Le livre du prophète Malachie (suite et fin)

F.B. Hole

Chapitre 4

Le jour où l'Éternel des armées manifestera son «trésor particulier» sera un jour de discrimination — de jugement en même temps que de bénédiction. Ceci apparaît clairement dès le début du dernier chapitre de cette courte prophétie. C'est de la terre, bien sûr, qu'il s'agit, et quand le jugement arrivera enfin, il sera définitif et total. En ce qui concerne les méchants, il ne sera laissé «ni racine, ni branche». Le «soleil de justice» se lèvera pour les exterminer, tandis qu'il apportera guérison et pleine bénédiction à ceux qui craignent le nom de l'Éternel.

Dans l'Ancien Testament, le Seigneur Jésus — celui qui vient — a été présenté sous un grand nombre de figures admirables. Cette dernière figure, celle du «soleil de justice», est particulièrement frappante. Celui qui a lu tout l'Ancien Testament depuis la Genèse jusqu'ici a eu sous les yeux une scène bien sombre, avec quelques rayons de lumière çà et là. Mais ce dernier livre se termine sur la promesse d'un jour resplendissant, introduit par le lever du «Soleil», source de toute vraie lumière, qui doit manifester pleinement la justice et la faire régner à la perfection. Dans un monde ruiné par le péché, tout est faux. C'est pourquoi, si un ordre moral selon Dieu doit être établi, la première chose à manifester est ce qui est juste. On voit cela même dans l'évangile de la grâce, tel que l'expose l'épître aux Romains. Paul n'avait pas honte de l'évangile parce qu'il est «la puissance de Dieu en salut»; et s'il l'est, c'est parce que «la justice de Dieu» y est proclamée et rendue accessible par la foi à des pécheurs tels que nous étions. Derrière cette justice, il y a naturellement l'amour de Dieu, mais en fait il n'en est pas question dans l'épître avant le chapitre 5.

Si la justice est pleinement établie, cela signifie forcément que tout ce qui est mal est éliminé. C'est pourquoi les rayons de ce «soleil» glorieux brûleront «comme un four», consumant les impies, mais apportant la guérison et la fertilité à ceux qui craignent Dieu.

Combien différente est la présentation finale du Seigneur Jésus dans le Nouveau Testament, où il apparaît devant nous comme «l'étoile brillante du matin», signe précurseur d'un jour nouveau! Dans cette scène, il n'y a place pour aucune pensée de jugement. Le Seigneur Jésus lui-même dit: «J'ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées». Celui qui est «l'étoile brillante du matin» se présente à tous les siens «dans les assemblées», pour stimuler et encourager ceux qui écoutent sa parole à veiller dans l'attente de sa venue, tandis que le monde demeure dans les ténèbres avant le lever du «soleil». Lorsque «l'étoile du matin» paraîtra, ce sera le signe précurseur du lever du «soleil de justice» et de la venue du jour du Seigneur; c'est alors que seront enlevés les saints — les morts et les vivants — pour être présentés devant le Père, dans leur demeure céleste.

Nous devons maintenant attirer l'attention sur le verset 4 de ce chapitre. A première vue, nous pourrions être étonnés de trouver ce commandement adressé au peuple à ce moment si tardif de l'histoire d'Israël, environ mille ans après le don de la loi par Moïse. Mais il y a là deux principes importants. Tout d'abord, la loi a été donnée pour «tout Israël», avec «des statuts et des ordonnances». Le peuple qui était dans le pays, à qui Malachie écrivait spécialement, était relativement peu nombreux, et dans un contexte très différent de celui du temps de Moïse, de David ou de Salomon; mais si un homme était israélite, la loi tout entière, dans tous ses détails, le liait et exigeait de lui l'obéissance.

En second lieu, non seulement la loi s'adressait à tout Israélite en tout lieu, mais elle s'adressait aussi à lui en tout temps. Le fait que beaucoup de siècles s'étaient écoulés n'y changeait rien. Au temps de Malachie, des Israélites auraient pu se dire: Les circonstances sont bien différentes aujourd'hui! Beaucoup des petits détails de la loi ne peuvent pas être aussi contraignants qu'au commencement! C'était précisément à ceux qui pouvaient avoir de tels sentiments que cette parole était nécessaire.

