bois, au feu; il sera brûlé au lieu où l’on verse les cendres» (Vers. 11-12). Nous avons dans cet acte le trait essentiel du sacrifice pour le péché — ce qui le distinguait à la fois de l’holocauste, et du sacrifice de prospérités. Sa chair n’était pas brûlée sur l’autel, comme dans l’holocauste, ni mangée par le sacrificateur ou par l’adorateur, comme dans le sacrifice de prospérités. Elle était entièrement brûlée hors du camp1. «Nul sacrifice pour le péché dont le sang sera porté dans la tente d’assignation pour faire propitiation dans le lieu saint, ne sera mangé; il sera brûlé au feu» (Lév. 6:23). «Car les corps des animaux dont le sang est porté, pour le péché, dans les lieux saints, par le souverain sacrificateur, sont brûlés hors du camp. C’est pourquoi aussi Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte» (Héb. 13:11, 12).

1 Ce qui est dit ici ne regarde que les sacrifices pour le péché, dont le sang était porté dans le lieu saint. Il y avait d’autres offrandes pour le péché, dont Aaron et ses fils mangeaient (voyez Lév, 6:26, 29; Nomb. 18:9, 10).

En comparant ce qu’on faisait du «sang» avec ce qu’on faisait de la «chair» ou du «corps» de la victime, deux grandes classes de vérités se présentent à nos yeux, savoir le culte et l’état du disciple. Le sang porté dans le sanctuaire est le fondement du premier. Le corps brûlé hors du camp est la base du second. Avant que nous puissions jamais rendre culte, dans la paix de la conscience et en liberté de cœur, il faut que nous sachions, sur l’autorité de la Parole et par la puissance de l’Esprit, que la question tout entière du péché a été à jamais tranchée par le sang du divin sacrifice pour le péché, — que ce sang a été répandu, en perfection, devant l’Éternel, — que toutes les exigences de Dieu, et tous nos besoins, en tant que pécheurs perdus et coupables, ont été pour toujours satisfaits. C’est ce qui donne une paix parfaite; et dans la jouissance de cette paix, nous rendons culte à Dieu. Quand un Israélite de jadis avait, offert son sacrifice pour le péché, sa conscience était en repos, pour autant que le sacrifice était capable de donner du repos. Il est vrai que ce n’était qu’une paix temporaire, puisqu’elle était le fruit d’un sacrifice temporaire. Mais il est clair que, quel que fût le genre de paix que le sacrifice était destiné à procurer, celui qui l’offrait pouvait en jouir. Par conséquent donc, notre sacrifice étant divin et éternel, notre paix est divine et éternelle aussi. Tel qu’est le sacrifice, telle est la paix dont il est le fondement. Un Juif n’avait jamais une conscience purifiée pour toujours, parce qu’il n’avait pas un sacrifice éternellement efficace. Il pouvait, en un certain sens, avoir sa conscience purifiée pour un jour, un mois ou une année, mais il ne pouvait pas avoir sa conscience purifiée pour toujours. «Mais Christ étant venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas fait de main, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, et non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle. Car si le sang de boucs et de taureaux, — et la cendre d’une génisse avec laquelle on fait aspersion sur ceux qui sont souillés, — sanctifie pour la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant!» (Héb. 9:11-14).

Nous avons ici un exposé complet et explicite de la doctrine. Le sang des taureaux et des boucs procurait une rédemption temporaire; le sang de Christ procure une rédemption éternelle. Le premier purifiait extérieurement, le second intérieurement. Celui-là purifiait la chair pour un temps, celui-ci la conscience pour toujours. Toute la question dépend non du caractère ou de la condition de celui qui offrait, mais de la valeur du sacrifice. Il ne s’agit nullement de savoir si un chrétien vaut mieux qu’un Juif, mais si le sang de Christ vaut mieux que le sang d’un taureau. Assurément, il vaut mieux, infiniment mieux. Le Fils de Dieu communique toute la valeur de sa divine personne au sacrifice qu’il a offert; et si le sang d’un taureau purifiait la chair pour une année, «combien plus» le sang du Fils de Dieu purifiera-t-il pour toujours la conscience? Si celui-là ôtait quelques péchés, combien plus celui-ci les ôtera-t-il «tous»?

