Le naufrage

Quelle agitation à bord! Et quel effroi! Plus de doute, le navire est en train de couler. Le capitaine donne des ordres. Pas une minute à perdre!...

Victoire! Tous les passagers ainsi que les membres de l'équipage ont pu trouver place dans des canots de sauvetage. Le capitaine peut enfin penser à sa propre sécurité et se hâte vers l'issue de secours.

Mais à ce moment précis, un jeune homme affolé surgit près du capitaine. Durant la traversée, personne n'a remarqué ce garçon; c'est un passager clandestin qui, jusque-là, s'est caché bien soigneusement. En voyant le danger qui le menace, il est sorti de sa cachette et supplie le capitaine d'avoir pitié de lui et de le secourir. Le capitaine aurait pu se dire: «Ce garçon est coupable; il n'a pas payé sa place à bord et n'a pas droit aux privilèges des autres. Maintenant il n'a que ce qu'il mérite». Au lieu de cela et sans hésiter, le capitaine attache son propre gilet de sauvetage autour de la taille du garçon et bientôt le jeune homme est en sécurité dans le canot. Pour le capitaine maintenant, il n'est plus temps ni possible de se sauver et il disparaît dans la mer avec le bateau.

Pour Frédéric, le passager clandestin, qui a suivi le naufrage et la disparition du capitaine dans les eaux profondes, c'est le remords. Cette vision le hante. Était-il digne que cet homme de mérite laisse sa vie pour lui?

Frédéric sait qu'il n'était pas prêt à mourir. Son père l'avait souvent averti qu'on ne pouvait pas fuir loin de Dieu. Et pourtant, en fraude, c'est ce qu'il projetait de faire, et sa désobéissance avait coûté la vie du dévoué capitaine!

De retour sur terre ferme, Frédéric est encore tourmenté. Il se souvient des lectures en famille qu'il n'écoutait qu'à moitié. C'est vrai, son père parlait de Jésus qui, comme le capitaine, avait donné Sa vie pour sauver des hommes méchants. Ne fait-il pas partie de ceux-là?

Frédéric a honte de rentrer à la maison d'où il s'est échappé. Il sait qu'il n'a aucun droit au pardon de ses parents. Dans son désespoir, il se souvient tout à coup de ces mots: «Venez à Moi...». Osera-t-il répondre à Jésus après ce qu'il a fait? À genoux, il pleure sur sa conduite honteuse. «Seigneur Jésus, j'implore ton pardon, je viens à Toi! s'écrie-t-il enfin, «Toi, qui le premier as donné ta vie pour me sauver».

* * *

C'est le soir. La lampe est allumée et, sur la table, les bibles sont encore ouvertes. Frédéric s'est glissé dans l'ombre du jardin. Il entend son nom prononcé lors de la prière. Comme il lui tarde de demander pardon à ses parents! Ce qui lui donne du courage, c'est de savoir que le Seigneur Jésus lui a pardonné et qu'il est à Lui pour toujours.

Tout à l'heure, il sonnera... et leur racontera tout.