Jours de jeûne et promesses de bénédiction (Zacharie ch. 7 et 8)

P.Er. Fuzier

Par le prophète Zacharie, l'Éternel annonce à son peuple que les temps de jeûne seront changés pour lui en «d'heureuses assemblées» (8: 19). Quand nous ressentons combien l'humiliation est justifiée en ce qui nous concerne, nous pouvons aussi être encouragés par de telles promesses.

La parole prononcée ici par Zacharie est la conclusion d'une série de «paroles de l'Éternel», répondant à une question des hommes de Béthel sur le jeûne. En considérant ces paroles, nous pouvons découvrir le chemin conduisant à réaliser de telles joies dans le rassemblement.

Une question à l'Éternel — Zacharie 7: 1-3

«Béthel envoya Sharétser et Réguem Mélec et ses hommes pour implorer l'Éternel, pour parler aux sacrificateurs qui étaient dans la maison de l'Éternel des armées, et aux prophètes, disant: Pleurerai-je au cinquième mois, en me séparant comme j'ai fait, voici tant d'années?» (versets 2, 3).

C'était une question sérieuse et posée par des hommes sans doute sincères. Le jeûne du cinquième mois rappelait la destruction du temple par Nebucadnetsar (2 Rois 25: 8-17). Or soixante-dix ans avaient passé (Zacharie 7: 5). C'était maintenant la quatrième année du roi Darius, le temple était en cours de reconstruction; deux ans auparavant environ, après un temps de relâchement, les prophètes avaient réveillé et encouragé ceux qui travaillaient à cette œuvre (Esdras 4: 24; 5: 2; Aggée 1). En considérant ce travail qui s'accomplissait avec la bénédiction de l'Éternel, qui était même déjà avancé, puisque les sacrificateurs étaient dans la maison de l'Éternel, on pouvait bien se demander si ce jeûne était encore de saison. N'était-ce pas regarder inutilement au passé, au risque de manquer d'énergie et de joie pour l'œuvre?

Béthel n'agissait pas non plus à la légère: implorer l'Éternel, parler aux sacrificateurs et aux prophètes, après tant d'années, indiquait que la question était solennelle, que l'exercice était réel.

Une question de l'Éternel — Zacharie 7: 4-7

Dieu répond par une question qui va toucher plus profondément les consciences. Nous pouvons avoir nous aussi des interrogations sérieuses, sincères, et pourtant ne pas saisir quelles sont les véritables questions qui se posent à nous. Le Seigneur veut les placer devant nous.

La démarche des hommes de Béthel conduit l'Éternel à s'adresser à tout le peuple et aux sacrificateurs. Avant que ceux-ci puissent répondre à la question qui leur était soumise, il fallait qu'ils prennent conscience de ce que Dieu voulait dire à son peuple, ou du moins à tous ceux qui étaient dans le pays: «Quand vous avez jeûné et que vous vous êtes lamentés… est-ce réellement pour moi, pour moi, que vous avez jeûné?» (verset 5).

Le jeûne du cinquième mois et le jeûne du septième mois

La question qui leur est adressée concerne la réalité profonde du jeûne. Nous remarquons qu'il ne s'agit pas seulement du jeûne du cinquième mois, mais aussi de celui du septième mois.

En rappelant, au-delà de ce qui préoccupait les hommes de Béthel, ce septième mois, l'Éternel veut en appeler particulièrement à la conscience du peuple quant à la réalité de ses exercices. Ce jeûne du septième mois était lié à une circonstance particulière, l'assassinat de Guedalia (2 Rois 25: 22-26; Jérémie 40; 41). Lorsque Nebucadnetsar avait pris Jérusalem et déporté un grand nombre des habitants du pays, il avait laissé quelques-uns des pauvres. Guedalia avait été chargé du gouvernement de ceux qui restaient ainsi, et ce petit résidu était exhorté à se soumettre au roi de Babylone, c'est-à-dire à se soumettre à la discipline que Dieu exerçait sur eux (Jérémie 40: 7-10). Mais Guedalia, refusant les avertissements qui lui étaient donnés, ne voulant pas croire au mal, avait été assassiné (versets 11-16). A la suite de ce meurtre, plusieurs, conduits par leur orgueil (43: 2), avaient alors fui en Égypte, au mépris de la parole de l'Éternel qui leur avait été adressée par Jérémie. Ils n'y avaient pas trouvé la paix, mais l'épée et la famine (42: 16). En rappelant cette triste circonstance au peuple et aux sacrificateurs, l'Éternel veut certainement leur demander de quelle manière ils ont accepté la discipline qu'il avait fait peser sur eux. S'étaient-ils soumis à cette discipline, dans l'humiliation, tout en demeurant dans le pays? C'était là le vrai chemin de la paix, d'une paix qui ne dépendait que de la miséricorde de Dieu (Jérémie 42: 10-12).

