Les oreilles de Dieu

M. Furrer

Dieu a créé l'homme à son image de manière que celui-ci puisse avoir communion avec lui. Il nous a donné des oreilles afin que nous entendions sa voix. Et ses oreilles sont attentives à notre voix, lorsque nous nous adressons à lui. Quelle chose merveilleuse que ces communications entre Dieu et sa créature!

Cependant, ce ne sont pas que des prières qui parviennent à ses oreilles…

Tout ce que Dieu entend

Des habitants de Sodome et de Gomorrhe, Dieu pouvait dire que «leur cri» était «devenu grand» devant lui (Genèse 19:13). Ce cri-là exprime toute la méchanceté de l'homme, sa révolte contre Dieu et sa dépravation. Combien de tels cris sont déjà montés vers le ciel!

Alors que les fils d'Israël souffraient dans leur condition d'esclaves opprimés en Égypte, «ils crièrent; et leur cri monta vers Dieu» (Exode 2:23). Dans sa miséricorde, Dieu vit leur affliction, entendit leur cri, connut leurs douleurs et descendit pour les délivrer (3:7, 8). Quelle a été leur reconnaissance? Sur la rive de la mer Rouge, le peuple a bien fait monter vers Dieu un cantique de louange. Mais peu de temps après, ils ont regretté l'Égypte et les murmures ont commencé.

«Et… comme le peuple se plaignait, cela fut mauvais aux oreilles de l'Éternel… et sa colère s'embrasa (Nombres 11:1). Il doit leur être dit: «Vous avez pleuré aux oreilles de l'Éternel» (verset 18).

Bien souvent, la voix des hommes incrédules offense les oreilles de Dieu — mais que dire de celle des croyants, quand ils sont infidèles? Dieu n'est-il pas en droit d'attendre autre chose de ses créatures — et surtout de son peuple? Depuis les propos impies des incrédules jusqu'aux supplications et aux louanges des croyants, tout parvient aux oreilles du Dieu tout-puissant. «Celui qui a planté l'oreille n'entendra-t-il point?» (Psaumes 94:9).

Ce que Dieu désire entendre et écouter

Différentes expressions caractérisent la manière dont nous pouvons nous adresser à Dieu. David dit: «Éternel! prête l'oreille à ma prière, et sois attentif à la voix de mes supplications. Au jour de ma détresse je crierai vers toi, car tu me répondras» (Psaumes 86:6, 7). La prière traduit la relation normale, pleine de confiance et de dépendance, que nous entretenons avec Dieu. Quand nous nous trouvons dans un besoin pressant, notre prière devient une supplication. «J'ai dit à l'Éternel: Tu es mon Dieu. Prête l'oreille, ô Éternel, à la voix de mes supplications» (Psaumes 140:6). Mais la prière peut devenir plus instante encore, un véritable cri de détresse: «Éternel! je t'ai invoqué; hâte-toi vers moi. Prête l'oreille à ma voix, quand je crie à toi» (Psaumes 141:1). «Dans ma détresse j'ai invoqué l'Éternel, et j'ai crié à mon Dieu: de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles» (Psaumes 18:6). Le cri du croyant vers Dieu est l'expression de sa certitude que le secours ne peut venir que de Lui. Le cri et la supplication peuvent aussi être liés à une plainte répandue devant Dieu: «De ma voix, je crie à l'Éternel; de ma voix, je supplie l'Éternel. Je répands devant lui ma plainte, je déclare ma détresse devant lui» (Psaumes 142:1, 2). Cette plainte, c'est l'épanchement du cœur devant Dieu, non l'insoumission, la révolte ou l'accusation contre lui.

Le psaume 102, qui s'applique au Seigneur Jésus, a pour sous-titre: «Prière de l'affligé, quand il est accablé et répand sa plainte devant l'Éternel». Notre Seigneur a ressenti tout le poids du chemin de douleurs qu'il avait à parcourir, et il a répandu cela en prière devant son Dieu.

