Connaître Dieu comme Père (fin)

J.A. Monard et S. Fayard

6.  Marcher comme de bien-aimés enfants

Soyez donc imitateurs de Dieu

Dieu attend de ses enfants sur la terre qu'ils reproduisent ses caractères moraux dans toute leur conduite. C'est ainsi que l'apôtre Paul écrit aux Éphésiens: «Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné. — Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants» (4:32; 5:1).

Plusieurs passages nous présentent Christ comme modèle à imiter (Éphésiens 5:2; 1 Corinthiens 11:1; Philippiens 2:5; 1 Pierre 2:21; 1 Jean 2:6). Chacune de ses actions, de ses paroles et de ses pensées était à la pleine satisfaction de son Dieu et Père. Etant homme, il a pu nous montrer comment les caractères divins peuvent se manifester dans notre vie sur la terre. Et c'est dans la mesure où nous suivrons ses traces que nos vies seront agréables à Dieu.

Mais, dans le passage cité plus haut, notre attention est attirée sur l'exemple donné par Dieu lui-même à ceux qui ont l'immense privilège d'être ses enfants.

Comme votre Père céleste

Dès que Dieu a été révélé comme Père, la responsabilité de suivre son exemple a été présentée. En effet, dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus insiste sur cette nécessité: «Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux» (Luc 6:36). «Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5:48).

Le but d'une telle conduite n'est pas que nous soyons admirés, mais que Dieu soit glorifié: «Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux» (Matthieu 5:16).

Dans la parabole du serviteur impitoyable, le Seigneur rappelle d'abord l'immensité du pardon que Dieu nous a donné (Matthieu 18:23-35). Puis il met en évidence le devoir qui en résulte de pardonner nous-mêmes à ceux qui nous ont offensés. Enfin, après avoir indiqué le châtiment infligé par le maître au serviteur incapable de se souvenir de la grâce qui lui avait été faite, le Seigneur conclut: «Ainsi aussi mon Père céleste vous fera, si vous ne pardonnez pas de tout votre cœur, chacun à son frère» (verset 35).

Dans la prière que Jésus enseigne à ses disciples, nous pourrions être surpris par la demande: «Remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs» (Matthieu 6:12). En effet, le modèle de pardon, c'est Dieu qui l'a donné; et nous avons à l'imiter. N'avons-nous pas besoin qu'il nous pardonne au-delà de la faible mesure que nous pouvons réaliser nous-mêmes? En invitant ses disciples à s'exprimer de cette manière, le Seigneur les conduit à se placer devant leur Père céleste avec une conscience pure et avec droiture, en ne demandant pas à Dieu une grâce qu'ils refuseraient aux autres.

Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur dit aussi: «Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes» (Matthieu 5:44, 45). L'expression en sorte que vous soyez les fils ne signifie pas afin que vous deveniez les fils! Il demeure toujours vrai que le droit d'être enfants de Dieu n'est donné qu'à ceux qui ont reçu Jésus par la foi, et qui sont nés de Dieu (cf. Jean 1:12, 13). Dans les paroles du Seigneur, il s'agit d'être fils dans un sens pratique, d'avoir un comportement qui manifeste les caractères de notre Père.1

1 Cette utilisation du mot fils se retrouve dans les expressions «fils d'Abraham» (Galates 3:7), «fils du diable» (Actes des Apôtres 13:10), ou dans des expressions équivalentes (Jean 8:39, 44; 1 Jean 3:10). Elles n'impliquent pas une vraie filiation, bien que celle-ci puisse s'y superposer.

Les traits caractéristiques des enfants de Dieu

Ce sujet est présenté de façon particulièrement incisive dans la première épître de Jean. Celui qui croit est plusieurs fois désigné comme quelqu'un qui est «né de Dieu» ou «engendré de lui» (2:29; 3:9; 4:7; 5:1, 4, 18). Il a passé par la nouvelle naissance, ainsi que le Seigneur l'a enseigné à Nicodème. Etant né de Dieu, il est rendu participant de la nature divine. Or cette nature se manifeste dans des fruits qui peuvent être vus et reconnus. Les deux fruits essentiels sont l'amour et la justice pratique.

a)  L'amour — Le point de départ, c'est l'amour de Dieu. «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu», s'écrie l'apôtre (3:1). Et par deux fois, il déclare: «Dieu est amour» (4:8, 16). C'est sa nature. Quant à nous, si nous connaissons l'amour, c'est parce que nous en avons été les objets de la part du Père et du Fils. «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (4:10). «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous» (3:16).

Or nous avons été rendus participants de cette nature divine, qui est amour2. L'amour mis en pratique dans notre vie journalière est donc le fruit spontané de la nouvelle nature que nous possédons. Les deux derniers versets cités se continuent comme suit: «Bien-aimés, si Dieu nous aima ainsi, nous aussi nous devons nous aimer l'un l'autre» (4:11) et «nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (3:16). Ainsi, ceux qui sont «nés de Dieu» aiment. C'est à cela qu'on peut les reconnaître. «Bien-aimés, aimons-nous l'un l'autre, car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu» (4:7). «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu; et quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui» (5:1). Dans cette épître, il s'agit d'aimer «nos frères» pour la seule raison qu'ils sont, comme nous, enfants de Dieu, participants de la nature divine. C'est d'une autre dimension que ce qui nous est demandé ailleurs: «Aimez vos ennemis» (Matthieu 5:44).