C'est exactement à cette même tendance que nous sommes confrontés aujourd'hui. Prenons, par exemple, la première épître de Paul aux Corinthiens, écrite au début de notre dispensation, il y a presque vingt siècles. Il y avait beaucoup de désordres parmi les chrétiens de Corinthe, aussi l'apôtre Paul a-t-il été conduit par l'Esprit à leur exposer l'ordre qui devait régner parmi eux, que ce soit dans leurs vies individuelles ou dans leurs fonctions comme membres du corps de Christ. Au chapitre 14, il expose les principes divins qui doivent régir leurs réunions d'assemblée, et termine en leur demandant de reconnaître que ces directives sont bien «le commandement du Seigneur». Certains d'entre nous sont peut-être tentés de dire — ou simplement de penser: Les changements qui se sont produits au cours des siècles ont tout de même une grande importance; nous ne pouvons pas être tenus d'observer pratiquement ces petits détails de la vie d'assemblée! Si nous sommes enclins à raisonner ainsi, méditons bien ce verset de Malachie.

Il est vrai, heureusement, que «nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Romains 6:14), et pourtant nous avons reçu beaucoup de commandements. Les commandements de la loi ont été donnés afin qu'en les gardant les hommes puissent établir leur justice devant Dieu. Et c'est ce qu'ils n'ont jamais fait. La grâce apporte le salut à ceux qui croient, puis elle nous enseigne à «vivre sobrement, et justement, et pieusement» (Tite 2:11, 12). Elle nous donne des commandements, pour nous guider dans une telle vie. Ce sont bien des commandements, et nous avons à ne pas les prendre à la légère, aussi longtemps que dure la dispensation actuelle.

Ce que nous disons ici est confirmé par le dernier chapitre du Nouveau Testament. Nous avons déjà fait remarquer qu'Apocalypse 22 se termine sur l'apparition de «l'étoile brillante du matin», et non du «soleil de justice». Remarquons maintenant que ce même chapitre comporte, immédiatement après, une déclaration très forte quant au respect entier de la parole de Dieu. Personne ne doit rien ajouter à ces choses, ni rien en retrancher. Cette déclaration s'applique sans doute particulièrement à l'Apocalypse, mais, étant donné que c'est la fin du Nouveau Testament, nous croyons qu'elle s'applique également à l'ensemble de celui-ci, exactement comme le dernier verset de Malachie s'applique à la révélation de tout l'Ancien Testament.

Par ces dernières paroles, les pensées du peuple étaient non seulement ramenées au temps de Moïse, mais aussi portées jusqu'au temps d'Elie, comme nous le voyons au verset 5. Par Moïse, la loi avait été donnée. Par Elie, les dix tribus avaient été rappelées vers Dieu et sa loi dans des jours où elles étaient presque submergées par le culte de Baal. Avant la venue du jour du Seigneur prédite ici, un «Elie» doit paraître. Nous nous rappelons sans doute que lorsqu'on a demandé à Jean le Baptiseur s'il n'était pas Elie, il a répondu: «Je ne le suis pas» (Jean 1:21). Il est pourtant venu «dans l'esprit et la puissance d'Elie», de sorte qu'en ce qui concerne sa première venue, notre Seigneur a pu dire: «Si vous voulez recevoir ce que je vous dis, celui-ci est Elie qui doit venir» (Matthieu 11:14).

Mais la première venue de notre Seigneur était l'introduction du jour de la grâce. C'est sa seconde venue, en puissance et en gloire, qui introduira «le grand et terrible jour de l'Éternel». Ainsi, le plein accomplissement de cette prophétie est encore à venir. En Apocalypse 11:3-6, il est question de «deux témoins» qui, par certains caractères de leur témoignage, rappellent Moïse et Elie, et qui précèdent la seconde venue du Seigneur. On peut faire un rapprochement entre «Elie» dans notre verset et ces témoins. Ce qui est certain, c'est que Dieu suscite toujours les témoins appropriés, et donne les avertissements nécessaires avant d'agir en jugement.

Ce que déclare le dernier verset pourrait paraître un peu obscur, mais à la lumière de Luc 1:17, le sens en devient clair. Les «désobéissants» retourneront «à la pensée des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé». Il y aura ainsi un résidu pieux, sans lequel toute la terre serait frappée de malédiction.

L'Ancien Testament est l'histoire de l'homme sous la loi, c'est pourquoi il se termine par le mot «malédiction». Le Nouveau Testament est l'histoire de l'apparition de la grâce de Dieu, et c'est pourquoi il se termine par ces mots: «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints». Quel bonheur nous avons de vivre dans une époque où la grâce règne par la justice pour la vie éternelle «par notre Seigneur Jésus Christ» (Romains 5, 21)!

But et Soutien de mon pèlerinage

Jésus, Sauveur ressuscité!

Hier mon salut, aujourd'hui mon courage

Et demain mon éternité.