Jacob
La perte de Joseph (suite)
Lire Gen. 37, 25-36
Alors que Joseph avait été envoyé vers ses frères pour prendre de leurs nouvelles, ces derniers le vendent à des Ismaélites et font ensuite croire à leur père qu'une bête sauvage l'a dévoré. Quelle peine immense pour Jacob lorsque ses fils, alors insensibles à l'énormité de leur acte, lui montrent la robe de joseph maculée de sang : «Reconnais si c'est la tunique de ton fils, ou non» (v. 32). Pour Jacob, privé de Joseph, il n'y a plus que deuil et pleurs dans ce monde, jusqu'à la mort (y. 35). Et nous qui savons la manière dont Jésus a été traité par les hommes, ne devrions-nous pas, à bien plus forte raison, prendre l'attitude de Jacob ? Pour lui, le monde sans Joseph n'avait plus rien d'attrayant. Ce monde qui a rejeté le Seigneur Jésus est-il un désert pour nous ou, au contraire, un lieu très séduisant ? Ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu ? Quiconque donc voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu » (Jacq. 4, 4).
Mais revenons à notre histoire. Les chapitres 39 et 40 nous parlent de l'arrivée de Joseph en Egypte comme esclave et des épreuves qu'il subit; puis le chapitre 41 raconte comment il a été élevé au titre de second après le Pharaon.
Joseph est vivant ! Lire Gen. 42; 43
Bien des années se sont écoulées et voici que débute une période de sept années de famine. Jacob entend dire qu'il y a du blé en Egypte et y envoie ses fils pour chercher de quoi manger. Toutefois, il n'envoie pas Benjamin, son plus jeune fils, le dernier enfant qui lui reste de Rachel. « De peur qu'un accident ne lui arrive !» dit-il (42, 4).
Les frères de Joseph arrivent en Egypte et se trouvent bientôt devant le grand gouverneur qui gère la vente du blé. Ils se prosternent devant cet homme puissant, bras droit du Pharaon, sans penser un instant qu'il s'agit de leur frère, celui qu'ils avaient vendu comme esclave à des Ismaélites! Les songes que Joseph avait faits des années auparavant se réalisent donc bel et bien.
Joseph, lui, reconnaît ses frères. Il va les éprouver, non pour se venger, mais pour qu'ils réalisent devant Dieu le mal qu'ils ont commis. Tout au long de ces chapitres 42 à 45, nous assistons avec émotion au merveilleux travail de Dieu dans le cœur de ces hommes endurcis. Ces frères qui avaient voulu tuer Joseph et en avaient été empêchés de justesse par Ruben, ces frères qui n'avaient pas craint de faire croire à leur vieux père la mort de son fils bien-aimé, ces frères enfin qui, pendant de longues années, avaient fermé leur cœur à toute repentance, Dieu va s'en occuper.
Joseph les traite durement en prétendant qu'ils sont des espions. Ses frères protestent et assurent qu'ils sont d'honnêtes gens (vraiment...?), tous fils d'un seul homme. Ils expliquent à Joseph qu'ils étaient douze frères, que le plus jeune est resté vers son père, et qu'un autre est mort (« n'est plus », 42, 13). Ils sont à cent lieues de se douter que ce frère « mort » est précisément l'homme qui se tient devant eux! Joseph leur dit en quelque sorte : eh bien, pour me prouver que vous dites vrai, vous allez m'amener ce plus jeune frère (Benjamin). En attendant, je garde votre frère Siméon en otage ! De retour au pays, les neuf frères racontent à Jacob ce qui leur est arrivé. Ils expliquent au pauvre patriarche que, pour revoir Siméon et pour oser retourner chercher du blé, il faudra qu'ils prennent Benjamin avec eux...
Un combat terrible s'engage dans le cœur de Jacob. Il commence par dire: « Vous m'avez privé d'enfants : Joseph n'est plus, et Siméon n'est plus, et vous voulez prendre Benjamin ! Toutes ces choses sont contre moi » (42, 36).
Non. Jacob, ces choses ne sont pas contre toi ! C'est une lutte terrible que tu livres là, mais Dieu te forme encore et va t'aider à remporter la victoire. Et cette victoire, c'est une volonté soumise.
Les vivres s'épuisent peu à peu... Jacob demande à ses fils de retourner en Egypte. Ceux-ci refusent, sachant très bien qu'ils ne pourront rien obtenir du seigneur du pays s'ils n'emmènent pas Benjamin avec eux.
Jacob finit par céder. « Le Dieu Tout-puissant vous fasse trouver compassion devant l'homme, afin qu'il renvoie votre autre frère, et Benjamin ! Et moi, si je suis privé d'enfants, j'en serai privé », dit-il (43, 14).
Que c'est beau de voir cet homme dans l'épreuve se courber finalement sous la discipline du Tout-Puissant! Il abandonne toute volonté propre et, se confiant en Dieu, il leur dit de prendre Benjamin. Il ne compte plus que sur la grâce de Dieu. Tout semble lui être enlevé, mais il lui reste le Tout-Puissant, et cela lui suffit !
En Egypte, Joseph va, dans un premier temps, rassurer ses frères angoissés et leur rendre Siméon. Mais le travail nécessaire dans leur conscience et dans leur cœur n'est pas encore terminé. Il faudrait pouvoir s'étendre davantage sur ces pages magnifiques, sur les pleurs secrets de Joseph, profondément ému de voir le cœur de ses frères s'ouvrir peu à peu; mais notre sujet est maintenant la vie de Jacob, et nous nous occupons surtout de ce qui le concerne directement.
A suivre