1 Thessaloniciens

Chapitres 3 et 4

V. 1-10 — La foi, l’espérance et l’amour

La foi, l’espérance et l’amour, les «trois vertus théologales», comme les hommes les appellent, ne sont que des dons de grâce, mis par l’Esprit de Dieu dans le cœur de l’homme lors de sa conversion, et sans lesquels nous ne pourrions ni avoir, ni maintenir des relations avec Dieu, notre Père, et avec Jésus Christ, notre Sauveur. La foi reçoit la parole de Dieu et saisit Jésus que cette Parole nous révèle, l’amour de Dieu, versé dans nos cœurs, nous attache à Christ, l’espérance a pour but et pour objet Sa venue. Mais la garde de ces dons nous étant confiée, nous ne pouvons, négligeant leur usage, les laisser s’affaiblir, sans courir les plus grands dangers. Pour les conserver dans leur fraîcheur et leur puissance initiales, il nous faut veiller à les tenir continuellement en rapport avec la personne de Christ. Ce contact perdu, ils vont s’affaiblissant et descendent parfois à un niveau si bas qu’on pourrait croire assister même à leur ruine définitive. La Parole nous apprend qu’on peut laisser tomber le bouclier de la foi, qu’on peut abandonner le premier amour et descendre graduellement jusqu’à la mort spirituelle de Sardes, qu’on peut perdre l’espérance en se rabaissant au niveau d’un monde qui ne l’a jamais connue. — Toutes ces «vertus», remarquons-le bien, sont solidaires, aussi la Parole les mentionne d’habitude ensemble. L’une ne peut être affaiblie ou fortifiée, sans que les autres en subissent l’influence en bien ou en mal.

L’amour est le plus grand de ces dons, car étant l’essence divine elle-même, «il ne périt jamais». La foi, conviction des choses qu’on ne voit pas, prendra fin quand elle sera changée en vue. L’espérance n’aura plus de raison d’être quand elle aura atteint son but et son objet en le possédant à toujours. Mais, tant que la perfection n’est pas atteinte, et elle ne peut l’être ici-bas, ces trois choses demeurent inséparablement unies, régies et dominées, pour ainsi dire, par l’amour: «L’amour», dit l’apôtre, «croit tout, espère tout». La foi rend présentes les choses qu’on espère; l’espérance alimente la foi; la foi est affermie par l’amour.

Cette solidarité est bien connue de Satan qui, en ennemi dangereux et rusé, dirige toujours ses attaques sur celle de ces «vertus» que nous surveillons habituellement le moins ou que nous avons peut-être momentanément négligée. Il sait qu’il suffit d’en faire tomber une pour entraîner la ruine des autres. Il réussit ainsi souvent à nous faire subir une défaite que sa haine contre Christ estime pouvoir être définitive. Ne pouvant plus, depuis la résurrection, s’attaquer directement à Christ, il cherche à ruiner les membres de son corps en rompant leur lien pratique avec la Tête. Tantôt donc il dirige son effort sur l’une de ces «vertus», tantôt sur l’autre.

Dans notre chapitre, nous le voyons se servir des persécutions pour chercher à ébranler la foi des Thessaloniciens. Dans la seconde épître, il se sert de la tribulation terrible que ces chrétiens traversaient, pour leur persuader que le jour du Seigneur était déjà arrivé et qu’il leur fallait abandonner leur espérance.

L’effort de l’Ennemi pour ébranler la foi des Thessaloniciens et le danger qui en résultait pour eux, causait de grandes appréhensions à l’apôtre. Pour accomplir plus facilement ses desseins, Satan avait réussi à empêcher Paul de se rendre à Thessalonique (2:18). Il ne nous est pas dit de quelle nature était cet empêchement, mais il nous suffit de savoir que cette manœuvre réduisait Paul à l’inaction. Voyant le danger menaçant et «n’y tenant plus» (3:1), l’apôtre avait consenti à être laissé tout seul à Athènes et leur avait envoyé Timothée, afin de les affermir et de les encourager touchant leur foi (v. 2); mais, ayant supprimé Paul, Satan s’était mis incontinent à l’œuvre pour «rendre vain son travail» dans le cœur des Thessaloniciens (v. 5). Il cherchait à les «tenter» en leur suggérant que leur foi, leur confiance en Dieu était vaine, puisqu’Il ne les sauvait pas de la tribulation. Cela devait réduire à néant, du même coup, la parole de Dieu que l’apôtre leur avait présentée et qu’ils avaient reçue par la foi. Mais Dieu les avait prémunis contre ce danger. Paul leur rappelle que, quand il était auprès d’eux, il leur avait dit d’avance qu’ils auraient à subir des tribulations; ils pouvaient donc taxer de mensonges les insinuations de l’Adversaire. Dieu ne les abandonnait pas; mais Il pourvoyait, en outre, à leur besoin pressant en leur envoyant Timothée, compagnon d’œuvre de Paul, pour les affermir et les encourager quant à leur foi (v. 2). Sa mission accomplie, il revient apporter à l’apôtre «les bonnes nouvelles de leur foi» (v. 6), et ainsi la foi des Thessaloniciens qui lui avait causé tant d’angoisses devient un sujet de consolation pour lui (v. 7).

