Josué

Chapitre 1er

Ch. 1 v. 1-6 — Ordre de l’Éternel à Josué pour faire entrer le peuple en Canaan

Ch. 1 v. 1-2 — Josué, employé par Dieu pour faire passer le Jourdain à Israël

[1:2] Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël.

Possession des promesses commandées par Moïse de la part de Dieu

Arrêtons-nous un instant sur cette commission directe de l’Éternel. Moïse tient ici la place, non du médiateur vivant, mais de la Parole écrite. Tout ce qu’il a commandé, l’ayant été de la part de Dieu, était, il est évident, la parole de Dieu pour Israël. Josué est l’énergie qui lui fait posséder les promesses.

Ch. 1 v. 3-6 — Prise de possession en usant de la puissance de Dieu par l’Esprit]

[1:3] Premièrement, nous avons le principe de la prise de possession. Ce n’est pas par le simple exercice de la puissance divine, comme cela aura lieu à la fin des temps, mais par l’énergie de l’Esprit et en rapport avec la responsabilité de l’homme. [1:4] Les limites du pays de la promesse sont données, mais la connaissance des limites assignées de Dieu ne suffisait pas ; Dieu les avait tracées très exactement, [1:3] mais la possession était attachée à une condition : « Je vous ai donné tout lieu que foulera la plante de votre pied ». Il fallait y aller, surmonter les obstacles avec le secours et par la puissance de Dieu, et en prendre possession de fait. Sans cela, ils ne le posséderaient pas ; et, en effet, c’est ce qui est arrivé. Ils n’ont jamais pris possession de tout le pays donné de Dieu. [1:5] Cependant, pour la foi, la promesse était sûre. « Personne ne tiendra devant toi, tous les jours de ta vie ». La puissance de l’Esprit de Dieu, de Christ par son Esprit (vraie énergie du croyant), suffit à tout. Car elle est, en effet, la puissance de Christ lui-même, qui a toute puissance. En même temps la promesse de n’être jamais délaissé ni abandonné conservait toute sa force. Voilà, dans le service du Seigneur, sur quoi l’on peut compter : — sur une telle puissance de sa présence que nul ne subsistera devant son serviteur, puissance qui ne l’abandonne jamais. [1:6] C’est avec un tel encouragement, que celui qui marche par l’Esprit est appelé à se fortifier et à être ferme (v. 6).

Ch. 1 v. 7-9 — Principes de la vie spirituelle, pour Josué

Ch. 1 v. 7 — Force spirituelle pour obéir selon la parole de Dieu

Nécessité du courage de la foi pour marcher selon Dieu et non selon l’homme

[1:7] Vient ensuite, au verset 7, l’exhortation de l’Éternel : « Seulement fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon toute la loi que Moïse, mon serviteur (titre qui lui est toujours donné ici), t’a commandée » (voyez Deut. 31:6, 8). La force et l’énergie spirituelle, le courage de la foi sont nécessaires, pour que le cœur ait assez de confiance pour obéir et soit libre des influences, des craintes et des motifs qui agissent sur l’homme naturel et tendent à détourner le croyant du chemin de l’obéissance, et qu’il puisse faire attention à la parole de Dieu.

La force de la présence de Dieu est indispensable contre la chair

Rien de si déraisonnable, dans le monde, que la marche présentée dans la Parole ; rien qui nous expose comme elle à la haine de son prince. Si donc Dieu n’est pas avec nous, rien de si insensé ; s’il y est, rien de si sage. Si l’on n’a pas la force de sa présence, on n’ose pas prendre garde à sa Parole, et dans ce cas il faut bien se garder de commencer la guerre. Mais, ayant le courage qu’inspire la toute-puissance de Dieu par sa promesse, on peut retenir la bonne et précieuse Parole de notre Dieu ; ses préceptes les plus sévères ne sont que la sagesse pour discerner la chair, et une direction pour la mortifier ; de sorte que la chair ne nous aveugle ni ne nous entrave.

