Genèse

Chapitre 1er

Examinons donc ce livre avec un peu de suite.

La Création et son chef, l’homme, puis le repos de Dieu

Premièrement, nous avons la Création [1:26] au milieu de laquelle l’homme se trouve placé comme centre et comme chef. Elle nous montre l’œuvre de Dieu, [2:2-3] et puis, à la suite de cette œuvre, le repos de Dieu, repos du travail sans que l’idée de quelqu’un qui y participe y soit présentée. Dieu lui-même se reposait de son œuvre ; [1:26] l’homme va y prendre sa place bienheureuse, comme chef. Mais ici quelques considérations doivent nous arrêter un instant.

Révélation divine quant à la Création

Le récit de la Création, non une histoire, mais ce qui en est utile à l’homme

Cette révélation de la part de Dieu n’est pas une histoire de tout ce que Dieu a fait, mais ce que Dieu a donné à l’homme pour son profit, la vérité quant à tout ce avec quoi il a à faire : son objet spécial est de communiquer à l’homme ce qui concerne ses propres relations avec Dieu. Mis en rapport avec le second Adam, l’homme connaîtra un jour comme il a été connu [(1 Cor. 13:12)], et déjà, par le moyen de l’œuvre de Christ, il a cette onction de la part du Saint, par laquelle il sait toutes choses [(1 Jean 2:20)] : mais historiquement la révélation est partielle, elle se borne à communiquer ce qui intéresse la conscience et les affections spirituelles de l’homme. Il en est de même de toute la Bible.

Ce qui est dit de la Création se rapporte à la position de l’homme

Rien n’est dit de la Création que ce qui place l’homme dans la position que Dieu lui avait assignée dans sa création même, ou ce qui lui présente cette sphère de son existence comme l’œuvre personnelle de Dieu. Ainsi, il n’est pas fait mention des êtres célestes, ni de leur création : on ne les trouve qu’au moment où ils ont des relations avec l’homme, bien que, plus tard, il soit clairement reconnu, comme vérité, qu’ils sont créés de Dieu [(Col. 1:16)].

 Ch. 1 v. 1-2 — Ce qui est dit de la Création concerne la forme actuelle de la terre

De même encore, quant à cette terre, il n’en est rien dit, sauf ce qui se rapporte à sa forme présente. [1:1] Le fait est constaté que Dieu a créé toutes choses, — tout ce que l’homme voit, tout l’univers matériel. « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». [1:2] Ce qui peut être arrivé entre ce moment et celui où la terre (car c’est d’elle seulement qu’il est parlé) était vide et sans forme, est laissé dans une entière obscurité : les ténèbres couvraient alors la surface de l’abîme, mais il n’est question des ténèbres que comme couvrant la face de l’abîme.

Ordre de la Création

L’œuvre est toute de Dieu, et l’homme en jouit

Dieu fit sortir la terre de cet état de chaos et de ténèbres où elle était, [1:3] y introduisant en premier lieu la lumière par sa parole, [1:9] puis il forma les mers et le sec [1:11] et la couvrit de plantes [1:24] et de créatures vivantes. [1:26] Une fois la terre ainsi préparée et formée, l’homme, fait à l’image de Dieu, y est placé comme dominateur de tout ce qui s’y trouvait ; [1:29] ses fruits lui sont donnés pour nourriture, [2:2] tandis que Dieu se repose de son travail, [2:3] et signale par sa bénédiction le jour qui vit la fin de son œuvre. [2:15-16] L’homme jouit des fruits des travaux de Dieu, plutôt qu’il ne participe au repos, car il n’a nullement pris part au travail.

Étapes de la Création, et place spéciale de l’homme

L’ordre de cette œuvre créatrice de Dieu a été celui-ci :

