Histoire d'un cantique

Une petite fille d'une douzaine d'années revenait de l'école en pleurant: «Je ne veux plus aller à l'école. Tout le monde se moque de moi. On me traite de sale bigote et certains sont prêts à me donner des coups». Son père, César Malan, essaya, sans succès, de la consoler et la fillette alla se coucher en pleurant.

Le père, lui, n'alla pas se coucher. Il demanda à Dieu de lui donner les paroles qui pourraient apaiser son enfant. Il passa une partie de la nuit à prier, puis il se releva et écrivit le beau poème que vous lirez plus loin.

Il le copia sur une grande feuille de papier et, sans bruit, alla le poser sur les habits de sa fille, pliés près de son lit.

Le lendemain matin, il ne revit pas son enfant, mais quand elle rentra de l'école elle se jeta au cou de son père et lui dit: «J'ai trouvé ta belle poésie près de mon lit. Je l'ai lue et Dieu m'a parlé. Maintenant, quand mes camarades seront méchants avec moi et me joueront de mauvais tours, je ne répondrai pas sur le même ton. Je les laisserai dire ou faire et, quand je le pourrai, je leur rendrai service».

Avec l'aide du Seigneur, voilà ce que nous devons faire:

«Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux» (Matt. 5:44-45).

C'est dans la paix que tu dois vivre,

Enfant de Dieu, disciple du Sauveur;

Par son Esprit, ton âme doit le suivre

Sur le sentier de la douceur.

Si contre toi s'élève quelque offense,

Si l'on te hait, si l'on veut t'opprimer,

Ferme ton cœur à la vengeance,

Comme ton Dieu tu dois aimer!

 

Bien loin de toi que toute haine,

Que tout dépit soit toujours repoussé:

Souffre en repos et l'insulte et la peine

Et sans orgueil sois abaissé.

Oui, pour Jésus, pour ce Roi débonnaire

Reçois le coup le plus humiliant;

Bois jusqu'au fond la coupe amère;

Comme ton Dieu, sois patient.

 

Ce n'est pas toi que hait le monde;

C'est ton Sauveur qu'ils ne connaissent pas.

Ah! plains-les donc, leur misère est profonde;

Contre Dieu se lève leur bras.

Tends-leur la main au bord du précipice;

S'ils sont tombés, cours et sois leur soutien,

Et pour punir leur injustice

Comme ton Dieu, fais-leur du bien.

César Malan (1787-1864)