La paix et la joie

O. Demaurex

L'évangile selon Jean nous dit que «la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (1:17). Dans l'évangile selon Luc, c'est plus particulièrement la paix et la joie qui nous sont données par la venue du Fils de l'homme, l'Homme parfait venu du ciel, entrant dans le monde comme un petit enfant.

La miséricorde de Dieu (Luc 1)

La paix et la joie découlent de la miséricorde divine, de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. Partout où la grâce de Dieu est à l'œuvre, partout où Dieu agit en Christ, se répandent en abondance la paix et la joie.

Quand les fidèles en Israël qui attendaient la venue du Messie apprennent que les promesses de Dieu vont s'accomplir, ils sont pénétrés du sentiment de la miséricorde divine et leurs cœurs débordent de joie. Marie accueille l'annonce de la naissance merveilleuse d'un enfant et s'exclame: «Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit s'est réjoui en Dieu mon Sauveur… sa miséricorde est de génération en génération sur ceux qui le craignent». «Il a pris la cause d'Israël, son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde» (versets 46-55).

Dieu déploie aussi sa miséricorde envers Elisabeth, et tous ses voisins se réjouissent avec elle (verset 58). Le petit enfant qui allait devenir Jean Baptiste, encore dans le sein de sa mère, tressaille de joie à la venue de Marie (verset 44). Zacharie, son père, se réjouit et loue le Seigneur, le Dieu d'Israël qui a visité et sauvé son peuple, pour accomplir sa miséricorde (verset 72). Rempli de l'Esprit Saint, il rend témoignage aux «entrailles de miséricorde de notre Dieu, selon lesquelles l'Orient d'en haut nous a visités, afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix» (versets 78 et 79).

Un grand sujet de joie (Luc 2)

Les bergers qui gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit se trouvent soudain en présence de la gloire du Seigneur. Pour dissiper la grande peur qui s'empare d'eux, l'ange leur annonce «un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple» (verset 10). La promesse annoncée il y a longtemps par le prophète Ésaïe s'est réalisée — du moins, elle commence à se réaliser: «La vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel… Tu as multiplié la nation, tu lui as accru la joie; ils se réjouissent devant toi, comme la joie à la moisson, comme on est transporté de joie quand on partage le butin… Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné… A l'accroissement de son empire, et à la paix, il n'y aura pas de fin…» (Ésaïe 7, 14; 9:2-7). «Lui sera la paix» (Michée 5:5). La venue de Celui par qui toutes les promesses divines doivent s'accomplir, apporte aujourd'hui déjà, à ceux qui le reçoivent, lumière, justice, joie et paix.

Comment les ténèbres de ce monde se dissiperaient-elles, comment l'injustice serait-elle ôtée, comment les pleurs pourraient-ils se changer en joie, comment les guerres cesseraient-elles pour faire place à une paix durable, sinon par la venue de Christ, «aux temps du rétablissement de toutes choses» (Actes des Apôtres 3:21)?

Mais avant que se lève pour ce monde le soleil de justice, déjà dans le cœur des rachetés brille la lumière de l'étoile du matin. Le Seigneur est notre berger, il nous mène à des eaux paisibles, il nous conduit dans un chemin de justice. Il nous donne sa paix et sa joie. N'a-t-il pas déclaré à ses disciples, lors de ses derniers entretiens, avant de monter à Gethsémané: «Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix» (Jean 14:27)? «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie» (15:11). «Je vous ai dit ces choses, afin qu'en moi vous ayez la paix» (16:33).

Que le Seigneur nous accorde de nous nourrir de ses paroles et de demeurer dans son amour! Il nous donne une paix et une joie que rien ne peut nous enlever, quelles que soient les circonstances. Il peut, par sa seule présence, nous garder dans une paix parfaite, et remplir nos cœurs de joie et de louange.

Sur la terre, paix (Luc 2)

Le chœur des anges qui donne gloire à Dieu en présence des bergers proclame la paix sur la terre et «bon plaisir dans les hommes» (verset 14). Ces expressions reportent nos pensées sur les origines des cieux et de la terre. Dès avant la création du monde, la Sagesse personnifiée, toujours en joie devant Dieu, trouvait son plaisir dans les hommes et se réjouissait dans la partie habitable de la terre. Proverbes 8 décrit cette scène de gloire qui précède les temps et annonce déjà le propos divin (versets 27-31).