Il ne s'agissait pas seulement de rappeler des circonstances du passé et l'attitude de leurs pères. En évoquant ces scènes, dont le peuple gardait le souvenir, l'Éternel veut les amener à prendre conscience de leur état présent. Nous pouvons, nous-mêmes, garder le souvenir de tristes circonstances du passé, en parler comme de choses anciennes. Le Seigneur veut que nous prenions conscience qu'elles nous parlent aujourd'hui — de telle sorte que nous ne les évoquions pas simplement comme des choses tristes d'autrefois, mais que nous réalisions que les questions morales qui se posaient alors sont toujours actuelles.

Est-ce pour moi?

La question se pose alors: le jeûne qu'ils pratiquaient était-il vraiment pour l'Éternel, dans la conscience de cette discipline par laquelle il devait les faire passer — dans la conscience que, s'il en était ainsi, c'est que sa gloire était engagée? Ou bien s'agissait-il de regretter, dans ces circonstances pénibles, la paix et la bénédiction perdues? Est-ce «réellement pour moi»? demande-t-il. En dehors des périodes de jeûne, le peuple ne vivait-il pas d'abord pour lui-même? Dieu veut «la vérité dans l'homme intérieur» (Psaumes 51: 6). Cette vérité, nous-mêmes aujourd'hui comme les Juifs d'autrefois, nous ne pouvons la réaliser que lorsque dans nos cœurs, la source de nos actions, de nos attitudes, est la gloire du Seigneur.

Les paroles des premiers prophètes

Mais il y a plus que les événements du passé dont le peuple gardait le souvenir. Le Seigneur rappelle aussi au peuple et aux sacrificateurs les paroles des «premiers prophètes» (verset 7). Alors que Jérusalem jouissait encore de la paix, ceux-ci avaient parlé au peuple. Leurs paroles avaient-elles été entendues? Le jugement, la discipline, témoignaient que la paix n'avait pas été mise à profit pour écouter.

Ces paroles que l'Éternel adressait autrefois au résidu de son peuple sont profondément actuelles. Si nous ressentons, comme nous l'exprimons souvent, que nous sommes dans des jours de ruine, ne devons-nous pas remonter à son origine, et nous demander quelle attention nous avons prêtée aux avertissements de la Parole, et jusqu'à quel point nous nous sommes soumis à la discipline en menant deuil pour le Seigneur, et non pas seulement sur la paix et les bénédictions perdues? Même si notre humiliation et notre tristesse étaient sincères, n'avons-nous pas en même temps «mangé et bu» pour nous-mêmes, recherchant notre propre satisfaction? (cf. verset 6). Certes, il est légitime de manger et de boire, de pourvoir à nos besoins; mais où sont nos priorités profondes?

Le message des prophètes — Zacharie 7: 8-14

La parole de l'Éternel vient à nouveau à Zacharie, pour rappeler le message des premiers prophètes (verset 12; cf. verset 7). En quoi ceux-ci n'ont-ils pas été entendus, pourquoi la paix a-t-elle été perdue? Dans les relations fraternelles, la vérité souffrait, la miséricorde et la bonté également. Les cœurs endurcis n'écoutaient plus les messages des prophètes.

