Jour de lessive

Jour de lessive

Tia Ursula continue de nous parler de la famille de Jacob. Maman Teresa demande à sa fille Chupi de l'accompagner à la rivière pour y faire un peu de lessive.

Chupi fait grise mine. « J'ai déjà fait la vaisselle, pourquoi devrais-je encore aider pour la lessive ?» proteste-t-elle en lançant l'eau de la vaisselle derrière le bananier. Finalement, et parce qu'une fille du voisinage se joint à nous, elle accepte: entre amies, c'est beaucoup plus amusant de laver les habits !

Teresa prend son «nkue»* sur le dos et empoigne son indispensable machette. Deux seaux remplis de linge sale sont prêts.

Chupi et son amie en hissent chacune un sur leur tête. Transporter un seau de cette manière est beaucoup plus agréable qu'à la main : essaie donc ! Malheureusement, en tant qu'hôte, je n'ai pas le droit de porter quelque chose ! Je me contente donc de prendre mon sac à dos et suis Teresa et les filles. Jacob nous accompagne également. Avec Milon, il aimerait aller chasser les porcs-épics qui font des dégâts dans leur champ de cacahuètes.

Après avoir traversé la route, nous arrivons chez le frère Carmelo, le père de Salvador.

Assis devant sa maison avec sa femme Maria, il tresse un magnifique «nkue»*. Nous nous saluons et observons quelques instants Carmelo qui assemble habilement les tiges. «O ne akeng abwin, wa bo mbamba esein!*» «Bi yane ke* si nous voulons être de retour avant la nuit!» dit finalement Teresa.

«Fa'a ve ngo gase!» «Aa, fa'a ve ngo gase!*» répondent Carmelo et Maria.

Peu après, nous pénétrons dans la forêt par un petit sentier. L'abondante pluie du matin l'a transformé par endroits en une véritable mare. Impossible de marcher avec des nu-pieds ! Ces sandales en plastique s'enfoncent dans la boue et, en les retirant, on risque de les déchirer. Il est donc préférable de continuer à pieds nus !

Le chemin ressemble à un tunnel vert. De tous côtés, du sol aux cimes des arbres, on ne voit que du vert. J'admire une fois de plus l'immense variété de plantes. Comme la création de notre Dieu est merveilleuse !

«Regarde cet arbre», dit soudainement Jacob en faisant une entaille dans un tronc avec sa machette. Aussitôt, un liquide laiteux en sort. «Fais attention, si ce jus entre en contact avec tes yeux, tu perds immédiatement la vue.» Je reste donc à une distance respectable. Entre-temps, Jacob a déjà fait une encoche dans un autre arbre, dont l'écorce semble identique à la précédente. Mais je me trompe ! A nouveau, un liquide blanc s'écoule. «Pas de panique!» dit Jacob en riant, «la sève de cet arbre-là est un médicament». Impressionnée, je lui demande : «D'où sais-tu tout cela ? » «Lorsque j'étais jeune, j'accompagnais souvent mon père. C'est lui qui m'a initié aux secrets de la forêt.»

 

* Quelques notions de  fang...

  •        Nkue : sorte de hotte, panier fang traditionnel
  •        O ne akeng abwin, wa bo mbamba esein : Tu as un beau panier, tu fais du bon travail
  •        Bi yane ke : Nous devons y aller
  •        Fa'a ve ngo gase ! : A ce soir !
  •        Aa, fa'a ve ngo gase ! : Oui , à ce soir !

 

A suivre