Le chemin de la communion avec Dieu est celui du combat, avant le bonheur éternel

Le chemin le plus difficile, celui qui nous mène aux plus rudes combats, n’est que le chemin de la victoire et du repos, nous faisant avancer dans la connaissance de Dieu. C’est le chemin dans lequel on est en communion avec Dieu, Lui qui est la source de toute joie ; ce sont les arrhes et l’avant-goût du bonheur éternel et infini.

Avancer selon l’ordre divin pour faire Son œuvre, par grâce

[1:7] Si seulement cette parole du Dieu souverain se fait entendre : « Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras », quelle joie pour celui qui, par la grâce, se met en avant pour faire l’œuvre de Dieu !

Ch. 1 v. 8 — Étude de la Parole pour marcher selon Dieu

Principes de l’activité spirituelle : puissance de Dieu et soumission à Sa Parole

[1:8] Puis l’Éternel l’exhorte à l’étude assidue de ce Livre de la loi, « alors tu feras réussir les voies, et alors tu prospéreras ». Voilà donc les deux grands principes de la vie et de l’activité spirituelles : — l° [1:5] La présence assurée de la toute-puissance de Dieu, de sorte que rien ne pourra subsister devant son serviteur ; — 2° [1:7] la réception de sa Parole ; la soumission à sa Parole ; [1:8] l’étude assidue de sa Parole, la prenant pour guide absolu du chemin, ayant le courage de le faire à cause de la promesse et de l’exhortation de Dieu.

L’Esprit et la Parole, indissociables pour suivre le chemin de Dieu

En un mot, l’Esprit et la Parole sont le tout de la vie spirituelle. Munie de cette force, la foi va en avant, fortifiée par la parole encourageante de notre Dieu. Dieu a un chemin dans le monde où Satan ne peut nous atteindre. C’est le chemin où Jésus a marché. Satan est le prince de ce monde, mais il y a un chemin divin pour le traverser et il n’y en a pas d’autre. C’est là qu’est la puissance de Dieu. La Parole en est la révélation. Ce fut ainsi que le Seigneur lia l’homme fort [(Marc 3:27)]. Il agit par la puissance de l’Esprit et se servit de la Parole. On ne saurait séparer l’Esprit et la Parole, sans tomber dans le fanatisme d’un côté, ou dans le rationalisme de l’autre, sans se mettre hors de la dépendance et de la direction de Dieu. La raison s’emparerait des uns, l’imagination des autres.

La raison et l’intelligence de l’homme le mettent sous l’influence de Satan

Au reste, rien de plus imaginatif que la raison dépourvue d’un guide ! Comme résultat, l’ennemi des âmes s’emparerait des uns et des autres. On aurait l’homme sous l’influence de Satan, à la place de Dieu. Triste échange, dont l’incrédule se console en se flattant qu’il n’y a rien au-delà de sa portée, parce qu’il réduit tout aux limites de sa propre intelligence. J’avoue que rien ne me paraît plus mesquin que cette incrédulité qui prétend qu’il n’y a rien dans la sphère morale et intellectuelle au-delà des pensées de l’homme, et qui refuse à l’homme la capacité de recevoir des lumières d’une intelligence plus excellente, seule chose qui élève l’homme au-dessus de lui-même tout en le rendant moralement excellent, en lui donnant de l’humilité par le sentiment de la supériorité d’un autre.

Recevoir la sagesse de Dieu met l’homme à sa vraie place

Béni soit Dieu de ce qu’il s’en est trouvé qui ont profité de la grâce qui a communiqué à l’homme de sa sagesse parfaite ! Lors même que le vase imparfait qui l’a reçue en a altéré un peu les traits et la perfection, néanmoins ils en ont profité pour se mettre à leur place. Heureuse place devant la présence de Celui dont la connaissance est la joie infinie et éternelle !

