Josué

Chapitre 8

Ch. 8 v. 1-29 — Victoire sur Aï par le retour du peuple à Dieu

Le chapitre 8 nous montre le retour d’Israël à sa force en Dieu.

Nécessité des expériences pour se connaître et connaître Dieu

Si tout le peuple a été compromis par le péché d’Acan, il faut qu’il soit rétabli dans la confiance d’une manière sensible, qu’il soit affermi, et que par conséquent il subisse ce qui est nécessaire pour son rétablissement. Il doit faire des expériences. On en éviterait beaucoup en marchant dans la simplicité et l’intégrité de la foi. Jacob en fit plus qu’Abraham, et c’est lors de ses infidélités qu’Abraham en a fait le plus, qu’il a fait au moins celles qui sont réellement senties comme exercice du cœur. Toutefois Dieu s’en sert pour que nous apprenions ce que nous sommes et ce qu’Il est, deux choses, si nous les ignorons, qui rendent les expériences nécessaires.

Peine à déployer pour le retour, malgré le succès assuré, contre l’orgueil de l’homme

[8:1] Le succès est maintenant certain ; mais il faut que tout le peuple monte à l’attaque de cette petite ville qui, à en juger selon la force humaine, pouvait être prise par deux ou trois mille hommes [(7:3)]. L’orgueil et la fausse confiance reçoivent ici une sévère leçon. Que de peine Josué doit se donner ! [8:2] Dresser une embuscade, [8:5] feindre de fuir, [8:7] tout cela pour prendre une petite ville, et pas beaucoup de gloire après tout. Il faut plus de peine pour revenir dans le chemin de la bénédiction, que pour se tenir loin du mal. Mais la simplicité de la foi et sa vigueur naturelle ne se retrouvent qu’après toute cette peine.

Direction de Dieu dans toutes les actions, pour la victoire du peuple

[8:18] Cependant la puissance de Dieu l’accompagne et tout réussit, quoique la manifestation de cette puissance ne soit pas telle qu’à Jéricho. Enfin, par la direction de Dieu, Josué étend vers la ville le javelot qui était dans sa main. Il ne paraît pas que l’embuscade l’ait vu, ni que ce fût un signal convenu1. [8:19] Mais aussitôt qu’il est étendu, l’embuscade se lève, entre dans la ville et y met le feu. C’est ainsi que le Seigneur, agissant par son Esprit au moment opportun, produit de l’activité en ceux même qui ne savent peut-être pas pourquoi. À un moment donné, ils sont poussés en avant, et croient agir par des motifs qui leur sont propres, tandis que c’est le Seigneur qui dirige tous leurs mouvements, afin qu’ils correspondent à ce qui se fait ailleurs sous sa main, et amène ainsi la réussite de toute l’affaire.

1 Il paraît d’autant plus que ce n’était pas un signal convenu et que cet acte a le sens que je lui donne ici, que Josué ne retira pas le javelot, jusqu’à ce qu’on eût entièrement défait les habitants d’Aï, à la façon de l’interdit [(8:26)], ce qui ne s’accorde pas avec l’idée d’un simple signal.

Le Seigneur met tout en mouvement pour amener le résultat qu’Il veut

Il est d’un grand intérêt de voir le Seigneur être ainsi le ressort caché de toute l’action, donnant l’impulsion à l’activité des siens qui, en détail, ignorent ce qui les met en mouvement, quoique en général ils aient la révélation des pensées de Dieu, comme Israël avait la direction générale de Josué. [8:18] Lorsque Christ étend le javelot, [8:19] tout se met en mouvement pour accomplir les desseins de sa sagesse et amener les résultats voulus de sa puissante grâce. Que nous ayons seulement de la foi pour le croire !

