Job

Chapitre 36

Maintenant une autre leçon solennelle est placée devant nous. «Et Élihu continua et dit: Attends-moi un peu, et je te montrerai que j’ai encore des paroles pour Dieu. J’apporterai de loin ce que je sais, et je donnerai justice à mon créateur». Il demeure toujours sur ce terrain-ci: Il est impossible que Dieu dise ou fasse quoi que ce soit qui soit indigne de lui-même. «Car certainement mes discours ne sont pas des mensonges; celui qui est parfait en connaissances est avec toi. Voici, Dieu est puissant et ne méprise personne; il est puissant en force d’intelligence». Nous avons là la déclaration précieuse de sa grâce. «Il ne fait pas vivre le méchant»; il le supporte; c’est pourquoi on ne peut pas dire qu’il le fasse vivre. «Il fait droit aux malheureux. Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et celui-ci est avec les rois sur le trône»; peu importe que ce soient les malheureux ou les rois sur le trône: ils sont tous sous le regard de Dieu. «Il les fait asseoir à toujours, et ils sont élevés. Et si, liés dans les chaînes, ils sont pris dans les cordeaux du malheur, il leur montre ce qu’ils ont fait, et leurs transgressions, parce qu’elles sont devenues grandes; et il ouvre leurs oreilles à la discipline, et leur dit de revenir de l’iniquité».

Ici, me semble-t-il, il n’est pas question des inconvertis amenés dans la faveur de Dieu. Il s’agit plutôt de la discipline exercée envers les justes sous sa bonne main. Ce sont les voies de Dieu et son juste gouvernement qu’Il maintient à l’égard des siens. Mais ces derniers peuvent faillir. Hélas! qui n’en a connaissance? Ici donc nous voyons que, dès le commencement, les voies de Dieu étaient en substance les mêmes qu’aujourd’hui. Je parle de ses dispensations morales à l’égard de l’âme individuellement, non de la position, des conseils, de la puissance ou des privilèges que nous révèle sa Parole. Naturellement il n’y a aucune comparaison quelconque à faire entre ce qui était la part de ces saints d’autrefois et les richesses de la grâce et de la gloire manifestées maintenant en Christ. Nous ne voudrions tirer aucun parallèle semblable. Mais les grands principes moraux sont des plus instructifs et, comme dès le commencement, Dieu agissait dans les âmes pour les amener à Lui, Il opérait ensuite dans les siens pour les faire progresser et les instruire. La discipline des saints est donc le grand sujet que nous présente ce chapitre. «S’ils écoutent et le servent, ils accompliront leurs jours dans la prospérité et leurs années dans les choses agréables de la vie. Mais s’ils n’écoutent pas, ils s’en iront par l’épée et expireront sans connaissance. Les hypocrites de cœur amassent la colère; ils ne crient pas quand Dieu les lie». Nous ne voulons pas dire, sans doute, que chaque mot de ce chapitre s’applique uniquement aux fidèles. En effet, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, au milieu de la description des privilèges qui appartiennent à la famille de la foi, nous trouvons des paroles d’avertissement adressées aux hypocrites: «Ils mourront dans la jeunesse, et leur vie est parmi les hommes voués à l’infamie. Il délivre le malheureux dans son malheur, et lui ouvre l’oreille dans l’oppression».

Il applique maintenant à Job lui-même les principes qu’il avait exposés: «Il t’aurait aussi tiré de la gueule de la détresse et mis au large, là où il n’y a point de gêne, et la graisse abonderait dans les mets de ta table. Mais tu es plein des jugements des méchants; le jugement et la justice te saisiront. Puisqu’il y a de la colère, prends garde qu’elle ne t’enlève par le châtiment; et une grande rançon ne te le fera pas éviter. Tiendra-t-il compte de tes richesses? Non; — ni de l’or, ni de toutes les ressources de la puissance. Ne soupire pas après la nuit qui enlèvera les peuples de leur place». C’est ce que Job avait désiré. «Prends garde à toi! Ne te tourne pas vers l’iniquité, car c’est ce que tu as choisi plutôt que l’affliction. Voici, Dieu se montre élevé dans sa puissance: qui enseigne comme lui?» Ainsi, le point sur lequel Élihu insiste ici est l’enseignement que Dieu donne; non seulement le fait qu’Il sauve une âme pour qu’elle ne descende pas dans la fosse, mais la manière dont Il l’instruit. «Qui lui a prescrit son chemin, et qui a dit: Tu as mal agi?» C’est-à-dire: qui est-ce qui peut dire cela à Dieu? «Souviens-toi de glorifier son œuvre, que les hommes célèbrent: Tout homme la contemple, le mortel la regarde de loin. Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas; le nombre de ses années, nul ne le sonde». Élihu continue à développer ce sujet jusqu’à la fin du chapitre.