Une perle sans prix

David Morse, un missionnaire, s'était installé dans un village des côtes de l'Océan Indien dont la majorité des habitants vivait de la pêche aux perles. Il essayait de prêcher l'évangile et s'intéressait particulièrement à Rambhau, un homme âgé et ancien chef des plongeurs.

— Je ne peux pas recevoir le salut comme un don, répondait invariablement Rambhau; je veux faire ou payer quelque chose pour l'obtenir.

Comprenant que la fin de sa vie approchait, il désira encore faire un pèlerinage à Delhi, pour gagner, disait-il, sa place au ciel. Peu avant son départ, il pria le missionnaire de lui faire une dernière visite.

— Je voudrais vous montrer quelque chose, dit-il d'une voix tremblante. Vous ne le savez pas, mais j'ai eu un fils; un plongeur extraordinaire. Il rêvait de découvrir une perle plus belle que toutes les autres. Un jour, il plongea plus profond que jamais et découvrit ce qu'il cherchait. Mais pour l'avoir, il resta trop longtemps sous l'eau et mourut peu après... Le vieillard courba la tête, et trembla de tout son corps.

— J'ai toujours gardé cette perle depuis lors, reprit-il en ouvrant un coffret; mais maintenant je vais partir, et qui sait si je reviendrai? Alors je veux vous donner ma perle, à vous, mon meilleur ami...

Le missionnaire resta muet d'admiration. Une pensée nouvelle le saisit.

Rambhau, dit-il, cette perle est remarquable. Laissez-moi l'acheter. Je vous en offre dix mille dollars.

— Oh! Monsieur Morse! Que voulez-vous dire?

— Quinze mille, ou davantage, s'il le faut. Je travaillerai pour l'avoir.

— Monsieur Morse, dit Rambhau, vraiment indigné; cette perle est hors de prix! Personne au monde n'est assez riche pour payer ce qu'elle vaut pour moi! Vous ne pouvez l'accepter que comme un don de votre ami!

— Non, Rambhau! Je ne peux pas l'accepter ainsi, ce serait trop facile. Peut-être suis-je trop orgueilleux, mais il faut que je paie pour l'acquérir.

Vous ne comprenez pas: mon fils unique a donné sa vie pour cette perle! Ce qui fait sa valeur, c'est la vie de mon fils! Je ne peux pas vous la vendre mais je peux et je veux vous la donner! Acceptez-la comme une preuve de mon affection pour vous.

Très ému, le missionnaire tarda à répondre.

— Rambhau, dit-il doucement, ne comprenez-vous pas? Ce que je vous ai dit, c'est exactement ce que vous avez dit à Dieu; et ce que vous me dites, c'est ce que Dieu ne cesse de vous dire...

Le pêcheur de perles regarda longuement son ami. Il commençait lentement à comprendre. Des larmes coulèrent sur ses joues.

Oui, je vois à présent! Je reconnaissais la valeur de l'enseignement de Jésus, mais je ne pouvais accepter son salut gratuit. Je comprends aujourd'hui... Avec reconnaissance, je reçois le don de Dieu qui n'a pas de prix!