Mais ce n’était pas seulement leur foi qui réconfortait l’apôtre, c’était aussi leur amour. Quand l’amour est intact, la foi ne court pas de dangers réels, car l’amour croit tout. Il y avait néanmoins quelques menaces sérieuses d’un côté et de l’autre; aussi l’apôtre parle de ses prières constantes pour que Dieu le Père lui-même et le Seigneur Jésus lui frayassent le chemin auprès d’eux. Il sait que du moment que Dieu l’aura décidé, Satan ne sera plus capable de barrer sa route et qu’alors il pourra «suppléer à ce qui manque à leur foi», point faible par lequel l’Ennemi cherchait à les atteindre, et qu’il connaissait bien, étant toujours à l’affût pour surprendre le défaut de la cuirasse. Mais leur sauvegarde était l’amour: s’ils y surabondaient — et l’apôtre le demandait pour eux — leur foi résisterait victorieusement à toutes les attaques de l’Adversaire. Dans ce chap. 3, l’apôtre, en désirant l’accroissement de leur foi et de leur amour, dirige leurs pensées vers la venue de Christ où leur sainteté pratique sera pleinement réalisée. La foi, l’amour et l’espérance se retrouvent donc ici, quand il s’agit de leur marche, comme au chapitre 1, où il est question de leur activité. Nous les verrons reparaître au chap. 5, quand il sera question du combat chrétien.

Ne pensons pas, lorsque, par la grâce de Dieu, la vigilance et les prières de l’apôtre avaient réduit à néant les desseins de l’Ennemi, que ce dernier renonçât à ses attaques. Dans la seconde épître aux Thessaloniciens, nous le voyons, comme nous l’avons déjà dit, se tourner d’un autre côté et se servir d’une recrudescence de persécutions, pour détruire l’espérance des fidèles en cherchant à leur persuader que le jour du Seigneur est . S’ils avaient écouté cette suggestion, ils auraient renoncé à l’espérance de la venue du Seigneur pour enlever les saints, car elle devait, selon la Parole, précéder l’apparition du jour du Seigneur. Si le jour du Seigneur était là, leur attente aurait été une pure chimère et Satan aurait triomphé en leur ravissant l’objet même de leur espérance.

S’il échoue dans ses entreprises contre la foi et l’espérance chrétiennes, soyons certains qu’il s’attaquera à l’amour et, chose profondément humiliante, c’est ici que sa victoire a le plus de chances d’être décisive. Le retour de la prospérité extérieure, le calme succédant à l’orage, entraînent le chrétien inattentif sur la pente du monde et des choses qui s’y trouvent. Les conseils de Satan nous poussent à nous emparer de ces choses; bientôt elles remplissent le cœur; les affections pour Christ se refroidissent et que deviennent alors l’espérance et la foi? Dans le temps actuel, l’abandon du premier amour a détruit l’espérance et la foi dans la chrétienté professante. La Parole, objet de la foi, est abandonnée, l’espérance est devenue lettre morte. Mais, grâce à Dieu, elle commence à renaître dans le cœur de plusieurs et marche de concert avec un renouvellement de foi dans les Saintes Écritures. Ce réveil nous prouve que la venue du Seigneur est proche.

 

Chapitres 3 v. 11 à 4 v. 12 — Encore la marche

Nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet de la marche chrétienne en montrant, comme nous l’avons fait l’autre jour, qu’elle est dirigée par les caractères de la vie divine que nous possédons, par nos relations avec Dieu et par nos privilèges. Le chapitre que nous venons de lire nous montre, en partie du moins, en quoi cette marche consiste. Mais permettez-moi une remarque préliminaire.

