Éphésiens

Chapitre 3

Développement du mystère, après les conseils et l’œuvre de Dieu

Ce chapitre tout entier est une parenthèse qui développe le mystère, et qui présente, en même temps, dans la prière qui le termine, le second caractère de Dieu mentionné au commencement de l’épître, savoir celui de Père de notre Seigneur Jésus Christ. Voici comment ce sujet s’introduit ici. Le premier chapitre expose les conseils de Dieu tels qu’ils sont en eux-mêmes, en ajoutant à la fin le fait que Dieu ressuscite Christ et le fait asseoir à sa droite [(1:20)]. Le second présente l’œuvre de Dieu pour former, en vivifiant d’autres personnes avec Christ [(2:5)], l’Assemblée entière de ceux qui sont ressuscités en Christ, pris par la grâce d’entre les Juifs et les gentils ; ces chapitres donnent les pensées et l’œuvre de Dieu. Le troisième chapitre traite de l’administration de ces choses confiée à Paul [(3:2)] ; il parle spécialement de l’introduction des gentils sur le même pied que les Juifs. C’était la partie entièrement nouvelle des voies de Dieu.

Ch. 3 v. 1-13 — Révélation par l’apôtre du mystère caché en Dieu

Ch. 3 v. 1-5 — Mystère de Christ révélé à Paul, mettant de côté toute séparation entre Juifs et gentils

[3:1] Paul était prisonnier pour avoir prêché l’évangile aux gentils — circonstance qui fait ressortir très clairement le caractère spécial de son ministère. Ce ministère, au fond, est présenté comme au chapitre premier de l’épître aux Colossiens. Seulement, dans cette dernière épître, le sujet tout entier est traité plus brièvement, et le principe essentiel et le caractère du mystère selon la place qu’il occupe dans les conseils de Dieu, est moins expliqué, et envisagé seulement d’un côté spécial, approprié au dessein de l’épître, savoir Christ et les gentils. [3:3] Ici, l’apôtre fait savoir qu’il avait reçu son ministère par une révélation particulière, ainsi qu’il l’avait expliqué déjà en peu de mots, [3:4] mais en paroles propres à mettre clairement en évidence la connaissance qu’il avait du mystère de Christ, [3:5] mystère qui n’avait jamais été donné à connaître dans les siècles passés, mais qui maintenant était révélé par l’Esprit aux apôtres et prophètes. On remarquera que les prophètes dont il est parlé ici sont très évidemment ceux du Nouveau Testament, puisque les communications qui leur ont été faites sont mises en contraste avec le degré de lumière accordé dans les siècles précédents. Or le mystère avait été caché dans tous les temps passés, et en effet, il avait dû être caché, car placer les gentils sur le même pied que les Juifs, eût été renverser le judaïsme tel que Dieu lui-même l’avait établi. Dieu avait soigneusement élevé un mur mitoyen de clôture [(2:14)] ; le devoir du Juif était de respecter cette séparation : il péchait s’il ne l’observait pas strictement. Le mystère mettait toute barrière de côté. Les prophètes de l’Ancien Testament, et Moïse lui-même, avaient bien montré que les gentils se réjouiraient un jour avec le peuple, mais le peuple restait un peuple séparé. [3:6] Que les gentils fussent cohéritiers et d’un même corps, toute distinction étant abolie, [3:5] c’est ce qui avait été entièrement caché en Dieu, comme partie de son dessein éternel avant que le monde fût, mais cela ne faisait pas partie de l’histoire du monde, ni des voies de Dieu à son égard, ni des promesses de Dieu révélées.

Conseil de Dieu nous donnant une place dans le ciel

C’est un conseil merveilleux de Dieu qui, en unissant des rachetés à Christ dans le ciel, comme un corps est uni à sa tête [(1:22-23)], leur donnait une place dans le ciel. Car bien que nous cheminions sur la terre et que nous soyons l’habitation de Dieu par l’Esprit ici-bas [(2:22)], dans la pensée de Dieu notre place est dans le ciel. Dans le siècle à venir les gentils seront bénis, mais Israël sera un peuple spécial et séparé.