Maintenant, d’où venait que l’âme d’un Juif était en paix pour un temps, après qu’il avait offert son sacrifice pour le péché? Comment savait-il que le péché spécial, pour lequel il avait présenté son sacrifice était pardonné? Parce que Dieu avait dit: «Il lui sera pardonné». La paix de son âme, quant à ce péché particulier, reposait sur le témoignage du Dieu d’Israël et sur le sang de la victime. De même maintenant, la paix du croyant, relativement à tout péché, repose sur l’autorité de la parole de Dieu et sur «le précieux sang de Christ». Si un Juif avait péché et qu’il eût négligé d’offrir son sacrifice pour le péché, il aurait été «retranché d’entre ses peuples»; mais quand il prenait sa place comme pécheur — quand il posait la main sur la tête d’une victime pour le péché, alors la victime était «retranchée» au lieu de lui, et il était délivré, selon la valeur du sacrifice. La victime était traitée comme celui qui l’offrait méritait de l’être; et par conséquent si ce dernier n’avait pas su que son péché lui était pardonné, il aurait fait Dieu menteur, et traité d’inutile le sang du sacrifice divinement ordonné.

Et, si cela était vrai pour celui qui ne pouvait se reposer que sur le sang d’un bouc, «combien plus» fortement cela s’applique-t-il à celui qui peut se reposer sur le précieux sang de Christ? Le croyant voit en Christ Celui qui a été jugé pour tous ses péchés — qui, suspendu à la croix, y porta le poids tout entier de ses péchés — Celui qui, s’étant rendu responsable de ces péchés, ne pourrait être là où il est maintenant, si toute la question du péché n’avait pas été réglée selon les exigences de la justice infinie.

Christ a tellement pris la place du croyant sur la croix — celui-ci était si entièrement identifié avec Lui — tous les péchés du croyant lui ont été alors si complètement imputés, que toute question de culpabilité du croyant, toute idée de jugement ou de colère, auxquels il serait exposé, est éternellement mise de côté1. Tout a été réglé sur le bois maudit, entre la Justice divine et la Victime sans tache. Et maintenant le croyant est aussi absolument identifié avec Christ sur le trône, que Christ fut identifié avec lui sur la croix. La justice n’a plus aucun grief à élever contre le croyant, parce qu’elle n’a aucun grief à élever contre Christ. Il en est ainsi à jamais. Si une accusation pouvait être valable contre le croyant, ce serait mettre en question la réalité de l’identification de Christ avec lui sur la croix, et la perfection de l’œuvre de Christ en sa faveur. Si, lorsque l’adorateur de jadis retournait chez lui, après avoir offert son sacrifice pour le péché, quelqu’un l’eût accusé du péché même, pour lequel sa victime avait été immolée, quelle aurait été sa réponse? Simplement celle-ci: «Le péché a été enlevé par le sang de la victime, et l’Éternel a prononcé ces paroles: Il lui sera pardonné». La victime était morte à sa place et il vivait à la place de la victime.

1 Nous avons un bien bel exemple de la divine exactitude des Écritures en 2 Cor. 5:21: «Il l’a fait péché pour nous (hamartian epoiêsen), afin que nous devinssions (ginometha) justice de Dieu en lui».