On a souvent fait ressortir que la première épître aux Thessaloniciens introduit dans toute notre conduite, pour la déterminer, la pensée de la venue personnelle du Seigneur. C’est ainsi qu’à la fin du deuxième chapitre, l’apôtre n’attend la récompense de son travail qu’à la venue du Seigneur Jésus; alors seulement les Thessaloniciens seront manifestés comme la couronne de gloire de ce cher serviteur de Christ. Il attendait patiemment ce moment-là, car il peut nous arriver de travailler fidèlement pendant toute notre vie sans récolter ici-bas les fruits de notre travail pour le Seigneur; mais que cela ne nous décourage pas. En travaillant pour notre Maître, nous n’avons pas à prétendre récolter actuellement du fruit: il pourrait sans doute nous être accordé, mais pourrait aussi manquer. L’un laboure, l’autre sème et plante, l’autre arrose: il faut du temps pour voir un accroissement ou une moisson. Il n’est pas dit que les plantes, arrosées de nos mains, réjouiront notre vue par beaucoup de fleurs ou de fruits. S’il convient au Seigneur de ne pas nous en faire voir, notre patience est exercée. En récoltant d’habitude les fruits de mon activité, mon faible cœur serait disposé à s’en glorifier et à s’y complaire, au lieu d’attendre la récolte à la venue du Seigneur Jésus.

À la fin du chap. 3:11-13, nous trouvons un autre aspect de sa venue. Ce passage offre quelque difficulté à plusieurs âmes, habituées à voir dans tous les chapitres de cette épître, la venue du Seigneur pour ravir les siens auprès de lui. Or ce n’est pas proprement le sujet à la fin de ce troisième chapitre. Il est vrai qu’il ne nous parle pas, comme la seconde épître, de son apparition (ou Épiphanie), car il nous présente sa venue (ou Parousie), mais avec tous ses saints, comme à son apparition. C’est une vérité pour ainsi dire intermédiaire entre le premier et le second acte de la venue du Seigneur. Dans ce passage, après nous avoir enlevés à sa rencontre, le Seigneur nous présentera tous ensemble avec Lui devant notre Dieu et Père. La raison de cette différence d’avec les autres passages de notre épître est simple. Ce passage-ci nous parle de notre responsabilité chrétienne qui n’est jamais en rapport avec la venue du Seigneur pour nous prendre auprès de Lui. D’autre part, le mot «son apparition», désignant le moment où il viendra en jugement avec tous ses saints, ne peut être employé ici parce qu’il ne s’agit pas de jugement, mais de paraître devant notre Dieu et Père pour y atteindre enfin le plein résultat d’une marche fidèle, accomplie dans l’amour. Ce n’est pas le moment où le Seigneur apparaîtra publiquement pour être glorifié et admiré dans tous ceux qui auront cru (2 Thess. 1:10). Dans le premier cas, Il les introduit devant le Père, dans le second devant le monde. Ici, l’apôtre demande pour les Thessaloniciens, que le Seigneur les fasse «abonder et surabonder en amour» comme lui, Paul, leur en avait donné l’exemple. Ils n’avaient pas besoin d’y être exhortés, car dès le début ils l’avaient prouvé par leur «travail d’amour», mais l’apôtre désirait que leur marche chrétienne fût caractérisée par une «surabondance» d’amour «les uns envers les autres», l’amour ardent entre les membres de la famille de Dieu étant la première chose qui les fasse reconnaître. Paul désirait, en outre, que cet amour abondât «envers tous»; et lui-même, que l’amour de Christ pressait à porter au monde la bonne nouvelle du salut, leur avait aussi donné cet exemple. Il réalisait ainsi le caractère de son Maître qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin, et dont l’amour s’adressait à tous les pécheurs.

