En chemin vers le pays promis

L. Chaudier

Nombres 11:4-6; 13:22-34; 14:6-10; Josué 14:6-15

Le peuple d'Israël, à la nuit de la Pâque, est une figure du peuple racheté de Dieu aujourd'hui, de ceux qui ont cru à l'efficacité du sang de Jésus. Israël a connu ensuite la traversée de la mer Rouge, et a vu la destruction du Pharaon, image de la libération du pouvoir de Satan. Les chrétiens sont un peuple qui est déjà, moralement, hors de la mort. Ils ont été délivrés du jugement de Dieu et arrachés à la puissance de Satan. Ils sont en marche pour le ciel, liés à Jésus dans le ciel. Encore sur la terre, dans le désert, ils trouvent leurs joies dans la communion avec leur Sauveur. On peut jouir du Seigneur aujourd'hui, comme on a pu en jouir hier, si on cultive la communion avec lui par la prière et la méditation de la Parole.

Les choses que nous n'avons pas vues ont pour notre âme une réalité supérieure à toutes les choses de ce monde; nous goûtons les choses qui ne se voient pas, nous allons en jouir pleinement quand nous partirons avec le Seigneur dans des corps glorieux, semblables au sien. Nous serons dans notre vrai domaine. Le pays de la promesse, notre vraie patrie, ce sont les lieux célestes où Christ se trouve. Un chrétien sur la terre est un apatride; le lieu de son repos, la source de ses joies, de ses consolations et de ses forces est en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.

Dans le désert, il y avait un ramassis de peuple qui suivait les Israélites et qui les a entraînés aux murmures. Ils disent, fatigués: nous n'en pouvons plus, il n'y a que de la manne à manger, nous en avons assez, il nous faut autre chose. En Égypte, nous étions beaucoup mieux. On a oublié l'esclavage, les gémissements, les briques, la dureté du Pharaon; on se souvient des poireaux, des concombres, des melons. Quand nous nous plaignons de l'aridité du désert, de la nourriture spirituelle que Dieu nous donne, nous prenons le caractère de ce ramassis et d'Israël en chute.

Lorsque notre cœur est porté à se nourrir des aliments du monde, il est en mauvais état. Nous avons à veiller avec soin, dans l'accomplissement de nos devoirs professionnels, à toujours rechercher la communion avec le Seigneur et à goûter la parole de Dieu. Souvenons-nous des besoins permanents de la vie divine qui est en nous. Une seule chose les satisfait, la parole de Dieu qui apporte Christ.

Dans les chapitres 13 et 14 des Nombres, douze espions sont envoyés pour reconnaître le pays de Canaan. Ils reviennent avec une grappe excessivement lourde; ils apportent, pour ainsi dire, une garantie de la valeur du pays ruisselant de lait et de miel. C'est une image des joies, des ressources, que le Saint Esprit prend dans le ciel, où Christ se trouve, pour nous les communiquer. A chacun individuellement, à une famille, à une assemblée, l'Esprit communique ses joies, ses consolations; il fait jouir les croyants du ciel et de Christ qu'ils n'ont pas vu: «…lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse» (1 Pierre 1:8). La grappe d'Eshcol, ce sont les joies du ciel que le Saint Esprit produit en nous dans ce désert.

Dix espions sur douze découragent le peuple: nous ne pourrons jamais entrer dans le pays, il y a les géants! Deux ont le souci de la gloire de Dieu et disent: C'est un très bon pays, les ennemis mêmes seront notre pain, c'est un pays ruisselant de lait et de miel; montons hardiment! Voilà l'image des chrétiens qui désirent jouir des choses qu'ils ne voient pas, avant même d'être entrés au ciel. Le Saint Esprit peut remplir notre cœur des choses qui sont à nous, que nous possédons déjà par la foi; il veut nous en faire jouir.

Dans Josué 14, le Jourdain franchi, Josué et Caleb sont là, les deux seuls adultes rescapés du désert. Caleb espion avait quarante ans; il en a maintenant quatre-vingt-cinq; il parle le langage de la foi: à quatre-vingt-cinq ans, je suis aussi fort qu'à quarante (verset 11). La foi est forte, parce que, par elle, on réalise qu'on n'est rien et qu'on tire sa force de Dieu instant après instant, jour après jour. Quand on a Dieu avec soi, la nuit devient resplendissante comme le jour; la tristesse, le découragement disparaissent; la grâce apporte de la force, de l'énergie spirituelle.

Qu'il nous soit donné de traverser le désert humblement, jour après jour, comme Josué et Caleb!