Ch. 1 v. 9 — Agir selon la volonté de Dieu et avec Lui

Courage d’agir en ayant le sentiment que c’est le commandement de Dieu

[1:9] Il y a encore une règle pratique importante à reconnaître dans ces paroles, 1:9 : Ne t’ai-je pas commandé ? Si l’on n’a pas la conscience de faire la volonté de Dieu ; si, avant de commencer d’agir, on ne s’en est pas assuré auprès de Lui, jamais on n’aura de courage dans l’exécution. Peut-être bien que ce qu’on fait est la volonté de Dieu ; mais, n’en ayant pas la conscience, on agira avec hésitation, sans courage et sans joie ; on reculera devant la moindre objection. Tandis que, lorsqu’on est assuré d’être dans la volonté de Dieu, et qu’Il a dit : Ne t’ai-je pas commandé ? rien, par la grâce, ne saurait nous effrayer.

La force dans l’œuvre ne vient pas de la révélation, mais de la présence de Dieu

J’ajoute cependant un mot, ou plutôt j’attire l’attention du lecteur sur ce que Dieu dit. Car, bien que le commandement de Dieu inspire un courage qu’on n’aurait pas eu sans cela, aucune révélation n’est par elle-même la force pour agir ; [1:9] mais Dieu ajoute : « Ne te laisse point terrifier, et ne sois point effrayé ; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras ». Nous avons dans le Nouveau Testament un exemple frappant du principe dont je viens de parler. L’apôtre Paul monte dans le troisième ciel, où il entend des choses dont il n’est pas permis à l’homme de parler [(2 Cor. 12:2, 4)]. Est-ce que cela a été sa force dans le combat ? Sans doute cela donnait à ses vues une portée intérieure qui réagissait sur toute son œuvre, mais ce n’était pas sa force dans l’œuvre. Au contraire, cela tendait à alimenter la fausse confiance de la chair. Au moins la chair en aurait profité pour s’enorgueillir [(2 Cor. 12:7)].

Exemple de Paul en 2 Cor. 12:1-10 et nécessité de l’infirmité de la chair

[2 Cor. 12:7] De telles révélations rendaient l’humiliation nécessaire, et amenaient de la part de Dieu, non de nouvelles grâces (quoique tout fût grâce), mais ce qui humiliait et rendait l’apôtre infirme et méprisable1 selon la chair [(2 Cor. 10:10)]. [2 Cor. 12:10] Alors, étant faible, la force lui est donnée autrement : non dans l’emploi, ni dans la conscience des révélations, cela l’aurait rendu faible en prêtant à l’élévation de la chair, mais dans la grâce et la force de Christ qui agissait dans cette infirmitéLà était sa seule force ; [2 Cor. 12:9] et il se glorifie de cette infirmité dans laquelle la puissance de Christ s’accomplissait en lui, qui était l’occasion de la manifestation de cette puissance, et qui, en démontrant que Paul était faible, démontrait que Christ lui-même était dans l’œuvre avec Paul. Il nous faut toujours une force immédiate de Christ, agissant de sa part, — force qui s’accomplit dans l’infirmité, pour faire son œuvre — force constante ; hors de lui nous ne pouvons rien faire. Souvenons-nous de cette vérité.

1 Une vaine curiosité cherche quelle pouvait être cette écharde. Peu nous importe ce que c’était. Il peut y avoir une écharde différente pour chaque cas où Dieu trouve bon d’en envoyer. Ce sera toujours quelque chose de propre à humilier celui qui en a besoin. Il suffit pour notre instruction spirituelle de savoir, par la Parole, que c’était, quant à Paul, une infirmité qui tendait à le faire mépriser dans sa prédication (voyez Gal. 4:14 ; 2 Cor. 10:10). Le but de Dieu dans une telle épreuve est trop évident à toute âme spirituelle, pour qu’il soit nécessaire d’y insister.