Dans la présence de Dieu règne toujours la joie. Il ne peut en être autrement. Et lorsque son amour nous donne le Fils unique, notre part est la vie éternelle, la vie en abondance, et la paix qui surpasse toute connaissance. Il en résulte une bénédiction indicible.

Emmanuel, Dieu avec nous, est venu pour remporter une victoire définitive sur la mort. Comme il y eut un chant de joie au commencement de la première création, ainsi il y a des chants de joie dans la nuit lorsque apparaît dans ce monde celui qui est le commencement de la nouvelle création.

Un ministère de délivrance et de joie (Luc 4)

L'évangile selon Luc souligne la puissance de l'Esprit qui anime le Seigneur Jésus dès le début de son ministère. C'est l'Esprit Saint qui le conduit dans le désert où il remporte la victoire sur l'Adversaire (verset 1). Et c'est dans la puissance de l'Esprit qu'il parcourt les villes de la Galilée, enseignant dans les synagogues et guérissant les malades.

A Nazareth, Jésus ouvre le livre du prophète Ésaïe au chapitre 61 et commence sa lecture par les mots: «L'Esprit du Seigneur, l'Éternel, est sur moi…» Ce chapitre et ceux qui suivent nous parlent des bénédictions merveilleuses qui accompagnent l'activité du Sauveur, et il y est constamment parlé de joie: «Il m'a envoyé… pour mettre et donner à ceux de Sion qui mènent deuil l'ornement au lieu de la cendre, l'huile de joie au lieu du deuil, un vêtement de louange au lieu d'un esprit abattu» (versets 1-3)… «Ils auront une joie éternelle» (verset 7)… «Je me réjouirai avec joie en l'Éternel, mon âme s'égayera en mon Dieu; car il m'a revêtu des vêtements du salut, il m'a couvert de la robe de la justice» (verset 10). «Voici, mes serviteurs chanteront de joie à cause du bonheur de leur cœur» (65:14). «Réjouissez-vous avec Jérusalem, et égayez-vous à cause d'elle, vous tous qui l'aimez; tressaillez de joie avec elle, vous tous qui menez deuil sur elle… Car ainsi dit l'Éternel: Voici, j'étends sur elle la paix comme une rivière» (66:10-12).

Nous savons que, dans sa lecture du chapitre 61: le Seigneur Jésus s'est arrêté au verset 2 et a refermé le livre (Luc 4:19, 20). La suite du passage, et en particulier les versets que nous venons de citer, ne pouvaient pas encore se réaliser pour Israël sur la terre. Jésus savait qu'il allait être rejeté par son peuple. Il avait déjà devant lui le chemin de souffrance et de sacrifice qui serait sa part pour que les promesses de Dieu puissent s'accomplir.

Au chapitre 55 du même livre, nous trouvons déjà une conséquence du salut découlant de l'œuvre de Jésus sur la croix, telle qu'elle est anticipée au chapitre 53. Nous lisons au verset 12: «Vous sortirez avec joie, et vous serez conduits en paix». Nous pouvons appliquer ces versets, comme les belles déclarations des chapitres 61 et suivants, dans leur signification morale, à tous ceux qui ont reçu la Parole faite chair et qui forment un peuple d'adorateurs. C'est déjà notre part. Cette joie éternelle (61:7) et cette paix qui coule comme une rivière (66:12) sont pour nous dès maintenant.

La joie du Seigneur (Luc 15)

Dans un langage imagé, Ésaïe a écrit aussi: «De la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi» (62:5).

Dans l'évangile selon Luc, le chapitre 15 nous parle de joie à plusieurs reprises dans chacune des trois paraboles: Le berger qui a sauvé sa brebis en est tout joyeux et invite ses amis à se réjouir avec lui. La femme qui a retrouvé la drachme perdue fait de même avec ses voisines. Et le père du fils prodigue revenu à la maison se réjouit avec tous ses serviteurs. Ainsi, il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent.

N'est-ce pas à cause de la joie qui était devant lui que Jésus a enduré la croix et méprisé la honte (Hébreux 12:2)?

Et maintenant, la joie de l'Époux n'est-elle pas aussi celle de l'épouse?

