Jour de lessive (suite)

Jour de lessive (suite)

Tia Ursula accompagne Jacob, Teresa, Chupi et une amie à la rivière. En route, Jacob a dévoilé quelques secrets de la forêt vierge.

 

Après ces découvertes, nous arrivons au cours d'eau qui serpente tranquillement entre les arbres. Malgré sa couleur brune, l'eau est en réalité claire et propre.

«A plus tard ! Milou et moi, nous continuons jusqu'au champ d'arachides. Peut-être attraperons-nous l'un de ces gênants porcs-épics ?» dit Jacob. Puis, il traverse le lit de la rivière à gué, suivi de Milou.

Teresa continue aussi son chemin pour aller contrôler les tubercules de manioc qui trempent un peu plus haut dans la rivière. Entre-temps, Chupi et son amie ont déversé le linge sale au bord de l'eau, près d'une longue planche posée en équilibre sur deux branches. Les deux fillettes retroussent leur jupe et entrent dans l'eau. Elles prennent chacune un habit et, pour commencer, le trempent dans la rivière. Puis elles le frottent énergiquement avec du savon avant de le pétrir de tous côtés comme une pâte à pain: pétrir, taper sur la planche, déplier, rassembler, pétrir, taper à nouveau... Avec un tel traitement, les taches et la saleté n'ont aucune chance ! Maintenant je sais pourquoi leurs habits du dimanche sont toujours si éclatants de propreté !

Pour rincer les habits, il suffit d'agiter le linge deux à trois fois dans l'eau. A trois, le travail est vite fait et en peu de temps, le linge soigneusement essoré est remis dans les seaux. Teresa est déjà de retour. Tout est en ordre avec le manioc et nous pourrions rentrer. Mais auparavant, les filles aimeraient profiter de l'occasion pour se baigner. Après s'être savonnées de la tête aux pieds, quel plaisir de plonger dans l'eau !

«Chuo'o! A ntangan !*» Au comble de l'étonnement, une voisine revenant des champs avec son grand «nkue» s'assied sur la rive. Que fait cette femme blanche au milieu de la forêt vierge ? Elle n'a jamais vu cela ! Nous nous saluons aimablement. Pendant qu'elle s'entretient en fang avec Teresa, je jette un coup d'oeil à son «nkue» rempli de bois et de bananes: que cela doit être lourd ! Semaine après semaine, tout au long de l'année, les femmes rapportent de tels fardeaux au village ! Ce n'est pas étonnant qu'elles aient souvent mal au dos...

«Regarde tia Ursula, l'eau chante !» Chupi et son amie se tiennent au milieu de la rivière et agitent de leurs mains la surface de l'eau. Une musique glougloutante s'élève joyeusement de la rivière. Quand Teresa se joint à elles, la musique prend encore plus d'entrain et se transforme en un magnifique trio. Qui ne voudrait pas s'y joindre ? Quant, à mon tour, j'entre dans l'eau et essaie de les imiter, j'éclabousse tout autour de moi, mais aucun son mélodieux ne se produit. Finalement, j'abandonne en riant. Evidemment: pour faire chanter l'eau, il faut avoir du sang africain dans les veines !

A suivre

Quelques notions de  fang...

Chari'a! : Exclamation marquant un grand étonnement. Par exempte: «Pas possible!»

A ntangan! : Une blanche!