Notre état pratique, tel qu'il s'exprime et se traduit dans nos relations fraternelles, révèle l'état de nos cœurs. Le peuple n'avait pas voulu comprendre ce qu'était le jeûne agréable à l'Éternel: le rejet de l'égoïsme et de l'avarice du monde, et la libéralité de la grâce (Ésaïe 58: 6, 7). Il s'était réfugié dans des formes sans puissance. Il avait négligé les jugements de «vérité» aussi bien que la «bonté» et la «miséricorde» (Zacharie 7: 9). Nous sommes enclins à opposer vérité et bonté, à penser qu'il faut atténuer le tranchant de la vérité pour ne pas choquer ou attrister nos frères, ou au contraire à penser que la bonté serait une manifestation de faiblesse quand c'est la vérité qui est en cause. De telles pensées, comme l'exprime le message confié à Zacharie, sont fausses. Il ne peut y avoir de véritable bonté, si tout d'abord nous ne nous plaçons pas dans la lumière de la vérité. Si nous ne parlons pas la vérité à nos frères, nous ne pouvons pas leur présenter, aussi, les ressources de la bonté de Dieu; nous ne pouvons au contraire que donner l'illusion mensongère qu'il y a de la bonté dans l'homme ou que Dieu peut tolérer les œuvres de la chair. Mais si nous venons à nos frères avec vérité, le Seigneur peut toucher les consciences; combien il est alors nécessaire de présenter les ressources de sa bonté. «Ayant purifié nos âmes par l'obéissance à la vérité», comme le dit Pierre, ayons une réelle affection fraternelle, sans hypocrisie (1 Pierre 1: 22). Parlons la vérité chacun à son prochain.

Dieu va à la source, aux pensées secrètes du cœur. Notre cœur naturel est capable de méchanceté, d'orgueil et de jalousie (verset 10). Il s'endurcit par le refus d'écouter la parole de Dieu et d'y être attentif (verset 12).

L'Éternel parle donc aux consciences, parle pour que le peuple et les sacrificateurs prennent l'attitude qui convenait devant Dieu. Ils auraient pu penser que cela concernait ceux qui les avaient précédés, ceux qui avaient entendu et refusé d'écouter les premiers prophètes; mais la parole de Dieu est toujours actuelle, et son peuple est toujours sous son regard.

Les circonstances du passé sont un avertissement pour nous aujourd'hui. Ce que le peuple de Dieu a vécu, a manifesté, est toujours devant lui, et nous sommes appelés à en mesurer le caractère, à l'apprécier au regard de la parole de Dieu, et à en recevoir les leçons avec droiture devant lui.

Le propos de la grâce — Zacharie 8: 1-8

A nouveau, la parole de l'Éternel vient à Zacharie. Après avoir sondé la conscience de son peuple, Dieu veut parler à son cœur, et lui parler de ses propres pensées: ni nos faiblesses ni nos infidélités ne l'empêcheront d'accomplir ses pensées. L'Éternel habitera à Jérusalem, et elle sera la ville de vérité, la cité sainte, remplie de scènes paisibles, d'une paix partagée par les vieillards et les enfants. Ceux qui ont connu les tristesses et les manquements du passé jouiront de cette paix avec ceux qui joueront dans les places de la ville. La génération présente est appelée à prendre sur elle, en quelque sorte, la responsabilité des manquements du peuple, et la discipline qui en est résultée. La génération ancienne pourra se réjouir avec celle qui la suit, lorsque le Seigneur aura donné la paix à Jérusalem. Alors, le cœur des pères retournera vers les fils, le cœur des fils vers les pères (Malachie 4: 6). Ne rejetons pas les appels du Seigneur qui nous sonde, en prétextant que les manquements sont la faute de ceux qui nous ont précédés. Si nous acceptons d'y prendre notre part, nous pourrons aussi partager la paix que le Seigneur promet — les pères avec les fils, les vieillards avec les jeunes gens.

C'était une chose difficile aux yeux du peuple que d'envisager une telle bénédiction (verset 6). Les hommes de Béthel étaient bien venus avec la pensée que l'œuvre de Dieu pouvait signaler la fin des temps de jeûne; mais qui avait mesuré la bénédiction que Dieu voulait donner? En vérité, cette bénédiction ne peut être le fruit que de la grâce de Dieu, qui sauve et qui rassemble «en vérité et en justice» (verset 8). La pensée de Dieu est d'habiter dans Jérusalem, de lui donner le caractère qui répond à ce qu'il est lui-même. Cela ne peut résulter que de l'œuvre de sa grâce, ne peut être fondé que sur la façon dont sa gloire et sa justice ont été satisfaites par l'œuvre du Seigneur.

