«Voici, je me tiens à la porte et je frappe»

Chers amis,

Pour commencer cette nouvelle année, nous avons pensé vous raconter une histoire qui a paru dans la «Bonne Nouvelle» il y a presque exactement 100 ans! Nous sommes cependant certains que son message saura toucher vos cœurs, comme il a touché le nôtre.

— Maman, maman! s'écria le petit Willy Kramer, un dimanche vers midi, en entrant bruyamment dans la cuisine. Maman! a-t-on frappé à la porte ce matin?

— Que veux-tu dire, mon chéri? répondit Madame Kramer qui préparait le dîner.

— Est-ce que quelqu'un a frappé à la porte?

— Pas que je sache, dit la mère. Personne n'est venu ici ce matin.

— Le prédicateur a dit, continua le petit, qu'il y a quelqu'un qui va partout, qu'il frappe à chaque porte et qu'il apporte quelque chose à chacun. Et il a dit qu'il faut faire bien attention pour entendre quand il frappe et lui ouvrir aussitôt, autrement il s'en va et ne revient plus jamais.

L'enfant était très animé, ses joues étaient toutes rouges. Ce qu'il avait compris de la prédication de ce matin était tombé dans son cœur et remplissait toute ses pensées.

Eh bien, dit la mère, personne ne peut dire que nous n'ouvrons pas quand on frappe à notre porte. Je n'ai jamais fait attendre quelqu'un dehors. S'il vient ici, je lui ouvrirai tout de suite. Mais ce matin, je n'ai pas quitté la cuisine un seul instant, et si l'on avait frappé, même doucement, je l'aurais certainement entendu.

Willy poussa un soupir de soulagement; mais tout à coup, il reprit:

— Maman, il est peut-être venu hier?

— Dans ce cas, il faudra qu'il revienne, car hier je n'étais pas à la maison, répliqua Madame Kramer avec impatience. Mais de qui veux-tu donc parler? Qui est-ce qui frappe ainsi de porte en porte?

Willy hésita.

— Je ne sais pas, dit-il enfin à mi-voix, le prédicateur a seulement dit qu'il venait frapper à la porte de chacun.

— Je n'ai pas entendu dire qu'il soit venu dans le voisinage, dit Madame Kramer, et s'il avait apporté des cadeaux, on me l'aurait certainement dit. Qu'est-ce qu'il apporte? Est-ce de l'argent?

— Non, je ne crois pas que ce soit de l'argent. Mais le prédicateur répétait toujours qu'il fallait que chacun le laisse entrer.

Il n'avait pas besoin de le dire. Ce serait bien impoli et bien ingrat de laisser dehors un tel visiteur. Mais Willy, tu aurais dû être plus attentif, afin de pouvoir me dire ce qu'il apporte réellement.

— Le prédicateur a dit que c'était quelque chose dont chacun a besoin, répondit Willy.

— Il semble avoir fait une étrange prédication aujourd'hui, remarqua Madame Kramer. Est-ce tout ce dont il a parlé?

— Je crois qu'oui, maman.

Dans le passage biblique il n'y avait que cela, et j'ai été tout le temps tourmenté en pensant qu'il pourrait venir avant que je sois de retour à la maison.

— Ah! il en a été question dans le texte? Tu aurais dû me le dire tout de suite. Madame Kramer avait l'air si fâchée en disant cela que, pendant un moment, Willy n'osa plus parler. Mais il avait le cœur trop rempli de ce qu'il avait entendu.

C'est très vrai, maman, répéta-t-il. Le prédicateur l'a dit plus d'une fois, qu'il va partout. Je suis sûr que c'est vrai.

Bah! dit la mère avec impatience, tu as mal compris. Ne dis donc plus de telles folies. Je parlerai une fois au prédicateur et lui dirai que c'est ridicule de raconter de telles histoires.

Pauvre Willy! ll était tout triste d'entendre sa mère parler ainsi. Le discours du prédicateur lui avait paru si beau, si saisissant et il avait parlé si sérieusement. Il lui semblait même qu'il avait regardé plus d'une fois vers le banc où il était assis. Il était tout à fait convaincu que bientôt quelqu'un viendrait frapper à la porte et apporterait quelque chose de très beau, et il désirait ardemment que ce soit ce dimanche-ci, pendant que tous seraient à la maison.

Enfin le père arriva et tous trois se mirent à table.

— Willy a entendu aujourd'hui une étrange prédication, dit Madame Kramer.

— De quoi y était-il question? demanda amicalement le père, qui estimait qu'une promenade était plus agréable et plus salutaire pour lui que d'écouter un discours pendant une heure. Peux-tu me répéter le texte, mon petit?

— Le texte! dit Madame Kramer en riant. Ah oui! Willy est revenu tout agité à la maison avec un drôle de conte, disant qu'il y a un monsieur qui va de maison en maison frapper à la porte et qu'il apporte un cadeau à chacun. As-tu jamais entendu pareille folie?

Mais oui, papa, interrompit le petit. Le prédicateur dit que c'est réellement ainsi! Je voudrais que tu aies été là et que tu l'aies entendu.

— Des choses semblables n'arrivent pas, dit Madame Kramer. Qui a déjà entendu un prédicateur raconter de telles folies? Willy l'a sûrement mal compris.

