Jacob

La bénédiction volée (Lire Gen. 27, 1-46)

Dans ce chapitre bien connu, nous assistons avec tristesse au complot d'une mère et de son fils contre un père, et à l'attitude charnelle de ce dernier qui pense à satisfaire sa faim et sa gourmandise plutôt qu'à accomplir la volonté divine.

Il est dit au verset 1 qu'Isaac était vieux et que ses yeux étaient affaiblis au point de ne plus voir. Cet aveuglement physique correspond malheureusement, à cette époque de sa vie, à une myopie spirituelle inquiétante. Lorsque Rebecca avait consulté l'Eternel bien des années auparavant (Gen. 25, 23), Dieu avait dit que le plus grand (Esaü) serait asservi au plus petit (Jacob), c'est-à-dire qu'il serait son serviteur. Rebecca en avait sûrement parlé à son mari, et celui-ci aurait dû s'en souvenir. Mais nous le voyons ici prêt à donner sa bénédiction à Esaü, oubliant la volonté de Dieu. Attention: l'entrée du monde dans nos cœurs et l'oubli de la parole de Dieu vont souvent ensemble!

Malgré tout, Dieu veille sur sa parole pour l'exécuter, et ce qu'il a dit s'accomplit infailliblement, même si c'est au travers des manquements des siens. Isaac va donc être forcé, malgré lui, de bénir Jacob.

Isaac envoie Esaü à la chasse. Ce penchant d'Isaac pour le gibier que nous avions déjà relevé en Genèse 25, 28 va le mener très loin. Isaac sent ses forces décliner et il veut bénir ses fils avant de mourir. Il veut chercher dans la nourriture qu'il aime la force pour le service de Dieu! Lorsqu'on désire servir le Seigneur, faisons attention de ne pas confondre une excitation charnelle avec la puissance de l'Esprit.

Rebecca, au lieu de rappeler à son mari la révélation de Dieu, propose à son fils Jacob de se déguiser, afin de faire croire à Isaac qu'il est Esaü. Jacob est réticent, effrayé par les conséquences d'une éventuelle découverte de cette ruse par son père. Mais Rebecca finit par le convaincre: des peaux de chevreaux doivent donner l'illusion que Jacob est velu comme son frère, et la cécité d'Isaac fera le reste... Quelle tristesse de voir cette atmosphère de tromperie et de mensonge dans une famille qui connaît pourtant le vrai Dieu!

Bien sûr, Rebecca et Jacob désiraient obtenir ce que Dieu lui-même voulait. Contrairement à Isaac, ils se souviennent de ce que Dieu avait dit. Mais Dieu n'a jamais dit que la fin justifie les moyens! Ce n'est pas parce que la bénédiction de Jacob était selon la volonté de Dieu, que l'utilisation du mensonge pour y parvenir était permise! Comme déjà dit plus haut, la parole de Dieu s'accomplira, mais Rebecca et Jacob devront apprendre douloureusement que ce qu'ils ont fait était mauvais aux yeux de Dieu. S'ils s'étaient confiés en Lui, Il aurait permis l'accomplissement de sa Parole par un autre moyen.

Jacob s'avance donc vers son père et se trouve obligé de lui mentir honteusement à trois reprises, prenant même le nom de Dieu dans sa bouche (v. 20). Un peu sceptique, Isaac se laisse finalement convaincre, et prononce enfin la bénédiction tant désirée par Jacob!

A peine Jacob est-il sorti qu'Esaü revient des champs. Lorsqu'il se présente dans la tente, Isaac est saisi d'un grand tremblement. Il prend conscience qu'il a été trompé, mais nous aimons aussi à penser qu'il se rend enfin compte qu'il a été gardé d'accomplir une grande erreur. Il ne cherche pas à revenir en arrière (v. 33) et maintient sa bénédiction pour Jacob, le supplanteur1.

1 «Supplanteur»: celui qui renverse par un croc-en-jambe, qui fait perdre à quelqu'un une place, une faveur, un emploi, etc.

Esaü se rend compte qu'il a perdu quelque chose d'important. Il recherche, avec des larmes même, cette bénédiction liée au droit d'aînesse qu'il a vendu pour un plat de lentilles... ; mais il lui est impossible de revenir en arrière: ce qui est fait est fait! Amer, Esaü se met à haïr son frère et se promet de le tuer dès que son père sera mort! Rebecca l'apprend, et préfère se séparer de son fils bien-aimé en le renvoyant chez son oncle à Charan, plutôt que de risquer de le perdre. De toutes manières, pense-t-elle, ce n'est que pour quelques jours... mais Rebecca ne reverra pas son fils avant sa mort.

Jacob en exil (Lire Gen. 28)

Béthel

Suite à son méfait, Jacob va rencontrer la discipline de Dieu. La discipline est l'école du Seigneur qui fait de nous... des disciples! (Lire Héb. 12, 6).

Jacob est donc envoyé chez le frère de sa mère: Laban. Isaac approuve ce voyage qui doit permettre à Jacob de trouver une femme autre qu'une fille de Canaan. Et le voici qui quitte la maison paternelle, à pied, n'ayant pour toute fortune que son bâton (Gen. 32, 10) pour accomplir ce long voyage de plus de 600 kilomètres! Pauvre Jacob! Il a devant lui l'inconnu, derrière lui la menace de mort de son frère, et au-dessus de lui un Dieu auquel il croit, mais avec qui il n'a pas de communion et qu'il a gravement offensé en trompant son père...

Mais, quelle grâce! c'est justement ce Dieu qui va s'occuper de lui. Jacob n'a plus de maison, mais l'Éternel va lui faire connaître sa propre maison! En effet, le lieu où il s'arrête va s'appeler Béthel, qui signifie «maison de Dieu».

À suivre