Jacob
Rencontre avec Esaü (suite)
Lire Gen. 33, 1-20
Après l'épisode inoubliable de Peniel, Jacob lève ses yeux et voit Esaü qui arrive ! Il s'approche avec crainte de son frère... mais que fait celui-ci ? Il court à sa rencontre et l’embrasse ! Et voilà les deux jumeaux qui pleurent d'émotion en se retrouvant ! Esaü a-t-il été touché par les présents de son frère ? Il ne semble pas ! « Que veux-tu avec tout ce camp que j'ai rencontré ?» dit-il, n'ayant même pas compris pourquoi Jacob lui offre tout ce troupeau ! Ah ! Jacob, ce ne sont pas tes présents qui ont fléchi le cœur de ton frère, mais bien plutôt ton Dieu que tu as prié à Mahanaïm !
Comprenons-nous que la prière de la foi est bien plus efficace que toutes nos machinations ?
Mais Jacob se laisse encore vite effrayer. Lorsque Esaü lui propose de l'accompagner, Jacob prend peur : il ne veut pas se rendre chez son frère à Séhir. Effectivement, l'endroit où Dieu le veut, c'est la terre de Canaan, et non la montagne de Séhir en compagnie d'Esaü le profane ! Cela, Jacob le sait bien, mais il n'ose pas le dire en face à son frère. Il aurait pu témoigner de sa confiance en la protection de Dieu, au lieu de cela, il ment à son frère en disant qu'il le rejoindra à Séhir!
Ne nous reconnaissons-nous pas ici encore en Jacob ? Combien de fois n'avons-nous pas osé dire la vérité à nos amis ou camarades, par exemple lorsque nous avons refusé une invitation inconvenante ? Veillons à ce que notre témoignage vis-à-vis du monde soit compréhensible et clair, sans ambiguïté et sans arrière-pensée !
Au lieu de suivre son frère à Séhir, Jacob s'en va à Succoth (ce nom signifie «cabanes» ). Là, il se bâtit une maison pour lui, et des cabanes pour son bétail.
Ceux qui connaissent l'histoire d'Abraham se souviennent que ce fidèle patriarche vivait dans des tentes. Non pas qu'il était pauvre, puisqu'il avait de grands biens ; mais selon Hébreux 11, 9 et 10, Abraham agissait par la foi, car il attendait d'habiter pour toujours dans la cité de Dieu. Ce croyant de l'Ancien Testament est un exemple frappant pour nous : il était dans le monde, mais vivait dans la communion de son Dieu, et comme s'il était déjà au ciel en pensée. Bien sûr, Dieu ne nous demande pas aujourd'hui de vivre dans des tentes ! Mais par ces images de l'Ancien Testament, Dieu nous parle. Ce qui était concret et matériel pour les croyants de ce temps-là représente pour nous une vérité spirituelle. Pour nous, «vivre dans une tente» signifie que nous devons vivre en pensant chaque jour que nous quitterons bientôt cette terre pour rejoindre notre patrie céleste, la cité de Dieu! Une tente est une habitation provisoire, et c'est ce qu'est réellement notre vie ici-bas. La tente représente donc pour nous le témoignage que nous sommes des voyageurs ici-bas.
Jacob, ici, ne suit pas l'exemple de son grand-père : il se construit une maison, des cabanes... En faisant cela, il oublie en quelque sorte que Dieu avait promis tout ce pays à sa descendance et, renonçant à attendre la réalisation de la promesse, il prend possession d'un coin de terre pour satisfaire ses désirs.
Il semble d'ailleurs que cette position le rend mal à l'aise, car il quitte bientôt Succoth pour aller à Sichem, au-delà du Jourdain, où il reprend sa tente.
Il campe en face de la ville, mais ce n'est pas un lieu idéal pour le campement: la suite de son histoire nous le montrera.
A Sichem, Jacob retombe dans une faute analogue à celle de Succoth : il achète une portion de champ. Abraham avait bien acheté un champ il est vrai, mais c'était pour y avoir un sépulcre (Gen. 23, 4). Jacob l'achète pour y avoir une possession. Deux croyants peuvent agir de la même manière, mais l'un pour une bonne raison et l'autre pour une raison que Dieu ne peut pas approuver. Dieu ne se contente pas de l'apparence extérieure, mais il regarde au cœur (1 Sam. 16, 7).
Pourtant, Jacob dresse là un autel. Un autel est une construction de pierres, où l'on offre des sacrifices. Pour nous, cela parle du lieu où l'on adore Dieu, où on lui rend culte.
A Peniel, Jacob a appris que sa force n'était en fait qu'une lutte contre l'Eternel, et qu'elle devait être anéantie pour être remplacée par la force de la foi. Mais Jacob n'avait retenu cette leçon qu'en partie : nous ne le voyons pas avoir prié avant d'aller à Succoth ou à Sichem. Dieu le laisse suivre son chemin, car il a encore une leçon à lui apprendre.
Lorsqu'on a réellement confiance en Dieu, on est dépendant de lui; on lui demande sa direction pour agir, sachant que ce sera le meilleur pour nous. Et comment se montre la dépendance ? Par la prière. Le Seigneur Jésus a été, sur la terre, un homme qui avait une confiance parfaite en son Dieu. Et quelle dépendance nous voyons en lui (lire Jean 5, 19)! Le Fils de Dieu lui-même attendait toujours un signe de son Père pour agir ! Il suffit de rappeler qu'avant de choisir ses disciples, il a passé toute la nuit à prier (Luc 6, 12) !
A suivre