Ch. 3 v. 6-9 — Paul révèle les richesses de Christ aux gentils et le mystère caché en Dieu

[3:6] Dans l’Assemblée, toute distinction terrestre est perdue : nous sommes tous un en Christ comme ressuscités avec Lui. [3:7] Ainsi l’Évangile de l’apôtre s’adressait aux gentils, pour leur annoncer ces bonnes nouvelles, selon le don de Dieu accordé à Paul par l’opération de la puissance divine, [3:8] pour leur proclamer non pas simplement un Messie selon les promesses faites aux pères, un Christ juif, mais un Christ dont les richesses étaient insondables. Personne ne saurait tracer jusqu’au bout, et dans tout son développement en Lui, l’accomplissement des conseils et la révélation de la nature de Dieu. Ce sont les richesses incompréhensibles d’un Christ en qui Dieu se révèle, et en qui toutes les pensées de Dieu sont accomplies et développées. [3:10] Les conseils de Dieu à l’égard d’un Christ Tête de son corps l’Assemblée [(1:23)], Chef sur toutes choses dans les cieux et sur la terre [(1:22)], d’un Christ, Dieu manifesté en chair [(1 Tim. 3:16)], étaient maintenant donnés à connaître et s’accomplissaient pour autant que se faisait le rassemblement des cohéritiers en un seul corps. [3:8] Saul, l’ennemi acharné de Jésus proclamé comme Messie, même quand ce fut par l’Esprit Saint envoyé du ciel — Saul, par conséquent, le pire des hommes — devient par la grâce Paul, l’instrument et le témoin de cette grâce, pour annoncer aux gentils ces richesses incompréhensibles. C’était sa fonction apostolique par rapport aux gentils. [3:9] Il y en avait une autre : c’était d’éclairer tous les hommes à l’égard de ce mystère qui, depuis le commencement du monde, avait été caché en Dieu. Cela répond aux deux parties du ministère de l’apôtre signalées en Col. 1:23-25, comme le verset 27 de ce même chapitre correspond au verset 17 de notre chapitre. Dieu, qui a créé toutes choses, avait cette pensée, ce dessein, avant la création, afin que lorsqu’il assujettirait toute la création à son Fils fait homme et glorifié, le Fils eût dans sa gloire des compagnons qui lui fussent semblables, membres de son corps spirituel, vivants de sa vie.

Ch. 3 v. 10-12 — Manifestation d’une sagesse cachée de Dieu, une chose nouvelle

[3:8] L’apôtre faisait connaître aux gentils les richesses insondables de Christ, qui leur donnaient une part dans les conseils de Dieu en grâce. [3:9] Il éclairait tous les hommes à l’égard, non pas précisément du mystère, mais de l’administration1 du mystère, c’est-à-dire non pas seulement du conseil de Dieu, mais de l’accomplissement dans le temps de ce conseil, réunissant l’Assemblée sous Christ son Chef. Celui qui avait créé toutes choses pour être la sphère du développement de sa gloire, avait gardé ce secret par devers Lui, [3:10] afin que l’administration du mystère, révélé maintenant par l’établissement de l’Assemblée sur la terre, fût en son temps le moyen de faire connaître aux plus élevés des êtres créés la sagesse de Dieu qui se manifestait de tant de manières diverses. Ils avaient vu la création surgir et s’épanouir devant leurs yeux ; ils avaient vu le gouvernement de Dieu, sa providence, ses jugements, son intervention en bonté sur la terre en Christ. Mais voilà un genre de sagesse tout à fait nouveau, une chose en dehors du monde, renfermée jusqu’alors dans les conseils de Dieu, cachée en Lui, de sorte qu’il n’y avait ni promesse ni prophétie qui la concernât, mais objet spécial de son dessein éternel, rattachée d’une manière particulière à Celui qui est le centre et la plénitude du mystère de la piété [(1 Tim. 3:16)], ayant une place à elle en union avec Christ, et qui, tout en étant manifestée sur la terre et placée avec Christ à la tête de la création, ne faisait pas à proprement parler partie de celle-ci : c’en était une nouvelle partie. Elle était une création nouvelle, une manifestation distincte de la sagesse de Dieu ; une partie de ses pensées jusqu’alors réservée dans le secret de ses conseils, de laquelle l’administration actuelle dans le temps, sur la terre, par l’œuvre de l’apôtre, donnait à connaître la sagesse de Dieu [3:11] selon son propos arrêté, selon son propos éternel dans le Christ Jésus. [3:12] « En qui », ajoute l’apôtre, « nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi en lui » ; et c’est selon cette relation que nous nous approchons de Dieu.

