Jacob

Jacob rentre au pays

Lire Gen. 31

La fuite

Malgré toutes les ruses auxquelles Jacob a recours chez son oncle, Dieu le bénit en lui donnant de grands troupeaux. A tel point que Laban et ses fils en deviennent jaloux (31, 1, 2). Dès lors, Jacob, encouragé par Dieu en songe, n'a qu'un désir: rentrer dans son pays. Il en parle à ses deux femmes qui, se sentant rejetées par leur père, engagent leur mari à obéir à Dieu. Jacob se lève et part avec tous ses biens, sans avertir Laban.

Était-il nécessaire de s'enfuir en cachette, quand Dieu lui avait dit: «Retourne au pays de tes pères et vers ta parenté, et je serai avec toi» (Gen 31, 3 et 13)? S'il avait eu confiance en son Dieu, il serait parti sans arrière-pensées, et pas un de ses cheveux n'aurait été touché!

Relevons cependant un trait positif de Jacob. Dès la naissance de Joseph, le fils de sa femme bien-aimée, il n'a plus qu'une pensée: quitter l'exil et l'esclavage et retour­ner dans son pays et sa parenté (30, 22-27). Son pays n'est pas celui de Laban et de sa religion, mais celui d'Abraham et d'Isaac, adorateurs du seul vrai Dieu.

Rachel suit son mari en empor­tant les idoles (théraphim, ou «dieux domestiques») volées à son père et cachées dans le bât de son chameau (31, 19, 34) ! Cela arrive souvent à ceux qui suivent la foi des autres sans mar­cher par leur propre foi... Avons-nous des idoles cachées clans notre coeur tout en suivant nos parents dans leur vie de foi?

Trois jours après leur départ, Laban l'apprend et se met à les poursuivre avec sa troupe! Sept jours plus tard, il rattrape les fuyards; mais, auparavant, Dieu l'avait averti dans un songe de ne pas faire de mal à son protégé: «Garde-toi de parler à Jacob, ni en bien, ni en mal» (v. 24).

Le caractère rusé et hypocrite de Laban ressort dans les quelques paroles qu'il adresse alors à Jacob: il feint une grande affection pour ses filles alors qu'il n'a toujours été guidé que par ses propres intérêts; il fait semblant de craindre l'Eternel tout en recherchant activement ses faux dieux disparus...

Jacob, ignorant que Rachel avait emporté les théraphim, pro­teste face à l'accusation de son beau-père. Lui n'a rien à faire avec ces idoles: si tu les trou­ves chez moi, tu n'as qu'à les prendre, lui dit-il. Laban fouille tout, mais sans suc­cès: Rachel, feignant d'être indisposée, ne quitte pas le bât de son chameau, afin d'éviter que son père ne découvre ce qu'il cherche. Suite à cela, Jacob, en colère, reproche à Laban tout ce qu'il lui a fait subir pendant 20 ans. Puis, les deux hommes font une alliance, et Laban retourne chez lui. Jacob ne le reverra plus.

Mahanaïm et Peniel

Lire Gen. 32, 1-23

Jacob retourne donc dans son pays. Arrivé à Mahanaïm, non loin du Jourdain, les anges viennent lui souhaiter la bienve­nue. Jacob les connaissait: sou­venez-vous, il les avait vus à Béthel, lorsqu'il fuyait Esaü quel­que vingt ans auparavant. Le Seigneur, toujours fidèle, met ses anges à la disposition de Jacob.

Mais notre voyageur n'est malheureusement pas en état de se réjouir: s'il n'y a plus Laban pour le poursuivre, il y a encore Esaü devant lui! Les messagers qu'il lui avait envoyés reviennent... Ils annoncent l'arrivée d'Esaü accompagné de 400 hommes! Jacob, qui se souvient bien évi­demment que son frère lui en voulait à mort, est profondément angoissé: que faire?

Il commence par séparer sa famille et ses gens en deux ban­des (c'est la signification du mot «Mahanaïm»: «deux armées» ou «deux camps»). Ainsi, pense-t-il, si Esaü frappe l'une des deux bandes, l'autre pourra s'échap­per...

Puis Jacob fait monter une prière émouvante à Dieu. Il confesse sa petitesse et recon­naît la bonté dont Dieu a usé envers lui, en lui donnant tant de biens à Charan, alors qu'il y était arrivé n'ayant que son bâton pour toute fortune. Jacob implore Dieu de le délivrer de la main de son frère. C'est à vrai dire la première fois que nous l'entendons prier ainsi, et cela nous encourage!

Mais Jacob ne connaît pas encore bien son Dieu et n'a pas non plus perdu confiance en ses propres forces: il prépare un plan habile pour échapper à la colère d'Esaü, ne laissant aucun détail au hasard. Après avoir partagé ses gens en deux troupes, il envoie des cadeaux princiers à son frère, sous la forme de cinq troupeaux de menu et de gros bétail. Des chèvres, des brebis, des chameaux, des vaches, des ânes... ce sont près de 580 têtes de bétail qui vont le précéder au-devant d'Esaü, accompagnés de messagers chargés de paroles apaisantes.

Au lieu de toutes ces précau­tions, n'aurait-il pas mieux fait de prendre la tête de sa troupe et de demander franchement par­don à son frère? Dieu ne lui avait-il pas promis de le ramener sain et sauf dans le pays?

À suivre