La conscience dans la lumière de Dieu

J.G. Bellett

Un homme juste

Dans l'histoire de Job, nous voyons d'une manière saisissante le changement produit dans un homme qui est déjà un saint de Dieu, lorsque sa conscience est amenée dans la lumière de la présence divine. Sans entrer dans les détails des voies merveilleuses de Dieu à l'égard de son serviteur Job, il nous suffira de considérer l'ensemble de son histoire.

Le Saint Esprit nous donne dans le Nouveau Testament les raisons qui ont motivé l'épreuve et les grandes afflictions de Job: «Voici, nous disons bienheureux ceux qui endurent l'épreuve avec patience. Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux» (Jacques 5: 11). La fin ou le but du Seigneur était de donner à son serviteur une bénédiction plus profonde, et de le faire jouir d'une communion plus vraie avec lui-même. Pour que ce résultat soit atteint, il a fallu que Dieu amène la conscience de Job dans la lumière de sa présence.

Il y avait indiscutablement chez Job, déjà avant ses épreuves, un lien vital avec Dieu. Il n'était pas simplement religieux selon la chair. Le témoignage que Dieu rend de lui à l'Adversaire prouve le contraire (Job 1: 8; 2: 3). Mais le cœur naturel de Job était opposé à la grâce et s'enflait d'orgueil. Il était occupé de lui-même, de ses bonnes œuvres, de ses prières, de sa justice personnelle. L'histoire de bien des âmes régénérées pourrait, aujourd'hui encore, se résumer de la même manière.

Or Dieu voulait que tout cela fût jugé selon la lumière. Tel fut le motif de toutes ses voies à l'égard de Job.

Son histoire nous offre un douloureux tableau. Nous entendons sortir de sa bouche de terribles paroles devant Dieu. Elles étaient arrachées par l'amertume dont son âme était remplie sous le feu ardent de l'épreuve. Il était criblé de toutes parts; son cœur était mis à découvert. Ah! ceux qui, en quelque mesure, ont connu cette discipline amère par laquelle l'Esprit de Dieu a amené leur conscience dans la lumière, savent combien il est effrayant de voir son cœur manifesté sous les rayons de cette lumière. Mais ils ont appris à juger «le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses» (Éphésiens 4: 22). Ils sont ainsi d'accord avec Dieu qui l'a jugé à la croix de Christ, et leur a donné de réaliser, dans leur conscience, la sentence de ce jugement.

La fin du Seigneur envers Job

La discipline se poursuit à l'égard de Job, pauvre selon l'estimation des hommes, mais riche en Dieu, jusqu'à ce qu'il prononce ces paroles mémorables: «Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (42: 5, 6). La grâce produit en lui «un esprit brisé» (Psaumes 51: 17). Ayant amené Job à la lumière, elle le conduit à avoir horreur de lui-même et à se juger foncièrement devant Dieu. La grâce seule peut enseigner ainsi. C'est là aujourd'hui le fruit de son œuvre dans les saints, que Dieu apprécie.

Souvenons-nous que c'est uniquement dans la présence du Seigneur que la grâce peut être goûtée selon son caractère essentiel et divin. L'importance de cette vérité nous engage à la rappeler avec insistance à nos lecteurs.

Qu'elle soit pesée soigneusement! Rappelons-nous que la communion doit venir avant la marche, le service et l'exercice des dons. Aspirons ardemment à la réalisation d'une vraie communion avec le Seigneur. La moindre parcelle d'amour pour Christ découlant d'un cœur et d'un esprit brisés a plus de valeur pour lui qu'une grande activité dans laquelle la chair non jugée a encore sa place.

Considérons un peu le passage suivant de l'épître à Tite, en rapport avec la présence du Seigneur dans laquelle nous avons besoin d'être amenés: La grâce nous enseigne, dit l'apôtre, à renier l'impiété et les convoitises mondaines et à vivre dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement (Tite 2: 12). L'âme fidèle aspire à réaliser ces caractères que la grâce seule peut produire en nous. Où les apprendrons-nous? Dans la présence du Seigneur, car hors de cette présence, nous ne pouvons pas apprendre à connaître réellement la grâce. De plus, cette grâce infinie nous enseigne à attendre «la bienheureuse espérance» (le retour du Seigneur pour nous prendre à lui à sa rencontre en l'air) «et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ», c'est-à-dire la manifestation publique de la gloire de Christ, moment auquel ses saints apparaîtront avec lui en gloire. Béni soit son nom pour une telle espérance!

Des prophètes

Dans leur histoire et leur témoignage, Ésaïe, Daniel, Ézéchiel et d'autres prophètes, nous donnent la confirmation des vérités que nous venons de considérer. Nous trouverons du profit à méditer un peu ce que nous présente Ésaïe à ce sujet. Il nous trace le tableau des effets de la lumière divine agissant en grâce dans sa propre conscience. Quel cri s'échappa de ses lèvres lorsqu'il vit la gloire du Seigneur remplissant le temple: «Malheur à moi! car je suis perdu; car moi, je suis un homme aux lèvres impures» (Ésaïe 6: 5). Nous apprenons plus tard que Celui dont la gloire brilla devant lui était la Personne divine qui descendit en grâce ici-bas, le Seigneur Jésus lui-même (Jean 12: 41). De son trône «haut et élevé» découla une immense bénédiction dans l'âme du prophète. D'abord il fut amené à la conviction pleine et entière de son état de perdition, puis à la jouissance du pardon, sa conscience étant purifiée de son lourd fardeau. Enfin son cœur fut gagné, et, dans la reconnaissance dont il était rempli pour celui qui l'avait racheté et béni il s'écria: «Me voici, envoie-moi» (verset 8). Désormais il était préparé pour l'accomplissement du service difficile qui lui était confié et pouvait aller proclamer le message de jugement que Dieu voulait faire entendre à son peuple.

Des apôtres

Considérons encore, dans le Nouveau Testament, un ou deux exemples de la même œuvre de grâce. Dès que le Saint Esprit fut descendu ici-bas en conséquence de l'œuvre accomplie à la croix, il se fit nécessairement un travail plus profond que précédemment dans la conscience de ceux qui devaient devenir les puissants instruments de Dieu pour la proclamation de l'Évangile. Une gloire plus éclatante que celle qui avait visité les saints d'autrefois brillait devant leurs yeux. Il est vrai que le «Dieu de gloire» apparut à Abraham; néanmoins celui-ci ne fut pas amené dans une intimité aussi profonde avec lui que Paul et Jean. La question de la justice n'avait pas encore été soulevée (comme elle l'a été plus tard sous la loi), lorsqu'ont été faites à Abraham les promesses que sa foi a saisies. Combien plus grande est la part de l'Église qui possède Celui qui a accompli les promesses, le Seigneur de gloire, le Fils de l'homme venu du ciel, «la vraie lumière» qui a lui dans ce monde! (Jean 1: 9). Nous avons été amenés à la jouissance de bénédictions infinies, à «la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jean 1: 3).

Pierre

Avec quelle grâce merveilleuse, quelle tendresse et quelle puissance divines, le Seigneur Jésus s'occupe de Pierre après sa chute! Il restaure son âme et le rétablit dans la position honorée de serviteur qu'il avait perdue (Jean 21). Le Seigneur avait accompli l'œuvre de la rédemption et, dans la puissance et la lumière de la résurrection, il amène devant lui son pauvre disciple tremblant sous le poids de sa terrible chute. Il ne lui rappelle pas son péché, mais s'occupe de la racine du mal, ce principe de confiance en soi-même et d'énergie charnelle qui caractérisaient Pierre. Hélas! combien ce même mal est profondément enraciné dans nos cœurs et combien nous en manifestons les tristes fruits! Jusqu'à quel point l'avons-nous jugé en sa présence? «Pierre fut attristé de ce qu'il lui disait pour la troisième fois: M'aimes-tu?» (Jean 21: 17). La conviction de son état était produite dans sa conscience. De la part du Seigneur, il n'y avait à son égard qu'une grâce parfaite qui attirait à lui le cœur de son racheté, tout en lui montrant que désormais son énergie naturelle et sa propre volonté devaient être jugées et que la puissance d'une marche fidèle se trouverait pour lui dans la dépendance de Christ. Plus tard nous trouvons Pierre «rempli de l'Esprit Saint» (Actes des Apôtres 4: 8), accomplissant avec puissance son ministère d'apôtre de la circoncision.

Paul

En Saul de Tarse, nous avons un exemple merveilleux de la puissance de cette même grâce. Sur son chemin de haine insensée contre Christ, expression de celle des Juifs contre leur Messie, il voit le Seigneur, l'Homme céleste, sur la face duquel brillent les rayons de la gloire de Dieu. Cette gloire est trop éclatante pour l'homme: il est rendu aveugle pour un temps. Convaincu et terrassé dans sa conscience, Saul s'écrie: «Qui es-tu, Seigneur?» (Actes des Apôtres 9: 5). Il apprend que Jésus, Chef glorifié de son Assemblée, parle des siens sur la terre comme faisant partie de lui-même: «Je suis Jésus que tu persécutes» (verset 5). Après sa conversion, il prêche l'évangile de la gloire, annonçant que Jésus est «le Fils de Dieu» (verset 20). Le témoignage de Pierre se résumait dans le fait que «Dieu… a glorifié son serviteur Jésus» (3: 13), et l'a fait «Seigneur et Christ» (2: 36); son nom de Fils de Dieu, exprimant la plénitude de sa gloire divine, fut plutôt révélé à Paul.

De quelle manière précieuse ce bien-aimé serviteur de Dieu apprit ensuite à connaître le secret de la puissance pour le service du Maître! Le Seigneur lui dit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans l'infirmité» (2 Corinthiens 12: 9). Il lui montra ainsi que la dépendance de lui seul, dans le sentiment de notre faiblesse, est la condition de la force. Remarquons en passant que la révélation des pensées de Dieu en elle-même, aussi bénie qu'elle soit, n'est pas la source de la puissance, mais que celle-ci se trouve dans la communion avec Dieu, réalisée dans la révélation qu'il nous donne de lui-même. Il était nécessaire que Paul ait «une écharde pour la chair», de peur qu'il ne s'enorgueillît à cause des révélations divines. Toute puissance vient de Dieu. Les créatures, même les anges qui ont gardé leur condition originelle, n'ont point d'autre force que celle qu'ils reçoivent de lui. La victoire est pour ceux qui réalisent leur dépendance de lui.

Jean

Nous trouvons encore dans l'histoire de Jean, le disciple bien-aimé, le secret de la puissance qui le rendait capable d'entrer dans les scènes glorieuses qu'il décrit dans l'Apocalypse. Nous lisons: «Je fus en Esprit, dans la journée dominicale» (1: 10). C'est ainsi qu'il put pénétrer dans le ciel par la porte ouverte devant lui (4: 1). Sa place était assurée devant le trône de gloire. En présence du Fils de l'homme manifesté devant ses yeux dans sa gloire judiciaire, il tomba à ses pieds comme mort (Apocalypse 1: 17). Cette gloire était terrible et éclatante, mais dans la plénitude de la grâce et de la tendresse divines, Jésus lui dit: «Ne crains pas». Après avoir entendu ces paroles, Jean ne craignit plus rien. Les sceaux, les trompettes, les coupes, tous les jugements qui doivent se dérouler dans les cieux et sur la terre, passèrent devant lui sans qu'il en éprouve la moindre terreur. Jean est un témoin qui demeure jusqu'à la fin, comme le Seigneur le lui avait dit (Jean 21: 22, 23). Non seulement son ministère prophétique s'étend jusqu'à la venue du Seigneur, mais il embrasse le royaume, et la gloire des nouveaux cieux et de la nouvelle terre dans l'état éternel.

Puissent nos cœurs goûter toujours mieux l'amour du Père dans une douce communion avec lui! Il s'ensuivra un attachement toujours plus grand pour Christ notre Seigneur et toujours plus de ferveur pour répéter en l'adorant: «Amen, viens Seigneur Jésus!»