Dans les quatre premiers jours, Dieu fait sortir la lumière et l’ordre du sein des ténèbres et de la confusion. [1:3] Le premier jour, la lumière ; [1:7] la scène de la puissance céleste au-dessus de la terre, le second jour ; [1:9] Il sépara ce qui était formé et en ordre, d’une part, d’avec la masse puissante mais sans forme, des eaux, d’une autre part ; [1:11] puis, il orna de beauté et de fertilité la scène habitable et mise en ordre, dans le troisième jour. [1:16-18] Les symboles d’une puissance directrice furent mis, d’une manière visible, à leur place, le quatrième jour. Le théâtre du développement et de la domination de l’homme était formé ; l’homme n’y était pas encore. [1:20] Mais avant de créer l’homme, Dieu créa des êtres vivants de toute espèce dans les mers, [1:24] sur la terre [1:20] et dans l’air, [1:22] qui devaient se propager et multiplier les preuves de la puissance vivifiante de Dieu, par laquelle il pouvait communiquer à la matière une énergie vivante. Ainsi, non seulement fut formée une scène où les conseils de Dieu envers l’homme pouvaient se déployer, mais encore apparurent ces existences que l’homme devait gouverner de manière à manifester ses énergies et ses droits, selon la volonté de Dieu et comme tenant Sa place, comme étant Son vice-gérant sur la terre [(1:28)]. [1:26] L’homme est à part et distinct de tout, le centre de tout, le dominateur de toutes les créatures, [2:20] auxquelles il s’intéresse parce qu’elles lui appartiennent, vivant dans sa propre sphère de bonheur selon sa nature, en ordonnant, quant aux autres créatures, toutes choses en bénédiction, car toutes lui sont assujetties. [2:8] En un mot, l’homme est placé au milieu de toute cette création ainsi préparée. Mais ce n’est pas tout : il ne devait pas sortir de la matière par un simple acte de la volonté de Dieu, comme les animaux créés par cette puissance qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient, et elles existent [(Rom. 4:17)]. [2:7] Dieu forma l’homme de la poussière, puis il souffla dans ses narines une respiration de vie ; et l’homme devint une âme vivante, en relation immédiate avec Dieu. Comme l’apôtre le dit quelque part dans une citation : Nous sommes sa race [(Act. 17:28)]. [1:26] Il n’est pas dit à son sujet : « Que la terre produise ! » mais : « Faisons l’homme ! » [1:27] et il créa l’homme à son image ; [1:28] il le créa, sans doute, pour multiplier comme les autres créatures vivantes, mais il lui donna la domination sur elles et en fit le centre et le chef de la Création de Dieu sur la terre. [1:29] Les semences de cette terre féconde lui furent données pour nourriture ; [1:30] l’herbe verte qu’elle produisait fut de même donnée aux animaux. La violence et la mort n’existaient pas encore1.

1 Rien n’est plus marqué que la position distincte de l’homme, — cet être en qui aussi devaient s’accomplir les conseils de Dieu qui prend ses délices dans les fils des hommes [(Prov. 8:31)] et a manifesté son bon plaisir dans les hommes (non pas seulement sa bonté envers eux), par le fait que son Fils est devenu homme [(Luc 2:14)]. Ici, sans doute, nous avons l’homme responsable, mais la différence qu’il y a entre lui et toutes les autres créatures est aussi marquée que possible. Les jours de la Création finissent avec la formule ordinaire : « Et Dieu vit que cela était bon » (chap. 1:25), avant que l’homme soit mentionné. [1:26] Alors vient un conseil solennel qui donne à l’homme une place spéciale : Dieu veut le créer à sa propre image et à sa propre ressemblance. [1:27] Nous retrouvons deux fois ces mots : « Ainsi Dieu créa l’homme à sa propre image ». Faire de l’homme un simple animal est une chose monstrueuse qui renverse cette double déclaration emphatique de Dieu Lui-même et n’en tient pas compte. Dans l’ordre des créatures, l’homme est évidemment la contrepartie des voies de Dieu, quoique ceci ne soit accompli pleinement qu’en Christ, comme nous le montre le Ps. 8 (Comparer Rom. 5:14 et Hébr. 2).

Ch. 1 v. 26 — Position de l’homme dans la Création

Nous verrons, dans le chapitre 2, un autre principe d’une immense importance, qui apparaît relativement à l’homme, quand la question de ses relations avec Dieu est mise en avant. [1:26] Ici, c’est la création de l’homme, comme distincte de toute autre ; il est présenté comme l’ouvrage ou la créature de Dieu, le chef et le centre de tout le reste, le dominateur sur tous les êtres créés. Mais nous pouvons remarquer que quoique l’homme représente Dieu et soit fait à sa ressemblance, il n’est question ici ni de justice, ni de sainteté ; celles-ci ont été introduites par la rédemption et la participation à la nature divine. Il y avait l’absence, mais l’ignorance du mal, non ce que Dieu est vis-à-vis du mal. Nous avons ici la position que l’homme occupe, bien plutôt que sa nature, quoique l’absence du mal et la source d’affections condescendantes comme centre de l’être doivent avoir existé dans l’homme, ces dernières étant plutôt la ressemblance, et la position plutôt l’image.