Première épître aux Corinthiens (suite)

F.B. Hole

Chapitre 8

Les mots «Pour ce qui est…», par lesquels s'ouvre le chapitre, montrent que les Corinthiens étaient perplexes quant à l'attitude qu'ils devaient avoir en rapport avec les choses sacrifiées aux idoles, et qu'ils avaient mentionné ce sujet dans leur lettre à l'apôtre. Bien que nous ne soyons pas confrontés aux mêmes problèmes, nous verrons que les instructions données ont une grande valeur pour nous diriger dans des cas concrets qui peuvent se présenter à nous.

Avant d'aborder ce sujet, l'apôtre insère une parole de mise en garde. Les Corinthiens se vantaient de leur connaissance. Or elle est bien peu de chose en comparaison de l'amour. La connaissance, par elle-même, ne sert qu'à enfler, alors que l'amour édifie. De plus elle est toujours partielle; elle a des limitations sévères. Nous ne savons rien avec une connaissance pleine et absolue. Si nous nous imaginons que nous connaissons de cette manière, nous démontrons par là que nous ne connaissons encore rien comme nous devrions connaître. Alors que si nous aimons Dieu, nous pouvons être assurés que nous sommes connus de Lui. C'est la chose importante.

Au verset 4, l'apôtre entreprend le sujet. Premièrement, qu'en est-il des idoles elles-mêmes? La vérité est qu'elles ne sont rien dans ce monde. Des hommes égarés peuvent bien vénérer ces étranges objets et les traiter comme des dieux, mais nous savons qu'ils ne sont rien de plus que l'œuvre des mains de l'homme «et qu'il n'y a point d'autre Dieu qu'un seul». En parlant ainsi, Paul n'oublie pas que les démons et leur pouvoir se cachent derrière les idoles; il fait allusion à ce fait sinistre aux versets 19 et 20 du chapitre 10.

Les païens peuvent vénérer bien des dieux et bien des seigneurs, mais ceux-ci ne sont rien pour nous. Nous ne connaissons qu'un seul Dieu et qu'un seul Seigneur. Il y a le Père, l'origine et la source de tout, et nous sommes pour lui. Il y a le Seigneur Jésus, le grand administrateur dans la déité; et toutes choses sont par lui, y compris nous-mêmes. Ceci étant, nous pouvons refuser entièrement de reconnaître les idoles des païens en quelque manière que ce soit, et traiter toutes les viandes comme identiques, qu'elles aient été offertes aux idoles ou non.

Cependant cette connaissance n'est nullement la part de tous (verset 7). Parmi les croyants, il y en aura toujours qui ne peuvent pas voir de telles choses à la lumière calme et non passionnée de la connaissance pure. Ils ne s'élèvent pas au-dessus de leurs sentiments et de leurs impressions subjectives. Sachant qu'une viande avait été offerte, de telles personnes ne pouvaient pas se débarrasser des sentiments que cela avait engendrés. Ils avaient «conscience de l'idole» et cela les troublait continuellement. Leur conscience était «faible», car elle n'était pas fortifiée par la connaissance claire et joyeuse dont Paul jouissait; et étant faible, elle était «souillée». Comment fallait-il se comporter dans cette situation? Que devait faire le croyant qui était plus fort?

La réponse est pleine d'instructions. L'apôtre maintient fermement la liberté du frère plus fort. Il est bien clair que la viande ne nous recommande pas à Dieu. Nos façons de faire peuvent différer. Certains peuvent manger de la viande et d'autres ne pas en manger.

Mais il n'y a aucun avantage à faire d'une manière, comme il n'y a aucun inconvénient à faire de l'autre. Quant à Dieu, il n'y a pas de différence à cet égard.

Mais quant à ce qui nous concerne, dans la sphère chrétienne, il y a quelque chose qui doit être pris en considération. Il semble que certains Corinthiens, forts de leur connaissance du néant des idoles, allaient jusqu'à s'asseoir dans l'enceinte d'un temple d'idoles. C'était se laisser emporter très loin par la connaissance et courir le risque de devenir une pierre d'achoppement pour d'autres. En effet, des croyants plus faibles pouvaient être tentés de les imiter, en désirant une liberté plus grande; ce faisant, ils allaient être accablés par une conscience réprobatrice, et ainsi périr. Ceci n'a rien à voir avec le salut de l'âme. Cela signifie que le frère faible serait paralysé, qu'il serait détruit quant à son état spirituel et par conséquent quant à son témoignage et à son service — sa conscience faible étant blessée. Aucun croyant qui est dans l'obscurité à cause d'une conscience souillée n'est en état de servir dans les guerres du Seigneur.

Certains d'entre nous pourraient être tentés de dire: Oh! ce n'est finalement qu'un frère faible; par conséquent il ne compte que très peu comme serviteur ou comme soldat pour le Seigneur. En parlant ainsi, nous serions coupables d'oublier qu'il s'agit de l'un de ceux «pour lesquels Christ est mort», et qui a pour lui une valeur incalculable. Voilà la vraie lumière dans laquelle nous devons voir notre frère. Il a un tel prix que pécher contre lui revient à pécher contre Christ.

L'apôtre n'a jamais oublié les mots: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Nous-mêmes, nous ne devons jamais les oublier. La vérité qu'ils contiennent se retrouve dans bien des passages. Ceux qui veulent nuire à Christ aujourd'hui font du tort aux croyants. Ceux qui veulent servir Christ aujourd'hui prennent soin des siens et les servent. Ce qui est fait même au plus petit de ses frères, il le considère comme fait à lui-même. Que Dieu nous accorde de ne pas oublier cela! Un réel dévouement pour Christ s'exprime de manière bien plus vraie et réelle par un service dévoué à sa cause et à son peuple, que par une abondance de belles paroles pieuses — que ce soit en s'adressant à lui ou en parlant de lui.

L'attitude qu'adoptait Paul lui-même est brièvement résumée dans le dernier verset du chapitre. Il préférait ne plus jamais manger de viande que d'être une occasion de chute pour son frère. Il préférait se mettre lui-même de côté et ôter de sa vie ce qui était parfaitement légitime, si ce pouvait être en vue du bien de son frère. C'est le fruit de l'amour divin en activité. Dieu veuille qu'il y en ait beaucoup plus à l'œuvre dans nos cœurs!

Il y a encore une remarque à faire à propos de ce chapitre. Le verset 6 est parfois cité par ceux qui cherchent à nier la divinité du Seigneur Jésus. Selon eux, puisqu'il y a «un seul Dieu, le Père» et qu'il est parlé du Seigneur Jésus seulement comme étant «un seul Seigneur», il n'est pas juste de parler de lui comme étant Dieu — même si d'autres passages le font clairement.

Dans ce verset, sans aucun doute, la divinité est attribuée au Père seul, et la seigneurie à Jésus seul. Cependant, il a été dit avec raison que «la divinité de Christ ne peut pas être plus niée parce qu'ici le Père est appelé un seul Dieu, que la seigneurie du Père ne peut être niée parce que le Fils est appelé un seul Seigneur» — à quoi nous ajoutons: ou que la divinité et la seigneurie de l'Esprit ne peuvent être niées parce qu'elles ne sont pas mentionnées ici.

Manifestement, la déité est présentée ici en contraste avec les nombreux dieux et seigneurs du monde païen; et dans la déité, le Fils est Celui qui a la place de Seigneur. Si on laisse ce verset dans son contexte, il n'y a pas de difficulté réelle.

À suivre