1 C’est là, à ce qu’il me parait, le vrai mot, et non « la communion ».

Ch. 3 v. 13 — Souffrances de Paul comme liées à leur position glorieuse

[3:13] C’est pourquoi eux, gentils croyants, ne devaient pas être découragés à cause de l’emprisonnement de celui qui leur avait annoncé ce mystère, car les souffrances de l’apôtre étaient la preuve et le fruit de la position glorieuse que Dieu leur avait accordée et dont les Juifs étaient jaloux.

Ch. 3 v. 14-21 — Christ dans les saints, formés comme Assemblée

Ch. 3 v. 14-15 — Prière au Père du Seigneur Jésus Christ, nom sous lequel tous se rangent

Cette révélation des voies de Dieu ne nous présente pas, ainsi que le premier chapitre, Christ comme homme ressuscité d’entre les morts par la puissance de Dieu [(1:19-20)], afin que nous soyons aussi ressuscités pour avoir part avec Lui, et qu’ainsi l’administration des conseils de Dieu soit accomplie. Elle nous fait voir Christ comme centre de toutes les voies de Dieu, le Fils du Père, héritier de toutes choses comme Fils créateur, et centre des conseils de Dieu. [3:14] C’est au Père de notre Seigneur Jésus Christ que l’apôtre s’adresse maintenant, de même qu’au chapitre premier, il s’était adressé au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ [(1:17)]. [3:15] Ainsi « toute famille » (non pas « toute la famille ») se range sous ce nom de Père de notre Seigneur Jésus Christ. Sous le nom de Jéhovah, il n’y avait que les Juifs. « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre » ; avait dit Jéhovah aux Juifs (Amos 3:2) ; « c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités ». Mais sous le nom de Père de Jésus Christ, toutes les familles, l’Assemblée, les anges, les Juifs, les gentils, tous se rangent. Toutes les voies de Dieu dans ce qu’il avait arrangé pour sa gloire, se coordonnent sous ce nom et sont en rapport avec Lui.

Ch. 3 v. 16-19 — Étendue de l’amour de Christ qui nous remplit, à la gloire de Dieu

Ch. 3 v. 16-18 — Amour de Christ, centre de toutes choses où nos cœurs sont placés

Et voici ce que l’apôtre demandait pour les saints auxquels il s’adressait : [3:18] c’était qu’ils fussent capables de saisir toute la portée de ces conseils, [3:19] et l’amour de Christ qui en était pour leurs cœurs le centre assuré. [3:16] Dans ce but, l’apôtre désire qu’ils soient puissamment fortifiés par l’Esprit du Père de notre Seigneur Jésus Christ, [3:17] et que le Christ, qui est le centre de toutes ces choses dans les conseils de Dieu le Père, habite dans leurs propres cœurs et soit ainsi le centre intelligent d’affection de toute leur connaissance — centre qui ne trouvait pas de cercle qui limitât la vue. [3:18] Celle-ci se perdait dans l’étendue que Dieu seul remplit, longueur, largeur, hauteur, profondeur1. Mais ce centre donnait en même temps aux saints une place assurée, un appui inébranlable et bien connu, dans son amour qui était aussi infini que l’étendue inconnue de la gloire de Dieu dans son déploiement autour de Lui-même. « De sorte que le Christ », dit l’apôtre, « habite dans vos cœurs » (v. 17). [3:17] Ainsi Celui qui remplit tout de sa gloire, remplit Lui-même le cœur d’un amour plus puissant que toute la gloire dont il est le centre, [3:18] et c’est afin de nous donner la force qui nous rend capables, en paix et en amour, de contempler tout ce qu’il a fait, la sagesse de ses voies et la gloire universelle dont il est le centre.

1 Christ est le centre de tout le déploiement de la gloire divine, mais il habite dans nos cœurs de manière à les placer pour ainsi dire dans ce centre, et de là leur faire contempler toute la gloire déployée. Là nous pourrions nous perdre nous-mêmes ; [3:19] mais l’apôtre nous ramène à l’amour bien connu de Christ, non pas toutefois comme à quelque chose de moins étendu, car il est Dieu, et son amour surpasse toute connaissance, de sorte que nous sommes remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu.

