Genèse

Chapitres 10 et 11

Voies de l’homme et ordre divin dans le monde nouveau

Les chapitres 10 et 11 nous présentent le monde tel qu’il a été peuplé et constitué à la suite du déluge, et les voies des hommes dans ce monde nouveau ; la grande scène de tout le développement de la race humaine qui a peuplé ce monde après le déluge, ainsi que les principes et les jugements sur lesquels il est fondé. Le chapitre 10 présente les faits ; le chapitre 11 nous raconte [11:1-9] comment ils s’accomplirent en jugement ; [11:10-26] puis la famille de Jéhovah reconnue, pour tracer la généalogie jusqu’au vase de la promesse : en un mot l’ordre de choses que Dieu a établi en général. [10:32] La postérité de Noé est donnée par familles et par nations (chose nouvelle sur la terre), [10:10] du sein desquelles, dans la race de Cham, s’élève la première puissance qui ait dominé par sa propre force et fondé un empire ; car ce qui est selon la chair vient le premier. [11:4] À côté de cela, nous trouvons ensuite l’association unanime des hommes, dans le but de s’élever contre Dieu et de se faire un nom indépendant de lui1 : [11:9] effort qu’il caractérise du nom de Babel2, en confondant leur projet, et qui n’aboutit qu’au jugement et à la dispersion de la race, dont les membres deviennent, dès lors, jaloux et ennemis les uns des autres ; [11:10] enfin, nous avons la généalogie de la famille dont Dieu s’appelait lui-même le Dieu ; [9:26] car, de Sem, il a été dit : « Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem »3.

1 L’idée que les hommes avaient voulu bâtir une tour assez élevée pour échapper à un nouveau déluge est une chose dont il n’y a pas la plus petite trace dans ce passage : leur tentative était l’effort, l’orgueil des hommes se coalisant pour se faire un centre et un nom sans Dieu. La naissance de la puissance et de la domination impériales, dans lesquelles la volonté et l’énergie individuelles prirent le dessus, vint après. Ce sont deux phases de l’effort humain sans Dieu.

2 [Act. 2:4] Il est beau de voir Dieu s’élever dans la Pentecôte au-dessus de cette confusion, et trouver, dans les effets du jugement même, le moyen de s’approcher du coeur de l’homme. Ainsi la grâce s’élevait par-dessus le jugement, lors même qu’elle ne s’exerçait pas avec la puissance qui régénère le monde.

3 Jusqu’à ce verset, c’est toujours simplement « Élohim », Dieu.

Ch. 10 — Répartition du monde entre les hommes, selon Dieu

Quelques mots suffiront pour faire sentir l’importance de ces chapitres : les précédents nous donnaient, après la création, les grands principes originels de la ruine de l’homme, aboutissant au jugement qui mit un terme à l’ancien monde. Ici, nous trouvons l’histoire de notre monde actuel, et, comme toujours dans la Genèse (qui découvre les racines de tout ce qui devait être, pour la révélation des pensées de Dieu et du développement de son gouvernement), vu dans ses grands principes et dans ses sources originelles, qui impriment leur caractère aux résultats, jusqu’à ce qu’un autre jugement de la part de Dieu efface tout, sauf la responsabilité de l’homme, et donne lieu à un autre et meilleur monde. [10:32] Le résultat de cette histoire, c’est que le monde est réparti par familles. Les habitudes modernes de ce monde ont pu effacer le souvenir et l’intelligence de ce fait, mais la puissance en subsiste. Il a ses racines dans le jugement de Dieu, et à mesure que la forme acquise de ce monde s’affaiblira, on l’apercevra toujours davantage, comme d’ailleurs il agit en réalité maintenant. [10:1] Les chefs de ces familles sont au nombre de trois, d’abord nommés dans cet ordre : Sem, Cham et Japhet ; le premier formant la famille dans laquelle l’alliance devait être établie sur la terre et avec laquelle Dieu voulait être en relation ; puis, celui qui serait en hostilité avec la famille de Dieu, et enfin, quoiqu’il fût l’aîné et le plus orgueilleux, Japhet, le Gentil.

Ch. 10 v. 2-5 — Japhet, le Gentil

[10:2] Dans le détail, Japhet est nommé le premier. [10:5] Les îles des Gentils sont les contrées en général qui nous sont le plus connues ; elles sont peuplées des descendants de Japhet.