Cette manifestation de l’amour dans toute l’activité de leur conduite journalière devait «affermir leur cœur sans reproche, en sainteté». La sainteté est la vraie séparation pour Dieu de toutes les choses qui pourraient entraver nos rapports avec Lui. Si l’amour, s’étant emparé du cœur, y est en plein exercice, le monde ne peut plus y trouver de place. L’apôtre ajoute: «sans reproche en sainteté». Il regarde en avant vers le moment où cet état sera réalisé dans son entière perfection. S’il ne peut l’être maintenant, il le sera, non pas seulement individuellement, mais pour l’ensemble des saints quand le Seigneur les présentera «devant notre Dieu et Père». Alors la sainteté parfaite, consécration absolue au Père et au Fils, sera pleinement manifestée; alors tous seront absolument sans reproche; alors tous seront capables de sonder l’amour parfait (voyez Éph. 5:27). Le premier chapitre de l’épître aux Éphésiens nous montre qu’ils étaient «élus en Christ, avant la fondation du monde, pour être saints et irréprochables devant Lui, en amour». Tel sera, pour l’éternité, le résultat de notre élection: nous serons semblables à Christ. L’apôtre exhorte les Thessaloniciens à réaliser, déjà ici-bas, cette bénédiction dans la plus grande mesure. Il dit: «Pour affermir vos cœurs»; non pas pour que vous soyez parfaits dans ce monde, mais pour que l’amour et la sainteté rayonnent de plus en plus dans votre vie chrétienne jusqu’au jour de la perfection. Dans notre passage, l’amour, en Jacq. 5:8, l’espérance, et en Col. 2:7, la foi, affermissent le cœur. Quand le Seigneur sera venu avec tous ses saints, une sainteté parfaitement en accord avec le caractère de Dieu sera manifestée pour les temps éternels. «Devant notre Dieu et Père»: Il s’agit de ce que le Père verra, et non le monde. L’apôtre désire que les chrétiens fassent des progrès continuels en Sa présence, en sorte qu’à la venue du Seigneur ils soient devant le Père dans leur perfection absolue, si incomplète qu’elle ait été jusqu’alors dans leur marche ici-bas.

Comme nous l’avons dit, il est beaucoup question de la marche dans cette épître, mais notez que toujours, dans l’Ancien aussi bien que dans le Nouveau Testament, les croyants fidèles sont caractérisés par elle. De fait la marche, étant la vie dans toutes ses manifestations extérieures, a beaucoup d’analogie avec la conduite, bien que cette dernière ait une acception peut-être plus large. La seule chose qui nous soit dite d’Énoch, c’est qu’il «marcha avec Dieu». Ce mot suffit pour décrire toute sa vie. Énoch était en public, dans ce monde, un compagnon de Dieu, le reproduisant dans son caractère, ses pensées et sa volonté, et n’ayant pas une marche indépendante de Lui. Le prophète Michée décrit aussi cette marche: «Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu?» Dans ce passage, le premier caractère de cette marche est la droiture; le second, un amour qui se nourrit de l’amour de Dieu; le troisième, enfin, consiste à marcher humblement avec son Dieu. Absence d’égoïsme, défiance de soi, dépendance, tels sont les caractères de l’humilité. Il faut que notre marche montre la justice pratique et l’intégrité, l’amour et l’oubli de soi-même, qui ont été le caractère de Christ sur la terre.

Revenons au chapitre 4 de notre épître. C’est, comme nous l’avons vu au chap. 3:12, 13, l’amour qui est le caractère principal de l’activité chrétienne dans notre témoignage journalier. Ensuite vient la sainteté (3:13; 4:3, 4, 7, 8), la séparation de tout mal pour plaire à Dieu. Combien elle est importante en particulier pour les jeunes gens qui entrent dans la carrière chrétienne! C’est pourquoi Paul disait à Timothée: «Fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur».

Les mœurs d’alors étaient affreusement corrompues, chacun se livrait publiquement à ses convoitises et s’en glorifiait; aujourd’hui la chrétienté, avec un peu plus de retenue, ne nous offre-t-elle pas un spectacle semblable?

La sainteté se manifeste d’abord au sujet de nous-mêmes: «C’est ici la volonté de Dieu, votre sainteté, que vous vous absteniez de la fornication, que chacun de vous sache posséder son propre vase en sainteté et en honneur» (v. 3, 4). Elle se montre ensuite en rapport avec les liens conjugaux, «car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais dans la sainteté» (v. 6, 7). Elle se montre enfin en rapport avec Dieu. «Il nous a donné son Esprit Saint» (v. 8). Cet Esprit nous sépare du mal; pourrions-nous donc consentir à le contrister, Lui qui est venu faire sa demeure chez nous? En 1 Pierre 1:14-16, nous trouvons les mêmes vérités quant à la sainteté de la marche chrétienne: «Ne vous conformant pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance: mais comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite; parce qu’il est écrit: Soyez saints, car moi je suis saint» (1 Pierre 1:14-16).

Au v. 24, l’apôtre revient encore sur l’amour fraternel, tant ce caractère principal de la marche a d’importance. Ce n’était pas pour le leur prescrire, car «ils n’avaient pas besoin que l’apôtre leur en écrivît» (v. 9), mais pour les engager à y abonder, car la marche chrétienne proprement dite implique un progrès continuel: «Vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre... mais nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus» (v. 9, 10).

