Un chef-d'œuvre

Nous sommes à Florence, au XVe siècle. Un groupe d'artistes considère avec attention un énorme bloc de marbre, haut de plus de quatre mètres, mais très étroit et dont la base est entaillée en forme de triangle. Que peut-on tirer de cette masse de pierre qu'un sculpteur maladroit a complètement gâchée?

Les experts contemplent le désastre, haussent les épaules, lèvent les bras en signe de dépit et secouent la tête en murmurant: «Impossible... «.

Le marbre est d'une qualité exceptionnelle, son volume imposant, mais les dégâts sont tels qu'on ne peut plus en tirer quoi que ce soit. On l'abandonne donc et pendant plusieurs années personne n'y touche.

Un matin pourtant, on voit arriver sur les lieux un jeune ouvrier qui élève une haute palissade de planches autour du bloc de marbre et se met au travail. Durant quatre ans, les passants intrigués entendent le bruit sec du ciseau sur la pierre.

Enfin le travail est achevé. On abat les planches et les Florentins émerveillés peuvent contempler l'admirable statue d'un David. De cette masse informe, Michel-Ange, car c'est lui, a fait un chef-d'œuvre. Il a su tirer parti de tous les défauts de la taille précédente. La hauteur excessive est devenue la musculature puissante d'un jeune athlète; la brèche de la base est l'espace séparant les jambes vigoureuses. Dans son ensemble et dans ses détails, la statue est une pure merveille. Les muscles et les tendons sont modelés avec une minutieuse précision et il semble qu'un sang chaud circule dans les veines de cette statue de marbre.

Sous le ciseau de l'incomparable maître, la difformité s'est transformée en beauté; le marbre froid et mort est devenu un marbre «vivant». Ce qui n'était qu'impuissance est maintenant un David défiant Goliath.

Cette magnifique statue qui orne depuis plus de quatre siècles la place de la Seigneurie à Florence nous dit encore aujourd'hui qu'il ne faut désespérer de rien, pas même d'un bloc de marbre inerte et inutile, puisqu'il suffit d'un artiste pour le transformer en chef-d'œuvre.

Dans un tout autre domaine que la sculpture, il s'accomplit journellement des miracles pareils à celui dont nous venons de parler. Chaque conversion est un miracle; un retour vers Dieu est toujours possible.

Nombreux sont ceux qui, considérant leur passé et réfléchissant à leur situation actuelle, se prennent la tête entre les mains, en murmurant tout bas: «J'ai gâché ma vie». Mais si nous remettons notre vie entre les mains puissantes de Jésus Christ, il en fera un monument à sa gloire, dans la joie et la paix que Lui seul peut donner.

«Les choses qui sont impossibles aux hommes, sont possibles à Dieu.» (Luc 18, 27)