Tel était le type. Et quant à l’antitype, lorsque l’œil de la foi se repose sur Christ comme sacrifice pour le péché, il voit en lui Celui qui, ayant pris une parfaite vie humaine, a laissé cette vie sur la croix, parce que le péché, là et alors, y avait été attaché par imputation. Mais il voit aussi en lui Celui qui, ayant en lui-même la puissance de la vie éternelle et divine, sortit du tombeau, et qui, maintenant, communique sa vie de résurrection, sa vie divine et éternelle à tous ceux qui croient en son nom. Le péché est ôté, parce que la vie à laquelle il était attaché a été ôtée. Et maintenant, au lieu de la vie à laquelle le péché était attaché, tous les vrais croyants possèdent la vie à laquelle est liée la justice. La question du péché ne peut jamais être élevée relativement à la vie ressuscitée et victorieuse de Christ, et c’est la vie que possèdent les croyants. Il n’y a pas d’autre vie. En dehors, tout est mort, parce que, en dehors, tout est sous la puissance du péché. «Celui qui a le Fils a la vie», et celui qui a la vie a aussi la justice. Les deux choses sont inséparables, parce que Christ est l’une et l’autre. Si le jugement et la mort de Christ étaient des réalités, alors la vie et la justice du croyant sont des réalités. Si le péché imputé était une réalité pour le Christ, la justice imputée est une réalité pour le croyant. L’un est aussi réel que l’autre, car s’il n’en était pas ainsi, Christ serait mort en vain. Le vrai et inébranlable fondement de la paix est ceci: que les exigences de la nature de Dieu, quant au péché, ont été parfaitement satisfaites. La mort de Jésus les a toutes satisfaites — satisfaites pour toujours. Qu’est-ce qui prouve cela, de manière à tranquilliser une conscience réveillée? Le grand fait de la résurrection. Un Christ ressuscité proclame l’entière délivrance du croyant — son parfait acquittement de toute charge possible. «Il a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification» (Rom. 4:25). Un chrétien qui ne sait pas que son péché est ôté, et ôté pour toujours, fait peu de cas du sang de son divin sacrifice pour le péché. Il nie ou il oublie qu’il y a eu la parfaite présentation — l’aspersion, faite par sept fois, du sang devant l’Éternel.

Et maintenant, avant de quitter ce point fondamental qui vient de nous occuper, je voudrais faire un appel sérieux au cœur et à la conscience de mon lecteur. Je vous le demande, cher ami, avez-vous été amené à vous reposer sur ce saint et heureux fondement? Savez-vous que la question de votre péché et de vos péchés a été pour toujours résolue? Avez-vous posé votre main, par la foi, sur la tête de la victime pour le péché? Avez-vous vu le sang expiatoire de Jésus Christ rouler de dessus vous toute votre culpabilité et la jeter dans les profondes eaux de l’oubli de Dieu? La justice divine a-t-elle encore quelque chose contre vous? êtes-vous délivré des indicibles tourments d’une conscience coupable? Ne vous donnez pas de repos, je vous en prie, jusqu’à ce que vous puissiez faire une joyeuse réponse à ces questions. Soyez assuré que c’est l’heureux privilège du plus faible enfant en Christ, de se réjouir d’une pleine et éternelle rémission de ses péchés, en raison d’une parfaite expiation, et par conséquent, quiconque enseigne autre chose rabaisse le sacrifice de Christ au niveau de celui des «taureaux et des boucs». Si nous ne pouvons savoir que nos péchés sont pardonnés, alors où est la bonne nouvelle de l’Évangile? Le chrétien n’a-t-il aucun avantage sur le Juif, quant à un sacrifice pour le péché? Ce dernier avait le privilège de savoir que la propitiation était faite pour lui, pour un an, par le sang d’un sacrifice annuel. Le premier ne peut-il avoir de certitude? Sans aucun doute. Eh! bien, donc, s’il y a une certitude pour lui, il faut qu’elle soit éternelle, puisqu’elle repose sur un sacrifice éternel.

Cela, et cela seul, est la base du culte. La parfaite assurance du péché ôté produit, non pas un esprit de confiance en soi-même, mais un esprit de louange, d’action de grâces et d’adoration. Elle produit non pas un esprit de satisfaction personnelle, mais de satisfaction en Christ, lequel, Dieu en soit béni, est l’esprit qui caractérisera les rachetés durant toute l’éternité. Elle nous conduit, non pas à faire peu de cas du péché, mais à faire beaucoup de cas de la grâce qui l’a parfaitement pardonné, et du sang qui l’a parfaitement annulé. Il est impossible que l’on puisse contempler la croix, que l’on puisse voir la place que Christ y a prise, — méditer sur les souffrances qu’il y a endurées, — penser à ces trois terribles heures de ténèbres, — et que l’on puisse en même temps regarder le péché comme quelque chose de peu d’importance. Quand on a bien saisi toutes ces choses, par la puissance, du Saint Esprit, il doit s’ensuivre deux résultats, savoir l’horreur du péché sous toutes ses formes, et un sincère amour pour Christ, pour son peuple et pour sa cause.

