Première épître aux Corinthiens (suite)

F.B. Hole

Chapitre 5

Dans les premiers versets de ce chapitre, nous voyons que les Corinthiens méritaient entièrement la verge dont Paul a parlé à la fin du chapitre précédent. Il y avait au milieu d'eux un cas d'immoralité très grave. Corinthe était une ville licencieuse et le niveau de moralité parmi les Gentils était déplorablement bas; et pourtant le péché particulier commis par un homme qui professait être chrétien ne se produisait pas parmi eux. La chose n'avait pas été faite en secret, elle était connue de tous.

Mais, bien que cela soit publiquement connu, l'assemblée à Corinthe n'avait entrepris aucune action. C'était déjà très grave, et ils ajoutaient encore à l'indifférence la suffisance. Ils auraient peut-être pu s'excuser en disant qu'ils n'avaient pas encore reçu d'instructions pour agir dans un tel cas. Mais, même si c'était vrai, ce n'était pas une réelle excuse; en effet, tant soit peu de sensibilité spirituelle les aurait amenés à s'humilier du déshonneur qui était jeté sur le nom du Seigneur, comme aussi à prier pour que Dieu intervienne en ôtant du milieu d'eux celui qui vivait dans le péché. Au lieu de cela, ils étaient «enflés» d'un orgueil insensé.

Dans les versets 3 à 5, nous voyons la sainte vigueur et la fermeté de Paul, en contraste avec l'indécision indolente des Corinthiens. Ils auraient dû être réunis ensemble au nom du Seigneur Jésus Christ et agir en ôtant le méchant du milieu d'eux, comme l'indique le dernier verset du chapitre. Mais ils ne l'avaient pas fait. Paul intervient alors; il juge et agit avec son autorité apostolique, bien qu'il associe les Corinthiens à son jugement et à son action. Il serait prêt à livrer un tel homme à Satan, car même Satan peut être utilisé pour la discipline d'un croyant qui est tombé.

On voit ici que la limite extrême à laquelle Satan peut aller est la destruction de la chair. Dans le cas de Job, il n'a pas été autorisé à aller jusqu'à cette limite, mais il a terriblement fait souffrir cet homme dans sa chair. Et si même la chair devait être détruite et la mort intervenir, c'est afin que l'esprit soit sauvé dans le jour qui vient. Ceci suppose que celui qui est l'objet de cette forme extrême de discipline est malgré tout un vrai croyant.

Il y avait un autre fait que les Corinthiens négligeaient aussi, et qui montrait l'erreur et la folie de leur esprit orgueilleux. Ils constituaient comme une masse de pâte dans laquelle un peu de levain avait été introduit. Le levain a une propriété bien connue: la fermentation se développe jusqu'à ce que toute la pâte en ait été atteinte. Ainsi les Corinthiens ne pouvaient pas considérer le péché de l'un des leurs comme une chose qui ne les concernait pas, bien au contraire! Il s'agissait en fait de «vieux levain», du mal même qui avait sévi parmi eux lorsqu'ils n'étaient pas convertis, et qui se développerait certainement à nouveau s'il restait non jugé. C'est pourquoi ils devaient s'en purifier en ôtant le méchant du milieu d'eux.

S'ils agissaient ainsi, ils deviendraient pratiquement «une nouvelle pâte», et l'apôtre ajoute: «comme vous êtes sans levain» (verset 7). Ils étaient réellement une nouvelle pâte sans levain quant à leur place et leur condition devant Dieu; et ils devaient agir de telle sorte qu'ils soient en pratique ce que Dieu les avait fait devenir en Christ. Il est important pour nous de bien saisir le principe qui est sous-jacent, car, sous la grâce, c'est le principe selon lequel Dieu agit toujours. La loi demandait à l'homme d'être ce qu'il n'était pas. La grâce nous fait être ce qui est selon la pensée de Dieu, puis nous appelle à agir en accord avec ce que nous sommes. Ce principe s'applique de bien des manières. Vous devez toujours agir «afin que vous soyez… comme vous êtes».