Un dernier trait, l’activité et le travail journaliers, caractérise ici la marche chrétienne: «Nous vous exhortons... à vous appliquer à vivre paisiblement, à faire vos propres affaires et à travailler de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons ordonné, afin que vous marchiez honorablement envers ceux de dehors» (v. 11, 12). Cette recommandation n’est pas sans importance pour nous, car nous avons à nous demander si notre activité se développe en vue de nous-mêmes et du monde, ou pour Dieu et pour nos frères. L’apôtre appuyait son exhortation de son propre exemple. Faire des tentes était aussi bien pour lui l’activité d’amour que prêcher l’Évangile. La progression de cette vie paisible et honorable, occupée de ses propres affaires, astreinte à l’humble travail manuel, devait être un témoignage pour le monde lui-même, témoignage qui ne consistait pas seulement, comme au chap. 1, dans leur patience et leur foi au milieu de grandes tribulations, mais dans l’esprit doux et paisible de l’humble activité journalière.

La marche a donc lieu, dans ce chapitre, sous le regard de Dieu, en ce qui concerne les chrétiens eux-mêmes, ou leurs frères, ou le monde. Nous sommes cependant bien loin d’avoir épuisé ce sujet, car marcher c’est vivre, depuis le premier pas de la carrière chrétienne jusqu’à l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Les v. 13 à 18 de notre chapitre nous ramènent au sujet capital de cette épître: la venue du Seigneur. Nous savons tous par cœur ce délicieux passage, mais chaque fois que nous y revenons, nous pouvons l’envisager sous quelque aspect nouveau. Si le Seigneur le permet, il fera donc le sujet de notre prochain entretien.

 

Chapitre 4 v. 13-18 — Rapport de la Résurrection avec la venue du Seigneur

En lisant cette épître on est frappé de voir combien de choses ces Thessaloniciens, encore jeunes dans la foi, savaient déjà, tout en devant être instruits sur un grand nombre d’autres. Pendant le court séjour de Paul au milieu d’eux, ils avaient reçu, par son ministère, une somme de précieuses vérités. Avec une vivacité de cœur qui doit nous frapper, nous d’habitude si endormis spirituellement, ils ne s’étaient pas contentés de l’évangile du salut et de la rédemption, mais, par la prédication de l’apôtre, leurs yeux, leurs pensées, leur espérance s’étaient attachés immédiatement à la personne de leur Sauveur. Je dis qu’ils savaient beaucoup de choses, car rien n’élargit notre connaissance comme une relation d’amour avec la personne de Christ. «Vous savez» est le mot de la certitude chrétienne et revient continuellement dans cette épître. Voyez 2:1, 5, 11; 3:3, 4; 4:2, 9, enfin 5:2, où Paul leur dit: «Vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit». Ce n’étaient pas pour eux des choses qu’ils croyaient parce qu’elles étaient généralement admises, mais des choses dont ils avaient, par la foi, une conviction profonde. La prédication de l’apôtre les avait familiarisés avec ces vérités, et ils les avaient parfaitement reçues, mais ils étaient ignorants sur d’autres points. On le voit déjà au chapitre 3:10, où Paul demande instamment de pouvoir «suppléer à ce qui manquait à leur foi». Il y avait certaines lacunes dans leur connaissance. Le passage que nous venons de lire nous montre qu’une de ces lacunes se rapportait à la venue actuelle du Seigneur Jésus, venue qui occupait journellement le cœur des Thessaloniciens. Cette lacune dans leur foi, l’apôtre se hâte de la combler.