Ch. 10 v. 6-20 — Cham, l’homme charnel, opposé à Dieu

Mais les grandes questions morales et la puissance du bien et du mal dans le monde s’élevèrent ailleurs, et le mal alors prima le bien, car c’était le jour de l’homme. L’Orient, comme nous l’appelons, était entre les mains de Cham. |10:8] C’est là que, pour la première fois, le pouvoir s’établit par la volonté de l’homme en Nimrod, [10:9] qui fut un puissant chasseur : [10:10] il employa la force et l’adresse pour amener les hommes indomptés ainsi que les animaux sous sa domination. Des villes s’élevèrent ; mais Babel fut le commencement de son règne. [10:11] D’autres furent envoyés pour bâtir ou conquérir. [10:13] Alors viennent les Égyptiens bien connus, « Mitsraïm ». [10:15-18] Une autre branche de cette famille est signalée, comme composée des peuplades [10:19] qui possédaient l’héritage que Dieu destinait à son peuple.

Ch. 10 v. 21-31 — Sem, la famille en relation avec Dieu

[10:21] Sem vient le dernier ; il est le père des Hébreux, le frère de celui qui, possesseur du droit d’aînesse, l’a longtemps méprisé.

Tel est le résultat général du peuplement du monde sous la direction de Dieu.

Ch. 11 v. 1-9 — Jugement divin pour disperser l’homme dirigé par sa volonté propre

Voici comment cela eut lieu : [11:4]l’homme chercha à se faire un centre ; Adam, vivant sur la terre, aurait pu en être le centre et le lien avec Dieu ; mais la volonté ne voit que soi. Noé, dont l’influence eût été juste et bonne, n’a pas de place dans l’histoire depuis son sacrifice, [9:21] à l’exception du fait par lequel il perdit la position d’autorité qui lui appartenait, en tombant dans le péché et ne sachant pas se gouverner lui-même1. Dès lors, la volonté propre imprima son caractère sur tout ; mais que faire avec une multitude de volontés, toutes impuissantes comme centres ? [11:4] On chercha un centre et un intérêt commun, indépendant de Dieu et excluant Dieu. [9:1] Les hommes devaient remplir la terre, [11:4] mais ils ne pouvaient consentir à se disperser en paix et à devenir ainsi sans importance. Il leur fallait acquérir de la réputation pour être un centre, et [11:9] Dieu, par un jugement, disperse et répartit en nations ceux qui ne voulaient pas remplir la terre en paix par familles. Des langues et des nations doivent être ajoutées aux familles pour désigner les hommes sur la terre. [10:10] La place jugée devient le siège de la volonté énergique d’un homme, — de la puissance apostate : le commencement du règne de Nimrod fut Babel. Les langues devenaient une bride pour les hommes, un lien de fer autour d’eux.

1 Ce fait est très frappant et caractéristique dans l’histoire de l’homme, après le déluge : il constate clairement et pleinement ce que l’homme devint.

Ch. 11 v. 10-26 — Histoire de Dieu avec l’homme dans Son gouvernement

[11:10] Avec Sem, l’histoire de Dieu commence ; [9:26] Il est l’Éternel, Dieu de Sem : [11:10-26] nous avons des dates et des époques, car, quelque forte que soit la volonté de l’homme, Dieu gouverne, et le monde doit obéir ; l’homme appartient à Dieu. [11:19] Ici, nous voyons encore depuis quand l’âge des hommes fut abrégé [10:25] et la terre divisée, car après tout Dieu en dispose. [11:25] La vie de l’homme perdit encore une moitié de la durée à laquelle elle avait été réduite, après avoir déjà subi une diminution analogue immédiatement après le déluge. [11:26] Le peuple de Dieu a toujours été le centre de l’histoire connue. Ceci nous amène jusqu’à Abram. Et ici encore, un nouvel élément de mal était devenu universel, au moins en pratique ; nous voulons parler de l’idolâtrie (voyez Josué 24:2), quoiqu’elle ne soit pas mentionnée ici. Nous avons l’homme dans le monde, et en Sem les plans providentiels et secrets de Dieu. Cependant cela finit par la puissance du mal.

L’idolâtrie sur la terre

[6:5] Nous avons vu la méchanceté [6:11] et la violence de l’homme, [11:4] sa rébellion contre Dieu, et l’adresse de Satan pour l’amener là ; mais ici un pas immense est fait, une forme effrayante du mal paraît sur la scène. Satan occupe avec puissance l’esprit de l’homme, où il s’empare de l’idée de Dieu, en se plaçant lui-même entre Dieu et l’homme, en sorte que celui-ci adore les démons comme Dieu [(1 Cor. 10:19-20)]. L’Écriture ne nous dit pas quand l’idolâtrie commença, mais le passage indiqué ci-dessus [(Jos. 24:2)] montre qu’elle avait souillé même la famille de Sem, dans la branche de cette famille dont l’Écriture elle-même nous donne la généalogie comme celle de Dieu sur la terre, à l’époque où nous sommes arrivés. Il pouvait y avoir des individus pieux, mais le lien qui unissait le monde avec Dieu était rompu. Ils s’étaient livrés au culte et à la puissance de Satan même dans la famille de Sem qui, comme race, était en relation avec Dieu. Quel tableau de la nature humaine ! Quel tableau de la patience de Dieu !