Ch. 8 v. 30-35 — Josué prend possession du pays au nom de l’Éternel]

La victoire vient de la puissance du Seigneur, et Israël s’empare du pays promis

Il nous reste encore dans ce chapitre deux autres points importants à considérer. Le Seigneur avait déjà montré dans la prise de Jéricho, que c’était sa puissance seule qui faisait remporter la victoire, ou plutôt qui mettait tout dans les mains d’Israël, le prince de ce monde n’ayant aucune force contre lui ; et que, l’or et l’argent étant à l’Éternel [(6:19)], le peuple ne devait pas chercher dans le monde conquis les trésors qu’il contenait, ni s’enrichir de ses dépouilles [(6:17-18)]. En général cependant Israël, ayant exterminé entièrement ses ennemis, s’empare de tout comme du pays de promesse [(8:27)].

Conditions de la prise de possession : puissance de Dieu avec Son peuple, et Sa sainteté maintenue

Maintenant que ces deux grands principes sont posés, savoir que la puissance de Dieu est avec son peuple, et qu’il veut que la sainteté et la consécration à Lui soient conservées dans le camp, Josué prend formellement possession de tout le pays comme appartenant à l’Éternel.

Pays vu comme appartenant à l’Éternel, par la force spirituelle

Ce n’est pas ici célébrer le mémorial de leur délivrance par le sang de l’Agneau [(5:10)], ni se nourrir du cru du pays céleste dans le lieu du repos où l’on se souvient en paix de la grâce et de la perfection de Christ et de l’œuvre de rédemption qu’il a accomplie [(5:12)]. Le peuple traite le pays même, comme appartenant de droit à l’Éternel, selon la puissance de la force spirituelle qui est en activité, pour faire valoir ses droits, et qui les reconnaît lors même que la conquête du pays n’est encore que commencée. À Jéricho on participait (en figure) à la croix et aux choses célestes, sans qu’il fût question de combattre.

Preuves données pour manifester que le pays appartient à l’Éternel

Ch. 8 v. 29 — Respect de la loi manifestant la victoire complète

Ici, les conditions du combat posées, on déclare d’avance publiquement que le pays est à l’Éternel. Quoique Satan soit encore en possession du terrain contesté de la puissance spirituelle, de droit il appartient à l’Éternel. Voici deux faits par lesquels Josué le constate. [8:29] Il fait descendre de la potence le corps du roi d’Aï, avant le coucher du soleil. C’était l’ordonnance de Deutéronome 21:22-23 : « Son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois ; mais tu l’enterreras sans faute le jour même, car celui qui est pendu est malédiction de Dieu ; et tu ne rendras pas impure la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage ». — La victoire d’Israël était complète. La malédiction pesait sur les ennemis qui étaient les ennemis de Dieu. Ils étaient faits malédiction et signalés comme tels. Or, selon la foi de Josué, la terre était déjà tellement donnée à Israël de par l’Éternel, qu’elle ne devait point être souillée, de sorte qu’il fit descendre le corps mort de la potence pour qu’elle ne le fût pas en effet.

Ch. 8 v. 30 — Autel dressé sur la montagne d’Ébal, selon le commandement divin

Lien entre le peuple et Dieu, en jouissant des effets de Sa grâce

[8:30] Le second fait c’est que Josué bâtit l’autel sur la montagne d’Ébal. Ayant pris possession de Canaan comme terre consacrée, ils reconnaissent l’Éternel comme le Dieu d’Israëlen l’adorant sur cette terre. L’autel était là, comme témoignage et comme lien entre le peuple et l’Éternel qui lui avait donné le pays. En étudiant le Deutéronome, il a déjà été fait mention de l’emplacement de cet autel ; je n’y reviens pas (Deut. 27:4-8). Je laisse au lecteur à juger si Josué eût mieux fait de dresser cet autel, aussitôt après avoir passé le Jourdain. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas toujours à Dieu que nous pensons premièrement, lorsque nous jouissons des effets de sa puissance. C’est bien notre folie, soit pour ce qui concerne la joie, soit pour ce qui tient à la sûreté.

Rappel de toute la loi de Dieu donnée au peuple en gouvernement

[8:34] Josué fait lire ici non seulement les malédictions attachées comme menaces aux violations de la loi, [8:35] mais aussi tout ce qui parlait des voies de Dieu dans son gouvernement du peuple.