Christ, révélation de la gloire de Dieu, nous remplit de Lui en amour

Je le répète : Celui qui remplit tout, [3:19] remplit par-dessus tout nos cœurs. [3:16] Dieu nous fortifie selon les richesses de cette gloire qu’il déploie devant nos yeux émerveillés comme appartenant justement à Christ. [3:17] Il le fait en ce que Christ habite en nous avec la plus tendre affection, et qu’il est la force de notre cœur. [3:18] C’est comme enracinés et fondés dans l’amour, et embrassant ainsi, comme premier cercle de nos affections et de nos pensées, ceux qui sont à Christ — tous les saints, objets de son amour ; — c’est comme remplis de Lui et nous-mêmes comme centre de toutes ses affections et pensant ses pensées, que nous nous plongeons dans toute l’étendue de la gloire de Dieu, car elle est la gloire de Celui que nous aimons. [3:19] Et quelle est la limite de cette gloire ? Elle n’en a point : c’est la plénitude de Dieu. Nous la trouvons dans cette révélation de Lui-même. En Christ, il se révèle dans toute sa gloire : il est sur toutes choses Dieu béni éternellement [(Rom. 9:5)].

Ch. 3 v. 19-21 — Gloire de la plénitude de Dieu déployée dans l’Assemblée

Mais demeurant dans l’amour, nous demeurons en Dieu et Dieu en nous, et cela en rapport avec le déploiement de sa gloire, telle qu’il la développe en tout ce qu’il a formé autour de Lui afin de se montrer en cela, afin que Christ, et Christ dans l’Assemblée, son corps, soit le centre de tout ce en quoi il manifeste cette gloire, et que le tout soit en même temps la manifestation de Dieu lui-même dans sa gloire tout entière. [3:19] Nous sommes remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu, et c’est dans l’Assemblée que Dieu habite pour cela : [3:20] il opère en nous par son Esprit dans ce but. [3:21] C’est pourquoi l’apôtre désire et demande que la gloire soit à Lui dans l’Assemblée dans tous les âges par Jésus Christ ! Amen.

Désir de réaliser ce que nous connaissons ainsi de Dieu

Notez ici que ce qui est désiré est la réalisation de ce dont il est parlé. Ce n’est pas, comme dans le chapitre 1, une chose objective, afin que les Éphésiens pussent connaître ce qui est certainement vrai, mais afin qu’elle fût vraie pour eux, [3:16] étant fortifiés en puissance par l’Esprit de Dieu. Il est bien beau de voir comment, [3:18] après nous avoir lancés dans l’infini de la gloire de Dieu, l’apôtre nous ramène à un centre connu en Christ — [3:19] à connaître l’amour de Christ, mais non pour nous rétrécir. Il est plus divin, à proprement parler, que la gloire, bien qu’il nous soit familier. Il surpasse toute connaissance.

Opération de la puissance de Dieu en nous comme Assemblée

Action de la puissance de Dieu en nous, à la différence du chap. 1

[3:16] Remarquez encore que l’apôtre ne demande pas ici que Dieu opère par une puissance (ainsi qu’on l’exprime souvent) qui agisse pour nous, mais en nous1. [3:20] Il peut faire au delà de tout ce que nous pouvons demander ou penser selon sa puissance qui agit en nous. Quelle portion pour nous ! Quelle place que celle qui nous est donnée en Christ !

1 C’est là ce qui distingue absolument la prière du chap. 1 et celle-ci. Là, l’appel et l’héritage étaient dans le propos arrêté de Dieu, et la prière de l’apôtre est que les croyants les connaissent, ainsi que la puissance qui les a amenés à en jouir. Ici, au chap. 3, c’est ce qui est en nous, et l’apôtre demande que cela puisse exister, et cela comme puissance actuelle dans l’Assemblée.

Marche des saints dans leur appel à être un, le corps de Christ

Paul revient ainsi à la thèse posée à la fin du chapitre 2 : [2:22] Dieu habitant dans l’Assemblée par l’Esprit, [2:16] et les chrétiens, Juifs ou gentils, unis en un seul corps. [4:1] Il désire que les chrétiens d’Éphèse (et nous tous) marchent d’une manière digne de cet appel. Leur appel, c’était d’être un, le corps de Christ, mais, de fait, ce corps manifesté sur la terre dans sa vraie unité par la présence de l’Esprit Saint. Nous avons vu (chap. 1) le chrétien introduit dans la présence de Dieu lui-même ; mais le fait que les chrétiens formaient le corps de Christ et qu’ils étaient la demeure de Dieu ici-bas, la maison de Dieu sur la terre, en un mot, leur position tout entière, est compris dans l’expression « leur appel ». Le chapitre 1, nous présente les saints devant Dieu ; la prière du chapitre 3, nous montre Christ en eux.