Job

Chapitre 37

Après avoir attiré notre attention dans le chapitre précédent sur les voies de Dieu en providence qui sont manifestement justes et bonnes, tout en exprimant sa puissance, et qui servent particulièrement à corriger, en vue de leur bénédiction, ceux qui ne se rebellent pas contre lui, comme le font les méchants à leur honte et à leur perdition, Élihu termine par la description des œuvres merveilleuses de Dieu dans le monde extérieur. Ce sujet s’ouvre à la fin du chapitre 36 par la mention de la pluie et du tonnerre. Il est vrai, et nous l’admettons pleinement, que ces manifestations de sa puissance sont très loin de nous faire connaître les profondeurs de la vérité que la doctrine de Christ et sa grâce nous révèlent. Ce ne sont pas les choses invisibles, mais les visibles. Nous pouvons comprendre que nous sommes ici dans les temps primitifs de l’histoire des saints, où ils épelaient les grandes lettres des premières révélations divines dans les cieux et sur la terre, avant de pouvoir les lire dans les Écritures. Tels étaient ces jours du commencement, dans lesquels Dieu se plaisait à illustrer la vérité par la parole qu’un jour proclame à l’autre jour (Ps. 19:3), et non par le moyen de l’Évangile annoncé maintenant à toute créature, et par le Fils descendu du ciel pour nous montrer le Père lui-même. Pour la raison même que Christ n’était pas encore venu ici-bas, le monde extérieur était considéré comme le témoignage de la majesté, de la fidélité et de la puissance miséricordieuse de Dieu, dans tout ce qui entoure l’homme sur la terre.

À quel point en sommes-nous arrivés maintenant dans le développement des leçons de ce livre? Qu’avons-nous appris par le ministère d’Élihu? Beaucoup de vérités importantes, me semble-t-il. Job n’avait pas réussi à comprendre le dessein de Dieu dans la tourmente effroyable qui s’était abattue sur lui. Ses amis avaient manqué beaucoup plus gravement encore que lui. Les manquements de Job avaient plutôt un caractère négatif, tandis que ses amis étaient positivement dans l’erreur avec les meilleures intentions, et tout à fait en dehors du courant des pensées de Dieu. Élihu fait briller devant eux tous la lumière divine, dans la mesure où il était possible à un fidèle de le faire dans ce temps-là. Il démontre que, loin d’être de simples voies judiciaires, les dispensations de Dieu envers l’homme revêtent le caractère d’une discipline juste et miséricordieuse. Appliquées à l’inconverti, elles ont pour but de le briser et de sauver son âme. Elles s’exercent aussi envers le croyant pour le corriger lorsqu’il s’est écarté de la bonne voie, et l’encourager lorsqu’il a besoin d’être stimulé dans sa marche à la suite du Seigneur.

C’est ainsi qu’Élihu place devant Job les voies sages de Dieu, tout en le réprimandant au sujet de sa propre justice, de son impatience et de son manque de respect, mais en évitant les accusations que ses amis avaient formulées contre lui. Nous avons vu, en effet, que, dans l’agonie de sa douleur, Job s’était laissé aller, à maintes reprises, au sentiment qu’il était abandonné de Dieu. Puis il avait prononcé des paroles téméraires et violentes, mais, bientôt après chaque explosion d’amertume, il avait demandé pardon à Dieu. Les paroles profondément blessantes de ses amis, d’autant plus blessantes qu’elles étaient exprimées tranquillement, l’avaient piqué au vif. Malgré leur apparence paisible, elles n’en étaient pas moins extrêmement douloureuses pour son cœur ouvert et généreux. En Élihu, nous trouvons un esprit et un jugement tout différents; il ne manque pas de censurer les sentiments inconvenants de Job et n’en cache pas les graves conséquences. Toutefois, il sait discerner dans les épreuves les plus incompréhensibles le but miséricordieux de Dieu, même dans ses voies envers les inconvertis, mais plus spécialement envers ses saints.

Que restait-il donc à faire? Un seul pouvait ajouter du poids au témoignage de l’interprète. Une seule chose pouvait convenablement conclure et couronner l’intervention d’Élihu. Qu’était-ce donc? C’était la faveur incomparable que Job avait implorée en termes passionnés. Il avait demandé qu’un homme vînt à sa rencontre plutôt que Dieu, mais il avait aussi désiré se trouver devant Lui. Et c’est ce qui a lieu maintenant. Dieu apparaît sur la scène. L’Éternel lui-même lui donne sa réponse du milieu du tourbillon. Il ne nous appartient pas de dire ce que fut cette manifestation. Néanmoins, comme il ne doit y avoir aucun doute quelconque pour nous quant au fait que Dieu répondit à Job, et cela à l’ouïe de tous ses amis, de même ses paroles doivent être concluantes pour terminer ce grand débat. Dire comment se fit cette rencontre serait spéculation ou présomption de notre part. Nous avons simplement à croire qu’elle eut lieu réellement. De plus, ce qui donne une valeur spéciale à la fin de ce livre, c’est de voir que Dieu n’attend pas jusqu’au jour du jugement pour déclarer où se trouve la foi qui se confie en Lui. Seulement aujourd’hui c’est sa Parole qui nous le fait connaître et non une vision spéciale de sa part. Job avait désiré rencontrer Dieu. L’Éternel répondit à cette requête, lorsque le message d’Élihu eut produit son effet.

Remarquons, en outre, que ce n’est pas seulement le nom de Dieu (Élohim ou Éloah) qui est employé désormais. Jusqu’ici, c’est ce nom que nous trouvons dans tout le cours du débat, avec celui du Tout-Puissant, sauf dans un seul passage où se trouve le nom de l’Éternel (chap. 12:9). Dans toutes les discussions du livre, ce dernier n’apparaît pas, sauf dans le passage susmentionné, mais, dès ce moment-là, comme au commencement, c’est l’Éternel qui parle. C’est sans nul doute un point de grande importance. L’historien qui a écrit ce livre était familier avec cette révélation de Dieu aux enfants d’Israël. Ce n’est pas que le nom de l’Éternel fût absolument inconnu avant Moïse, mais il fut donné dès lors pour exprimer la relation spéciale de Dieu avec son peuple. Job et ses amis parlaient habituellement de Dieu, du Créateur et même du Tout-Puissant (Shaddaï), nom sous lequel les patriarches le connaissaient. Mais une vérité nouvelle apparaît maintenant. C’est le Dieu d’Israël qui montre sa tendre bonté envers le Gentil qui le cherchait, ainsi que la révélation de sa pensée.

Remarquons aussi que ce n’est pas une révélation abstraite. C’est une application formelle au cas qui est placé devant Lui. Cet homme pieux avait été entièrement écrasé et la présence de ses amis qui le jugeaient faussement avait porté son angoisse à son comble. Comme il avait désiré ardemment, dans sa détresse, que Dieu lui parlât lui-même, l’Éternel lui répond maintenant.