— Non, non, papa, dit Willy les yeux pleins de larmes. Vois-tu, il a lu le texte dans la Bible, et il nous a dit qu'il fallait faire bien attention quand on frapperait. Sinon, il pourrait passer et ne plus jamais revenir.

— Eh bien, sois tranquille mon enfant, dit calmement le père. Nous avons de bonnes oreilles et nous l'entendrons bien.

Quand le repas fut terminé, Willy se leva, appuya avec confiance sa tête sur l'épaule de son père et lui dit:

— Papa, n'as-tu pas une Bible?

Oui; il doit y en avoir une ici, mais je ne sais pas où elle est. Mais tu ne vas pas te fatiguer la tête à lire la Bible; ce serait trop difficile pour toi.

— Tu l'as sans doute déjà lue en entier, n'est-ce pas papa? Le père réfléchit un moment et dit:

— Non, mon petit; mais ton grand-père oui. Il lisait très souvent dans la Bible. J'ai toujours dû beaucoup travailler et j'ai eu trop peu de temps pour lire.

Willy se tut et resta pensif pendant un moment. Puis il dit:

— Si tu avais ta Bible ici, tu le trouverais bien tout de suite.

— Trouver quoi?

— Mais le passage où il est dit que quelqu'un vient frapper à la porte. Peut-être pourrais-tu même nous dire s'il viendra aujourd'hui. Puis, avec un regard suppliant, il ajouta: Ne crois-tu pas que tu pourras voir dans la Bible quand il viendra et ce qu'il nous apportera?

Le père secoua la tête.

— Non, mon enfant, dit-il. Je ne le crois pas. Mon père connaissait la Bible d'un bout à l'autre, et s'il y avait lu quelque chose de si étrange, il n'aurait pas manqué de m'en parler. Mais pourquoi ne le demanderais-tu pas cet après-midi à la monitrice de l'école du dimanche? Elle saura peut-être t'expliquer la chose.

— Eh quoi! dit la mère. Vas-tu soutenir le petit dans sa folie?

— Et si nous ne recevons jamais le cadeau? osa objecter Willy.

— Va, va, apprends ton cantique, dit Madame K ramer avec colère. Cela vaudra mieux que de parler de choses auxquelles tu ne comprends rien.

Une demi-heure plus tard, Willy était assis à sa place habituelle à l'école du dimanche. Cette fois, la prière et le cantique lui parurent durer bien longtemps. Dès que la monitrice eut dit: «Amen!», il laissa sortir ce qui remplissait son cœur et demanda:

— S'il-vous-plaît, Mademoiselle, voudriez-vous me dire à quelle heure il viendra et ce qu'il apportera?

La monitrice, presque effrayée en voyant l'agitation de l'enfant et son visage tout rouge, lui demanda:

— Que veux-tu dire, Willy?

— Je pensais que vous le sauriez, dit Willy tout déçu. Et mon père le pensait aussi. Je veux parler de ce monsieur dont le prédicateur a dit ce matin qu'il vient frapper à toutes les portes, et mon père croyait que vous sauriez où se trouve le passage qui le dit.

La monitrice qui avait assisté à la prédication comprit ce que voulait dire Willy, et quand elle vit le visage sérieux de celui-ci et la curiosité éveillée chez ses camarades, elle pensa qu'il valait mieux laisser de côté la leçon préparée pour ce dimanche et répondre à la question du petit Willy. Alors elle raconta aux enfants, devenus tout attentifs, bien des choses concernant cet Ami divin qui, avec tant de patience, vient frapper au cœur de chacun, et qui pourtant est si souvent laissé dehors. Elle leur parla de son grand amour, de sa bonté merveilleuse, même envers ceux qui le haïssaient. Elle leur dit comment les méchants le maltraitèrent et le clouèrent enfin sur la croix. Elle leur affirma aussi que ceux qui recevaient cet hôte béni avaient leurs cœurs remplis de paix et de joie.

Willy écouta avec la plus grande attention. Il ne saisit pas tout ce que la monitrice disait, mais il comprit que ce qu'il avait dit était vrai, que c'était dans la Bible et qu'il pouvait attendre du ciel, à chaque instant, celui qui vient frapper à la porte. À la fin de l'heure, il pria la monitrice de lui écrire sur un billet le passage où il était parlé de quelqu'un qui frappe à la porte, afin que son père puisse le chercher et le lire.

— A-t-il déjà frappé à ta porte, Mademoiselle? lui demanda-t-il quand elle eut écrit le passage sur un morceau de papier. Une expression de joie se peignit sur ses traits lorsqu'elle répondit avec émotion:

— Oui, Willy, mais d'abord, j'ai été très méchante; je ne voulais pas le laisser entrer. Et comme il ne cessait pas de frapper, je lui ai ouvert et il est entré, et alors je suis devenue plus heureuse que je ne l'avais jamais été de ma vie. En disant cela, des larmes brillaient dans ses yeux. Les enfants étaient tous profondément émus, aucun n'osait dire un mot. Mais Willy était tellement intéressé qu'il ne put s'empêcher de lui poser encore une question.

— Est-il resté longtemps chez toi? demanda-t-il, en arrêtant sur elle un regard qui la pénétra jusqu'au fond du cœur. Elle mit son bras autour du cou de l'enfant et le serrant contre elle, elle lui dit avec sérieux:

— Il reste toujours avec nous, mon cher petit.

Willy était satisfait. Il prit brusquement congé de sa monitrice et courut d'un trait à la maison.

À suivre