Plus qu’un ami

L'épisode suivant se situe à l'époque de la guerre de Sécession. Dans un cimetière du sud des Etats-Unis, quelqu'un vit un étranger occupé à couvrir de fleurs la tombe d'un soldat.

— Votre fils est-il enterré là? lui demanda-t-il en posant sur lui un regard compatissant.

— Non, monsieur.

— Un frère?

— Non plus.

— Quelqu'un de votre parenté?

Il reçut de nouveau une réponse négative.

— Alors, si j'ose vous le demander, de qui chérissez-vous la mémoire avec tant de fidélité et de tendresse?

L'étranger se tut un instant, puis il raconta d'une voix émue: «Lorsque la guerre a éclaté, j'ai été recruté. N'ayant pas de remplaçant, je n'ai pas eu le choix: il a fallu me préparer à partir pour la guerre. Au moment où j'allais quitter la maison et rejoindre mon régiment, un jeune homme du quartier se présenta et me dit: "Vous êtes père d'une famille nombreuse. Votre femme ne pourra jamais subvenir à ses besoins, à elle seule. Moi, je suis célibataire et n'ai personne à ma charge. Laissez-moi partir à votre place." Et c'est ce qu'il a fait. Grièvement blessé au cours d'un engagement, il a succombé peu de temps après, et on l'a enterré ici. Depuis que j'ai appris sa mort, j'ai souhaité visiter sa tombe.»

Après ce récit bref et touchant, il planta le restant de ses fleurs, puis il posa au pied du tertre une plaque sur laquelle on pouvait lire ces mots: «Il est mort pour moi.»

Ton cœur bat sans doute de penser qu'un homme ait pu en aimer un autre au point de donner sa vie pour lui. Es-tu tout aussi ému en songeant à Celui qui est mort pour toi, ayant été cloué à la croix à ta place? Ou bien cela t'est-il indifférent qu'il ait tant souffert?

Comme ce jeune soldat qui s'est sacrifié pour son voisin, Jésus a donné sa vie pour toi. Il est même allé bien plus loin que lui. En partant pour la guerre, le jeune homme pouvait toujours espérer en revenir sain et sauf. Mais Jésus n'ignorait pas, en venant dans ce monde, qu'il allait mourir pour toi. Plus encore, il savait que tu ne l'aimais pas, que ton âme était probablement le dernier de tes soucis. Il te voyait courir tête baissée à ta perte. Aussi s'est-il sacrifié pour toi, il a souffert à ta place. Et toi, n'aurais-tu pas même une pensée émue pour lui?

As-tu peut-être pu croire qu'étant Fils de Dieu cela le laisse froid? Si c'est le cas, tu te trompes gravement. Lis comment Jésus a pleuré sur Jérusalem, comment il a été peiné de voir que son propre peuple, vers lequel Dieu l'avait envoyé, ne voulait rien savoir de lui (Luc 19:41). Ou pense à ses paroles, la veille de sa crucifixion: «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort» et «Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi» (Matt. 26:38, 39).

Pour nous qui entendons ces choses depuis notre petite enfance, nous risquons bien, hélas, de les savoir comme on connaît les fables de La Fontaine...

Seigneur, que ton sacrifice et ton amour SI GRAND puissent toucher nos cœurs chaque jour, comme si c'était la première fois que nous l'apprenions!