Et si nous n'avons plus de force ni pour crier ni pour prier? Dieu percevra notre soupir et notre gémissement: «Ne cache point ton oreille à mon soupir, à mon cri» (Lamentations de Jérémie 3:56). «Seigneur! tout mon désir est devant toi, et mon gémissement ne t'est point caché» (Psaumes 38:9).

Quelle que soit la forme de la prière, Dieu écoute parce que son cœur est tourné vers nous, prêt à user de grâce. «Éternel! écoute; de ma voix, je crie à toi: use de grâce envers moi, et réponds-moi» (Psaumes 27:7).

Ce que Dieu devrait entendre

Certes Dieu est toujours disposé à écouter nos problèmes, mais ne devrions-nous pas utiliser notre voix d'abord pour remercier Dieu, pour le louer et l'adorer?

Au psaume 22, Dieu est présenté comme Celui qui «habite au milieu des louanges d'Israël» (verset 3). Le peuple terrestre de Dieu avait été instruit à célébrer l'Éternel «chaque matin» et «chaque soir» (1 Chroniques 23:30). Combien de fois les psalmistes appellent à bénir et à célébrer l'Éternel (Psaumes 103:1; 136:1-3;…)!

Célébrer signifie exprimer combien grande est la valeur d'une personne.

Le peuple d'Israël était encouragé à louer Dieu. «Je louerai l'Éternel durant ma vie; je chanterai des cantiques à mon Dieu tant que j'existerai» (Psaumes 146:2). Louer veut dire formuler en mots ce qu'une personne a fait de bien et ce qu'elle signifie pour nous. Pour mieux louer Dieu, nous désirerions avoir, comme les fils de Coré, la langue «d'un écrivain habile» (Psaumes 45:1). Au psaume 100, nous sommes invités à pousser des cris de joie, ce qui est vraiment l'expression d'un cœur qui déborde. Année après année, l'Israélite devait paraître devant Dieu avec sa corbeille pleine des premiers fruits et se prosterner devant lui (Deutéronome 26:10).

Nous aussi, en tant que pécheurs rachetés, nous pouvons remercier Dieu pour notre rédemption, comme le lépreux guéri est revenu sur ses pas, s'est jeté sur sa face et a rendu grâces au Seigneur Jésus. Par cela, Dieu a été glorifié (Luc 17:15, 16).

Le Père cherche toujours de «vrais adorateurs» qui l'adorent en esprit et en vérité (Jean 4:23).

Quand Dieu ne peut plus écouter

A l'époque du prophète Ezéchiel, «la maison d'Israël» avait définitivement démontré être «une maison rebelle». «Ils ont des oreilles pour entendre, et n'entendent pas» (Ezéchiel 12:2). C'est pourquoi le jugement de Dieu doit tomber sur eux: «Quand ils crieront à mes oreilles à haute voix, je ne les écouterai point» (8:18). Voilà ce qui arrivera à Israël, selon l'exercice du gouvernement de Dieu. Même si nous sommes dans le temps de la grâce, ce passage doit parler à nos consciences. L'apôtre Pierre écrit, en citant le psaume 34:«Les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal» (1 Pierre 3:12). Mais il demeure toujours vrai aussi que celui qui a devant Dieu une attitude d'humilité, un «cœur brisé», peut être assuré que Dieu l'entend (Psaumes 34:17, 18).

Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende!

Nous pouvons faire parvenir nos demandes aux oreilles de Dieu et lui remettre nos détresses. Nous pouvons exprimer devant lui ce qui l'honore, et ce qui glorifie Christ — et puissions-nous le faire toujours mieux! Mais nous devons nous souvenir aussi que celui qui a façonné nos oreilles s'attend à ce que nous l'écoutions. La communion ne peut être entière que si l'écoute est réciproque.

«Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et qu'il ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi» (Apocalypse 3:20).