Considérons maintenant ce qui était fait de la «chair» ou du «corps» de la victime, dans lequel nous trouvons, comme nous l’avons déjà dit, la vraie base de l’état de disciple. «Tout le taureau il l’emportera hors du camp, dans un lieu net, là où l’on verse les cendres, et il le brûlera sur du bois, au feu» (Chap. 4:12). Cet acte doit être considéré sous deux points de vue: d’abord, comme exprimant la place que le Seigneur Jésus prit pour nous en portant le péché; en second lieu, comme exprimant la place où il fut chassé par un monde qui l’avait rejeté. C’est sur ce dernier point que je voudrais appeler ici l’attention de mon lecteur.

La leçon que l’apôtre tire en Héb. 13, de ce que Christ «a souffert hors de la porte», est profondément pratique. «Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre». Si les souffrances de Christ nous ont assuré une entrée au ciel, l’endroit où il souffrit exprime notre réjection de la terre. Sa mort nous a procuré une cité en haut; le lieu où il mourut nous prive d’une cité en bas1. «Il a souffert hors de la porte», et par là il mit de côté Jérusalem, comme le centre des opérations divines. Il n’y a plus maintenant de lieu consacré sur la terre. Christ a pris sa place, comme victime, hors des limites de la religion de ce monde, — de sa politique et de tout ce qui lui appartient. Le monde l’a haï et rejeté. C’est pour cela qu’il est dit: «Sortez». C’est la devise, concernant tout ce que les hommes élèvent ici-bas, sous forme de «camp», quel que puisse être ce camp. Si les hommes érigent «une sainte cité», vous devez chercher un Christ rejeté «hors de la porte». Si les hommes forment un camp religieux de quelque nom qu’on puisse l’appeler, vous devez en «sortir», afin de trouver un Christ rejeté. Une aveugle superstition peut fouiller les ruines de Jérusalem pour y chercher des reliques de Christ. Elle l’a fait et le fera encore. Elle affectera d’avoir découvert et d’honorer l’emplacement de sa croix et celui de son sépulcre. La convoitise naturelle, aussi, profitant de la superstition naturelle, a fait, pendant des siècles, un trafic lucratif, sous le rusé prétexte d’honorer les soi-disant lieux saints de l’antiquité. Mais un seul rayon de lumière de la lampe divine de la rédemption suffira pour vous faire voir qu’il faut «sortir» de tout cela, afin de trouver un Christ rejeté et de jouir de sa communion.

1 L’épître aux Éphésiens donne la vue la plus élevée de la place de l’Église en haut, et cela non seulement quant au droit, mais aussi quant à la manière. Le droit est assurément le sang; mais la manière est ainsi exprimée: «Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éph. 2:4-6).

Cependant mon lecteur devra se souvenir que le cri si impératif de «Sortez» implique beaucoup plus que le simple éloignement des grossières absurdités d’une ignorante superstition ou des ruses d’une adroite cupidité. Plusieurs peuvent parler avec force et éloquence sur toutes ces choses, qui sont pourtant bien loin d’être disposés à obéir au commandement de l’apôtre. Lorsque les hommes forment un «camp» et se rallient autour d’une bannière, ayant pour armoiries quelque dogme vrai et important ou quelque excellente institution, — lorsqu’ils peuvent en appeler à un credo orthodoxe — à un plan avancé et éclairé de doctrine — à un rituel splendide, capable de satisfaire les plus ardentes aspirations de la nature dévote de l’homme, — quand une ou plusieurs de ces choses existent, il faut une grande intelligence spirituelle pour discerner la force réelle et la vraie application de ces mots: «Sortons», et beaucoup d’énergie et de décision spirituelles pour s’y conformer. Il faut cependant les discerner et s’y conformer, car il est parfaitement certain que l’atmosphère d’un camp (quels qu’en soient le fondement ou la bannière) est contraire à la communion personnelle avec un Christ rejeté; or aucun soi-disant avantage religieux ne contrebalancera jamais la perte de cette communion. C’est la tendance de nos cœurs de tomber dans des formes froides et stéréotypées. Il en a toujours été ainsi dans l’église professante. Ces formes peuvent avoir été vraiment puissantes dans l’origine. Elles peuvent avoir résulté de positives visitations de l’Esprit de Dieu. Le danger est de stéréotyper la forme, quand l’esprit et la force ont disparu. C’est, en principe, établir un camp. Le système juif pouvait se vanter d’une origine divine. Un Juif pouvait montrer avec orgueil le temple, avec son pompeux système de culte, sa sacrificature, ses sacrifices, tous ses ornements et ses ustensiles, et prouver que tout avait été ordonné par le Dieu d’Israël. Il pouvait, comme nous disons, citer le chapitre et le verset, pour tout ce qui avait rapport au système auquel il était attaché. Quel est le système de l’antiquité, du moyen âge ou des temps modernes, qui puisse mettre en avant de si hautes et si puissantes prétentions, ou s’adresser au cœur avec une autorité aussi imposante? Et cependant, l’ordre était d’en «sortir».