Ch. 1 v. 12-18 — Cas de ceux qui ont choisi leur héritage en deçà du Jourdain

Héritage choisi hors de Canaan, bien que dans les limites d’Israël

Je n’ajoute qu’un mot sur la fin du chapitre. [1:14] Il est des chrétiens (je ne puis dire approuvés de Dieu) qui s’arrangent en deçà du Jourdain (c’est-à-dire en deçà de la puissance de la mort et de la résurrection appliquées à l’âme par l’Esprit de Dieu). Le territoire où ils s’établissent n’est pas l’Égypte ; il est au delà de la mer Rouge ; il est dans les limites du pays d’Israël ; hors d’Égypte et en deçà de l’Euphrate, fleuve babylonien. Mais ce n’est pas Canaan. C’est un pays qu’ils ont choisi pour leur bétail et pour leurs possessions ; ils y établissent leurs enfants et leurs femmes. Ce n’est pas Josué qui a conquis ce pays-là ; ce n’est pas le lieu du témoignage de la puissance de l’Esprit de Dieu, ce Canaan qui est au-delà du Jourdain.

Participation aux combats d’Israël, et exposition première à l’ennemi

[1:14] Cependant, lors même qu’on peut y placer ses enfants et les siens, il faut, bon gré malgré, que les hommes de guerre prennent part aux combats des enfants de Dieu, [1:15] qui ne veulent du repos que là où se trouve la puissance de Dieu, c’est-à-dire en Canaan, dans les lieux célestes, tous les ennemis en ayant été chassés. Aussi, lorsque le péché d’Israël, et la faiblesse qui en était la suite, ont exposé le peuple aux attaques triomphantes de leurs ennemis, des ennemis de Dieu, ce pays est tombé le premier en leur pouvoir. « Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? » (1 Rois 22:3) n’a pas porté bonheur au peuple mécontent de sa perte. [1:16-17] Pour le moment tout allait bien, c’est-à-dire aussi longtemps que Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé demeuraient sous l’autorité de Josué, et que, par lui, la puissance de Dieu conduisait le peuple. [1:18] Eux aussi, disent à Josué ce que Dieu lui avait dit : « Fortifie-toi et sois ferme ».

Tristes conséquences d’une marche dans un chemin inférieur à celui de Dieu

Que de fois, au milieu des enfants de Dieu, il s’introduit une marche ou un principe inférieur à l’excellence de l’œuvre qui se fait dans l’intention de Dieu ; qui, aussi longtemps que la puissance de Dieu agit selon cette intention, ne se dégage pas, pour ainsi dire, de l’œuvre, pour se mettre en relief et y produire de l’affliction et du malaise ! Mais, lorsque le fleuve divin baisse à la suite de l’infidélité de l’homme, alors paraissent des fruits amers : des pertes spirituelles, de la faiblesse, de l’amertume de cœur, de ces divisions qui résultent de l’impossibilité de concilier ce qui est spirituel avec ce qui est charnel, et de conserver un témoignage spirituel en se conformant à la marche du monde [(chap. 23)]. Or, ce témoignage est au-delà du Jourdain. Que les deux tribus et demie suivent ce chemin, à la bonne heure [(22:19)] ; mais on ne peut sortir de Canaan pour prendre place avec elles. Hélas ! ces belles prairies, propres à nourrir le bétail, n’ont trouvé que trop de Lot et de tribus d’Israël pour s’y arrêter en pure perte. Les bas-fonds qui se rencontrent dans notre voyage chrétien se traversent sans danger peut-être à la marée haute ; mais, lorsque la marée est basse, il faut des pilotes habiles pour les éviter et flotter toujours dans le plein courant de la grâce de Dieu, dans le lit qu’elle s’est creusé elle-même, et pour elle-même ; mais il en est un sûr et constant, et nous y sommes en sûreté si nous sommes contents de le suivre. Dieu nous a donné ce qu’il faut pour cela. Peut-être faudra-t-il se contenter d’un petit canot — le pilote infaillible y sera.

Les pensées de la foi ne regardent qu’aux promesses, non aux considérations matérielles

Au premier moment, Moïse n’avait pas été satisfait de la proposition des deux tribus et demie [(Nomb. 32)]. La chose était permise sans doute. Mais, en général, les premières pensées de la foi sont les meilleures ; elles n’envisagent que les promesses, le plein effet des promesses et des pensées de Dieu. Les considérations qui viennent après ne se rapportent pas à cela.