Que fais-tu ici, Elie?

M. Wenger

Elie, homme de Dieu remarquable, avait rendu un puissant témoignage à l'Éternel sur le Mont Carmel (1 Rois 18:21-40). Par ce témoignage, et à la suite du miracle que Dieu avait opéré, le peuple d'Israël s'était détourné de l'idolâtrie et était revenu à Dieu — du moins extérieurement. Le prophète n'avait pas craint de faire mettre à mort les prophètes de Baal en présence même du roi Achab. Mais la vengeance de Jézabel, l'épouse d'Achab, n'avait pas tardé: apprenant la nouvelle, cette femme avait décrété son arrêt de mort. Et alors, l'homme courageux du mont Carmel est soudain rempli d'une telle crainte qu'il fuit pour sa vie (19:1-3).

Cela ne peut-il pas nous arriver? Des choses comparativement petites parviennent à nous ébranler. Etait-il selon la volonté de Dieu qu'Elie quitte le pays? Certainement pas. Jusque-là, Elie avait agi selon les directives de Dieu. C'est à sa parole qu'il s'était rendu au torrent du Kerith, puis à Sarepta, puis encore vers Achab. Et voici que maintenant, il agit de manière indépendante.

Mais Dieu suivait des yeux son prophète. «Que fais-tu ici?» lui demande l'Éternel. Elie aurait bien pu tressaillir à cette question et être effrayé. Mais non, il est entièrement occupé de lui-même et de sa situation de détresse; il devient même l'accusateur de ses frères. «Je suis resté, moi seul», dit-il. C'est une parole bien amère qui sort là de ses lèvres. Certes, il ne connaissait pas les sept mille personnes en Israël qui servaient Dieu et ne se prosternaient pas devant les idoles. Mais du moins aurait-il pu se souvenir des cent prophètes qu'Abdias avait cachés et nourris (1 Rois 18:13).

«Que fais-tu ici?» Cette question nous interpelle aussi. Où est-ce que je suis? A l'endroit que Dieu m'a montré ou bien en un lieu que j'ai choisi moi-même?