«Réjouissez-vous toujours», «réjouissez-vous dans le Seigneur», dit l'apôtre Paul, le prisonnier de Jésus Christ (Philippiens 4:4; 3:1). Comment pouvons-nous nous réjouir au milieu des circonstances les plus tristes de l'histoire de l'Église sur la terre, sinon «dans le Seigneur»? Il est proche; nous pouvons lui apporter toutes nos requêtes, avec des supplications et des actions de grâce. Il veut nous communiquer sa propre joie, avec la paix de Dieu. Rien ne peut altérer ce qui vient de lui. La joie et la paix qu'il nous donne sont indépendantes des circonstances extérieures; elles sont entières et indestructibles; elles surpassent ce que l'homme peut sonder ou connaître par la raison.

Jésus est notre modèle — aussi lorsqu'il s'agit de paix et de joie. Son cœur était dans une paix parfaite parce que rien ne pouvait troubler sa confiance en Dieu. Et sa joie était entière parce qu'il était en communion constante avec son Père. En toutes choses, il pouvait se réjouir dans son esprit, dans une seule et même pensée avec Dieu, et dans la soumission qui lui faisait dire: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi!» (Luc 10:21).

Paix au ciel (Luc 19)

L'entrée de Jésus à Jérusalem est accompagnée de joie et de louange. Une multitude de disciples, avec la foule et beaucoup d'enfants, se réjouit à l'arrivée du roi, humble et débonnaire. Citant les paroles mêmes du Psaume 118: ils s'écrient: «Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur!» (verset 38). Ils vivent ensemble la réalisation de la prophétie de Zacharie 9:9: «Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d'une ânesse». Il leur est donné de prononcer ce vœu magnifique: «Paix au ciel, et gloire dans les lieux très hauts!» C'est bien dans le ciel et pour un peuple céleste que la paix et la gloire deviendront une réalité, tandis que sur la terre règnent l'hostilité et la rébellion. Les pharisiens se préparent à condamner le seul Juste. Ainsi, Jésus lui-même ne peut se réjouir, mais il pleure sur Jérusalem et dit: «Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix…» (verset 42).

Dès lors, la joie et la paix seront la part des bienheureux qui ont accueilli le Sauveur du monde dans leur cœur, qui ont leurs pensées aux choses du ciel et dont la vie est cachée avec lui en Dieu.

Paix vous soit! (Luc 24)

Les disciples d'Emmaüs sont revenus à Jérusalem et ont rejoint les autres disciples dans la chambre haute. Ils parlent ensemble de la grande nouvelle: le Seigneur est ressuscité. Et soudain, lui-même se trouve au milieu d'eux et leur dit: «Paix vous soit!» (verset 36). C'est une paix sans limite et définitive, qui découle de l'œuvre de la rédemption accomplie une fois pour toutes à la croix. Il a «fait la paix par le sang de sa croix» (Colossiens 1:20). «C'est lui qui est notre paix» (Éphésiens 2:14).

La joie des disciples est telle qu'il leur est même difficile de croire ce qu'ils voient. Le Seigneur leur montre ses mains et ses pieds percés. Il leur ouvre l'intelligence pour qu'ils comprennent les écritures et attendent avec foi l'accomplissement de la promesse du Père, le don du Saint Esprit. Quelques jours après l'ascension du Seigneur, l'Esprit descendra sur eux comme des langues de feu. Ils entreront alors dans une meilleure compréhension des pensées de Dieu et réaliseront la présence spirituelle de leur Seigneur, centre de leur rassemblement. D'âge en âge, les disciples de Jésus éprouveront la joie et la paix qu'il donne à ceux qui demeurent dans son amour.

Qu'il nous soit accordé d'en faire l'expérience aujourd'hui encore, dans sa sainte présence!

Une grande joie (Luc 24)

L'évangile a commencé par l'annonce d'un grand sujet de joie; il se termine sur cette même pensée. A Béthanie, le Seigneur bénit ses disciples, puis est élevé dans le ciel. Eux s'en retournent à Jérusalem «avec une grande joie». Ils se retrouvent dans le temple pour louer et bénir Dieu (versets 52, 53).

La séparation d'avec leur divin maître n'est pas un sujet de tristesse, mais la louange remplit leur cœur. Ils sont conscients en quelque mesure des bienfaits qui découlent pour eux de son élévation. Ils savent que rien ne peut les séparer de son amour, que rien ne peut leur ôter la joie du salut, que rien ne pourra jamais altérer la paix qu'il leur a léguée. Ils gardent leur regard tourné vers le ciel, fortifiés par la promesse de son prochain retour.

Qu'il en soit ainsi pour nous aujourd'hui!

«Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, — au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles! Amen» (Jude versets 24, 25).