Job

Chapitres 6 et 7

Job répond ensuite à Éliphaz, mais avec une douleur profonde: «Oh! si mon chagrin était bien pesé, et si on mettait toute ma calamité dans la balance! Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers; c’est pourquoi mes paroles sont outrées; car les flèches du Tout-Puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit; les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi». Ainsi la piété de Job lui fait reconnaître que non seulement Dieu devait être dans toutes ses calamités mais qu’il en était bien ainsi; il avait raison jusqu’à un certain point. Job ne jette pas le blâme sur les Sabéens ou les Chaldéens, ni sur la foudre, l’ouragan ou l’ulcère, mais il voit beaucoup plus loin que les causes secondes. Il était dans le vrai, en faisant intervenir Dieu dans l’épreuve. Toutefois, il se trompait, comme nous le verrons à la fin, soit en supposant qu’il n’y avait rien à corriger dans l’état de son âme, soit en pensant que Dieu pouvait être autre chose que plein de grâce, tout en étant fidèle envers lui, autre chose que plein de miséricorde, tout en restant juste. Il ne tenait pas compte de la puissance du mal et de Satan, laquelle Dieu permet tout en la limitant. Il ne maintenait pas fermement, comme il aurait dû le faire, que c’est dans son amour pour les siens que Dieu permet qu’ils traversent particulièrement la souffrance ici-bas. Il devait apprendre toutes ces leçons d’une manière pratique, de sorte que, à première vue, sa piété même rendait la difficulté plus grande pour lui, en ce qu’elle lui faisait tout attribuer à Dieu, sans considérer ses voies et son but. Aussi, combien lui paraissaient inutiles les coups écrasants qui étaient tombés sur lui, si rapides et si nombreux! Comment concilier toutes ces choses? Il était sûr que Dieu est juste et saint et qu’Il doit être bon, vrai et fidèle; cependant, c’était de sa part que toutes ces misères s’étaient abattues sur lui, un saint! La difficulté était d’autant plus terrible pour Job qu’il se trouvait en ce moment-là sous le poids de ces angoisses, et non dans la condition d’un homme qui pourrait y penser avec calme, après en avoir été délivré. Combien la chose est différente pour celui qui en lit la solution complète dans le livre de Dieu! Nous devons nous en souvenir quand nous considérons ce sujet. C’est là un point important à retenir, en méditant ce qui suit dans la réponse de Job, et en l’entendant exprimer dans son désespoir le désir que Dieu le retranchât, d’autant plus qu’il ne rencontrait que désappointement de la part de ses frères; aussi il se compare à une caravane mourant de soif auprès du lit desséché des torrents après lesquels elle avait soupiré. Il ne rejette pas la répréhension, mais les paroles de ses amis ne sont qu’une réfutation erronée des siennes. Ils n’avaient en aucune manière saisi son cas. Aussi Job ne fait qu’exprimer encore le désir de mourir; il va même jusqu’à adresser des reproches à Dieu, mais reconnaît bien vite sa faute et implore son pardon, tout en souhaitant la mort.