L'apôtre se sert bien sûr d'une image lorsqu'il parle ainsi du levain. Mais c'est une image particulièrement bien appropriée. Le repas de la Pâque, pour Israël, devait être mangé sans levain; et il était suivi par la fête des pains sans levain, qui durait une semaine. La Pâque préfigurait la mort de Christ; celle-ci a été son accomplissement. Et l'Église, durant tout le temps de son séjour ici-bas, doit accomplir le type de la fête des pains sans levain, en s'éloignant de tout mal et en marchant en «sincérité» et en «vérité» (verset 8).

De même que les Israélites devaient ôter tout levain de leurs maisons, ainsi aussi vous et moi, nous devons ôter tout mal de nos vies. Et en plus de cela, il y a des cas où la parole de Dieu demande l'action de l'assemblée. De tels cas dans le domaine du mal moral sont mentionnés au verset 11. Le transgresseur peut être «quelqu'un appelé frère». Comme il a professé être converti, il se trouve au-dedans de l'assemblée et non au-dehors; et parce qu'il est dedans, il est soumis au jugement de l'assemblée et doit être placé dehors. Cette mise à l'écart n'est pas simplement une excommunication formelle et administrative. C'est une action d'une telle réalité que les saints ne doivent plus avoir de commerce en aucune manière avec celui qui a péché. Lorsque nous avons affaire avec les hommes de ce monde pour les choses d'ici-bas, nous ne pouvons pas faire une discrimination semblable sur la base de leurs caractères moraux. Mais si un homme qui professe être chrétien est coupable des péchés mentionnés au verset 11, nous devons en avoir fini avec lui et, pour le moment, ne plus le reconnaître du tout comme un chrétien. Le futur révélera ce qu'il est réellement.

Ce chapitre montre très clairement que lorsqu'il fallait s'occuper d'un mal grave, du vivant des apôtres, sur la base de l'autorité et de l'énergie apostoliques, le chemin normal était, comme il l'est toujours, par l'action de l'assemblée rassemblée au nom du Seigneur. Son domaine de compétence se limite à ceux qui sont «de dedans». Ceux qui sont «de dehors» doivent être laissés au jugement de Dieu qui les atteindra au moment convenable.

Chapitre 6

Il y avait un autre fait scandaleux parmi les Corinthiens, et Paul l'aborde au chapitre 6. Le mal était peut-être moins grave que le précédent, mais apparemment il était plus répandu. Quelques-uns parmi eux étaient querelleurs et amenaient leurs disputes jusque devant les tribunaux publics. Ainsi, ils lançaient leurs accusations et exposaient leurs torts, réels ou imaginaires, devant les incrédules.

Ici encore, l'instinct spirituel aurait dû les préserver d'une telle erreur. Leur façon de faire revenait à dire qu'il n'y avait pas un seul homme sage parmi eux, capable de juger et de décider en de tels cas. Ainsi, ils étalaient bruyamment ce qui était à leur honte.

En plus de cela, ils proclamaient leur propre ignorance. Le verset 2 commence par «Ne savez-vous pas», et cette expression est répétée cinq fois dans ce chapitre. Comme beaucoup d'autres croyants charnels, les Corinthiens n'avaient pas autant de connaissance qu'ils le pensaient. Si la vérité nous gouverne, nous la connaissons réellement. Une simple connaissance intellectuelle ne sert à rien.

Ils auraient réellement dû savoir que «les saints jugeront le monde». Cela avait été annoncé dans l'Ancien Testament. On lit en Daniel: «… jusqu'à ce que l'Ancien des jours vint, et que le jugement fut donné aux saints des lieux très hauts, et que le temps arriva où les saints possédèrent le royaume» (7:22). S'ils avaient vraiment su cela, ils ne se seraient pas traînés l'un l'autre devant les tribunaux païens. Et si nous en étions davantage conscients, nous éviterions peut-être de faire certaines choses que nous nous permettons. Au verset 3, nous sommes placés devant un fait encore plus étonnant: «nous jugerons les anges» — bien que le changement de «les saints» à «nous» indique peut-être que le jugement des anges ne sera confié qu'aux apôtres.