À ce propos, permettez-moi une remarque qui nous concerne tous: Nous possédons un certain fonds de vérités que nous avons peu vécues. Or les Thessaloniciens les vivaient dès le début de leur conversion; elles étaient si actuelles pour eux, qu’ils en attendaient à chaque instant la réalisation. Ils avaient encore beaucoup de choses à apprendre sur ce sujet, mais ils attendaient des cieux le Seigneur Jésus. Toute leur vie avait cette vérité pour centre. Pour nous, s’il s’agit de cet événement, nous le connaissons fort bien, car nous possédons les révélations nouvelles que les Thessaloniciens n’avaient pas avant cette épître. Et cependant la venue du Seigneur a-t-elle pris dans nos cœurs une telle importance que nous puissions dire: Nous attendons le Seigneur d’un moment à l’autre? Je me trompe: nous le disons, mais le vivons-nous? Cette question, nous devons la résoudre par la négative. Il en résulte que, malgré une provision considérable de vérités, nous faisons peu ou point de progrès dans leur connaissance, peu ou point de découvertes nouvelles dans les trésors de la Parole à leur sujet. Les Thessaloniciens vivant ces vérités, Dieu prenait soin de les leur faire approfondir. Chers amis, cette constatation est très humiliante pour nous. Mais, je me hâte d’ajouter qu’au milieu de tant d’expériences affligeantes, Dieu a soin de nous encourager. Il suffit d’avoir quelques notions de ce qui se passe dans la chrétienté pour être frappé de voir dernièrement, je dis même tout dernièrement, la venue actuelle du Seigneur que, depuis plus de cent ans, nous proclamons avec si peu de vie et de puissance, devenir individuellement une réalité pour beaucoup d’âmes. Les circonstances tragiques que le monde traverse font réaliser que les temps de la fin sont proches. Les enfants de Dieu se réveillent. Nous pourrions dire l’année du siècle passé où «le cri de minuit» s’est fait entendre. La grande majorité des chrétiens n’y a pas répondu; beaucoup ont combattu cette vérité et ceux qui auraient dû enseigner les autres ont souvent été les tristes instruments de l’Ennemi pour empêcher les âmes de l’entendre. Cependant — quelle bonté de notre Dieu! — ce cri retentit encore. Il aurait semblé d’abord que, devant cette indifférence, le Seigneur allait venir et fixer ainsi pour toujours le sort d’une multitude d’âmes incrédules. Loin de là: avec la patience merveilleuse de l’amour, Dieu continue encore à faire entendre ce cri; les échos le répètent. Aujourd’hui, beaucoup d’enfants de Dieu sentent que les saints devraient se rassembler pour attendre Jésus du ciel. Et nous qui, depuis longtemps, «savons» ces choses, ne devons-nous pas aller vers ces âmes pour leur confirmer que leur espérance est une réalité? Attendons ensemble, leur dirons-nous, le Seigneur Jésus!

Une chose encore me frappe. Le Seigneur, au milieu de beaucoup de vérités, nous en a confié une de toute importance pour le témoignage actuel des chrétiens, celle de l’Église, corps de Christ, composée de tous les croyants, unis ensemble par le Saint Esprit avec leur Chef glorieux dans le ciel, ainsi que notre responsabilité de nous réunir ensemble autour de la table du Seigneur, pour témoigner de cette unité. Mais avons-nous vu que cette table devînt le centre du rassemblement de beaucoup d’enfants de Dieu? À qui la faute? Faisant un retour sur nous-mêmes, nous devons confesser ne pas avoir marché à la hauteur de ce que Dieu nous avait confié. Nous n’avons pas réussi, par ce témoignage, à réunir les enfants de Dieu et nous ne pouvons plus même espérer que cela ait jamais lieu. La pensée que le temps de cette réalisation pratique de l’unité est passé, m’humilie profondément. Ce témoignage, entre nos mains, a subi une ruine complète, ce qui, du reste, tout en nous condamnant, n’enlève pas un atome de sa valeur. Mais Dieu nous donne un autre moyen de rassembler les enfants de Dieu et ce moyen est la venue du Seigneur.

Je ne doute pas, nous le voyons dans ce passage, que peut-être aujourd’hui ou demain, pour quelques heures, ou pour un instant seulement, le Seigneur aura soin de rassembler ses élus, les yeux levés vers le ciel, attendant l’étoile du matin et disant ensemble: Amen, viens, Seigneur Jésus! Nous n’aurons pas besoin de nous exhorter à nous réunir pour cela. Aussi je suis profondément réjoui de voir des ecclésiastiques dans cette ville réunir des âmes pour leur parler de la venue du Seigneur. Seulement, ne l’oublions pas, la Parole ne dit pas seulement: «Que celui qui entend dise: Viens!» Elle dit d’abord: «L’Esprit et l’Épouse disent: Viens!» L’attente du Seigneur est avant tout une espérance d’ensemble, l’espérance de l’Église au moment où paraît l’étoile brillante du matin, et l’Esprit qui a formé l’assemblée s’y associe, car il retournera avec l’Épouse au ciel, d’où il était personnellement descendu pour la former.

