Deux prières non exaucées

U. Furrer

Une prière de Moïse (Deutéronome 3: 23-27)

Ce passage place devant nous ce qui a probablement été le plus grand sujet de déception de Moïse au cours de sa longue vie. Combien de labeurs a-t-il connus, combien de douleurs a-t-il endurées et combien d'espoirs a-t-il nourris en vue de l'entrée dans le pays promis! Et maintenant, Dieu refusait de lui accorder le désir profond de son cœur: «C'est assez, ne me parle plus de cette affaire» (verset 26).

Il s'ajoutait à cela que Moïse lui-même avait mérité cette réponse négative parce que, aux eaux de Meriba, il n'avait pas honoré Dieu par sa foi. Lui et Aaron auraient dû parler au rocher pour qu'il donne de l'eau au peuple assoiffé. Alors il aurait été évident que c'était Dieu — et non pas l'homme — qui était le donateur de tout bien. Mais, à ce moment-là, Moïse avait agi de façon inconvenante: «Écoutez, rebelles! Vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher? Et Moïse leva sa main, et frappa le rocher de sa verge, deux fois; et il en sortit des eaux en abondance, et l'assemblée but, et leurs bêtes» (Nombres 20: 10, 11). Dieu avait eu pitié du peuple et leur avait donné de l'eau, et même des eaux en abondance, bien que Moïse ne l'ait pas sanctifié devant le peuple (verset 12). Mais cette désobéissance de Moïse devait avoir des conséquences amères: il n'aura pas la permission d'entrer dans le pays de Canaan; et Aaron non plus.

La prière de Moïse fera-t-elle changer Dieu de pensée? Ne pourrait-il pas passer par-dessus ce péché de Moïse et en ôter les conséquences? Dans sa souveraineté, il juge bon de ne pas le faire. Il est un Dieu de grâce, mais il est aussi un Dieu saint. Dans sa grâce, il pardonne sans doute à Moïse; mais dans les voies de son gouvernement, il lui fera moissonner les fruits de sa faute. «Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera» (Galates 6: 7).

Moïse a accepté le décret de Dieu, il s'est soumis. Et à la fin de ses jours, il recevra de sa part une magnifique compensation. Sur le mont Nebo, dans une pleine communion avec Dieu, alors que «son œil n'était pas affaibli», Moïse a la joie de contempler le pays promis, d'un bout à l'autre (Deutéronome 34: 1-7).

Une prière de Paul (2 Corinthiens 12: 7-10)

Comme Moïse, Paul a adressé à son Seigneur d'instantes supplications. Il désirait intensément être délivré de «l'écharde dans la chair» qui était en lui constamment. Il pouvait s'agir d'une souffrance corporelle, peut-être d'une faiblesse de la vue (cf. Galates 4: 15). Quoi qu'il en soit, dans sa détresse, Paul s'est adressé au Seigneur. Sans doute allait-il exaucer sa prière. Mais non! Au lieu de lui accorder sa demande, le Seigneur lui dit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans l'infirmité» (verset 9). Il avait en vue quelque chose de plus élevé pour son serviteur. Il ne voulait pas le délivrer de son écharde dans la chair, mais lui faire la grâce de la supporter.

Dans le cas de Paul, il n'y avait aucune faute à l'arrière-plan. Mais alors, pourquoi donc cette écharde? Elle était pour ainsi dire le contrepoids du privilège infiniment élevé qu'il avait eu d'être «ravi jusqu'au troisième ciel» (verset 2). Le Seigneur lui avait accordé cette grâce extraordinaire, et était prêt à lui donner aussi, jour après jour, la grâce de pouvoir supporter l'écharde avec patience. Paul devait glorifier son Maître de cette manière. Et cela était beaucoup plus que d'être délivré de l'écharde.

Et alors, Paul ne s'est pas simplement résigné à accepter ce qui était inéluctable. Il déclare: «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C'est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ; car quand je suis faible, alors je suis fort» (versets 9, 10). Quelle soumission à la volonté de Dieu! Quelle foi et quel amour pour le Seigneur!