Quoiqu'il en soit, ces versets ouvrent devant nous une perspective d'autorité et de responsabilité extraordinaire, à la lumière de laquelle les choses qui appartiennent à cette vie peuvent être considérées comme de plus petites affaires (verset 2). En accord avec cette évaluation, l'enseignement donné ici est que, si de telles questions sont placées devant les saints pour être jugées, ceux qui sont les moins estimés dans l'assemblée doivent s'en occuper. Nous remarquons qu'il n'est pas dit que tous les saints jugeront dans le temps à venir. Peut-être que tous n'y sont pas destinés, et ainsi ceux qui paraissent le moins à même d'être juges dans ce temps futur peuvent l'être maintenant. Telle est l'évaluation que l'Écriture nous donne de l'importance relative des choses du temps à venir et de celles du temps présent.

Il est donc tout à fait évident que si un croyant se plaint d'une injustice de la part d'un autre, il doit exposer son cas devant les saints et non devant le monde. Il y a cependant quelque chose de bien meilleur que cela, et c'est ce qu'indique le verset 7. Le meilleur chemin, c'est de souffrir docilement le tort en laissant le Seigneur s'en occuper et produire la repentance chez celui qui l'a fait. Le pire de tout, c'est de commettre des torts et des injustices, et cela à ses frères même.

Si quelqu'un appelé un chrétien agit de manière injuste, de sérieuses questions se posent, puisque «les injustes n'hériteront point du royaume de Dieu». La première question que nous nous posons est: est-ce un vrai croyant, après tout? Dieu seul sait ce qui en est. Quant à nous, nous demeurons dans le doute à cet égard. Un vrai croyant peut tomber dans n'importe lequel des terribles péchés énumérés aux versets 9 et 10; mais il n'est pas caractérisé par cela, et, par la repentance, il peut être finalement restauré. Ceux qui sont caractérisés par ces choses n'ont aucune part au royaume de Dieu, ni maintenant ni plus tard. Par conséquent, ils sont manifestement en dehors de la communion de l'assemblée de Dieu.

Certains d'entre les Corinthiens avaient été des pécheurs de ce type, mais par leur conversion, ils avaient été lavés, sanctifiés et justifiés (verset 11). Le lavage dont il est question ici est le travail profond et fondamental de renouvellement moral accompli par la nouvelle naissance. La sanctification est la mise à part pour Dieu, afin d'être maintenant à sa disposition pour lui plaire. La justification est l'annulation de toute charge qui pourrait être portée contre nous; c'est une mise en ordre judiciaire, grâce à laquelle nous nous tenons maintenant en justice devant Dieu. Ces trois choses ont été faites pour nous «au nom du Seigneur Jésus», c'est-à-dire en vertu de son sacrifice; et «par l'Esprit de notre Dieu», c'est-à-dire par son œuvre effective dans nos cœurs. Nous aurions peut-être eu tendance à lier le lavage avec le travail de l'Esprit exclusivement, et la justification avec l'œuvre de Christ. Mais ce n'est pas présenté comme cela ici. Ce qui est objectif va de pair avec ce qui est subjectif.

Nous aurions aussi pu être inclinés à placer la justification en première place. Mais le lavage vient en premier ici parce que le point important du passage est que le croyant manifeste un caractère entièrement nouveau. Les anciens caractères de souillure sont lavés avec la nouvelle naissance. Et s'ils ne sont manifestement pas lavés, quoi qu'un homme professe, il ne peut pas être considéré comme étant un vrai croyant, ou comme appartenant au royaume de Dieu.