Contrairement à cette attente, il se fait, au jour actuel, un travail satanique dans le monde. Il a pour but la résurrection d’une confédération latine, régie par l’empire romain, la première Bête d’Apoc. 13, et l’appel à ce rassemblement est formulé de telle manière qu’on pourrait supposer que les hommes, d’ailleurs absolument incrédules, qui en sont les porte-voix ont étudié de près le prophète Daniel et l’Apocalypse. Ne pouvant voir que c’est Satan qui ressuscitera l’empire Romain, ils attendent une nouvelle ère de prospérité à la suite de cette restauration dont l’Italie sera le centre et Rome la capitale. Nous «savons» que cet événement ne peut avoir lieu qu’après la venue du Seigneur pour enlever ses élus, et lorsque Satan, précipité du ciel sur la terre, y aura formé cette fausse unité, l’ayant, lui, comme directeur, et l’Empereur romain avec l’Antichrist, comme chefs temporel et spirituel. Ces choses qui s’impriment et se propagent dans le monde nous montrent que les temps de la fin sont très proches. Dieu emploie ces aspirations parmi les peuples de l’Occident, pour nous réveiller. Nos cœurs à tous sont-ils attachés au Seigneur seul? Dans ce cas, au lieu d’être préoccupés de ce qui se passe autour de nous, nous pousserons d’autant plus instamment le cri de l’Épouse: Viens! Nous ne nous laisserons pas effrayer par les signes des temps, mais ils contribueront à nous attacher à un seul signe, le Seigneur Jésus venant nous ravir auprès de Lui, car la Parole nous montre souvent que le signe est sa personne elle-même.

Revenons maintenant à notre passage. Comme nous l’avons dit, les Thessaloniciens avaient largement réalisé, dès le début, la vérité de la venue du Seigneur, mais l’apôtre voulait ajouter ce qui, sous ce rapport, manquait à leur foi. «Nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance», leur dit-il. Une chose qu’ils ignoraient manquait encore à la vérité si précieuse qu’ils avaient reçue. Ils ne savaient pas qu’à la venue du Seigneur Jésus pour les transporter auprès de Lui, sans passer par la mort, tous ceux d’entre eux, et plus encore tous les saints de tous les âges qui s’étaient «endormis en Christ», ressusciteraient, de manière à ne former avec eux qu’une seule compagnie. Leurs pensées au sujet de la résurrection ne dépassaient pas le niveau des notions juives qui ne connaissaient, selon la parole de Marthe, qu’une résurrection générale «au dernier jour». Ils ne mettaient pas en doute le bonheur éternel de ceux d’entre eux qui s’étaient endormis, mais ils estimaient que ceux-là perdraient quelque chose et auraient peut-être à attendre longtemps le jour de la résurrection, tandis qu’eux, les vivants, seraient enlevés dans le ciel à la venue du Seigneur. Ils reçoivent dans cette épître la nouvelle consolante qu’ils ne devanceraient pas ceux qui dorment et que ce seraient au contraire ces derniers qui, dans le «clin d’œil», les devanceraient. Ils apprennent ainsi une vérité nouvelle capable de remplir leur cœur de consolation.

Comme vous le savez, la venue du Seigneur se compose de deux actes, le premier, dans lequel Jésus enlève les saints à sa rencontre; le deuxième, dans lequel il revient avec les saints. C’est à ce second acte que l’apôtre fait allusion quand il dit: «Si nous croyons que Jésus mourut et qu’il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus» (v. 14). Telle sera la part de ceux qui se sont endormis. Mais, dans une parenthèse comprise entre les versets 15 et 18, l’apôtre nous apprend que ces ressuscités auront d’abord partagé l’heureux sort des vivants au premier acte de la venue du Seigneur. Ils seront donc tous ensemble, transmués et ressuscités, quand Dieu les amènera avec Jésus, au jour où le Seigneur viendra avec tous ses saints pour juger les nations et manifester sa gloire dans ceux qui auront cru. Cela vous explique la raison de la parenthèse introduite dans notre version entre le 15° et le 18° verset. Le chapitre 5 se relie directement au verset 14 du chapitre 4.

Le premier acte de la venue du Seigneur consiste, ce que les Thessaloniciens apprenaient pour la première fois, en deux événements: la résurrection des saints endormis et la transmutation des saints vivants. Le second acte de sa venue comprend également deux événements: le jugement des vivants et la glorification de Christ dans ses saints. Le premier acte est sa venue en grâce et en puissance, car il faut de la puissance pour «engloutir la mort en victoire», mais il est le triomphe de la grâce, de rien autre que de la grâce. La question de notre responsabilité n’y sera pas soulevée, mais, comme nous l’avons vu, elle le sera quand le Seigneur, ayant enlevé ses saints, les introduira dans la gloire. La présentation de l’Épouse, les noces de l’Agneau, la maison du Père, le tribunal de Christ, que j’appelle «les promotions célestes», tout cela est mentionné en d’autres passages. Notre chapitre, quand il traite du résultat de la venue de Christ, n’a qu’une parole: «Nous serons toujours avec le Seigneur». Cela suffisait au cœur des Thessaloniciens dont toute la vie chrétienne se concentrait sur «notre Seigneur Jésus Christ». Cette parole suffit-elle à nos cœurs?

