Regarder à Christ (Philippiens 2: 1-18)

John Nelson Darby

Rien ne nous rend humbles comme de regarder à Christ. Souvent, au désir de glorifier Dieu, se joint le désir d'être satisfait de soi-même. C'est tout simplement de l'orgueil. En regardant à Christ, je trouve la perfection qui m'humilie et la grâce qui me relève. Je vois en lui toute humilité, toute patience, et j'ai honte de moi-même, tout en regardant à la grâce qui me relève et m'encourage. En regardant à moi-même, rien ne peut chasser de mon cœur ce qui me trouble; je demeure dans l'atmosphère du mal, et je n'y trouve aucune force. En Jésus, la vue s'élève au-dessus du mal; nous sentons qu'il nous aime, que nous sommes unis à lui. Si la vérité est venue par Jésus, par lui aussi est venue la grâce. La vérité nous condamne et nous humilie, la grâce nous encourage et nous relève.

Si je suis disposé à être quelque chose et que je voie le mal en moi, cela me décourage et ne guérit pas le mal. Mais si je m'aperçois que je veux être quelque chose alors que Jésus s'est anéanti, j'ai honte de ce désir et je préfère être anéanti avec Jésus. Le mal est ainsi détruit en moi et la communion avec le Seigneur est renouvelée. Mon âme se retrouve dans le courant du bien. Il est impossible de vouloir être quelque chose quand on voit que Jésus s'est anéanti.

Voyons comment Jésus a manifesté cet esprit qui l'a conduit à s'anéantir. Il vient faire une autre volonté que la sienne: «Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». Il prend la place qui lui était prescrite dans les conseils de Dieu. N'avoir aucune volonté, c'est s'anéantir. Jésus s'est anéanti jusqu'à être fait malédiction par Celui dont il est venu faire la volonté.

Lorsque Jacques et Jean demandent d'être assis à sa droite et à sa gauche, il répond: Je n'ai rien à vous donner; je n'ai aucune volonté en cela. Il fait la volonté du Père. Il donne à ses disciples, à ceux que Dieu veut, les récompenses que son Père veut (cf. Marc 10: 35-40).

Le résultat de cet anéantissement est le mépris de la part du monde. Jésus se soumet encore à ce mépris.

L'homme peut, par héroïsme, se soumettre à tout ce que sa volonté lui dicte; Jésus, en toutes choses, renonce à la sienne. Il se soumet d'avance à être abandonné, même de ses disciples. Son Père était là; c'était pour le glorifier qu'il s'était soumis à cet anéantissement. Dieu le fait péché pour nous; c'était pour Jésus la chose la plus horrible. Il s'y soumet: «C'est ce que tu as trouvé bon devant toi». Mais même alors, Dieu a dû l'abandonner aussi. C'était l'anéantissement sans ressource. Dieu l'avait abandonné. Il n'a plus rien comme récompense, comme appui, comme soulagement. Il n'y avait plus qu'une chose, la puissance de l'amour. Tel est le principe de la vie chrétienne. Que nous ayons la même pensée qui a été dans le Christ Jésus, et nous aurons le même encouragement que lui; mais jamais nous ne pourrons dire comme lui: «Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»

Vous suffit-il d'avoir la même part que Jésus dans son anéantissement? C'est le renoncement à soi-même. Voilà pourquoi Dieu nous éprouve, car il y a en nous une épaisse couche de volonté propre qui n'a pas été atteinte. Tant que ce mal n'a pas été entièrement sondé, on ne peut jouir de Dieu. Heureux sommes-nous quand Dieu sonde notre cœur et nous réduit à nous oublier, à ne penser qu'à Dieu et à ne pas désirer trouver en nous-mêmes quelque chose qui nous satisfasse. Pour cela, il nous faut regarder à Jésus, avoir la même pensée que lui: alors, le contemplant à face découverte, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire.