La Prière de Jahbets

« Jahbets fut plus honoré que ses frères; et sa mère l'avait appelé du nom de Jahbets, disant: Je l'ai enfanté avec douleur. Et Jahbets invoqua le Dieu d'Israël, disant: Si tu me bénissais abondamment, et si tu étendais mes limites, et si ta main était avec moi, et si tu me mettais à l'abri du mal, de sorte que je sois sans douleur! Et Dieu fit arriver ce qu'il avait demandé. » (1 Chron. 4:9,10)

Voici une histoire bien courte: elle tient on deux versets. C'est une de ces perles de la Parole de Dieu, à côté de laquelle on risque bien de passer en lisant les listes de noms au début du premier livre des Chroniques.

Jahbets a un nom évocateur qui signifie «douleur». Aujourd'hui, on dirait que c'est un nom difficile à porter! À part son nom, nous ne connaissons pas grand-chose de lui, sinon qu'il fut «plus honoré que ses frères». Le ver set suivant nous donne la clé de cette bénédiction particulière: Jahbets l'avait désirée et recherchée par la prière.

Regardons cette magnifique prière d'un peu plus près. Jahbets fait quatre demandes précises à Dieu. Nous pouvons remarquer que chacune d'elle commence par un «si». Est-ce le «si» de la méfiance et du manque de foi? Jacques nous dit ceci:

«Et si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à Dieu qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches, et il lui sera donné;mais qu'il demande avec foi, ne doutant nullement; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté çà et là. Or que cet homme-là ne pense pas qu'il recevra quoi que ce soit du Seigneur: il est un homme incertain dans ses pensées, inconstant dans toutes ses voies» (1:5, 6).

Jahbets n'a donc pas dit «si» par manque de foi, puisqu'il est dit ensuite que Dieu a fait arriver ce qu'il avait demandé. Non, les «si» de Jahbets sont ceux de la dépendance. Il ne veut pas dicter à Dieu sa volonté. Il sait bien que Dieu est souverain, seul sage, et il lui expose ses besoins en se remettant entièrement à lui pour la réponse.

Ressentons-nous, comme Jahbets, nos besoins? Avons-nous comme lui la hardiesse pour les exposer à Dieu? Et avons-nous comme lui le respect, la dépendance, l'humble confiance en un Dieu si bon, pour nous soumettre entièrement à sa volonté?

Il y a encore autre chose que nous aimerions relever quant à ces «si». En lisant ces versets, peut-être avez-vous eu l'impression que cette prière n'était pas finie, un vague sentiment qu'il manque quelque chose? Lorsque quelqu'un nous dit: «Si tu faisais ceci», nous nous attendons à ce qu'il enchaîne avec: «alors je ferais cela» ou «tu recevrais telle et telle chose». Ici, les quatre demandes sont suivies par... rien! N'est-ce pas magnifique? Combien Jahbets a eu raison de s'arrêter là! Qu'aurait-il pu proposer à Dieu en échange de l'exaucement de ses prières? Il comprend qu'il n'a justement rien à offrir à Dieu.

Tel que je suis,

Sans rien à moi,

Sinon ton sang versé pour moi

Et ta voix qui m'appelle à toi,

Agneau de Dieu, je viens.

Quel bel exemple pour nous! N'avons-nous pas tendance, lorsque nous demandons quelque chose à Dieu, à vouloir marchander? «Si tu m'accordes ceci, je te servirai, ou je renoncerai à cela, ou encore je te donnerai ceci-ou cela.» Dieu n'a besoin de rien et, de toute manière, il dispose de tout! «Car tout animal de la forêt est à moi, les bêtes sur mille montagnes. Je connais tous les oiseaux des montagnes, et ce qui se déplace dans les champs est à moi. Si j'avais faim, je ne te le dirais pas; car le monde est à moi, et tout ce qu'il contient» (Ps. 50:10-12).

L'homme a parfois de la peine à accepter gratuitement la bonté de Dieu! En Genèse 28, Dieu se révèle à Jacob qui fuit la maison paternelle, n'ayant pour tout trésor que son bâton (Gen. 32:10). Dans un songe, il lui promet qu'il lui donnera la terre sur laquelle il est couché (c'est-à-dire tout le pays). Dieu promet aussi de garder Jacob partout où il ira et de le ramener dans cette terre après son séjour chez Laban. «Je ne t'abandonnerai pas», ajoute encore ce Dieu plein de grâce. Mais que répond Jacob? «Si Dieu est avec moi et me garde dans ce chemin où je marche, et qu'il me donne du pain à manger et un vêlement pour me vêtir, et que je retourne en paix à la maison de mon père, l'Éternel sera mon Dieu. Et cette pierre que j'ai dressée en stèle sera la maison de Dieu; et de tout ce que tu me donneras, je t'en donnerai la dîme» (28:20-22).

Quelle tristesse, n'est-ce pas? Dieu comble Jacob d'attention et de promesses et Jacob répond par un «si» qui a, cette fois, tout de la méfiance... De plus, il transforme les promesses inconditionnelles de Dieu en un bien pauvre marché: Si... alors tu seras mon Dieu... Je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras, etc. Jacob va apprendre, par la patiente discipline d'un Dieu aimant, qu'on ne marchande pas avec Lui. Dieu est un Dieu qui donne. Et en échange, il ne veut qu'une chose: notre cœur et notre confiance.

Chez Jahbets, il n'y a aucune trace de marché. Il expose ses besoins et attend dans la confiance. Il réalise ainsi ce qu'a dit David:

«Éternel! le matin, tu entendras ma voix; le matin, je disposerai ma prière devant toi, et j'attendrai» (Ps. 5:3).

À suivre