Je le répète; nous trouvons ici la pure grâce en puissance. Vous pouvez avoir tristement marché, déshonoré le Seigneur dans votre conduite — et combien d’entre nous doivent avouer cela à leur confusion — rien ne viendra troubler la grâce ineffable de sa venue. Le cri de commandement, la voix de l’archange, la trompette de Dieu, n’effrayeront pas plus les saints vivants que les saints endormis. Les couronnes, récompense de leur fidélité (ou, pensée infiniment solennelle, leur perte, suite de notre infidélité), ne seront pas distribuées dans ce moment-là, qui ne sera la constatation que de la grâce. C’est qu’il ne s’agira, lors de cet événement, ni de notre amour pour Christ, ni de notre conduite, mais de son amour à Lui pour nous. C’est son amour qui a payé notre dette et nous a rachetés par la mort de la croix, son amour qui veut nous faire partager sa gloire. Il veut avoir un résultat sans mélange de son œuvre. Comment balancerait-il, en ce moment-là, sa grâce avec sa justice, quand, pour nous sauver, les deux se sont entre baisées. Il veut avoir ses bien-aimés selon le désir de sa grâce, selon son attente patiente à lui-même pour posséder enfin son trésor. Un trésor! Quelle est donc la valeur que nous avons pour Christ? En avons-nous une quelconque en nous-mêmes? Non certes; mais nous avons à ses yeux la valeur que nous donnait son amour quand il a laissé sa vie pour nous posséder, la valeur que son amour continue à nous donner, puisqu’il veut nous faire partager sa propre gloire! Nous avons, aux yeux de Christ, la valeur du prix payé pour nous avoir, la valeur de l’œuvre par laquelle il nous rendra dignes de Lui pour l’éternité, la valeur des soins incessants que prend son amour pour se présenter son Épouse sainte et irréprochable. Le grand apôtre des Gentils s’estimait lui-même «moins que rien», mais il estimait immense le prix que le Seigneur avait payé pour l’avoir et se réjouissait à la pensée qu’Il serait enfin satisfait de posséder le fruit du travail de son âme. Le premier acte de sa venue a donc la grâce comme caractère et comme résultat.

La justice sera le caractère et le résultat de son apparition, second acte de sa venue. Comme la grâce, cette justice sera manifestée en puissance en donnant le repos de la gloire aux témoins de Christ et en exécutant avec eux le jugement sur le monde qui les a fait souffrir. Ce second acte est une nécessité, car, sans lui, le caractère du Saint et du Juste ne serait pas mis en pleine lumière. Il faut qu’Il se glorifie par le jugement après s’être glorifié par la grâce. Ceux qui auront repoussé la gloire de sa grâce devront se courber sous sa gloire en jugement.

Et maintenant, Dieu veuille que ce passage si familier ne s’adresse plus à notre mémoire, mais à notre cœur, en sorte que le mot: «Viens» soit pour nous une réalité!

L’apôtre voulait que les Thessaloniciens ne fussent pas affligés «comme les autres». Le monde n’aime pas beaucoup être appelé «les autres», terme répété deux fois dans ces chapitres (4:13 et 5:6). Il voudrait qu’on ne fît pas une différence si tranchée entre ce qui est de Christ et ce qui n’est pas de Lui. Quant à nous, le Seigneur veut nous faire comprendre que nous avons été mis à part du monde, de ceux qui appartiennent à la nuit et aux ténèbres — et que nous sommes, par grâce, des fils de ce jour du Seigneur qui va se lever après l’Étoile du matin, jour où le soleil de justice paraîtra dans le ciel, où les saints resplendiront eux-mêmes comme le soleil dans le royaume de leur Père.

Mais ce que nous attendons, c’est la douce et fraîche lumière de l’Étoile du matin. Le voyageur qui a vu se lever cette étoile, précurseur de l’aube, quand déjà le milieu de la nuit est dépassé, ne peut en oublier l’éclat qui illumine l’horizon tout entier. Quand Jésus viendra, ce sera la pleine manifestation de sa grâce dans sa beauté et dans ses résultats éternels!