2 On remarquera qu'il n'est pas dit du croyant qu'il «est amour», bien qu'il participe de la nature divine.

On trouve deux fois, sous la plume de l'apôtre Jean, la déclaration: «Personne ne vit jamais Dieu…». La première fois, dans l'évangile, l'apôtre ajoute: «…le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître» (1:18). Dans sa personne, Jésus a rendu visible le Dieu invisible. La seconde fois, dans la 1re épître, l'apôtre ajoute: «…si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous» (4:12). Dieu est en quelque mesure rendu visible dans ses enfants, s'ils s'aiment l'un l'autre. On peut voir par là qu'il demeure en eux.

b)  La justice pratique — Mais Dieu n'est pas seulement amour: il est lumière (1 Jean 1:5). Il est juste et saint. Il a horreur du mal. Ceux qu'il a engendrés ont une nature qui aime la justice, qui désire et poursuit le bien, et qui hait et fuit le mal. Ainsi la vie pratique des croyants doit être dans la justice et la sainteté. On peut les reconnaître à cela. «Si vous savez qu'il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui» (2:29). «Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu'il est né de Dieu» (3:9; cf. 5:18). Une marche dans le péché est inconcevable pour un chrétien.

Bien sûr, ce n'est qu'en Christ que la nature divine a été manifestée sans faille et en plénitude. En nous, il y aura toujours des défaillances. L'apôtre le mentionne expressément et nous indique quelles sont nos ressources à cet égard (cf. 1:9 à 2:1). Et pourtant, l'enseignement solennel de cette épître doit exercer profondément nos cœurs.

L'apôtre adresse aux «jeunes gens» l'exhortation particulière: «N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde: si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui» (2:15). La conscience d'avoir été et d'être les objets de l'amour du Père devrait éveiller une réponse d'amour dans nos cœurs. Or cela ne peut avoir lieu s'ils sont remplis du monde et des choses du monde. Mais nous avons tout ce qu'il faut pour faire face aux difficultés que nous rencontrons. «Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde; et c'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (5:4). La nature que Dieu nous a donnée ne s'intéresse pas au monde, et notre foi fixe nos yeux sur les choses invisibles.

Une marche dans la justice et la sainteté est, bien sûr, une marche dans l'obéissance aux commandements de Dieu: «Par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir si nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n'est pas en lui» (2:3, 4).

Nous pouvons nous trouver dans des situations où il semble qu'aimer nos frères et garder les commandements de Dieu soient des choses incompatibles. Mais il n'en est jamais ainsi. Un vrai amour, qui a en vue le bien spirituel de nos frères, est nécessairement en accord avec l'obéissance aux commandements divins. «Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c'est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements» (5:2).

Conclusion

En parcourant l'enseignement du Nouveau Testament sur ce merveilleux sujet, nous avons pu constater que Celui que nous connaissons comme notre Père demeure toujours Dieu, avec tous ses attributs et tous ses caractères divins. Ainsi, tout ce qui est vrai de notre Dieu est vrai de notre Père, et il nous faut éviter de séparer ce qui nous est enseigné dans les passages où il est appelé Père de ce qui nous est dit dans ceux où il est appelé Dieu. Par exemple, nous adorons le Père, mais en même temps nous adorons Dieu (Jean 4:23, 24). Nous devons être imitateurs de notre Père (Matthieu 5:48; Luc 6:36) et aussi imitateurs de Dieu (Éphésiens 5:1). Nos cœurs sont réchauffés par l'amour du Père (1 Jean 3:1), qui est l'amour de Dieu (1 Jean 2:5; 3:17;…).

Tout ce qui était déjà la part des croyants de l'Ancien Testament, dans leur relation avec Dieu, est aussi la part des chrétiens. Nous ne parlons pas de ce qui était caractéristique de la dispensation de la loi, mais de la bonté de Dieu, de ses soins, de sa discipline, de ses promesses — en un mot de tout ce à quoi la foi s'attachait. Tout cela est encore vrai pour nous, et à un degré plus élevé encore, parce que ce Dieu est notre Père — et «le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ», auquel nous sommes indissolublement liés.

Des croyants de l'Ancien Testament, tels Job ou Jérémie, avaient appris à tout recevoir de la part du Très-Haut — les maux comme les biens (Job 2:10; Lamentations de Jérémie 3:38). Et nous avons encore plus de raisons qu'eux de le faire, puisque Celui qui nous dispense tout ce qu'il juge nécessaire est en même temps un Père plein de compassion envers ses enfants. Quel privilège de savoir que «le Dieu d'éternité», «le Dieu tout-puissant», «le Dieu qui seul est sage», le Dieu qui connaît la fin d'une chose avant son commencement (Ésaïe 46:10)… est notre Père!

Faisons-lui confiance, attachons-nous à lui, ayons à cœur de l'honorer, en attendant d'être introduits pour toujours dans sa maison — la maison du Père, là où Jésus nous a préparé des places (Jean 14:2, 3).

Ne perdons pas de vue que le but de Dieu est de nous rendre conformes à l'image de son Fils. Pour cela, il opère en nous par son Esprit, souvent au moyen d'épreuves. Bientôt le résultat sera vu en gloire: la beauté du Fils unique brillera en chacun de ses rachetés, en ceux qu'il appelle ses frères, les enfants de son Père.