Milou (suite)

MILOU

Tia Ursula continue de nous raconter quelques expériences de la famille de Jacob, qui vit à Mekorno (Guinée Equatoriale), au coeur de la forêt vierge.

Jacob, Teresa et moi-même sommes tranquillement assis dans la maison abritant la cuisine. Solo et Chupi sont à l'école. Dehors, il pleut à verse: impossible de partir à la chasse ou d'effectuer le moindre travail dans les champs. Milon le fidèle chien de chasse de Jacob, est couché dans un coin de la pièce, sous le lit de bambou. Il sait très bien qu'il n'a rien à faire dans la cuisine... mais tant qu'il ne bouge pas, Jacob ne va pas le faire sortir sous la pluie !

Heureusement, avec Jacob on ne s'ennuie jamais ! Il a toujours une autre aventure à raconter. Celle que Pancho et lui ont vécue avec le boa n'est pas un cas unique. « A plusieurs reprises, le Seigneur nous est venu en aide d'une manière merveilleuse» explique-t-il. «Regarde cette tête de serpent suspendue au-dessus du feu. C'est un souvenir du boa qui a failli avaler Milou». Lorsqu'il entend son nom, le chien lève brièvement la tête. Je m'approche pour observer de plus près l'étonnant trophée noirci par la fumée et demande: «Que s'est-il donc passé?»

«Ce jour-là, je rentrais de la chasse les mains vides. Malgré l'aide de Milou, je n'avais rien attrapé et j'étais fatigué. Milou, lui, ne l'était pas : il furetait dans le sous-bois et réapparaissait de temps à autre. Non loin du village, je l'entendis soudain hurler pitoyablement. Que se passait-il ? immédiatement, ma fatigue oubliée, je courus aussi vite que possible en direction de ce hurlement.

Pauvre Milou ! Il était la proie d'un boa qui s'apprêtait à le manger pour son souper ! Le serpent s'était déjà enroulé plusieurs fois autour du petit chien, de sorte qu'on ne le voyait pratiquement plus. L'instant d'après, il tendrait ses muscles et le broierait ! Non, mon fidèle compagnon de chasse ne devait pas terminer sa vie dans le ventre d'un serpent ! Mais il me fallait être prudent pour ne pas blesser Milou en le délivrant ! Hélas, ma meilleure machette, aussi aiguisée qu'un couteau, était restée vers Teresa à la cuisine. Celle que j'avais avec moi n'était pas aussi tranchante.

Résolument, je frappai à trois reprises la boucle extérieure du corps du serpent. L'effet fut radical. Il relâcha sa proie et commença à s'agiter sauvagement. Heureusement que le village était proche. Je m'y précipitai, criant déjà de loin à ma femme : «Teresa, ka'aga me nkwara, mbii ! *» Salvador, le fils du frère Carmelo était justement près d'elle. Il a tout de suite compris de quoi il s'agissait, et m'a rejoint pour se rendre sur le lieu de l'attaque.

«Regarde Jacob, le serpent est mort !» cria Salvador. Effectivement, le boa gisait dans l'herbe, immobile. Mais était-il vraiment mort ?

 

A suivre

Quelques notions de fang

ka'aga me : donne-moi

nkwarala : Machette

mbii : vite