Jacob

Mahanaïm et Peniel (suite)

Lire Gen. 32, 24-32

Jacob s'est enfui de chez Laban avec sa famille et ses grands trou­peaux. A Mahanaïm, les anges l'ac­cueillent, à son retour au pays. Mais Jacob est angoissé à l'idée de rencontrer son frère.

Avant de retrouver Esaü, Jacob va faire à Peniel une rencontre qui bouleversera sa vie: il va rencontrer... l'Eternel!

Après avoir envoyé des cadeaux à Esaü, Jacob fait passer le gué de Jabbok à sa famille et reste seul pendant la nuit. C'est alors qu'un homme vient lutter avec lui ! Jacob résiste, jusqu'au lever de l'aurore. L'homme mystérieux, voyant qu'il ne peut vaincre Jacob, lui touche simplement la hanche et le rend ainsi boiteux !

L'homme qui est en fait l'Ange de l'Eternel ou l'Eternel en personne (Osée 12, 5) lui demande de le laisser aller. Mais Jacob ne veut pas le laisser partir sans avoir été béni. « Quel est ton nom ? » demande l'homme. Et Jacob donne son nom, qui sonne ici comme une confession. Oui, je suis Jacob, le « supplanteur »; le rusé... je le reconnais! semble- t-il dire.

Dieu lui dit : «Ton nom ne sera plus appelé Jacob, mais Israël (qui signifie «vainqueur (ou prince) de Dieu»); car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et tu as prévalu» (v. 28). Jacob aimerait aussi connaître le nom de son mystérieux interlocuteur, mais l'homme répond simplement : « Pourquoi demandes-tu mon nom ?» (y. 29). Et il le bénit là.

Un nouveau jour se lève pour Jacob. Il est maintenant boiteux, mais il a acquis la paix ! Son âme a été délivrée !

La scène mémorable de Peniel est divisée en deux actes bien distincts :

  1. Dans le premier (y. 24, 25), Dieu lutte avec Jacob, car il faut que ce dernier apprenne que la force de l'homme et la volonté de la chair s'opposent toujours à Dieu. L'Eternel lui- même ne peut pas dompter ni changer cette mauvaise nature ! Il faut qu'il la juge et la brise. Et c'est ce qu'Il fait en figure ici. Toutefois, la lutte ne coûte aucun effort à Dieu : il lui suffit de toucher l'emboîture de la hanche de Jacob (symbole de la source de sa force dans la lutte), pour le réduire à l'impuissance ! Ne pensons pas que nous pourrons un jour améliorer notre « moi », notre vieille nature : Dieu lui-même y a renoncé !
  2. Alors commence le deuxième acte (à partir du y. 26): la propre force de Jacob est brisée. Sa hanche luxée, il ne peut plus se battre. Mais c'est dans ce brisement que la foi se développe chez lui, et vient remplacer son énergie naturelle. C'est lui maintenant qui lutte avec Dieu ! Et cette lutte magnifique est enfin empreinte de foi. Il ne peut acquérir la bénédiction de Dieu par des ruses humaines, comme il l'avait fait pour la bénédiction d'Isaac, car elle n'appartient qu'à la foi.

Et le soleil se levait sur lui comme il passait Peniel» (Gen. 32, 31).

Nous trouvons en Osée 12 un éclairage très intéressant sur cette scène de Peniel : le prophète parle de Jacob en disant :

« Dans le ventre il prit son frère par le talon, et par sa force il lutta avec Dieu » (v. 4).

« Oui, il lutta avec l'Ange et prévalut : il pleura et le supplia. A Béthel, il le trouva ; et là, il parla avec nous » (v. 5).

Le verset 4 correspond à la première partie de la lutte, où Jacob, par sa propre force, résiste à Dieu. Tandis que le verset 5 correspond à la deuxième partie, la lutte de la foi. Et si Jacob n'a rien obtenu par sa force, sinon une hanche luxée, c'est par les pleurs et la prière qu'il obtient la victoire et la bénédiction tant désirée !

Jusque-là, Jacob, malgré son habileté, avait toujours été vaincu par les hommes. Esaü l'épouvante, Laban l'asservit, il vient d'être vaincu par l'ange... et maintenant, le voici enfin vainqueur ! Il est affranchi de sa vieille nature avec ses plans et ses ruses, et peut dire : « Mon âme a été délivrée » (v. 30).

C'est à Peniel que Jacob reçoit de Dieu lui-même son nouveau nom : « Israël ». Abraham, lui aussi, a eu son nom changé (Gen. 17, 5); et depuis lors, on n'entend plus parler d'Abram, mais seulement d'Abraham. Pour Jacob, il en sera autrement. Même si son nom est changé, on entendra encore souvent parler de Jacob ! Dieu devra confirmer une fois encore ce changement en Genèse 35, 10, et c'est seulement à partir de là que son nouveau nom commencera à être utilisé. Jacob n'a réalisé que petit à petit la signification de ce nouveau nom, qui exprime sa relation avec Dieu.

Par contre, Dieu ne révèle pas encore son nom. Jacob connaît désormais Dieu en personne, mais il ne l'a vu que dans l'obscurité. Il a vu un Dieu qui, tout en le brisant, l'aime, s'occupe de lui, se laisse vaincre par sa foi ; mais il n'est pas encore un Dieu qui se révèle.

A suivre