Fidèle

— Lucien, viens avec nous, ce soir on se retrouve avec des copains au bar de la place.

— Non merci, Henri! Tu sais que je n'aime pas ça.

— On ne fait pas de mal; il y a de la musique, on danse et on s'amuse bien. Allons, viens pour une fois. Tu n'iras pas en enfer pour ça.

— Je te dis non. Inutile d'insister.

Et c'est ainsi que, à la fin de chaque semaine, Henri, le fils du boulanger, essaie d'entraîner son camarade dans ses divertissements.

Lucien est apprenti auprès du père d'Henri. Jeune croyant, il a le cœur pris par l'amour de son Sauveur. Il n'a aucune envie de se distraire avec un groupe de camarades incroyants. Il sent bien qu'il n'aurait pas l'approbation de son Sauveur. Cet humble mais ferme témoignage est insupportable pour Henri qui voit là un reproche constant. Où Lucien puise-t-il la force pour lui résister? Serait-ce dans la lecture d'un certain livre que ses parents lui ont donné et auquel il tient beaucoup? Il dit que c'est la Parole de Dieu; mais qu'est-ce que cela veut dire? Ah! mais... il est énervant avec ça... L'idée lui vient subitement de s'emparer du livre et de le faire disparaitre et l'occasion ne tarde pas à se présenter.

— Lucien, prépare-toi, lui dit son patron. Comme tu as bien travaillé, je te prends avec moi. Je dois aller en ville pour différents achats et j'ai pensé que cette excursion t'intéresserait.

Henri est rempli de jalousie et de fureur. Mais il réalise soudain que c'est justement le moment de mettre à exécution son mauvais tour. Dès que Lucien est parti, Henri se rend dans la petite chambre de Lucien; le livre est bien en vue sur la table de nuit. Il s'en empare et va se cacher derrière la maison.

— Je vais le jeter dans le caniveau; ainsi il ne pourra pas le retrouver, se dit-il.

Dans sa précipitation, il trébuche et lâche le livre qui s'ouvre en tombant.

— Tiens, il y a des mots soulignés en rouge, d'autres en bleu, et des notes dans la marge! Qu'est-ce qu'il raconte, ce fameux livre?

En feuilletant, il tombe sur ces mots: «Cherchez l'Éternel tandis qu'on le trouve; invoquez-le pendant qu'il est proche. Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme inique, ses pensées, et qu'il retourne à l'Éternel, et il aura compassion de lui, — et à notre Dieu, car il pardonne abondamment». (Es. 55:7).

Assis au bord d'un talus, Henri tourne les pages et lit encore. Il ne comprend pas du tout, il n'a jamais rien lu de pareil, et un travail s'opère dans son cœur. Pensif, il retourne à la maison, remet le livre à sa place. Le même soir, il se rend timidement dans la chambre de Lucien, avoue ce qu'il a fait et lui demande de lui expliquer les textes qu'il a lus dans le livre.

L'entretien se poursuit fort tard, mais peu à peu la lumière se fait dans le cœur du jeune incrédule. Le lendemain matin, Henri est rempli d'une joie toute nouvelle qui illumine son visage. Son cœur est enfin en paix. Il a maintenant l'assurance que le Seigneur Jésus a souffert sur la croix pour que tous ses péchés à lui, Henri, soient effacés. Il sait qu'il est sauvé pour toujours.