Job

Chapitre 23

Job répond: «Encore aujourd’hui ma plainte est amère, la main qui s’appesantit sur moi est plus pesante que mon gémissement! Oh! si je savais le trouver, et parvenir là où Il est assis!» Est-ce là le langage ou les sentiments de quelqu’un qui a conscience d’être coupable d’iniquité devant Dieu? Nous n’entendons jamais de telles paroles sortir de la bouche d’Éliphaz ou de ses amis. Je ne nie pas leur foi, mais je constate seulement que leur état spirituel n’était pas comparable à celui de Job, en dépit de toutes ses plaintes amères. «J’exposerais ma juste cause devant lui, et je remplirais ma bouche d’arguments. Je saurais les paroles qu’il me répondrait, et je comprendrais ce qu’il me dirait. Contesterait-il avec moi dans la grandeur de sa force?» Job connaissait assez Dieu pour parler ainsi. «Non, mais il ferait attention à moi. Là, un homme droit raisonnerait avec lui, et je serais délivré pour toujours de mon juge».

Les amis de Job manifestent d’un bout à l’autre un esprit de jugement, et de telles dispositions sont toujours fâcheuses. Il peut y avoir une mesure de vérité dans ce qui est dit, mais un esprit judiciaire ne peut jamais sauver une âme de la mort et nuit par-dessus tout à ceux qui s’y complaisent; il ne convient pas à un saint dans un monde tel que le nôtre. Mais telles étaient les dispositions des amis de Job. Ils ne connaissaient pas Dieu comme ce dernier. «Voici, je vais en avant, mais il n’y est pas». C’était là la cause de sa peine. Il ne pouvait jouir de Dieu, car il n’avait pas encore à sa portée la clef de sa détresse. Il désirait Dieu et était malheureux, parce qu’en réalité il était à distance de Lui, toutes ses épreuves intervenant comme un nuage pour obscurcir le sentiment de Sa bonté dans son âme. «Il m’éprouve, je sortirai comme de l’or». Il ne savait pas comment ce pouvait être pour la gloire de Dieu ou sa propre bénédiction qu’il fût ainsi éprouvé, mais il avait la parfaite assurance que l’hypocrisie était la dernière chose dont il pût être accusé avec justice.