Le paragraphe qui commence au verset 12 introduit une nouvelle ligne de pensées. Il va être question des viandes au verset suivant, et nous aurons plus de détails à ce propos dans le chapitre 8. C'était une question brûlante parmi les premiers chrétiens. A ce sujet, Paul montre qu'il n'était pas sous la loi. Mais même ainsi, ce qui est «permis» peut ne pas être du tout «avantageux». De plus, même une chose permise peut avoir tendance à nous rendre esclave, et nous devons bien nous garder de nous laisser asservir par quoi que ce soit. Au contraire, nous devons rester libres pour être les esclaves de notre Seigneur et Sauveur. Combien souvent on entend à propos d'une chose controversée: Mais ce n'est pas interdit… Quel mal y a-t-il à cela? On peut répondre en posant une autre question: Est-ce avantageux? Nous avons à rechercher les choses qui n'ont pas seulement la vertu négative de ne pas être mauvaises, mais qui ont la vertu positive d'être avantageuses.

Le dernier paragraphe du chapitre comporte des enseignements très importants à propos du corps du croyant. Pour le moment, nos corps n'ont pas encore connu la rédemption; ils sont par conséquent le siège de diverses convoitises et, à cet égard, doivent être tenus pour morts. Nous ne devons cependant pas commettre l'erreur de les traiter avec légèreté. Trois grands faits à leur sujet sont mentionnés dans ce passage:

  1. Nos corps sont «des membres de Christ» (verset 15). S'il est vrai qu'ils ne sont pas encore rachetés, ils doivent pourtant l'être, et le Seigneur les réclame déjà comme étant siens. Ils sont siens d'une manière si réelle que la vie de Jésus peut être manifestée dans nos corps (cf. 2 Corinthiens 4:10). Ils sont les membres dans lesquels doit être manifestée la vie de Celui qui est notre Tête.
  2. Le corps de chaque croyant est «le temple du Saint Esprit» (verset 19). Notre ancienne vie a été jugée. Le péché dans la chair, qui nous dominait jadis, a été condamné; et maintenant l'Esprit habite en nous comme l'énergie de la nouvelle vie que nous avons en Christ. Chaque croyant devrait considérer son corps comme la demeure où habite le Saint Esprit qu'il a reçu de Dieu. Dieu a pris possession de son corps de cette manière. C'est un fait d'une importance capitale.
  3. Nous avons «été achetés à prix» (verset 20). Ce rachat implique notre corps aussi bien que notre âme. Le prix qui a été payé pour cela est au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer, nous le savons bien. Mais nous pourrions parfois oublier qu'il concerne aussi le rachat de nos corps.

Et maintenant, voyons les conséquences de ces trois grands faits. Comment pourrions-nous faire des membres de Christ les membres d'une prostituée? Pourrais-je traiter mon corps comme étant exclusivement à moi? Nous ne sommes pas à nous-mêmes. Nous sommes à un autre — esprit, âme et corps. «Glorifiez donc Dieu dans votre corps.» La seule pensée des hommes inconvertis est de se satisfaire et de se glorifier eux-mêmes dans et par leur corps. Qu'il nous soit donné de plaire à Dieu et de le glorifier Lui!

Quel standard est placé devant nous ici! Nous avons peut-être le sentiment qu'il est bien haut et que nous ne pouvons pas l'atteindre. Et pourtant, nous ne voudrions pas qu'il soit différent. Il y a ici une grande bénédiction pour le présent et un gage certain de la gloire à venir. Si nos corps sont déjà maintenant le temple du Saint Esprit, combien certaine est la rédemption future de nos corps! Alors le Saint Esprit aura un temple caractérisé par une sainteté parfaite. En attendant, il nous encourage à la sainteté, et cela pour notre plus grande bénédiction.

Arrêtons-nous encore sur le verset 17. Il élimine d'emblée l'idée que notre union avec Christ se trouve dans son incarnation — idée qui est à la base de bien des erreurs répandues dans la chrétienté. Cette union ne réside pas dans la chair mais dans l'esprit. On a ici l'un des cas où l'on pourrait se demander s'il faut mettre au mot «esprit» une majuscule ou une minuscule. L'Esprit qui habite en nous est l'Esprit de Christ; et par Lui nous sommes un seul esprit avec le Seigneur. Quel fait merveilleux! Méditons-le bien.

À suivre