C’est un sujet des plus sérieux. Il nous concerne tous, parce que nous sommes tous enclins à glisser de la communion avec un Christ vivant dans une routine morte. De là la force pratique de ces mots: «Sortons donc vers lui». Ce n’est pas: Sortons d’un système pour entrer dans un autre — laissons certaines opinions pour en embrasser d’autres — quittons telle société pour nous joindre à une autre. Non, mais sortons, de tout ce qui peut s’appeler un camp, «vers lui» qui «a souffert hors de la porte». Le Seigneur Jésus est tout aussi hors de la porte maintenant que quand il souffrit il y a dix-huit siècles. Par qui fut-il mis hors de la porte? Par le monde religieux d’alors; et le monde religieux d’alors était, en esprit et en principe, le monde religieux d’aujourd’hui. Le monde est toujours le monde. «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil». Christ et le monde ne sont pas un. Le monde s’est revêtu du manteau du christianisme, mais c’est seulement pour que sa haine contre Christ puisse se développer en formes plus dangereuses par-dessous. Ne nous séduisons pas nous-mêmes. Si nous voulons marcher avec un Christ rejeté, il faut que nous soyons un peuple rejeté. Si notre Maître «a souffert hors de la porte», nous ne pouvons nous attendre à régner en dedans de la porte. Si nous suivons ses pas, où nous conduiront-ils? Assurément pas aux positions élevées de ce monde sans Dieu et sans Christ.

Loin de toute terrestre joie, le sentier qu’il parcourt ne conduit qu’à la croix.

Il est un Christ méprisé — un Christ rejeté — un Christ en dehors du camp. Oh! sortons donc vers lui, chers lecteurs chrétiens, en portant son opprobre. Ne nous complaisons pas aux rayons de la faveur de ce monde, vu qu’il a crucifié et qu’il hait toujours d’une haine implacable le Bien-aimé, auquel nous devons tout ici-bas et dans l’éternité, et qui nous aime d’un amour que beaucoup d’eaux ne pourraient éteindre. Ne soutenons, ni directement, ni indirectement, cette chose qui s’appelle de son nom sacré de Christ, mais qui, en réalité, hait sa personne, hait ses voies, hait sa vérité, hait la seule mention de son avènement. Soyons fidèles à un Seigneur absent. Vivons pour Celui qui est mort pour nous. Ayant nos consciences en paix par son sang, que les affections de nos cœurs s’enlacent autour de sa personne, en sorte que notre séparation «du présent siècle mauvais» ne soit pas seulement une affaire de froids principes, mais une séparation affectionnée, parce que l’objet de notre affection ne, s’y trouve pas. Veuille le Seigneur nous préserver de l’influence de cet égoïsme consacré et prudent, si commun aujourd’hui, lequel ne voudrait pas être sans religion, mais n’en est pas moins l’ennemi de la croix de Christ. Ce qu’il nous faut, afin de pouvoir résister avec succès à cette terrible forme du mal, ce ne sont pas des vues particulières ou des principes spéciaux, ou de singulières théories, ou une froide orthodoxie intellectuelle. Ce qu’il nous faut, c’est un profond dévouement à la Personne du Fils de Dieu; une entière et cordiale consécration de nous-mêmes, corps, âme et esprit, à son service; un ardent désir de sa glorieuse apparition. Tels sont, chers lecteurs, les besoins particuliers des temps où nous vivons. Ne vous joindrez-vous donc pas à nous, pour pousser, du plus profond de vos cœurs, le cri: «O Seigneur! vivifie ton œuvre! — accomplis le nombre de tes élus! — Viens, Seigneur Jésus!»