Jonas

Chapitre 3 - Un serviteur restauré

Résumé: Après avoir rétabli la communion avec son prophète, Dieu envoie une nouvelle fois Jonas à Ninive, où il aura un message à délivrer.

Quelle est la réaction de Jonas? Eh bien, après les expériences du chapitre 2, Jonas est un autre homme. D'abord, il a appris à mieux connaître Dieu, ses exigences, mais aussi son amour et son pardon. Ensuite, il a appris à se méfier de lui et à faire confiance à Dieu. Troisièmement, l'école de la souffrance l'a rendu plus docile. C'est pourquoi nous lisons au verset 3 du chapitre 3:

«Et Jonas se leva et s'en alla à Ninive, selon la parole de l'Éternel. Or Ninive était une fort grande ville, de trois journées de chemin.»

Cette fois-ci, Jonas n'hésite pas. Pourtant il aurait pu, impressionné par la capitale assyrienne, avancer toutes sortes d'excuses: «Je ne suis pas capable», comme Moïse des centaines d'années plus tôt, lorsque Dieu voulait l'envoyer devant le Pharaon; ou encore: «Je ne suis pas digne d'accomplir un tel service après mon misérable comportement dans le passé». Mais une telle attitude n'est que de la fausse humilité. Elle montre qu'on regarde encore à soi-même au lieu de regarder à Dieu pour recevoir les capacités et la force nécessaires. Tout ce dont nous avons besoin pour la tâche que le Seigneur nous confie se trouve en lui, et il le met à notre dis­position. C'est pourquoi Paul pouvait faire cette affirmation paradoxale: «Quand je suis faible, alors le suis fort» (2 Cor. 12:10).

Jonas se rend donc à Ninive. Ninive était une ville impressionnante à plusieurs égards: par ses dimensions (on pense qu'elle devait avoir plus de soixante kilomètres de circonférence), par le nombre de ses habitants (plusieurs centaines de milliers), par ses fortifications dominées par 1500 tours, par son rôle central dans le commerce mondial, et par sa culture. Mais si Ninive avait acquis une telle richesse et une telle puissance, ce n'est pas seulement par le commerce. Le prophète Nahum la comparera 150 ans plus tard à un lion qui déchire, qui étrangle et qui remplit de proies ses antres (Nahum 2:12). Ninive s'enrichissait donc aussi par les guerres et les pillages. C'était une «ville de sang, toute pleine de fausseté et de violence» (Nahum 3:1). Aussi n'est-il pas surprenant que Dieu demande à Jonas de lui annoncer le jugement.

«Et Jonas commença à entrer dans la ville, le chemin d'un jour; et il cria et dit: Encore quarante jours, et Ninive sera renversée» (v. 4).

Jonas n'hésite pas à crier son message de jugement de façon à être entendu de tous, quoique cela puisse lui en coûter. Il risquait pourtant les moqueries, la prison, et même la torture et la mort! Quelle leçon de courage pour nous! Jonas n'utilise pas non plus des techniques oratoires spéciales ou des effets dramatiques pour rendre son message plus percutant. Il annonce simplement, mais clairement, ce que Dieu lui a commandé de dire. Y a-t-il jamais eu prédication plus concise que la sienne? Et pourtant, son effet sera remarquable, comme nous allons le voir. Si nous réalisions mieux dans nos vies ce que cela signifie d'être mort et ressuscité avec Christ, notre comportement et même le rayonnement de notre visage seraient tels que notre témoignage aurait bien plus d'impact sur nos prochains! Notons que Jonas n'évoque pas du tout la possibilité d'un repentir dans son message. Cependant, la mention même du délai de quarante jours semble la sous-entendre. Dieu use en effet de patience envers les Ninivites. Il ne les juge pas tout de suite, mais leur donne encore du temps. Dans la Bible, le chiffre 40 correspond souvent à une période de mise à l'épreuve. Pensons au peuple d'Israël errant 40 ans dans le désert, ou au Seigneur tenté 40 jours dans le désert. La réaction des habitants de Ninive montre qu'ils ont perçu cette lueur d'espoir, puisqu'au lieu de céder au fatalisme, ils décident de se repentir.

«Et les hommes de Ninive crurent Dieu, et proclamèrent un jeûne, et se vêtirent de sacs, depuis les plus grands d'entre eux jusqu'aux plus petits. Car la parole parvint au roi de Ninive, et il se leva de son trône, et ôta de dessus lui son manteau, et se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre. Et il fit crier et dire dans Ninive, par un édit du roi et de ses grands, disant: Que les hommes, et les bêtes, le gros et le menu bétail, ne goûtent de rien; qu'ils ne paissent pas et ne boivent pas d'eau; et que les hommes et les bêtes soient recouverts de sacs. Et qu'ils crient à Dieu avec force; et qu'ils reviennent, chacun, de leur mauvaise voie et de la violence qui est en leurs mains. Qui sait? Dieu reviendra et se repentira, et reviendra de l'ardeur de sa colère, et nous ne périrons pas» (v. 5-9).

Les Ninivites croient Dieu sur parole et cela les amène à un changement remarquable. Peut-être avaient-ils déjà eu conscience auparavant de leur méchanceté, aussi se rendent-ils compte qu'ils méritent le châtiment annoncé. Relevons deux aspects dans ces versets. D'abord, les habitants de Ninive, le roi à leur tête, mon­trent leur repentir par des signes extérieurs: le jeûne, les sacs, la cendre. Mais surtout, le roi leur ordonne de faire correspondre un véritable changement intérieur à ces signes visibles: chacun doit abandonner ses mauvaises voies. Ce dernier point est le plus important aux yeux de Dieu, comme nous le montrera le verset 10, car il prouve la réalité du repentir et témoigne d'une vraie conversion. Après la foi en la parole de Dieu, viennent les œuvres qui montrent la réalité de cette foi. Jacques le dit dans son épître: «La foi sans les œuvres est morte» (2:20). Une pure adhésion intellectuelle aux vérités de la Bible ne sert à rien; il faut que celles-ci aient un impact dans nos vies. La foi réelle produit toujours du fruit.

À suivre