Cette pensée était de nature à encourager ceux qui travaillaient (verset 9). Fallait-il mener deuil? Certes, il fallait réaliser devant Dieu ce qu'était le véritable jeûne et ce qui, dans l'histoire du peuple, avait été la cause de tant de ruine; mais le fondement de la maison avait été posé, et si une œuvre divine était commencée, elle serait accompagnée de sa bénédiction.

Deux ans auparavant, l'Éternel avait réveillé le peuple par le prophète Aggée. Il les avait exhortés à considérer leurs voies et leur avait annoncé ses propres voies de bénédiction: «Considérez bien vos voies: Montez à la montagne et apportez du bois, et bâtissez la maison; et j'y prendrai plaisir, et je serai glorifié, dit l'Éternel» (Aggée 1: 8). «Dès ce jour-ci, je bénirai» (2: 19). La parole confiée à Zacharie a sondé de nouveau la conscience du peuple; maintenant, elle encourage ceux qui bâtissent: «Que vos mains soient fortes!» (versets 9, 13). Le Seigneur nous encourage ainsi à prendre conscience de notre faiblesse, mais aussi à considérer ses pensées, l'œuvre de sa grâce, et à travailler «en vue du bien, pour l'édification» (Romains 15: 2). Ce n'est pas le temps de relâcher notre travail pour le bien de sa maison. Le résidu est exhorté: «Ne craignez point» (versets 13, 15). Mais il est aussi placé devant la responsabilité de manifester en pratique la façon dont il répond à cette grâce de Dieu: parler la vérité et prononcer des jugements de paix (verset 16). Les paroles des premiers prophètes sont rappelées au peuple; la vérité et la paix vont ensemble à nouveau. Et pour qu'il en soit ainsi dans nos actes, dans les jugements que nous prononçons, il faut qu'il en soit ainsi dans nos cœurs: «Ne méditez pas le mal dans vos cœurs… et n'aimez pas le faux serment» — les paroles qui ne sont pas en accord avec la pensée profonde et le fait d'invoquer abusivement le nom du Seigneur.

D'heureuses assemblées — Zacharie 8: 18-23

C'est alors que l'Éternel peut ajouter ces paroles si consolantes; évoquant les divers sujets de tristesse et d'humiliation du peuple, il annonce qu'ils feront place à d'heureuses assemblées. Outre le jeûne du cinquième mois et celui du septième mois, d'autres jeûnes rappelaient la triste histoire des épreuves de Jérusalem. L'Éternel ne l'a pas oubliée. Mais le temps du jugement et de la discipline passera et le temps de la bénédiction viendra. Dieu dirige les pensées des siens vers le moment où Jérusalem attirera ceux qui recherchent l'Éternel; ce ne sont plus des ennemis qui viendront l'entourer (comme au quatrième et au dixième mois évoqués ici, cf. Jérémie 52: 4-6), mais tous ceux qui recherchent l'Éternel.

Nous savons que ces paroles s'accompliront pour Jérusalem. Penserions-nous que le Seigneur veuille faire moins pour son assemblée? C'est dans un jour glorieux à venir que les nations lui apporteront leur gloire (Apocalypse 21: 24). Mais ne pouvons-nous pas réaliser, aujourd'hui aussi, que «Dieu est avec nous» (verset 23), et ne peut-il y avoir en cela un témoignage qui touche ceux qui ont des besoins et qui désirent s'approcher de Dieu?

La bénédiction est liée à un jeûne réel et profond devant Dieu; cela implique l'attention prêtée à sa parole, la soumission à la discipline du Seigneur dans la conscience réelle de la ruine, et la bonté et la vérité dans nos relations fraternelles.

Mais cette bénédiction est aussi liée à la connaissance de ses pensées de grâce, à un travail persévérant pour bâtir et édifier sur le sûr fondement, et au maintien d'un ordre saint, dans la paix et la vérité. Que le Seigneur nous donne la force de garder ces choses, et qu'il fortifie notre foi pour saisir ses promesses!